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Rwanda

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Ce dont il s’agit ici semble bien être une stratégie indirecte de confrontation entre l’arméefrançaise au <strong>Rwanda</strong> et le FPR. Une guerre dont le général Quesnot (chef d’Etat-majorparticulier du président français d’avril 1991 à septembre 1995), l’un de ses principauxstratèges, affirme : « [c’] était une vraie guerre, totale et très cruelle. » 1 Patrick de Saint-Exupéry écrit quant à lui que « [le soutien militaire français va] plus loin. Beaucoup plusloin. La France prend les rênes de l’armée rwandaise. » 2 Périès et Servenay renchérissent :« Sans le savoir, les Français sont en guerre. Une guerre invisible à leurs yeux, très loin aucœur de l’Afrique. Une guerre noire. » 3Analysant le soutien militaire français aux FAR entre 1990 et 1994, la MIP pointe la questioncentrale posée par cette intervention :« Procéder à des opérations d’instruction, réaliser une assistance technique militaire entemps de paix ne pose pas de problèmes particuliers en termes de principes. Intervenir sur labase d’un accord de défense ou en vertu d’un engagement politique aux côtés d’un Etatauquel un autre Etat souhaite apporter son soutien dans le cas d’une agression extérieure,ne soulève pas non plus de questions d’ordre éthique. Il s’agit là d’un jeu classiqued’alliances exprimant tel ou tel équilibre politique. Que l’agression ne puisse êtrevéritablement caractérisée comme une agression extérieure, que le pays qui la subit soit luimêmeauteur ou complice d’exactions graves sur ses propres populations en représailles auxoffensives qui le menacent et la situation devient dès lors beaucoup plus complexe» 4 .1.4 Justifications officielles de l’intervention française : construction d’une légitimitéComment les autorités politiques françaises ont-elles justifié l’engagement militaire de leurstroupes au <strong>Rwanda</strong> entre octobre 1990 et décembre 1993, date du retrait officiel de celles-ci ?Ces autorités ont donné différentes explications au fur et à mesure du déploiement destroupes. Le discours public officiel connaît des évolutions en fonction des développements decette intervention et de la situation sur le terrain. Par ailleurs, l’intervention ne laisse pas desusciter curiosité et interrogations, notamment auprès des journalistes.On a ensuite le discours se déployant en interne, dans les communications au sein même del’appareil d’Etat français, que cela soit dans les télégrammes diplomatiques en provenance del’ambassade à Kigali, dans les réunions entre décideurs politiques ou encore dans les notesdes conseillers du président Mitterrand. Ce discours interne a lui aussi connu une évolutionqu’il importe de relever.Enfin, il existe des discours de justification a posteriori tenus par des personnes en charge dudossier, en particulier quand ils ont été invités à s’exprimer devant la MIP. Force est deconstater qu’une grande part de mystère demeure, car aucune des explications données neparvient à justifier l’ampleur et la gravité de l’engagement français.1 MIP, Audition du Général Quesnot, PDF, p. 98.2 P. Saint-Exupéry, 2004, p. 178.3 D. Servenay, G. Périés, p. 204.4 MIP, Enquête…, PDF, p. 169.28

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