T-<strong>Kit</strong>L’apprentissage<strong>interculturel</strong>Une question complexedans un monde complexeLes modèles théoriques témoignent déjà de lacomplexité de l’apprentissage <strong>interculturel</strong> et dela difficulté de le systématiser. En replaçant cettequestion dans la dimension complexe de nossociétés contemporaines, se fait jour très clairementla nécessité d’approches très prudentes etglobales, autorisant un maximum de discernement.Même la culture dépasse les frontièresnationales et s’exprime sous des formes diversifiéesqui peuvent s’entremêler. Il faut tenircompte d’une grande diversité de perspectiveset des nombreuses oppositions, il faut considérerle passé, le présent et l’avenir, et comparerles besoins parfois contradictoires de l’individud’un côté et de la société de l’autre. Il fautregrouper des expériences fragmentées. L’enjeude toute approche pédagogique consiste à nepas simplifier les raisons d’ordres divers et lesimplications présentes, les diverses valeurs soulignéeset les diverses réalités et histoires vécues.Les approches d’apprentissage <strong>interculturel</strong> doiventau contraire respecter cette diversité d’expériences,d’interprétations et de connaissanceset par conséquent, la refléter à travers le choix dela langue, de la terminologie et des méthodologiesemployées.3.2 Sélection, création etadaptation de méthodesChaque situation est différente. Peut-être préparez-vousun stage de formation, un échange,un chantier ou un simple atelier. Nous vousconseillons donc de lire les méthodes présentéesdans cette publication, d’en choisir certaines,puis de les adapter en fonction des besoinsspécifiques de votre groupe. A partir de là, vousallez créer quelque chose de nouveau. Lesméthodes présentées ici ne sont ni des véritésabsolues, ni des œuvres d’art réalisées par desgénies. Il s’agit en fait d’une offre de suggestions,d’un recueil d’expériences utiles. Lorsquevous les mettrez en application, VOTRE propresituation d’apprentissage <strong>interculturel</strong>, les participantsimpliqués et leurs besoins, sont lesseules choses que vous devrez respecter. Les questionssuivantes – considérées avec soin – vousaideront à mettre en place un élément particulierde votre programme. Cette liste de questionsn’est pas exhaustive – d’autres vous paraîtrontpeut-être plus importantes.a. Finalité et objectifsQuels objectifs visons-nous avec cette méthodeparticulière, à un stade donné du programme?Avons-nous défini nos objectifs clairement et cetteméthode convient-elle? Cette méthode est-ellesusceptible de nous permettre d’atteindre lesbuts généraux de notre activité? Cette méthodenous aidera-t-elle à progresser? Cette méthodeest-elle conforme aux principes de la méthodologieque nous avons définie? Cette méthodeest-elle adaptée à la dynamique de cette situationd’apprentissage <strong>interculturel</strong> particulière? Toutesles conditions nécessaires à l’emploi de cetteméthode (en termes de groupe, d’atmosphèred’apprentissage, de relations, de connaissances,d’informations, d’expériences, etc.) ont-elles étéinstaurées au moyen des processus précédents?Quel est le thème concret/le sujet dont nousparlons? Quelles situations (et conflits) sont susceptiblesde <strong>sur</strong>gir du fait de l’emploi de cetteméthode et dans quelle me<strong>sur</strong>e pouvons-nousles anticiper (les gérer)? Cette méthode va-t-ellepermettre de répondre à la complexité et aux liensentre les divers aspects? En quoi cette méthodepourrait-elle contribuer à développer de nouvellesperspectives et perceptions?b. Groupe ciblePour qui et avec qui développons-nous etemployons-nous cette méthode? Quelle sontles conditions du groupe et des individus qui leconstituent? Quelles conséquences cette méthodepourrait-elle avoir <strong>sur</strong> leurs interactions, leursperceptions mutuelles et leurs relations? Laméthode répond-elle aux attentes du groupe (etdes individus)? Comment mobiliser leur intérêt?De quoi les participants vont-ils avoir besoin(individuellement et en tant que groupe) et quellesera leur contribution à ce moment particulierde la situation d’apprentissage? La méthodelaisse-t-elle suffisamment d’espace à ce titre? Laméthode contribue-t-elle à l’expression de leurpotentiel? La méthode favorise-t-elle suffisammentl’expression individuelle? Comment laméthode va-t-elle donner libre cours à la manifestationdes similitudes et des différences ausein du groupe? Le groupe présente-t-il desexigences particulières qui requièrent notreattention (âge, sexe, aptitudes linguistiques,capacités, handicaps, etc.) et de quelle façon lesméthodes peuvent-elles les transformer enatouts? Le groupe ou certains des individus quile composent ont-ils manifesté une résistanceou une sensibilité particulière à la question(ex.: minorités, sexe, religion, etc.) ou des différencesextrêmes (en termes d’expérience, d’âge,etc.) susceptibles d’influer <strong>sur</strong> la dynamique?Où se situe le groupe du point de vue du processusd’apprentissage <strong>interculturel</strong>? La méthodeconvient-elle à la taille du groupe?c. Environnement, espace et tempsQuel est l’environnement (culturel, social, politique,personnel, etc.) dans lequel nous appliquons337
