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Couverture 2005 - Académies et Sociétés savantes de Toulouse

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254 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCEla composition ainsi que dans le traitement <strong>de</strong> la p<strong>et</strong>ite figuration, souvent <strong>de</strong>s protomés avec tête ou avantcorpshumains, dont la partie inférieure est en forme <strong>de</strong> reptile, sortant en haut <strong>de</strong> l’initiale (89). De p<strong>et</strong>itsanimaux grotesques – dragons bipè<strong>de</strong>s avec ou sans ailes, hybri<strong>de</strong>s à tête humaine <strong>et</strong> au corps <strong>de</strong> reptile – sontreprésentés avec <strong>de</strong>s détails variés: ils sont chauves ou portent différentes coiffures, ou encore sont surmontés<strong>de</strong> bonn<strong>et</strong>s divers, <strong>et</strong> aussi parfois ayant <strong>de</strong>s yeux qui louchent un peu. Les visages, blancs <strong>et</strong> dont les traits sonttracés par un fin pinceau noir, mesurent seulement moins <strong>de</strong> cinq millimètres (90).L’exécution <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres ornées du missel est certes bien supérieure à celle <strong>de</strong>s manuscrits <strong>de</strong> notre évêque.Néanmoins, la comparaison concernant la structure générale <strong>de</strong> l’initiale apparaît intéressante, car parmi lesinitiales à antennes du missel, consistant également en motifs végétaux <strong>et</strong> animaliers, on constate parfois uneformule similaire dans le groupe <strong>de</strong>s seize manuscrits <strong>de</strong> Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong>. Par exemple, le réseau <strong>de</strong>svolutes végétalisées à l’intérieur du champ <strong>de</strong> l’initiale D du ms 185 (f° 28r°) <strong>et</strong> du ms 464 (f° 130v°) rappelleraitcelui du N (f° 55v°) ou du L (f° 253v°) du missel (fig. 11-1 à 4). L’enlacement <strong>de</strong>s volutes est ressemblant dansle champ du D (f° 94v°) du missel <strong>et</strong> dans le champ du T (f° 42r°) ou du C (f° 284v°) du ms 185 (fig. 15-1 à 3).L’idée <strong>de</strong> protomés, dont la queue se forme en rinceau inscrit dans l’initiale I, formule favorisée dans le missel,est aussi utilisée dans le ms 185 (fig. 15-4 <strong>et</strong> 5) (91). Si l’emplacement sur la page le perm<strong>et</strong>, le jambage du P estempatté par une courte antenne horizontale, qui se termine par une p<strong>et</strong>ite <strong>de</strong>mi-feuille doucement montante(fig. 15-6 à 8). Enfin, l’antenne élancée, qui, sortant <strong>de</strong> l’initiale à partir <strong>de</strong>s angles en haut <strong>et</strong> en bas, se prolongequelque peu verticalement le long <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> l’écriture, est un <strong>de</strong>s aspects caractéristiques <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>trinegothique <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XIII e <strong>et</strong> <strong>de</strong> la première moitié du siècle suivante. Elle consiste en une mince<strong>de</strong>mi-feuille allongée <strong>et</strong> affûtée, qui se termine par une <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong>mi-feuille beaucoup plus p<strong>et</strong>ite (92). Lesinitiales du missel <strong>et</strong> celles <strong>de</strong>s seize manuscrits <strong>de</strong> Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong> partagent la même silhou<strong>et</strong>te souple<strong>de</strong> l’antenne.La différence <strong>de</strong> facture <strong>et</strong> <strong>de</strong> caractère artistique <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux séries montre que l’artiste <strong>de</strong>s initiales dumissel est plus fidèle à l’art septentrional, notamment aux courants <strong>de</strong> l’enluminure parisienne <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong>sannées 1260 <strong>et</strong> 1270. Pourtant il emploie, quoique <strong>de</strong> manière ponctuelle, un motif d’origine étrangère. En haut<strong>de</strong> l’initiale <strong>de</strong> l’introït « Intr<strong>et</strong> in conspectu » au f° 285v°, messe <strong>de</strong> la vigile <strong>de</strong>s saints Simon <strong>et</strong> Ju<strong>de</strong> apôtres,une p<strong>et</strong>ite tête blanche en forme <strong>de</strong> coupole allongée se détache. Il s’agit d’une configuration céphaliqueinhabituelle dans les manuscrits français, probablement empruntée au répertoire ornemental <strong>de</strong>s manuscritsjuridiques bolonais (93). Un autre exemple