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Couverture 2005 - Académies et Sociétés savantes de Toulouse

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DÉCOR DES MANUSCRITS DE BERNARD DE CASTANET ET ENLUMINURE TOULOUSAINE 251n’est décoré qu’avec cinq l<strong>et</strong>trines peintes articulant le Commentaire <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> <strong>de</strong> Turin en cinq gran<strong>de</strong>sdivisions: la préface <strong>et</strong> les quatre livres (ms 44, f os 1r°-211r°). Bien que ce soit la tradition que les manuscrits <strong>de</strong>sHomélies grégoriennes puissent recevoir autant <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres ornées, c<strong>et</strong>te portion du ms 185, sans doute lapremière tranche du proj<strong>et</strong>, se montre la plus opulente sur le plan <strong>de</strong> la décoration peinte (79).En leur schéma <strong>de</strong> construction, leur type morphologique <strong>et</strong> leur vocabulaire ornemental, ces initialespeintes correspon<strong>de</strong>nt à la norme <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>tre ornée gothique. Il s’agit <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>trine à antennes souples, cellescisortent <strong>de</strong> saillies, souvent polygonales <strong>et</strong> cuspidées, sur les arêtes du côté gauche <strong>de</strong> l’initiale, disposition quiarticule la construction <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>trine <strong>et</strong> rythme la mise en page (80). Quoiqu’une unité <strong>et</strong> une constancerési<strong>de</strong>nt dans l’ensemble <strong>de</strong>s dix sept-manuscrits, <strong>de</strong>ux factures différentes peuvent être distinguées dans lapal<strong>et</strong>te, dans la qualité du <strong>de</strong>ssin <strong>et</strong> dans le choix <strong>de</strong>s motifs employés. Si les <strong>de</strong>ux partagent la même souplesse<strong>de</strong> l’antenne supérieure <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>trine, <strong>de</strong>ux manières <strong>de</strong> traitement bien distinctes apparaissent dans les idéesformelles (fig. 9) (81). L’une préfère l’antenne flu<strong>et</strong>te se terminant par une <strong>de</strong>mi-feuille palmée, tandis quel’autre prolonge son antenne vigoureusement afin <strong>de</strong> bor<strong>de</strong>r toute la hauteur <strong>de</strong> la colonne d’écriture. C<strong>et</strong>tepremière utilise différentes formes <strong>de</strong> feuilles végétales: la palm<strong>et</strong>te vue <strong>de</strong> profil, la feuille trilobée, la feuillecordiforme. C<strong>et</strong>te secon<strong>de</strong> n’emploie qu’un seul type, toujours la même forme <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ites <strong>de</strong>mi-feuillesarrondies. Les couleurs dominantes sont dans les <strong>de</strong>ux cas le bleu, le rouge brique <strong>et</strong> plus rarement le vert. Lapal<strong>et</strong>te <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> comprend cependant le gris (fig. 9-2, sur la tête <strong>de</strong> l’animal apo<strong>de</strong>), teinte privilégiéeplutôt dans l’enluminure septentrionale. C<strong>et</strong>te secon<strong>de</strong> facture ne se constate que dans un seul manuscrit <strong>de</strong>Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong>, le ms 178. Or, il apparaît que c<strong>et</strong>te main est i<strong>de</strong>ntifiée, nous le démontrons ci-<strong>de</strong>ssous,avec l’enlumineur d’un missel dominicain <strong>de</strong> <strong>Toulouse</strong>. Nous examinerons d’abord les l<strong>et</strong>trines <strong>de</strong>s seizemanuscrits, nous citerons encore un autre missel dominicain toulousain pour la comparaison <strong>de</strong>s idéesornementales, <strong>et</strong> nous poserons la question concernant leurs artistes, avant <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r les initiales <strong>de</strong>l’enlumineur du ms 178. Enfin, un dispositif utilisé dans l’ornementation peinte <strong>de</strong> ces manuscrits nousintéressera par sa particularité.Les initiales ornées dans seize <strong>de</strong>s dix-sept manuscritsC’est donc la première facture qui prédomine dans la décoration peinte <strong>de</strong>s manuscrits <strong>de</strong> l’évêque d’Albi,dont relèvent les initiales ornées <strong>de</strong> seize manuscrits, soit un nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cent quatre-vingt-onze.Conformément à l’esthétique <strong>de</strong> l’enluminure gothique, le contour formé par l’encadrement <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>trineépouse le plan carré ou rectangulaire, selon les l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> l’alphab<strong>et</strong> (82). De ce timbre quadrilatéral s’échappel’antenne souple, qui, se prolongeant dans la marge vers le haut, vers le bas, ou les <strong>de</strong>ux, suggère le sens dumouvement sur la page écrite. Le cadre <strong>de</strong> l’initiale, en général bien moulé, est souligné par <strong>de</strong>s motifsfiliformes blancs tels que <strong>de</strong>s fil<strong>et</strong>s <strong>de</strong> perles, <strong>de</strong>s fr<strong>et</strong>tes, <strong>de</strong>s pointillés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s rangées <strong>de</strong> crois<strong>et</strong>tes, ce qui rend,malgré la forme analogue <strong>de</strong> l’encadrement <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>trines, <strong>et</strong> malgré la charge décorative polychrome, les l<strong>et</strong>tres<strong>de</strong> l’alphab<strong>et</strong> commodément reconnaissables (83). Les motifs filiformes blancs rehaussent également le fond,c’est-à-dire la menue surface laissée entre le corps <strong>de</strong> l’initiale <strong>et</strong> l’encadrement. Cependant, le dispositifprincipal du décor se déroule dans le champ, la surface intérieure délimitée par le cadre <strong>de</strong> l’initiale. D’autant78. Sur le système du décor: Paul GÉHIN (dir.), Lire le manuscrit médiéval…, chapitre 5 « La décoration » par Patricia STIRNEMANN aux p. 123-155.79. Sur le nombre d’initiales ornées dans chaque manuscrit, voir la quatrième colonne du tableau synthétique <strong>de</strong> l’annexe. Deux manuscritsprovenant <strong>de</strong> l’abbaye Saint-Pierre <strong>de</strong> Moissac renferment les Homélies <strong>de</strong> saint Grégoire le Grand: l’un, Sur Ézéchiel (B.N.F., Lat. 2240, dont ilmanque le début <strong>de</strong> l’œuvre), l’autre, Sur l’Évangile (B.N.F., Lat. 2251, dont il manque la fin <strong>de</strong> l’œuvre). Ils ont une initiale ornée au début <strong>de</strong> chaquesermon. Nous avons vu ci-<strong>de</strong>ssus qu’un modèle moissagais a été utilisé pour la copie <strong>de</strong> l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais (Lat. 5229 <strong>de</strong>Moissac <strong>et</strong> Lat. 5235 <strong>de</strong> Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong>). Toutefois, pour les œuvres <strong>de</strong> saint Grégoire, qui ont joui d’une gran<strong>de</strong> diffusion, ces <strong>de</strong>ux manuscritsmoissagais n’ont pas servi <strong>de</strong> modèles au ms 185, car chacun comporte certaines lacunes <strong>de</strong> textes, défaut qui ne se trouve pas dans l’exemplaire <strong>de</strong>Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong>.80. Le mot qui s’utilise pour décrire c<strong>et</strong>te disposition courante d’arêtes <strong>de</strong> l’initiale ornée <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XIII e <strong>et</strong> du XIV e siècle, estemprunté à Lucia N. VALENTINE, Ornament in Medieval Manuscripts. A Glossary, Londres, 1965, à la p. 40 (Botanical forms n° 64 « cusped corner »).81. La différenciation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux factures n’a guère été tentée dans les étu<strong>de</strong>s antérieures.82. Dans l’enluminure gothique, toutes les l<strong>et</strong>tres peuvent être inscrites dans un plan carré ou rectangulaire. Ainsi, pour les l<strong>et</strong>tres courtes (C,E oncial, O, S court), la forme est rendue compacte <strong>et</strong> arrondie <strong>et</strong> pour les l<strong>et</strong>tres à haste ou à hampe, la panse est agrandie <strong>de</strong> sorte qu’elle paraîtpresque comme une l<strong>et</strong>tre courte. Cf. Albert DEROLEZ,«Observations on the aesth<strong>et</strong>ics of the Gothic manuscript », dans Scriptorium, t. L (1996),p. 3-12.83. C’est le cadre <strong>de</strong> l’initiale qui constitue le corps <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> l’alphab<strong>et</strong> dans la l<strong>et</strong>trine.

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