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Rwanda

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autorités américaines demandent à leurs agents de ne pas user du terme « génocide », car ilpouvait conduire le gouvernement américain à devoir « faire quelque chose ». 1En tant que principale puissance mondiale dotée d’une capacité d’influence politique trèsimportante mais aussi militaire et logistique lui permettant de se projeter presque n’importeoù dans le monde assez facilement, les Etats-Unis portent donc une large part deresponsabilité dans l’inaction de la communauté internationale face au génocide au <strong>Rwanda</strong>,inaction qu’ils ont activement encouragée.1.2.3. L’Organisation des Nations unies (ONU)L’ONU a commandité une enquête sur son action au <strong>Rwanda</strong> avant et pendant le génocide.Dans son rapport, la Commission indépendante d’enquête conclut en dénonçant l’échecabsolu de l’Organisation dans sa mission de paix au <strong>Rwanda</strong>. La Commission dénonce enparticulier l’incapacité de l’Organisation, qui disposait pourtant d’une force de 2500hommes, à arrêter ou limiter les massacres. L’acte le plus illustratif de cet échec par abandonest la décision prise le 21 avril 1994 par le Conseil de sécurité, à l’unanimité, de retirer lecontingent de la MINUAR et de laisser sur place une force symbolique de 270 hommes, aumoment même où les massacres atteignaient leur plus haute intensité.Selon la Commission, la responsabilité de cet échec incombe à l’ensemble du système, ausecrétaire général Boutros Boutros-Ghali, au secrétariat, notamment au secrétaire généraladjoint chargé des opérations de maintien de la paix, Kofi Annan, au Conseil de sécurité, àla MINUAR, aux Etats membres.S’il est vrai que les pays membres du Conseil de sécurité et de l’Organisation ont fait preuve,collectivement, de peu de volonté politique à prévenir le génocide et à l’arrêter ou d’enatténuer l’importance une fois déclenché, à chaque étape de cet échec, les institutionsonusiennes et leurs responsables portent une part de responsabilité non négligeable.Trois exemples permettent de montrer l’importance des responsabilités onusiennes. Lepremier concerne l’établissement du mandat ainsi que la composition de la forceinternationale neutre, la MINUAR, censée garantir l’application des Accords de paix signésen août 1993 entre le FPR et le gouvernement rwandais. Les fonctionnaires onusiens ontproposé une mission de maintien de la paix classique basée sur une analyse politique etsécuritaire trop optimiste du processus de paix. L’Organisation n’a pas pris en compte lesinformations alarmantes, pourtant facilement disponibles, sur la nature de l’action dugouvernement rwandais et de ses forces de sécurité.Une semaine seulement après la signature des Accords de paix en août 1993, au momentmême de la préparation de la MINUAR, le Rapporteur spécial des Nations unies sur lesexécutions extrajudiciaires, Waly Bacre Ndiaye, publiait un rapport dépeignant une situationtrès sombre et inquiétante des droits de l’homme au <strong>Rwanda</strong>. Ce rapport montrait que dansl’écrasante majorité des cas, les victimes des massacres étaient des Tutsi, pris pour cibleuniquement pour leur appartenance ethnique. Le rapport indiquait l’existence d’un risque degénocide visant la communauté tutsi. Ce document ainsi que les autres informations de cettenature n’ont pas été pris en considération par le département en charge des opérations de1 US Department of Defense, Discussion Paper, Office of the Deputy Assistant Secretary of Defense forMiddle East/Africa Region, May 1, 1994. Secret.10

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