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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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SOCIAL WATCHR A P P O R T 2 0 1 0<strong>Changeons</strong> <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>du</strong> <strong>jeu</strong>APRÈS LA CHUTEPour confronter <strong>les</strong> profonds impacts sociaux et environnementaux des multip<strong>les</strong> crises, il faut aller audelàde l’approche « comme d’habitude » ; nous avons besoin d’un programme intégrÉ de justice : JusticEclimatique (reconnaître la « dette climatique », investir dans des technologies propres et dans la promotiond’économies vertes créatrices d’emplois décents) ; JusticE financière, fiscale et économique (le secteurfinancier doit payer la crise qu’il a provoquée) ; JusticE sociale et de genre (réaliser <strong>les</strong> OMD, promouvoirL’ÉQUITÉ DE GENRE, <strong>les</strong> services sociaux de base universels et la « dignité pour tous » et…JusticE PURE ETSIMPLE (juges et tribunaux) qui exige le respect des droits fondamentaux des personnes.Un rapport citoyen sur <strong>les</strong> progrès pour éradiquerla pauvreté et parvenir à l’équité de genre dans le monde


SOCIAL WATCH RAPPORT 2010


SOCIAL WATCH RAPPORT 2010Après la chute


SOCIAL WATCHCOMITE DE COORDINATIONTanya Dawkins (États-Unis d’Amérique) et Emily Joy Sikazwe (Zambie), co-présidents. Barbara Adams (New York), Nancy Baroni (Canada), Yao Graham (Ghana),Yasmin Ismail (Égypte), Allam Jarrar (Pa<strong>les</strong>tine), Himanshu Jha (Inde), Gustavo Luna (Bolivie), Edward Oyugi (Kenya), Norayda Arabella Ponce Sosa (Guatemala),Maria Victoria Raquiza (Philippines), Genoveva Tisheva (Bulgarie), Mirjam van Reisen (Bruxel<strong>les</strong>) et Roberto Bissio (Uruguay, ex officio).Le secrétariat international de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> est basé à Montevideo-Uruguay, dans <strong>les</strong> locaux de Instituto del Tercer Mundo (ITeM).Directeur de la rédactionRoberto BissioRédacteur en chefAmir HamedPro<strong>du</strong>ctionAna ZeballosAssistanteNathalia BlancoCorrection de style en françaisChantal PittardCorrectionMichel BedrossianRecherche en Sciences Socia<strong>les</strong>Juan Andrés Moraes (Departamento de Ciencia Política, Universidad de la República, Uruguay)Santiago López Cariboni (Department of Government at the University of Essex)PlaidoyerAna Inés Abelenda, Mariana MásTra<strong>du</strong>ctionOlga Acosta, Claire Avellan, Gévy Baudry, Julia Bucci, Véronique Leny, Álvaro Sahonero,Silvina Taranco, Victoria WhitelawAppui techniqueArturo GonzálezDesign et développement de sites webXimena Pucciarelli, Ernesto Rapetti© Copyright 2010INSTITUTO DEL TERCER MUNDO18 de Julio 1077/903, Montevideo 11100, Uruguayitem@item.org.uyFax: +598 2902 0490 int. 113Cette publication est financée par l’Union européenne et Oxfam Novib.Le Secrétariat international de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> reçoit également un financement et le soutien de la Ford Foundation et de la Coalition des Flamands Nord Sud Mouvement11.11.11.Le contenu de la présente publication relève de la seule responsabilité des ses auteurs et <strong>du</strong> réseau <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> et ne peut en aucun cas être considéré comme lereflet de l’avis de l’Union européenne, Oxfam Novib, la Ford Foundation et 11.11.11.Le contenu de cette publication peut être repro<strong>du</strong>it par des organisations non gouvernementa<strong>les</strong>, à des fins non lucratives, (prière d’envoyer une copie des textes enquestion). Toute autre forme de repro<strong>du</strong>ction, de mise en mémoire ou de transmission électronique ou mécanique des données à des fins commercia<strong>les</strong> exige uneautorisation préalable d’ITeM.© ITeM 2010, SOCIAL WATCH, www.socialwatch.orgTéléphone : +598 (2) 902 0490 – Télécopieur : +598 (2) 902 0490 int. 113Conception maquette originale : MONOCROMOPrésentation graphique : FORMA ESTUDIOwww.formaestudio.comTéléphone : +598 2916 3273Photo de couverture : ©istockphoto.com/vesilvioInfographies article ICB : www.icodemon.comImprimé par : Gráfica MoscaImprimé en UruguayEdition réalisée en vertu de l’Art. 70 de la Loi 13.349(Commission <strong>du</strong> Papier)ISSN: 1688-664XDép. Légal : 354.919Pour faire des commandes et des demandes de renseignements, veuillez contacter :<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Casilla de Correo 1539Montevideo 11000, Uruguaysocwatch@socialwatch.orgwww.socialwatch.orgTéléphone : +598 2902 0490Télécopieur : +598 2902 0490 int.113


<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> dans le mondeCoalitions Nationa<strong>les</strong> de<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>ORGANISATIONS QUI ENCOURAGENT ET DÉVELOPPENT L’INITIATIVE SOCIAL WATCH :• Afghanistan :Coordination of Humanitarian Assistance(CHA), admin@cha-net.org, hameedy@socialwatchafghanistan.org, www.cha-net.org ; Sanayee DevelopmentOrganization (SDO), sdokabul@gmail.com, www.sanayee.org.af• Albanie :Human Development Promotion Centre(HDPC), hdpc@icc-al.org• Allemagne :<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Germany, jensmartens@globalpolicy.org, klaus.heidel@woek.de, www.social-watch.de ;Asienhaus ; Deutscher Caritasverband ;DGB-Bil<strong>du</strong>ngswerk ; FIAN SectionGermany ; Friedrich-Ebert-Stiftung ;Global Policy Forum Europe ;IG Metall ; INKOTA Netzwerk ;Ökumenischer Trägerkreis Armut/Reichtum – Gerechtigkeit ; Pax Christi ;Philippinenbüro ; Pro Asyl ; Terre deshommes Germany ; World Economy,Ecology & Development (WEED),Werkstatt Ökonomie• Algérie :Association El Amel pour leDéveloppement <strong>Social</strong>, mselougha@yahoo.fr ; Algerian Youth Forum• Argentine :Centro de Estudios Lega<strong>les</strong> y Socia<strong>les</strong>(CELS), lroyo@cels.org.ar, www.cels.org.ar,Abogados y Abogadas del NoroesteArgentino en derechos humanos y estudiossocia<strong>les</strong> (ANDHES), Centro de ParticipaciónPopular Monseñor Enrique Angelelli, EquipoLatinoamericano de Justicia y Género(ELA), Fundación Ambiente y RecursosNatura<strong>les</strong> (FARN), Foro Ciudadanode Participación por la Justicia y losDerechos Humanos (FOCO) ; Observatoriodel Derecho <strong>Social</strong> de la Central deTrabajadores de la Argentina (CTA)• Arménie :“Sociometr” Independent SociologicalResearch Center, svetaslan@hotmail.com, www.sociometr.am• Azerbaïdjan :Public Finance Monitoring Center(PFMC), kenan@pfmc.az, www.pfmc.az• Bahrein :Bahrain Human Rights Society (BHRS),bhrs@bhrs.org, anhalekry@yahoo.com,www.bhrs.org/arabic ;Bahrain Transparency Society (BTS) ;Bahrain Sociologists Society ; BahrainWomen’s Renaissance Society ; BahrainAwal Women Society• Bangladesh :Unnayan Shamannay, shamunnay@sdnbd.org, www.shamunnay.org ;EquityBD, www.equitybd.org ; COAST,www.coastbd.org ;Action on Disability and Development(ADD) ; Bangladesh Adivasi Forum ;Campaign for Good Governance(SHUPRO) ; Community DevelopmentLibrary (CDL) ; E<strong>du</strong>cation <strong>Watch</strong>(CAMPE) ; Ganoshastho Kendro ;Manusher Jonno Foundation ; People’sHealth Movement (PHM) ; Steps TowardsDevelopment• Belgique :Plateforme belge pour le travail décentcoordonné par le Centre Nationalde Coopération au Développement(CNCD), cncd@cncd.be, www.cncd.be, and 11.11.11 (North-South FlamishCooperation), www.11.be• Bénin :<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Benín, swbenin@yahoo.fr, www.socialwatch-benin.org ;Action Citoyenne pour un développement<strong>du</strong>rable (ACIDU-SUSUNYUEN) ;Art-Culture Tourisme Sans Frontière(ACT-SF) ; Association de Lutte contrele Régionalisme, l’Ethnocentrisme etle racisme (ALCRER) ; Associationdes Bonnes Volontés pour l’Excellence(ABOVE ESPOIR) ; Associationdes Jeunes pour le Progrès et leDéveloppement (AJPDE) ; Associationdes Personnes Rénovatricesdes Technologies Traditionnel<strong>les</strong>(APRECTECTRA) ; AProDeF-LTM-ONG ; Association pour la Promotiondes Initiatives Loca<strong>les</strong> (ASSOPIL) ;Association Vinavo et Environnement(ASSOVIE) ; Abeil<strong>les</strong> Volontaires <strong>du</strong>Progrès (AVP-Afrique) ; Caritas-Bénin ;Centre Afrika Obota (CAO) ; CentreBéninois pour l’Environnement et leDéveloppement Economique et <strong>Social</strong>(CEBEDES) ; Comité Inter-Africain sur<strong>les</strong> pratiques traditionnel<strong>les</strong> ayant effetsur la santé de la femme et de l’enfant(CI-AF) ; Enfants Epanouis <strong>du</strong> Bénin ;Eglise Protestante Méthodiste <strong>du</strong> Bénin(EPMB) ; Espace & Vie-ONG ; ForcesNouvel<strong>les</strong> pour un DéveloppementHumain Durable (FNDHD) ; FEDe ;Fondation Faragel Corp (FFC) ; Grouped’Action pour l’Amour <strong>du</strong> Bien-êtreFamilial (GABF) ; GADDAP ; GRAPEA ;GRABE Benin ; Groupe d’Action pourla Justice et l’Egalité <strong>Social</strong>e (GAJES) ;Groupe d’Appui à l’É<strong>du</strong>cation et à laSanté de Base (GRAPESAB) ; Groupe deRecherche et d’Action pour la Promotionde l’Agriculture et le Développement(GRAPAD) ; Groupe de Recherche etd’Appui aux Initiatives de Base pourun Développement Durable (GRAIB) ;Groupe de Sécurité Alimentaire pourTous (GSAT) ; L’OEil d’ Aujourd’hui ; LEBACAR ; Le Rural ; NABOUBA ; NouveauDéfi pour le Développement (NDD) ;Nouvel<strong>les</strong> Perspectives Afrique (NPA) ;Organisation Communautaire pour laSanté, l’E<strong>du</strong>cation et le Développement(OCSED) ; Organisation pour leDéveloppement Économique et <strong>Social</strong>(ODES) ; Projet d’Appui aux Pro<strong>du</strong>cteursAgrico<strong>les</strong> <strong>du</strong> Bénin (PAPA BENIN) ;ONG Chrétienne SINAÏ ; Recherche etAction pour la Promotion des Initiativesde Développement Local (RAPIDEL) ;Recherches, Actions Communautaires,Initiatives pour un Nouvel Espoir(RACINES) ; Réseau d’Intégration desFemmes des ONG et Associations<strong>du</strong> Bénin (RIFONGA) ; Réseau deDéveloppement d’Agriculture Durable(REDAD) ; Réseau des JournalistesÉconomique <strong>du</strong> Bénin (RESEAU JEB) ;Réseau Glegbenu ; REUSSIR ; SIDAHONYI ; Sœurs Unies à l’Œuvre (SUO) ;Syndicat National des Paysans <strong>du</strong>Bénin (SYNPA-Synergie Paysanne) ;Union des Femmes Aboméennes pourla Démocratie et le Développement(UFADD) ; UFABAP ; USAD ; VADID ;Women in Law and Development inAfrica (WILDAF)• Birmanie :Burma Lawyers’ Council, aunghtoo@csloxinfo.com, www.blc-burma.org• Bolivie :Centro de Estudios para el DesarrolloLaboral y Agrario (CEDLA), cedla@cedla.org, www.cedla.org ;Red UNITAS ; Fundación ACLO Dir.General ; Fundación ACLO reg.Chiquisaca,Fundación ACLO reg. Potosí ; FundaciónACLO reg. Tarija ; APT ; CEDIB ; CENDA ;CEJIS Santa Cruz ; CEJIS Trinidad ; CEJISRiberalta ; CEJIS La Paz ; Centro deAsesoramiento Multidiciplinario “VICENTECAÑAS” ; CEPROMIN ; CEPROMINOruro ; CER-DET ; CESA ; CIAC Central ;CIAC Tarija ; CIAC Potosí ; CIAC CINTI ;CIAC Tupiza ; CIDEM ; CIPCA NACIONALBiblioteca (Lola) ; CIPCA Beni ; CIPCACochabamba ; CIPCA Cordillera ; CIPCALa Paz ; CIPCA Norte (Riberalta) ; CIPCAPando ; CIPCA Santa Cruz ; D.N.I.Nacional ; D.N.I. Cochabamba ; D.N.I. La<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Vtema


Paz ; D.N.I. Oruro ; D.N.I. Santa Cruz ;DESAFIO ; INDICEP ; IPTK ; IICCA ;ISALP ; IIADI ; KURMI Cochabamba ;KURMI La Paz ; Mujeres en Acción ; OASISanta Cruz ; OASI Bermejo ; PIO XII ;PIO XII Oruro ; PIO XII Cochabamba ;PROMUTAR ; PIDEP ; QHANA ; SEMTA ;TEAPRO ; YUNTA• Brésil :Grupo coordinador : Instituto Brasileirode Análises Sociais e Econômicas(IBASE), observatorio@ibase.org.br, www.ibase.br ; Centro Feministade Estudos e Assessoria (Cfemea) ;Centro de Estudos de Segurança eCidadania da Universidade CandidoMendes (Cesec/Ucam) ; Criola-Rio ;Federação de Órgãos para Assistência<strong>Social</strong> e E<strong>du</strong>cacional (Fase) ; Institutode Estudos Socioeconômicos (Inesc) ;Rede Dawn ;Ação pela Tributação das TransaçõesEspeculativas em Apoio aos Cidadãos(Attac) ; ActionAid ; Articulação deMulheres Brasileiras (AMB) ; Articulaçãode Mulheres Negras Brasileiras ;Assessoria Jurídica e Estudos de Gênero(Themis) ; Associação Brasileira deOrganizações Não-Governamentais(Abong) ; Associação BrasileiraInterdisciplinar de Aids (Abia) ; CEN/Fórum de Mulheres do Piauí ; Centro deArticulação de Populações Marginalizadas(Ceap) ; Centro de Atividades Culturais,Econômicas e Sociais (Caces) ; Centrode Cultura Luiz Freire ; Centro de Defesada Criança e do Ado<strong>les</strong>cente/Movimentode Emus ; Centro de Defesa dos DireitosHumanos Bento Rubião ; Centro deEstudos de Defesa do Negro do Pará ;Centro de Mulheres do Cabo (CMC) ;Centro de Pesquisa e Assessoria (Esplar) ;Cidadania Estudo Pesquisa Informação eAção (Cepia) ; Comissão Pastoral da Terra(CPT/Fian) ; Comitê Latino-Americanoe do Caribe para a Defesa dos Direitosda Mulher (Cladem) ; Comunicação,Informação e E<strong>du</strong>cação em Gênero(Cemina) ; Comunidade Baha’í ; ConselhoEsta<strong>du</strong>al dos Direitos da Mulher (Cedim) ;Fala Preta ; Fórum da Amazônia Oriental(Faor) ; Fórum de Mulheres de Salvador ;Fórum de Mulheres do Rio Grande Norte ;Grupo de Mulheres Negras Malunga ;Instituto da Mulher Negra (Geledés) ;Instituto de Estudos da Religião (Iser) ;Instituto de Estudos, Formação eAssessoria em Estudos Sociais (Pólis) ;Instituto de Pesquisa e PlanejamentoUrbano e Regional (Ippur/UFRJ) ; InstitutoPatrícia Galvão ; Laboratório de AnálisesEconômicas, Sociais e Estatísticas dasRelações Raciais (LAESER) ; MovimentoNacional de Direitos Humanos (MNDH) ;Nova ; Rede de Desenvolvimento Humano(Redeh) ; Rede Mulher de E<strong>du</strong>cação ;Rede Saúde ; Ser Mulher – Centro deEstudos e Ação da Mulher Urbana eRural ; SOS Corpo ; SOS Mata Atlântica• Bulgarie :Bulgarian Gender and ResearchFoundation (BGRF), bgrf@fastbg.net,www.bgrf.org ;BGRF Sofia, BGRF Plovdiv, BGRFHaskovo, ATTAC Bulgaria ; Bulgarian-European Partnership Association(BEPA) ; Confederation of IndependentTrade Unions in Bulgaria (KNSB) ;“Demetra” Association Burgas• Cambodge :SILAKA, silaka@silaka.org, www.silaka.org ;NGO Committee on CEDAW ; NGO Forumon Cambodia ; Gender and Developmentfor Cambodia GAD/C ; Women forProsperity (WFP) ; Committee forFree and Fair Election in Cambodia(COMFREL) ; Cambodia DevelopmentResearch Institute (CDRI) ; CambodiaWomen for Peace and Development(CWPD) ; Neutral and ImpartialCommittee for Free and Fair Electionin Cambodia (NICFEC) ; Women MediaCenter ; CEDAW• Cameroun :Fédération des Organisations de laSociété Civile Camerounaise (FOSCAM),mballamballa2001@yahoo.fr, andelac@yahoo.com, www.foscam.org ;Dynamique Citoyenne ; CentraleSyndicale <strong>du</strong> Secteur Public (CSP) ;INTERACTION ; Fondation ConseilJeune (FCJ) ; Collectif des ONG pour laSécurité Alimentaire et le DéveloppementRural (COSADER) ; ASSOAL ; Centrede Recherches pour le DéveloppementDurable en Afrique (CREDDA) ; CentreRégional Africain pour le DéveloppementEndogène et Communautaire (CRADEC) ;Femme Santé Développement (FESADE) ;CIPRE ; Collectif des ONG Agréées auCameroun (CONGAC) ; Réseau Nationaldes Habitants <strong>du</strong> Cameroun (RNHC) ;ReachOut ; SYDEV ; Ligue des Droits etLibertés ; NWADO ; Voies Nouvel<strong>les</strong> ;Un Monde Avenir ; Centre de Rechercheet d’Appui pour le Développementintégré de la Femme (CRADIF) ;CEPI ; CARDDED ; Governance andEntrepreneurship Consulting Group(GECOG)• Canada :Canadian Centre for Policy Alternatives(CCPA), ccpa@policyalternatives.ca,www.policyalternatives.ca ; CanadianFeminist Alliance for InternationalAffairs (FAFIA), nbaroni@fafia-afai.org, www.fafia-afai.org ; The North-South Institute (NSI), jfoster@nsi-ins.ca, www.nsi-ins.ca ; Women inInformal Employment : Globalizing andOrganizing (WIEGO), www.wiego.org• Chili :ACCION, Asociación Chilena de ONG,info@accionag.cl, www.accionag.cl ; Centro de Estudios Naciona<strong>les</strong>de Desarrollo Alternativo (CENDA),mpascual@cendachile.cl, www.cendachile.cl• Chypre :Centre for the Advancement ofResearch and Development inE<strong>du</strong>cational Technology (CARDET),pambos@cardet.org, www.cardet.org ;KISA–Action for Equality Support andAntiracism in Cyprus ; MediterraneanInstitute for Gender Studies• Colombie :Plataforma Colombiana de DerechosHumanos, Democracia y Desarrollo –Secretaría Técnica Corporación Cactus,direccion@cactus.org.co, www.plataforma-colombiana.org• Costa Rica :Red Costarricense de ControlCiudadano, Centro de Estudios yPublicaciones Alforja (CEP Alforja),ciudadania@cepalforja.org, www.cepalforja.org ;Agenda Cantonal de Mujeres deDesamparados (ACAMUDE) ; AgendaPolítica de Mujeres ; AsociaciónCentro de E<strong>du</strong>cación PopularVecinos ; Asociación Centroamericanapara la Economía, la Salud, y elAmbiente (ASEPESA) ; Asociación deProfesores/as de Segunda Enseñanza(APSE) ; Asociación Madreselva,Derechos Humanos y Salud Integral ;Asociación para el Desarrollo delTrabajo ; Capacitación y AcciónAlternativa (PROCAL) ; Centro parael Desarrollo y Capacitación en Salud(CEDCAS) ; Colectiva por el Derechoa Decidir ; Comisión de DerechosHumanos (CODEHU) ; Coordinadorade Organizaciones Socia<strong>les</strong> para laDefensa de los Derechos de la Niñez(COSECODENI) ; Defensa de Niñas yNiños Internacional (DNI) ; Dirección deExtensión Universitaria de la UniversidadEstatal a Distancia ; FederaciónCostarricense de Organizaciones dePersonas con Discapacidad (FECODIS) ;Fundación Pedagógica NuestraAmérica ; Fundación Promoción ;Liga Internacional de Mujeres por Pazy Libertad (LIMPAL) ; MovimientoDiversidad ; Mujeres Unidas en Saludy Desarrollo (MUSADE) ; RedesComunitarias de Salud de la Provinciade Puntarenas (Pacífico Central) ;Servicio de Paz y Justicia (SERPAJ) ;Sindicato de Empleados/as del BancoNacional (SEBANA) ; Unión Nacional deEmpleados de la Caja Costarricense deSeguro <strong>Social</strong> (CCSS, UNDECA)• Égypte :The Egyptian Association forCommunity Participation Enhancement(EACPE), cpe_eg@yahoo.com, www.mosharka.org ; National Associationfor Human Rights ; New WomanCentre ; Research and Resource Centrefor Human Rights• El Salvador :Asociación Intersectorial para elDesarrollo Económico y el Progreso<strong>Social</strong> (CIDEP), cidep@cidepelsalvador.org, www.cidepelsalvador.org ;Comité de Familiares de Víctimas deViolaciones a los Derechos Humanosde El Salvador “Marianela García Villas”(CODEFAM) ; Fundación Maquilishuat(FUMA) ; Centro para la Defensa de losDerechos Humanos “Madeleine Lagadec”• Équateur :Centro de Derechos Económicos ySocia<strong>les</strong> (CDES), cdes@cdes.org.ec,www.cdes.org.ec• Érythrée :Eritrean Movement for Democracyand Human Rights (EMDHR),danielrezene@gmail.com• Espagne :Plataforma 2015 y más,coordinacion@2015ymas.org,www.2015ymas.org ; Intermón Oxfam,info@intermonoxfam.org, www.intermonoxfam.org ;ACSUR-Las Segovias ; Asamblea deCooperación por la Paz ; Asociaciónde Investigación y Especializaciónsobre Temas Iberoamericanos (AIETI) ;Comisión Española de Ayuda al Refugiado(CEAR) ; Cooperacció ; Economistas sinFronteras ; Fundación CEAR ; Instituto deEstudios Políticos para América Latina yÁfrica (IEPALA) ; Instituto de Promocióny Apoyo al Desarrollo (IPADE) ; InstitutoSindical de Cooperación y Desarrollo(ISCOD) ; Liga Española de la E<strong>du</strong>cación ;Movimiento por la Paz, el Desarme y laLibertad (MPDL) ; Observatorio DESC ;Paz y Solidaridad ; PTM-Mun<strong>du</strong>bat ;Solidaridad Internacional• Estonie :Estonian Roundtable for DevelopmentCooperation, info@terveilm.net, www.terveilm.net• États-Unis d’Amérique :Global-Local Links Project, dawkinst@mindspring.com ; Institute forAgriculture and Trade Policy (IATP),iatp@iatp.org, www.iatp.org ;Action Aid USA ; Center of Concern ;Hunger Notes• France :Secours Catholique-Caritas France,michel.roy@secours-catholique.org, www.secours-catholique.org ; Coordination SUD, <strong>du</strong>pont@coordinationsud.org, www.coordinationsud.org• Ghana :Network for Women’s Rights in Ghana(NETRIGHT) – Convenor of <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Ghana, netright@twnafrica.org ;Third World Network Africa ; ABANTUfor Development (ROWA) ; GhanaTrades Union Congress (GTUC) ;General Agricultural Worker’s Union ofGTUC (GAWU) ; Gender Studies andHuman Rights Documentation Centre(Gender Centre) ; Women’s Initiative& Self Empowerment (WISE) ; TheCoalition on the Women’s Manifestofor Ghana (WMC) ; Integrated <strong>Social</strong>Development Centre (ISODEC) ;Foundation for GrassRoots Initiatives inAfrica (GrassRootsAfrica) ; Centre forDemocracy and Development (CDD) ;Civic Response ; National CoalitionAgainst Water Privatisation (NCAP) ;Institute for Democratic Governance(IDEG) ; Save the Children Ghana ; GhanaAssociation of Teachers (GNAT) ; GhanaAssociation of the Blind ; ConsumersAssociation of Ghana ; Christian Councilof Ghana ; Ghana Registered NursesAssociation (GRNA) ; University of GhanaStudents Representatives Council ;National Union of Ghana Students(NUGS) ; Ghana Federation of Labour ;Ecumenical Association for SustainableAgricultural & Rural Development(ECASARD) ; Fataale Rural Foundation ;Civil Society Coalition on Land (CICOL)• Guatemala :CONGCOOP – Coordinación de ONG yCooperativas, congcoop@congcoop.org.gt, www.congcoop.org.gt ;Asociación de Desarrollo Defensa delMedio Ambiente y Recursos Natura<strong>les</strong>de Guatemala (ACCION ECOLOGICA) ;Asociación de Desarrollo para AméricaCentral (ADEPAC) ; Asociación para elDesarrollo Integral (ADI) ; Alternativa parael Desarrollo Ambiental (APDA) ; Centrode Documentación y E<strong>du</strong>cación Popular(CIEP) ; Centro de Investigación, Estudiosy Promoción de Derechos Humanos(CIEPRODH) ; Coordinadora Cakchiquelde Desarrollo Integral (COKADI) ;Coordinadora Mesoamericana para elDesarrollo Integral (COMADEP) ; ConsejoCristiano de Agencias de Desarrollo(CONCAD) ; Federación de CooperativasAgrícolas de Guatemala (FEDECOAG) ;Fundación para el Apoyo Técnico enProyectos (FUNDATEP) ; Fundación parael Desarrollo Comunitario (FUNDESCO) ;Asociación (IDEAS) ; Instituto deEnseñanza para el Desarrollo Sostenible(IEPADES) ; Proyecto de DesarrolloSantiago (PRODESSA) ; Servicios yApoyo al Desarrollo de Guatemala(SADEGUA) ; Servicios de CapacitaciónTécnica (SERCATE)Rapports thématiques VI<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


• Hon<strong>du</strong>ras :Centro de Estudios de la MujerHon<strong>du</strong>ras (CEM-H), cemhhon<strong>du</strong>ras@yahoo.es, anmfech@yahoo.es, www.cemh.org.hn ;Articulación Feminista de Redes Loca<strong>les</strong> ;Centro de Estudios y Acción para elDesarrollo de Hon<strong>du</strong>ras (CESADEH) ;Centro de Hon<strong>du</strong>reño de Promociónpara el Desarrollo Comunitario(CEHPRODEC) ; Marcha Mundialde la Mujeres–Capítulo Hon<strong>du</strong>ras ;Mujeres Sindicalistas (Sindicato de laE<strong>du</strong>cación SIEMPE), Red de MujeresColonia Ramón Amaya Amador, Redde Mujeres Colonia Cruz Roja, Red deMujeres del Municipio de La Paz, Redde Mujeres Jóvenes del Distrito Central,Red de Mujeres Positivas de Hon<strong>du</strong>ras,REDMUNA• Hongrie :ATTAC Hungary, benyikmatyas@gmail.com, http://attac.zpok.hu ;Foundation for the Hungarian <strong>Social</strong>Forum Movements ; HungarianAntifascist League ; Karl Marx Society ;Worker’s Free Time Association ofFerencvaros• Inde :National <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Coalition(NSWC), info@socialwatchindia.com,nationalsocialwatch@yahoo.co.in,www.socialwatchindia.net ;Adivasi Sanghamam ; Agragati ; AsianDevelopment Research Institute ;Association for Democratic Reforms(ADR) ; Centre for CommunityEconomics and Development ConsultantsSociety (CECOEDECON) ; Centre forPolicy Studies (CPS) ; Centre for WorldSolidarity (CWS) ; Centre for Youth and<strong>Social</strong> Development (CYSD) ; CommunityDevelopment Foundation (CDF) ; DalitBahujan Shramik Union (DBSU) ;Ekta Parishad ; Forum of VoluntaryOrganisations (West Bengal, Kolkata) ;Gene Campaign ; Gramin Yuva Abhikram(GYA) ; HOPE ; Institute of DevelopmentStudies ; Institute for Motivating SelfEmployment (IMSE) ; KABIR ; Karnataka<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> ; Kerala <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> ;LJK ; Madhya Pradesh VoluntaryAction Network (MPVAN) ; MayaramSurjan Foundation (MSF) ; NationalCentre for Advocacy Studies (NCAS) ;Oxfam Novib ; People’s Campaign forSocio-Economic Equity in Himalayas(PcfSEEiH) ; Pratham ; PRS LegislativeResearch ; Rejuvenate India Movement(RIM) ; RTDC- Voluntary Action Group(RTDC- VAG) ; SAFDAR ; SamarthanCentre for Development Support ; SouthAsian Network for <strong>Social</strong> and AgriculturalDevelopment (SANSAD) ; SPAR, SwarajFoundation ; Tamilna<strong>du</strong> <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>(TNSW) ; Uttar Pradesh Voluntary ActionNetwork (UPVAN) ; Vidyasagar SamajikSuraksha Seva Evam Shodh Sansthan,Vikas Sahyog Pratisthan (VSP) ; Youthfor Voluntary Action (YUVA)• Indonésie :Women Headed HouseholdEmpowerment Program (PEKKA),naniz@centrin.net.id ;Alfa – Omega ; ASPPUK ; FITRA ;Formasi Indonesia ; Forum KeberdayaanMasyarakat Bengkulu ; Forum LSM DIY ;Forum Perempuan ; Kalimantan ; INFID ;LP2M Padang ; Nurani Perempuan ;PCSSF – Papua ; PeningkatanKeberdayaan Masyarakat (PKM)Sultra ; Perekumpulan Sada Ahmo,Perkumpulan Panca Karsa ; PERSEPSI ;PKBI Bengkulu ; PKM Nasional ; SeknasWalhi ; Swara Parangpuan Sulut• IraQ :Iraqi Al-Amal Association, baghdad@iraqi-alamal.org, www.iraqi-alamal.org ;Iraqi Council for Peace and Solidarity ;Iraqi Women Network ; REACH org• Italie :<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Italian Coalition,info@socialwatch.it, jason.nardi@socialwatch.it, www.socialwatch.it ;Amnesty International–Italy ;Associazioni Cristiane Lavoratori Italiani(ACLI) ; Associazione Ricreativa eCulturale Italiana (ARCI) ; Campagnaper la Riforma della Banca Mondiale(CRBM) ; Fondazione CulturaleResponsabilità Etica ; Lunaria ; ManiTese ; Sbilanciamoci ; Ucodep ; WorldWildlife Fund – Italy (WWF)• Jordanie :Jordanian Women’s Union,jwu@go.com.jo, www.jordanianwomenunion.org ;Jordanian Association to CombatIlliteracy• Kenya :<strong>Social</strong> Development Network(SODNET), sodnet@sodnet.or.ke, www.sodnet.org ;Kenya Human Rights Commission(KHRC) ; Kituo Cha Sheria ; Huruma<strong>Social</strong> Forum ; SEATINI ; Daraja-CivicInitiatives Forum ; Kenya Organizationfor Environmental E<strong>du</strong>cation (KOEE) ;Sustainability Development <strong>Watch</strong>(Sus<strong>Watch</strong>-Kenya) ; Migori Clan ;<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>/Futa Magendo Chapters ;Bunge La Mwananchi ; Kenya DebtRelief Network (KENDREN) ; Un<strong>du</strong>guSociety ; Reality of Trade (Kenya) ; HakiElimu ; Makueni Residents Association ;Logolink ; Kenya Land Alliance ; KETAM ;Child Fund Africa ; Rarieda <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> ; Nyeri <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> ; ReleasePolitical Prisoners (RPP) ; BEACON ;Kenya-Cuba Friendship Association ;Mazira Foundation• Liban :Arab NGO Network for Development(ANND), annd@annd.org, www.annd.org ;Ecole <strong>Social</strong>e-USJ ; LebaneseDevelopment Forum ; LebaneseNGO Network ; Lebanese PhysicalHandicapped Union (LPHU) ; NajdehAssociation ; Secours Populaire Libanais• Lituanie :Centre for Civic Initiatives, girvydas@pic.lt, www.pic.lt• Malaisie :Third World Network (TWN), twnet@po.jaring.my, www.twnside.org.sg ;Consumers Association of Penang,meenaco@pd.jaring.my, www.consumer.org.my ;Cini Smallholders’ Network ; PenangInshore Fishermen Welfare Association ;Sahabat Alam Malaysia (Friends of theEarth, Malaysia) ; Teras PengupayaanMelayu• Malte :Koperazzjoni Internazzjonali (KOPIN),kopin@maltaforum.org, jmsammut@maltanet.net, www.kopin.org• Maroc :Espace Associatif, contact@espaceassociatif.ma,www.espace-associatif.ma ;Association Démocratique des Femmes<strong>du</strong> Maroc (ADFM) ; AssociationMarocaine des Droits Humains (AMDH) ;Organisation Marocaine des DroitsHumains (OMDH) ; Union Marocaine<strong>du</strong> Travail (UMT) ; TransparencyMaroc ; Réseau pour le droit à lasanté ; Association de DéveloppementLocal Rabat (ADL) ; AssociationProfessionnelle des Tapissiers ;Association Chantier Jeunesse ;Association Marocaine pour l’É<strong>du</strong>cationde la Jeunesse ; ConfédérationDémocratique <strong>du</strong> Travail ; OrganisationDémocratique <strong>du</strong> Travail ; Forumdes Économistes Marocains ; Centred’Etudes et de Recherches Aziz Blal(CERAB) ; Coordination contre la chertéde la vie ; Said SAADI ; Abderrahim DIAB• Mauritanie :Réseau des organisations de lasociété civile pour la Promotion de laCitoyenneté (RPC), resrpc@gmail.com,dogoli56@yahoo.fr• Mexique :DECA Equipo Pueblo, pueblodip@equipopueblo.org.mx, www.equipopueblo.org.mx ; Espacio deCoordinación de Organizaciones Civi<strong>les</strong>sobre Derechos Económicos, Socia<strong>les</strong> yCultura<strong>les</strong> (Espacio DESC) ;DECA Equipo Pueblo ; Casa y Ciudadde Coalición Hábitat México ; CátedraUNESCO de Derechos Humanos dela Universidad Nacional Autónoma deMéxico ; Centro de Estudios Socia<strong>les</strong> yCultura<strong>les</strong> Antonio de Montesinos (CAM) ;Centro de Derechos Humanos MiguelAgustín Pro Juárez (PRODH) ; Centrode Investigación y Promoción <strong>Social</strong>(CIPROSOC) ; Centro de Investigación yPromoción <strong>Social</strong> (CIPROSOC) ; Centrode Reflexión y Acción Laboral (CEREAL)de Fomento Cultural y E<strong>du</strong>cativo ;Comisión Mexicana de Defensa yPromoción de los Derechos Humanos(CMDPDH) ; Consultoría Especializada enJusticiabilidad de los DESC (CEJUDESC)Defensoría del Derecho a la Salud ; FIANSección México ; Instituto Mexicanode Democracia y Derechos Humanos(IMDHD) ; Instituto Mexicano deDemocracia y Derechos Humanos(IMDHD) ; Instituto Mexicano para elDesarrollo Comunitario (IMDEC) ; LigaMexicana por la Defensa de los DerechosHumanos (LIMEDDH) ; Oficina Regionalpara América Latina y el Caribe de laCoalición Internacional del Hábitat ;Radar-Colectivo de Estudios Alternativosen Derecho• République de MOLDAVIENational Women’s Studies andInformation Centre “Partnership forDevelopment”, cpd@progen.md, www.progen.md• Mongolie :emocracy E<strong>du</strong>cation Centre (DEMO),demo@magicnet.mn, www.demo.org.mn ;Transparency Foundation ; ResponsibleMining Initiative• Mozambique :Liga Moçambicana dos DireitosHumanos, cnesta@gmail.com, www.ldh.org.mz ;Grupo Moçambicano da Divida ;Associacão dos ParlamentaresEuropeus para Africa (AWEPA) ; Rede deOrganizações Contra Sida (MONASO) ;Sociedade Aberta ; Jornalistas Para osDireitos Humanos• Népal :Rural Reconstruction Nepal (RRN),akarki@rrn.org.np, sarba@rrn.org.np,jyoti@rrn.org.np, www.rrn.org.np ;National Alliance for Human Rights and<strong>Social</strong> Justice (the national networkof more than 1,000 human rightsorganisations0 ; Child Workers ConcernCentre (CWIN) ; NGO Federation of Nepal(the national network of more than 4,500NGOs) ; General Federation of Nepa<strong>les</strong>eTrade Union ; South Asia Alliance forPoverty Eradication (SAAPE) ; LDC<strong>Watch</strong> ; Jagaran Nepal ; Children-Womenin <strong>Social</strong> Service and Human Rights(CWISH)• Nicaragua :Coordinadora Civil (CC), fidelmoreira@ccer.org.ni, voceria@ccer.org.ni, www.ccer.org.ni ;Acción Ciudadana ; Asociación deMujeres Nicaragüenses Luisa AmandaEspinoza (AMNLAE) ; Consejo dela Juventud de Nicaragua (CJN) ;Coordinadora de ONGs que trabajan conla Niñez y la Ado<strong>les</strong>cencia (CODENI) ;Federación de Organismos NoGubernamenta<strong>les</strong> (FONG) ; Federaciónde Organizaciones por la Rehabilitacióne Integración (FECONORI) ; Foro deE<strong>du</strong>cación y Desarrollo Humano (FEDH) ;Mesa Agropecuaria y Forestal (MAF) ;Movimiento Comunal Nicaragüense(MCN) ; Movimiento PedagógicoNicaragüense (MPN) ; Red de Mujerescontra la Violencia ; Red Nicaragüensede Comercio Comunitario (RENICC) ;Red Nicaragüense por la Democracia yel Desarrollo Local ; Red de Vivienda ;Unión Nacional de Agricultores yGanaderos (UNAG)• Nigéria :<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Nigeria : Socio EconomicRights Initiative (SRI), onyegur@yahoo.com ;Africa Youth Growth Foundation ;Campaign for Child’s Right and Survival(CCRS) ; Care and Action Research(CaRE-NGO) ; Chiamaka CooperativeUnion ; Christian Foundation for<strong>Social</strong> Justice & Equity ; CommunityConservation Initiative ; CommunityHealth and Development AdvisoryTrust (COHDAT) ; Community LifeAdvancement Project (CLAP) ;Conscientizing against Injusticesand Violence (CAN) ; Credit & ThriftSociety ; Daughter of Virtue andEmpowerment Initiatives (DOVENET) ;Destiny Daughters of Nigeria (DEDAN) ;Federated Ebonyi Women Association(FEWA) ; Friendly Environment andHuman Development Foundation(FEHDF) ; Initiative Development Now(IDN) ; International Centre for YouthDevelopment (ICYD) ; Kanewa WomenGroup ; Life Intervention Project(LIP) ; Methodist Diocese of Enugu ;Mindset and Community AdvancementOperations (MICADO) ; National Councilof Women Societies (NCWS Abia StateBranch) ; National Pro<strong>du</strong>ctivity CentreCoop ; Natural Resources DevelopmentMotivators ; Nigerian ConcernedGroup for Environment, Populationand Development ; NOB Movementfor the Less privileged ; Oasis of theElderly, Youth & Family Development(OEYFAD) ; Osa Foundation ; OtiaDevelopment Foundation ; People’sRights Organization (PRO) ; Rural LifeImprovement Foundation (RULIF) ;Safe Motherhood & Child SurvivalOrganization of Africa (SMACS) ;<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>VIItema


