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Rwanda

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massacres systématiques de la communauté tutsi sur l’ensemble du territoire, qui avaient déjàfait environ 200 000 morts, que le secrétaire général, dans une lettre du 29 avril 1994 auConseil de sécurité, proposa de changer d’orientation et de faire de la cessation desmassacres des civils la priorité.Durant ces trois premières semaines du génocide, les agents du secrétariat général omettaientsystématiquement d’informer les membres du Conseil de sécurité sur les massacres encours. 1 Des membres non permanents du Conseil de sécurité ont affirmé que ce sont lesinformations communiquées par les ONG qui leur avaient ouverts les yeux sur le caractèregénocidaire des massacres qui se commettaient au <strong>Rwanda</strong>. Le président du Conseil desécurité durant le mois d’avril 1994, le Néo-Zélandais Colin Keating, n’a pas hésité àaffirmer plus tard : « With better information […] the council might have proceeded quitedifferently » 2 .Enfin, bien que les Nations unies aient été confrontées à la crise humaine la plus grave deleur histoire, son secrétaire général Boutros Boutros Ghali a refusé de regagner New York,préférant continuer sa tournée européenne de trois semaines, à peine entamée, suscitant ainsil’incompréhension de ses collaborateurs face à cet abandon de leadership. 3 Cette désinvoltureet les nombreux manquements graves dont il a fait preuve durant cette crise ont alimenté lesoupçon d’une volonté délibérée de ne pas exercer trop de pression sur le régime qui était entrain de commettre le génocide, car ce dernier était un allié de la France. Cette même Francequi semble avoir été le principal soutien lors de son élection au poste de secrétaire généraldes Nations unies et plus tard, suite au non renouvellement de son mandat, à celui desecrétaire général de la Francophonie.La Commission indépendante d’enquête des Nations unies conclut son rapport en désignantles responsables de l’échec des Nations unies qui n’ont pas pu empêcher ou arrêter legénocide, à savoir : « le Secrétaire général, le Secrétariat, le Conseil de Sécurité, la et lesEtats membres de l’organisation ». Elle ajoute : « Cette responsabilité internationale justifieque l’Organisation et les Etats membres concernés présentent des excuses sans équivoque aupeuple rwandais. » 41.2.4. Une tentative de réparation internationale ?Les responsabilités de ces trois acteurs internationaux, la Belgique, les Etats-Unis etl’Organisation des Nations unies dans l’inaction de la communauté internationale face augénocide, alors qu’ils étaient fortement impliqués dans la gestion de la crise rwandaise, ontété reconnues par chacun de ces acteurs. En mars 1998, de passage au <strong>Rwanda</strong>, le présidentBill Clinton a reconnu la responsabilité de la communauté internationale et de songouvernement pour leur passivité face au génocide. Le 7 avril 2000, à Kigali, lors de lasixième commémoration du génocide, la Belgique par la voix de son Premier ministre, GuyVerhofstadt, a demandé pardon au peuple rwandais pour son comportement durant legénocide.Enfin, le 7 avril 2004, lors de la 10 ème commémoration du génocide, un émissaire dusecrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, à l’époque responsable du département de1 L. Melvern, 2000, p. 153.2 Ibid., p.112.3 Ibid., p.139.4 ONU, Rapport de la Commission indépendante, S/1999/1257, p. 31.12

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