T-<strong>Kit</strong>L’apprentissage<strong>interculturel</strong>3cette méthode? Quel est l’impact de cette méthode<strong>sur</strong> l’environnement, et l’impact de l’environnement<strong>sur</strong> cette méthode? Quels éléments (d’expérience)les membres du groupe apportent-ilsà cet égard? Quel est l’environnement (éléments,caractéristiques) dominant dans ce groupe, etpourquoi? L’atmosphère au sein du groupe et leniveau de communication conviennent-ils à cetteméthode? Le contexte de cette expérience d’apprentissage<strong>interculturel</strong> spécifique favorise-t-ilou empêche-t-il certains éléments? Quelle est laperception commune (et individuelle) de l’espace,le «territoire commun» du groupe est-il suffisammentlarge pour pouvoir employer cetteméthode? La méthode contribue-t-elle à instaurerun environnement positif (élargir les zones deconfort de chacun)? Quel est l’espace dont disposecette méthode dans l’activité (compte tenude ce qui vient avant et après)? Est-ce que nousaccordons suffisamment de place à la méthodeet à son évaluation correcte? Est-ce qu’elle s’inscritdans le déroulement de notre programme?Comment cette méthode gère-t-elle les différentesperceptions temporelles des participants?d. Ressources/cadreLa méthode est-elle adaptée aux ressources dontnous disposons (temps, espace physique, personnes,matériels, médias, etc.)? La méthode les exploite-telleavec suffisamment d’efficacité? Quels aspectsorganisationnels devons-nous prendre en considération?Devons-nous simplifier? Comment partagerles responsabilités liées à la mise en œuvre de laméthode? Possédons-nous les compétences requisespour gérer la situation qui va en découler? Dansquel cadre (institutionnel, organisationnel, etc.) laméthode va-t-elle être employée? Quels impactsdevons-nous considérer ou envisager (ex.: cultureou préférences organisationnelles, objectifs institutionnels)?Quels acteurs extérieurs pourraientinterférer avec les intérêts (ex.: partenaires institutionnels,autres personnes dans le bâtiment, etc. .)?e. Evaluation antérieureAvons-nous déjà employé cette méthode ou uneméthode similaire dans le passé? Qu’avons-nousappris de cette expérience? D’autres expériencesnous ont-elles renseignés au sujet de l’utilisationdes méthodes? Que nous disent-elles à présent?Faut-il évaluer la méthode et son impact,et comment me<strong>sur</strong>er le degré de réalisation denos objectifs? Comment conserver ses résultatspour la suite (rapport, etc.)? Quels éléments avonsnousintégrés dans notre méthode en tant quepartie de l’évaluation de notre activité jusqu’àprésent?f. TransfertDans quelle me<strong>sur</strong>e notre méthode est-elle fondée<strong>sur</strong> (ou liée à) l’expérience de chacun desparticipants et <strong>sur</strong> les expériences d’apprentissagemenées jusqu’à présent? La méthode est-elleutile pour la réalité des participants ou faut-ill’adapter à certains égards? La méthode est-elleorientée <strong>sur</strong> son transfert/intégration dans la viequotidienne des participants? Comment allonsnouspermettre aux participants d’intégrer leursapprentissages dans leurs propres réalités? Unediscussion ou une dynamique particulière suiteà la méthode pourraient-elles en faciliter le transfert?Quels éléments pourraient faciliter un suivide qualité de la part des participants? Commentreprendre certains éléments dans la suite duprocessus?g. Le rôle des facilitateursou des formateursLe facilitateur a pour mission d’instaurer un processusqui aide le groupe à discuter librement dela façon la plus intéressante et productive possible.Autrement dit, il s’agit d’essayer de trouverdes réponses aux questions posées précédemmentet de réfléchir à la manière dont nous envisageonsd’organiser le processus. Comment voyons-nousnotre rôle au sein de ce groupe et par rapport àcette méthode? Avons-nous tenté d’imaginer lescénario dans notre tête? Avons-nous réfléchi à nosdispositions personnelles et à leurs impacts possibles<strong>sur</strong> la mise en œuvre de la méthode? Commentnous sommes-nous préparés à réagir à dessituations autres que celles que nous attendions?38