Safe Motherhood Ladies Association(SMLAS) ; SEDAFRICA ; SurvivalFoundation Network (SUFON) ; VolunteerSocieties of Nigeria Organization on AIDS(VOSONOA) ; Women Empowerment andPoverty Alleviation (WEPA) ; Women inNigeria (WIN) ; Women in Nigeria (WIN),Imo State ; Women of Virtue ; WomenSurvival and Development Association ;Women United for EconomicEmpowerment (WUEE) ; Youth ResourceDevelopment E<strong>du</strong>cation and LeadershipCenter for Africa (YORDEL AFRICA)• Ouganda :Development Network of IndigenousVoluntary Association (DENIVA), info@deniva.or.ug, www.deniva.or.ug ;Acoke Rural Development Initiatives(ARDI) ; Action Aid Uganda ; Action forDevelopment (ACFODE) ; Action for SlumHealth and Development ; Action for YouthOrganization Uganda ; Action Line forDevelopment (ALFORD) ; Action toPositive Change on People withDisabilities ; A<strong>du</strong>lt E<strong>du</strong>cation Centre ;Adyaka Orphan Development Initiatives(AODI) ; Africa 2000 Network Uganda ;Africa for Christ International ; AfricanChild Care Foundation ; AfricanInternational Christian Ministry (AICM) ;Agency for Promoting SustainableDevelopment Initiative (ASDI) ; Agricultureand Rural Development Programme ;Akiika Embuga Women’s Self HelpAssociation ; Akwata Empola WomenDevelopment Association ; AnakaFoundation Gulu ; Anthony YouthDevelopment Association (AYDA) ; AntiCorruption Coalition Uganda (ACCU) ;Arua District Farmers Association ; AruaDistrict Indigenous NGO Network(ADINGON) ; Awake Bushenyi ; BagyaBasaaga Orange Freshed Potato Growersand Processors (BBOFPGAP) ; Bahai FaithInternational National Spiritual Assemblyof The Bahai of Uganda ; BakatawamuInformation and DevelopmentEmpowerment (BIDE) ; Bakonzo CultureAssociation ; Balyalwoba Rehabilitationand Development Agency (BARDEA) ;Banyo Development Foundation ; BasicNeeds UK in Uganda ; Bedmot Child andFamily Programme ; Benevolent SupportChild Programme Kampala ; BidhompolaCommunity Development AssociationMayuge (BICODA) ; Bileafe RuralDevelopment Association (Arua) ;B<strong>les</strong>sings Christian Rehab Ministries ;Blind But Able Self Help Project ; BuddeWomen’s Development Association ;Budongo Forest Community DevelopmentOrganization (BUCODO) ; Bugiri DistrictLiteracy and A<strong>du</strong>lt E<strong>du</strong>cation Network(BLAEN) ; Bugisu Civil Society Forum(BUCINET) ; Build Up Again Ex PrisonersAssociation (BAP) ; Bukogolwa Widowsand Orphans Care Centre ; BundibugyoAssociation of the Disabled ; BundibugyoDistrict NGOs/CBs Forum ; Bunyoro YouthDevelopment Network ; Bushenyi DistrictCivil Society Organization Forum(BUDCOF) ; Buso Foundation ; BuwagiRural Development Foundation ; CeazariaComplex Public Library ; Centre forCommunity Enterprise ; Centre for ConflictResolution (CECORE) ; Centre forEnvironmental Technology and RuralDevelopment (CETRUD) ; Centre for PeaceResearch (CPR) ; Centre for the IntegratedDevelopment ; Child Aid InternationalLyantonde ; Christian Children’s NetworkInternational ; Community Action for RuralDevelopment Association (CARD) ;Community Based Rehabilitation Alliance(COMBRA) ; Community DevelopmentResource Network (CDRN) ; CommunityEffort for Women Development Concerns(CEWDCO) ; Community EmpowermentPartnership ; Community Health andDevelopment Association-Uganda(COHEDA-Uganda) ; CommunityIntegrated Development Initiatives ;Concern for the Girl Child ; CulturalAgency for <strong>Social</strong> and EnvironmentDevelopment (CASRDEN) ; Developmentand Rehabilitation Organization (DABO) ;Development Training and ResearchCentre (DETREC) ; Ebnezer RuralMinistries Uganda (ERIMU) ; Engabu ZaTooro Tooro Youth Platform for Action ;Enhance Abilities Initiatives (EAI) ; FirstAfrican Bicycle Information Office (Fabio) ;Forum for Women in Democracy ;Foundation for Development andInternational Links (FODILI) ; Foundationfor Human Rights Initiatives (FHRI) ;Foundation for Rural Development(FORUD) ; Foundation for Rural/UrbanPoverty Alleviation (FORUPA) ; Foundationfor Urban and Rural Advancement(FURA) ; Foundation for Young Orphans(FYO) ; Fountain of Hope Ministry Pader ;Friends in Need Association (FINA) ;Friends of Orphans Pader ; FriendsOrphanage School ; General CommunityDevelopment Association ; GenesisMicrofinance Bureaux Ltd (Genefina) ;German Development Services ; GoalUganda ; God’s Mercy Uganda (TraditionalHerbs) ; Good Hope Foundation for RuralDevelopment ; Gospel Pace-SettingMinistries (GPM) ; Grass Root WomenDevelopment Organization (GWODEO) ;Green Pasture Christian Outreach ;Gukwatamanzi Farmers Association Ltd ;Gulu Community Based ManagementNetwork Project (GCBMNT) ; Gulu DistrictNGO Forum (GDNF) ; Gulu FoundationCommunity Based Rehabilitation ; GuluWomen Empowerment Network ;Gwosusa Emwanyi Women’s Association ;Habitat for Humanity ; HamukunguWomen Association Group ; HewasaHealth through Water and SanitationProgramme ; HIV/AIDS Care and SupportProject ; Holistic Services for Uganda ;Hope after Rape ; Hope Association ; HuysLink Community Initiative ; Ibanda RuralDevelopment Promoters ; Ibanda ZeroGrazing Association (IZGA) ; IgangaDistrict NGO/CBO Forum ; Ikongo RuralDevelopment Association ; Initiative forWomen Equation (IWE) ; Integrated Careand Development Initiative ; IntegratedEnvironmental Defence (INED) ; IntegratedFamily Development Initiatives (IFDI) ;Integrated Rural Development Initiatives ;International Anti Corruption TheatreMovement ; International Child WelfareOrganization ; International Institute forCultural and Ethical Development ; JamiiYa Kupatanisha ; Jinja DiocesanCoordinating Organization (JIDDECO) ;Jinja Mothers’ Savings and CreditScheme ; Joint Energy and EnvironmentProject (JEEP) ; Joint Energy to Save theEnvironment (JESE) ; Jonam DevelopmentFoundation ; Kabaale District Civil SocietyOrganizations Network ; Kabale CivilSociety Forum (KACSOF) ; Kabale FarmersNetworking Association ; KabaroleIntergrated Women’s Effort inDevelopment (KIWED) ; Kabarole NGOsand CBOs Association (KANCA) ; KabaroleResearch and Resource Centre (KRC) ;Kabbo Women’s Assistance Finance andProject ; Kabongo Women’s Group /Dodoth Community Based DevelopmentAssociation ; Kakuuto Network ofIndigenous Voluntary Associations(KANIVA) ; Kamengo Business Institute ;Kamuli Lutheran Church ; Kamuli LutheranChurch HIV/AIDS Care and SupportProject ; Kamuli Network of NGOs(KANENGO) ; Kamwenge Bee KeepersCooperative ; Kamwenge DistrictIndigenous Voluntary DevelopmentOrganizations Network (KADIVDO) ;Kanyenze Rural Women’s Organization ;Kapchorwa Civil Society OrganizationsAlliances (KACSOA) ; Karambi Women’sAssociation ; Kasangati Orphans FundSociety ; Kasawo NamugangaDevelopment Association ; KaserengetheRural Development Initiative WomenGroup ; Kasese District DevelopmentNetwork ; Kasilo Christian YouthAssociation ; Katakwi Evangakinos PeopleLiving with AIDS (HIV/AIDS (KEPLWA) ;Kayunga District Farmers Association ;Kibaale District Civil Society Network ;Kibuku Multipurpose Cooperative SocietyLtd ; Kicwamba Nyankuku RuralDevelopment ; Kigezi Health CareFoundation ; Kigulu Development Group ;Kiima Foods ; Kiira A<strong>du</strong>lt E<strong>du</strong>cationAssociation ; Kinawataka WomenInitiative ; Kinyamaseke United WomenClub ; Koboko Civil Society Network ; KokaWomen Development Programme ; KumiNetwork of Development Organizations ;Kumi Pentecostal Assemblies of God ;Kyakulumbye Development Foundation ;Kyebando Associates Club ; LiraCommunity Development Association ;Literacy and A<strong>du</strong>lt Basic E<strong>du</strong>cation ; LittleSister of St. Francis ; MakindyeMultipurpose Youth and Vendors Group-CBO ; Malukhu Youth DevelopmentFoundation ; Masindi District E<strong>du</strong>cationNetwork ; Matilong Youth Mixed FarmingOrganization ; Mbarara District CivilSociety Organizations Forum ; MengoChild and Family Development ProjectLtd ; Mpigi Widows Entrepreneurs(MWEA) ; Mpigi Women DevelopmentTrust (MWODET) ; Ms Uganda ; Mt.Rwenzori Initiative for Rural Development ;Mukono Multipurpose Youth Organization(MUMYO) ; Musingi Rural DevelopmentAssociation ; Nabinyonyi DevelopmentGroup ; Namutumba District Civil SocietiesNetwork ; Nangabo Environment Initiative(NEI) ; National Community of WomenLiving with HIV/AIDS (Nacwola) Kamuli ;National Foundation for Human Rights inUganda (FHRI) ; National Union ofDisabled Persons in Uganda (NUDIPU) ;National Women Association for <strong>Social</strong> &E<strong>du</strong>cation Advancement ; Ndiima CaresAssociation (NDICA) ; Network of UgandanResearchers and Research Users(NURRU) ; Ngeye Development Initiative(NDI) ; Nile Vocational Institute (NVI) ;Northern Uganda Rural Association ;Northern Uganda Vision Association ;Ntulume Village Women’s Association ;Ntungamo District Farmers Association ;Ntungamo District Local GovernmentCBO ; Ntungamo District NGOs/CBOsForum ; Ntungamo Rural and UrbanDevelopment Foundation ; NyabubareUnited Group ; Nyio DevelopmentAssociation ; Organization for RuralDevelopment ; Osia Integrated Farmers’Cooperative ; Palissa DevelopmentInitiative ; Pallisa District NGOs/CBOsNetwork ; Pamo Volunteers ; ParticipatoryInitiative for Real Development (PIRD) ;Participatory Rural Action forDevelopment ; Peace Foundation ; PlanInternational Kampala ; Poverty Alert andCommunity Development Organization(PACDO) ; Poverty Alleviation CreditTrust ; Prayer Palace Christian CentreKibuye ; Protecting Families against HIV/AIDS (PREFA) ; Rakai Children Trust ;Rakai Community Strategy forDevelopment (RUCOSDE) ; RedeemedBible Way Church Organization ;Riamiriam Moroto Nakapiripiriti CivilSociety Network ; Ruhama Bee KeepingGroup ; Rural Initiative for CommunityEmpowerment ; Rural InitiativesDevelopment Foundation (RIDF) ; RuralPro<strong>du</strong>ctivity for Development Africa ;Rushenyi Youth Drama Actors ; RushookaOrphans E<strong>du</strong>cation Centre ; RwenzoriAgriculture Diversification PromotionOrganization ; Rwenzori InformationCentre (RUCNET) ; Rwenzori Organizationfor Children Living Under DifficultCircumstances ; Rwenzori Peace Bridge ofReconciliation ; Rwoho BakyaraTwimusyane Tukore ; Samaritan Partnersfor Development ; Saving and CreditSociety ; Single Parents Association ofUganda ; Small World Counselling HealthE<strong>du</strong>cation Association ; Soroti DistrictAssociation of NGOs/CBOs Network ;Soroti Rural Development Agency ; SouthEastern Private Sector PromotionEnterprise Limited ; Spiritual Assembly ofUganda ; St. Francis Tailoring HelperProgramme ; Sustainable AgricultureSociety of Kasese ; Sustainable AgricultureTrainers Network ; Talent Calls Club ;Tecwaa Child and Family Project Bweyale-Masindi ; Temele DevelopmentOrganization (TEMEDO) ; The Aged FamilyUganda ; The Forestry College atNyabyeya ; The Modern Campaign againstIlliteracy ; The Organization for theEmancipation of the Rural Poor ; TheUganda Reach the Aged Association ; TheUnited Orphans Association ; The YouthOrganization for Creating Employment ;Tirinyi Welfare Circle ; Tororo Civil SocietyNetwork ; Tororo District NGO Forum ;Trinita Rural Integrated CommunityDevelopment Association ; TripartiteTraining Programme ; Triple B KaseseCommunity ; Tukole Women’s Group ;Tusubira Health and Research Foundation ;Twezimbe Rural DevelopmentOrganization ; Uganda Change AgentAssociation ; Uganda Christian PrisonersAid Foundation ; Uganda Church WomenDevelopment Centre ; Uganda Coalition forCrisis Prevention (UCCP) ; UgandaDevelopment Initiatives Foundation ;Uganda Environmental E<strong>du</strong>cationFoundation ; Uganda EnvironmentalProtection Forum (UEPF) ; Uganda GenderResource Centre ; Uganda Human RightsActivists ; Uganda Indigenous Women’sClub ; Uganda Joint Action for A<strong>du</strong>ltE<strong>du</strong>cation ; Uganda Martyrs Parish ;Uganda Media Women’s Association ;Uganda Mid Land MultipurposeDevelopment Association ; Uganda MidLand Multipurpose DevelopmentFoundation ; Uganda National Action onPhysical Disabilities (UNAPD) ; UgandaOrphans Rural Development Programme ;Uganda Project Implementation andManagement Centre (UPIMAC) ; UgandaRestoration Gospel ChurchesOrganization ; Uganda Rural Developmentand Training Programme ; Uganda RuralSelf Help Development Promotion(SEDEP) ; Uganda Support for Childrenand Women Organization ; UgandaWomen Foundation Fund ; UgandaWomen Tree Planting Movement ; UgandaWomen’s Finance and Credit TrustLimited ; Uganda Women’s WelfareAssociation ; Uganda Women’s Effort toSave Orphans ; Uganda Young Men’sRapports thématiques VIII<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Christian Association ; Uganda Youth AntiAIDS Association ; UN Association ofUganda ; United African OrphanageFoundation ; United HumanitarianDevelopment Association ; UnitedOrphanage School ; Urban RuralEnvironment Development Programme ;Victoria Grass Root Foundation forDevelopment ; Voluntary Service TeamMubende ; Voluntary Services Overseas ;Voluntary Services Trust Team ; VolunteerEfforts for Development Concerns ;Vredeseilanden Coopibo-Uganda ; WakisoEnvironment Conservation andDevelopment Initiative ; WeraDevelopment Association ; WomenAlliance and Children Affairs ; WomenTogether for Development ; WorldLearning Inc ; World Light Caring MissionInitiative ; Youth Alliance in Karamoja(YAK) ; Youth Development Foundation ;Youth Development Organization–Arua ;Youth Initiative for DevelopmentAssociation ; Youth Organization for <strong>Social</strong>E<strong>du</strong>cation and Development• Pakistan :Civil Society Support Programme(CSSP), csspsindh@yahoo.com, soonharani@yahoo.com ;In<strong>du</strong>s Development Foundation,qureshiaijaz@yahoo.com• Pa<strong>les</strong>tine :Pa<strong>les</strong>tinian NGO Network (PNGO),j_allam@hotmail.com, www.pngo.net ;Arab Association for Human Rights ;Bisan Center for Research andDevelopment• Paraguay :Decidamos, Campaña por la ExpresiónCiudadana, direccion@decidamos.org.py, www.decidamos.org.py ;E<strong>du</strong>cación Comunicación y TecnologíaAlternativa (BASE–ECTA) ; Centro deDocumentación y Estudios (CDE) ;Centro de Estudios Paraguayos AntonioGuasch (CEPAG) ; FE Y ALEGRÍAMovimiento de E<strong>du</strong>cación PopularIntegral ; ÑEMONGUETARA Programade E<strong>du</strong>cación y Comunicación Popular ;Servicio de E<strong>du</strong>cación y Apoyo <strong>Social</strong>(SEAS–AR) ; Servicio de E<strong>du</strong>caciónPopular (SEDUPO) ; Servicio Paz yJusticia Paraguay (SERPAJ–PY)• Pays-Bas :OXFAM NOVIB Netherlands, www.oxfamnovib.nl ; National Committeefor International Cooperation andSustainable Development (NCDO),info@ncdo.org, www.ncdo.nl• Pérou :Comité de Iniciativa, Grupo de AcciónInternacional de la ConferenciaNacional sobre Desarrollo <strong>Social</strong>(CONADES), cedep@cedepperu.org,hecbejar@yahoo.com, www.conades.org.pe ;Asociación Nacional de Centros deInvestigación ; Promoción <strong>Social</strong> yDesarrollo ; Centro de Estudios para elDesarrollo y la Participación (CEDEP) ;Grupo de Economía Solidaria ; GrupoGénero y Economía ; PlataformaInteramericana de Derechos Humanos,Comité Perú ; Red Jubileo 2000• Philippines :<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Philippines, sowat@info.com.ph, info@socialwatchphilippines.org, www.socialwatchphilippines.org ;Action for Economic Reforms (AER) ;ALAGAD-Mindanao ; Albay NGO-PONetwork ; Alliance of CommunityDevelopment Advocate ; Alliance ofCommunity Development AdvocatesProvincial NGO Federation of NuevaVizcaya ; Alliance of ConcernedTeachers(ACT) ; Alternate Forum forResearch in Mindanao (AFRIM) ;Alternative Community-CenteredOrganization for Rural Development(ACCORD) ; Asian NGO Coalition forAgrarian Reform and Rural Development(ANGOC) ; Bantay Katilingban ; BanwangTuburan ; BAPAKA ; Bataan NGO-PONetwork ; Bisaya Alliance Growth andSustainable Sugar Estate (BAGASSE) ;Bohol Alliance of Non-GovernmentalOrganizations (BANGON) ; Broad Initiativefor Negros Development (BIND) ;CARET Inc. ; Caucus of DevelopmentNGO Networks (CODENGO) ; Caucuson Poverty Re<strong>du</strong>ction ; CCAGG ; CCFReconciliation Center ; Center for MigrantAdvocacy Philippines (CMA–Phils.) ;Center for Policy and ExecutiveDevelopment (CPED) ; Centro Saka,Inc. ; Civil Society Network for E<strong>du</strong>cationReforms (E-Net) ; CMLC ; COMPAX–Cotabato ; Co-Multiversity ; Convergence ;Daluyong Ugnayan ng mga Kababaihan(National Federation of Women’s Group) ;DAWN-Southeast Asia / Women & GenderInstitute ; Earth Savers Movement ;Ecowaste Coalition ; ELAC–Cebu ;Emancipatory Movement for People’sEmpowerment ; Focus on the GlobalSouth – Philippine Program ; Freedomfrom Debt Coalition (FDC) ; Global Callto Action Against Poverty – Philippines ;Health Care without Harm ; IBASSMADC ;Iloilo Code of NGOs ; Indicative Medicinefor Alternative Health Care System Phils.,Inc. (INAM) ; Initiatives for InternationalDialogue (IID) ; Institute for PopularDemocracy (IPD) ; Institute for <strong>Social</strong>Studies and Action (ISSA) ; Instituteof Public Health Management (IPHM) ;Integral Development Services, Phils.(IDS-Phils) ; Jaro Archdiocesan <strong>Social</strong>Action Center ; Jihad Al Akbar ; Justicefor Peace and Integrity of Creation-Integrated Development Center (JPIC-IDC) ; KAMAM ; Kaisampalad ; Kalipunanng Maraming Tinig ng ManggagawangInpormal (KATINIG) ; KasanyaganFoundation Inc. (KFI) ; KinayahanFoundation ; Kitanglad Integrated NGO’s(KIN) ; Konpederasyon ng mga NoboEsihano para sa Kalikasan at KaayusangPanlipunan ; La Liga Policy Institute ;Labing Kubos Foundation, Inc. ; LubongSalakniban Movement ; Management& Organizational Development forEmpowerment (MODE) ; Medical ActionGroup (MAG) ; Micah Challenge ;Midsayap Consortium of NGOs andPOs ; Mindanao Land Foundation (MLF) ;Mindanawon Initiative for CulturalDialogue ; Multi-sectoral organization ofCSOs for environmental and developmentin Marin<strong>du</strong>que (KASAMAKAPA) ;Nagkakaisang Ugnayan ng mgaManggagawa at Magsasaka sa Niyugan(NIUGAN) ; National Council of Churchesin the Philippines(NCCP) ; NATRIPAL ;NEGRONET ; Negros Oriental Centerfor People’s Empowerment (NOCFED) ;NGO-PO Network of Quezon ; NGO-POof Tabaco City ; Oxfam Great Britain ;Paghiliusa sa Paghidaet-Negros ;Panaghugpong sa Gagmayng BayanihangGrupo sa Oriental Negros (PAGBAGO) ;Participatory Research Organization ofCommunities and E<strong>du</strong>cation towardsStruggle for Self Reliance (PROCESSBohol) ; Partido Kalikasan ; Partnershipfor Clean Air ; Peace AdvocatesNetwork ; Philippine Alliance of HumanRights Advocates (PAHRA) ; PhilippineCenter for Investigative Journalism(PCIJ) ; Philippine Human Rights InfoCenter ; Philippine Network of RuralDevelopment Institutes (PhilNet-RDI) ; Philippine Partnership for theDevelopment of Human Resources inRural Areas -Davao ; Philippine RuralReconstruction Movement (PRRM) ;Phil-Net Visayas ; Piglas Kababaihan ;PIPULI Foundation, Inc. ; Positive ActionFoundation Philippines, Inc. (PAFPI) ;Public Services Labor IndependentConfederation (PSLink) ; Research andCommunication for Justice and Peace ;Rice <strong>Watch</strong> and Action Network (RWAN) ;Rural Development Institute of SultanKudarat (RDISK) ; Rural Enlightenment& Accretion in Philippine Society(REAPS) ; SAMAPACO ; SARILAYA ;Save the Ifugao Terraces Movement(SITMO) ; Silliman University ; <strong>Social</strong>Action Center of Malaybalay Bukidnon ;Southeast Asia Regional Initiatives forCommunity Empowerment (SEARICE) ;Student Council Alliance of the Philippines(SCAP) ; Sustainability <strong>Watch</strong> ; TambuyogDevelopment Center ; Tanggol Kalikasan ;Tarbilang Foundation ; Task ForceDetainees of the Philippines (TFDP) ;Tebtebba Foundation, Inc. ; TechnicalAssistance Center for the Development ofRural and Urban Poor (TACDRUP) ; TheCommunity Advocates of Cotabato ; ThirdWorld Studies Center (TWSC) ; U.S. Savethe Children ; Unity for the Advancementof Sus Dev and Good Governance ;Unlad Kabayan ; UPLift Philippines ;Womanhealth Philippines ; Youth AgainstDebt (YAD)• Pologne :KARAT Coalition, secretariat@karat.org.pl, www.karat.org ; The Networkof East-West Women (NEWW-Polska),neww@neww.org.pl, www.neww.org.pl ;Campaign Against Homophobia ;Amnesty International Poland ; ATDFourth World ; eFTe ; Nobody’s ChildrenFoundation ; Polish Society of Anti-Discrimination Law ; SOS Children’sVillages Association in Poland ;Association for Legal Intervention ;TUS Foundation ; Feminist ThinkTank ; Panoptykon Foundation ; PolishWomen’s Lobby ; Democratic Union ofWomen ; Active and Creative WomenAssociation ; Si<strong>les</strong>ian Centre for EqualOpportunities ; Polish Women League• Portugal :Oikos–Cooperação e Desenvolvimento,jjfernandes@oikos.pt, catarina_cordas@hotmail.com, www.oikos.pt ;Portuguese Network of LocalDevelopment Associations (ANIMAR)and the Portuguese National Platform ofDevelopment NGOs (Plataforma Nacionalde ONGD)• République arabe syrienne :Syrian Environment Association (SEA),sea-sy@scs-net.org, www.sea-sy.org• République centrafricaine :Groupe d’Action de Paix et deFormation pour la Transformation(GAPAFOT), crosiribi@yahoo.fr,gapafot@yahoo.fr, www.grip.org/rafal/membres/gapafot.htm• République de Corée :Citizens’ Coalition for Economic Justice(CCEJ), suyoung@ccej.or.kr, iccej@ccej.or.kr, www.ccej.or.kr• République de Moldavie :National Women’s Studies andInformation Centre “Partnership forDevelopment”, cpd@progen.md, www.progen.md• République tchèque :Ecumenical Academy Prague,ekumakad@ekumakad.cz, tozicka@ceskoprotichudobe.cz, , www.ekumakad.cz ;Advanced Development Technologies(ADEPTTs) ; Centre of Global Studies ;Gender & Sociology Gender Studies ;Forum 50 % ; Economy and SocietyTrust ; Nesehnuti Masarykovademokraticka akademie• République-Unie de Tanzanie :Southern Africa Human Rights NGONetwork (SAHRiNGON) -TanzaniaChapter, sahringontz@yahoo.com,info@sahringon.or.tz, www.sahringon.or.tz ;Laretok -le- Sheria na haki za binadamuNgorongoro (WASHEHABINGO) ; KituoCha Maadili Kwa Jamii (Centre forsocial ethics) ; Action For Relief andDeveopment Assistance (AFREDA) ;Africaan Youth Development Foundation ;Association for the Prevention of Torture(APT) ; Campaign for Democracy andHuman Rights ; Campaign for GoodGovernance (CGG) ; Centre for Widowsand Children Assistance (CWCA) ; ChamaCha Walemavu Tanzania (CHAWATA) ;Chiara Children’s Centre (CCC) ;Children’s Dignity Forum (CDF) ; DisabledOrganization for Legal Affairs and <strong>Social</strong>Economic Development (DOLASED) ;Economic and <strong>Social</strong> Organization (ESO) ;Environmental Human Rights Care andGender Organization (ENVIROCARE) ;HAKIELIMU ; Helpage International ;Human Rights Centre for DisabledPersons ; Journalist’s Environmentalassociation of Tanzania (JET) ; TheLeadership Forum ; Legal and HumanRights Centre (LHRC) ; Lumbesa GroupEconomic ; Health & <strong>Social</strong> DevelopmentAssociation ; Mocuba CommunityDevelopment Foundation ; NationalOrganization for Legal Assistance (NOLA) ;Tanzania Girls Empowerment and TrainingCentre ; Taaluma Women Group (TWG) ;Tanzania Centre for Conflict Resolution ;Tanzania Gender Networking Programme(TGNP) ; Tanzania Home EconomicsAssociation (TAHEA) ; Tanzania SelfDevelopment Association (TSDA) ;Tanzania Media Women’s Association(TAMWA) ; Tanzania Women of ImpactFoundation (TAWIF) ; Tanzania Womenfor Self Initiatives (TAWSEI) ; TanzaniaWomen Lawyer’s Association (TAWLA) ;Tanzania Women Volunteers Association(TAWOVA) ; Tanzania Women and ChildrenWelfare Centre (TWCWC) ; TanzaniaNetwork of Women Living with HIV/AIDS ; Tanzania Youth Awareness TrustFund (TAYOA) ; Training for SustainableDevelopment (TSD) ; United NationsAssociation of Tanzania (UNA-TANZANIA) ;Winners National Association (WINA) ;Women Advancement Trust (WAT) ;Women and Children ImprovementAgency (WOCHIA) ; Women in Action forDevelopment (WADE) ; Women in Lawand Development in Africa (WILDAF) ;Women’s Legal Aid Centre (WLAC) ;Women’s Research and DocumentationProgramme ; Centre for Human RightsPromotion (CHRP) ; Women Wake Up(WOWAP) ; The Community Supportand Development Network (CSDN) ;Biharamuro Originating Socio-Economic<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>IXtema


Development Association (BOSEDA) ;Community Participation DevelopmentAssociation (COPADEA) ; Kigoma-KasuluNon Governmental Organization Network(KIKANGONET) ; Kigoma and Ujiji NonGovernmental Organization Network(KIUNGO-NET) ; Free AmbassadorsWomen and Children Mission Tanzania(FAWACM) ; Health and MedicareFoundation for the Albinism (HEMFA) ;Kikundi Cha Wanawake Kilimanjaro ChaKupambana Na Ukimwi (KIWAKUKI) ;Kilimanjaro Women InformationExchange and Consultancy CompanyLimited (KWIECO) ; Moshi ParalegalOrganization ; Lindi Women’s ParalegalAid Centre (LIWOPAC) ; Babati ParalegalCentre (BAPACE) ; Tanzania MineworkersDevelopment Organization (TMDO) ;Wasaidizi wa Sheria na Haki za BinadamuSerengeti (WASHEHABISE) ; IlejeEnvironmental Concervation Association(IECA) ; Mbozi Biogas Energy andEnvironmental Protection Association(MBEPA) ; TUSHIRIKI ; MorogoroParalegal Centre ; Kivulini Women’sRights Organization ; Kuleana Centerfor Children’s Rights ; Mwanza WomenDevelopment Association (MWDA) ;Women and Child Vision (WOCHIV) ;Centre for Environment and Health(CEHE) ; Community Development forAll (CODEFA) ; Development Visionand Mision Group (DEVMI) BagamoyoBranch ; Kibaha Paralegal Centre ; YouthPartnership Countrywide (YPC) ; VijanaVision Tanzania ; Economic and <strong>Social</strong>Organisation (ESO Organisation) ; TanzaniaDisabled Persons Movement ; Wazee naUkimwi Singida (WAUSI) ; MategemeoGroup Mlalo (MGM) ; Muungano waVikundi wa Wafugaji Kanda ya KorogweMagharibi (MVIWAKOMA) ; Orphans andVulnerable Children Care Centre (OVCCC) ;Paralegal Aid Scheme for Women andChildren ; Society for Women and Aid inAfrica Tanzania Chapter (SWAATKORO) ;Tanga Aids Working Group (TAWG) ;Umoja wa Walemavu Zanzibar• Roumanie :Civil Society Development Foundation(FDSC), fdsc@fdsc.ro, valentin.burada@fdsc.ro, www.fdsc.ro ;Asociatia pentru Dezvoltarea Organizatiei(SAH ROM) ; Asociatia Specialistilor inResurse Umane (AUR) ; ConfederatiaCaritas Romania• Sénégal :Association pour le DéveloppementÉconomique <strong>Social</strong> Environnemental <strong>du</strong>Nord (ADESEN), adesen@yahoo.com ;ACAPES ; ENDA Tiers-Monde ; NationalAssociation of Invalid persons inSénégal (ANHMS) ; Democratic UnionTeachers (UDEN) ; Sénégal’s Unionteachers (SYPROS) ; Action JeunesseEnvironnement (AJE), Enda Graf Sahel ;Coalition des Associations de <strong>jeu</strong>nescontre la Faim (AYCAH Sénégal)• Serbie :Association Technology and Society,mirad@eunet.rs, www.eccf.su.ac.yu/tid/english.htm ; Victimology Society ofSerbia, vds@eunet.rs, www.vds.org.yu• Slovaquie :Slovak-European Cultural Association(FEMAN), daniel.klimovsky@upjs.sk ;University of Pavol Jozef Šafárik inKošice• Slovénie :Humanitas, info@humanitas.si, www.humanitas.si• Somalie :Somali Organization for CommunityDevelopment Activities (SOCDA),socda@globalsom.com ;Banadir University ; Baniadam reliefand development organization ; Civilsociety in Action ; Elman Peace AndHuman rights ; Hamar University ;Islamic University ; HINNA ; Horn relief ;Humanitarian Agency for Relief andDevelopment ; IIDA Women DevelopmentOrganization ; Iiman women DevelopmentOrganization ; Indian Ocean University ;Iniskoy Human Rights Organization ;Isha Human Rights Organization ; KalsanVoluntary Organization For Women ;Mogadishu University ; Coalition ofGrassroots Women Organization(COGWO) ; Network for Somali NGOs ;FPENS ; North and South Somali WomenWidows Group ; Community for Reliefand Development ; Peace Action SocietyOrganisation for Somalia ; Peace andHuman Rights Network ; Somali PenNetwork ; Resource ManagementSomali Network ; Saacid VoluntaryOrganization ; Schools Association forFormal E<strong>du</strong>cation ; Sifa Women VoluntaryOrganization ; SIRWA ; Somali WomenBusiness Association ; Somali ConsultantAssociation ; Somali Engineering Union ;Somali Health Care Organization ; Somaliindependent Newspaper Association ;Somali Institute of Management andAdministration Development ; SomaliJournalists Network ; Somali LawSociety ; Somali National Network of Aidsservice Organization ; Somali Peaceline ;Somali Rehabilitation Relief AndDevelopment Organization ; Somali ScoutOrganisation ; Somali Young WomenActivist ; Somali Youth Council ; Somalinkfor Relief and Development Organization ;SSWC ; Subiye Development VolunteerOrganization ; Tadamun <strong>Social</strong>Society ; Talawadag Network ; UmmoRuman Women Organization ; UmulKheyr ; Wanle Weyn Human Rightsand Development Organization ; Weare Women Activist ; Women careOrganization ; Youth Anti AIDS/HIV ;Youth Movement for Democracy ;Dr. Ismael Jumale Human RightsOrganization ; Somali Women Journalist ;Network for Somali NGO• Soudan :National Civic Forum, h_abdelati@hotmail.com ;Al Amal <strong>Social</strong> Association• Sri Lanka :Movement for National Land andAgricultural Reform (MONLAR),monlar@sltnet.lk, Movement forNational Land and Agricultural Reform(MONLAR), monlar@sltnet.lk, www.monlar.net ;Law & Society Trust (LST)• Suisse :Alliance Sud–Swiss Alliance ofDevelopment Organisations, pepo.hofstetter@alliancesud.ch, www.alliancesud.ch ;Bread for All ; Caritas ; Catholic LentenFund ; Helvetas ; Interchurch Aid ;Swissaid• Suriname :Equality & Equity, bakboordcarla@hotmail.com, carlabakboord@parbo.net ;Foundation Double Positive ; UltimatePurpose ; ProHealth ; The Network ofMarroon women ; Women’s RightsCentre ; Culconsult ; Institute for PublicFinance• Thaïlande :<strong>Social</strong> Agenda Working Group (<strong>Social</strong><strong>Watch</strong>, Thailand), suiranee@yahoo.com ; Arom Pongpangan Foundation ;Centre for <strong>Social</strong> Development Study ;Chulalongkorn University ResearchInstitute ; Drug Study Group ; Focus onthe Global South Thailand ; Foundationfor Children’s Development ;Foundation for Women ; Peace andConflict Study Centre ; Peace andCulture Foundation ; Political EconomyCentre ; Thai Development SupportCommittee ; Women Network for theAdvancement and Peace• Tunisie :Tunisian League for Human Rights,sjourchi@yahoo.fr ; TunisianAssociation for Democratic Women,bochra.bhh-avocate@voila.fr• Ukraine :Liberal Society Institute, okisselyova@voliacable.com, okisselyova@yahoo.com• Union européenne :European Solidarity Towards EqualParticipation of People (EUROSTEP),admin@eurostep.org, sstocker@eurostep.org, www.eurostep.org• Uruguay :<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Secretariat, socwatch@socialwatch.org, www.socialwatch.org ;Centro Interdisciplinario de Estudiossobre el Desarrollo (CIEDUR) ; CNSMujeres por Democracia, Equidad yCiudadanía ; Instituto del Tercer Mundo(ITeM) ; Instituto Cuesta Duarte PIT-CNT ; Mujer y Salud en Uruguay (MYSU)• Venezuela :Programa Venezolano de E<strong>du</strong>cación-Acción en Derechos Humanos(PROVEA), provea@derechos.org.ve,www.derechos.org.ve• Viet Nam :VUFO-NGO Resource Centre, director@ngocentre.org.vn, www.ngocentre.org.vn ;Animals Asia Foundation ; ActionAidVietnam ; Volunteers in OverseasCooperative Assistance ; AdventistDevelopment & Relief Agency ; Aideet Action ; Academy for E<strong>du</strong>cationalDevelopment ; Australian Foundationfor the Peop<strong>les</strong> of Asia and the Pacific ;Asociacion Aida, Ayuda, Intercambio yDesarrollo ; Allianz-Mission eV ; AmericanRed Cross ; Multisectoral and IntegratedDevelopment Services ; Australian Peoplefor Health, E<strong>du</strong>cation and DevelopmentAbroad ; Aid to Southeast Asia ; TheAtlantic Philanthropies Vietnam Limited ;Australian Volunteers International ;Agronomes & Vétérinaires SansFrontières ; Brot für die Welt ; BirdLifeInternational ; Bremen Overseas Researchand Development Association ; CareInternational ; Caritas Switzerland ;Christian Blind Mission ; CanadianCenter for International Studies &Cooperation ; Ymparisto ja kehitys ry ;Center for E<strong>du</strong>cational Exchange withVietnam ; Cooperazione e Sviluppo ;ChildFund Vietnam ; Children’s Hopein Action (formerly : Canadian HungerFoundation) ; Compassion International ;Clinton Health Access Initiative ; Childrenof Peace International ; CounterpartInternational ; Children of Vietnam ;Clear Path International ; Catholic ReliefServices ; Church World Service ; DKTInternational ; Development Workshop ;Enfants & Developpement ; EauAgriculture et Santé en Milieu Tropical ;Eye Care Foundation ; Kansen voorKinderen ; East Meets West Foundation ;Environnement et Developpement<strong>du</strong> Tiers Monde ; Friendship Bridge ;Friedrich Ebert Stiftung ; Fred HollowsFoundation ; Family Health International ;Foundation for International Development/ Relief ; NGO Fontana ; FundaciónPromoción <strong>Social</strong> de la Cultura ; Fund forReconciliation and Development ; GlobalCommunity Service Foundation ; GlobalE<strong>du</strong>cation and Development Agency ;Glocal Ventures, Inc. ; Global NeighbourInternational ; Deutsches Rotes Kreuz ;Groupe de Recherches et d’ÉchangesTechnologiques ; Hagar International ;HealthBridge Foundation of Canada ; SwissAssociation for International Cooperation ;Habitat for Humanity ; HandicapInternational Belgium ; Holt InternationalChildren’s Service ; Handicap InternationalFrance ; Helen Keller International ;Heifer Project International ; InternationalDevelopment Enterprises ; Institute ofInternational E<strong>du</strong>cation ; ETEA, InstitucionUniversitaria de la Compania de Jesus ;International Women’s DevelopmentAgency ; Lien Aid ; Lutheran ChurchMissouri Synod World Mission ; SurvivorCorps (Landmine Survivors Network) ;Loreto Vietnam Australia Program ;Mines Advisory Group ; Maryknoll ;Mennonite Central Committee ; MedischComite Nederland ; Médecins <strong>du</strong> MondeFrance ; Medical E<strong>du</strong>cation DevelopmentResources International Exchange ; SupplyChain Management System Project ;Marie Stopes International Vietnam ;Norwegian Church Aid ; NorwegianMission Alliance ; Orbis International ;Operation Smile ; Oxfam Great Britain ;Oxfam Hong Kong ; Oxfam Quebec ; OxfamSolidarity Belgium ; PACT, Inc. ; Programfor Appropriate Technology in Health ;Pathfinder International ; Plan in Vietnam ;Population Council ; Prosperity Initiative ;The Pearl S. Buck International, Inc ;Population Services International Vietnam ;Peace Trees Vietnam ; Save the Children ;Sai Gon Children Charity ; StichtingNederlandse Vrijwilligers ; Samaritan’sPurse International Relief ; Cruz RojaEspanol ; The Asia Foundation ; Terre desHommes Foundation – Lausanne ; TriangleGeneration Humanitaire ; Vredeseilanden(Islands of Peace) ; Volunteers for PeaceVietnam ; Volunteers in Asia ; VietnamAssistance for the Handicapped ; VolunteerService Abroad New Zealand ; VoluntaryService Overseas ; Vietnam Plus (MekongPlus) ; Vietnam Veterans of AmericaFoundation ; Vietnam Veterans MemorialFund ; WOOLCOCK ; World ConcernVietnam ; World Population Foundation ;World University Service of Canada ; WorldVision International ; Worldwide Orphan ;Xin Chao – Kinderhilfe Vietnam ; Youthwith a Mission• Yémen :Human Rights Information and TrainingCenter, hritc@y.net.ye, www.hritc.net• Zambie :Women for Change (WFC), wfc@zamnet.zm, www.wfc.org.zm ;Basic E<strong>du</strong>cation Teachers Union of Zambia(BETUZ) ; Zambia Institute of EnvironmentalManagement (ZIEM) ; Non-GovernmentalCoordinating Council (NGOCC) ; 2410 ;Gallant Youth of Zambia nRapports thématiques X<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> : Promouvoir la responsabilité<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, un réseau qui compte aujourd’hui des membres dans plus de 60 pays dans le monde entier, a été créé en1995 comme un « point de rencontre d’organisations non-gouvernementa<strong>les</strong> préocupées par le développement social et ladiscrimination de genre », répondant au besoin de promouvoir la volonté politique nécessaire pour accomplir <strong>les</strong> promessesdes Nations Unies. Depuis lors, ce réseau a publié 15 rapports annuels sur <strong>les</strong> avancées et <strong>les</strong> reculs de la lutte contre la pauvretéet pour l’équité de genre, et il ne cesse de se développer qualitativement et quantitativement. Ces rapports sont utilisés commedes outils d’incidence aux niveaux local, régional et international.Depuis le rapport 0, publié en 1996, jusqu’à la présenteédition, la quinzième, le Rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a recueilliplus de 650 rapports d’organisations de la société civilequi partagent tous le même but : rappeler aux gouvernements<strong>les</strong> engagements pris et assurer le suivi de leur miseen œuvre de façon indépendante, pays par pays et sur leplan international.Cette édition-ci, qui rassemble <strong>les</strong> contributionsde 64 organisations nationa<strong>les</strong>, garde la flamme alluméelors de la création <strong>du</strong> réseau en 1995 : le besoinde concevoir des outils et des stratégies pour remédierà l’absence de mécanismes de reddition de comptes etpour assurer le respect des engagements internationauxconcernant <strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong> et <strong>les</strong> objectifs de développement.À l’époque de la création de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, une sériede conférences de haut niveau des Nations Unies–commençantpar le Sommet des enfants en 1990 et finissantpar le Sommet <strong>du</strong> Millénaire en l´an 2000–ont redéfinil´agenda social international. En 1995, le Sommet mondialpour le développement social (à Copenhague) et la Conférencesur <strong>les</strong> femmes (à Beijing) ont défini pour la premièrefois l’éradication de la pauvreté et l’équité de genrecomme étant des objectifs universels communs et ontfixé des cib<strong>les</strong> et un calendrier concret pour atteindre ceque la Charte des Nations Unies avait vaguement formuléen 1946 sous <strong>les</strong> termes de « dignité pour tous ». Afin depromouvoir la volonté politique nécessaire pour transformerces promesses en réalité, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a été créé parun groupe d’organisations de la société civile comme « unpoint de rencontre d’organisations non gouvernementa<strong>les</strong>préocupées par le développement social et la discriminationde genre » (<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Nº 0, 1996).C’est ainsi que le Rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a étéconçu comme un outil puissant pour la présentation desinformations statistiques disponib<strong>les</strong> au niveau internationalqui rend compte en même temps <strong>du</strong> volet qualitatifdes problèmes abordés à travers l’analyse effectuée pardes organisations socia<strong>les</strong> travaillant directement sur desproblématiques différentes au niveau national. Depuislors, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a publié des rapports annuels sur <strong>les</strong>avancées et <strong>les</strong> reculs dans la lutte contre la pauvreté etpour l’équité de genre, deux objectifs en grande partiesuperposés puisque la majorité absolue des personnesvivant dans la pauvreté sont des femmes.Tout en ajoutant une dimension internationale auxefforts et aux campagnes loca<strong>les</strong>, <strong>les</strong> rapports annuels de<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> sont devenus la première initiative <strong>du</strong>rablede surveillance au niveau national consacrée au développementet à l’équité de genre, et la première à combiner <strong>les</strong>deux approches dans une perspective internationale.Mémoran<strong>du</strong>m d’Entente entre <strong>les</strong> groupesnationaux et le réseau <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>1. Les coalitions doivent être basées dans un pays et participer activement à la résolution desquestions socia<strong>les</strong> de développement dans ce pays (non pas exclusivement en tant qu’universitairesou consultants).2. L’engagement fondamental de chaque coalition vis-à-vis <strong>du</strong> réseau international est de suivrede près et de préparer un rapport sur <strong>les</strong> engagements et obligations ayant trait à la justicesociale et à l’égalité entre <strong>les</strong> genres, reconnus au niveau international, selon <strong>les</strong> priorités dechacune et en tirant ses propres conclusions. A son tour, le réseau international s’engage àdiffuser largement ces rapports, en <strong>les</strong> incorporant dans le Rapport annuel de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>,sur son site web et par d’autres moyens dont il dispose.3. Les coalitions nationa<strong>les</strong> doivent utiliser leurs rapports nationaux et <strong>les</strong> rapports mondiauxaux fins des activités de plaidoyer et de lobby et d’autres formes d’action publique au niveaunational. El<strong>les</strong> doivent aussi informer <strong>les</strong> autres membres <strong>du</strong> réseau de leurs activités liées àcel<strong>les</strong> de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, dans le but d’échanger des expériences et de tirer des leçons <strong>du</strong> succès,des défis et même des échecs et difficultés des autres membres.4. El<strong>les</strong> ne doivent exclure aucune organisation ; doivent travailler activement pour élargir laprise de conscience de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> et encourager la participation d’autres organisations auxactivités de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> et leur intégration dans la coalition.5. El<strong>les</strong> sont chargées de réunir <strong>les</strong> fonds pour l’exécution de leurs activités. Les coalitions nationa<strong>les</strong>ne comptent pas sur <strong>les</strong> fonds mis à disposition par le Secrétariat ; el<strong>les</strong> ne répondent pas non plusfinancièrement devant le Secrétariat ou toute autre entité internationale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.6. Chaque coalition détermine sa propre structure d’organisation. Elle désigne un membre/une organisation participante comme point focal en vue de faciliter la communication avec leSecrétariat International et <strong>les</strong> autres organes <strong>du</strong> réseau.7. Participer à une coalition de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> et exercer des fonctions gouvernementa<strong>les</strong> sontabsolument incompatib<strong>les</strong>. Seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> organisations à but non lucratif peuvent appartenir auréseau de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.8. La coopération avec d’autres plateformes nationa<strong>les</strong> sera encouragée aux niveaux sous-régional,régional et mondial.9. En cas de conflit entre <strong>les</strong> membres/<strong>les</strong> organisations participantes d’une coalition sur desquestions liées à <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> (par exemple, désignation d’un point focal, contribution auRapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, désignation de délégués qui prendront part à l’Assemblée de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong>), toutes <strong>les</strong> parties concernées doivent faire preuve de bonne volonté pour résoudre <strong>les</strong>problèmes au niveau national. Si, dans des cas exceptionnels, <strong>les</strong> parties ne parviennent pas àune entente, le Comité de coordination peut prendre la décision qui s’impose.10. Pour manifester leur affiliation au réseau, toutes <strong>les</strong> coalitions sont encouragées à utiliser lelogo de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> quand il s’agit des activités directement liées aux buts et objectifs de<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. El<strong>les</strong> sont invitées à informer le Secrétariat International de ces activités. Dansd’autres cas, el<strong>les</strong> doivent demander d’avance la permission auprès <strong>du</strong> Secrétariat Internationalou <strong>du</strong> Comité de Coordination pour l’utilisation <strong>du</strong> nom et <strong>du</strong> logo de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.Le Mémoran<strong>du</strong>m d’Entente a été adopté lors de la première Assemblée Générale de Rome, en 2000. Il a été ratifié et misà jour pendant l’Assemblée d’Accra en 2009. Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>XItema


Le vice président d’Inde, Hamid Ansari, lors de l’inauguration <strong>du</strong> séminaire « Évaluation des Comités et <strong>du</strong> système de comités :modifiant contours de gouvernance et politiques », organisé par la coalition de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> en Inde, en novembre 2009.Le rapport 0, publié en 1996, comprenait <strong>les</strong> contributionsde 13 organisations ; depuis lors, le réseau n’a pascessé de s’ accroître. Actuellement, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> possèdedes membres ( « watchers » ) dans plus de 60 pays dans lemonde entier, et leur nombre augmente chaque année.L’approche locale, l’approche globale et leRapportChaque année <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> analyse en profondeur unthème différent dans son rapport, généralement lié à dessujets en discussion dans l’agenda international qui peuventêtre abordés d’un point de vue local. Des expertsd’ origine et de disciplines différentes apportent des visionsalternatives aux problèmes à travers <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> thématiques.Cette perspective internationale est complétéepar l’élaboration des rapports nationaux et régionaux dans<strong>les</strong>quels <strong>les</strong> organisations faisant partie <strong>du</strong> réseau offrentun point de vue local et font l’état des lieux des affaires deleur pays à propos <strong>du</strong> thème spécifique de l’année.D’autre part, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> pro<strong>du</strong>it des indices et destableaux comportant des données comparab<strong>les</strong> sur le planinternational qui présentent une macro perspective de lasituation dans certaines dimensions <strong>du</strong> développement,mais permettant également une lecture au niveau national.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a mis au point des indicateurs alternatifspour mesurer <strong>les</strong> avancées et <strong>les</strong> reculs dans <strong>les</strong> domainesde l’équité de genre et de la satisfaction des capacitéshumaines de base, qui actuellement sont utilisés commeréférence aussi bien par la société civile que par des institutionsinternationa<strong>les</strong>. Ces indicateurs comprennentl’Indice d’équité de genre (IEG) et l’Indice des capacitésde base (ICB).Bien que <strong>les</strong> membres de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> utilisent lerapport afin de plaidoyer dans de différents domaines, lapublication <strong>du</strong> rapport et celle des indices représententdes occasions clés pour la diffusion de leurs contenus, etse déroulent non seulement au sein des espaces de débatinternational mais aussi dans chaque pays concerné. LeSecrétariat publie le rapport en plusieurs langues : espagnol,anglais, français, arabe. Certaines coalitions nationa<strong>les</strong>publient également leurs propres versions <strong>du</strong> rapport :l’Espagne, l’Italie, la République Tchèque, l’Allemagne, laPologne, l’Europe, l’Inde et le Brésil. D’autres coalitionspublient une sélection <strong>du</strong> matériel. Par exemple, <strong>les</strong> coalitionstchèque et italienne publient l’Indice d’équité degenre, tandis que la coalition de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> au Ghana apublié une compilation de ses rapports nationaux et <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> Bénin publie une revue trimestrielle, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Bénin. D’autre part, en décembre 2009 le premier rapporteuropéen de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a été publié : Migrants in Europeas Development Actors: Between hope and vulnerability.Des Documents occasionnels (Occasional papers)sont également publiés, notamment dans le but de contribuerà la formation des coalitions membres ; plusieursateliers de formation ont été réalisés au niveau régionalet plusieurs documents de référence ont été rédigés. Parexemple, en 2010 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a publié Au-delà de Beijing– L’heure de l’économie de genre – 15 ans après laquatrième Conférence mondiale sur <strong>les</strong> femmes1. Cettepublication a été lancée le 9 mars 2010 au siège des NationsUnies à New York, à l’occasion de la révision de laCommission de la condition de la femme pour commémorerle 15 ème anniversaire de l’adoption de la Déclarationde Beijing et de sa Plate-forme d’action.Par ailleurs, à travers son site Internet, son blog,et sa présence dans <strong>les</strong> réseaux sociaux virtuels, <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> utilise <strong>les</strong> nouveaux outils multimédias pour diffuserdes informations sur <strong>les</strong> questions liées au genre, audéveloppement et aux droits humains, pour promouvoirle débat entre <strong>les</strong> membres de la société civile et apporterdes idées aux politiciens et aux journalistes. Les stratégiesde plaidoyer, de communication et de campagne se complètentmutuellement pour atteindre leurs objectifs. En1 Disponible sur le site : . Le premier Document occasionnel de Mirjamvan Reisen, Les dents <strong>du</strong> lion, aborde le contexte politiquequi a con<strong>du</strong>it à la création de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. Le deuxième,Contrôle citoyen, d’Ana María Arteaga, analyse l’expériencede la démocratisation des instruments internationaux relatifsaux droits de l’homme qui a eu lieu au Chili en 1997. Latroisième de ces publications, compilée par Patricia Garcé etRoberto Bissio, présente l’expérience de suivi des objectifs deCopenhague à travers l’exemple concret de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. LesDocuments 4 et 5, coordonnés par l’équipe de recherche de<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, abordent la pauvreté et l’inégalité en Amériquelatine et <strong>les</strong> liens existants entre la pauvreté et <strong>les</strong> droits del’homme. Les Documents occasionnels sont disponib<strong>les</strong> surle site : .Rapports thématiques XII<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


même temps, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> fait des efforts pour publierle rapport dans d’autres langues et dans d’autres formatsafin de toucher un public plus large.À plusieurs reprises, <strong>les</strong> porte-parole de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>ont parlé devant l’Assemblée générale de l’ONU et devantd’autres organismes intergouvernementaux au nom <strong>du</strong>réseau ou de secteurs plus vastes de la société civile. Enaoût 2009, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a ouvert un bureau à New Yorkpour assurer une présence permanente aux Nations Unieset coordonner des actions d’incidence avec <strong>les</strong> missionsnationa<strong>les</strong> auprès de l’ONU, des agences internationa<strong>les</strong> etd’autres réseaux d’ONG. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a aidé ses membresà participer aux processus globaux de prise de décisionset il a transmis régulièrement des informations portant surces processus aux coalitions nationa<strong>les</strong>.Un réseau flexibleLe « point de rencontre » s’est accru et a changé à bien deségards, mais il conserve <strong>les</strong> idées et <strong>les</strong> objectifs qui ontété à la base de sa création. Dans le processus préparatoire<strong>du</strong> Sommet social de Copenhague, <strong>les</strong> organisationsde la société civile ont adopté des formes flexib<strong>les</strong> d’organisationen réseau ad hoc. Aucune structure formellen’a été créée et aucun comité de direction ou groupe decoordination stable n’a été mis en place. Les organisationsnon gouvernementa<strong>les</strong> (ONG) ont préféré coordonner<strong>les</strong> actions dans des espaces horizontaux et ouverts cequi, pour certains analystes, a créé un précédent pourle format d’organisation que le Forum social mondialadopterait plus tard. Parmi ces organismes, plusieurs ontformé et forment encore l’épine dorsale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>,ce qui fait que la structure et le fonctionnement <strong>du</strong> réseauconservent une grande partie de leur soup<strong>les</strong>se et de leurouverture d’esprit origina<strong>les</strong>.En plus des coalitions nationa<strong>les</strong>, la structure <strong>du</strong>réseau comporte trois volets principaux : l’Assembléegénérale, le Comité de coordination et le Secrétariat international.Au cours de ces dernières années des structuresde coordination régiona<strong>les</strong> et sous-régiona<strong>les</strong> ont été égalementcréées pour former un espace de coordination,sans être pour autant une instance intermédiaire dont lerôle serait de relier l’échelon local à l’échelon mondial.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>XIII tema


