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Rwanda

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Au sein du groupe des bailleurs de fonds du <strong>Rwanda</strong>, la Belgique a contribué à faire peserdes pressions sur le président Habyarimana afin qu’il ouvre son gouvernement à l’oppositionintérieure et poursuive le processus de paix. Ceci lui a valu l’hostilité des milieux extrémistesproches du régime qui se sont mis à la vilipender régulièrement sur les ondes de la RTLM.La Belgique aussi fait partie des pays qui ont envoyé des observateurs au processus de paixd’Arusha (juillet 1992-août 1993). Elle a contribué au soutien des Accords de paix d’Arushapar l’envoi de 450 hommes et par l’acheminement de matériel destinés à renforcer laMINUAR, dont les effectifs s’élevaient à 2500 soldats. Le contingent belge constituait ainsil’épine dorsale de la MINUAR tant par la qualité de ses troupes que de son équipement.Quelques mois avant le génocide, en février 1994, suite à la grave détérioration de la sécuritédans le pays avec la multiplication des tueries, le ministre belge des Affaires étrangèresécrivait au secrétaire général des Nations unies une lettre préconisant un mandat plus fermepour la Minuar.Lorsque la nouvelle de la mort du président Habyarimana s’est propagée, le soir du 6 avril1994, une rumeur relayée par la Radio des Mille Collines a circulée, accusant la Belgiqued’avoir abattu l’avion présidentiel. C’est dans ce climat que dix casques bleus belges furentassassinés par des militaires rwandais au camp Kigali le 7 avril au matin. Le lendemain, legouvernement belge annonça le retrait de ses troupes de la MINUAR, à moins que sonmandat ne soit élargi et ses effectifs renforcés par des troupes non belges. Mais il semble quecette décision fut prise après que le gouvernement eût appris que trois membres permanentsdu Conseil de sécurité s’étaient prononcés négativement contre cet élargissement du mandat 1 .Le 12 avril, le ministre belge des Affaires étrangères, Willy Claes, expliqua au secrétairegénéral Boutros Boutros Ghali qu’il fallait suspendre et retirer l’ensemble de la MINUAR du<strong>Rwanda</strong>. Le même jour, un télégramme en provenance de la représentation belge à l’ONU àNew York annonça que les « USA partagent le point de vue des pays qui fournissent destroupes et qui souhaitent les retirer ».Le 13 avril, Boutros Boutros Ghali écrit au Conseil de Sécurité. Il fait mention de saconversation avec le ministre belge et l’informe du retrait belge de la Minuar. Il l’inviteensuite à en tirer toutes les conséquences. Le représentant belge adresse par la suite auprésident du Conseil de sécurité un courrier lui annonçant le retrait des troupes belges de laMinuar. Dans la même journée, une réunion du cabinet du gouvernement belge demanded’intensifier les efforts afin de suspendre le mandat de l’ensemble de la Minuar. Le 19 et le20 avril 1994, les casques bleus belges quittent le <strong>Rwanda</strong>. Le 21 avril, le Conseil de sécuritédécide le retrait de la MINUAR en laissant au <strong>Rwanda</strong> une présence militaire internationalesymbolique 2 de 270 hommes.Suite à l’assassinat de ses dix casques bleus et malgré la connaissance de l’ampleur desmassacres en cours, le gouvernement belge décide non seulement de retirer ses troupes –vidant ainsi la MINUAR de sa substance – mais elle mène également une campagnediplomatique très active visant le retrait total de la Mission afin d’atténuer sa responsabilitédans l’abandon des victimes rwandaises. Cette campagne pour le retrait total de la MINUARde la part du principal pays fournisseur de troupes a manifestement facilité la tâche des paysqui, au sein du Conseil de sécurité voulaient la même chose.1 Human Rights Watch et Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme, 1999, p. 618.2 Sénat Belge, 1997, p. 519-525.8

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