toulousain d’une tête allongée se rencontre précisément dans unmanuscrit <strong>de</strong> droit. Il s’agit <strong>de</strong>s Coutumes <strong>de</strong> <strong>Toulouse</strong> avec le commentaire rédigé par un juriste toulousain,89. Notamment dans le sanctoral, les protomés sortant <strong>de</strong> l’initiale <strong>de</strong> l’introït « In medio ecclesie » représentent un frère tonsuré en prière auf° 239r° (fête <strong>de</strong> la translation <strong>de</strong>s reliques <strong>de</strong> saint Dominique), un frère nimbé d’or en prière au f° 263v° (messe <strong>de</strong> saint Dominique), <strong>et</strong> un évêquecoiffé d’une mitre <strong>et</strong> prêchant au f° 270v° (messe <strong>de</strong> saint Augustin). Or, au f° 289v°, une figurine d’un jeune chauve habillé d’une tunique rouge estlogée dans l’initiale <strong>de</strong> l’introït « In virtute tua Domine », la rubrique indiquant la messe <strong>de</strong> saint Théodore martyr « sancti Theodori martirisofficium ». Considérant qu’il enseigne en portant un livre à la main, on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra si c<strong>et</strong>te représentation <strong>de</strong>stinée à saint Théodore d’Amaséemartyr, n’a pas été confondue avec Théodore Anagnostes le « lecteur ».90. Les prunelles <strong>de</strong>s yeux sont ici dirigées vers le haut (f os 201v°, 223r° <strong>et</strong> 225v°), là mises à côté (f° 218v°, fig. 25-1), ou encore centrées sur lenez (f° 307v°). Un interligne mesure environ 9 mm.91. Le rapprochement, sans entrer dans le détail, entre les initiales ornées <strong>de</strong>s manuscrits <strong>de</strong> l’évêque d’Albi <strong>et</strong> celles du missel (ms 103) a étéproposé dans <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s antérieures. Pour Jean PORCHER, les initiales du missel étaient « encore toutes romanes » <strong>et</strong>, avec celles <strong>de</strong>s manuscrits <strong>de</strong>Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong>, elles témoignent « <strong>de</strong>s traces romanes qui persistent longtemps, vers la fin du XIII e siècle encore », voir Dix sièclesd’enluminure…, p. 7 <strong>et</strong> 32 (notice n° 42 sur le ms 103 <strong>et</strong> n° 43 sur le ms 185). En amont dans l’historiographie, Ernest ROSCHACH a donné le ton.D’un côté, il reconnaît le caractère « franchement gothique », <strong>de</strong> l’autre côté, il tend à songer aux exemples précé<strong>de</strong>nts très éloignés, jusqu’àl’époque carolingienne <strong>et</strong> même au-<strong>de</strong>là. « Ici encore, malgré le caractère n<strong>et</strong>tement gothique <strong>de</strong>s re<strong>de</strong>nts <strong>et</strong> <strong>de</strong> la longue foliole découpée duprolongement, reviennent <strong>de</strong>s traditions archaïques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s motifs que les plaques d’équipement barbare <strong>et</strong> l’enluminure carolingienne nous ontrendus familiers », voir Histoire graphique…, p. 353-356. Il y a sept décennies, la disponibilité <strong>de</strong>s reproductions photographiques étant limitée, lechanoine Achille AURIOL cita les initiales <strong>de</strong> la Bible <strong>de</strong> Souvigny comme source typologique <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres ornées du ms 103, dans son article « Lemissel <strong>de</strong>s Jacobins… », p. 71. Albert BRIMO, lui, à l’époque difficile <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> la Guerre, célèbre l’« archaïsme qui fait la sobriété d’un art » <strong>de</strong>sinitiales <strong>de</strong>s manuscrits <strong>de</strong> Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong>, voir « Le couvent <strong>de</strong>s Jacobins… », p. 354-355. Quoiqu’elles diffèrent <strong>de</strong> la nôtre, ces opinionstransm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> vérités artistiques sur ces l<strong>et</strong>trines.92. C’est le « rūmī gothique » <strong>de</strong> Jurgis BALTRUŠAITIS, Le Moyen Âge fantastique. Antiquités <strong>et</strong> exotismes dans l’art gothique, Paris (édition ChampsFlammarion), réimpr. 1993, en part. p. 100-101.93. Le motif se constate dans Susan L’ENGLE <strong>et</strong> Robert GIBBS, Illuminating the Law. Legal Manuscripts in Cambridge Collections, catalogued’exposition au Fitzwilliam Museum, Londres <strong>et</strong> Turnhout, 2001 : par exemple, Durham, Bibliothèque capitulaire, ms C.I.4, f° 246r°, ParvumVolumen <strong>de</strong> Justinien avec la Glose d’Accurse, manuscrit enluminé à Bologne vers 1275-85, à la planche 11 g.

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