Le réseau <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> n’est pas une entité constituéecomme personne morale et son point de départ n’apas été la formulation de ses statuts de fonctionnement. UnMémoran<strong>du</strong>m d’entente essentiel (voir encadré) a été crééentre <strong>les</strong> coalitions nationa<strong>les</strong> et le réseau, qui fonctionnecomme cadre au sein <strong>du</strong>quel sont fixées <strong>les</strong> attentes pourle travail en commun, en respectant l’autonomie des membreset la prise de décisions démocratique et horizontale.Un des principes fondamentaux qui distingue <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>d’autres réseaux internationaux de la société civile est l’absenced’une structure centrale qui fournit des fonds à sesmembres. Cette logique de fonctionnement permet d’éviternon seulement <strong>les</strong> tensions associées à une relation detype donateur/récepteur à l’intérieur <strong>du</strong> réseau, mais aussila perte d’énergie dans <strong>les</strong> discussions sur <strong>les</strong> financements,<strong>les</strong> budgets, <strong>les</strong> rapports et <strong>les</strong> procé<strong>du</strong>res, ce quirenforce le sentiment d’appartenance des membres.Chaque Coalition nationale décide de la façon dontelle veut ou peut s’organiser en fonction des conditionsexistant dans chaque pays. La composition de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> est très variée et comprend des instituts ou descentres de recherche, des organisations non gouvernementa<strong>les</strong>,des organisations de la société civile, dessyndicats, des groupes de femmes, des organisationsrura<strong>les</strong> et autres.Assemblée généraleL’Assemblée générale est l’organe suprême de direction<strong>du</strong> réseau. Les débats en matière de politique et la planificationstratégique à moyen et à long terme se déroulentdans ce cadre, qui sert de forum pour la prise de décision.C’est aussi un espace pour consolider le sentimentd’appartenance et renforcer l’identité et l’unité <strong>du</strong> réseau.L’Assemblée se réunit tous <strong>les</strong> trois ans. Les Assembléesprécédentes se sont tenues à Rome en 2000, à Beyrouthen 2003, à Sofia en 2006, à Accra en 2009 2 et la prochaineAssemblée aura lieu aux Philippines en 2011. Outre l’établissementde priorités pour le moyen et le long terme et2 Les rapports définitifs, <strong>les</strong> documents de base et d’autresmatériaux de ces quatre Assemblées sont disponib<strong>les</strong> sur <strong>les</strong>ite : .l’identification de partenariats potentiels dans la stratégiede plaidoyer, l’Assemblée choisit <strong>les</strong> membres <strong>du</strong> Comitéde coordination qui sont responsab<strong>les</strong> de la coordinationet de la direction politique entre deux Assemblées.Comité de coordinationLe Comité de Coordination (CC) est le principal organepolitique chargé <strong>du</strong> travail « quotidien » <strong>du</strong> réseau. Il estdoté d’une structure qui exige une communication fluide,notamment à travers une liste de courrier électronique,des réunions publiques tenues deux fois par an et desconférences téléphoniques régulières pour aborder desquestions spécifiques.Le CC est chargé de « garantir la visibilité politiqueet la participation <strong>du</strong> réseau dans des espaces et desprocessus pertinents », 3 et son intégration a pour butla représentation géographique et l’équilibre de genre,mais elle tient compte également de la contribution en termesd’expérience et des compétences que ses membrespeuvent fournir à l’ensemble <strong>du</strong> réseau. En général, <strong>les</strong>décisions <strong>du</strong> CC sont adoptées par consensus et el<strong>les</strong> sontdûment communiquées aux watchers. La participationpermanente de deux membres <strong>du</strong> Secrétariat en tant quemembres ad hoc <strong>du</strong> CC assure la coordination entre <strong>les</strong>deux organismes. Le Secrétariat est chargé de soutenir etde mener à bien <strong>les</strong> décisions prises dans cet espace.Secrétariat internationalLe Secrétariat est l’organe exécutif principal de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong>. La première évaluation externe <strong>du</strong> réseau (1995-2000) soulignait déjà que « parmi <strong>les</strong> différentes fonctionsexercées dans le cadre <strong>du</strong> réseau, celle de Secrétariat estcelle qui a le plus changée » (Hessini et Nayar, 2000). Audébut, elle se limitait à garantir la rédaction <strong>du</strong> Rapport,mais le développement <strong>du</strong> réseau a obligé le Secrétariat àassumer une série de nouvel<strong>les</strong> responsabilités, y compris<strong>les</strong> activités de recherche, de formation, de promotions de3 Le document qui décrit <strong>les</strong> caractéristiques et le mandat <strong>du</strong>Comité de coordination a été adopté lors de la II e Assembléegénérale de Beyrouth en 2003. Disponible sur : .campagnes et de représentation <strong>du</strong> réseau dans différentsforums internationaux.Promouvoir la responsabilitéL’Assemblée d’Accra, qui s’est tenue en octobre 2009,a établi le concept de « responsabilité mutuelle » entre<strong>les</strong> membres et entre <strong>les</strong> différentes branches <strong>du</strong> réseau(secrétariat, CC, membres). <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> estime que l’actionfondamentale pour éradiquer la pauvreté et atteindrel’équité de genre et la justice sociale doit se faire en premierlieu aux niveaux local et national et, par conséquent, sesactivités et ses structures internationa<strong>les</strong> doivent être responsab<strong>les</strong>et rester au service des instances nationa<strong>les</strong> etloca<strong>les</strong> et non pas l’inverse.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> atteindra ses objectifs grâce à une stratégieglobale de plaidoyer, de sensibilisation, de suivi, dedéveloppement organisationnel et de création de réseaux.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> promeut un développement <strong>du</strong>rable centrésur <strong>les</strong> gens. La paix est une condition préalable pour lerespect des droits humains, des droits des femmes et pourl’éradication de la pauvreté. Mais, dans le même temps, lapauvreté et le manque de respect des droits humains sontà la base de nombreux conflits armés. Par conséquent, <strong>les</strong>effets dévastateurs qu’entraînent <strong>les</strong> situations de conflitet de post-conflit sur <strong>les</strong> personnes revêtent un intérêtparticulier pour <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. nRéférencesFriedlander, E. et Adams, B. (2006). <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> external evaluation2001-2005. Disponible sur : .Hessini, L. et Nayar, A. (2000). A movement Toward <strong>Social</strong> Justice.An evaluation report.Analyse stratégique pour l’équité de genre(SAGE). New York.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> N ° 0 (1996). The starting point. Instituto del TercerMundo. Montevideo. Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> (2006). Strategy and Framework of Activities 2007-2009.Disponible sur : .Van Reisen, M (2001). The lion’s teeth. The prehistory of <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.Instituto del Tercer Mundo. Montevideo. Disponible sur : .Rapports thématiques XIV<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Table des matièresCher Leader :........................................................................................ 3Roberto BissioAprès la chute : la nécessité d’un New Deal....................................... 5Roberto BissioLe progrès vers <strong>les</strong> objectifs tracésIndice des capacités de base............................................................. 43Dix ans après la Déclaration <strong>du</strong> millénaire :L’avancée des indicateurs sociaux se ralentit.Indice d’équité de genre.................................................................... 47Rapports thématiquesLa crise économique : l’heure est à l’exécutiond’un nouvel accord social.................................................................. 13Edward Oyugi, <strong>Social</strong> Development NetworkLe genre en temps de crise : un nouveau paradigmede développement est nécessaire..................................................... 17<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Gender Working GroupLa création d’ONU Femmes : sera-t-elle à la hauteurdes en<strong>jeu</strong>x ?....................................................................................... 19Genoveva Tisheva et Barbara AdamsClimat planétaire : l’effondrement de Copenhague.......................... 21Md Shamsuddoha, Equity and Justice Working GroupBangladeshLe financement climatique et <strong>les</strong> OMD.............................................. 23Ian PercyParticipation actionnaire critique : comment s’appuyersur <strong>les</strong> finances pour promouvoir <strong>les</strong> droits humains etl’environnement................................................................................. 25Andrea Baranes, Campagna per la Riforma della BancaMondiale (CRBM)Mauro Meggiolaro, Fondation Culturelle de Responsabilité éthiquePrivatisation des finances pour le développement :le rôle de la Banque européenne d’investissement.......................... 29Antonio Tricarico, Campagna per la Riforma della BancaMondiale (CRBM)Le traité de Lisbonne et <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> perspectives surla politique de développement de l’Union européenne.................... 33Mirjam van Reisen, Europe External Policy Advisors (EEPA)Simon Stocker, EurostepLes Pays arabes et <strong>les</strong> OMD : pas de progrès sansjustice sociale.................................................................................... 37Ziad Abdel Samad, Arab NGO Network for Development (ANND)Aide publique au développement nette par pays <strong>du</strong>comité d’assistance au développement (CAD).................................. 49Dépenses publiques........................................................................... 50Ratification des traités internationaux mentionnésdans la Déclaration <strong>du</strong> Millénaire..................................................... 54Ratifications des conventions fondamenta<strong>les</strong> de l’oit..................... 56RAPPORTS NATIONAUXAfghanistan..................................................................................... 58Allemagne........................................................................................ 60Argentine......................................................................................... 62Arménie............................................................................................. 64BAHREÏN............................................................................................. 66Bangladesh..................................................................................... 68BéNiN.................................................................................................. 70birmanie........................................................................................... 72Bolivie............................................................................................... 74Brésil................................................................................................ 76Bulgarie........................................................................................... 78Cameroun......................................................................................... 80Canada.............................................................................................. 82Chili................................................................................................... 84Chypre............................................................................................... 86Colombie........................................................................................... 88Costa Rica........................................................................................ 90Croatie.............................................................................................. 92g


Égypte............................................................................................... 94El Salvador..................................................................................... 96Érythrée........................................................................................... 98Espagne........................................................................................... 100États-Unis d’Amérique................................................................ 102Finlande......................................................................................... 104France............................................................................................. 106Ghana.............................................................................................. 108Guatemala...................................................................................... 110Hon<strong>du</strong>ras....................................................................................... 112Hongrie........................................................................................... 114Serbie.............................................................................................. 164Slovaquie....................................................................................... 166Slovénie.......................................................................................... 168Somalie........................................................................................... 170Suisse.............................................................................................. 172SurinamE........................................................................................ 174Thaïlande....................................................................................... 176Uruguay.......................................................................................... 178Venezuela....................................................................................... 180Yémen.............................................................................................. 182Zambie............................................................................................. 184Inde.................................................................................................. 116Indonésie........................................................................................ 118iraq.................................................................................................. 120Italie................................................................................................ 122Kenya............................................................................................... 124Liban................................................................................................ 126Malaisie.......................................................................................... 128Malte............................................................................................... 130Maroc.............................................................................................. 132Mexique........................................................................................... 134Népal............................................................................................... 136Nicaragua...................................................................................... 138Nigéria............................................................................................ 140Ouganda......................................................................................... 142PALESTINe........................................................................................ 144Paraguay........................................................................................ 146Pérou............................................................................................... 148Pologne.......................................................................................... 150Portugal........................................................................................ 152République centrafricaine....................................................... 154République de Moldavie............................................................. 156République tchèque.................................................................... 158République-Unie de Tanzanie..................................................... 160Sénégal........................................................................................... 162


Cher Leader :Nous savons que vous êtes une personne très occupée et quecette lettre peut tomber entre vos mains juste au moment oùvous vous préparez à partir pour New York pour participerau Sommet des Nations Unies qui révisera <strong>les</strong> objectifsminimums de développement social que vous avez promisd’atteindre, vous et vos collègues, à l’horizon 2015.Ceci étant dit, et conscients que vous n’avez pas uneminute à perdre, cher leader, nous osons tout de même vousdemander de poursuivre votre lecture, premièrement parcequ’il est bon que des gouvernants comme vous, pleins decompassion, daignent écouter de temps en temps la voix deceux que vous gouvernez, et deuxièmement parce cela peutvous aider à ne pas céder à la tentation de crier victoire quandelle n’est pas au rendez-vous.Vous souvenez-vous qu’un de vos collègues avait déclaré« Mission accomplie » il y a huit ans ? Et que la guerre qu’ilaffirmait avoir gagnée a continué ? Et que le candidat qui aosé lui dire que cette invasion avait été une erreur a été éluaux élections suivantes à une majorité écrasante ? Oui, bienenten<strong>du</strong>, personne n’aurait idée de vous coller dans le dos uneétiquette qui dise « objectifs atteints ! » quand votre tour seravenu de prendre la parole devant l’Assemblée générale, maisde nombreux faiseurs d’opinion souhaiteraient que votre voixs’ajoute à cel<strong>les</strong> qui soutiennent la théorie <strong>du</strong> « verre à moitiéplein » ou à cel<strong>les</strong> qui disent que « nous sommes tout près <strong>du</strong>but ». Vous seriez alors tenté d’assurer qu’il suffit de faire uneffort supplémentaire sur la fin pour atteindre au cours descinq prochaines années l’objectif visant à éliminer la pauvreté.Encore eût-il fallu que cette tâche ait été amorcée au cours desdix dernières années.Ce rapport vous aidera à y regarder à deux fois. L’opinionpublique et la presse ont bonne mémoire, Votre Excellence,et pour compliquer encore <strong>les</strong> choses, nous pouvons touslire sur la toile la Déclaration <strong>du</strong> millénaire, dans laquelleil y a dix ans 189 leaders <strong>du</strong> monde, comme vous, sesont engagés à n’épargner aucun effort « pour libérer <strong>les</strong>hommes, <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> enfants des conditions abjecteset déshumanisantes de l’extrême pauvreté, à laquelle sontsoumis actuellement plus d’un milliard d’êtres humains »et ont décidé d’un commun accord de ré<strong>du</strong>ire de moitié cechiffre d’ici à 2015.Vos conseillers on dû vous signaler qu’en 2008 un devos ministres a signé le Plan d’Action d’Accra qui affirme que« 1,4 milliard de personnes – majoritairement des femmeset des fil<strong>les</strong> – vivent encore dans l’extrême pauvreté » et quela Banque mondiale, source de ces données (qui entretient lafausse illusion que la pauvreté peut être décrite uniquementà partir <strong>du</strong> revenu, alors que nous connaissons tous soncaractère complexe et multidimensionnel), cette Banquemondiale-là a estimé en janvier de cette année que « 64millions de personnes supplémentaires vivront dans l’extrêmepauvreté à l’horizon 2010 à cause de la crise ». Vos donsmathématiques vont être mis à <strong>du</strong>re épreuve lorsque vousessaierez d’expliquer aux médias comment il se peut que1.5 milliard de personnes vivant aujourd’hui dans l’extrêmepauvreté puissent être considérées comme étant en voie deré<strong>du</strong>ire « plus d’un milliard » à la moitié.En fait, le fond de l’affaire n’est même pas de savoir si lemonde peut atteindre ou non <strong>les</strong> objectifs d’ici cinq ans. LesOMD n’ont jamais été conçus comme outils de planificationdes objectifs mais restent au stade des engagementspolitiques mis sur pied par des leaders comme vous pourétablir publiquement des priorités. Ils sont précieux parcequ’on peut <strong>les</strong> utiliser comme points de référence pour évaluer<strong>les</strong> progrès. Et de nombreuses analyses nous montrent que leprogrès des indicateurs sociaux, en fait, a ralenti depuis l’an2000 au lieu de s’être accéléré !Nous ne mettons pas en cause votre capacité à aborder età convaincre le public, cela va sans dire. Si ce don vous avaitfait défaut vous n’auriez pas été élu par votre peuple (si vousn’avez pas été élu à travers le vote populaire, nous vous prionsde bien vouloir nous corriger ; nous présenterons alors <strong>les</strong>excuses publiques correspondantes). Mais même pour unorateur aussi éloquent que Votre Excellence, il sera difficilede soutenir que dans la lutte contre la pauvreté « aucuneffort n’a été épargné », alors que <strong>les</strong> dépenses militaires del’année dernière à l’échelle mondiale ont dépassé quinze foisle montant total de l’aide reçue par <strong>les</strong> pays en développementet qu’el<strong>les</strong> ont été plus importantes de 49 % par rapport auxdépenses de l’an 2000, date à laquelle vos collègues se sontengagés à « déployer une paix juste et <strong>du</strong>rable dans le mondeentier ».La lecture de cette quinzième édition <strong>du</strong> rapport annuelde <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> non seulement vous évitera de commettrel’erreur grossière de clamer victoire quand il n’y a paslieu, mais il vous aidera à rester également à l’écoute despréoccupations et des sentiments de vos concitoyens. Cerapport est, en fait, le résultat d’un processus de bas enhaut. Il ne s’agit pas d’une opinion remise sur commandepar <strong>les</strong> conseillers, mais des conclusions de centainesd’organisations et de mouvements sociaux qui travaillenttoute l’année sur des thèmes de développement social. Lefait de contribuer à cet effort répond précisément au besoind’attirer l’attention de personnes comme vous, l’attention desLeaders, sur des questions qui <strong>les</strong> préoccupent et de vousaider à tenir vos promesses et à élaborer des politiques plus<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>3


équitab<strong>les</strong>, plus sensib<strong>les</strong> à l’égard de l’égalité des sexes et enfaveur des pauvres.Chacune des coalitions de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a défini sespriorités et <strong>les</strong> sujets à aborder dans leur rapport national etchacune a trouvé ses propres fonds et a établi sa façon deconsulter ses bases pour réunir des preuves corroborant leursrésultats. El<strong>les</strong> n’ont pas faibli au moment de vous critiquer,vous et votre Gouvernement, et de critiquer <strong>les</strong> politiques encours, <strong>les</strong> grandes puissances de votre pays ou <strong>les</strong> systèmesde gouvernance, chaque fois qu’el<strong>les</strong> ont cru bon de lefaire. Nous espérons que vous conviendrez avec nous quel’expression de voix critiques aide à consolider <strong>les</strong> processusdémocratiques. Mais même si <strong>les</strong> rapports estiment que l’onpeut (et que l’on doit) encore améliorer bien des choses sousvotre direction, on sait également qu’il y a 191 autres leadersqui partagent avec vous le quota de responsabilité et que, parconséquent, en moyenne, seulement 0,5 % de la culpabilitévous échoit personnellement.Collectivement, néanmoins, lorsque vous vous réunirez,vous et vos collègues, à l’Assemblée générale des NationsUnies, vous devrez assumer toute la responsabilité de vosactes, autant que de vos omissions, puisqu’il n’existe pasde mécanisme mondial de gouvernance ayant une autoritésupérieure. Oui, nous savons que certains organismesspécialisés et que d’autres organisations se chargent desfinances ou <strong>du</strong> commerce et qu’ils ont leurs propres procédésde prise de décisions, mais qui siège dans leurs assembléesrespectives, si ce ne sont <strong>les</strong> ministres que vous avez élus etqui sont sous vos ordres ?Nous savons bien que votre capacité d’attention est faibleet que vous avez beaucoup de choses à faire. Vous pouvez direque la pauvreté est une priorité pour vous, oui, et que l’égalitédes droits de la femme est une cause pour laquelle vousmilitez, vous et votre conjoint(e), quel que soit votre genrerespectif. En fait, nous n’avons jamais trouvé de leader quiadopte la position contraire et défende la pauvreté, l’esclavageou qui dénie l’é<strong>du</strong>cation aux fil<strong>les</strong>. Mais il y a d’autresurgences qui requièrent votre temps et il se peut mêmequ’après avoir lu cette lettre jusque là, vous soyez tenté de nepas lire en entier ce rapport et de demander à l’un ou l’autre devos conseillers de vous en lire le résumé et de vous signalerquelques points-clés. Si vous continuez à lire ces lignes vouspourrez même vous en épargner l’effort. Le message finalqui surgit de ce rapport est bien simple : de même que tout lemonde est d’avis qu’il est nécessaire de tenir <strong>les</strong> promesseseffectuées et qu’il convient de vous <strong>les</strong> rappeler, des citoyens<strong>du</strong> monde entier adhèrent au principe que « c’est auxpollueurs de payer ». Ceux qui ont créé le problème doiventpayer pour le nettoyage et <strong>les</strong> dommages qu’ils ont causés. Etceci est valable aussi bien pour <strong>les</strong> fuites de pétrole que pourle changement climatique ou la crise financière.Si l’on applique <strong>les</strong> principes fondamentaux de la justice,on peut trouver <strong>les</strong> ressources nécessaires pour créer ce« monde plus pacifique, plus prospère et plus juste » quevous nous avez tous promis, vous <strong>les</strong> leaders, il y a unedécennie. Nous sommes prêts à faire preuve de toléranceenvers votre honteux retard dans la réalisation de cettetâche, comme en revanche nous espérons de vous la mêmetolérance vis-à-vis de certaines phrases impatientes, voireirrespectueuses, incluses dans ce rapport. Vous pouvezaisément comprendre qu’après avoir vu pendant dix ans que<strong>les</strong> mots ne coïncidaient pas avec <strong>les</strong> actes nous espérionsde vous que « vous sachiez botter <strong>les</strong> fesses de certains », sivous me permettez l’expression. De fait, c’est là une tâche àlaquelle vous devriez vous attacher. Le plus tôt sera le mieux.Nous vous promettons d’applaudir très fort. nMes salutations respectueuses,Roberto Bissioau nom de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>P.S. : Si vous avez besoin d’aide pour déterminer l’endroit exactqui mérite d’être botté, veuillez poursuivre la lecture de cerapport.4<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Après la chute :la nécessité d’un New DealRoberto BissioSecrétariat international de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>La bonne nouvelle c’est que la stratégie D’abord <strong>les</strong>gens fonctionne. D’abord <strong>les</strong> gens était le titre <strong>du</strong> Rapportannuel <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 2009 et son message capital.Nous avons soutenu, en nous basant sur l’évidencequi émane de tous <strong>les</strong> coins <strong>du</strong> monde, que l’impératiféthique visant à investir dans <strong>les</strong> personnes vivantdans la pauvreté et surtout <strong>les</strong> femmes, était à la fois lameilleure stratégie économique de lutte contre la criseéconomique mondiale consécutive à l’effondrement deWall Street fin 2008.C’est exactement ce qui s’est passé un an plustard dans des endroits aussi lointains que la Chine etet Brésil, deux pays en développement sérieusementtouchés par la crise qui ont pris des mesures rapides etdécisives pour relancer la consommation locale grâceà des aides destinées aux personnes <strong>les</strong> plus pauvres.Selon la coalition <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Brésil « le rétablissements’est effectué grâce à la robustesse de la demandeintérieure, alimentée par : des politiques d’augmentation<strong>du</strong> salaire minimum, des politiques socia<strong>les</strong>, dontla plus importante est la « Bolsa Familia » (allocationfamiliale) 1 , des politiques d’élargissement <strong>du</strong> créditoffert par <strong>les</strong> banques publiques et, dans une moindremesure, des politiques fisca<strong>les</strong> placées sous le bouclier<strong>du</strong> programme connu au Brésil sous le nom de Pland’accélération de la croissance (PAC). Les groupes àfaible revenu ont aussi été la cible des politiques : lenombre de personnes pauvres bénéficiant d’une allocationen espèces (équivalente à un mois de salaireminimum) a augmenté : entre autres, <strong>les</strong> personnes quiont un revenu familial égal ou inférieur à 25 % <strong>du</strong> salaireminimum par habitant, <strong>les</strong> personnes handicapées et<strong>les</strong> personnes pauvres âgées de plus de 65 ans. Despensions de retraite ont été élargies aux travailleursagrico<strong>les</strong> (même s’ils n’ont pas cotisé au préalable) ».Les moins de USD 7 000 milliards investis dansla Bolsa Familia non seulement ont été un succès pourla ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté mais ils ont également supposé« un soutien important à la demande interne, notammenten ce qui concerne <strong>les</strong> biens de consommationpérissab<strong>les</strong>. Étant donné que <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> pauvresconsomment tout leur revenu, ces aides se sont tra<strong>du</strong>itespar une hausse directe de la demande, établissantun seuil face à toute éventuelle ré<strong>du</strong>ction des dépensesdestinées à la consommation dans le pays. Les dépensesqui se fondent sur la Bolsa Familia ont égalementune répercussion expansive indirecte sur la demandeet sur le degré d’activité économique. Les dépensesorigina<strong>les</strong> se transforment en revenus pour d’autrespersonnes, revenus qui seront dépensés à leur tour1 Bolsa Familia est un programme conditionnel de transfertd’argent, destiné aux ménages <strong>les</strong> plus pauvres ayant desenfants de moins de 17 ans.pour stimuler d’autres activités. Du fait <strong>du</strong> caractèredécentralisé de ce plan, ces relances peuvent concerner<strong>les</strong> activités loca<strong>les</strong> et répercuter davantage sur l’emploiet la consommation supplémentaire ».La mauvaise nouvelle, c’est que partout dans lemonde la plupart des pays ont dirigé des billions dedollars à l’autre bout de la chaîne économique, moyennantdes ré<strong>du</strong>ctions d’impôts pour <strong>les</strong> riches ou dessubventions aux banques et aux grandes corporationset que ces plans, qui en réalité n’ont pas aidé à ré<strong>du</strong>irele chômage, ont ensuite été abandonnés ou amoindrisdès que le secteur financier a commencé à redevenirrentable.C’est le cas par exemple <strong>du</strong> Canada où la coalition<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> locale signale que « la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> déficitest en train de se concrétiser par une ma<strong>jeu</strong>re compressiondes dépenses socia<strong>les</strong>. Alors que la bourse etle Pro<strong>du</strong>it interne brut (PIB) se récupèrent il faut s’attendreà un nouveau recul des niveaux d’équité et <strong>du</strong>développement, autant au Canada qu’à l’étranger ».Certains pays en développement font état d’effetsencore plus dévastateurs de la crise. En Indonésie, parexemple, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> national indique que « la crisefinancière mondiale a imposé un fardeau supplémentaireà l’Indonésie qui était déjà confrontée à de gravesproblèmes découlant d’une dette extérieure et d’unniveau de corruption élevés, et de l’application de politiquesmacroéconomiques qui ne se sont pas tra<strong>du</strong>itesen mesures concrètes pour éradiquer la pauvreté. Lesplus <strong>du</strong>rement touchés ont été <strong>les</strong> travailleurs car enpremière option <strong>les</strong> entreprises ont décidé de licencier<strong>les</strong> employés pour sauver leurs actifs ».Selon <strong>les</strong> estimations de la Banque mondiale et del’Organisation Internationale <strong>du</strong> Travail, <strong>les</strong> personnesqui partout dans le monde perdent leur travail ou qui seretrouvent en dessous <strong>du</strong> seuil d’extrême pauvreté secomptent par dizaines, voire par centaines de millions.Dans de nombreux pays, la Slovaquie entre autres,<strong>les</strong> rapports <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> locaux remarquent une tendencedes politiques à promouvoir « la discriminationet l´intolérance » comme moyen de contrôle des tauxde chômage à deux chiffres.Promesses non tenuesIl y a dix ans, lors <strong>du</strong> Sommet <strong>du</strong> millénaire, plus de 100chefs d’État ou de Gouvernement ont pris l’engagementsuivant : « nous ne devons ménager aucun effort pourlibérer nos semblab<strong>les</strong>, hommes et femmes, de la pauvretéabjecte et déshumanisante dans laquelle viventactuellement plus d’un milliard d’entre eux ». Les huitObjectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD),extraits de la Déclaration <strong>du</strong> millénaire, ont établi descib<strong>les</strong> dans des délais concrets ; la première d’entreel<strong>les</strong> était de ré<strong>du</strong>ire à la moitié, entre 1990 et 2015le pourcentage des personnes vivant dans l’extrêmepauvreté et souffrant de la faim. Les OMD dans leurensemble ont résumé <strong>les</strong> tâches collectives <strong>les</strong> plusurgentes de la communauté internationale, el<strong>les</strong> ontcréé des points de référence et ont défini des modè<strong>les</strong>à suivre dont <strong>les</strong> gouvernements et <strong>les</strong> organisationsinternationa<strong>les</strong> peuvent être responsab<strong>les</strong> et qui ontinspiré des mobilisations mondia<strong>les</strong> sans précédent,comme la campagne 2005 « Faites de la pauvreté unehistoire ancienne » où des millions de personnes dansle monde entier ont suivi <strong>les</strong> concerts « Live 8 » organisésde façon simultanée.Dans ses déclarations aux chefs d’État en septembre2005, lorsque cinq ans après le Sommet <strong>du</strong>millénaire <strong>les</strong> OMD ont été révisées, Leonor Briones,de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Philippines, a dit au nom des organisationsde la société civile : « Les Objectifs <strong>du</strong> millénairepour le développement ne seront pas atteintsen 2015 [si] l’environnement continue à être dévastéet que <strong>les</strong> questions relatives au commerce, à la dette,et à l’aide publique pour le développement ne sont pasrésolues ».L’Objectif 8 des OMD demandait explicitementl’établissement d’associations mondia<strong>les</strong> en matière decommerce, d’aide, l’annulation de la dette et le transfertde technologie afin de permettre aux pays en développementd’atteindre <strong>les</strong> sept autres objectifs concernantla pauvreté et la faim, la santé, l’é<strong>du</strong>cation, l’égalité dessexes et la <strong>du</strong>rabilité de l’environnement.Des progrès ont été faits pour atteindre cette cibleen ce qui concerne l’annulation de la dette exérieurebilatérale et multilatérale de certains pays parmi <strong>les</strong> pluspauvres, le Nigéria et l’Iraq, mais c’est loin d’être suffisant.Quant au commerce, il n’y a pas de mouvementspositifs. En septembre 2001 débutait à Doha une rondede développement de négociations commercia<strong>les</strong>. Soncomposant de développement a beau être insignifiantelle est encore loin d’être conclue. Le transfert de technologieest devenu plus onéreux encore en raison de lastricte application des normes de propiété intellectuelle.L’aide étrangère n’a absolument pas augmenté. Elle estpassée de 0,44 % <strong>du</strong> revenu des pays donateurs en1992 à 0,43 % en 2008.Le non accomplissement des engagements prispar <strong>les</strong> pays développés en vertu de l’Objectif 8 n’estpas sans rapport avec le progrès défraîchi des autresObjectifs. Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire Généralde l’ONU, reconnaît que « <strong>les</strong> fonds, <strong>les</strong> services,l’appui technique et <strong>les</strong> partenariats nécessaires n’ontpas été réunis» et il ajoute que ces défaillances se sont« aggravées par <strong>les</strong> crises alimentaire et économiquemondia<strong>les</strong> ainsi que par l’échec de divers politiques etprogrammes de développement ». Ainsi « <strong>les</strong> améliorationsapportées aux conditions de vie des pauvresont été excessivement lentes tandis que certains desacquis âprement conquis sont battus en brèche » 2 . Ladistribution inégale des ressources dans <strong>les</strong> pays en2 “Tenir <strong>les</strong> engagements pris : bilan prospectif visant àpromouvoir un programme d’action concerté afin de réaliser<strong>les</strong> objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement d’ici à2015”, document A/64/665 de l’Assemblée Générale, NationsUnies 2010.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>5


développement représente un autre handicap important.Pendant <strong>les</strong> premières années <strong>du</strong> XXI e siècle, denombreux pays en développement ont expérimentéde hauts niveaux de croissance économique, mais laré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et la création d’emploi ont étéreléguées au deuxième plan.Sakiko Fukuda-Parr, ancienne éditrice <strong>du</strong> Rapportsur le développement humain <strong>du</strong> PNUD soutient que<strong>les</strong> OMD « ont été des engagements politiques effectuéspar <strong>les</strong> leaders mondiaux pour définir des prioritésdans un cadre réglementaire et pour pouvoir servir deréférence pour l’évaluation des progrès. Dans ce cadre,la question adéquate est de savoir si l’on fait davantaged’efforts pour être à la hauteur de ce compromis, desorte à progresser plus rapidement ». L’enquête qu’ellea menée pendant qu’elle étudiait l’évolution de chacundes indicateurs à travers le temps au lieu de se fixer sur<strong>les</strong> objectifs atteints montre que « par exemple, tandisque l’accès à l’eau potable est promu comme une réussitedes OMD, seul un tiers des pays ont progressé à unrythme plus rapide après l’an 2000 ». Pour résumer,« dans la plupart des indicateurs et dans la plupart despays le progrès ne s’est pas accéléré » dans la dernièredécennie si on la compare à la précédente 3 .Une étude <strong>du</strong> PNUD sur <strong>les</strong> tendances de développementau cours des quatre dernières décades parvientà la même conclusion, comme on peut le voir dansl’Indice de développement humain (IDH) depuis 1970 :«Nous constatons que 110 pays sur 111 montrent desavancées dans leurs niveaux de l’IDH sur une périodede plus de 35 ans. La croissance de l’IDH est plus rapidedans <strong>les</strong> pays qui avaient un IDH faible et moyen sur lapériode antérieure à 1990 4 ».Comme on pouvait s’y attendre, c’est à cettemême conclusion que parvient l’analyse de l’Indicedes capacités de base de la propre <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, quicombine certains indicateurs-clés des OMD (voir <strong>les</strong>chiffres inclus dans ce rapport) : si tant est qu’après l’an2000 <strong>les</strong> indicateurs sociaux-clés montrent encore unprogrès, leur amélioration est en perte de vitesse.Et ces résultats coïncident avec <strong>les</strong> rapports desmembres de la communauté. Au Nigéria, par exemple,<strong>les</strong> watchers locaux remarquent que « certaines organisationsde la société civile ont signalé que la quasitotalitédes projets centrés sur la mise en œuvre desObjectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement (OMD)sont en retard ».La vision officielle positive des évaluations desOMD se fonde principalement sur <strong>les</strong> chiffres de la3 Sakiko Fukuda-Parr and Joshua Greenstein, “How shouldMDG implementation be measured: Faster progress ormeeting targets?” Centre international des politiques pour lacroissance inclusive–PNUD, Document de travail numéro 63,mai 2010.4 George Gray Molina y Mark Purser, “Human DevelopmentTrends since 1970: A <strong>Social</strong> Convergence Story”, Documentde Recherche sur le Développement Humain 2010/02,PNUD, 2010.Banque mondiale pour l’Objectif 1. En définissant et enmesurant la pauvreté en fonction des revenus seulement,la Banque mondiale est parvenue à la conclusionque le nombre de personnes vivant sous le seuil de lapauvreté extrême de USD 1,25 par jour est descen<strong>du</strong>de 1,9 milliards en 1981 à 1,4 milliards en 2005, dateà laquelle la dernière enquête internationale a été effectuée5 .Le Brésil, le Vietnam et plus particulièrement laChine supposent la ma<strong>jeu</strong>re partie de cette ré<strong>du</strong>ction.De fait, ne serait-ce qu’en Chine, le nombre d’habitantsvivant sous ce seuil a diminué de 835,1 millions en1981 à 207,7 millions en 2005. Une ré<strong>du</strong>ction de 627millions en Chine, tandis que sur la même période la ré<strong>du</strong>ctionmondiale était de 500 millions, ce qui veut direqu’en dehors de la Chine la pauvreté a expérimenté unecroissance sur cette prériode de plus de 127 millionsde personnes.De fait, d’après le rapport de suivi 2010 <strong>du</strong> SecrétaireGénéral de l’ONU, le nombre de personnes vivantsous le seuil de pauvreté de USD 1 « a augmenté de 92millions en Afrique subsaharienne et de 8 millions enAsie occidentale sur la période comprise entre 1990et 2005 ». De plus, « la situation de pauvreté est plusgrave quand on prend en compte aussi d’autres échel<strong>les</strong>de pauvreté, reconnues au Sommet mondial pourle développement social 1995, tels que la privation, lamargination sociale et le manque de participation » 6 . Etces chiffres se rapportent à 2005, au moment où l’ona effectué une enquête nationale sur <strong>les</strong> revenus desménages qui a permis la création de la PPA (parité depouvoir d’achat des différentes monnaies nationa<strong>les</strong>,qui est ultilisée pour ajuster le seuil de pauvreté).Depuis 2005, d’après la Banque mondiale, la crisealimentaire et la crise financière mondiale ont fait basculerau moins 100 millions de personnes de plus sousle seuil de la pauvreté. Au regard des membres de lacommunauté, cette situation est résumée dans le rapportde <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Sénégal en quelques mots dramatiques: « outre son expansion, la pauvreté se féminiseet affecte essentiellement la population rurale ».Plus d´aide est nécessaire, mais on ne latrouve nulle partBon nombre de coalitions nationa<strong>les</strong> <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>dans <strong>les</strong> pays touchés par la pauvreté parviennent à laconclusion que la seule façon d’atteindre <strong>les</strong> objectifsprévus internationalement pour 2015 c’est d’obtenirplus d’aide de la communauté internationale.5 Martin Ravallion, Y Shaohua Chen, “The developing worldis poorer than we thought but no <strong>les</strong>s successful in thefight against poverty,” Banque mondiale, 2008; voir aussiONU, Rapports sur <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour ledéveloppement, 2009, 2010.6 Keeping the promise: a forward-looking review to promotean agreed action agenda to achieve the MillenniumDevelopment Goals by 2015, Rapport <strong>du</strong> Secrétaire Général,février 2010.C’est le cas signalé par <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Bénin où <strong>les</strong>ressources <strong>du</strong> Gouvernement restent limitées <strong>du</strong> faitde la dette externe et interne ; l’Investissement directétranger n’atteint pas le volume requis et il est exonéréd’impôts. Le pays se retrouve ainsi à la merci desdonateurs étrangers pour payer des services sociauxde base dont il a un besoin impérieux. La situation estsemblable en Tanzanie, où le rapport local considèreque « <strong>les</strong> efforts <strong>du</strong> Gouvernement pour améliorer lavie des Tanzaniens sont restés vains <strong>du</strong> fait notamment<strong>du</strong> manque d´engagement envers <strong>les</strong> stratégies, tant àl´échelle nationale qu´internationale : le déboursementde l´Aide publique au développement (APD) prendsouvent <strong>du</strong> retard et n´accompagne pas le processusbudgétaire national de la Tanzanie ».Dans <strong>les</strong> territoires pa<strong>les</strong>tiniens occupés (TPO)l’entrée de l’aide a créé ce que <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> nationalappelle une « amélioration apparente » de l’économiede la Rive occidentale, mais le panorama général reste« fragile », particulièrement dans la bande de Gaza où <strong>les</strong>iège et le blocus effectués par l’Israël continue à miner<strong>les</strong> perspectives <strong>du</strong> développement, en perpetuant unecrise humanitaire qui s’aggrave. Depuis 2007, date oùle blocus a été imposé, l’extrême pauvreté a triplé àGaza, qui est probablement la zone <strong>du</strong> monde la plustributaire de l’aide puisque plus de 80 % de la populationdépend de l’aide alimentaire.L’Afghanistan, un autre pays affecté par <strong>les</strong>conflits, est le deuxième grand bénéficiaire de l’aide(après l’Iraq), mais même ainsi, <strong>les</strong> contrôleurs de lasociété civile locale concluent que « l’augmentation etl’amélioration de l’aide au développement sont deuxquestions indispensab<strong>les</strong> », étant donné que <strong>les</strong> conditionnalitésassociées à l’aide au développement et àla pratique qui soumet l’aide à la condition d’acheterexclusivement au pays donateur ou à employer commeconseillers <strong>les</strong> ressortissants <strong>du</strong> pays donateur érodele bénéfice des dons. On dépense bien plus d’argentdans la guerre en Afghanistan qu’à aider <strong>les</strong> gens, pourla bonne raison que « la quasi-totalité des donateursest formée par des parties belligérantes ; il n’y a pas deplace pour l’humanitarisme » .Entre temps en Somalie, déchirée elle aussi par<strong>les</strong> factions qui s’affrontent, la réticence des donateursà s’entendre avec tout groupe armé regional ou avec<strong>les</strong> autorités nationa<strong>les</strong> a créé une situation où « <strong>les</strong>ressources obtenues par le biais de la piraterie sontpresque aussi importantes que cel<strong>les</strong> provenant de laCommission européenne ». Dans une société baséesur l’inégalité des genres comme celle de la Somalie,la guerre et la pauvreté s’abattent plus <strong>du</strong>rement sur<strong>les</strong> femmes, et <strong>les</strong> travailleurs dévoués de la société civile,comme ceux qui informent à travers <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>,luttent contre le désespoir afin que <strong>les</strong> liens unissant lacommunauté soient préservés et forment la base detout effort de reconstruction future.La paix est une condition préalable, mais ce n’estpas suffisant. Au Liban, le rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>6 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


