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Couverture 2005 - Académies et Sociétés savantes de Toulouse

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DÉCOR DES MANUSCRITS DE BERNARD DE CASTANET ET ENLUMINURE TOULOUSAINE 249fait le premier cartulaire du consulat d’Albi. Il contient la transcription <strong>de</strong>s actes constitutifs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s coutumes<strong>de</strong> la commune, mais aussi <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong>s Évangiles <strong>et</strong> le calendrier liturgique. La présence <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>rniers éléments sacralise les dispositions réglementaires <strong>de</strong> l’administration communale contenues dans celivre (68). Quoiqu’étant un volume <strong>de</strong> dimensions mo<strong>de</strong>stes <strong>et</strong> peu épais, ce qui suggère les libertés restreintesdu consulat d’Albi, il était supposé fonctionner à la fois en tant que gage <strong>et</strong> symbole <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’institutionmunicipale. Cela expliquerait l’aspect formel <strong>de</strong> ce manuscrit.Faisant souvent l’obj<strong>et</strong> d’ad<strong>de</strong>nda, voire <strong>de</strong> modifications plus ou moins importantes sur le plan <strong>de</strong> lacompilation, les cartulaires constituent d’intéressants obj<strong>et</strong>s d’étu<strong>de</strong> codicologique sur leur histoire <strong>de</strong> longuedurée, <strong>et</strong> peuvent témoigner du vacillement dans la dynamique urbaine <strong>de</strong>s rapports institutionnels (69). Lecartulaire AA 1 d’Albi, recueil <strong>de</strong> transcription <strong>de</strong>s divers documents, actes <strong>et</strong> notations intéressant lacommune, dont le plus ancien est <strong>de</strong> l’année 1220, le plus récent est <strong>de</strong> 1493, est composé <strong>de</strong> 74 feuill<strong>et</strong>s. Lenoyau primitif occupe les trente-<strong>de</strong>ux premiers feuill<strong>et</strong>s, dont quelques pages sont écrites ultérieurement (70).Calligraphié <strong>et</strong> orné d’initiales filigranées, ce cartulaire originel est exécuté plus soigneusement que le reste dumanuscrit. La mise en page <strong>et</strong> la mise en texte sont ordonnées avec un système d’articulation. Les titres sonttranscrits <strong>et</strong> disposés en <strong>de</strong>ux colonnes d’écriture; chaque acte est pourvu d’une longue rubrique explicativedu document transcrit, <strong>et</strong> chaque article est précédé d’une courte rubrique résumant ainsi le contenu. Cesrubriques, que la charte originale ne comporte pas, ont été rédigées lors <strong>de</strong> la compilation du cartulaire (71).Au début <strong>de</strong>s actes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s articles, l’initiale est agrandie <strong>et</strong> filigranée, la majuscule au début d’une phrase estmarquée par le trait <strong>de</strong> couleur rouge. Ainsi, la facture du cartulaire primitif est parfaitement conforme à laproduction livresque du moment (72).Il est exécuté en <strong>de</strong>ux temps certainement très rapprochés. Dans la première campagne sont transcrits <strong>et</strong>ornés les titres communaux rédigés en occitan (f os 1r°-10v° <strong>et</strong> 19r°-v°), <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong>s Évangiles <strong>et</strong> le calendrierliturgique en latin (f os 11r°-v° <strong>et</strong> 13r°-18v°) (73). La secon<strong>de</strong> campagne concerne la transcription <strong>et</strong> le décor <strong>de</strong>scoutumes du pont d’Albi rédigés en occitan (f os 23r°-32v°) (74). Sur <strong>de</strong>ux colonnes à 24 lignes, à l’interlignegénéreux (7 mm), toutes les <strong>de</strong>ux unités sont écrites en textualis simplifiée, comme dans les manuscrits <strong>de</strong>Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong>.Ces <strong>de</strong>ux unités du cartulaire sont assez distinctes. Dans la première campagne, les initiales ornementéessont alternativement rouges à filigranes viol<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> bleues à filigranes rouges, tandis que dans la secon<strong>de</strong>campagne, les filigranes sont alternativement bleus-verdâtres <strong>et</strong> rouges. Le copiste <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> campagne68. La présence <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong>s Évangiles <strong>et</strong> du calendrier liturgique le caractérise comme le livre juratoire défini par Henri GILLES, « Les livresjuratoires <strong>de</strong>s consulats languedociens », dans C.F. 31, Livres <strong>et</strong> bibliothèques…, p. 333-354. Nous renvoyons également à Aubin LEROY, Le cartulairedu consulat <strong>de</strong> Limoges. Un livre juratoire en occitan limousin (XIII e -XVII e siècle), thèse <strong>de</strong> l’École Nationale <strong>de</strong>s Chartes, Paris, <strong>2005</strong> (le texte <strong>de</strong>position <strong>de</strong> la thèse est disponible sur le site intern<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong>s Chartes).69. Voir l’étu<strong>de</strong> exemplaire sur l’ensemble <strong>de</strong>s cartulaires <strong>de</strong> <strong>Toulouse</strong>: François BORDES, « Les cartulaires urbains <strong>de</strong> <strong>Toulouse</strong> (XIII e -XVI e siècles) » dans Daniel LE BLÉVEC (dir.), Les cartulaires méridionaux: actes du colloque organisé à Béziers les 20 <strong>et</strong> 21 septembre 2002, Paris: ÉcoleNationale <strong>de</strong>s Chartes, 2006, p. 217-238; Id., Formes <strong>et</strong> enjeux <strong>de</strong> la mémoire politique urbaine: les Annales <strong>de</strong> <strong>Toulouse</strong> (1295-1532), <strong>Toulouse</strong>, 2007.La comparaison perspicace <strong>de</strong>s différences entre les collections <strong>de</strong>s cartulaires <strong>de</strong> <strong>Toulouse</strong> <strong>et</strong> d’Albi est apportée: Id., « Une histoire enluminée <strong>de</strong>svilles. Des cartulaires aux livres consulaires », Midi-Pyrénées Patrimoine, N° 12, octobre/décembre 2007, p. 62-69.70. Le contenu du noyau d’origine (f os 1r°-11v°, 13r°-19v° <strong>et</strong> 23r°-32v°) est analysé par les étu<strong>de</strong>s fondamentales: Clément COMPAYRÉ, Étu<strong>de</strong>shistoriques <strong>et</strong> documents inédits sur l’Albigeois, le Castrais <strong>et</strong> l’ancien diocèse <strong>de</strong> Lavaur, Albi, 1841; Émile JOLIBOIS, Inventaire sommaire <strong>de</strong>s archivescommunales d’Albi, antérieures à 1790, Albi, 1869; Auguste VIDAL, « Costumas <strong>de</strong>l pont <strong>de</strong> Tarn d’Albi », dans Revue <strong>de</strong>s langues romanes, t. XLIV(1901), p. 481-513; Id., « Les cartulaires d’Albi. Cartulaire AA 1 », dans ibid., t. XLV (1902), p. 447-469; Jean-Louis BIGET, « La liberté manquée… »,p. 57-65. D’après le contenu <strong>et</strong> l’écriture, les feuill<strong>et</strong>s suivants sont exécutés quelques décennies après: f os 12r°-v°, 20r°-22v°.71. Par exemple, on peut comparer la transcription <strong>de</strong> l’acte <strong>de</strong> 1220 (f os 1r°-3r°) avec l’acte original en charte chirographe (A.D. Tarn, A.C.Albi, 4EDT, FF 1).72. Ses dimensions sont <strong>de</strong> 215 sur 165 mm; le cadre <strong>de</strong> la justification mesure environ 170 sur 140 mm. Les marges sont assez réduites, sansdoute rognées.73. Le contenu, d’après les étu<strong>de</strong>s citées dans la note 70, est le suivant: accord passé entre l’évêque Guillaume P<strong>et</strong>ri <strong>et</strong> la communauté <strong>de</strong>shabitants, chartes datées <strong>de</strong> 1220 (f os 1r°-3r°); transaction entre le roi Louis IX <strong>et</strong> l’évêque Bernard <strong>de</strong> Combr<strong>et</strong>, daté <strong>de</strong> 1265 (f os 3r°-6r°); règlementpour l’exercice <strong>de</strong> la justice criminelle <strong>et</strong> <strong>de</strong> la police dans la ville d’Albi, promulgué par l’évêque Bernard <strong>de</strong> Combr<strong>et</strong>, du consentement <strong>de</strong>l’archevêque <strong>de</strong> Bourges, chartes datées <strong>de</strong> 1269 (f os 6r°-10r°); charte octroyée par l’évêque Durand, datée <strong>de</strong> 1236 (f os 10r°-v°); extraits <strong>de</strong>sÉvangiles, en latin (f os 11r°-v°); calendrier en latin (f os 13r°-18v°); charte <strong>de</strong> l’évêque Bernard <strong>de</strong> Castan<strong>et</strong> relative aux droits <strong>de</strong> lods <strong>et</strong> ventes, datée<strong>de</strong> 1296 (f os 19r°-v°). Les cahiers sont irréguliers; le fil <strong>de</strong> couture est visible entre les f os 4v° <strong>et</strong> 5r° <strong>et</strong> entre les f os 15v° <strong>et</strong> 16r°.74. Cent quatre-vingt-dix-huit articles du tarif <strong>de</strong> péage du pont remplissent un cahier <strong>de</strong> quinion entier, soit vingt pages, dont le fil <strong>de</strong> coutureest visible entre les f os 27v° <strong>et</strong> 28r°. Un feuill<strong>et</strong> détaché (non folioté) contenant un règlement sur la perception du droit <strong>de</strong> pesa<strong>de</strong>, est placé après lef° 32v° dont l’écriture <strong>et</strong> une seule initiale filigranée au début sont sans doute d’une même origine que les coutumes du pont. Sur l’emploi <strong>de</strong> lalangue d’oc dans les textes administratifs <strong>et</strong> juridiques à c<strong>et</strong>te époque, voir: Christian MARC, « L’occitan, langue officielle dans l’Albigeois (XII e -XVI e siècles) », dans Philippe NÉLIDOFF <strong>et</strong> Olivier DEVAUX (éd.), Pouvoirs <strong>et</strong> société en Pays Albigeois, <strong>Toulouse</strong> <strong>et</strong> Albi, 1997, p. 161-179.

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