égional remarque que « depuis 1992 l´architecturefinancière de l´après-guerre combine des politiques dereconstruction expansionnistes et des politiques monétairesrestrictives, laissant une faible marge fiscalepour le développement socioéconomique ». La conclusionprincipale, c’est que pour répondre aux prioritésde ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et de la discrimination, « undéveloppement fondé sur <strong>les</strong> droits est nécessaire ».Le cas <strong>du</strong> Guatemala démontre, d’après l’avis des watcherslocaux, que « bien que la coopération internationaleait contribué à combattre certains problèmessociaux, elle n’a pas attaqué <strong>les</strong> problèmes structurelsqui se manifestent fondamentalement dans l’inégalitéde la distribution de la richesse et <strong>du</strong> revenu. Ainsi,son impact a été très faible, particulièrement en cequi concerne la stratégie de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté,l’agenda de la paix et la réalisation des OMD.Cela empêche donc le combat effectif contre lafamine qui continue à constituer une violation systématiquedes droits humains dans le pays ».Au Cameroun <strong>les</strong> watchers se sont unis à d’autresorganisations de la société civile pour réclamer unegestion plus efficace de l’aide internationale, mieuxcoordonnée, qui implique <strong>les</strong> citoyens et prenne encompte le genre. Et il en est de même au Maroc qui estconfronté, alors que l’APD est « faible », à de gravesproblèmes de mise en œuvre en raison <strong>du</strong> manqued’efforts concertés entre le Gouvernement et <strong>les</strong> organisationsde la société civile, particulièrement dans ledomaine prioritaire de l’é<strong>du</strong>cation.Une accélération plus nette dans l’avancée vers<strong>les</strong> OMD répondant au souhait émis par <strong>les</strong> organisationsinternationa<strong>les</strong> semble très peu probable, si l’ontient compte <strong>du</strong> fait qu’en dépit de toutes <strong>les</strong> évidencesqui prouvent qu’elle est plus que nécessaire, l’aide audéveloppement n’a pratiquement pas augmenté surla dernière décennie et elle pourrait bien se ré<strong>du</strong>ire enraison de la crise. Ainsi, en Allemagne, pendant que lachancelière Angela Merkel insiste sur le fait que « nousassumons notre engagement et nous restons engagésdans la réalisation des Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppement en Afrique » comme une « responsabilitémorale », le ministre <strong>du</strong> Développement, DirkNiebel, commente que « ce serait impossible pour nousd’atteindre le pourcentage de 0,51% d’APD en un anseulement » comme l’avait promis l’UE. Les contributionsde l’Allemagne à l’APD en 2009 ont représentéUSD 2 millions de moins qu’en 2008.L’Aide au développement a diminué également enPologne, si petite pourtant au départ, de même qu’enEspagne, renversant la tendance récente à sa croissance.Étant donné la crise financière, la promesse faitepar le Portugal de maintenir le niveau de son aide estremise en question par <strong>les</strong> watchers locaux. La Bulgariea elle aussi <strong>du</strong> mal à attreindre <strong>les</strong> objectifs et à assurerla qualité de son aide. La situation est encore bienpire en Italie, qui avait pourtant présidé le G8 l’annéedernière, où le Gouvernement a décrété le « démantèlement» de sa coopération au développement. Certainspays, comme Malte, qui a montré des chiffres positifs,sont présentés par <strong>les</strong> watchers locaux comme étantengagés dans une comptabilité créative où à l’APDqu’ils justifient se greffent des ressources dépenséesau niveau local destinées à aider <strong>les</strong> migrants et <strong>les</strong>réfugiés. D’autre pays, comme la Slovénie, n’ont pasde « stratégie de coopération pour le développementni de système pour évaluer l’efficacité de l’aide ». Etpar-dessus tout, « il sera difficile que la Slovénie puissemaintenir ses engagements dans le contexte actueloù <strong>les</strong> compressions budgétaires se pro<strong>du</strong>isent danspresque tous <strong>les</strong> secteurs ».La Finlande semble être une des rares exceptions,puisque le nouveau Programme des politiques de développementa apporté un changement remarquable.Cependant, <strong>les</strong> watchers de la Finlande signalent encoreque « l’approche de la Finlande sur le développementsocial et <strong>les</strong> droits sociaux s’est affaiblie » sans parler<strong>du</strong> risque de voir <strong>les</strong> engagements pour le maintien <strong>du</strong>pourcentage déboucher à nouveau sur une diminutiondes chiffres absolus à cause de la crise économique.Les meilleurs résultats rapportés dans ce sens sontceux de la Suisse où, suite aux nombreuses campagnespubliques réalisées, le Gouvernement a finalement présentéen juin 2010 une proposition en vue d’augmenterl’APD suisse.La coopération Sud-Sud est la source de bien desespoirs dans ce contexte, où <strong>les</strong> économies émergentessont considérées comme de nouveaux marchésalternatifs et aussi comme de nouvel<strong>les</strong> sources d’aide.Néanmoins, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Inde signale son comportementen tant que donateur « d’imposer aux pays récepteurs<strong>les</strong> mêmes conditions qu’elle refuse d’accepteren tant que récepteur, notamment, l’obligation d’utiliser<strong>les</strong> fonds assignés pour acheter des biens et servicesindiens ».Étant donné que l’aide extérieure peut, dans lemeilleur des cas, compléter <strong>les</strong> efforts nationaux destinésà obtenir une dignité élémentaire pour tous, ainsique le requièrent <strong>les</strong> OMD et <strong>les</strong> obligations des droitshumains de tous <strong>les</strong> pays, d’où vont donc venir <strong>les</strong>ressources ? Nombreux sont <strong>les</strong> pays en développementqui désirent attirer <strong>les</strong> Investissements directsétrangers (IDE) pour aider à satisfaire leurs objectifsde développement.Cependant, en époque de crise l’IDE tend à secomporter, de même que l’APD, de façon procyclique.C’est le cas de la Serbie, où <strong>les</strong> contrôleurs citoyenslocaux informent que « le flux de l’investissement étrangerdirect s’est ralenti en raison de la crise financièremondiale. L’économie devient donc de plus en plus fragileet instable. Les mesures pour combattre la crise sebasent sur la demande de nouveaux prêts aux institutionsfinancières internationa<strong>les</strong> et sur la ré<strong>du</strong>ction desdépenses publiques destinées à l’é<strong>du</strong>cation, la santé et<strong>les</strong> pensions avec, par conséquent, le risque de voir deplus en plus de personnes en situation de pauvreté ».L’investissement étranger est une arme àdouble tranchantLes watchers de la Zambie ont trouvé que « l’Investissementdirect étranger (IDE) a renforcé son rôle dansl’économie <strong>du</strong> pays, revitalisant l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> cuivre etencourageant la pro<strong>du</strong>ction et l’exportation de pro<strong>du</strong>itset de services non traditionnels. Cependant cet investissementn’a pas été utilisé de manière efficace pour promouvoirle développement ni pour ré<strong>du</strong>ire la pauvreté.Bien au contraire, il contribue à l’érosion des droits despersonnes, parmi eux <strong>les</strong> droits au développement, àl’alimentation, à l’é<strong>du</strong>cation, à un environnement propreet à la participation de la femme dans la prise dedécisions politiques ».De la même façon au Nigéria « <strong>les</strong> Investissementsdirects étrangers (IDE) au Nigéria se sont quelque peuaméliorés, mais leur impact n’a pas encore atteint <strong>les</strong>plus démunis. La législation relative à l’IDE devrait êtrecomplétée par des mécanismes destinés à assurer latransparence. Bien que le Gouvernement ait allouédes ressources – entre autres financières – pour luttercontre la pauvreté, la triste réalité est que, au cours des15 dernières années celle-ci n’a pas cessé de s’accroîtreà un rythme accéléré ».En Bolivie, « le modèle extractif <strong>du</strong> pays ne permetpas que <strong>les</strong> investissements directs étrangers améliorent<strong>les</strong> conditions […] puisque la quantité d’argentsortant <strong>du</strong> pays est supérieure à celle qui y rentre ».En Ouganda, le Gouvernement espère attirer <strong>les</strong>investisseurs et faire accroître à la fois la participationde la population et le contrôle des affaires publiquesgrâce à l’incorporation des technologies de l’informationet de la communication (TIC) dans sa gestion <strong>du</strong>développement ainsi que dans différents domainesde la vie sociale. Les ONG loca<strong>les</strong> font savoir à travers<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> que « pour que <strong>les</strong> conditions de vie desOugandais s’améliorent, un effort doit accompagner <strong>les</strong>stratégies de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et <strong>les</strong> investissementsen développement humain ».Bien souvent, au lieu d’être complémentaires, cespolitiques qui sont précisément censées rendre le paysattrayant aux yeux des investisseurs étrangers, le rendentvulnérable aux bouleversements étrangers et el<strong>les</strong>finissent par effriter le tissu social. La croyance <strong>du</strong> Gouvernementque « il est possible de ré<strong>du</strong>ire la pauvretéet l’inégalité en appliquant des recettes néolibéra<strong>les</strong> »est « peu réaliste et insensé », selon <strong>les</strong> watchers deCroatie, où la récession de 2009 a annulé plusieursannées d’améliorations socia<strong>les</strong>.Les watchers de Hongrie parviennent à uneconclusion semblable : « La Hongrie a été le premierpays d’Europe de l’Est à adopter <strong>les</strong> recettes <strong>du</strong> FondsMonétaire International en 1982. Bien que son niveauait été bien plus élevé que celui de ses voisins lors deson adhésion à l’économie de marché, c’est aujourd’huil’économie la plus faible de la région. Les raisons de cephénomène sont multip<strong>les</strong> et <strong>les</strong> conséquences en sontle va et vient <strong>du</strong> pays entre des émeutes socia<strong>les</strong> – si<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>7


l’on ne change pas d’orientation – el l’effondrementtotal d’une économie très vulnérable. Le fantôme del’extrémisme de droite guette dans l’ombre, nourri parle mécontentement populaire ».En Inde, la coalition nationale <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> observeque « <strong>les</strong> IDE augmentent également le phénomènede croissance sans emplois » et que « bien quel’affluence des IDE ait augmenté au fil <strong>du</strong> temps, on nesait toujours pas s’ils ont la capacité de fournir un financementservant à promouvoir le développement defaçon authentique et inclusive. Pour garantir que <strong>les</strong> IDEapporte un bénéfice à l’ensemble <strong>du</strong> pays, y compris <strong>les</strong>entreprises et <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong>, <strong>les</strong> structureséconomiques <strong>du</strong> pays devront promouvoir la créationd’un environnement propice favorisant l’effet de ruissellementdes IDE, tant en faveur des entreprises quedes communautés loca<strong>les</strong> ».La mère nature, une autre victimeL’environnement a été victime de la crise, au mêmetitre que le secteur social. En Allemagne, d’après leWorld Wordlife Fund, seulement six des 32 mesures derelance ont eu un impact positif sur l’environnement, etseulement 13 % d’entre el<strong>les</strong> peuvent être considérées<strong>du</strong>rab<strong>les</strong>. Au Bahreïn, le prompt développement <strong>du</strong>pays qui lui permettra d’atteindre la plupart des OMD aété obtenu « au détriment de l’environnement » selon<strong>les</strong> watchers locaux. « La perte de biodiversité augmente.Par exemple, des complexes en béton ont remplacés<strong>les</strong> palmeraies. Entre 1970 et 2009 plus de 90kilomètres carrés ont été gagnés sur la mer aux dépensde baies, lagunes et plages. Cela a causé la destructiond’habitats naturels et l’extinction de nombreuses espècesmarines ».En Thaïlande aussi, la coalition locale <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> s’inquiète <strong>du</strong> grand coût environnemental despolitiques qui se battent pour l’in<strong>du</strong>strialisation à toutprix. Pire encore est le cas <strong>du</strong> Bangladesh qui, bienque pro<strong>du</strong>isant une pollution minime, est « une grandevictime <strong>du</strong> réchauffement de la planète » et de la crisefinancière. Ces deux phénomènes naissent dans <strong>les</strong>pays <strong>les</strong> plus riches et touchent plus particulièrement<strong>les</strong> personnes vivant dans la pauvreté et n’ayant aucunepart dans leur création.Imposition et représentationCertaines stratégies destinées à aborder la crise essaient« d’exporter le problème » et d’obtenir des profitsà court terme, laissant aux autres le soin de payer. Dansla République Tchèque, le rapport des watchers reflète« une augmentation flagrante de la corruption alorsque la société est profondément atteinte par l’inégalité,la discrimination, le racisme et la ségrégation. L’exportationd’armes est en hausse, en contradiction avec <strong>les</strong>objectifs de la politique extérieure officielle de soutienaux droits humains, au développement et à l’assistancehumanitaire ». En Finlande, <strong>les</strong> groupes de la sociétécivile observent que l’Aide publique au développementbien souvent soutient <strong>les</strong> investissements finlandais àl’étranger, « qui ont fréquemment des conséquencesnégatives sur la capitalisation humaine ».Du côté des recepteurs de ces mauvaises politiquesfinancières et de l’aide, le rapport <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>local signale qu’un pays comme « le Ghana dépend del’aide étrangère et des institutions financières internationa<strong>les</strong>ce qui a con<strong>du</strong>it le pays au chômage généralisé,à d’énormes déficits de la balance des paiements et àune faible pro<strong>du</strong>ction in<strong>du</strong>strielle et agricole. La Constitutionde 1992 ainsi que d’autres instruments nationaux,régionaux et internationaux offrent un cadre légalet des politiques spécifiques pour améliorer le bien-êtreet la protection de femmes et des enfants. Cependant, lefaible investissement de l´ État en é<strong>du</strong>cation, santé, ressourcesaquatiques et développement rural montre lafaible priorité de ces objectifs. Les possibilités d’atteindre<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement(OMD) pour 2015 semblent lointaines ».En se fondant sur des expériences semblab<strong>les</strong>qui incluent le fait d’avoir vécu récemment des crisesprofondes, <strong>les</strong> watchers de l’Argentine ont conclu que« il n’existe pas de développement sans autonomieet sans ressources légitimes, comme <strong>les</strong> taxes. Lescrises politiques et économiques successives ayantfrappé le pays prouvent que lorsque le modèle dedéveloppement donne la priorité au secteur financierau détriment <strong>du</strong> secteur pro<strong>du</strong>ctif, <strong>les</strong> résultats sontnéfastes pour la majorité de la population. L’État doitimpérativement récupérer le contrôle de l’économie ;celle-ci doit devenir moins dépendante de l’arrivée decapitaux étrangers, elle doit avancer vers un systèmefiscal plus juste et également financer la pro<strong>du</strong>ction, enplus de la consommation ».La question des impôts est une constante dans<strong>les</strong> rapports des coalitions nationa<strong>les</strong> <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. Laraison principale de l’absence de progrès au Pérou, «malgré une forte hausse <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it Intérieur Brut (PIB)et une augmentation budgétaire <strong>du</strong> secteur public »,c’est que « la réforme fiscale, pourtant si nécessaire,n’a pas été effectuée, le système de sécurité socialeuniversel, financé par <strong>les</strong> impôts, n’a pas non plus étémis en place. Les questions de l’égalité des sexes et del’environnement n’ont pas été abordées lors de l’élaboration<strong>du</strong> budget ».Tout à côté, « le Chili a besoin de réformer profondémentson système fiscal régressif basé notammentsur des impôts indirects qui, comme dans le cas de laTVA (la principale source des revenus fiscaux), sontpayés de manière indistincte par toute la population.Dans le but de créer des conditions appropriées pourfinancer une politique nationale de développement,cette réforme devrait viser à retenir dans le pays <strong>les</strong>bénéfices excessifs des grandes entreprises cuprifèresau Chili ». Néanmoins, la nouvelle stratégie <strong>du</strong> Gouvernementest de « faciliter <strong>les</strong> conditions pour l’expansion<strong>du</strong> capital et de l’investissement pour l’exploitation desressources naturel<strong>les</strong> y compris <strong>les</strong> incitations fisca<strong>les</strong>pour <strong>les</strong> sociétés minières privées, dans un systèmefiscal régressif ».Même chose au Kenya, la requête principale deswatchers locaux est que le Gouvernement établisse unepolitique fiscale qui stabilise l’économie et qui changeà la fois « le montant et la structure des impôts et desdépenses, ainsi que la distribution de la richesse (…)D’autre part, le financement <strong>du</strong> développement doitêtre accompagné de la réforme démocratique. Le processusdevrait défier la logique centralisatrice <strong>du</strong> pouvoir,naissant d’un débat public soucieux d’équité et dedignité. Les watchers kenyans ont joué par la suite unrôle important dans le contrôle de la transparence et del’imparcialité <strong>du</strong> référen<strong>du</strong>m constitutionnel de 2010.À l’autre extrêmité, côté positif, après qu’un Gouvernementfavorable aux réformes ait été élu au Paraguay,<strong>les</strong> watchers locaux constatent que « l’augmentationdes recettes fisca<strong>les</strong> et <strong>les</strong> plans d’aide pour ledéveloppement signifient davantage de ressources pourrépondre aux demandes socia<strong>les</strong> et à l’investissementen infrastructure, ainsi qu’aux engagements de la detteextérieure ». En ces circonstances favorab<strong>les</strong>, se centrersur l’extrême pauvreté n’est pas suffisant et « <strong>les</strong> effortspour atteindre <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement( OMD) doivent être accompagnés de changementsdans le modèle de développement permettantune plus juste redistribution de la richesse et une plusgrande protection des secteurs vulnérab<strong>les</strong> ».Pour arriver à ce que d’autres gouvernementspuissent toucher leurs propres impôts, sous une fortepression internationale, le Gouvernement suisse a faitquelques concessions et le légendaire secret bancairea commencé à tituber. Cependant, <strong>les</strong> watchers suissessignalent que « le manque de disposition de la Suisseà fournir des informations concernant <strong>les</strong> délits fiscauxdemeure pratiquement le même. Bien que l’État soitd’accord avec l´ouverture des frontières à des fins commercia<strong>les</strong>,il continue à mettre des barrières pour freinerl’immigration provenant de pays non européens. Lanote positive est que le Conseil fédéral a élaboré une loiqui prévoit le gel et le rapatriement des actifs volés ».La forte dépendance des in<strong>du</strong>stries extractives,même lorsqu’on <strong>les</strong> grève ou qu’on <strong>les</strong> nationalise, rendaussi <strong>les</strong> pays vulnérab<strong>les</strong>. Au Venezuela, le rapportde <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> local signale que « après une périodede boom économique entre 2004 et 2008 – à l´aidede la hausse des prix internationaux <strong>du</strong> pétrole – <strong>les</strong>politiques socia<strong>les</strong> <strong>du</strong> Gouvernement ont amélioré <strong>les</strong>indicateurs et <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développementont commencé à faire partie de l’ordre <strong>du</strong>jour officiel et <strong>du</strong> débat public. Aujourd’hui, la crisefinancière internationale et l’augmentation des conflitssociaux résultant de l’affaiblissement des programmessociaux menacent <strong>les</strong> progrès réalisés ».Le Yémen est soumis également à une « dépendanceexcessive de l’exportation <strong>du</strong> pétrole ». Parconséquent, « la faib<strong>les</strong>se <strong>du</strong> reste de son système depro<strong>du</strong>ction a donné lieu à une économie incapable de8<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


épondre de façon adéquate même aux besoins alimentairesde la population. Il est indispensable de diversifierla pro<strong>du</strong>ction agricole, en tenant compte des effets surl’environnement – surtout de l’épuisement des réservesd’eau – et de protéger et rendre plus compétitifs <strong>les</strong>pro<strong>du</strong>its nationaux. Sur le plan politique, des politiquesplus soutenues sur la dimension de genre permettantl’intégration réelle des femmes dans la société doiventêtre approuvées », concluent <strong>les</strong> watchers yéménites.Les crises signifient des occasions à saisirL’équité de genre est un facteur d’une telle importancepour atteindre le développement social que <strong>les</strong> watchersde plusieurs pays ont dédié la totalité de leur rapport àce sujet. En Arménie, on reconnaît au Gouvernementle mérite d’avoir élaboré des programmes et établi desorganismes pour promouvoir l’équité entre <strong>les</strong> sexes.« Cependant, le manque de ressources financières,qui a déterminé quelques erreurs d’implémentation,et le manque de conscientisation de la population ontempêché l´obtention des résultats atten<strong>du</strong>s ». En Iraq,le rapport national <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> intro<strong>du</strong>it le concept de« justice pour <strong>les</strong> femmes » qui « signifie beaucoup plusque justice dans <strong>les</strong> tribunaux pour <strong>les</strong> délits contre <strong>les</strong>femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> ; il comprend le traitementéquitable et la participation de la femme dans la négociationdes conventions de la paix, la planification et lamise en pratique des opérations de paix, la création etl’administration <strong>du</strong> nouveau Gouvernement (y compris<strong>les</strong> organismes et institutions prenant en charge <strong>les</strong>besoins des femmes et des <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong>), le fait de leurdonner accès à tout le spectre des chances é<strong>du</strong>catives,la participation à la revitalisation et à l’accroissement del’économie, et la promotion d’une culture encourageant<strong>les</strong> talents, <strong>les</strong> capacités et le bien-être des femmes etdes <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> ».La réalité au quotidien est loin <strong>du</strong> but. « La sociétéiraquienne est dominée par un environnement dangereuxpour le développement et la stabilité de par la fragilitéde sa situation politique et la faib<strong>les</strong>se de l’état dedroit. Les femmes iraquiennes font face à des conditionsdiffici<strong>les</strong>, el<strong>les</strong> prennent davantage de responsabilités etrelèvent de nombreux en<strong>jeu</strong>x. Chaque jour des femmeset des <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> victimes de mariages forcéset de crimes pour des raisons « d’honneur », el<strong>les</strong> sontcontraintes au suicide, subissent des violences physiqueset sexuel<strong>les</strong>, font l’objet d’exploitation sexuelle etleur autonomie et mobilité sont limitées ».Mais même face à une situation aussi grave il y ade la place pour l’optimisme : « <strong>les</strong> crises peuvent servirà faire tomber <strong>les</strong> barrières socia<strong>les</strong> et <strong>les</strong> coutumes despatriarches traditionnels, en fournissant des ouverturespour la construction d’une société plus juste et équitabledans laquelle <strong>les</strong> droits de la femme seront protégéset l’égalité des sexes sera la norme dans un cadre institutionnelet social. Il faut profiter de ces possibilitésnon seulement pour promouvoir la réinsertion socialemais aussi pour encourager et soutenir <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong>structures institutionnel<strong>les</strong>, la législation et sa mise enœuvre afin de protéger <strong>les</strong> droits politiques, économiques,sociaux et culturels ».On assiste également à un changement de scénarioau Nicaragua, qui vit une transformation démographiqueoù, pour la première fois dans l’histoire, la populationdes enfants dépendants diminue rapidementen même temps que le poids des personnes en âge detravailler augmente rapidement. Les watchers <strong>du</strong> paysont mis en exergue « l’opportunité historique de développementque le dénommé bonus démographique luioffre pour <strong>les</strong> deux prochaines décennies », à conditionque le Gouvernement établisse des « politiques publiquesadéquates pour garantir que <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes puissententrer sur le marché <strong>du</strong> travail et qu’ils le fassent avecun bon niveau d’enseignement, de formation et desanté ». Si le Gouvernement n’investit pas maintenantdans l’é<strong>du</strong>cation, après ce sera trop tard.Les watchers de Chypre font également partiede ceux qui apportent des points de vue et des expériencesoptimistes. « L’île est déjà passée par toutes<strong>les</strong> étapes que la plupart des pays en développementdoivent franchir à présent : régime colonial, lutte pourl’indépendance, conflits internes, invasion externe etréfugiés. Dans cette trajectoire historique, l’autonomisationde la société à travers le libre accès aux biens etaux services publics de la part de ceux qui souffrent, aété un facteur clé dans la démarche vers la récupération». À Chypre, le nouveau Plan stratégique nationalpour 2011-2015 défie le statu quo actuel quant auxtendances de développement. Les principaux centresd’intérêt sont l’é<strong>du</strong>cation et <strong>les</strong> associations pour cequi est des institutions publiques et <strong>les</strong> organisationsde la société civile. La coalition locale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>voit une occasion nette de « jouer le rôle de leader dansle déplacement des tendances de développement, touten s’éloignant des politiques axées sur le marché et ens’orientant vers la justice sociale, <strong>les</strong> droits humainset l’égalité ».Dans de nombreux rapports de pays, <strong>les</strong> inégalités,précisément, sont mentionnées comme uneentrave importante pour la réalisation des objectifs dedéveloppement. En Colombie, par exemple, <strong>les</strong> watchersconstatent que le pays « a connu une croissanceéconomique considérable jusqu’en 2008 mais cela nes’est pas tra<strong>du</strong>it par une amélioration de la situation sociale.La centralisation de la coopération internationalepar le Gouvernement constitue un obstacle pour la miseen œuvre de projets alternatifs ».En Uruguay, malgré la crise, l’économie « a continuéà croître et ses indices de pauvreté et d’indigence sesont sensiblement améliorés, grâce à des politiques socia<strong>les</strong>qui ont su profiter <strong>du</strong> moment, en subordonnant<strong>les</strong> orientations macroéconomiques aux nécessités socia<strong>les</strong>». Cependant, <strong>les</strong> watchers pensent que « il restedes en<strong>jeu</strong>x à relever tels que <strong>les</strong> pourcentages élevés depauvreté et d’indigence au sein des afrodescendants etla féminisation croissante <strong>du</strong> rôle de chef de ménagedans <strong>les</strong> foyers <strong>les</strong> plus défavorisés. Pour remédier àces situations, <strong>les</strong> inégalités des sexes et/ou de racedoivent prendre une place intégrale dans <strong>les</strong> politiqueséconomiques ».Au Surinam, où <strong>les</strong> objectifs économiques ont étépoursuivis sans tenir compte des questions d’équité,<strong>les</strong> watchers locaux signalent « des effets contrairespour le développement car <strong>les</strong> inégalités se sont accentuéesdans une société déjà vulnérable. Avec un indexde pauvreté supérieur à 60 %, le pays est confronté àdes problèmes tels que : le logement, l’accès aux soins,l’é<strong>du</strong>cation, <strong>les</strong> inégalités des sexes. Pour atteindreune croissance et un développement <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>, le paysdoit arriver à un équilibre entre <strong>les</strong> intérêts des groupesethniques et ceux de toute la nation ».Les inégalités peuvent se fonder sur l’ethnie, legenre ou la géographie. Dans le cas <strong>du</strong> Mexique, <strong>les</strong>watchers signalent que « suivant la version officielle,le Mexique se trouve sur la bonne voie pour assurer <strong>les</strong>Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD)en 2015. Cependant, même si on constate des progrèsdans <strong>les</strong> secteurs de la santé, l’é<strong>du</strong>cation et la ré<strong>du</strong>ctionde l´extrême pauvreté, il reste encore pas mal d’en<strong>jeu</strong>xà surmonter, à savoir l’inégalité entre <strong>les</strong> régions ».Alors que la ville de Mexico affiche des indicateurs dedéveloppement comparab<strong>les</strong> à ceux de certains paysd’Europe, il y a des états dans le sud <strong>du</strong> pays qui offrentdes chiffres semblab<strong>les</strong> à ceux des régions <strong>les</strong> moinsdéveloppées <strong>du</strong> monde.De plus, en Égypte le rapport national <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>insiste sur le fait que la croissance économique en ellemêmen’est pas suffisante. « L’échec <strong>du</strong> pays pour garantirque la croissance économique soit accompagnéed’une amélioration <strong>du</strong> niveau de vie de ses citoyensconstitue le principal en<strong>jeu</strong> que le Gouvernement devrarelever dans <strong>les</strong> cinq prochaines années afin d’atteindre<strong>les</strong> OMD d’ici à 2015 ».Sans démocratie il n’y a pas de progrèsAu Salvador, qui a élu son premier Gouvernement degauche l’année dernière, la coalition <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> localefait état d’un profond engagement pour atteindre <strong>les</strong>OMD. « Le président Funes s’est engagé à travaillersur la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et <strong>du</strong> chômage à traversun plan de relance économique globale qui inclutdes mesures visant à stabiliser l’économie, augmenterl’investissement dans des projets d’infrastructure (ycompris l’approvisionnement d’énergie électrique dans<strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>) et l’indemnisation des travailleurs etde leurs famil<strong>les</strong> pour la perte de leurs emplois. Parmi<strong>les</strong> mesures innovatrices se trouvait l’extension <strong>du</strong> systèmede sécurité sociale aux travailleurs domestiques,dont 90 % sont des femmes ».Tandis qu’au Salvador l’arrivée au pouvoir <strong>du</strong>Frente Nacional de Liberación Farabundo Martí (FrontFarabundo Martí pour la Libération nationale) fait naîtretant d’espoirs, pendant presque 20 ans en Erythréele pays a été dirigé par un Gouvernement surgi d’un<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>9


mouvement de libération, mais dont le droit à gouvernern’a jamais été confirmé par des élections libres etimpartia<strong>les</strong>. Par conséquent, d’après le rapport deswatchers en exil, « la répression politique pendant lapremière décennie <strong>du</strong> nouveau millénaire est plus flagranteque jamais. Le Gouvernement ne cesse de frustrer<strong>les</strong> desseins économiques et de développement dela population. Vu <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> sanctions imposées parle Conseil de sécurité de l’ONU au mois de décembre2009, la récupération économique et le développementsocial continueront d’être des buts inaccesib<strong>les</strong> ».Les watchers de Burma considèrent que le faitde pouvoir compter sur des institutions démocratiqueset responsab<strong>les</strong> est une condition sine qua non.« La Constitution de 2008 et <strong>les</strong> élections généra<strong>les</strong>prévues pour 2010 ne feront que perpétuer le régimemilitaire et la stagnation générale. Le développementa besoin d’institutions transparentes, impartia<strong>les</strong> etresponsab<strong>les</strong> qui ne peuvent pas coexister avec <strong>les</strong>violations flagrantes des droits de l´Homme, la corruptionet l’oppression politique ». Avant même qu’unequelconque tentative de lutte contre la pauvreté soitviable, à leur avis « il est nécessaire que le Conseil desécurité des Nations Unies établisse une Commissiond’enquête afin de clarifier <strong>les</strong> crimes commis » dans lepays et il faut mettre en place des institutions léga<strong>les</strong> etjudiciaires solides.Un processus semblable a été amorcé en RépubliqueCentrafricaine où, grâce à une « pacificationpolitique », des démarches ont été entreprises pourrelancer l’économie, faciliter l’accès aux services desanté et améliorer la sécurité ainsi qu’une meilleuregouvernance. Le processus a été très lent, selon le rapportde <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, et compte tenu <strong>du</strong> point de départvraiment critique, il sera impossible d’atteindre <strong>les</strong>OMD dans <strong>les</strong> délais établis. Néanmoins, le simple faitde laisser à la société civile la liberté de mouvement etl’espace politique nécessaire pour superviser de façoncritique et rendre compte <strong>du</strong> processus, représente ensoi déjà une source d’espoir.La capacité de superviser et d’informer est considéréeindispensable par <strong>les</strong> watchers de Malaisie.« Bien que <strong>les</strong> rapports <strong>du</strong> Plan officiel de Malaisie présententune image prometteuse et mettent l’accent sur<strong>les</strong> réussites sans reconnaître <strong>les</strong> échecs, la précisiondes statistiques et des évaluations <strong>du</strong> Gouvernementpréoccupent toujours ». Vu le si peu de supervisionet de justification des comptes concernant l’affectationdes fonds des coffres de la fédération et de l’État,« il reste à voir si le programme de développementgouvernemental, notamment en faveur des groupesvulnérab<strong>les</strong>, sera exécuté tel que prévu ».Provenant d’un pays qui est en train de vivre unetransition sociale et politique agitée, la plateforme nationale<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> au Népal résume l’opinion quepartage tout le réseau quand elle affirme que « <strong>les</strong> récentsprogrès dans la santé, l’é<strong>du</strong>cation ainsi que dansd’autres secteurs n’enlèvent en rien le besoin d’établirun accord social qui mette l’importante responsabilité<strong>du</strong> développement général entre <strong>les</strong> mains des citoyens», et il n’y a pas moyen d’arriver à ce que <strong>les</strong> multip<strong>les</strong>problèmes, qui vont <strong>du</strong> changement climatique àl’impact de la crise, des inégalités fondées sur le sexe àla corruption, la migration et la construction de la paix,puissent être traités un par un, isolément. Le besoind’un New Deal se fait sentir à tous <strong>les</strong> niveaux.Un programme de justice« Si <strong>les</strong> pauvres étaient une banque, ils auraient déjà étésauvés », c’est le commentaire sarcastique prononcépar nombre de gens lorsque l’on compare l’argent supplémentairequi serait nécessaire pour atteindre <strong>les</strong>OMD (estimé à environ USD 100 milliards annuels)aux billions de dollars déboursés au cours des deuxdernières années dans <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus riches poursauver <strong>les</strong> banques en faillite et essayer de renverser<strong>les</strong> effets de la crise financière.Dans la pratique, cependant, <strong>les</strong> moins privilégiés,autant des pays riches que des pays pauvres, sont ceuxqui non seulement subissent <strong>les</strong> impacts directs de lacrise en perdant leurs emplois, leurs épargnes et leurslogements, mais aussi ceux qui sont obligés de payerle sauvetage et <strong>les</strong> plans de relance par des augmentationsd’impôts et des ré<strong>du</strong>ctions de salaires et desavantages sociaux.Dans un tel contexte, lancer un appel pour mettreen œuvre une approche « comme d’habitude », n’estpas la solution. Une aide monétaire plus importante etde meilleures conditions commercia<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> paysen développement constituent un impératif moral,aujourd’hui plus que jamais. Mais pour faire face auxterrib<strong>les</strong> impacts sociaux et environnementaux pro<strong>du</strong>itspar <strong>les</strong> crises multip<strong>les</strong>, il faut agir au-delà <strong>du</strong> conceptdes « affaires de toujours », et commencer à travaillerpour obtenir un programme intégré de justice.• Justice climatique (reconnaître la « dette climatique», investir en technologies propres et dansla promotion d’économies vertes générant desemplois décents).• Justice financière et fiscale (le secteur financierdoit payer la crise qu’il a provoquée à traversun impôt sur <strong>les</strong> transactions financières [FTT,en anglais] ou par un mécanisme similaire ; ilfaut règlementer la spéculation et <strong>les</strong> paradisfiscaux et interrompre ou inverser la « courseà la baisse » des politiques fisca<strong>les</strong> ; il faut permettreaux pays en développement d’imposerdes contrô<strong>les</strong> pour défendre <strong>les</strong> flux de capital etl’espace politique).• Justice sociale et de genre (atteindre <strong>les</strong> OMD,promouvoir l’égalité des sexes, <strong>les</strong> servicessociaux de base universels et la « dignité pourtous »).• Justice pure et simple (juges et tribunaux) qui exigele respect des droits sociaux fondamentaux.En ce temps de crise sans précédent, il faut des leadersn’ayant pas peur d’être audacieux et innovateurs.La philosophie qui veut que celui qui pollue doitpayer le nettoyage de la saleté provoquée par son comportamenteirresponsable n’est pas fondée seulementsur une question de justice et de bon sens : c’est aussiune demande politique que <strong>les</strong> dirigeants ne peuventignorer. De même, <strong>les</strong> citoyens <strong>du</strong> monde entier secondentl’idée que <strong>les</strong> coûts de la crise financière devraientêtre assumés par <strong>les</strong> acteurs financiers qui étaientsoi-disant « trop grands pour échouer », mais qui onttout de même échoué. C’est injuste et politiquementinenvisageable de prétendre que <strong>les</strong> citoyens assumenttout seuls le poids de cet échec, sous forme d’impôtsplus élevés et de salaires plus bas, et la détérioration dela sécurité sociale, de l’enseignement et des servicesde santé.Au cours des 20 dernières années, un petit nombrede personnes (seulement 10 millions) représentantmoins de la moitié de 1 % de l’humanité, ont prélevéchacun au moins USD 1 million de leurs gouvernementsrespectifs, et l’ont placé dans l’économie souterrainenon sujette au contrôle fiscal. Cette quantitéde plus de USD 10 billions d’argent non déclaré et libred’impôts n’est pas un trésor enterré bien à l’abri dansune crique : elle circule au contraire de façon active àtravers des réseaux électroniques, spéculant contre<strong>les</strong> monnaies nationa<strong>les</strong>, créant une instabilité dans lecommerce mondial légitime et faisant gonfler des “bul<strong>les</strong>”financières qui engendrent à leur tour, par exemple,des distorsions des prix des pro<strong>du</strong>its agrico<strong>les</strong> qui mènentà la crise alimentaire.Récupérer le contrôle sur ces forces financièressauvages qui ont un pouvoir de destruction énormepour toutes <strong>les</strong> économies, c’est là un sujet de collaborationinternationale. L’ONU est l’organe légitimepour négocier et prendre des décisions en matière decollaboration fiscale ; l’établissement d’un impôt sur<strong>les</strong> transactions financières et la mise en réserve d’unepartie substantielle des ressources qu’il génère pour ledéveloppement ; réprimer efficacement <strong>les</strong> flux financiersillicites, y compris ceux qui dérivent de l’évasionfiscale à travers des « prix de transfert » et, dernièrechose, mais pas la moindre, l’établissement de mécanismesjustes de renégociation de la dette en ce quiconcerne <strong>les</strong> dettes publiques et un renforcement de lalégitimité des délais de paiements et <strong>du</strong> moratoire pour<strong>les</strong> pays en développement accablés par une crise qu’ilsn’ont pas créée.Il y a dix ans la Déclaration <strong>du</strong> millénaire avait promis« un monde plus pacifique, plus prospère et plusjuste ». <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> s’est engagé à aider <strong>les</strong> citoyens<strong>du</strong> monde entier à exiger que leurs gouvernementsrendent des comptes de cette promesse et nous espéronsque <strong>les</strong> dirigeants <strong>du</strong> monde élaboreront le pland’action pour que cela se pro<strong>du</strong>ise. n10<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Rapports thématiques<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>11 tema


La crise économique : l’heure est à l’exécution d’unnouvel accord socialL’idée que la crise financière mondiale n’est qu’un symptôme d’un trouble systémique – une crise de l’« économie réelle » – estchaque fois plus forte. Cependant <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> ne veulent pas le voir. Il est impossible de réformer ou de réparer le systèmecapitaliste avec des mesures insuffisantes pour la sécurité sociale qui ne révisent pas le noyau de sa logique sociétale. Seule latransformation totale de la société, centrée sur une nouvelle logique, peut mener à un monde où la priorité serait de satisfaire <strong>les</strong>besoins des êtres humains et non pas <strong>les</strong> profits des entreprises.Edward Oyugi<strong>Social</strong> Development Network, Nairobi, KenyaLe dynamisme et la richesse mondiale que le systèmecapitaliste a pro<strong>du</strong>it pendant <strong>les</strong> deux sièc<strong>les</strong>précédents ont été obtenus à un coût élevé. La surprenanteflexibilité <strong>du</strong> système lui a permis de releverde nombreux en<strong>jeu</strong>x internes et externes, mais ceciau détriment des parties prenantes humaines et,toujours plus, de l’environnement.Alors que la prospérité historique <strong>du</strong> capitalismes’affaiblit, ses victimes et ses bénéficiairesdoivent faire face à la difficile perspective de traiter<strong>les</strong> questions de la dégradation de la pro<strong>du</strong>ctivité,<strong>du</strong> manque d’équité, de la pauvreté généralisée etde l’aggravation de l’inefficacité distributive. Lespersonnes qui reconnaissent que la crise financièremondiale de nos jours n’est qu’un symptôme d’unproblème plus systémique sont de plus en plus nombreuses.L’« économie réelle » est en crise ; une crise<strong>du</strong> capitalisme qui a dépassé l’étape des troub<strong>les</strong>passagers et se trouve en phase terminale 1 .Dans le passé, le capitalisme a survécu grâce àla l’utilisation réitérée <strong>du</strong> mécanisme de l’auto-assainissementde la dette et <strong>du</strong> déficit social démocratiqueendémique en faisant passer le coût des ajustementsnécessaires sur <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> et <strong>les</strong> pauvres. Lescrises terminaient par une dévaluation massive oula destruction <strong>du</strong> capital, ainsi que par le chômage àgrande échelle et la chute des salaires. Les bénéficesétaient ensuite restaurés avec de nouvel<strong>les</strong> et de plusgrandes perspectives d’augmentation des taux decroissance.En augmentant le chômage le capitalisme détruitle tissu social, provoque la destruction de quartiersentiers, la tension sociale et la violence. Le résultaten est l’augmentation de la disparité, le chômage généraliséet des conditions de pauvreté inacceptab<strong>les</strong>pour une grande part de l’humanité. Cette fois-ci <strong>les</strong>caractéristiques génériques sont presque <strong>les</strong> mêmes,mais <strong>les</strong> dommages semblent résister à toutesmesures correctives. On peut constater que :• Les besoins sociaux et humanitaires continuentd’augmenter au fur et à mesure que <strong>les</strong> ressour-1 Pour davantage d’information sur ce sujet, voir F. WilliamEngdahl, Financial Tsunami: The End of the World as WeKnew It, Global Research, 30 septembre 2008.•••ces nécessaires pour <strong>les</strong> pallier diminuent de façonconstante ou simplement, dans beaucoupde cas, s’évaporent. La situation de la Grèce en2010 en est un exemple.La cohésion sociale est soumise à un stress quine s’était pas vu depuis des dizaines d’années.Ceci est surtout dû au fait que <strong>les</strong> groupes <strong>les</strong>plus défavorisés concourent pour des servicesde plus en plus rares, alors qu’il y a de plus enplus de « nouvel<strong>les</strong> » famil<strong>les</strong> qui deviennentvulnérab<strong>les</strong> et qui ont donc besoin d’un soutienexterne provenant de sources non traditionnel<strong>les</strong>.Les succès obtenus dans différentes régionspendant la dernière décennie risquent de disparaîtrecomplètement, non seulement pour <strong>les</strong>économies <strong>les</strong> moins avancées mais aussi pour<strong>les</strong> plus développées.Si la croissance se nourrit <strong>du</strong> chômage, il s’agitalors d’une croissance artificielle.Le cadre systémique de la criseLes politiques néolibéra<strong>les</strong> appliquées par <strong>les</strong> intérêtscorporatifs des différents secteurs sont directementresponsab<strong>les</strong> de cette crise. Cependant il n’est pastout à fait vrai que le néolibéralisme signifie la dérégulationdes marchés ; il s’agit plutôt de la régulationnon déclarée des marchés en faveur des intérêts destenants <strong>du</strong> capital. Ceci est mis en évidence par <strong>les</strong>ystème des brevets. La « propriété intellectuelle »n’était pas régulée et ceci depuis la nuit des temps ;<strong>les</strong> hommes et <strong>les</strong> femmes qui ont inventé la roue et<strong>les</strong> techniques agrico<strong>les</strong> n’ont pas obtenu de profitsgrâce à leurs inventions et cependant toutes <strong>les</strong> générationspostérieures en ont profité. Ce n’est quesous le capitalisme que <strong>les</strong> corporations se pressentde breveter non seulement leurs inventions et découvertesmais aussi cel<strong>les</strong> des autres. Ainsi, parexemple, <strong>les</strong> compagnies pharmaceutiques obtiennentdes profits scandaleux lorsqu’el<strong>les</strong> vendent desmédicaments qui sauvent des vies à des prix quicondamnent à mort la plupart des patients qui en ontbesoin. C’est pourquoi lorsque l’on parle de régulationou <strong>du</strong> manque de régulation, il est importantde se rendre compte que chacune des modalitéspourrait favoriser <strong>les</strong> intérêts hégémoniques dansle cadre d’une économie politique spécifique. Si l’onanalyse en profondeur ce qui semble être une légèrerégulation, on pourra voir qu’il s’agit en réalité d’unerégulation subtile qui favorise <strong>les</strong> intérêts <strong>du</strong> secteurdirigeant de la société.En général le néolibéralisme s’est assuré defaire supprimer <strong>les</strong> régulations qui protègent spécialement<strong>les</strong> plus défavorisés économiquement etla population en général. C’est pourquoi de 1980 ànos jours, une dérégulation effrénée s’est effectuéedans la plupart des économies capitalistes et s’estpropagée rapidement dans tous <strong>les</strong> régimes qui setrouvent sous l’influence <strong>du</strong> FMI et de la Banquemondiale. En 1999 la loi Glass-Steagall a été révoquée,ouvrant alors la voie pour que le néolibéralismepuisse étendre ses racines sur l’économie mondialegrâce au consensus de Washington. Cette loi avaitété approuvée en 1993 lors de l’effondrement <strong>du</strong> systèmebancaire afin de séparer <strong>les</strong> banques commercia<strong>les</strong>(réception des dépôts et allocation des prêts)des affaires beaucoup plus risquées des banquesd’investissements (garanties et ventes d’obligationset d’actions) et a aidé à stopper la ruée bancaire.Après la dérégulation, l’énergique « révolution de lasécurisation » qui a suivi, a permis de consolider <strong>les</strong>guerriers par excellence de l’économie capitalistemondiale : <strong>les</strong> arnaqueurs de Wall Street.Le système se fonde sur l’interaction non planifiéede milliers de corporations multinationa<strong>les</strong> etdes principaux gouvernements <strong>du</strong> nord. Il ressembleà un système de circulation sans démarcationdes voies, signalisations, feux, limite de vitesse, nimême d’un code clair qui établisse que tout le mondedoit con<strong>du</strong>ire <strong>du</strong> même côté de la rue. En conséquence,il sera sûrement très difficile d’éviter quel’effondrement <strong>du</strong> secteur financier se généraliseet devienne une affaire sérieuse dans <strong>les</strong> prochainsmois ou <strong>les</strong> prochaines années. Plus vite on reconnaîtraque seule une minorité tire profit <strong>du</strong> capitalisme,plus vite on trouvera une solution démocratiquepour la plupart des gens. Si <strong>les</strong> causes de cesmisères sans fin sont systémiques, leurs solutionsdoivent l’être aussi.Les transmetteurs de l’impactLes processus d’intégration économique internationalelaissent <strong>les</strong> états périphériques – et <strong>les</strong> étatspauvres en particulier – de plus en plus dépourvusd’autorité pour régler <strong>les</strong> conditions qui définissent<strong>les</strong> relations entre le capital et le travail, <strong>les</strong> mécanismesopérationnels et <strong>les</strong> conditions d’accès auxmarchés internes et l’enveloppe budgétaire pour ledéveloppement social équitable. Étant donné que<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>13La crise économique : l’heure est à l’exécution d’un nouvel accord social


<strong>les</strong> états constituent encore le cadre légitime pour<strong>les</strong> systèmes formels de participation politique, ilrisque de se pro<strong>du</strong>ire un vide de légitimité au fur et àmesure que ces processus étendront leur influencesur toutes sortes de domaines illégitimes.Pour beaucoup de pays et de sociétés <strong>du</strong> sud,l’intégration accélérée à l’économie mondiale a étéaccompagnée d’une disparité et d’une marginalisationde plus en plus grandes. Les cadres et <strong>les</strong>instruments institutionnels des politiques socia<strong>les</strong>,aussi bien nationa<strong>les</strong> que loca<strong>les</strong>, se sont affaiblis etsont devenus inefficaces pour faire face aux effets dela mondialisation néolibérale. Les entités supranationa<strong>les</strong>tel<strong>les</strong> que le FMI, la Banque mondiale et l’Organisationmondiale <strong>du</strong> commerce (OMC) façonnentnon seulement la distribution, la régulation et <strong>les</strong>prestations socia<strong>les</strong> dans le monde entier, mais aussi<strong>les</strong> exemptions des politiques socia<strong>les</strong> nationa<strong>les</strong> etloca<strong>les</strong>, entraînant la perte de pouvoir pour de grandssecteurs de la société 2 .Malheureusement, <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> sud qui ont lafermeté nécessaire pour recommencer et récupérerl’espace politique leur permettant de protéger<strong>les</strong> secteurs vulnérab<strong>les</strong> de leurs sociétés ou pourcouper <strong>les</strong> voies de transmission qui ont con<strong>du</strong>it <strong>les</strong>effets de la crise au sein des foyers et des lieux detravail des laissés-pour-compte, sont peu nombreux.Du point de vue macroéconomique, <strong>les</strong> pays en développementont été touchés par la crise surtout àcause des mécanismes de transmission suivants :• La dérégulation des marchés financiers.• Le déséquilibre <strong>du</strong> commerce international quipenche <strong>du</strong> côté des puissantes économies <strong>du</strong>nord.• La dérégulation des flux de capitaux vers desrepaires plus attrayants pour l’accumulation<strong>du</strong> capital.• La mauvaise budgétisation gouvernementale.• L’aide contre-pro<strong>du</strong>ctive.• La corruption.Les mécanismes de protection sociale qui pourraientéviter la mauvaise influence de tout ce qui précèdeappartiennent à différentes catégories avec leursinstruments d’intervention respectifs. En premierlieu, en ce qui concerne la protection, des mesurestel<strong>les</strong> que l’assistance sociale (par le biais des transfertspublics et privés), <strong>les</strong> prestations pour handicapés,<strong>les</strong> pensions et <strong>les</strong> services sociaux, pourraientapporter un répit immédiat pour <strong>les</strong> personnes <strong>les</strong>plus vulnérab<strong>les</strong> de toutes <strong>les</strong> sociétés. Par exemple,la Banque mondiale estime qu’au Kenya <strong>les</strong> trans-2 Bob Deacon avec Michelle Hulse y Paul Stubbs, Global <strong>Social</strong>Policy: International Organizations and the Future of Welfare,Londres : Sage, 1997.ferts d’argent des kényans de l’étranger ont ré<strong>du</strong>it lenombre de personnes qui vivaient dans la pauvretéabsolue de 8,5 % 3 , mais le pays a vécu une brusquechute de plus de 10 % des transferts internationauxpendant le deuxième semestre de 2008.En deuxième lieu, en ce qui concerne la prévention,mettre en œuvre des mécanismes tels que<strong>les</strong> sécurités socia<strong>les</strong>, <strong>les</strong> transferts sociaux et <strong>les</strong>sociétés d’épargne pourrait contribuer à prévenir <strong>les</strong>dommages subis par <strong>les</strong> mécanismes traditionnelsde prise en charge. En troisième lieu, au niveau de lapromotion il existe une grande variété de possibilitéséconomiques qui pourraient être mises à dispositionde la population grâce à des instruments tels quel’accès simple et <strong>du</strong>rable au crédit, l’exonération del’inscription scolaire, <strong>les</strong> programmes d’alimentationscolaires, <strong>les</strong> programmes de travaux publics et <strong>les</strong>plans de soutien pour l’initiation agricole. Il est évidentque de tel<strong>les</strong> initiatives favoriseraient la flexibilitépar le biais de l’augmentation de la diversification desmoyens de vie et de la sécurité sociale en général.En dernier lieu, en ce qui concerne la transformationsociale, <strong>les</strong> différentes catégories de vulnérabilitésous-jacente pourraient être traitées pardes mécanismes de sécurité sociale 4 , allant de lapromotion des droits des minorités à l’établissementde fonds sociaux adéquats pour l’élaboration depolitiques antidiscriminatoires. De tel<strong>les</strong> initiativesrendraient à leur tour plus facile la transformationsociale nécessaire, ce qui con<strong>du</strong>irait à une notable ré<strong>du</strong>ctionde l’exclusion sociale qui constitue la causede conflits intermittents.Les en<strong>jeu</strong>x de la protection socialeLa crise actuelle a touché beaucoup de secteurs de lasociété, bien que de différentes façons et selon la situationgéographique, la situation socio-économiqueet la source primaire des moyens de vie. Les pays quiont des mouvements sociaux solides et une bonnetradition de réponse aux réclamations socia<strong>les</strong> enfaveur des plus vulnérab<strong>les</strong> (tels que l’Indonésie, <strong>les</strong>Philippines et certains pays d’Amérique latine) sesont servis des dynamiques de la réforme en courspour construire avec un succès extraordinaire.En Indonésie par exemple, le Gouvernement avu l’utilité d’établir une Unité de contrôle et de réponseà la crise comme un premier pas vers une3 Kenya – Rapport préliminaire <strong>du</strong> pays, Banque mondiale, 2008.4 Pour plus d’information à ce sujet, voir : Andy Norton,Team Conway y Mick Foster, <strong>Social</strong> Protection Conceptsand Approaches: Implications for Policy and Practice inInternational Development.Document de travail 143, Institut pour le développementd’outre-mer (ODI, en anglais), Londres, 2001; StephenDevereux, <strong>Social</strong> Protection and the Global Crisis, Brighton:IDS, 2009); Char<strong>les</strong> Knox, Response to ‘<strong>Social</strong> Protectionand Global Crisis’ le 14mai 2009. Disponible sur : .approche coordonnée pour traiter <strong>les</strong> effets de lacrise financière. De plus, il s’est engagé à réviser lebudget de façon drastique, afin de pouvoir y inclure<strong>les</strong> éléments supplémentaires d’une stratégie de stimulationfiscale dont <strong>les</strong> trois objectifs principauxseraient : augmenter ou maintenir le pouvoir d’achatde la population, stimuler le commerce et promouvoir<strong>les</strong> activités entrepreneuria<strong>les</strong> et accélérer lacréation de postes de travail et favoriser l’essor despetites entreprises. Grâce aux conditions initia<strong>les</strong> favorab<strong>les</strong>et aux réponses politiques rapides, jusqu’àprésent l’économie de l’Indonésie a surmonté latempête avec des taux de croissance qui continuentd’être relativement élevés et des tendances qui sonttoujours positives par rapport à la ré<strong>du</strong>ction de lapauvreté. En Afrique, par contre, dans la plupart despays <strong>les</strong> mouvements sociaux sont faib<strong>les</strong> et il existepeu de mesures concrètes pour pallier la situationdésespérée des pauvres.Il n’y a pas de doutes que l’un des problèmes<strong>les</strong> plus graves causés par la crise économique estle chômage prolongé qui semble s’être installé. Engénéral, le rythme de la récupération économiqueva loin derrière la croissance <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieurbrut (PIB). Cependant, il existe une interventionprometteuse qui combine la création de postes detravail et l’amélioration des options des moyens devie. Si elle est conçue en tenant compte des besoinsdes personnes <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>, une politique deprotection sociale de ce genre peut favoriser aussibien le développement que l’égalité des sexes. Pourcela il sera nécessaire d’établir un cadre politique desécurité sociale et des instruments qui encouragentle développement social équitable afin qu’il existeune possibilité d’atteindre <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénairepour le développement (OMD).La protection sociale peut jouer un rôle intégraldans l’atténuation de l’impact affaiblissant de lapauvreté, surtout lors de crises tel<strong>les</strong> que l’actuelle.Dans ce sens, elle représente une importante politiquecontre-cyclique. Cependant <strong>les</strong> réponses de laprotection sociale à la crise capitaliste néolibéraleprésente ont été plutôt imperceptib<strong>les</strong> en plus dechaotiques. Certains pays ont choisi une grande sériede mesures de protection sociale et certains ont misen œuvre leur intention de tenir <strong>les</strong> engagements prisavant la crise. Parmi <strong>les</strong> pays en développement, leKenya et l’Ouganda se trouvent dans cette catégorie.D’autres, tels que le Ghana, ont fait des efforts encoreplus grands pour dépasser le niveau de couvertured’avant la crise, courant même le risque d’augmenterle déficit fiscal déjà presque insoutenable. Cependantun grand nombre de pays ont reporté leurs mesuresde protection sociale et ont choisi, par contre, derelever <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x de la stabilisation macroéconomique.Par exemple le Nigéria a préféré mettre en œuvreun régime de relance fiscale et en même temps réglerle déficit qui est de plus en plus grand. Cela ne seraRapports thématiques 14 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


possible que grâce à une soigneuse ré<strong>du</strong>ction desdépenses dans le secteur social, ce qui, dans le cascontraire, pourrait donner lieu à des commotionsmicroéconomiques.Outre <strong>les</strong> pressions économiques, certains payssubissent aussi des coups <strong>du</strong>rs contre le développementhumain et la stabilité socioéconomique,en raison de la restriction des politiques internesnécessaires pour prendre des mesures décisives.Bien que <strong>les</strong> économies avancées et <strong>les</strong> émergentesdisposent d’une certaine marge de manoeuvre, denombreuses économies en développement font faceau double obstacle des déficits gouvernementauxet des comptes courants, en conséquence de quoileur environnement politique et fiscal s’est ré<strong>du</strong>it. Àun moment où des politiques contre cycliques devraientêtre mises en <strong>jeu</strong>, avec des objectif précis eten étendant <strong>les</strong> dépenses gouvernementa<strong>les</strong> dans <strong>les</strong>ecteur social, ces pays se voient forcés de prendrele chemin opposé.Tous <strong>les</strong> pays devraient être capab<strong>les</strong> d’intro<strong>du</strong>iredes politiques contre cycliques avec l’aide internationale,afin de renverser <strong>les</strong> tendances de la demandeinsuffisante et de l’augmentation <strong>du</strong> chômage. Pourcela, il est impératif qu’il existe des facilités spécia<strong>les</strong>pour des prêts dans des conditions favorab<strong>les</strong>. Desdocuments récents <strong>du</strong> FMI et de la Banque mondia<strong>les</strong>emblent reconnaître et valoriser <strong>les</strong> leçons des crisesprécédentes et des politiques d’ajustement structurelqui <strong>les</strong> ont suivies ; cependant, on écoute encoredes voix qui disent qu’il faut maintenir des politiquesmacroéconomiques « prudentes ». C’est pourquoi lapremière question que l’on se pose est de savoir si <strong>les</strong>pays en développement sont en mesure de « faire face» à la dotation budgétaire nécessaire pour promouvoirla sécurité sociale aussi bien pour <strong>les</strong> hommes quepour <strong>les</strong> femmes.Un nouvel accord social est nécessaireIl y a un besoin impérieux d’allouer, de rationaliser etde dépenser <strong>les</strong> ressources nécessaires à une protectionsociale de façon plus efficace. Actuellement<strong>les</strong> tentatives pertinentes sont toujours fragmentéeset mal orientées en ce qui concerne la programmation,<strong>les</strong> objectifs stratégiques et <strong>les</strong> façons de <strong>les</strong>exécuter. Il sera nécessaire de réaliser des dépensesbudgétaires à grande échelle et à long terme, en plusd’obtenir le soutien des donateurs, pour que <strong>les</strong> projetsde protection sociale parviennent à ceux qui sesont appauvris en raison de la crise. Les en<strong>jeu</strong>x systémiquessont divers, et sont en rapport avec le besoind’intégration de la sécurité sociale aux exigences dela réforme démocratique et sociale. Un réajustementgénéral des systèmes économiques est nécessaire.Il faut tenir compte des points suivants :• La stabilisation de l’emploi.• L’équilibre entre <strong>les</strong> secteurs privé et public.• L’extension de la couverture des systèmes desécurité sociale de base tant dans le secteurprivé que dans le secteur public.• De nouveaux rapports de travail visant à réincorporerun équilibre de pouvoirs adéquat entrele capital le travail.• L’équité à l’accès et à la distribution des ressourcespour le développement social.La protection sociale ne peut rester isolée et déconnectéede la lutte de la société pour le renouvellementdémocratique. Les exigences pour y parvenir doiventêtre tissées avec l’installation démocratique de l’économiepolitique des nations ainsi qu’avec leur potentieldémocratique. Ce genre d’économie politiquerequiert un Nouvel accord fermement basé sur unnouveau contrat social-démocrate allant au-delà <strong>du</strong>rêve de Franklin D. Roosevelt, qui était de sauver lecapitalisme de la dépression de 1929. Il est clair queRoosevelt n’a pas été élu grâce à son programme <strong>du</strong>« New Deal » et que lorsqu’il a assumé la présidencedes États-Unis il n’avait pas l’intention de mettre enœuvre <strong>les</strong> politiques en rapport avec ce nouvel accord.Il s’est vu forcé de le faire sous la pression et lamenace d’émeutes massives qui faisaient écho auxsignaux révélateurs d’une crise prédite à de nombreusesreprises par <strong>les</strong> détracteurs <strong>du</strong> système. Ils’agissait évidemment d’un choix entre accorder desréformes et des concessions depuis le sommet oucourir le risque d’une explosion sociale potentiellementincontrôlable venant de la base.Même si le « New Deal » de Roosevelt a réussià apaiser un peu <strong>les</strong> esprits grâce à la créationd’emplois pour la réalisation d’énormes projets detravaux publics, il a été tout à fait insuffisant pourassurer la survie à long terme d’un système dont lalogique motrice commençait à manquer de motivationsdémocratiques. C’est la II ème Guerre mondiale 5qui a réellement réussi à sortir <strong>les</strong> États-Unis de laGrande dépression. C’est à dire que c´est la pro<strong>du</strong>ctiongénérée par une guerre qui a tué des millions depersonnes et a représenté des milliards de dollars debénéfices pour <strong>les</strong> entreprises qui a « sauvé » le capitalismedes États-Unis et l’a transformé en pionnierde l’économie <strong>du</strong> marché mondial.Le rôle de la sécurité socialeDans un futur probable, la protection sociale seratoujours une série de mesures palliatives fragmentées,sans coordination, mal orientées et toujoursréactives, déjà insuffisantes pour relever <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>xà long terme <strong>du</strong> capitalisme néolibéral. La situationexige de repenser profondément <strong>les</strong> principes, ainsique <strong>les</strong> politiques sous-jacentes de notre contrat so-5 Chalmers Johnson, Going Bankrupt: The US’s GreatestThreat Asia Times Online, 24 janvier 2008. Disponible sur :.cial hérité et <strong>du</strong> paradigme politique et économiquequi inspire sa conception et son architecture. Il estnécessaire de recommencer à zéro et de repenser<strong>les</strong> fonctions adéquates de tous <strong>les</strong> secteurs quicomposent l’économie : l’état, la société civile, lacitoyenneté et l’environnement.L’accord complexe – et en grande mesure tacite– entre un état démocratique, un marché social etune société non hégémonique, doit fournir la sécuritésociale suffisante pour autonomiser <strong>les</strong> citoyenset citoyennes de façon à ce qu’ils puissent évoluerdans une économie politique dynamique utile pourtous ceux qui composent une société. Cependantil existe une situation qui empire et qui a défié <strong>les</strong>explications traditionnel<strong>les</strong> des apologistes <strong>du</strong> capitalismenéolibéral. Les programmes de pensions et<strong>les</strong> opportunités d’emploi fiab<strong>les</strong> disparaissent dansla jungle de l’économie de marché déréglée, et parallélement<strong>les</strong> conditions sanitaires de la plupart descitoyens se détériorent sans aucun signe que la récupérationatten<strong>du</strong>e avec tant d’impatience apportedes changements positifs. Le salaire réel stagne toujours,l’inégalité des revenus et de la richesse atteintdes niveaux jamais vus auparavant et de plus en plusde famil<strong>les</strong> passent en dessous <strong>du</strong> seuil de la classemoyenne. La situation exige un accord totalementneuf, réalisé avec l’objectif de renouveler l’économiemoribonde <strong>du</strong> marché néolibéral.Cette nouvelle économie sociale de marchédevra réajuster l’équilibre de pouvoir entre le capitalet le travail, l’état et la société, le milieu rural eturbain, le nord et le sud, le centre et la périphérie. Ilfaudra élaborer un contrat social qui encouragera lacroissance à long terme et la prospérité partagée partous en plus de fournir un soutien aux indivi<strong>du</strong>s etaux famil<strong>les</strong>, non pas en tant qu’employés mais entant que citoyens. Il faudra également réaliser despropositions politiques concrètes concernant <strong>les</strong>soins de santé accessib<strong>les</strong> à tous, la propriété desactifs d’accès général, la sécurité des pensions etl’é<strong>du</strong>cation permanente.Les besoins humains d’abordUn jour <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> <strong>du</strong> monde se rendront compteque tant d’instabilité économique et de misère pourla plupart des membres de nos sociétés sont <strong>du</strong>esau capitalisme en soi, et non pas à tel ou tel indivi<strong>du</strong>ou à un parti malhonnête ou corrompu. Cependant,beaucoup continuent de s’accrocher, sans trop deréalisme, aux illusions de l’efficacité des différentsplans de relance essayant de sauver le capitalisme desa propre logique autodestructrice. Dans un certainsens il ne pourrait pas en être autrement en raison<strong>du</strong> déséquilibre des forces socia<strong>les</strong> qui luttent pourla redéfinition démocratique de l’avenir de l’humanité.Malgré l’augmentation de la pression des forcespopulaires pour le changement, el<strong>les</strong> ne sont pasencore suffisamment fortes pour y parvenir.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>15La crise économique : l’heure est à l’exécution d’un nouvel accord social


Bien que l’on ne puisse pas continuer à agir defaçon imprudente contre <strong>les</strong> réformes, même contrecel<strong>les</strong> qui contiennent un minimum de mesures socia<strong>les</strong>-démocrateset qui offrent surtout des mesurespalliatives, il faut maintenir une position ferme contrele réformisme, particulièrement contre celui qui affirmeque le système capitaliste peut, dans un certainsens, se transformer en un système plus aimable,paisible et sensible face à la situation grave et croissantede ses victimes. De par sa propre nature, <strong>les</strong>ystème se fonde sur l’exploitation de beaucoup parquelques-uns, sur la propriété et le contrôle de lagrande majorité des richesses de la société par unminuscule secteur de la population. Il est impossiblede réformer ou de réparer le système capitaliste avecdes mesures de sécurité sociale éphémères qui laissentintact le noyau de sa logique sociétale. Seule latransformation totale de la société, centrée sur unenouvelle logique, peut mener à un monde où la prioritéserait de satisfaire <strong>les</strong> besoins des êtres humainset non pas <strong>les</strong> profits des entreprises. nRapports thématiques 16 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Le genre en temps de crise : un nouveau paradigme dedéveloppement est nécessaireMalgré certains progrès, la mise en œuvre des engagements pour l’égalité des sexes est encore loin. Les progrès inégaux vers<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD), qui ont tous des dimensions de genre, ainsi que la pauvreté et <strong>les</strong>inégalités croissantes, ne sont pas dûs seulement aux impacts et aux crises externes, mais à des déséquilibres structurels sousjacents.Les autorités pertinentes doivent repenser la macroéconomie et reconnaître que le développement économique dépendd’une ample économie des soins (care economy) dans laquelle la main d’œuvre est majoritairement féminine. Il est tempsd’appliquer un nouveau paradigme de développement offrant <strong>les</strong> mêmes droits et <strong>les</strong> mêmes chances à tous et à toutes. ONUFemmes, la nouvelle agence de l’ONU pour l’égalité des sexes, sera-t-elle capable de catalyser ce changement ?Groupe de genre de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 1En 1979, beaucoup de gouvernements <strong>du</strong> monde ontassumé des engagements juridiques pour <strong>les</strong> droits desfemmes en signant la Convention sur l’élimination de toutes<strong>les</strong> formes de discrimination à l’égard des femmes(CEDAW, en anglais). Seize ans plus tard, en 1995, la IV eConférence mondiale sur <strong>les</strong> femmes a adopté un pland’action global pour parvenir à l’égalité des sexes : la Plateformepour l’action de Beijing. En septembre 2010, <strong>les</strong> leaders<strong>du</strong> monde se sont réunis à New York lors <strong>du</strong> Sommetsur <strong>les</strong> OMD pour mesurer <strong>les</strong> progrès vers ces objectifs,qui comprennent la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et l’inégalité,et pour discuter des moyens d’accélérer ces progrès faceaux crises répétitives qui affectent le climat, <strong>les</strong> aliments,l’énergie, <strong>les</strong> finances et l’économie.Malgré certains progrès, <strong>les</strong> engagements pris à Beijinget par la CEDAW sont loin d’être pleinement en vigueur,et l’égalité des sexes n’est pas toujours une composantedes programmes de développement économique et social<strong>du</strong>rable. De toutes <strong>les</strong> perspectives, y compris cellede l’Index d’Equité de genre (IEG) de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, desprogrès urgents sont nécessaires dans ce domaine car <strong>les</strong>gouvernements souscrivent rapidement aux instrumentsinternationaux mais sont lents dans leur mise en œuvre.L’augmentation de la pauvreté et <strong>les</strong> progrès irréguliersdans la réalisation des OMD, qui ont tous des dimensionsde genre, ne sont pas seulement dûs aux impacts etaux crises externes, mais aussi aux déséquilibres structurelssous-jacents. En temps de crise, ce sont <strong>les</strong> femmesqui portent le poids de la diminution des fonds pour ledéveloppement, car el<strong>les</strong> doivent trouver <strong>les</strong> moyens denourrir et de soigner leurs enfants et autres personnes àcharge lorsque <strong>les</strong> revenus <strong>du</strong> foyer diminuent, et el<strong>les</strong>doivent réaliser davantage de travaux non rémunérés lorsque<strong>les</strong> aides socia<strong>les</strong> disparaissent. Les pauvres (et <strong>les</strong>femmes sont <strong>les</strong> plus pauvres parmi <strong>les</strong> pauvres) n’ont pasde réserve pour affronter la crise. Cependant, ces mêmespays qui ne trouvent pas d’argent pour le développementont mobilisé des milliards de dollars pour sauver des banqueset des entreprises.1 Cet article est le résultat <strong>du</strong> travail <strong>du</strong> <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> GenderWorking Group, basé sur l’information fournie par <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> 06, artic<strong>les</strong> occasionnels, l’heure de l’économie degenre (mars 2010). Il a été rédigé par Enrique Buchichio etAmir Hamed, <strong>du</strong> Secrétariat de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.À la recherche d’un nouveau paradigme dedéveloppementDes crises tel<strong>les</strong> que cel<strong>les</strong> qui ont affecté <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>itsalimentaires, <strong>les</strong> carburants et <strong>les</strong> finances ne sont pasneutres à l’égard <strong>du</strong> genre. Leurs impacts exacerbent <strong>les</strong>inégalités existantes et mettent en évidence <strong>les</strong> effets négatifssur <strong>les</strong> femmes et sur <strong>les</strong> économies qui en dépendent.Cependant, rares sont <strong>les</strong> mesures prises par <strong>les</strong> pays enréponse à la crise qui ont donné la priorité à l’emploi etaux moyens de subsistance des femmes. À moins qu’onne prenne des mesures spécifiques, <strong>les</strong> femmes pauvresresteront en dehors <strong>du</strong> système et devront accepter desemplois précaires à faible pro<strong>du</strong>ctivité, avec de maigresrevenus et sans protection sociale. Parmi el<strong>les</strong> beaucoupdeviendront plus vulnérab<strong>les</strong> à la traite des personnes etaccepteront des travaux dangereux, voire illégaux.Il est essentiel d’établir des mesures pour protéger <strong>les</strong>femmes contre <strong>les</strong> pires effets des crises. Cependant, il y aaussi un grand besoin de politiques de développement socialqui assument le genre comme une étape décisive versune plus grande égalité et vers le bien-être des personnes.Comme on le voit dans <strong>les</strong> crises précédentes en Asie et enAmérique Latine, <strong>les</strong> indicateurs sociaux mettent le doublede temps pour sortir de la crise et ils doivent être suivis deprès, de même que la croissance économique qui n’estplus une mesure valable <strong>du</strong> bien-être humain et social.Nous avons besoin d’un changement de paradigme quidoit se refléter dans la pratique. Il ne s’agit pas de prendrecomme but la croissance et de formuler quelques politiquespour <strong>les</strong> femmes ou pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> pauvres, maisde concevoir et de mettre en œuvre un nouveau paradigmede développement avec <strong>les</strong> mêmes droits et <strong>les</strong> mêmeschances pour tous et pour toutes.Malgré <strong>les</strong> progrès dans <strong>les</strong> cadres politiques etjuridiques pour l’égalité de sexes, <strong>les</strong> mouvements desfemmes dans le monde entier ont été frustrés parce que<strong>les</strong> États n’ont pas mis en œuvre ces décisions et n’ont pasrespecté leurs engagements. Comme l’a signalé NorahMatovu Wing, directrice exécutive <strong>du</strong> Réseau de développementet de communication des femmes africaines(FEMNET) : « Le changement qui a eu lieu dans le statutpolitique, social et économique et pour la situation desfemmes africaines est indéniable. Toutefois, nous sommespréoccupées par le fait que jusqu’à présent seule une minoritéprofite de ces avantages » 2 . Les changements dans la2 African Women NGO Review Beijing +15, novembre 2009. Disponib<strong>les</strong>ur : .vie quotidienne des femmes sont rares, notamment pourcel<strong>les</strong> qui habitent en zones rura<strong>les</strong> et pour cel<strong>les</strong> qui sontobligées de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays oud’émigrer à l’étranger.Impacts de la crise économique sur le genreLa crise économique de 2008 et <strong>les</strong> plans ultérieurs derécupération au niveau national, régional et internationaln’ont pas pu reconnaître, comprendre, analyser et corrigerl’impact de la crise financière sur le genre. Le refus persistantde cet impact, ainsi que le manque d’inclusion desfemmes dans la recherche d’une solution, impliquent lerisque d’un retour à une stratégie de récupération « commed’habitude » qui dans le long terme aura des conséquencespréjudiciab<strong>les</strong> pour la réalité des femmes, des hommes etdes enfants ainsi que pour l’environnement.La crise économique actuelle est différente des récessionsprécédentes parce qu’il s’agit d’une récession quia eu et continuera à avoir un impact beaucoup plus grand,bien que différent, sur <strong>les</strong> femmes.Par rapport à des périodes précédentes de ralentissementéconomique, actuellement <strong>les</strong> femmes « représententla force la plus importante (et la moins reconnue) pourla croissance économique sur la planète », <strong>du</strong> moins selonThe Economist, qui a suggéré que pendant ces dernièresdécennies <strong>les</strong> femmes ont davantage contribué à l’expansionéconomique mondiale que <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologiesou <strong>les</strong> marchés émergents de la Chine et de l’Inde 3 . Toutefois,on ne tient pas compte de cette réalité. En outre,le nombre sans précédent de femmes présentes sur lemarché <strong>du</strong> travail implique que <strong>les</strong> femmes contribuentau revenu <strong>du</strong> ménage comme jamais el<strong>les</strong> ne l’avaient faitauparavant. Par conséquent, l’intégration des femmes aumarché <strong>du</strong> travail signifiera non seulement que la crise auraun plus grand impact direct sur <strong>les</strong> femmes el<strong>les</strong>-mêmesmais aussi sur <strong>les</strong> ménages, où <strong>les</strong> revenus seront considérablementaffectés par la perte d’emploi des femmes.Mais, ce qui est plus important encore, la situationéconomique des femmes au début de la récession n’était enaucune manière égale à celle des hommes. Dans des modè<strong>les</strong>de travail caractérisés par la séparation des marchésselon le genre, par l’écart salarial entre hommes et femmes,par des niveaux plus élevés d’emploi à temps partiel et par3 Ruth Sunderland, “ This mess was made by men. Now letthe women have their say”. The Observer, 1 er février 2009.Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>17Le genre en temps de crise


une forte concentration dans le secteur dit informel, à faiblerevenu et avec peu ou pas de protection sociale, <strong>les</strong> femmessont défavorisées pour faire face à la crise.Il est important de reconnaître <strong>les</strong> dimensions interdépendanteset polyfacétiques de la crise économiqueet financière pour comprendre son impact global sur <strong>les</strong>femmes et sur <strong>les</strong> relations des genres à l’heure actuelleet dans l’avenir. En général, on a ignoré <strong>les</strong> dimensions degenre de cette crise. Par exemple, en Europe, <strong>les</strong> prévisionsofficiel<strong>les</strong> des chiffres de chômage sont similaires pour<strong>les</strong> femmes et pour <strong>les</strong> hommes. Toutefois, ces estimationsne tiennent pas compte <strong>du</strong> fait que la proportion defemmes employées à temps partiel, un domaine qui restehors des statistiques de chômage, est excessive. En 2007,le pourcentage de femmes travaillant à temps partiel dansl’Union Européenne (UE) était de 31,2 %, c’est à dire, quatrefois plus élevé que celui des hommes 4 . Les femmes sontégalement <strong>les</strong> principaux fournisseurs de services publicset représentent jusqu’à deux tiers de la main d’œuvre dans<strong>les</strong> domaines de l’é<strong>du</strong>cation, de la santé et des servicessociaux ; par conséquent, le chômage des femmes risqued’augmenter de façon disproportionnée à cause de la ré<strong>du</strong>ctiondes dépenses <strong>du</strong> secteur public.Pour comprendre <strong>les</strong> effets des ré<strong>du</strong>ctions des dépensespubliques sur <strong>les</strong> femmes, à court et à long terme,il faudrait faire une analyse de l’impact de genre avant de<strong>les</strong> mettre en oeuvre. Les réponses des États à la crise sesont focalisées sur <strong>les</strong> secteurs dominés par la présencemasculine (par exemple, l’in<strong>du</strong>strie de l’automobile et <strong>les</strong>ecteur <strong>du</strong> bâtiment), mais <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions des dépensespubliques auront sans doute comme conséquence quedes services comme la prestation de soins retomberontsous la responsabilité des femmes, ce qui limitera encoredavantage leur capacité à participer pleinement à tous <strong>les</strong>aspects de la vie. De même, l’impact des ré<strong>du</strong>ctions desdépenses sur <strong>les</strong> services d’assistance fournis dans <strong>les</strong>milieux socioéconomiques <strong>les</strong> plus défavorisés se tra<strong>du</strong>irapar une plus grande dépendance des femmes tant au seindes famil<strong>les</strong> que dans la communauté en général.Partout dans le monde, <strong>les</strong> taux de chômage des femmessont en train d’augmenter en raison de conceptions degenre périmées et des ré<strong>du</strong>ctions des dépenses publiques,alors que, dans le même temps, la participation des femmesà l’économie informelle et au « travail bénévole » aaugmenté dans la mesure où <strong>les</strong> interventions d’assistancesociale ont été éliminées et on attend des femmes qu’el<strong>les</strong>remplissent ces vides.En<strong>jeu</strong>x mondiaux : aperçu généralEn Asie, en Afrique, en Europe, en Amérique Latine et auMoyen-Orient, <strong>les</strong> mouvements pour <strong>les</strong> droits des femmesont reconnu <strong>les</strong> effets positifs des accords internationauxsur la vie des femmes et des fil<strong>les</strong>. Toutefois, danscertaines régions on a remarqué une montée de l’extrémismereligieux et/ou le conservatisme de droite associésà la perpétuation et la diffusion de lois discriminatoires àl’égard des femmes. De nombreux États et partis politiquesmanipulent le droit des personnes à la diversité culturelle etreligieuse comme un prétexte pour violer <strong>les</strong> droits fondamentauxdes femmes, des fil<strong>les</strong>, des personnes porteusesde VIH/SIDA et des personnes aux orientations sexuel<strong>les</strong>4 Lobby européen des femmes, Les femmes et la criseéconomique : l’urgence d’une perspective de genre, 2010.Disponible sur : .différentes 5 . L’oppression politique des femmes et le refusde leurs droits sont renforcés par <strong>les</strong> conflits armés et lerecours excessif à la militarisation plutôt qu’au bien-êtrehumain comme moyen de garantir la sécurité.Des variantes de ce phénomène peuvent être observéesen Afrique et dans d’autres régions en développementoù la crise est arrivée par le biais de divers canaux de transmission.Il est également devenu nécessaire d’utiliser uneperspective de genre pour décoder <strong>les</strong> situations qui sepro<strong>du</strong>isent au sein des ménages, puisque <strong>les</strong> gens qui partagentun même toit entretiennent des relations de pouvoirasymétriques 6 . Par ailleurs, malgré <strong>les</strong> changements encours dans <strong>les</strong> rô<strong>les</strong> sociaux, la division <strong>du</strong> travail ménagerselon le genre est encore très rigide. Les limites que cettedivision <strong>du</strong> travail impose aux femmes et <strong>les</strong> hiérarchiessocia<strong>les</strong> fondées sur cette division déterminent une positiond’inégalité dans trois systèmes étroitement liés : lemarché <strong>du</strong> travail, le système de bien-être ou de prestationssocia<strong>les</strong> et le ménage.L’Amérique Latine et <strong>les</strong> Caraïbes : manquede politiques d’égalitéEn Amérique latine, <strong>les</strong> principaux impacts négatifs de lacrise économique mondiale sont la baisse des échangescommerciaux (autant en volume qu’en valeur), la diminutiondes envois de fonds et l’aggravation <strong>du</strong> chômage, ajoutésà une augmentation de la pauvreté. Plus de 2 millionsde personnes ont per<strong>du</strong> leur emploi en 2009 et, malgré<strong>les</strong> prévisions d’une croissance économique plus forteen 2010, il sera difficile de récupérer ces emplois per<strong>du</strong>s 7 .Cette situation est aggravée par <strong>les</strong> résultats d’un rapportde la Commission économique pour l’Amérique Latine et<strong>les</strong> Caraïbes (CEPAL) : en 2009, <strong>les</strong> exportations ont chutéde 24 % à la suite de la crise 8 .Pour l’instant, <strong>les</strong> réponses à la crise dans la régionont mis l’accent sur la stabilisation <strong>du</strong> secteur financier etsur des mesures visant à soutenir la demande, l’emploi etl’assistance aux populations vulnérab<strong>les</strong>. Cependant, trèspeu de mesures prises par <strong>les</strong> gouvernements d’AmériqueLatine et des Caraïbes tiennent compte des femmes, bienque la récession exerce davantage d’impact sur el<strong>les</strong> tant ence qui concerne le chômage qu’en termes d’emplois plusprécaires à faible pro<strong>du</strong>ctivité et faisant l’objet de moinsde protection sociale. Il est nécessaire que ces politiquesprennent en compte l’inégalité des sexes, car l’accumulation<strong>du</strong> profit est basée non seulement sur l’exploitation desressources naturel<strong>les</strong>, mais aussi sur la main-d’œuvre bonmarché, et la main-d’œuvre féminine est la moins chèrede toutes.Bien que cela ne soit pas formellement reconnu, leprocessus de pro<strong>du</strong>ction impose un double fardeau pour5 Voir, par exemple : <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, L’heure de l’économiede genre – Quinze ans après la IV e Conférence mondia<strong>les</strong>ur la femme, mars 2010. Disponible sur le site : .6 Équipe de recherche de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, Genre et pauvreté :un cas d’inégalités entrelacées, 2005. Disponible sur <strong>les</strong>ite : .7 OIT, 2009 Panorama <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail de l’AmériqueLatine et des Caraïbes, Genève, janvier 2010.8 CEPAL, Le commerce international en Amérique Latine etaux Caraïbes en 2009 : crise et récupération. Janvier 2010.Disponible sur le site : .<strong>les</strong> femmes : au sein <strong>du</strong> ménage (ou travail « bénévole »)et dans des emplois mal rémunérés pour augmenter <strong>les</strong>revenus. Au cours des dernières décennies, <strong>les</strong> salaires ontdiminué dans la plupart des pays de la région, notammentà cause de l’entrée de davantage de femmes sur le marché<strong>du</strong> travail.Lors de la X e Conférence régionale sur <strong>les</strong> femmesd’Amérique Latine et des Caraïbes, tenue en août 2007,33 gouvernements ont accordé le Consensus de Quitoexigeant l’adoption de toutes <strong>les</strong> mesures d’action positiveet de tous <strong>les</strong> mécanismes nécessaires, y compris desréformes législatives et des mesures budgétaires, pourassurer la participation et <strong>les</strong> droits des femmes 9 . L’incapacitéà mettre en œuvre <strong>les</strong> engagements pris à Quitomontre <strong>les</strong> lacunes des politiques d’égalité des sexes, liéesà la faib<strong>les</strong>se des États, pour adopter et mettre en œuvre desmécanismes de promotion de la femme et à la prévalencede politiques de « bien-être » biaisées, plus proches de lacharité que des droits humains.Lors de la récente XI e Conférence régionale sur <strong>les</strong>femmes d’Amérique latine et des Caraïbes, qui s’est tenueen juillet 2010 à Brasilia (Brésil), la CEPAL a présenté undocument analysant <strong>les</strong> réalisations en matière d’égalitédes sexes et <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x auxquels <strong>les</strong> femmes de la régiondoivent encore faire face 10 . Cet organisme propose unnouveau pacte social pour redistribuer la charge de travailtotale (travail rémunéré et non rémunéré) entre <strong>les</strong> hommeset <strong>les</strong> femmes, afin de faciliter l’accès des femmes aumarché <strong>du</strong> travail 11 .La région africaine : une goutte dans l’océanMalgré <strong>les</strong> progrès dans la législation axée sur l’égalité dessexes et le processus judiciaire, <strong>les</strong> femmes africaines ontexprimé leur désillusion à l’égard de leurs gouvernements,qui ont souscrit aux instruments des droits humains et ontsoutenu rapidement différentes politiques internationa<strong>les</strong>et régiona<strong>les</strong>, mais qui sont extrêmement lents à respecterleurs engagements.Le Rapport parallèle des ONG africaines sur Beijing+15 a constaté que « <strong>les</strong> mesures concrètes prises au coursdes cinq dernières années représentent une goutte d’eaudans l’océan par rapport aux nombreuses promesses faitespar <strong>les</strong> gouvernements africains sur <strong>les</strong> questions fondamenta<strong>les</strong>de l’égalité des sexes, de l’équité et de l’autonomisationdes femmes. En bref, <strong>les</strong> dirigeants africains sont entrain de trahir <strong>les</strong> attentes des femmes africaines » 12 .Bien qu’aujourd’hui, <strong>les</strong> politiques d’État reflètentcertains éléments des cadres d’« égalité des sexes », engénéral el<strong>les</strong> ne parviennent pas à aborder <strong>les</strong> questionsrelatives à l’autonomisation des femmes et, en particulier,à la santé et aux droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs.9 “Latin American and Caribbean countries approve Quitoconsensus”, 14 août 2007. Disponible sur le site : .10 CEPAL, Quel État et pour quelle égalité ? juillet 2010.Disponible sur : .11 Pour davantage de détails sur cette région, voir : <strong>Social</strong><strong>Watch</strong>, “ L’Amérique Latine et <strong>les</strong> Caraïbes : il n’y a pasde solution à la crise sans politiques de genre”, 2010.Disponible sur : .12 FEMNET, “The Africa Women’s Regional Shadow Report onBeijing + 15”, 10. Disponible sur : .Rapports thématiques 18 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


La création d’ONU Femmes : sera-t-elle à la hauteur des en<strong>jeu</strong>x ?Genoveva Tisheva et Barbara AdamsLes organisations et <strong>les</strong> groupes de femmes <strong>du</strong> monde entier ont célébré ladécision de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée le 2 juillet 2010de créer l’agence de l’ONU pour l’égalité des sexes et l’autonomisation desfemmes : ONU femmes. Cette nouvelle entité sera dirigée par une Secrétairegénérale adjointe et consolidera et fusionnera <strong>les</strong> quatre entités existantesdédiées aux questions de genre, augmentera la capacité opérationnelle auniveau des pays et aura davantage d’autorité et de ressources pour stimulerl’autonomisation et la promotion de la femme.Dans cette résolution, <strong>les</strong> paragraphes relatifs à l´importance de laparticipation de la société civile dans la nouvelle entité attirent spécialementl´attention. La nouvelle organisation étendra sa capacité opérationnelle dans<strong>les</strong> pays : entre autres, elle établira des liens avec des groupes de femmes etd´autres organisations de la société civile se consacrant a la promotion del´égalité des sexes et l´autonomisation des femmes.Cette résolution a été possible grâce à l’ensemble des activités depromotion et à l’engagement solide des mouvements de femmes et d’autresorganisations de la société civile au cours de ces quatre dernières années.Cela a commencé par l’approbation <strong>du</strong> Rapport 2006 sur la Réforme del’ONU <strong>du</strong> Panel sur la cohérence de tout le système, qui comprenait larecommandation de créer une nouvelle agence afin d’augmenter l’autorité,<strong>les</strong> ressources et la capacité de l’ONU dans son travail pour l’égalité dessexes. Sachant qu’un effort accru de la société civile était nécessaire pour laformation de cette nouvelle entité, plusieurs groupes se sont réunis dans laRéforme de l’architecture pour l’égalité des sexes ou Campagne GEAR (selonson acronyme en anglais). Charlotte Bunche, ancien directrice exécutive <strong>du</strong>Centre pour le leadership global des femmes, un des membres fondateurs dela campagne GEAR, a déclaré : « Nous avons de grandes attentes pour cettenouvelle agence : <strong>les</strong> groupes de femmes et <strong>les</strong> autres organisations qui seconsacrent à la justice sociale et aux droits humains et <strong>les</strong> organisations dedéveloppement qui ont joué un rôle clé dans cet effort doivent maintenantfaire en sorte que ce nouvel organisme reçoive <strong>les</strong> ressources humaines etfinancières nécessaires pour mener à bien sa mission ».Cela dépend beaucoup de la personne que le Secrétaire général del’ONU nommera à la tête de la nouvelle organisation au poste de Secrétairegénérale adjointe. Selon un consensus général, cette personne doit réunirla vision, l’expérience et la détermination, non seulement pour prolongerle travail de l’entité de l’ONU pour l’égalité des sexes, mais aussi pour faireen sorte que <strong>les</strong> autres parties <strong>du</strong> système de l’ONU rendent compte deleurs efforts de promotion de l´égalité des sexes dans tous <strong>les</strong> pays. Ceciest particulièrement important en ce moment où autant la communautéinternationale que <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> monde entier accélèrent leurs efforts pourprogresser vers la réalisation des OMD d’ici à 2015, tout en affrontant <strong>les</strong>effets persistants de la pire crise financière et économique mondiale de ces40 dernières années.Le premier en<strong>jeu</strong> ma<strong>jeu</strong>r à relever par ONU Femmes est donc de savoirsi elle adoptera le modèle traditionnel <strong>du</strong> multilatéralisme, dans lequel <strong>les</strong>décisions sont prises seulement par <strong>les</strong> gouvernements et où le processuspolitique a tendance à diluer <strong>les</strong> recommandations concernant la politique.Ce modèle n’a pas réussi à promouvoir le développement <strong>du</strong>rable dans tous<strong>les</strong> pays ni à confronter <strong>les</strong> divergences entre <strong>les</strong> politiques macroéconomiqueset <strong>les</strong> approches de justice de genre. Les partisans de l’égalité des sexesdans <strong>les</strong> Organisations de la société civile (OSC), <strong>les</strong> gouvernements et <strong>les</strong>agences de l’ONU devraient commencer à combler cet écart, et l’épreuvepour ONU Femmes est de savoir si elle pourra fournir la vision et le leadershipnécessaires.Divergences politiquesLa crise financière et économique a non seulement mis en danger <strong>les</strong> ressourcespour le développement mais aussi <strong>les</strong> politiques visant à <strong>les</strong> rendreinclusives et <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>. Comme <strong>les</strong> gouvernements cherchent à ré<strong>du</strong>ire leursbudgets et leurs dépenses publiques en raison de la dette qu’ils ont crééepour faire face à la crise, ces compressions se feront sentir dans de nombreuxdomaines des services sociaux, tels que l’é<strong>du</strong>cation et la santé, quisont essentiels pour la promotion des femmes. Ceci menace l’autonomisationdéjà acquise, non seulement parce que ces services seront plus limitéset plus chers mais aussi parce que ces ré<strong>du</strong>ctions budgétaires augmenterontle travail non rémunéré des femmes pour compenser l’absence de servicespar le biais de « l ’économie des soins » basée sur l’hypothèse incertaineselon laquelle <strong>les</strong> femmes sont naturellement plus aptes à fournir des soinset ont le temps et la capacité de le faire.Dans le même temps, ce sont <strong>les</strong> secteurs où l’on trouve la plus forteconcentration d’emplois féminins, ce qui contribue à la perte d’emploi pour<strong>les</strong> femmes, car on part <strong>du</strong> principe que si <strong>les</strong> gouvernements ré<strong>du</strong>isent <strong>les</strong>dépenses en services publics et subventionnent <strong>les</strong> initiatives <strong>du</strong> secteurprivé, ces services seront fournis par ce secteur contribuant ainsi à créerdes emplois pour <strong>les</strong> femmes et pour <strong>les</strong> hommes. Ce concept présupposenon seulement une demande soutenue, malgré la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> revenu desménages et la charge de nouvel<strong>les</strong> dépenses, mais aussi que la principa<strong>les</strong>ource de revenu <strong>du</strong> ménage est l’emploi de l’homme et que <strong>les</strong> revenus dela femme sont secondaires. Et cela à un moment où l’ONU a affirmé (et <strong>les</strong>objectifs de l’OMD le reflètent) que la stratégie clé pour ré<strong>du</strong>ire la pauvretéconsiste à offrir le plein emploi, pro<strong>du</strong>ctif et décent, notamment aux femmeset aux <strong>jeu</strong>nes. Dans de nombreux cas, <strong>les</strong> politiques en réponse à la criseéconomique contribuent à perpétuer ces hypothèses obsolètes et discréditées,défavorisent <strong>les</strong> femmes de manière disproportionnée et augmententla divergence entre <strong>les</strong> politiques.À l’instar d’autres artic<strong>les</strong>, ce rapport signale qu’il faut donner auxgouvernements des pays en développement, qui n’ont pas été responsab<strong>les</strong>de cette crise, un espace politique suffisant pour développer leurs politiquesfisca<strong>les</strong> et répondre à la crise de manière à promouvoir l’emploi et à protéger<strong>les</strong> aides socia<strong>les</strong>. En réponse à cela, <strong>les</strong> institutions internationa<strong>les</strong> de crédit,comme le FMI et la Banque mondiale, ont fait preuve de davantage de volontépour soutenir des politiques fisca<strong>les</strong> plus soup<strong>les</strong> et maintenir <strong>les</strong> dépensessocia<strong>les</strong>, au moins dans certains cas. Par conséquent, le plus urgent sont <strong>les</strong>efforts concertés de la société civile, y compris <strong>les</strong> organisations de femmes,pour s’assurer que <strong>les</strong> gouvernements occupent cet espace de manière àprotéger <strong>les</strong> droits et à promouvoir le bien-être de tous <strong>les</strong> secteurs de lasociété. C’est dans cette nouvelle direction que l’entité de genre récemmentcréée, ONU Femmes, doit servir d’inspiration et offrir un leadership.Le réseau GEAR d’organisations et de réseaux de femmes et de la sociétécivile est en contact avec <strong>les</strong> représentants de l’ONU à tous <strong>les</strong> niveauxpour élaborer un processus de transition et assurer à la nouvelle Secrétairegénérale adjointe qu’il a l’intention de soutenir la nouvelle entité dans lapromotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. « Noussavons que ce n’est que le début », a déclaré Rachel Harris de l’Organisationde femmes pour l’environnement et le développement (WEDO). « Nousdevons continuer à veiller à la construction d’une ONU qui soit vraiment utileà toutes <strong>les</strong> femmes dans la vie réelle. Cela exige la participation active detoutes <strong>les</strong> parties prenantes ». n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>19Le genre en temps de crise


Dans le contexte de la crise économique et financièremondiale, <strong>les</strong> premières personnes qui ont per<strong>du</strong> leur emploidans le secteur formel en Afrique appartenaient auxcouches défavorisées, formé d’une majorité de femmes.Les femmes restent largement invisib<strong>les</strong> dans l’économieformelle, et leur travail non rémunéré n’est toujours pasreconnu mais il augmente ; parallèlement <strong>les</strong> femmes doiventassumer le poids de l’impact économique et social despolitiques macro-économiques.Des économistes féministes ont souligné à maintesreprises que la crise mondiale exerce de plus en plus d’effetsliés au genre car ils se pro<strong>du</strong>isent dans un contextepolitique qui affecte la charge de travail des femmes et<strong>les</strong> oblige à assumer davantage de tâches de prestationde soins dans la mesure où <strong>les</strong> services publics ou privésdeviennent moins accessib<strong>les</strong>. Ce contexte inclut égalementdes taux de chômage plus élevés pour <strong>les</strong> femmes,leur marginalisation accrue dans le secteur informel et unepossible détérioration de leurs conditions de travail 13 .La région arabe : l’autonomisationéconomique des femmesEn opposition au mythe d’un « monde musulman » unifiéet homogène, différents groupes de femmes dans la régionarabe ont encouragé des changements au sein de leurscommunautés en luttant contre <strong>les</strong> interprétations conservatricesde l’islam niant l’égalité des sexes et en luttant pourla justice de genre au niveau local. En dépit de leur culturecommune, il existe des différences notab<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> paysarabes en termes de mise en œuvre de la Plate-forme deBeijing. Cela est dû à plusieurs facteurs, parmi <strong>les</strong>quelsfigure la façon dont <strong>les</strong> différents pays interprètent <strong>les</strong> textesreligieux concernant <strong>les</strong> femmes, ce qui se reflète dans<strong>les</strong> lois relatives au statut personnel et aux responsabilitésqu’el<strong>les</strong> sont autorisées à assumer en dehors des limites dela maison et la famille.Bien que tous <strong>les</strong> États arabes aient signé et ratifié laCEDAW, cela a été fait avec tant de réserves que le but dela convention risque de ne pas être atteint. D’autres payscomme, par exemple, l’Afghanistan, ont ratifié la Conventionmais n’ont jamais présenté de rapport au Comité dela CEDAW.On a beaucoup parlé <strong>du</strong> rôle de la religion dans cetterégion, notamment en ce qui concerne la promotion desfemmes. Il y a bien longtemps que <strong>les</strong> féministes de la régioncontestent l’utilisation <strong>du</strong> terme « fondamentalisme »pour faire référence aux interprétations conservatricesde l’islam 14 , et actuellement, de nouvel<strong>les</strong> initiatives pourréformer le droit de la famille musulman sont en traind’émerger depuis l´intérieur 15 . Les différents groupes defemmes de la région admettent que le principal obstacle àune participation plus importante des femmes aux postesde leadership est dû au manque de volonté politique plutôtqu’à la tradition religieuse.En décembre 2009, plusieurs organisations de femmesont tenu une réunion régionale de consultation au13 Development Alternatives with Women for a New Era(DAWN), “Re-imagining Feminist Politics and Strategiesin the Global South”. Disponible sur : .14 Pour plus d’information, voir Anita Nayar : “Pour réfléchir sur<strong>les</strong> fondamentalismes au sein de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>”, “La régionArabe : 30 ans de la CEDAW”, 2010. Disponible sur : .15 Voir Musawah : For equality in the family, .Caire afin d’évaluer <strong>les</strong> réalisations et <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x dans larégion arabe depuis l’adoption de la Plate-forme de Beijing.Cette rencontre régionale, à laquelle ont participé 235 femmesde 14 pays, des dirigeantes de mouvements pour <strong>les</strong>droits des femmes et des représentants de la société civile,s’est conclue par une indication des priorités futures pourla région arabe concernant la réalisation de la Plate-formede Beijing 16 .Bien que la proportion de femmes dans la populationactive de la région ait augmenté, elle reste encore très faibleen comparaison avec d’autres régions et il existe une grandedépendance économique avec toutes <strong>les</strong> conséquencessocia<strong>les</strong> que cela implique. Il est fréquent que <strong>les</strong> femmestravaillent dans le secteur informel et que, lorsqu’el<strong>les</strong> sontpropriétaires d’entreprises, el<strong>les</strong> ne <strong>les</strong> dirigent pas personnellementmais doivent en confier la direction à un hommede la famille. Bien que peu de pays collectent ces données,lorsque <strong>les</strong> femmes ont un emploi formel el<strong>les</strong> sont généralementmoins rémunérées que leurs collègues masculins 17 .La région arabe a aussi reçu l’impact de la crise économiquemondiale qui a entraîné un ralentissement économiqueet a affecté la capacité des indivi<strong>du</strong>s à faire valoirleurs droits. Certains défenseurs des droits des femmesaffirment que la crise actuelle a donné aux gouvernementsl’occasion de modifier leurs politiques macro-économiquespour encourager l’investissement dans la promotionde l’égalité des sexes. D’autres ont remis en question cettestratégie en soulignant que dans le contexte musulman, <strong>les</strong>politiques et <strong>les</strong> programmes de soutien à l’autonomisationdes femmes ne peuvent pas être efficaces si leur mise enœuvre est entravée par des forces qui se dressent entre <strong>les</strong>femmes et <strong>les</strong> institutions de l’État, tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> coutumeset <strong>les</strong> pratiques traditionnel<strong>les</strong> et religieuses 18 .L’Asie et le Pacifique : des progrèsaccomplis et des questions en attenteEn octobre 2009, <strong>les</strong> organisations et <strong>les</strong> réseaux de larégion Asie et le Pacifique représentant un large éventail defemmes et de fil<strong>les</strong> se sont réunis au Forum des ONG surBeijing +15 et ont réaffirmé leur confiance à la Plate-formede Beijing considérée comme un document stratégiquepour la promotion des femmes et des fil<strong>les</strong>, des droits humains,de la paix, de la sécurité des personnes et d’un développementincluant <strong>les</strong> femmes. Le Forum a égalementidentifié <strong>les</strong> crises parallè<strong>les</strong> <strong>du</strong> développement, tel<strong>les</strong> quela dette, le changement climatique, la sécurité alimentaire,<strong>les</strong> conflits et <strong>les</strong> finances, et la violence croissante contre<strong>les</strong> femmes comme étant <strong>les</strong> éléments qui ont <strong>les</strong> conséquences<strong>les</strong> plus graves pour <strong>les</strong> droits des femmes et desfil<strong>les</strong> de l’ensemble de la région 19 .16 Regional Beijing+15 NGO Shadow Report Issued by Women’sRights Experts, El-Karama, 2010. Disponible sur : .17 Mona Chemali Khalaf, Women’s control over economicresources and access to financial resources, UN Economicand <strong>Social</strong> Commission for Western Asia (ESCWA), 31 août2009. Disponible sur : .18 Vivienne Wee, Farida Shaheed et al., “Women empoweringthemselves : A framework that interrogates and transforms”,Women’s Empowerment in Muslim Contexts, 2008. Disponible sur :.19 Final Declaration of the Asia Pacific NGO Forum on Beijing +15.Disponible sur : .20 Noeleen Heyzer, discours principal, Forum d’ONG d’Asie et<strong>du</strong> Pacifique sur Beijing +15, Manille, octobre 2009.Rapports thématiques 20 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Climat planétaire : l’effondrement de CopenhagueLa 15 e Conférence de l’ONU sur le Changement climatique qui s’est déroulée à Copenhague en décembre 2009, n’a abouti àaucun accord équitable et juridiquement contraignant sur la définition des objectifs substantiels à atteindre pour la ré<strong>du</strong>ctiondes émissions, pas plus que sur le financement, ou l’assistance technologique, ni à une feuille de route précise visant undéveloppement écologique destiné à éviter <strong>les</strong> impacts dangereux <strong>du</strong> changement climatique. L’accord de Copenhague n’est pasun effort collectif pour enrayer la crise climatique et n’est pas non plus un cadre exhaustif qui requiert la participation efficace,transparente et responsable de toutes <strong>les</strong> parties intéressées – gouvernements, organisations de la société civile et institutionsfinancières – dans leur ensemble.Md ShamsuddohaEquity and Justice Working Group Bangladesh 1La 15 e Conférence des Parties (CoP15) de la Convention-cadredes Nations Unies sur le changementclimatique (CCNUCC), qui s’est déroulée à Copenhagueen décembre 2009, n’a pas abouti à l’accordjuridiquement contraignant requis pour que l’augmentationde la température moyenne mondiale nedépasse pas 2º Celsius. Les différents intérêts desparties ont scindé la CCNUCC en deux groupes : <strong>les</strong>40 pays in<strong>du</strong>strialisés et <strong>les</strong> économies en transitionqui figurent en Annexe I, et <strong>les</strong> pays qui n’y figurentpas. Les 26 membres <strong>du</strong> soi-disant « groupe représentatifdes leaders », qui sont pour la plupartdes pays figurant dans l’Annexe I, n’ont su établir unAccord qu’après un processus de négociation nontransparent, vertical et très restrictif.Le mécanisme de « révision et d’engagementde bas en haut » en matière de ré<strong>du</strong>ction desémissions 2 établi par cet Accord n’atteindra pas<strong>les</strong> objectifs de ré<strong>du</strong>ction que conseille le Groupeintergouvernemental d´experts sur l’évolution <strong>du</strong>climat : entre 25 % et 40 % en dessous <strong>du</strong> niveaude 1990. Les engagements qui ont été assumésjusqu’à présent en vertu de l’Accord ne reflètentpas <strong>les</strong> exigences des délégués qui souhaitaientdes actions ou des engagements « ambitieux » et« énergiques » pour l’atténuation des effets. Defait, l’approbation d’un Accord « non juridiquementcontraignant » est une réussite diplomatique pour<strong>les</strong> pays développés et pour <strong>les</strong> pays en développement<strong>les</strong> plus avancés.Copenhague : attentes déçuesDepuis l’approbation <strong>du</strong> Plan d’action de Bali lorsde la 13 e Conférence des Parties en décembre 2007,des milliers de délégués ont travaillé dans le Groupede travail spécial sur l’action concertée à long termeau titre de la Convention (AWG-LCA, en anglais) etle Groupe de travail spécial des nouveaux engagementsdes parties figurant en annexe I, au titre <strong>du</strong>Protocole de Kyoto (AWG-KP, en anglais). Mêmeà Copenhague, malgré leurs nombreuses diver-1 Ce document ne constitue l’expression de la position d’aucunpays partie ou groupe.2 Ce mécanisme exige un procédé dynamique de coopérationinternationale dans lequel <strong>les</strong> pays doivent être qualifiés pourassumer des engagements renouvelés en ce qui concerne laré<strong>du</strong>ction d’émissions de façon continue.gences, <strong>les</strong> délégués ont travaillé avec ardeur pourré<strong>du</strong>ire au maximum <strong>les</strong> distances, puis ils ont présentéà la séance plénière de clôture des documentsentièrement actualisés émanant des deux groupesde travail.Avec ceci agissant comme toile de fond, la présidencedanoise a tenté en parallèle d’imposer uneproposition <strong>du</strong> « groupe représentatif de leaders ».Lorsque Lars Løkke Rasmussen, le Premier ministredanois, a présenté l’Accord de Copenhague devantla CoP et demandé son adoption, il a été <strong>du</strong>rementcritiqué pour recourir à un procédé de prise de décisionsvertical contraire à la charte de l’ONU et défiant<strong>les</strong> habitudes traditionnel<strong>les</strong> et historiques des prisesde décisions de l’organisation.Alors que <strong>les</strong> conversations sur le climat avaientété jusque-là des plus transparentes des négociationsinternationa<strong>les</strong>, la réunion de Copenhague afortement restreint la participation des représentantsde la société civile, pourtant dûment accrédités etautorisés par décret à participer à tout le processus.Les derniers jours <strong>les</strong> représentants de la sociétécivile se sont vus ré<strong>du</strong>its à une centaine. Bien quecertains pays en développement et d’autres paysmoins avancés (PMA) aient soutenu l’adoption del’Accord, nombreux ont été <strong>les</strong> pays en développementqui ont condamné la procé<strong>du</strong>re la considérant« non transparente » et « antidémocratique », et quiont refusé de soutenir l’Accord en tant que décisionde la CoP.Finalement, pendant une négociation informellefacilitée par Ban Ki-Moon, Secrétaire Généralde l’ONU, <strong>les</strong> parties ont convenu d’adopter une décisionde la CoP dans laquelle la Conférence « prendnote » de l’Accord, ce qui veut dire qu’elle n’a été niadoptée ni admise par la réunion. L’Accord ne peutdonc pas être considéré comme un « effort collectif »pour combattre la crise climatique. La constructiond’un effort collectif requiert la participation efficace,transparente et responsable de toutes <strong>les</strong> partiesimpliquées – gouvernements, organisations de lasociété civile et institutions financières – agissantde façon globale et garantissant qu’el<strong>les</strong> oeuvreronttoutes de manière équitable au service de la prospérité,<strong>du</strong> bien-être et de la <strong>du</strong>rabilité mondia<strong>les</strong>.Un objectif d’atténuation catégoriqueLa stabilisation de la concentration des gaz à effet deserre (GES) dans l’atmosphère à un niveau qui empêche<strong>les</strong> interférences anthropogéniques dangereuses(DAI, en anglais) 3 avec le système climatique constituel’objectif principal de la CCNUCC. En général onadmet, sur la base des pronostics scientifiques, quel’augmentation de la température doit être inférieurà 2 degrés Celsius 4 . Le monde en développement ainvité <strong>les</strong> pays in<strong>du</strong>strialisés à s’engager à ré<strong>du</strong>ireleurs émissions entre 40 % et 45 % à l’horizon 2020,par rapport au point de référence de 1990 5 .Lors des conversations, toutes <strong>les</strong> parties ontdemandé une ré<strong>du</strong>ction « énergique » et « ambitieuse» des émissions, sans que l’on sache trop bience que ces mots impliquent. De même, l’Accord nementionne pas de chiffres qui quantifient la ré<strong>du</strong>ctiondes émissions à laquelle <strong>les</strong> pays développés s’engageaientpour l’après 2012, qu’il s’agisse d’objectifsintégrés ou d’objectifs spécifiques nationaux. Mêmesi la grande majorité des pays concernés par l’Accorda réaffirmé le fait que le changement climatiqueest l’en<strong>jeu</strong> mondial actuel le plus pressant, aucunobjectif obligatoire ou juridiquement contraignantn’y est consigné.Plus de 120 pays, responsab<strong>les</strong> de plus de quatrecinquièmes des émissions de GES <strong>du</strong> monde, ontdécidé d’apporter leur soutien à l’Accord, et nombreuxsont ceux qui ont présenté une déclaration deré<strong>du</strong>ction d’émissions volontaire à travers un procédé« d’engagement et de révision ». Cependant, bienque <strong>les</strong> engagements dépendent <strong>du</strong> scrutin international,il n’existe pas de mécanismes pour assurerque des actions visant à atteindre <strong>les</strong> objectifs ontété réalisées. Qui plus est, même si <strong>les</strong> engagementsactuels sont tenus dans leur intégrité, il est possible3 Pour définir la DAI « il faut tenir compte de sujets nonseulement scientifiques, mais aussi […] ceux de natureéconomique, politique et même éthique ». Voir Michael E.Mann, Defining dangerous anthropogenic interference,Actes de l’Académie Nationale des Sciences des États-Unis d’Amérique. Disponible sur : .4 CMNUCC, “Compte-ren<strong>du</strong> de la Conférence des Parties de lasession Nº 15, célébrée à Copenhague <strong>du</strong> 7 au 9 décembre2009, Appendice. Deuxième Partie : Mesures prises parla Conférence des Parties lors de la session Nº 15”, FCCC/CP/2009/11/Add.1, 30 mars 2010, 5. Disponible sur :.5 Le Protocole de Kyoto a fixé l’année 1990 comme annéede référence pour la mesure des ré<strong>du</strong>ctions d’émissionsaccordées. Cependant, le Quatrième rapport d’évaluation2007 <strong>du</strong> Groupe intergouvernemental d’experts sur lechangement climatique (IPCC, en anglais), a calculé <strong>les</strong>objectifs de ré<strong>du</strong>ction d’émissions en prenant comme annéede référence l’an 2000.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>21Climat planétaire : l’effondrement de Copenhague


que la température moyenne mondiale augmente detrois degrés ou plus d’ici la fin <strong>du</strong> siècle 6 .Dégradation de l’esprit de la ConventionLa CCNUCC établit des bases solides pour un régimeinclusif, équitable et efficace en matière dechangement climatique international, qui abordeavec fermeté l’obligation de stabiliser le systèmeclimatique tout en reconnaissant le droit des paysà se développer pour faire face à la pauvreté et à lasécurité alimentaire. La Convention est fondée sur leprincipe d’équité selon lequel <strong>les</strong> pays développés,majoritairement responsab<strong>les</strong> <strong>du</strong> problème <strong>du</strong> changementclimatique, doivent « prendre <strong>les</strong> devants »,et sur le principe des responsabilités collectives maisdifférenciées pour tous <strong>les</strong> pays. De fait, l’adoptiond’un Accord non juridiquement contraignant est uneréussite diplomatique pour <strong>les</strong> pays développés etpour <strong>les</strong> pays en développement <strong>les</strong> plus avancés.Les tentatives des pays développés pour renforceret répandre le modèle de « l’engagement et de larévision » sous le masque de l’Accord de Copenhagueleur aurait permis d’échapper à leur responsabilitéet à la dette de carbone qu’ils ont acquise envers<strong>les</strong> pays en développement en raison de l’usagehistorique et excessif qu’ils ont fait de l’espace atmosphériquede la planète. Cet excès de la consommationa donné lieu à une dette d’adaptation, puisque<strong>les</strong> pays en développement sont ceux qui ont subi– et continuent à subir – <strong>les</strong> pires impacts <strong>du</strong> changementclimatique, et aussi à une dette d’émissions.Par conséquent, il incombe aux pays développésd’entreprendre la ré<strong>du</strong>ction énergique des émissionsinternes et de permettre aux pays en développementd’augmenter <strong>les</strong> leurs afin de pouvoir couvrir leursbesoins de développement <strong>du</strong>rable.Financement de l’adaptation : de grosnuages mais peu de pluiesLes plus amp<strong>les</strong> stratégies destinées à enrayer lechangement climatique (par exemple, l’atténuation,l’adaptation et l’aide au développement et la croissanceexistantes) sont reliées entre el<strong>les</strong> et constituentun véritable défi pour <strong>les</strong> pays en développementqui auront besoin de ressources financièresnouvel<strong>les</strong>, additionnel<strong>les</strong> et progressives en vue deleur mise en oeuvre.Il faut offrir un financement pour l’adaptation– financer l’adaptation des pays en développementau changement climatique – pour qu’ils puissentconstruire leur capacité sociale et économique etabsorber <strong>les</strong> impacts actuels et futurs. Parmi <strong>les</strong>aspects à prendre en compte figurent : le développementde « l’adaptation au changement climatique» 7 , la croissance économique, l’Aide publique au6 Wolfgang Sterk et. al., Something Was Rotten in the Stateof Denmark – Cop-Out in Copenhagen, Institut <strong>du</strong> Climat,Environnement et Énergie de Wuppertal, avril 2010.Disponible sur : .7 “L’adaptation au changement climatique” est une phrasequi identifie <strong>les</strong> risques d’un projet de développement, outout autre actif naturel ou humain spécifique, à la suite dela variabilité et <strong>du</strong> changement climatique, et qui assure laré<strong>du</strong>ction de ces risques à des niveaux acceptab<strong>les</strong>.développement (APD) et l’infrastructure existante ;des investissements supplémentaires pour une infrastructurenouvelle ; le coût de l’adaptation dans<strong>les</strong> domaines communautaires ; la construction descapacités ; la restauration des services de l’écosystème; l’attention au déplacement massif ; et l’intégrationde l’adaptation aux stratégies de ré<strong>du</strong>ction dela pauvreté et <strong>les</strong> programmes et politiques gouvernementa<strong>les</strong>pertinents. Voilà pourquoi le montant <strong>du</strong>financement pour l’adaptation est une préoccupationessentielle pour <strong>les</strong> PMA, pour <strong>les</strong> Petits états insulairesen développement (PEID) 8 et pour <strong>les</strong> paysafricains qui risquent le plus d’être touchés par <strong>les</strong>impacts <strong>du</strong> changement climatique.Différentes études ont calculé le montant <strong>du</strong> financementque l’adaptation exige. Oxfam l’évalue àplus de USD 50 milliards 9 , le PNUD à USD 86 milliards10et la CCNUCC entre USD 28 et 67 milliards 11 par an.Un autre rapport sur <strong>les</strong> flux financiers élaboré par leSecrétariat de la CCNUCC a estimé que <strong>les</strong> ressourcesfinancières nécessaires à l’horizon 2030 seront deUSD130 milliards pour <strong>les</strong> activités d’atténuation etde plusieurs centaines de milliards pour l’adaptation,rien que pour <strong>les</strong> pays en développement. Noncontents de ces estimations hétérogènes, fondées engénéral sur des méthodologies différentes « vertica<strong>les</strong>», <strong>les</strong> pays en développement ont demandé entre1 % et 1,5 % <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB) des paysdéveloppés, indépendamment de l’engagement del’APD déjà pacté. La Chine a proposé que <strong>les</strong> paysdéveloppés s’engagent à apporter 0,5 % <strong>du</strong> PIB endédommagement pour le changement climatique,en plus <strong>du</strong> 0,7 % d’APD établi par le Consensus deMonterrey 12 (soit USD 260 milliards en 2007) 13 .C’est dans ce contexte que l’Accord de Copenhagueprévoit que le chiffre de USD 30 milliards destinéaux « ressources nouvel<strong>les</strong> et additionnel<strong>les</strong> » surla période 2010-2012 peut constituer l’engagementcollectif des pays développés « avec des affectationséquilibrées entre l’adaptation et l’atténuation » 14 . Alorsque <strong>les</strong> PMA et <strong>les</strong> PEID, ainsi que l’Afrique en général,auront un accès préférentiel aux fonds pour l’adaptation,l’engagement actuel est insignifiant. Qui plus est,il n’y est fait aucune mention <strong>du</strong> montant qui serait réservéau financement de l’adaptation au-delà de 2012.Dans l’Accord de Copenhague, <strong>les</strong> projections de financementà long terme pour l’adaptation dans <strong>les</strong> pays <strong>les</strong>plus vulnérab<strong>les</strong> sont tout simplement négligées.8 Il y a 52 PEID – états intégrants et non intégrants de l’ONU –dont dix sont des PMA.9 Oxfam, Adapting to climate change: what’s needed in poorcountries, and who should pay.10 PNUD, Human Development Report 2007/2008: Fightingclimate change. Human solidarity in a divided world New-York, 2007.11 CMNUCC, Investment and financial flows to address climatechange.12 Adopté pendant la Conférence internationale sur lefinancement <strong>du</strong> développement qui a eu lieu à Monterrey,Mexique, <strong>du</strong> 18 au 22 mars 2002.13 Basé sur le fait que l’APD de l’OCDE/CAD de 2007, deUSD 104 milliards a atteint 0,28% <strong>du</strong> Revenu national brut deCAD (RNB). Source : OCDE (2008).14 CMNUCC, “Rapport sur la quinzième session de laConférence des Parties”, op.cit.La situation est sombre : tandis que <strong>les</strong> paysdéveloppés ont montré un intérêt commun et différenciéquant à la résolution de la crise financièrecausée par l’effondrement des marchés, ils ont étéréticents à montrer le même intérêt pour résoudre lacrise climatique dont ils sont responsab<strong>les</strong>. Cependant,par rapport aux USD 20 milliards d´opérationsde remise à flot et de garanties sans conditions que<strong>les</strong> gouvernements des pays développés ont offertau secteur privé pendant la crise, le montant nécessairepour aborder le changement climatique estrelativement petit 15 .Légitimation de l’instrument néo-colonialQuelle que soit la somme, l’idéologie <strong>du</strong> financementclimatique est une préoccupation cruciale pour <strong>les</strong>pays en développement. Pendant la séance plénièrede clôture de la CoP15, de nombreux délégués occidentauxont voulu lier <strong>les</strong> fonds qu’ils offraient auxpays en développement à la condition préliminairequ’ils acceptent l’Accord – ce que <strong>les</strong> délégués despays en développement ont qualifié de « tentative desubornation ». Ed Miliband, le ministre de l’Énergieet <strong>du</strong> climat <strong>du</strong> Royaume-Uni, a dit de façon trèsspécifique que si <strong>les</strong> délégués n’acceptaient pasl’Accord « ces fonds ne serait pas mis en œuvre » 16 .Le délégué des États-Unis s’est exprimé dans destermes semblab<strong>les</strong>.Ces tentatives de soumission <strong>du</strong> financementà l’adoption préalable de l’Accord n’adhèrent pasau concept de financement de la CCNUCC auquelse sont engagés <strong>les</strong> pays développés. Qui plus est,certains se sont référés de nouveau à l’APD commeétant la source de fonds la plus viable –alors qu’aucours des 30 dernières années <strong>les</strong> pays donneursn’ont même pas tenu <strong>les</strong> engagements préexistantsde l’APD. À l’heure actuelle, tous <strong>les</strong> instrumentsinternationaux de financement de l’adaptation – exceptéle Fonds d’adaptation <strong>du</strong> protocole de Kyotoqui a été mis en œuvre il n’y a pas longtemps – seréapprovisionnent par des donations bilatéra<strong>les</strong> aumême titre que l’APD, généralement au moyen d’architecturesfinancières existantes.La bataille entre <strong>les</strong> pays développés et <strong>les</strong> paysen développement pour établir une architecturefinancière en vue <strong>du</strong> financement de l’adaptationet de l’atténuation a été longue. Pour ce qui est del’administration des fonds, <strong>les</strong> pays développésvoulaient maintenir l’architecture financière existante,le Fonds pour l’Environnement mondial (FEM),tandis que <strong>les</strong> pays en développement, considérantque le modèle de financement <strong>du</strong> FEM était difficiled’accès, exigeaient pour leur part qu’une institutiondifférente soit établie. La solution à cette questiona été l’établissement consensuel d’un Conseil <strong>du</strong>fonds d’adaptation dont <strong>les</strong> membres sont élus par<strong>les</strong> Parties de la Convention et sont placés sous sonautorité directe.15 Antonio Tricarico, If Keynes could sit at the climatenegotiations table... Proposal for an “International ClimateUnion” and a SDR-based “Global Climate Fund”. Notes pourdes débats. GCRN 1, 2010.16 Reuters, “US-led climate deal under threat in Copenhagen”,19 décembre 2009.Rapports thématiques 22 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Étant donné <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> de responsabilité historiquedifférentiels, le coût de l’adaptation est perçucomme une dette que le monde in<strong>du</strong>strialisé doitassumer puisqu’il en est le ma<strong>jeu</strong>r responsable. Lesdettes ne peuvent pas se solder par des emprunts, nimême par des subventions ; le concept va au-delà <strong>du</strong>soi-disant rapport « donneur-récepteur » ou « sponsor-client». Par ailleurs, le financement est offertaux pays qui remplissent déjà toutes <strong>les</strong> conditionspour recevoir des prêts soup<strong>les</strong> des banques multilatéra<strong>les</strong>de développement (BMD), c’est-à-dire que<strong>les</strong> pays participants doivent, pour avoir accès auxprêts, remplir <strong>les</strong> conditions requises établies par<strong>les</strong> BMD. Ces institutions n’ont aucune crédibilitéauprès de l’administration de ces fonds étant donnéleurs mauvais procédés en matière de protectionsociale et environnementale, leur manque de gouvernancedémocratique ou d’engagement enversla transparence et la reddition des comptes, et <strong>les</strong>prêts significatifs effectués en ce moment et par lepassé aux hydrocarbures 17 . Les BMD sont des outilsde type néo-colonial ; <strong>les</strong> légitimer en tant qu’entitésopérationnel<strong>les</strong> <strong>du</strong> financement climatique reviendraità remodeler sans plus <strong>les</strong> politiques d’aide despays développés.La « mort » de KyotoÀ la suite des résultats frustrants de la Conférencede Copenhague, une nouvelle polarisation a surgi àpropos de la diplomatie sur le climat. D’autre part,l’Accord n’apporte pas davantage de clarté sur lafaçon dont se déroulera le processus des négociations.En ce qui concerne le Plan d’Action de Bali,adopté pendant la CoP 13 en décembre 2007, <strong>les</strong>négociations suivent deux voies différentes: celle del’AWG-LCA, qui négocie l’augmentation des actionsvisant à garantir la pleine exécution, efficace et soutenuede la Convention, et celle de l’AWG-KP, qui apour tâche de fixer <strong>les</strong> objectifs de ré<strong>du</strong>ction pour lapériode d’engagements postérieure à 2012, au momentoù des analyses scientifiques exigent que desré<strong>du</strong>ctions décisives d’au moins 25 % à 40 % soienteffectuées d’ici à 2020. Seul le Protocole de Kyotostipule une période d’engagements comprise entre2008 et 2012 et fixe des objectifs communs et indivi<strong>du</strong>elsjuridiquement contraignants pour <strong>les</strong> Partiesfigurant en Annexe I, variant d’un pays à l’autre, pourré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> émissions de GES.Presque tous <strong>les</strong> pays développés se sont unispour élever leur voix dans l’espoir de démantelerle Protocole de Kyoto, de regrouper <strong>les</strong> deux voiesen une seule et de pro<strong>du</strong>ire un résultat légal qui garantissel’inclusion des pays en développement <strong>les</strong>plus avancés. Les États-Unis, par exemple, n’ont pasl’intention de ratifier le Protocole ni d’accepter unaccord juridiquement contraignant. Ils préfèrent, aulieu de cela, un « accord d’exécution » de bas en hautqui, sur la base d’un ensemble de décisions claires etconformes à la CCNUCC, formalise et renforce <strong>les</strong> stipulationsactuel<strong>les</strong> de la Convention sur le Changementclimatique concernant <strong>les</strong> engagements pourré<strong>du</strong>ire l’émission de GES volontaires, non juridique-17 ActionAid, Cereal Offenders, Rapport politique, juillet 2008.Le financement climatique et <strong>les</strong> OMDIan PercyLa somme de USD 30 milliards destinée aufinancement « nouveau et additionnel » préconiséepar l’Accord de Copenhague est loind’être garantie. Ce chiffre reflète sans doute <strong>les</strong>priorités de l’ONU et l’engagement pris en cequi concerne l’atténuation et l’adaptation pourle changement climatique, mais <strong>les</strong> tendanceshistoriques ne sont pas encourageantes. Lespays développés donneurs ne sont pas en voied’atteindre l’objectif <strong>du</strong> 0,7% <strong>du</strong> Revenu nationalbrut (RNB) de l’APD d’ici à 2015. Il existedéjà des rapports de la société civile finlandaise,par exemple, dénonçant le fait que le financementclimatique est prélevé sur le budget <strong>du</strong>développement 1 . La situation est similaire dansla plupart des pays qui ont contracté ces engagements.D’autre part, l’organisation BetterAidinforme que l’on prévoit que <strong>les</strong> aides collectéesdevraient diminuer de plus de USD 2 milliardslorsque <strong>les</strong> fonds climatiques pour <strong>les</strong> pays derevenus moyens commenceront à grignoter lebudget destiné à l’aide 2 .1 Better Aid. Disponible sur : .2 Ibid.ment contraignants et recouvrant toute l’économie,et informer sur <strong>les</strong> émissions. Cette conception de« l’engagement et la révision » contredit ouvertementle Protocole de Kyoto et laisse toute liberté d’actionaux pays pour décider <strong>du</strong> genre d’objectifs à adopteret de la manière de <strong>les</strong> réaliser. Alors que l’optique deKyoto prévoit la réalisation de certains objectifs surdes périodes déterminées, ainsi que des évaluationssur la façon de <strong>les</strong> réaliser, le processus exigé dansl’Accord de Copenhague, quant à lui, ressemble auxnégociations faites dans le cadre de l’ Organisationmondiale <strong>du</strong> commerce (OMC), où régulièrement,au bout de quelques années, <strong>les</strong> pays assument denouveaux engagements pour ré<strong>du</strong>ire leurs barrièrescommercia<strong>les</strong> 18 .Le Protocole de Kyoto, qui a établi une coalitionmondiale entre <strong>les</strong> politiques, <strong>les</strong> experts, <strong>les</strong> fonctionnaires,<strong>les</strong> organisations de la société civile et<strong>les</strong> gens <strong>du</strong> monde entier, décrivait un point de vueintégré visant à affronter <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> changementclimatique. Aujourd’hui, l´approche sélective desoptions préférab<strong>les</strong> qu’adoptent <strong>les</strong> pays développésrappelle la phrase de l’administration Bush: « Kyoto18 Harro van Asselt, Copenhagen chaos? Post-2012 climatechange policy and international law, Amsterdam Law Forum,2(2), 2010.Les Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement(OMD) étant loin d’être réalisés, le développementreste très en retrait par rapport àd’autres objectifs un peu partout dans le monde.Le manque de financement pour le développementest souvent signalé comme étant la causede la lenteur des avancées dans la réalisation desobjectifs. Vu <strong>les</strong> tendances actuel<strong>les</strong>, on peut facilementimaginer une chute soudaine de l’APDdestinée aux activités non climatiques. Les leaderspolitiques, surtout au sein de l’Organisation decoopération et de développement économiques(OCDE), sont soumis à des pressions chaque foisplus fortes leur demandant de prouver que l’aidequ’ils offrent donne des résultats. Les cib<strong>les</strong> dedéveloppement <strong>les</strong> moins quantitatives courentvraiment le risque d’être reléguées à un deuxièmeplan en faveur des stratégies vérifiab<strong>les</strong> d’atténuationet d’adaptation au changement climatique.Pendant la 16 e Conférence des Parties àCancun <strong>les</strong> grands axes <strong>du</strong> financement climatiquedevront être établis, afin de garantirque <strong>les</strong> donneurs et <strong>les</strong> pays en développementne perdent pas de vue <strong>les</strong> engagements liés audéveloppement. En l’absence de qualificationsvérifiab<strong>les</strong> et concises concernant <strong>les</strong> fonds« nouveaux et additionnels », l’é<strong>du</strong>cation etcertaines autres priorités de développementrisquent de devoir jouer un rôle secondaire faceaux parcs éoliens et aux projets de biomasse. nest mort » 19 . À l’époque, l’affirmation avait été trèscritiquée dans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> monde entier ; à présent,ces mêmes pays doivent faire des efforts pour que leProtocole de Kyoto continue à fonctionner jusqu’à laphase suivante.Le chemin qui mène à CancunLors de la CoP 15 de Copenhague et de la CoP 13de Bali, <strong>les</strong> pays parties ont formé trois blocs denégociation : (a) l’Union Européenne (UE), (b) <strong>les</strong>États-Unis, avec le soutien <strong>du</strong> Canada et <strong>du</strong> Japon,(c) le G77 et la Chine. Ce dernier groupe est le plusimportant puisqu’il rassemble 132 nations, y comprisdes pays en développement, PMA, et l’Alliancedes petits États insulaires (AOSIS, en anglais). C’estla plateforme de presque tous <strong>les</strong> pays ne figurantpas en Annexe I qui, en termes historiques, ne sontpas responsab<strong>les</strong> de la crise climatique actuelle. Cependant,étant donné <strong>les</strong> disparités existant entre euxquant à la comparabilité économique et la croissance<strong>du</strong> PIB, c’est également le groupe le plus hétérogèneet pratiquement pris dans le sillage des intérêts despays en développement <strong>les</strong> plus avancés (le Chine, leBrésil, l’Inde et l’Afrique <strong>du</strong> Sud).19 Dick Thompson, “Why U.S. Environmentalists Pin Hopes onEurope?” Time, 26 mars 2001.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>23Climat planétaire : l’effondrement de Copenhague


L’existence de ces trois blocs a mené à une « diplomatieclimatique triangulaire ». Par exemple l’UEa adopté une position qui soutient un résultat légalunique et elle a surtout essayé de pousser <strong>les</strong> États-Unis, mais également <strong>les</strong> pays en développement <strong>les</strong>plus avancés, à accepter des engagements juridiquementcontraignants. D’autre part, comme cela aété mentionné plus haut, <strong>les</strong> États-Unis ont cherchéà promouvoir un « accord d’exécution ». De leurcôté, <strong>les</strong> pays en développement <strong>les</strong> plus avancésont mis en exergue la responsabilité historique despays in<strong>du</strong>strialisés, entre autres <strong>les</strong> États-Unis, <strong>les</strong>incitant à tenir <strong>les</strong> rênes <strong>du</strong> combat contre le changementclimatique conformément aux engagementscontractés selon l’article 3.1 de la CCNUCC.Des divergences d’envergure se sont égalementpro<strong>du</strong>ites entre d’autres intégrants <strong>du</strong> bloc <strong>du</strong> G77 etla Chine ; <strong>les</strong> PEID et <strong>les</strong> PMA ont exigé d’établir desnégociations portant sur l’Action coopérative à longterme dans le but d’élaborer un protocole qui œuvre depair avec le Protocole de Kyoto. Ce groupe de pays aégalement exigé une affectation préférentielle <strong>du</strong> financementde l’adaptation, proposition que <strong>les</strong> autres paysen développement <strong>les</strong> plus avancés n’ont pas secondé.Contrairement à ce qui se passe dans la géopolitiquemondiale, <strong>les</strong> positions des États-Unis et de la Chinesemblent se rapprocher en ce qui concerne la diplomatieclimatique, étant donné que pour ces deux pays <strong>les</strong>intérêts nationaux priment sur <strong>les</strong> intérêts mondiaux.La polarité multiple qui surgit dans la diplomatieclimatique mondiale a pour résultat de permettre auxdifférents acteurs-clés d’entraver toutes <strong>les</strong> avancéessignificatives lors des futures négociations pour la CoP16, qui aura lieu en novembre de 2010 à Cancun (Mexique).S’il n’existe pas de posture politique complémentaireentre <strong>les</strong> pays en développement <strong>les</strong> plus avancéset <strong>les</strong> pays développés, <strong>les</strong> États-Unis entre autres, il estpeu probable que des conquêtes et des résultats positifssoient remportés en termes de politique climatique. Quiplus est, la scission des parties <strong>du</strong> CCNUCC en deuxgroupes – <strong>les</strong> pays figurant en Annexe I et ceux n’y figurantpas – n’est plus adéquate étant donné la complexitéde la politique climatique mondiale. Alors que nombreuxsont <strong>les</strong> pays en développement et <strong>les</strong> économiesémergentes qui insistent sur la nécessité de conservercette dichotomie, il faut établir des différences au sein<strong>du</strong> groupe des pays ne figurant pas en Annexe I pourfaciliter le processus des négociations.ConclusionUne étude récente <strong>du</strong> PNUD sur <strong>les</strong> résultats de Copenhague20 signale que la conférence n’est pas parvenueà établir un accord global pour un futur cadresur le changement climatique. Cependant, si pour<strong>les</strong> thèmes principaux <strong>les</strong> parties utilisaient l’Accordde Copenhague comme guide de politique générale,des progrès significatifs dans <strong>les</strong> négociations techniquesde l’AWG-KP et de l’AWG-LCA pourraient êtreobtenus et <strong>les</strong> textes seraient plus vite conclus. Enmême temps, <strong>les</strong> inquiétudes des pays qui n’ont passoutenu l’Accord seraient prises en compte.En attendant, la première réunion des pays depuisla Conférence de Copenhague a prolongé le mandatdes deux groupes de travail ad hoc – l’AWG-LCAet l’AWG-KP. Cette double voie de travail présente degrands avantages puisque une grande partie <strong>du</strong> cadreinstitutionnel requis existe déjà. Si cet axe de travailn’était pas adopté, <strong>les</strong> progrès déjà obtenus dans leprocessus de négociation seraient en péril. n20 Alina Averchenkova, The Outcomes of Copenhagen: TheNegotiations and the Accord, Série sur la politique climatique<strong>du</strong> Groupe pour l’environnement et l’énergie <strong>du</strong> PNUD,février 2010. Disponible sur : .Rapports thématiques 24 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Participation actionnaire critique : comment s’appuyer sur <strong>les</strong>finances pour promouvoir <strong>les</strong> droits humains et l’environnementDans plusieurs pays <strong>les</strong> organisations et <strong>les</strong> réseaux de la société civile ont commencé à acheter des actions d’entreprises accusées depro<strong>du</strong>ire des impacts sociaux et environnementaux négatifs, particulièrement dans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud, de façon à participer activementà la vie de l’entreprise. C’est une nouvelle sorte de plaidoyer et un nouvel outil de campagne : la participation actionnaire critique.La critique retombe sur <strong>les</strong> entreprises sélectionnées pour leur mauvaise gouvernance démocratique et leurs comportementspolémiques en matière de <strong>du</strong>rabilité et de procédés. Si <strong>les</strong> acteurs et <strong>les</strong> administrateurs financiers continuent à vouloir investirdans des entreprises non <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>, qui violent <strong>les</strong> droits humains et nuisent à l’environnement, jouant à une économie de casino,mettons-leur <strong>les</strong> choses au clair : nous ne voulons pas être leurs complices et nous ne <strong>les</strong> laisserons pas jouer avec nos jetons.Andrea BaranesCampagna per la Riforma della Banca Mondiale (CRBM)Mauro MeggiolaroFondazione Culturale Responsabilità EticaLe « Pioneer Fund », créé à Boston en 1928 est habituellementconsidéré comme étant le premier cas oùun investisseur institutionnel a pris en compte desparamètres non économiques dans ses stratégiesd’investissement. Le fonds a encouragé l’investissementqui s’aligne sur des croyances religieuses,excluant <strong>les</strong> « actions pécheresses » des entreprisesqui opéraient dans des secteurs tels que le tabac, le<strong>jeu</strong> et l’armement.À la fin des années 60 une nouvelle conceptiondes fonds éthiques surgit aux États-Unis au momentoù <strong>les</strong> droits civils d’abord, et <strong>les</strong> protestationscontre la guerre ensuite, commencèrent à se généraliser.En 1968, <strong>les</strong> étudiants de l’Université deCornell ont exigé au conseil de se défaire des actionsdes entreprises commerçant avec l’Afrique <strong>du</strong> Sud.Quelques années plus tard le « Pax World Fund » aété créé ; il excluait <strong>les</strong> entreprises impliquées dansla guerre <strong>du</strong> Vietnam.Les motifs excluant certains investissementsont été élargis et des critères sociaux ont commencéà intervenir. Plus important encore, c’est que dès lafin des années 60, non seulement certains secteursont été exclus tels que l’armement et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>x de hasard,mais également <strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> banquesqui participaient à ces activités. Plus tard, de nouveauxfacteurs ont commencé à être pris en compte,concrètement <strong>les</strong> comportements historiques desentreprises en matière de respect des droits humainset de l’environnement. Ceci s’est avéré une méthodeparticulièrement puissante de boycott des entreprisesqui faisaient commerce avec des régimes racistes(comme par exemple l’Afrique <strong>du</strong> Sud aux tempsde l’apartheid) ou avec des dictatures (comme cellede Pinochet au Chili).Boycott ou participationD’un point de vue historique, ces premiers cas ontrevêtu une énorme importance car ils ont mis enrelief le rôle que peuvent jouer <strong>les</strong> actionnaires pourinfluer sur le comportement d’une entreprise. Plusieurscas de désinvestissement et de boycott à desentreprises spécifiques, à des pays ou à des secteursont obtenu des résultats impressionnants. On saitfort bien, par exemple, que la campagne massivecontre des entreprises qui entretenaient des rapportséconomiques et commerciaux avec le régimede l’apartheid en Afrique <strong>du</strong> Sud a joué au moins uncertain rôle pour encourager un changement vers unsystème moderne et démocratique.Cependant, le désinvestissement en actionsd’une entreprise signifie couper tout lien avec elle etperdre à la fois toute possibilité d’intervenir éventuellementsur sa façon d’agir. Par contre, être actionnairesignifie posséder une partie de l’entreprise, fût-elleminime, et garder ainsi des liens et une participationactive dans la vie de celle-ci pour essayer de changerson comportement social en général.Le rôle des marchés financiersCette idée acquiert chaque fois plus d’importancedans le contexte des marchés financiers modernes.La portée et le rôle des finances se sont énormémentaccrus ces dernières années, comme on peut le voirdans la dite « financiarisation » de l’économie mondiale.En dehors de quelques exceptions, la plupartdes actions des entreprises actuel<strong>les</strong> qui cotisent enbourse appartiennent aux fonds d’investissement,aux fonds de pensions et à des investissements institutionnelsdivers. Par conséquent, pour satisfaire<strong>les</strong> demandes et <strong>les</strong> attentes de ces institutions, lavaleur quotidienne des actions de l’entreprise devientl’objectif principal de leurs directeurs, se substituantlentement mais sûrement à l’objectif à long terme <strong>du</strong>développement <strong>du</strong>rable. Les options d’achat sur <strong>les</strong>actions et d’autres bénéfices pour la haute directionont augmenté drastiquement cette tendance.En termes plus généraux, « l’intérêt des actionnaires» est en train de remplacer rapidement« l’intérêt des parties prenantes ». Certaines despires conséquences des finances modernes, dontl’excessive volatilité et la spéculation, pourraient êtreliées en partie à ce changement. En même temps,l’énorme pouvoir <strong>du</strong> monde financier pourrait servirà défier le comportement social et environnementaldes entreprises indivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong>.Les principes de la participationactionnaire critiqueDans divers pays, <strong>les</strong> organisations et <strong>les</strong> réseauxde la société civile ont commencé à mettre en placeun nouveau plaidoyer et un nouvel outil pour fairecampagne : la « participation actionnaire critique ».L’idée est toute simple : acheter quelques actionsdes entreprises accusées d’avoir un impact socialet environnemental négatif, particulièrement en cequi concerne leurs investissements dans <strong>les</strong> pays<strong>du</strong> Sud, afin de participer activement à la vie desentreprises. En général, <strong>les</strong> entreprises sont choisiesen fonction de leurs comportements historiques négatifsau niveau social, environnemental et <strong>du</strong> nonrespect des droits humains, pour leur impact polémiquesur <strong>les</strong> processus de développement locaux etnationaux, pour leur manque de transparence et leurfaible gouvernance démocratique, ainsi que pourl’absence totale de reddition des comptes.La participation actionnaire critique vise au minimumun triple but :Premièrement, elle offre la possibilité de faireentendre directement la voix des communautés<strong>du</strong> Sud et des organisations internationa<strong>les</strong> de lasociété civile aux directoires et aux actionnaires del’entreprise. Trop de projets menés par des entreprisestransnationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Nord pro<strong>du</strong>isent un impactnégatif sur la vie et sur <strong>les</strong> droits fondamentaux desgroupes locaux dans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud. Ceux-ci n’ontpas la possibilité de faire entendre leur voix dans lepays où l’entreprise mère a son siège. L’initiative departicipation actionnaire critique peut donc être unoutil efficace pour tenter de faire parvenir cette voixjusqu’aux directoires, administrateurs et actionnairesde l’entreprise. Du point de vue de la campagne etétant donné le rôle principal des marchés financierset de la valeur des actions, la démarche directe entant qu’actionnaire attirera davantage l’attention del’entreprise. Ceci est particulièrement vrai pour <strong>les</strong>hautes sphères de la direction, dont <strong>les</strong> revenus annuelsdépendent chaque fois plus des options d’achatsur <strong>les</strong> actions et des autres bénéfices directementliés au comportement de l’entreprise sur le marchédes valeurs. Ce genre d’engagement peut servir, parconséquent, à mettre en évidence la stratégie socialeet environnementale de l’entreprise afin d´amoindrir<strong>les</strong> principa<strong>les</strong> répercussions négatives sur le développementet d´encourager un dialogue plus actifentre la compagnie et tous <strong>les</strong> actionnaires.Deuxièmement, en ce qui concerne la culturefinancière générale, la participation actionnaire critiqueest un instrument de « démocratie économique »<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>25Participation actionnaire critique


qui accroît <strong>les</strong> connaissances et la participation despetits actionnaires et <strong>du</strong> public en général vis-à-visdes questions financières. Être actionnaire ne signifiepas rechercher simplement <strong>les</strong> bénéfices et <strong>les</strong>dividendes <strong>les</strong> plus élevés dans <strong>les</strong> délais <strong>les</strong> plusbrefs. La crise actuelle a mis en exergue <strong>les</strong> menacesd’un système financier fondé sur la maximisation desbénéfices à court terme. Être actionnaire impliquedes droits et des devoirs, tels que la participationactive dans la vie de l’entreprise, ce qui est considéréfondamental dans tout processus de développementaussi bien au nord qu’au sud, étant donné le rôle dechoix que remplit le secteur privé dans la plupart dessociétés.Pour terminer, <strong>du</strong> point de vue des investisseurs,la participation actionnaire critique renforce lareprésentation des petits actionnaires dans la vie del’entreprise. Un rapport de 2009 de l’OCDE signalequ’un des motifs principaux de la crise est dû à lamauvaise planification de la gouvernance corporativede nombreuses compagnies 1 . Ce même rapportde l’OCDE s’engage à augmenter la participation despetits actionnaires dans la vie et dans <strong>les</strong> prises dedécisions des entreprises. La participation actionnairecritique va précisément dans ce sens et peutcontribuer à l’augmentation de la démocratisation etde la reddition de comptes <strong>du</strong> secteur privé.Réseaux internationaux et résultats initiauxDans différents pays européens, de même qu’auxÉtats-Unis, l’engagement actif des actionnaires estdevenu une pratique habituelle. Les interventionset <strong>les</strong> propositions des petits actionnaires actifs ontaidé dans bien des cas à optimiser la responsabilitéenvironnementale et sociale, la gouvernance, lareddition des comptes et la <strong>du</strong>rabilité à long termedes entreprises. Cette stratégie a déjà été utiliséelors de campagnes orientées vers la responsabilitédes corporations <strong>du</strong> nord, en solidarité envers <strong>les</strong>communautés affectées dans le Sud <strong>du</strong> globe, afin depromouvoir leur droit au développement.Le pionnier dans <strong>les</strong> pratiques de participationactionnaire est in<strong>du</strong>bitablement l’Interfaith Center onCorporate Responsibility (Conseil Interreligieux pourla Responsabilité des Entreprises, ou ICCR (sigle enanglais) siégeant à New York 2 . En tant que coalitionde 275 ordres religieux, catholiques, évangéliques etjuifs, l’ICCR implique des compagnies des États-Unisdans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> elle investit, présentant et votant desrésolutions dans <strong>les</strong> Assemblées généra<strong>les</strong> annuel<strong>les</strong>(AGA) des entreprises et tenant des réunions avec<strong>les</strong> directeurs et <strong>les</strong> administrateurs de ces mêmesentreprises. La première de ces résolutions a été pré-1 Kirkpatrick, Grant, The corporate governance <strong>les</strong>sons fromthe financial crise. OCDE, 2009. Disponible sur : .2 Pour plus de renseignements voir : .sentée au début des années 70 : elle demandait auxentreprises tel<strong>les</strong> que la General Motors de retirerleur soutien financier et commercial à l’Afrique <strong>du</strong>Sud de l’apartheid. Les résolutions de l’ICCR concernantl’Afrique <strong>du</strong> Sud, présentées par l’Église épiscopale,n’ont jamais obtenu plus de 20 % des voixdes actionnaires, mais el<strong>les</strong> ont cependant contribuéà peser sur l’opinion publique et à mettre en garde<strong>les</strong> marchés financiers sur l’apartheid. Pendant <strong>les</strong>années précédant la fin de l’apartheid (1994), <strong>les</strong>investissements directs des entreprises des États-Unis en Afrique <strong>du</strong> Sud ont diminué de 50 % et, pourreprendre <strong>les</strong> mots de Timothy Smith, l’un des premiersdirecteurs de l’ICCR :« Sans <strong>les</strong> initiatives de participation actionnaireresponsab<strong>les</strong> la lutte contre l’apartheid aurait étébien moins efficace ».La mission d’entreprise de l’ICCR énonce que :« Nous pensons que <strong>les</strong> investissements devraientoffrir autre chose qu’un retour financier acceptable…au lieu de vendre <strong>les</strong> actions des entreprisesqui ne respectent ni l’environnement, ni <strong>les</strong> droits humains,ni la bonne gouvernance, nous préférons agiren tant qu’actionnaires et faire pression pour obtenirun changement ». À partir de 2010 l´ICCR a présentéplus de 200 résolutions différentes dans <strong>les</strong> AGAdes compagnies américaines concernant des questionstel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> compensations excessives pour<strong>les</strong> directeurs, <strong>les</strong> substances chimiques toxiquescomposant <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its, l’expérimentation animale,l’utilisation de l’espace à des fins militaires ou <strong>les</strong>ventes d’armement à l’étranger. De nombreuses résolutionsont été retirées avant même la célébrationdes assemblées généra<strong>les</strong> parce que <strong>les</strong> compagniesont accepté de négocier avec <strong>les</strong> membres de l’ICCR.Le pourcentage d’actionnaires qui ont soutenu parleur vote <strong>les</strong> résolutions de l’ICCR varie de presque40 %–dans <strong>les</strong> résolutions présentées dans <strong>les</strong> AGAde la Bank of America, <strong>du</strong> Citigroup et de la GoldmanSachs, demandant plus de transparence dans<strong>les</strong> transactions sur <strong>les</strong> dérivés financiers – au tauxrecord de 97,9 % pour <strong>les</strong> résolutions concernantle VIH/SIDA présentées lors de l’AGA de Coca Colaen 2004 demandant à la multinationale de divulguerun rapport sur <strong>les</strong> répercussions économiquespossib<strong>les</strong> <strong>du</strong> VIH/SIDA et autres pandémies sur lebilan et <strong>les</strong> stratégies commercia<strong>les</strong> de la compagniedans <strong>les</strong> pays en développement. À la suite dela résolution, destinée à conscientiser Coca Cola àl’émergence <strong>du</strong> VIH/SIDA dans l’Est de l’Afrique, lacompagnie a commencé à publier un rapport détaillé,comme l’avaient demandé <strong>les</strong> actionnaires actifs, et àinvestir dans la prévention et dans <strong>les</strong> soins de santépour ses employés dans <strong>les</strong> pays pauvres.Des résolutions similaires de l’ICCR ont convaincule géant de l’habillement des États-Unis, The Gap,de dévoiler la liste complète de ses sous-traitantsdans <strong>les</strong> pays en développement et d’effectuer uneévaluation des risques sociaux et environnementauxpour chacun d’eux.Mais <strong>les</strong> investisseurs religieux ne sont pas <strong>les</strong>seuls à mettre sous <strong>les</strong> projecteurs <strong>les</strong> entrepriseslors des assemblées des actionnaires. Au cours desdix dernières années <strong>les</strong> grands fonds de pensionsont aussi commencé à élever leur voix. Aux États-Unis le plus connu est Calpers (Caisse de retraite desemployés publics de Californie). Calpers, qui a plusde 1,4 million de membres et pratiquement USD 200milliards en administration, a commencé à utiliserses investissements en actions comme moyen depression pour que <strong>les</strong> corporations des États-Uniss’engagent. Les campagnes de Calpers, destinéesprincipalement à condamner <strong>les</strong> mauvaises pratiquesde gouvernance (par exemple, des compensationsexcessives versées aux directeurs) ont remportéun succès énorme et inespéré, à tel point queSean Harrigan, président de Calpers jusqu’en 2004, adû démissionner en raison de la pression croissantedes multinationa<strong>les</strong> des États-Unis. En septembre2006, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger,qui soutenait le Groupe de travail pour le désinvestissementau Soudan, a adopté une politiquede désinvestissement dans <strong>les</strong> compagnies opérantau sud <strong>du</strong> Soudan (où la guerre civile se poursuitau Darfour) pour la Caisse de retraite des employéspublics de Californie (Calpers) et pour la caisse de retraitedes maîtres de l’État de Californie (Calstrs) et ila décidé de compenser pour cette action <strong>les</strong> conseilsd’ administration de ces deux fonds.En plus de Calpers et Calstrs, bien d’autres fondsde pension pour <strong>les</strong> employés publics ont commencéà exercer une pression sur <strong>les</strong> entreprises des États-Unis dans <strong>les</strong> AGA, y compris le Fonds de retraitecommunautaire de l’État de New York, <strong>les</strong> Plans deretraite et de fidéicommis <strong>du</strong> Connecticut et le Bureau<strong>du</strong> contrôleur de la ville de New York. D’après uneenquête menée par le Forum d’investissement socialdes États-Unis, « ces dernières années ces fonds ontprésenté des dizaines de résolutions socia<strong>les</strong> fondéessur <strong>les</strong> Conventions de l’Organisation internationale<strong>du</strong> travail (OIT), sur des questions liées au changementclimatique ou à l’égalité des chances ».Au Canada la prise en charge des fonds de pensionpour <strong>les</strong> affaires socia<strong>les</strong> et environnementa<strong>les</strong>est stimulée par Batîrente, <strong>les</strong> fonds de pension dela Caisse d’économie Desjardins dont le siège estau Québec (une banque créée et totalement contrôléepar <strong>les</strong> syndicats) 3 . Batîrente administre près deEUR 350 millions, elle compte sur plus de 20 000membres et choisit <strong>les</strong> actions dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> elleinvestit conformément aux critères environnementaux,sociaux et de gouvernance. « Au début noussoutenions <strong>les</strong> résolutions présentées par d’autresfonds ou d’autres organisations », dit Daniel Simard,3 Voir: .Rapports thématiques 26 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


coordinateur de Batîrente, « mais ces dernières annéesnous avons commencé à présenter nos propresrésolutions ». Conjointement à Oxfam, Batîrente aconvaincu Metro, un magasin dans lequel le fondsinvestit, pour qu’il vende <strong>du</strong> café de commerce équitable,tout en convainquant Sears, une autre chaînede vente au détail, de publier un rapport social s’alignantsur <strong>les</strong> préceptes de la GRI (Initiative mondialepour l’élaboration de rapports).Hormis la Grande Bretagne, où certaines institutionsfinancières comme la Banque coopérative,Hermès ou F&C Asset Management ont encouragéla participation actionnaire, en Europe cette pratiqueest encore marginale et fait rarement la une desjournaux. Sur le continent <strong>du</strong> capitalisme familial etbancaire, <strong>les</strong> bourses des valeurs n’ont jamais jouéun rôle important. Et par conséquent, <strong>les</strong> activistesont préféré d’autres moyens de pression envers <strong>les</strong>entreprises. Mais quelque chose est en train de changeren Europe continentale aussi. La nouvelle la plusintéressante nous parvient de Suisse. Elle a pour nomEthos. Née en 1997 sur l’initiative de deux fonds depensions publiques, la Fondation Ethos pour l’investissement<strong>du</strong>rable administre actuellement EUR500 millions au nom d’environ 90 fonds de pensionpubliques en Suisse. Les fonds de pension délèguentà Ethos l’exercice <strong>du</strong> droit de vote (relié aux actionsdans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le fonds investit) dans <strong>les</strong> AGA descompagnies suisses. Les rémunérations excessivesdes gérants, la réputation et la mauvaise gestion desdirecteurs, et la rare transparence au moment de négocieravec des pro<strong>du</strong>its financiers « toxiques », sont<strong>les</strong> principaux problèmes présentés par Ethos. Lesobjectifs sont pour la plupart des sociétés financièresou pharmaceutiques, comme UBS ou Roche. Danscertains cas <strong>les</strong> propositions d’Ethos sont secondéesaussi par d’autres investisseurs ou par des actionnairesordinaires et el<strong>les</strong> arrivent à obtenir plus de50 % des votes des actionnaires, comme cela a étéle cas cette année à l’Assemblée générale annuelle del’UBS, où le directoire a proposé que <strong>les</strong> membres <strong>du</strong>directoire précédent soient absous de toute responsabilitédans le collapsus financier de l’entreprise.Ethos a voté contre, et la plupart des actionnaires ontfait de même ; ceux-ci envisagent aujourd’hui d’entreprendredes poursuites contre l’entreprise pour samauvaise gestion et <strong>les</strong> dommages financiers infligésà leurs clients. Ethos vote dans plus de 100 assembléesgénéra<strong>les</strong> de compagnies suisses tous <strong>les</strong> ans.Pour <strong>les</strong> entreprises non suisses, elle délègue auprèsde ses partenaires internationaux qui appartiennentà l’European Corporate Governance Service (ECGS,Service européen de gouvernance corporative).Dans certains cas la participation des actionnairesest associée aux stratégies traditionnel<strong>les</strong>de campagne. En mars 2010, une coalition de syndicats<strong>du</strong> Royaume-Uni, d’ONG et d’investisseursont essayé d’obtenir que des milliers de membresdes plans de pension s’unissent à une campagne debombardement de courriers électroniques destinéeà forcer <strong>les</strong> géants <strong>du</strong> pétrole BP et Royal Dutch Shellà reconsidérer leurs investissements dans l’exploitation,polémique <strong>du</strong> point de vue environnemental,des sab<strong>les</strong> bitumeux dans la province d’Alberta, auCanada. La coalition comprenait UNISON, le syndicat<strong>du</strong> secteur public le plus grand <strong>du</strong> Royaume-Uni et d’Europe, qui compte sur plus de 1,3 millionde membres et le Public and Commercial ServicesUnion (PCS, Syndicat des Services publics et commerciaux),le cinquième syndicat par ordre de grandeur<strong>du</strong> Royaume-Uni. Au cours de ce qu’elle a qualifiéde « mobilisation publique sans précédents », lacoalition a demandé aux épargnants d’envoyer descourriers électroniques aux gérants de leurs fonds depension pour <strong>les</strong> obliger à seconder <strong>les</strong> résolutionsdes actionnaires contre <strong>les</strong> projets des sab<strong>les</strong> bitumeuxqui devaient être votés pendant <strong>les</strong> AGA de BPet de Shell en mai. D’autres membres de la coalitionincluaient Greenpeace, la World Wildlife Foundationet le groupe de la banque coopérative. Plus de 140plans de pensions, d’administrateurs des fonds etd’investisseurs privés ont uni leurs forces à cel<strong>les</strong> deFairPensions, un groupe de pression siégeant à Londres,pour présenter une résolution des actionnaireslors de l’assemblée générale de Shell le 18 mai.En Italie, la Fondazione Culturale ResponsabilitàEtica (Fondation culturelle de responsabilité éthique,FCRE), contrôlée par la banque éthico-écologiqueBanca Etica, a elle aussi décidé de combiner <strong>les</strong>outils traditionnels des campagnes des ONG à unenouvelle forme de participation à travers l’investissementdans de grandes compagnies 4 . Déjà en 2008,FCRE avait acheté quelques actions d’entreprisespétrolières et de services publics italiennes (Eni etEnel, respectivement) dans le but de participer auxAssemblées généra<strong>les</strong> annuel<strong>les</strong>, et de donner ledroit de parole aux ONG environnementa<strong>les</strong> et socia<strong>les</strong>,comme Greenpeace Italie et CRBM, dont le siègeest en Italie et dans des pays en développement.Ces trois dernières années, la Fondation a remis enquestion <strong>les</strong> comportements d’ordre social et environnementalde ces deux compagnies secondéepar une série d’associations au Nigeria, au Chili, auCongo-Brazzaville, au Kazakhstan et dans d’autrespays où l’Eni et l’Enel maintiennent une activité, ainsique leurs opérations subsidiaires dans des pays signaléscomme étant des paradis fiscaux.La participation actionnaire critique en tantqu’outil de campagneBien que la participation active des petits actionnairesait porté ses fruits, on ne peut sous-estimer certainsaspects critiques. Tout d’abord, force est de reconnaîtreque le dialogue avec une entreprise ne passe4 Voir : .pas exclusivement par la possession d’actions. Ceprincipe renforcerait précisément l’idée que <strong>les</strong> actionnairesgagnent de plus en plus de poids face aureste des parties prenantes. Être investisseur permetde garantir des droits, certes, mais cela ne doit enaucun cas se substituer à d’autres voies de dialogueou à d’autres moyens de pression sur <strong>les</strong> entreprises.C’est d’autant plus vrai quand le dialogue ou laconfrontation avec l’entreprise porte sur un thèmeaussi fondamental que celui des droits humains.Au contraire, la participation actionnaire critiquedoit être considérée comme un outil qui s’ajouteà toute une série d’autres instruments à mettre enmarche pendant une compagne, et bons à utiliserdans leur ensemble pour renforcer l’action desautres outils de la campagne.Qui plus est, ce n’est pas parce qu’ils participentà certaines assemblées que <strong>les</strong> petits actionnairesdoivent s’attendre à des résultats fabuleux et à deschangements dans le comportement des entreprises.La participation actionnaire critique est un instrumentqui pourrait porter ses fruits à long terme,à force de s’obstiner à soutenir d’année en annéeun dialogue difficile avec l’entreprise et <strong>les</strong> autresinvestisseurs.Un autre aspect critique important réside dansla difficulté de réunir l’information juste sur des entreprisesou des projets spécifiques, d’autant plusque l’affluence des informations à traiter est considérable.La ma<strong>jeu</strong>re partie de l’information recueilliesur la compagnie, et qui est remise aux investisseurset aux médias spécialisés, provient habituellementde l’entreprise elle-même.Presque toutes <strong>les</strong> entreprises qui cotisent enbourse ont développé de fortes politiques de responsabilitésociale corporative afin de démontrerleur comportement irréprochable et se définissentsouvent el<strong>les</strong>-mêmes comme étant « vertes » et« <strong>du</strong>rab<strong>les</strong> ». En outre, le rôle important et croissantjoué par <strong>les</strong> agences spécialisées dans la qualificationdes entreprises en fonction de leurs politiquessociale et environnementale historiques ne devraitpas être sous-estimé. Le fait d’être définitivementinclus dans certains indicateurs, comme l’indicateurde <strong>du</strong>rabilité Dow Jones ou le FTSE, est souventbrandi comme un argument transcendental pour« démontrer » l’engagement pris envers la <strong>du</strong>rabilité.De fait, bien que différents indicateurs et plusieurs deces agences qualificatives aient été critiqués pour nepas offrir d’analyse sérieuse entre <strong>les</strong> compagnieset pour ne pas enquêter à fond le comportementgénéral, ils représentent une source importante derenseignements pour la communauté financière.Pour venir à bout de ce flux d’information, <strong>les</strong>activités devraient donc être menées en étroite collaborationavec <strong>les</strong> communautés affectées. En termesgénéraux, un travail d’enquête sérieux est nécessairepour obtenir des résultats.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>27Participation actionnaire critique


ConclusionsLa plupart des compagnies qui cotisent en bourseappartiennent en général à de multip<strong>les</strong> actionnaires :des investisseurs institutionnels, des fonds d’investissement,des fonds de pension et des actionnairesminoritaires. Cette fragmentation extrême accorde,entre autres, un énorme pouvoir aux groupes financiersqui ont juste une petite participation dans différentescompagnies. Un problème associé se poseavec <strong>les</strong> hauts directeurs qui détiennent un pouvoirexcessif par rapport aux actionnaires. D’autre part,cette même multiplicité de petits actionnaires ouvrede nouvel<strong>les</strong> possibilités. Au cours des dernièresannées, des millions de femmes et d’hommes <strong>du</strong>monde entier ont commencé à s’orienter vers uneconsommation plus responsable. Chaque jour <strong>les</strong>gens sont plus conscients d’exercer leur « droit devote à travers leur caddy au supermarché ». On peutchoisir <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its de certaines compagnies et pasd’autres, suivant leur comportement. Le mouvementpour un commerce équitable a prouvé à quel point laconsommation critique est devenue importante. C’estlà un changement culturel essentiel, qui a débuté il y aquelques décennies et qui poursuit son évolution.Il faut maintenant qu’un changement culturelsemblable se pro<strong>du</strong>ise par rapport à notre argent età nos investissements. Combien de personnes seraient-el<strong>les</strong>prêtes à laisser de l’argent à quelqu’unpour financer une affaire d’armement antipersonnelou de bombes à sous-munitions ? Combien de personnesprêteraient-el<strong>les</strong> de l’argent à quelqu’un quivoudrait le miser au casino ? D’autre part, combiensommes-nous à demander à nos banques, à nos fondsde pension ou d’investissements ce qu’ils font de notreargent ? Pour résumer, notre argent, canalisé à traversdes investissements financiers, possède un immensepouvoir et peut influencer en grande mesure, de façonpositive ou négative, le comportement social et environnementaldes entreprises et des banques.Une alliance solide est nécessaire pour assumerle contrôle de ce pouvoir. Les investisseurs responsab<strong>les</strong>ont la capacité technique d’intervenir dans laparticipation actionnaire critique. Les ONG connaissent<strong>les</strong> communautés affectées par <strong>les</strong> investissementsdes corporations transnationa<strong>les</strong> et sont encontact avec el<strong>les</strong>. Les moyens de communicationont la possibilité d’informer <strong>les</strong> petits investisseurset <strong>les</strong> travailleurs sur l’usage qui pourrait être fait deleurs épargnes. Potentiellement, on pourrait mobiliserune énorme quantité de personnes et de capitalpour des activités de participation actionnaire critique,ce qui provoquerait des changements concretsdans le comportement des plus grandes compagnies<strong>du</strong> monde.La participation des actionnaires active a déjàdonné des résultats dans plusieurs cas, et elle aabouti à une meilleure gouvernance corporative età une plus ample participation des petits actionnaires.En même temps, il faut obtenir une plus grandeimplication et coordination de la société civile, desinvestisseurs socialement responsab<strong>les</strong> et des petitsactionnaires, et obtenir ainsi des améliorationsconcrètes dans le comportement social et environnementaldes entreprises à moyen terme.Pour finir, et c’est le plus important, la participationactionnaire critique ne signifie pas seulementaméliorer le comportement social et environnementaldes entreprises qui cotisent en bourse. La promotiond’une « démocratie économique » va bien endelà. La récente crise financière a démontré que nosépargnes ont été mises en danger dans une économiede casino. Nous devons récupérer le contrôle denotre argent et de nos investissements. À travers laparticipation actionnaire critique on peut accroîtrela culture financière des petits investisseurs. Il nes’agit pas seulement d’améliorer le comportementd’une entreprise. Une nouvelle culture financières’impose aussi.Récapitulons brièvement l’impact de la crisefinancière : premièrement, notre argent n’a pas étéemployé pour promouvoir une meilleure économie ;deuxièmement, on l’a mis en danger ; troisièmement,l’investissement dans le casino financier a contribuéà faire exploser la bulle et à précipiter la crise financière; quatrièmement, la crise a eu un impact terrib<strong>les</strong>ur la vie des personnes <strong>du</strong> monde entier ; cinquièmement,d’énormes opérations de sauvetage ont étélancées pour sauver le système financier, celui-làmême qui a causé la crise. En définitive, ces sauvetagesseront financés par l’argent de nos impôts.Ça commence à bien faire. Si <strong>les</strong> acteurs financierset <strong>les</strong> cadres veulent continuer à investirdans des entreprises non <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>, à violer <strong>les</strong> droitshumains et à nuire à l’environnement, s’ils insistentencore à utiliser notre argent pour le jouer dansune économie de casino, élevons nos voix pour leurdire clairement que nous ne voulons pas être leurscomplices et empêchons-<strong>les</strong> de jouer nos jetons àla roulette. nRapports thématiques 28 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Privatisation des finances pour le développement : le rôlede la Banque européenne d’investissementL’architecture des finances de l’Union Européenne (UE) pour le développement doit être renouvelée en raison des changementsengendrés par la crise mondiale. La société civile a exprimé ses préoccupations au sujet de l’ambiguïté fondamentale concernantle statut d’institutions publiques comme la Banque européenne d’investissement (BEI), qui n’est manifestement pas unebanque de développement régional bien qu’elle prétende financer le développement à travers des opérations d’investissementaccessib<strong>les</strong>. Le risque existe que le débat destiné à repenser le rôle de l’aide de l’UE et le rôle encore plus complexe <strong>du</strong>financement pour le développement soit influencé par <strong>les</strong> approches des corporations.Antonio Tricarico (coordonnateur)Campagna per la Riforma della Banca Mondiale (CRBM)Les finances européennes pour le développementse trouvent devant un dilemme. L’impact de la criseéconomique et financière sur <strong>les</strong> finances publiquesdans la plupart des États membres de l’UE est entrain d’inverser la tendance de la dernière décenniequi consistait à augmenter l’Aide publique au développement(APD) 1 . Bien que <strong>les</strong> gouvernementseuropéens soient encore <strong>les</strong> principaux donateurset fournissent plus de la moitié de l’APD mondiale, i<strong>les</strong>t de plus en plus clair que l’UE dans son ensemblen’atteindra pas ses objectifs d’ici à 2015. Il existeégalement le risque que <strong>les</strong> efforts destinés à accroîtrela qualité et l’efficacité de l’aide, fortement soutenuspar <strong>les</strong> donateurs européens dans <strong>les</strong> forumsinternationaux, s’avèrent vains 2 .Dans ce contexte négatif un discours nouveauet opportuniste fait son apparition dans <strong>les</strong>milieux officiels de Bruxel<strong>les</strong> et d’autres capita<strong>les</strong>européennes axé sur la nécessité d’une approcheplus « holistique » de la coopération internationaleet <strong>du</strong> financement pour le développement. Cetteconception vise à élargir la définition de financespour le développement afin d’inclure <strong>les</strong> activitéscommercia<strong>les</strong> et d’investissement, et de prioriserl’implication <strong>du</strong> secteur privé comme moteur de lacroissance économique et, éventuellement, <strong>du</strong> développementen général.À première vue, cette approche peut semblerune reformulation <strong>du</strong> type de « l’effet de ruissellement» <strong>du</strong> Consensus de Washington. Cependant,malgré le biais idéologique en faveur des marchésprivés, une nouvelle perspective et une stratégiese référant à l’association entre la sphère privée etla sphère publique et des rô<strong>les</strong> réciproques de cesdeux secteurs est en train de se développer. Le financement<strong>du</strong> développement n’est pas simplementconsidéré comme un instrument destiné à promouvoirla réforme de la politique macroéconomiquedans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud (comme cela s’est pro<strong>du</strong>it au1 CONCORD, “Broken EU aid promises push MillenniumDevelopment Goals out of reach, says CONCORD as OECDannounces aid figures”, communiqué de presse, Bruxel<strong>les</strong>,14 avril 2010.2 Organisation de coopération et de développementéconomique/Comité d’assistance au développement (OCDE/CAD), Development Cooperation Report (Paris, 2010).cours de ces dernières décennies), mais de plus enplus comme un levier <strong>du</strong> secteur public pour mobiliser<strong>les</strong> capitaux privés. Dans le contexte de la criseéconomique et de l’importance renouvelée assignéepar le G20 au financement pour le développement etaux institutions financières internationa<strong>les</strong> commeinstruments fondamentaux des finances publiquesinternationa<strong>les</strong>, cette approche contribue égalementde manière décisive à soutenir le commerce européendans le monde alors que l’activité des marchésde capitaux privés a ralenti.Ainsi, le financement européen pour le développementcourt le risque de se transformer en unepartie intégrale d’un plan de sauvetage à long termevisant à bénéficier le commerce européen, qui estaccusé « d’assistance corporative », au lieu d’aider<strong>les</strong> pauvres des pays <strong>du</strong> Sud, qui ne sont pas responsab<strong>les</strong>de la crise mais qui en souffrent l´ impact.Participation <strong>du</strong> secteur privéLe financement <strong>du</strong> secteur privé par <strong>les</strong> banquesmultilatéra<strong>les</strong> de développement 3 (BMD) a décuplédepuis 1990, passant de moins de USD 4 milliardsà plus de USD 40 milliards par an. Les finances <strong>du</strong>secteur privé représentent actuellement une partieimportante <strong>du</strong> portefeuille global de nombreuxorganismes multilatéraux et constituent près de lamoitié de l’APD.Depuis le Consensus de Monterrey en 2002, <strong>les</strong>principa<strong>les</strong> institutions de développement ont misen œuvre le principe selon lequel le financement <strong>du</strong>développement devrait provenir de plus en plus desmarchés internationaux de capitaux avec un rôle deplus en plus rési<strong>du</strong>el et secondaire joué par l’aide aurenforcement des institutions et des compétences,en favorisant ainsi un environnement favorable auxinvestissements privés, tant nationaux qu’étrangers.Ces idées ont été réaffirmées lors de la Conférencede révision <strong>du</strong> financement pour le développement àDoha en décembre 2008.Évidemment, le développement est bien supérieuraux dépenses d’aide et le secteur privé peut êtreun moteur essentiel pour le développement <strong>du</strong>rable,mais <strong>les</strong> entreprises privées peuvent également avoirun impact négatif sur la pauvreté, <strong>les</strong> droits humains3 Agences intergouvernementa<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong> ourégiona<strong>les</strong> tel<strong>les</strong> que la Banque mondiale ou la Banqueafricaine de développement.et l’environnement, notamment dans le contextede l’investissement privé international. En outre,il convient de préciser quel secteur privé, étrangerou national, à but lucratif ou quel autre acteur doitrecevoir principalement le peu d’aide publique internationalepour atteindre <strong>les</strong> objectifs de développementet dans quel<strong>les</strong> conditions cette aide doit êtreoctroyée.La société civile internationale a récemmentsouligné que l’approche des BMD concernant <strong>les</strong>ecteur privé et le développement n’a pas toujoursété suffisamment axée sur la promotion <strong>du</strong> développement<strong>du</strong>rable et sur la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté 4 .Autant la sélection des projets par <strong>les</strong> BMD que leursprocé<strong>du</strong>res de suivi et d’évaluation ont tendance àdonner la priorité aux profit commercial face auxaméliorations socia<strong>les</strong> ou environnementa<strong>les</strong>. Lacroissance rapide de l’investissement <strong>du</strong> secteurfinancier sur le marché à travers des intermédiairescomme <strong>les</strong> banques privées ou <strong>les</strong> entreprises à capitauxprivés est considérée comme particulièrementpréoccupante. Les résultats de recherches récentesmontrent que plusieurs intermédiaires soutenus par<strong>les</strong> BMD opèrent par le biais de centres financiersdans des paradis fiscaux et peuvent contribuer à lafuite de capitaux des pays <strong>du</strong> Sud vers le Nord 5 .Nouvelle approcheCette tendance a abouti au niveau de l’UE à la propositionpour une approche de « l’ensemble del’Union » 6 inspirée de l’idée promue en 2009 par leG8 sous la présidence de l’Italie d’une « approchepour l’ensemble d’un pays » Cela signifie que <strong>les</strong>4 Action Aid, Bretton Woods Project, Christian Aid, CRBM,European Network on Debt and Development (Eurodad) yThird World Network (TWN), Bottom Lines, Better Lives?Multilateral Financing to the Private Sector in DevelopingCountries – Time for a New Approach, mars 2010.Disponible sur : .5 Richard Murphy, “Investment for development : derailedto tax havens”, rapport préliminaire sur l’utilisation desparadis fiscaux par <strong>les</strong> institutions financières pour ledéveloppement, préparé par IBIS, NCA, CRBM, Eurodad,Forum Syd et Tax Justice Network, avril 2010.6 Commission des communautés européennes, “SupportingDeveloping Countries in Coping with the Crisis”,Communication de la Commission au Parlement européen,au Conseil, au Comité économique et social européen et auComité des régions, Bruxel<strong>les</strong>, 8 avril 2009.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>29Privatisation des finances européennes pour le développement


contributions de l’UE au développement incluraientnon seulement l’APD mais aussi <strong>les</strong> crédits à l’exportation,<strong>les</strong> garanties d’investissement et <strong>les</strong> transfertsde technologie. Les instruments de promotionde l’investissement et <strong>du</strong> commerce seraient utiliséspour <strong>les</strong> investissements étrangers privés dans <strong>les</strong>pays en voie de développement comme le principalmoteur <strong>du</strong> développement.Ce type d’approche est basé sur des changementsqui ont déjà eu lieu au sein <strong>du</strong> financementeuropéen pour le développement. La « banquedomestique » de l’UE, la BEI, qui depuis 1980 aaugmenté lentement mais sûrement son volumed´opérations hors de l’UE, est devenue un acteur<strong>du</strong> financement pour le développement comparableà l’aide de la Commission européenne (CE) et undes principaux donateurs bilatéraux européens. LaBEI peut être considérée comme une « Corporationfinancière internationale européenne », étant donnéque son mandat consiste à assigner des prêts dans laplupart des cas directs au secteur privé pour la miseen œuvre de projet. Dans le même temps, des institutionssimilaires de type bilatéral, connues comme<strong>les</strong> Institutions européennes de financement pour ledéveloppement (IEFD), offrent un soutien financierprincipalement aux opérations <strong>du</strong> secteur privé despays membres à l’étranger au nom <strong>du</strong> développementet sont en train d’étendre actuellement leursopérations et leur champ d’activités.Les gouvernements européens ont déjà tournéleur attention vers la façon de promouvoir ce mécanisme,plutôt que vers la manière de repenser l’infrastructurede l’APD à travers des mécanismes financierspour le développement. Une telle importance donnéeau soutien de l’investissement international commemoteur principal <strong>du</strong> développement à un momentoù l’UE est en train d’évaluer sa politique généraled’investissement 7 affaiblit <strong>les</strong> chances d’activer la mobilisationdes ressources intérieures. Cette approcheserait la solution la plus <strong>du</strong>rable à long terme pourle développement de par sa capacité à ré<strong>du</strong>ire la dépendancedes pays en voie de développement enversl’aide et l’investissement étranger et de protéger cespays contre l’impact des crises et <strong>les</strong> chocs externes.L’entrée en vigueur <strong>du</strong> Traité de Lisbonne à lafin de l’année 2009 a établi de façon structurelle <strong>les</strong>objectifs <strong>du</strong> développement, notamment la ré<strong>du</strong>ctionde la pauvreté et son éradication à long terme, la protectiondes droits humains et la promotion de la démocratie,comme étant <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> cib<strong>les</strong> de l’actionextérieure générale de l’UE 8 . Toutefois, la mise7 Seattle to Brussels Network, “Reclaiming public interest inEurope’s international investment policy”, déclaration de lasociété civile sur l´avenir de la politique d´investissementinternational en Europe. Bruxel<strong>les</strong>, 12 mai 2010.8 Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.Disponible sur : .en œuvre <strong>du</strong> nouveau traité a ouvert une discussionplus large sur la manière de rendre opérationnel<strong>les</strong><strong>les</strong> questions de développement dans le nouveauservice d’action extérieure de l’UE, avec le rôle deconseil <strong>du</strong> Haut représentant de l’UE pour <strong>les</strong> Affairesétrangères et <strong>les</strong> politiques de sécurité récemmentnommé. Par conséquent, cela a ouvert un débat surla façon de subordonner <strong>les</strong> politiques et <strong>les</strong> objectifsde développement, définis dans le Consensus européenpour le développement 9 de 2005, aux prioritésplus larges concernant le commerce, la sécurité et lagéopolitique régionale. Dans ce contexte, l’utilisationà l’échelle européenne d’une partie <strong>du</strong> budget limitépour le nouveau service étranger est devenu un sujetpolitiquement controversé 10 .Dans ce nouveau contexte politique, l’évaluation<strong>du</strong> prêt extérieur de la BEI, qui a commencé en2009 et devrait être achevée en 2011, a donné lieu àun débat beaucoup plus large que l’avenir des prêtsbancaires aux pays en développement et a provoquéune nouvelle réflexion sur la nécessité de modifierl’architecture européenne <strong>du</strong> financement pour le développement.Il est très probable que cela devienneun motif de discorde entre la société civile et <strong>les</strong> institutionseuropéennes (entre autres intéressés) dans<strong>les</strong> années à venir et dans <strong>les</strong> étapes qui précèdentla définition <strong>du</strong> nouveau budget de l’UE pour la période2013-2020. Il faudrait s’intéresser davantageau débat actuel et faire des propositions audacieusessur la façon d’éviter la privatisation croissante de lacoopération européenne pour le développement entermes d’objectifs et de pratiques.La Banque européenne d’investissement :un cas d’étudeLa tâche de la BEI est de contribuer à l’intégration,au développement équilibré et à la cohésion socialeet économique des États membres de l’UE 11 . Horsde l’UE, la BEI opère sous des mandats divers. Endécembre 2006, le Conseil européen a approuvéun nouveau Mandat de prêts extérieurs (MPE) dela BEI pour la période 2007-2013. Ce mandat octroiejusqu’à EUR 27,8 milliards en garanties de l’UE,c’est-à-dire une augmentation de plus de EUR 7milliards par rapport au mandat précédent, pourassigner des prêts à des pays extra-européens, àl’exception des pays de l’Afrique, des Caraïbes et <strong>du</strong>Pacifique (ACP).En termes d’ACP, la BEI opère conformément àl’Accord de Cotonou entre l’UE et <strong>les</strong> 79 pays ACP qui9 Disponible sur : .10 Cidse, Eurostep, CONCORD et Aprodev, “Lawyers revealAshton’s EEAS proposal breaches EU law”,déclaration depresse, Bruxel<strong>les</strong>, 26 avril 2010.11 Consulter : .octroie EUR 1,7 milliard des fonds propres et EUR 2milliards à travers le Mécanisme d’investissement, unfonds financé par le Fonds européen de développement(constitué de contributions des États membresde l’UE, administré par la CE) et géré par la BEI.Les organisations de la société civile qui contrôlent<strong>les</strong> prêts de la BEI ont soulevé des préoccupationsau cours des dix dernières années sur l’ambiguïtéfondamentale concernant le statut de cettebanque publique qui n’est manifestement pas unebanque de développement régional, puisqu’elle financedes opérations d’investissement censées êtreaccessib<strong>les</strong> pour le développement sans respecter<strong>les</strong> politiques et <strong>les</strong> objectifs européens de développementconformément à la loi. En bref, <strong>les</strong> prêts endehors de l’UE se sont centrés principalement sur lefinancement conjoint d’opérations d’infrastructureset de projets énergétiques à grande échelle orientésvers l’augmentation de la sécurité énergétique pourl’UE et sur des interventions de développement <strong>du</strong>secteur privé, y compris le secteur financier privédes pays <strong>du</strong> Sud, de manière que la plupart desprêts ont bénéficié <strong>les</strong> entreprises européennes et<strong>les</strong> exportateurs au lieu de satisfaire <strong>les</strong> besoins descommunautés loca<strong>les</strong>.Lors de l’adoption <strong>du</strong> nouveau MPE en 2006,pour la première fois sous la pression de quelquesÉtats membres de l’UE, une disposition spécifique aété incluse pour faire une évaluation à moyen termede l’application <strong>du</strong> mandat 12 . Ces pays ont expriméleur préoccupation au sujet <strong>du</strong> déplacement croissant<strong>du</strong> rôle de la BEI à travers l’expansion souventinconsistante et peu claire <strong>du</strong> champ d’activités de laBanque à l’extérieur de l’UE.Le processus de révision a également intro<strong>du</strong>itdeux évaluations externes dont la plus importantea été menée par un comité de direction ad hoc de« conseillers » établi par la Banque et la CE et présidépar Michel Camdessus, ancien directeur <strong>du</strong> FMI. Parmi<strong>les</strong> recommandations <strong>du</strong> rapport final 13 , des préoccupationsont été exprimées concernant le fait que<strong>les</strong> politiques de l’UE ne se tra<strong>du</strong>isent que de façontrès limitée dans <strong>les</strong> stratégies de prêts et dans l’analyseéconomique et sectorielle des besoins des payspar la BEI ; que <strong>les</strong> efforts de la BEI destinés à suivrela mise en œuvre des projets, à assurer la présencelocale et à faire un suivi des aspects environnementauxet sociaux semblent encore insuffisants et que12 “Council Decision of 19 December 2006”, Official Journalof the European Union, 30 décembre 2006. Disponible sur :.13 Michael Camdessus et al., “European Investment Bank’sexternal mandate 2007–2013 Mid-Term Review : Reportand recommendations of the steering committee ofwise persons”, février 2010. Disponible sur : .Rapports thématiques 30 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


la capacité de la BEI pour répondre aux exigences deson mandat dans le domaine <strong>du</strong> développement estseulement indirecte 14 .Toutefois, le rapport Camdessus rétablit finalementle soutien au secteur privé comme objectifprincipal de la Banque et, de façon contradictoire, ildemande même une expansion significative <strong>du</strong> rôlede la BEI concernant <strong>les</strong> finances pour le développement.Pour ce faire, il a augmenté le plafond deson mandat de EUR 2 milliards (USD 2,5 milliards)pour un nouveau mandat de financement pour leclimat, pour augmenter <strong>les</strong> investissements de laBanque au-delà de la garantie de l’UE (y compris<strong>les</strong> secteurs sociaux) et la gamme d’instrumentsfinanciers offerts et mettant en pratique des prêtsà des conditions favorab<strong>les</strong> avec <strong>les</strong> fonds de la BEIcombinés aux subventions de l’UE.Assistance corporative et déceptions <strong>du</strong>développementLa BEI a été fondée en tant que banque d’investissement.Il est difficile de transformer cette institutionen une banque de développement en raison desdifficultés à changer de culture, comme l’a clairementdémontré l’exemple <strong>du</strong> FMI pendant ces dixdernières années 15 .Toutefois, un rôle important a été assigné à laBEI dans l’approche pour « l’ensemble de l’Union »depuis 2009 dans le contexte de la crise économiqueet financière. Étant donné le plus grand besoin de ressourceset le refus des États membres d’augmenterleurs contributions à l’APD, la BEI était la seule institutioncapable de prêter davantage grâce à l’émissiond’obligations sur <strong>les</strong> marchés de capitaux et à l’augmentation<strong>du</strong> régime de garantie communautairepour ses emprunts à l’étranger. La société civile esttrès préoccupée par la proposition visant à ce que laBanque assume la responsabilité dans le domaine <strong>du</strong>développement que <strong>les</strong> États membres de l’UE n’ontpas pu assumer dans le contexte de la crise 16 . LaBEI prête à des taux presque commerciaux et génèreainsi une nouvelle dette extérieure dans <strong>les</strong> pays envoie de développement. En outre, en tant que banqued’investissement, la Banque n’est pas bien placéepour donner aux pays en voie de développement uneréponse holistique et significative en temps de crise.Cela est particulièrement vrai pour <strong>les</strong> pays à faiblerevenu qui dépendent de subventions pour couvrir<strong>les</strong> besoins créés par la crise et qui, au pire, devraient14 Ibid, 26.15 Eurodad et la coalition Counter Balance, “Joint submissionof the European Network on Debt and Development and theCounter Balance coalition to the Wise Persons Panel in thecontext of the mid-term review of the European InvestmentBank’s external mandate”, Bruxel<strong>les</strong>, 28 janvier 2010.16 Alex Wilks, Corporate welfare and development deceptions.Why the European Investment Bank is failing to deliveroutside the EU (Bruxel<strong>les</strong> : Counter Balance, février 2010).recevoir des prêts à des conditions favorab<strong>les</strong> et certainementpas des prêts à des taux commerciaux 17 .Bien que <strong>les</strong> investissements directs étrangers(IDE) puissent contribuer aux processus de développementendogènes, cela n’est vrai que dans unecertaine mesure et sous certaines conditions très spécifiques,comme cela est documenté en détail dansla Conférence des Nations Unies sur le commerceet le développement (UNCTAD) 18 . Les interventionsfinancières anticycliques dans le contexte de la crisenécessitent une approche beaucoup plus ambitieusequ’un simple effet de levier des finances de la BEIdans le Sud. Les tentatives actuel<strong>les</strong> visant à limiter<strong>les</strong> impacts environnementaux et sociaux négatifs sur<strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> bienvenues, maisel<strong>les</strong> sont un piètre substitut au renforcement d’autresmécanismes plus efficaces d’aide au développementdans le cadre de l’aide européenne. Ces principes s’appliquentégalement en cas de la promotion des bienspublics globaux, comme <strong>les</strong> finances, pour atténuerle climat général et <strong>les</strong> mesures d’adaptation. Bienque <strong>les</strong> financements pour le climat doivent resternettement séparés de l’aide, il faut tenir compte d’unesérie de leçons apprises sur la façon de canaliser et defournir l’aide pour la rendre plus efficace.Le fait de forcer la transformation de certainsprêts de la BEI en instruments financiers adéquatspour le développement par le biais de la création deliens opérationnels avec le système d’aide de l’Unioneuropéenne–Fonds européen de développement,instrument de Financement de la coopération au développement(FCD) et EuropeAid–peut-être très risquési cela est fait à la hâte et sans garanties suffisantesprouvant que la Banque pourra se conformer auxnormes de l’aide de l’UE. La nature intrinsèquementdifférente de ces institutions et de ces mécanismespourrait mettre en péril <strong>les</strong> progrès encore limitésréalisés grâce à l’effort au sein de l’Europe pour lamise en œuvre des priorités clés liées à l’efficacité del’aide (parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> se trouvent l’aptitude <strong>du</strong> paysbénéficiaire, l’alignement sur <strong>les</strong> stratégies <strong>du</strong> paysbénéficiaire et la transparence).La BEI ne doit pas étendre son rôle à d’autresdomaines <strong>du</strong> financement pour le développement,comme l’assistance technique. Dans un rapportde 2007, la Cour des comptes de l’Union a concluque l’assistance technique de l’UE reste très inefficace19 . Des études récentes ont montré que cette17 Eurodad et la coalition Counter Balance, op. cit.18 UNCTAD, “Economic development in Africa. Rethinkingthe role of foreign direct investment” (New York et Genève:Nations Unies, 2005) Disponible sur : .19 “Special Report 6/2007 of the European Court of Auditorson the effectiveness of technical assistance in the contextof capacity development”, Journal officiel de l’Unioneuropéenne, 21 décembre 2007. Disponible sur : .assistance est avant tout un véhicule pour soutenirdes entreprises occidenta<strong>les</strong> et qu’elle n’incite pasà la mobilisation des ressources efficaces dans leSud. Au contraire, l’assistance technique doit être aumoins fondée sur la demande, adaptée aux besoins<strong>du</strong> pays bénéficiaire et avoir une forte composante derenforcement des compétences 20 .À court terme, il faut appliquer des politiquesstrictes et non nocives pour aligner <strong>les</strong> prêts de laBEI sur <strong>les</strong> objectifs transversaux de l’UE pour ledéveloppement et sur <strong>les</strong> droits humains qui devraientguider toutes <strong>les</strong> actions extérieures de l’UEet minimiser l’impact négatif <strong>du</strong> développement surle terrain. Les ressources générées par la BEI, quipeuvent être alliées à des subventions, devraientêtre transférées à d’autres mécanismes européensexistants ou à d’autres institutions financières internationa<strong>les</strong>(IFI).Architecture des finances de l’UE pour ledéveloppementCette recommandation implique à moyen termela nécessité de redéfinir l’architecture globale desfinances de l’UE pour le développement. Cette approcheest conforme à la priorité essentielle <strong>du</strong> pland’efficacité de l’aide pour ré<strong>du</strong>ire la fragmentationet <strong>les</strong> doublons entre <strong>les</strong> institutions dirigées par<strong>les</strong> donateurs.Dans ce sens, le comité de direction des« conseillers » est allé au-delà de la compétence deson travail et a formulé des suggestions précisesconcernant l’intégration de la BEI dans l’architecturerenouvelée des finances européennes pour ledéveloppement.Ce comité a identifié la nécessité de développerune filiale de la BEI pour pouvoir gérer <strong>les</strong> prêts extérieursde la Banque et en même temps agir comme« plate-forme de l’UE pour la coopération extérieureet le développement », et fournir un mécanisme decoordination intégrale fondée sur un modèle optimalpour combiner <strong>les</strong> subventions et <strong>les</strong> prêts selon leprincipe de confiance mutuelle entre <strong>les</strong> institutionsfinancières.Le comité doit être ouvert à la participation dela Banque européenne pour la reconstruction et ledéveloppement (BERD), <strong>du</strong> Conseil de la Banqueeuropéenne de développement et des institutionsfinancières bilatéra<strong>les</strong> européennes (notamment <strong>les</strong>IEFD) et s’assurer de l’engagement adéquat des bénéficiaires.Ce mécanisme permettrait d’accélérer <strong>les</strong>besoins identifiés par le Conseil européen à la fin de2008 21 en ce qui concerne <strong>les</strong> directives communes20 Eurodad et la coalition Counter Balance, op. cit.21 Conseil de l’Union européenne, “Framework on loans andgrants blending mechanisms in the context of externalassistance”, Groupe de travail des conseillers financiers, 11décembre 2008.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>31Privatisation des finances européennes pour le développement


pour combiner des subventions avec des prêts auniveau européen et promouvoir ainsi des ressourcessupplémentaires pour financer le développement.En même temps, en ce qui concerne le moyenterme et la prochaine période budgétaire de l’UE, lerapport Camdessus met en exergue deux solutionspossib<strong>les</strong> qui, alignées aux développements à courtterme, vont changer profondément l’architecturedes finances européennes pour le développement :la mise en place d’une « Agence européenne pour lefinancement extérieur » qui ferait partie des activitésde financement extérieur de la BEI et des activités definancement liées aux investissements extérieursgérées par la Commission (en excluant ainsi la plusgrande partie <strong>du</strong> budget de développement de l’UE)ou la création d’une Banque européenne pour la coopérationet le développement qui serait un outil trèsimportant en Europe pour mettre <strong>les</strong> activités de laBanque sous un même parapluie actionnaire avec <strong>les</strong>activités extérieures <strong>du</strong> CE et de la BERD.Jusqu’à présent, <strong>les</strong> institutions européennes ontdiscuté de ces propositions de manière interne, sansprendre position publiquement. Toutefois, il existe unintérêt croissant à utiliser la BEI comme principal véhiculed’un service plus éten<strong>du</strong> d’action extérieure <strong>du</strong>CE, éventuellement en combinaison avec des ressourcessupplémentaires tout en préservant la centralitéde l’aide financière pour le développement <strong>du</strong> secteurprivé au sein de l’action globale. Pendant ce temps, <strong>les</strong>IEFD ont déclaré leur intérêt à coopérer étroitementavec la BEI et à promouvoir l’idée d’une plate-formecommune avec quelques activités pilotes dans le domaine<strong>du</strong> financement pour le climat.La société civile estime que l’UE n’a pas besoind’établir sa propre banque de développement 22 , et n’apas non plus besoin d’ajouter une autre BMD à cel<strong>les</strong>qui existent aux niveaux mondial et régional quandil reste encore beaucoup à faire pour <strong>les</strong> réformer etaméliorer leur efficacité. Jusqu’à présent, la signatured’un mémoran<strong>du</strong>m d’un accord entre la BEI et <strong>les</strong>IFI a donné des résultats limités. En revanche, l’UEpourrait envisager de transférer davantage de ressourcesaux IFI existantes en mettant en pratique <strong>les</strong>réformes adéquates. En ce sens, <strong>les</strong> IFI doivent fixerdes normes strictes de financements responsab<strong>les</strong>et <strong>les</strong> gouvernements européens doivent répondrepar des actions plus coordonnées et plus efficacesdans leurs commissions.En ce qui concerne la proposition de créationd’une agence, on peut se demander si l’UE aura unemeilleure structuration et si elle augmentera la dimensiondes prêts <strong>du</strong> secteur privé pour le financement<strong>du</strong> développement en ayant recours à une partiede son budget de développement afin d’octroyerdes prêts à conditions favorab<strong>les</strong> au secteur privé sielle ne réalise pas un effort similaire pour améliorerla base même de l’architecture <strong>du</strong> financement <strong>du</strong>développement et ses instruments de coopérationau développement.L’avenir des finances de l’UE pour ledéveloppementIl faudrait repenser l’architecture des finances del’UE pour le développement à la lumière des changementsimportants provoqués par la crise, de lapossibilité que <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppement ne se réalisent pas et des nouveauxen<strong>jeu</strong>x posés par la coopération internationale et lapromotion de biens publics mondiaux.Dans cette perspective, il est essentiel de s’attaquerà la transformation de la BEI afin de canaliser<strong>les</strong> finances de l’UE pour le développement dans labonne direction. À court terme, la BEI ne doit êtrequ’un véhicule d’investissement même si la portéede ses actions en dehors de l’UE devrait être limitée(autant au sens géographique que sectoriel). L’actionextérieure de la BEI doit s’aligner strictement sur <strong>les</strong>objectifs généraux de l’UE pour le développement et<strong>les</strong> droits humains. En outre, <strong>les</strong> principes de l’efficacité<strong>du</strong> développement vont au-delà de l’aide etdevraient également s’appliquer aux activités bancairesd’investissement bénéficiant d’un soutien publicdans <strong>les</strong> pays en développement, y compris cel<strong>les</strong>promues par <strong>les</strong> IEFD.Par ailleurs, la BEI devra veiller à ce que tous<strong>les</strong> investissements aient des résultats clairs pourle développement, notamment dans <strong>les</strong> secteursoù elle est le plus active, tels que l’infrastructure,l’énergie et <strong>les</strong> in<strong>du</strong>stries d’extraction. En tant qu’institutionpublique, la BEI doit également garantir que<strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> investissements qu’elle soutientrespectent <strong>les</strong> normes financières <strong>les</strong> plus strictesafin de mettre fin à l’évasion fiscale et à la fuite descapitaux vers l’UE et de contribuer à ce que <strong>les</strong> actifsvolés retournent dans leurs pays d’origine.Cependant, à long terme et en commençant parla nouvelle période budgétaire 2013-2020, il faudraittrouver des alternatives institutionnel<strong>les</strong> plus efficacesque celle offerte par cette banque concernant <strong>les</strong> prêtsà l’extérieur de l’UE. Notamment, il faudrait interrompre<strong>les</strong> prêts à l’Asie et à l’Amérique latine et prioriserl’augmentation de l’aide pour le développement despays à faible revenu dans ces régions par le biais desmécanismes existants dans l’UE (FCD), <strong>les</strong> IFI et <strong>les</strong>nouvel<strong>les</strong> institutions régiona<strong>les</strong>. En ce qui concerne<strong>les</strong> prêts pour l’Asie centrale, la BEI ne devrait financerque <strong>les</strong> interventions de soutien décidées par laBERD, à condition que la BEI soit déjà un actionnairede la BERD avec la CE et <strong>les</strong> États membres de l’UE.En ce qui concerne <strong>les</strong> prêts aux régions voisines (àl’est et au sud), en tant que banque d’investissement,la BEI doit adopter une approche rigoureuse <strong>du</strong> développementet des droits de l’homme et avoir despriorités claires en ligne avec <strong>les</strong> objectifs générauxet horizontaux de l’UE pour le développement et <strong>les</strong>droits humains dans <strong>les</strong> actions extérieures.L’efficacité des actions de la BEI et son rapportavec l’Instrument européen de voisinage et de partenariatdans ces régions doivent être réévalués avantd’adopter un nouveau mandat externe en 2013. Finalement,en ce qui concerne <strong>les</strong> prêts des pays ACP,dans le cadre de l’évaluation des mécanismes del’investissement en 2010, la CE et <strong>les</strong> États membresdevraient examiner toutes <strong>les</strong> alternatives possib<strong>les</strong>après 2013 pour gérer <strong>les</strong> ressources <strong>du</strong> Fonds européende développement actuellement gérées par laBEI, y compris <strong>les</strong> IFI régiona<strong>les</strong>, <strong>les</strong> mécanismesexistants dans l’UE et d’autres mécanismes pouvantêtre mis en place 23 . n22 Eurodad et la coalition Counter Balance, op. cit.23 Ibid.Rapports thématiques 32 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Le traité de Lisbonne et <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> perspectives surla politique de développement de l’Union européenneLe traité de Lisbonne contient des dispositions pour faire face à la pauvreté et à l’exclusion sociale dans l’Union européenne. Ceciest particulièrement important cette année 2010 déclarée Année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale,alors que 16 % de la population européenne est pauvre. Les fonds européens de coopération au développement ont continuéd’augmenter ces dernières années. Cependant, <strong>les</strong> apports pour le secteur social des pays en développement, particulièrementen Afrique subsaharienne, ont été considérablement ré<strong>du</strong>its. La diminution drastique de l’apport de la Commission européennepour l’é<strong>du</strong>cation et la santé dans <strong>les</strong> pays en développement est inacceptable et cette situation doit être modifiée.Mirjam van ReisenEEPASimon StockerEurostepOn attendait <strong>du</strong> traité de Lisbonne, entré en vigueurle 1 er décembre 2009, qu’il permette à l’Union européenne(UE) de disposer d’« institutions modernes etde meilleures méthodes de travail » en vue de releverefficacement <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> monde d’aujourd’hui 1 .Le traité a intro<strong>du</strong>it des modifications clairementnécessaires au sein de l’Union européenne visant à lasimplification des méthodes de travail et à la transparenceet il a établi de nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> démocratiques.En ce qui concerne la politique extérieure, <strong>les</strong> objectifspolitiques et la création de nouveaux instrumentsdiplomatiques ont été soulignés, pour faire face auxen<strong>jeu</strong>x de notre monde qui évolue rapidement et placerl’UE en tant qu’acteur sur la scène mondiale.Après la ratification <strong>du</strong> Traité de Lisbonne partous <strong>les</strong> États membres de l’UE, l’objectif de la politiquede coopération au développement a été clairementdéfini. Le traité établit que tous <strong>les</strong> efforts despolitiques seront orientés vers « la ré<strong>du</strong>ction et, àterme, l’éradication de la pauvreté » (Art. 208).Le traité contient aussi des dispositions spécifiquespour faire face à la pauvreté et l’exclusion socialedans l’Union européenne. Selon l’article 9, « dansla définition et la mise en œuvre de ses politiqueset actions, l’Union prend en compte <strong>les</strong> exigencesliées à la promotion d’un niveau d’emploi élevé, à lagarantie d’une protection sociale adéquate, à la luttecontre l’exclusion sociale ainsi qu’à un niveau élevéd’é<strong>du</strong>cation, de formation et de protection de la santéhumaine ». De plus, l’article 3 établit clairement quel’Union « combat l’exclusion sociale et <strong>les</strong> discriminations,et favorise la justice et la protection socia<strong>les</strong>» 2 . L’année 2010 a été déclarée Année européennede la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.Ceci est particulièrement important en 2010 puisquel’Europe est en train de définir la réponse aux en<strong>jeu</strong>xde la stabilité financière de l’euro, qui ont défié toutel’Union européenne entière.1 Texte complet disponible sur : .2 Versions consolidées <strong>du</strong> Traité sur l’Union européenne et<strong>du</strong> Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.Disponible sur : .Le Parlement européen a été doté de nouveauxpouvoirs pour approuver <strong>les</strong> accords commerciaux ;désormais le Parlement européen dispose d’un comitéde commerce pour garantir plus de contrô<strong>les</strong>dans la surveillance des relations commercia<strong>les</strong> del’Union avec <strong>les</strong> pays tiers. De plus, le Parlementeuropéen a négocié un rôle plus important dans ledomaine des relations extérieures et la baronne CatherineAshton, Haut représentant de l’Union pour <strong>les</strong>affaires étrangères et la politique de sécurité, s’estengagée à présenter des rapports réguliers au Parlementeuropéen.Relations de l’Union avec <strong>les</strong> pays endéveloppementLes relations de l’Union avec <strong>les</strong> pays en développementse fondent sur le principe de non-discriminationet un objectif essentiel est l’éradication de lapauvreté. Le traité identifie aussi quatre élémentsclés : cohérence, consistance, complémentarité etcoordination. Le principe de « cohérence » est d’uneimportance capitale pour atteindre <strong>les</strong> objectifs dela coopération pour le développement puisque «l’Union tient compte des objectifs de la coopérationau développement dans l’application des politiquessusceptib<strong>les</strong> d’affecter <strong>les</strong> pays en développement» (Traité de Lisbonne, article 208). Cet objectif s’appliqueà toutes <strong>les</strong> institutions de l’Union, même auService européen pour l’action extérieure (SEAE). Ennovembre 2008, la Cour de justice de l’Union européenne(CJUE) a ren<strong>du</strong> un jugement par lequel <strong>les</strong>opérations de la Banque européenne d’investissement(BEI) dans <strong>les</strong> pays en développement doiventprioriser le développement avant tout autre objectiféconomique ou politique.L’application <strong>du</strong> Traité de Lisbonne prévoit l’établissement<strong>du</strong> SEAE, dont <strong>les</strong> objectifs ont fait l’objetde grandes discussions. L’établissement <strong>du</strong> SEAEreprésente un changement considérable par rapportau modèle actuel de la politique européenne pour ledéveloppement. Son objectif principal est de doterl’Union européenne d’un seul service diplomatiquequi soutiendra la baronne Ashton. Daniel R. Merkonensignale dans une opinion légale pour Eurostep que :« l’Union européenne a besoin d’un système d’aideau développement et à la coopération qui contiennece système de contrô<strong>les</strong>. En tant que partenaire quidéclare <strong>les</strong> critères de bonne gouvernance dans sesrelations avec <strong>les</strong> autres, particulièrement avec <strong>les</strong>partenaires <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>, l’Union européenne setrouvera en meilleure position si elle peut plaider pourune bonne gouvernance non seulement comme principemais aussi dans la pratique » 3 . Il existe un accordgénéral sur le rôle <strong>du</strong> SEAE dans la promotion de lacohérence des politiques de développement, étantdonné que le Traité de Lisbonne – qui fixe l’éradicationde la pauvreté comme objectif central des relations del’Union européenne avec <strong>les</strong> pays en développement– s’applique à ses compétences.La communication de la Commission européenneau sujet de la « Cohérence des politiquespour le développement – Accélération de la réalisationdes Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement» a souligné le fait que l’aide en elle-même estinsuffisante pour atteindre <strong>les</strong> OMD 4 . Cette approches’applique dans douze domaines d’intervention : lecommerce, l’environnement, le changement climatique,la sécurité, l’agriculture, <strong>les</strong> accords de pêchebilatéraux, <strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong> (emploi), la migration,la recherche et l’innovation, <strong>les</strong> technologies del’information, le transport et l’énergie. Ce documentsur la cohérence des politiques souligne que le commerceet l’agriculture sont <strong>les</strong> domaines où doiventêtre appliquées <strong>les</strong> améliorations <strong>du</strong> Système européende préférences généralisées et le modèle réviséde pro<strong>du</strong>ction agricole.Il est surprenant que cette liste de priorités nefasse aucune mention <strong>du</strong> changement climatique,étant donné la préoccupation des citoyens européenspour cette question. Selon l’Eurobaromètre,le système d’enquêtes de l’Union européenne, 63 %des citoyens considèrent que le changement climatiqueest un problème très grave et 24 %, assezgrave. La majorité des européens (62 %) croit que lechangement climatique n’est pas inévitable ; seulement10 % ne le considère pas comme un problèmegrave et 3 % ne sait pas. De plus, 47 % des enquêtésconsidèrent que le changement climatique est un desproblèmes <strong>les</strong> plus graves auquel le monde doit faireface. Il est intéressant de remarquer que seulement3 Daniel R Mekonnen, “The draft council decision on theestablishment of the European External Action Service and itscompliance with the Lisbon Treaty–Legal Opinion Drafted forEuropean Solidarity Towards Equal Participation of People”,Eurostep, mai 2010. Disponible sur : .4 Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>33Le traité de Lisbonne et <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> perspectives


la pauvreté préoccupe davantage, puisque 69 % desenquêtés l’ont placée parmi <strong>les</strong> deux problèmes <strong>les</strong>plus graves. C’est pourquoi une approche d’ensemblede la protection de l’environnement/changementclimatique et de la pauvreté est particulièrementattrayante et pertinente. Il est accepté que le développement<strong>du</strong>rable est une composante clé pourl’éradication de la pauvreté, mais il est urgent destimuler une vue d’ensemble de l’Union européenneet des pays en développement qui intègre de bonsexemp<strong>les</strong> et des occasions qui montrent la façond’appliquer <strong>les</strong> principes.Selon la communication de la CE, en mai 2010le Parlement européen a approuvé une résolution surla Cohérence des politiques pour le développement(CPD) comptant plus de 70 recommandations. Larésolution a remarqué que :• Les « questions de Singapour » 5, tel<strong>les</strong> que lalibéralisation des services, l’investissement etla passation des marchés, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong>de concurrence et un plus grand respect desdroits de propriété intellectuelle, n’aident pas àatteindre <strong>les</strong> huit OMD.• Les subventions de l’Union européenne pourl’exportation de pro<strong>du</strong>its agrico<strong>les</strong> européensont un effet désastreux sur la sécurité alimentaireet le développement d’un secteur agricoleviable dans <strong>les</strong> pays en développement.• Les contributions financières de l´UE dans lecadre des Accords de partenariat conclus dansle secteur de la pêche (APP) n’ont pas contribuéà la consolidation des politiques de pêche despays associés, en bonne mesure à cause <strong>du</strong>manque de suivi de l’application de ces accords,de la lenteur pour fournir l’aide et, même, de lanon utilisation de cette aide.• En tant que l’un des grands exportateurs d’armes,l’Union européenne exporte ou facilitel’envoi d’armes aux mêmes pays où sont dépensésdes millions pour l’aide au développement ;l’UE-15 dépense quelque EUR 70 milliards paran dans l’aide au développement, alors que lemontant des exportations d’armes de l’UE représentequelque EUR 360 milliards par an.• « Une Europe compétitive dans une économiemondialisée » , un document qui résume lastratégie commerciale de l’Union européenne,montre que <strong>les</strong> stratégies des accords de librecommerce bilatéraux et régionaux favorisentl’accès de l’UE aux marchés de matières premièresdes pays en développement, y compris <strong>les</strong>pro<strong>du</strong>its agrico<strong>les</strong> de base, en <strong>les</strong> ouvrant aux5 Référence aux quatre groupes de travail établis lors de laConférence ministérielle de l’Organisation mondiale <strong>du</strong>commerce en 1996 à Singapour.•grandes entreprises de l’UE au détriment despetits agriculteurs et des in<strong>du</strong>stries naissantes.La libéralisation financière, qui comprend <strong>les</strong>flux spéculatifs et volatils sur <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> paysen développement ont peu de contrôle, a pro<strong>du</strong>itune considérable instabilité sur le plan internationalavec des effets désastreux pour <strong>les</strong>économies des pays en développement 6 .Le Parlement européen a conclu qu’il existe beaucoupplus de cas d’incohérence qui ont un effet négatifpour la réalisation des OMD et que la Commissioneuropéenne devrait <strong>les</strong> examiner.L’impact de la crise financièresur la pauvreté dans l’UELe Traité de l’Union européenne établit un cadre juridiqueclair pour l’éradication de la pauvreté aussibien au sein de l’Union qu’en dehors ; mais en réalité,la pauvreté a augmenté en Europe et dans <strong>les</strong> paysen développement à cause de la crise financière.Les statistiques d’Eurostat montrent que <strong>les</strong> effetsde la crise sur le marché <strong>du</strong> travail européen sontloin d’être dissipés. En fait, en 2009 le chômage aaugmenté de plus de 5 millions de personnes et aatteint quelque 21,4 millions dans l’Union. Ceci estdû en bonne mesure aux emplois per<strong>du</strong>s pendant<strong>les</strong> 12 derniers mois 7 . Selon l’Union, quelque 80 millionsde personnes – 16 % de la population – viventaujourd’hui dans la pauvreté 8 .La crise des prêts hypothécaires à haut risqueet ses importantes conséquences défavorab<strong>les</strong> pour<strong>les</strong> banques, <strong>les</strong> marchés financiers et l’économieréelle dans le monde entier, révèle l’inefficacité desrèglements de l’UE et de sa capacité de prendre <strong>les</strong>mesures adéquates pour protéger l’euro de la spéculation.Après l’effet initial de la crise en Europeet l’effondrement financier de la Grèce, l’Union arenforcé son approche commune pour avoir plusde contrôle sur <strong>les</strong> budgets nationaux européens.Les gouvernements d’Europe ont été menacés parla possibilité de sanctions contre la gestion de leurséconomies ; <strong>les</strong> dirigeants européens ont soulignéleur intention d’être plus stricts dans l’application <strong>du</strong>Pacte de stabilité et de croissance qui fixe une limiteau déficit excessif et à la dette des états membres.6 Commission de développement <strong>du</strong> Parlement, Report onthe EU Policy Coherence for Development and the ‘OfficialDevelopment Assistance plus’ concept: explanatorystatement, 2009, 17. Disponible sur : .7 Remko HIJMAN, “Population and social conditions”,Eurostat Statistics in Focus, 79/2009, 1. Disponible sur :.8 Comité des régions, Local and regional responses to povertyand social exclusion, juin 2010.Cependant, à part le renforcement des contrô<strong>les</strong>sur <strong>les</strong> budgets nationaux et l’établissement d’une «surveillance préventive », l’Union ne possède pas deplan pour protéger <strong>les</strong> citoyens pauvres de l’Unioneuropéenne des conséquences des mesures d’austérité,ni une politique pour la protection des secteurssociaux d’Europe. Tel que l’a souligné Làzlo Andor,commissaire européen pour l’emploi et <strong>les</strong> affairessocia<strong>les</strong>, « nous devrions tous nous rendre compteque nous sommes encore dans une étape fragilede récupération ». Andor a souligné que jusqu’à cequ’il voie « une croissance solide dans tous <strong>les</strong> étatsmembres » sa préoccupation sera que « l’austéritéprématurée puisse nuire aussi bien à la récupérationéconomique qu’à l’augmentation d’emplois » 9 .Vraisemblablement de nouvel<strong>les</strong> formes institutionnel<strong>les</strong>qui ne sont pas prévues dans le Traité deLisbonne sont en train d’apparaître. Un bon exempleen est qu’Herman Van Rompuy, président <strong>du</strong> Conseileuropéen, est à la tête d’un groupe de travail sur<strong>les</strong> affaires économiques européennes formé parpresque tous <strong>les</strong> ministres des finances des 27 étatsmembres et <strong>les</strong> représentants des institutions del’Union européenne (tel que Jean Claude Trichet, présidentde la Banque centrale européenne). Bien que legroupe travaille sur la stabilité fiscale et la disciplinebudgétaire la plus sévère, une des ses priorités est «le besoin de renforcer l’ensemble de nos règ<strong>les</strong> fisca<strong>les</strong>: le Pacte de stabilité et de croissance », tel quel’a annoncé Van Rompuy 10 . Le cadre institutionnelévolue donc vers <strong>les</strong> politiques d’austérité.On craint que le refus d’une approche néokeynesiennede mesures anticycliques pour faireface à la récession con<strong>du</strong>ise à l’augmentation dela pauvreté dans <strong>les</strong> pays européens et qu’il approfondissela récession économique en Europe. Lorsd’un discours récent devant des investisseurs, VanRompuy a souligné la force de l’Union européennegrâce à la combinaison d’une économie solide etd’un système d’aide sociale bien développé, quicomprend une population parfaitement formée, enplus de « l’attraction que représente l’Europe pour<strong>les</strong> investisseurs et <strong>les</strong> entrepreneurs… En fait,c’est cette double attraction qui rend notre continentexceptionnel. Le message de l’Europe pour lemonde est qu’il est possible d’avoir <strong>les</strong> deux choses.Croissance économique et justice sociale. Décisionspolitiques efficaces et responsabilité démocratique.Adaptation à l’époque et conservation <strong>du</strong> patrimoinepropre. Un bon endroit pour investir et pour vivre ».9 European Voice, “Andor warns of hasty austerity measures”,le 24 juin 2010, 2.10 Discours d’ouverture de Herman Van Rompuy, président<strong>du</strong> Conseil européen, lors de la Conférence mondialed’investissements, “Europe’s Attractiveness in a ChangingWorld”, La Baule, France, le 2 juin 2010, 3. Disponib<strong>les</strong>ur : .Rapports thématiques 34 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Le président de l’Union européenne a remarquéaussi que <strong>les</strong> compressions dans <strong>les</strong> domaines del’é<strong>du</strong>cation, le climat et l’inclusion sociale ne serontpas acceptées : « On s’accrochera à cinq objectifsprincipaux, tous quantifiab<strong>les</strong>. Recherche, développementet innovation, é<strong>du</strong>cation, emploi, climat etinclusion sociale. () On doit préserver ce genre dedépenses (par exemple pour l’é<strong>du</strong>cation) et dé<strong>du</strong>ctionsfisca<strong>les</strong> en temps de compression budgétaire.Ce n’est pas un choix facile » 11 .Répercussions en dehors de l’UnioneuropéenneEn temps de crise économique, <strong>les</strong> pays en développementont besoin plus que jamais <strong>du</strong> soutiende l’Union. Il est évident que la Commission européenneet <strong>les</strong> états membres seront responsab<strong>les</strong>des partenariats. Pour <strong>les</strong> pays en développement,le fait que <strong>les</strong> états membres européens répondent àla crise par une austérité économique aura des effetsnégatifs très forts sur leurs économies déjà atteintes.Selon la Banque mondiale :« dans <strong>les</strong> pays pauvres, la récession a pro<strong>du</strong>itla ré<strong>du</strong>ction brutale des revenus publics. A moinsque <strong>les</strong> donateurs ne viennent en aide, <strong>les</strong> autoritésde ces pays se verront obligées de ré<strong>du</strong>ire l’assistancesociale et humanitaire juste au moment où elleest le plus nécessaire » 12 .Les fonds européens de coopération pour ledéveloppement ont continué d’augmenter, ils sontpassés de EUR 11,2 milliards en 2005 à EUR 15,4milliards en 2009 13 . Cependant, <strong>les</strong> apports pour <strong>les</strong>ecteur social des pays en développement, particulièrementen Afrique subsaharienne, ont été considérablementré<strong>du</strong>its. Dans son rapport 2009, la Courdes comptes européenne a souligné qu’« en Afriquesubsaharienne, <strong>les</strong> OMD de la santé ont été ceux quise sont le plus écartés de la voie » 14 . Selon un articlerécent, « l’aide au développement destinée à la santé(DSH) remise au Gouvernement a eu un effet tellementnégatif et important sur <strong>les</strong> dépenses publiquesnationa<strong>les</strong> de santé, que pour chaque dollar de DSH,<strong>les</strong> dépenses de santé <strong>du</strong> Gouvernement financéespar des ressources intérieures se sont ré<strong>du</strong>ites dansl’ordre de USD 0,43 à USD 1,14 » 15 . Il semblerait quel’aide au secteur social par le biais de l’aide <strong>du</strong> budgetgénéral n’entraine pas l’augmentation automatiquedes dépenses dans ces secteurs.Selon une étude des engagements européens,<strong>les</strong> budgets destinés à l’é<strong>du</strong>cation et aux soins desanté fondamentaux ont diminué constamment depuis2005. Alliance 2015 a exprimé que « en conséquence,en 2008, seulement 5,7 % de toute l’aidegérée par la Commission européenne a été destinéeaux soins fondamentaux de santé et l’é<strong>du</strong>cation,un chiffre inférieur au 11 % qui avait été destinéen 2005 » 16 . En Afrique subsaharienne <strong>les</strong> fondsassignés aux soins de santé de base et à l’é<strong>du</strong>cationsont tombés de 8 % <strong>du</strong> total de l’aide attribuée en2005 à 1,5 % en 2008 17 . Les chiffres montrent quela proportion accordée à l’alimentation est tombéede 4 % de la totalité des fonds en 2005 à 1,5 % en2008 ; pour <strong>les</strong> soins fondamentaux de santé de4,7 % (2005) à 1,3 % (2008) et pour l’é<strong>du</strong>cationde base de 2,7 % (2005) à 1,1% (2008) 18 . Selon Alliance2015, pour atteindre <strong>les</strong> OMD dans <strong>les</strong> délais« la Commission européenne devrait augmenter <strong>les</strong>fonds et passer de EUR 605 millions à EUR 971 millionspar an pour l’é<strong>du</strong>cation et de EUR 460 millionsà EUR 1,5 milliard pour la santé, afin de couvrir letrou non financé » 19 .L’objectif budgétaire visant à destiner 20 % del’aide totale aux soins fondamentaux de santé et àl’é<strong>du</strong>cation a été atteint en 2009 pour l’Asie et l’Amériquelatine. Cependant, en Afrique la situation estinquiétante : cet objectif de distribution, comme onl’a vu, tombe en chute libre. Le principe fondamentalde non discrimination, consacré dans le Traitéde Lisbonne, oblige la communauté européenneà appliquer l’objectif <strong>du</strong> 20 % à toutes <strong>les</strong> autresrégions.La résolution sur la Cohérence des politiquespour le développement a pour objectif principal quel’Union européenne applique sa norme pour équilibrerle domaine économique et social comme unemesure de progrès aussi bien à l’intérieur commeà l’extérieur de l’Union. La Commission européenneet le SEAE devront donner l’exemple, principalementparce qu’ils représenteront de plus en plus toutel’Union européenne à l’extérieur. La diminution drastiquedes apports de la Commission européennepour la santé et l’é<strong>du</strong>cation dans <strong>les</strong> pays en développementest inacceptable et doit être modifiée. n11 Ibid.12 Banque mondiale, Global Economic Prospects 2010: Crisis,Finance, and Growth, Washington, DC, 2010. Disponib<strong>les</strong>ur : .13 Mirjam Van Reisen, ed., The EU’s Contribution to theMillennium Development Goals: Keeping the goals alive(Prague : Alliance 2015, 2010).14 Alliance européenne por la santé publique, “EuropeanCourt of Auditors slams EC development health financing”.Disponible sur : .15 Lu, C. et al., “Public financing of health in developingcountries: A cross-national systemic analysis”, The Lancet, le9 avril 2010.16 Alliance 2015, op cit., 21, tableau 2.1.17 Ibid., tableau 2.2.18 “Alliance 2015 calls on the EU to agree to binding aid targetsto reach MDGs”, le 2 juin 2010. Disponible sur : .19 Ibid.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>35Le traité de Lisbonne et <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> perspectives


Les Pays arabes et <strong>les</strong> OMD : pas de progrès sansjustice socialeSi <strong>les</strong> avancées continuent à progresser au rythme actuel, la région arabe n’atteindra pas <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pourle développement (OMD) pour l’année 2015. Cette lenteur est <strong>du</strong>e principalement au faible soutien de la communautéinternationale envers l’Objectif 8 en matière de partenariat mondial pour le développement et au peu d’intérêt politiquedémontré pour que la justice sociale et économique dans la région soit un fait. D’autres obstac<strong>les</strong> régionaux importantsempêchent que <strong>les</strong> objectifs s’accomplissent comme le manque d’engagement envers <strong>les</strong> Droits de l´Homme et le principede bonne gouvernance, sans compter la fragile stabilité politique, la démocratie médiocre et l’absence d’un cadre pacifique et<strong>du</strong>rable limitant l’action.Ziad Abdel Samad, Directeur exécutif 1Arab NGO Network for Development (ANND)L’année 2010 est très importante pour le processusde réalisation des OMD parce qu’elle marque <strong>les</strong> dixans depuis l’adoption de la Déclaration <strong>du</strong> Millénaireet <strong>les</strong> cinq ans avant la date butoir de la période d’exécutionproposée. En juin 2010 l’ONU a organisé desréunions avec des groupes de la société civile pour unsuivi préparatoire, et tout le processus sera analysépar l’Assemblée générale de l’ONU en septembre.Le moment est donc propice pour effectuerun bilan fidèle des efforts fournis pour atteindre <strong>les</strong>objectifs, pour évaluer <strong>les</strong> processus et faire desrecommandations concrètes pour recon<strong>du</strong>ire <strong>les</strong>efforts de la meilleure façon possible et pour inclure<strong>les</strong> différentes parties intéressées à la réalisation desprogrès effectifs. C’est d’autant plus vrai aujourd’huique presque tous <strong>les</strong> rapports nationaux, même <strong>les</strong>plus optimistes, affirment qu’il est peu probable que<strong>les</strong> objectifs soient atteints en 2015, <strong>du</strong> moins aurythme actuel de la progression et compte tenu desretombées de la crise économique mondiale.Le partenariat mondial convenu dans l’Objectif8 est une claire reconnaissance <strong>du</strong> besoin de renforcer<strong>les</strong> engagements mondiaux afin de compléter <strong>les</strong>efforts nationaux et locaux des pays en développement.Cependant, jusqu’à présent ces engagementsmondiaux ne se sont pas tra<strong>du</strong>its par des décisionsconcrètes et explicites ni par des politiques à mettreen oeuvre. Tout d’abord, on perçoit clairement dansla diminution de l’Aide publique au développement(APD) le manque uniforme de volonté politique. Defait, malgré <strong>les</strong> donations promises, l’APD reste trèsen deçà de la cible visée. Les chiffres <strong>les</strong> plus optimistesmontrent qu’elle ne dépasse pas 0,31% <strong>du</strong>Pro<strong>du</strong>it Intérieur Brut (PIB) 2 . Pour <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moinsavancés (PMA) 3 , le pourcentage atteint est de 0,09 %1 L’auteur remercie Marc Van de Weil pour son aide précieuse.2 Organisation de coopération et de développementéconomiques (OCDE), L’aide au développement a augmentéen 2009 et la plupart des donateurs atteindront <strong>les</strong> objectifsd’aide pour 2010. Disponible en français sur : .3 Cinq pays arabes sont considérés PMA : <strong>les</strong> Comores,Djibouti, la Somalie, le Soudan et le Yémen.au lieu <strong>du</strong> taux convenu 4 de 0,15 %–0,20 %. Deuxautres cib<strong>les</strong> essentiel<strong>les</strong> de l’Objectif 8 n’ont pas nonplus abouti : <strong>les</strong> politiques de commerce équitable etl’allègement de la dette.Ce qui s’avère plus problématique encore, c’estl’étroitesse de point de vue adopté par <strong>les</strong> pays <strong>du</strong>G-8, par certaines agences de l’ONU et par d’autresinstitutions internationa<strong>les</strong>, ré<strong>du</strong>isant <strong>les</strong> débats surla progression des OMD à une discussion sur l’argentet sur l’aide, ce qui reflète une vision très controverséedes en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> développement. L’objectif principaldevrait être, en revanche, la capacité des pays àse développer. Mais il n’y a pas non plus, à l’échellenationale, ni la vision ni la capacité nécessaires pouradopter des politiques économiques intégrées etinclusives aux budgets transparents, reflétant unemobilisation correcte des ressources loca<strong>les</strong> et unemeilleure façon de <strong>les</strong> utiliser. L’idéal serait que lerenforcement des capacités des pays leur offre desoptions supplémentaires, leur permette d’améliorerleur savoir-faire et d’assurer leurs progrès en matièrede développement, et leur garantisse également unmeilleur usage de leurs ressources.Le Sommet des membres <strong>du</strong> G-8 qui s’est tenuà Gleneag<strong>les</strong> en 2005, s’est conclu par l’engagementde verser USD 150 milliards pour lutter contrela pauvreté. Cependant, <strong>les</strong> crises alimentaires, decarburants et financières, ainsi que la préoccupationcroissante pour le changement climatique, sontautant de prétextes invoqués pour se délier de cetengagement. Ces crises sont une conséquence <strong>du</strong>système de mondialisation actuel qui n’arrive pas :d’une part, à obtenir des corporations multinationa<strong>les</strong>qu’el<strong>les</strong> justifient leur gestion et qu’el<strong>les</strong> assumentdes responsabilités et d’autre part, à adopter et mettreen pratique des solutions transcendantes et effectivesaux défis que posent dans le monde entier lapauvreté, le développement et l’injustice. Ce systèmes’occupe davantage de mettre en place des mesuresd’urgence pour surmonter l’impact immédiat descrises plutôt que d’assumer des interventions à longterme abordant dans leur intégralité <strong>les</strong> causes fondamenta<strong>les</strong><strong>du</strong> chômage, de la pauvreté en hausse et dela marginalisation politique, sociale et économique.4 Majed Azzam, Assessing the MDGs in the Arab region: ASurvey of Key Issues, Arab NGO Network for Development(ANND), 2009.Fin 2008, <strong>les</strong> chefs d’État réunis à Doha pour laConférence <strong>du</strong> suivi sur le financement <strong>du</strong> développementne sont pas arrivés à une vision globale pourl’atteinte des OMD. Au lieu d’aborder <strong>les</strong> problèmesfondamentaux qui sont à l’origine de la crise financièreet économique mondiale, ces dirigeants ontréitéré <strong>les</strong> décisions « d’urgence » <strong>du</strong> G-20 qui secentrent sur la façon d’affronter <strong>les</strong> impacts immédiatsdes crises. Les groupes de la société civile quiont participé à la Conférence de Doha ont critiqué <strong>les</strong>résultats et ont exigé de remplacer le Consensus deWashington par une nouvelle alliance qui se baserasur une révision complète des politiques mondia<strong>les</strong>actuel<strong>les</strong> par <strong>les</strong> institutions internationa<strong>les</strong> et le G-8.L’effort réalisé par l’Assemblée Générale de l’ONUpour aborder ce sujet, avec la Commission Stiglitz,puis la Conférence des Nations Unies sur la crisefinancière et économique mondiale et son incidencesur le développement en juin 2009, s’est égalementenlisé, ce qui démontre que la communauté internationaleest incapable de se mettre d’accord sur unestratégie globale <strong>du</strong> développement et préfère protéger<strong>les</strong> intérêts des corporations multinationa<strong>les</strong>.Les en<strong>jeu</strong>x des OMD dans la région arabeLe Rapport arabe sur le développement humain2009 5 , qui aborde le concept de la sécurité humaine,révèle que <strong>les</strong> indicateurs de développement de la régionsont très en dessous de ce qui avait été promis.Il souligne <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x économiques et insiste sur lefait que la dépendance des pays arabes vis-à-vis de lapro<strong>du</strong>ction pétrolière rend leurs économies très vulnérab<strong>les</strong>aux fluctuations internationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> prix <strong>du</strong>brut. Leur dépendance de l’investissement étrangerreprésente un autre en<strong>jeu</strong> économique important,car elle accroît considérablement leur vulnérabilitéface aux crises économiques mondia<strong>les</strong>, commecelle de ces dernières années. En plus, <strong>les</strong> économiesarabes s’orientent vers <strong>les</strong> services, ce qui signifieque leurs secteurs pro<strong>du</strong>ctifs s’affaiblissent chaquefois plus.Le chômage reste un en<strong>jeu</strong> essentiel. L’Organisationarabe <strong>du</strong> travail signale qu’en 2008 le chômageétait monté à 14,4 % contre 6,3 % <strong>du</strong> taux global,5 PNUD, Bureau régional pour <strong>les</strong> États arabes, Arab HumanDevelopment Report 2009: Challenges to Human Security inthe Arab Countries, New York, 2009.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>37Les Pays arabes et <strong>les</strong> OMD


soit plus <strong>du</strong> double. Bien que le taux varie d’un paysarabe à un autre, le chômage chez <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes est trèsélevé, car ils représentent plus de 50 % des demandeursd’emploi. Le chômage moyen des <strong>jeu</strong>nes de larégion est de 25,5 % 6 , le taux le plus élevé <strong>du</strong> monde.De plus, le taux de chômage est supérieur chez <strong>les</strong>femmes à cause de l’éternelle discrimination dontel<strong>les</strong> font l’objet sur le marché <strong>du</strong> travail.Un autre problème impératif lui aussi est la pauvretécumulée sur l’ensemble de la région dépassant39 %, ce qui veut dire que pratiquement 140 millionsde citoyens arabes vivent en deçà <strong>du</strong> seuil de pauvretéet n’ont pas droit à un niveau de vie décent 7 .Les rapports nationaux sur <strong>les</strong> OMD préparés par<strong>les</strong> gouvernements grâce à l’assistance technique<strong>du</strong> PNUD, indiquent que la région ne parviendra pasà résoudre le problème de la faim généralisée. En2004, <strong>les</strong> calculs indiquaient que 25,5 millions depersonnes souffraient de la faim et de malnutrition ;le nombre de personnes vivant dans cette situationa donc considérablement augmenté par rapport à1994 8 . Le rapport préparé par le PNUD et la Liguearabe sur <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x que présente le développementdans cette région montre que, malgré <strong>les</strong> progrès enregistrésen Syrie et au Soudan pour l’autosuffisanceen céréa<strong>les</strong>, la sécurité alimentaire n’a pas connud’amélioration tangible depuis 1990 9 .ANND: l’évaluation des OMDEn 2000, 22 dirigeants arabes ont adhéré à la Déclaration<strong>du</strong> Millénaire et se sont engagés à atteindre<strong>les</strong> OMD pour l’année 2015. Au cours de la dernièredécennie, de nombreux évènements politiques, économiqueset sociaux ont affecté <strong>les</strong> processus deréforme dans <strong>les</strong> pays arabes. La « Guerre contrele terrorisme », qui a commencé par l’invasion etl’occupation de l’Afghanistan en 2001, l’invasion etl’occupation de l’Iraq en 2003, la guerre israéliennecontre le Liban en 2006, la détérioration régulièredes conditions de vie <strong>du</strong> peuple pa<strong>les</strong>tinien, surtoutaprès le siège de la Bande de Gaza en 2007, ainsique <strong>les</strong> conflits internes qui ont surgi dans des payscomme l’Algérie, le Liban, la Somalie, le Soudan etle Yémen, sont des faits qui s’inscrivent parmi ceuxqui ont le plus contribué à déstabiliser la zone. Lasituation a empiré à cause des effets dévastateursde la crise alimentaire, <strong>du</strong> changement climatique etde la fluctuation des prix <strong>du</strong> pétrole, dont <strong>les</strong> effetsnégatifs nuisent aux efforts des pays pour atteindre<strong>les</strong> objectifs <strong>du</strong> développement.6 Organisation arabe <strong>du</strong> travail, 2003. Voir : .7 PNUD, Bureau régional pour <strong>les</strong> États arabes et Ligue desÉtats arabes, Development Challenges in the Arab States: AHuman Development Approach, New York, Mai 2009.8 PNUD, Bureau régional pour <strong>les</strong> États arabes, op. cit.9 PNUD, Bureau régional pour <strong>les</strong> États arabes et Ligue desÉtats arabes, op. cit.Néanmoins et en dépit de ces en<strong>jeu</strong>x, la responsabilitéde la réalisation des objectifs de développementincombe aussi aux systèmes et aux institutionsnationa<strong>les</strong> existantes, et plus précisément auxrégimes et aux autorités qui détiennent le pouvoir.L’évaluation des OMD réalisée par l’ANDD (Réseaudes ONG arabes pour le développement) a doncétudié <strong>les</strong> objectifs financiers et de développement,<strong>les</strong> problèmes concernant l’égalité des sexes et latransversalité des objectifs dans <strong>les</strong> politiques nationa<strong>les</strong>.Pour ce qui est de financer et de mobiliser desressources pour le développement et <strong>les</strong> OMD, <strong>les</strong>pays arabes, pour la plupart, ne sont pas parvenusà obtenir de ressources loca<strong>les</strong> ou régiona<strong>les</strong> carleurs politiques visant à attirer <strong>les</strong> investissements,l’aide et <strong>les</strong> prêts étrangers s’avèrent inefficaces 10 .Mais <strong>les</strong> investissements étrangers n’ont pas encorepro<strong>du</strong>it <strong>les</strong> effets positifs atten<strong>du</strong>s ; l’APD n’apas été affectée en fonction des besoins humainsélémentaires et, <strong>du</strong> point de vue quantitatif, elle n’apas suffi à encourager <strong>les</strong> gouvernements à faire <strong>les</strong>progrès nécessaires pour atteindre <strong>les</strong> objectifs. Quiplus est, <strong>les</strong> pays n’ont pas d’administrations publiquescapab<strong>les</strong> de gérer <strong>les</strong> ressources disponib<strong>les</strong>.Et finalement, le recours aux emprunts pour investirdans <strong>les</strong> secteurs et dans des activités économiquesnon pro<strong>du</strong>ctives s’est soldé pour de nombreux paysarabes par une augmentation <strong>du</strong> service de la detteet, de fait, s’est tra<strong>du</strong>it par un revers concernant laréalisation des objectifs.Un léger progrès a été obtenu quant à la transversalitédes OMD dans la formulation des politiquesnationa<strong>les</strong> et dans l’évolution générale vers la réalisationdes OMD à l’échelle nationale, notammentl’inclusion des différentes parties intéressées et desorganisations de la société civile. Ceci dit, <strong>les</strong> processusmanquent encore de mécanismes adéquats pourune participation effective. Il n’y a pas de résultatsréels en raison de l’absence d’institutions démocratiquesopérationnel<strong>les</strong>, des grandes dépensesmilitaires, <strong>du</strong> poids de l’évolution démographiqueet des politiques économiques qui ont fait que <strong>les</strong>écarts se creusent chaque fois plus au niveau de ladistribution de la richesse et <strong>du</strong> chômage massif. Vuce contexte, <strong>les</strong> gouvernements de la région araben’ont pas intégré <strong>les</strong> cib<strong>les</strong> des OMD dans leurs plansde développement nationaux. De plus, <strong>les</strong> politiquesgloba<strong>les</strong> ont contribué à ré<strong>du</strong>ire leur espace politique,en limitant encore plus <strong>les</strong> efforts nationaux enmatière de développement.En ce qui concerne la transversalité de la dimensionde genre dans le processus de réalisationdes OMD, il convient de signaler que <strong>les</strong> femmes10 Voir : Ayah Mahgoub, 2009. Disponible sur : .de la région arabe restent en bonne partie excluesde la vie politique et économique. Cette exclusionprend sa source dans la structure patriarcale dessociétés arabes et dans l’influence exercée par <strong>les</strong>normes et <strong>les</strong> valeurs traditionnel<strong>les</strong> et religieuses.La quantité de réserves émises par tous <strong>les</strong> paysarabes qui ont ratifié la Convention sur l’éliminationde toutes <strong>les</strong> formes de discrimination à l’égard desfemmes (CEDAW), affaiblissant ainsi son application,illustrent parfaitement la situation. L’exclusiondes femmes des processus destinés à atteindre <strong>les</strong>OMD représente un gaspillage des ressources et deschances de progrès.En ce sens, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> économiques quesuivent <strong>les</strong> pays arabes ainsi que <strong>les</strong> stratégies nationa<strong>les</strong>inadéquates qu’ils ont adoptées pour le développementsocial sont <strong>les</strong> deux facteurs principauxde leur manque de progression vers <strong>les</strong> OMD. Parconséquent, la recommandation pour l’avenir estde créer des institutions adéquates et d’entreprendreune vaste réforme <strong>du</strong> système de gouvernancepolitique dans toute la région afin d’obtenir une plusgrande transparence, la reddition des comptes etplus de responsabilité.Observations au niveau national 11L’observation de la situation des OMD au niveaunational révèle clairement que <strong>les</strong> gouvernementsnégligent leurs engagements au moment de <strong>les</strong> respecter.Bien que <strong>les</strong> positions officiellement déclaréesarborent une attitude positive envers <strong>les</strong> OMDet soulignent le besoin de <strong>les</strong> atteindre, ces positionss´en tiennent aux déclarations purement verba<strong>les</strong>et ne se tra<strong>du</strong>isent pas par des politiques effectives<strong>du</strong> gouvernement ni par des stratégies ou des plansd’action nationaux concrets.Les politiques économiques et socia<strong>les</strong> manquentd’une vision intégrée qui s’appuie sur <strong>les</strong> droitshumains. La mauvaise gouvernance est l’un des principauxfacteurs que sous-tend généralement l’usageinefficace des ressources. De plus, <strong>les</strong> contextesnationaux montrent le peu de volonté politique àsatisfaire <strong>les</strong> besoins humains de base et à offrir deplus amp<strong>les</strong> garanties au respect des droits humainsélémentaires. En revanche, il apparaît clairement que<strong>les</strong> différents groupes détenant le pouvoir établissentleur rapport avec la population sur la base <strong>du</strong> népotismeet de l’exploitation des inégalités de pouvoir,ceci étant renforcé par sa nature totalitaire et autoritaire.On peut observer dans différents contextes nationauxquatre éléments fondamentaux qui semblent11 Cette section se fonde sur <strong>les</strong> rapports des membres del’ANND sur le processus pour l’atteinte des OMD à Bahreïn,en Égypte, en Jordanie, au Liban, au Soudan, en Tunisie etau Yémen, d’un point de vue centré sur <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x nationauxet sur la pertinence des politiques adoptées, et qui ont misen exergue un ensemble de recommandations de la sociétécivile visant la promotion des OMD.Rapports thématiques 38 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


être directement ou indirectement responsab<strong>les</strong> dessituations nationa<strong>les</strong> problématiques :• Un manque uniforme de démocratie, de participationet de bonne gouvernance. Ceci se tra<strong>du</strong>itpar une faible participation politique, des systèmespolitiques opaques et sans reddition decomptes, et des fonctions publiques peu compétentes,inefficaces et impro<strong>du</strong>ctives. Ce sontlà des entraves importantes qui empêchent <strong>les</strong>pays arabes de mobiliser et d’utiliser correctement<strong>les</strong> ressources nationa<strong>les</strong>, qu’el<strong>les</strong> soientnaturel<strong>les</strong>, financières ou humaines.• Les en<strong>jeu</strong>x systématiques liés au manque detransparence et d’intégrité dans <strong>les</strong> politiquespubliques et dans l’offre des services sociaux.Le concept des Droits de l´Homme est absentde la formulation des politiques nationa<strong>les</strong>, cequi mène à une interprétation erronée de « l’Étatde droit ». Il faut que la protection sociale et lebien-être de la population soient considéréscomme des droits intrinsèques aux droits humainset non pas comme un cadeau des puissancespolitiques dénaturant le rapport entre <strong>les</strong>citoyens et l’État.• Un manque continuel de stabilité, de sécurité etde paix dans la région a contribué à l’instabilitéstructurelle et à la confusion dans <strong>les</strong> politiquesde développement. Ce contexte instable a faitdiminuer l’intérêt des investisseurs étrangerspour la région arabe, et a favorisé le gaspillagedes ressources et des moyens destinés au développementet <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> taux de pro<strong>du</strong>ctivitécausés par la mauvaise gestion <strong>du</strong> temps et desressources.• Le manque constant d’une orientation fondéesur <strong>les</strong> droits humains lors de l’élaboration despolitiques contribue à l’absence de stratégiesnationa<strong>les</strong> intégrées pour le développementsocial.De plus, la région présente un contraste considérableentre <strong>les</strong> indicateurs économiques et <strong>les</strong> indicateursde développement. La plupart des pays arabespro<strong>du</strong>cteurs de pétrole ont traversé une périodede croissance économique relative en raison de lahausse des prix. Cela a eu une répercussion indirectesur l’ensemble de la région qui a vécu une des plusfortes croissances économiques <strong>du</strong> monde. Cependant,cet élan ne s’est pas tra<strong>du</strong>it par des avancéesen termes de développement, car la plupart des payscontinue à montrer des résultats de développementhumain très faib<strong>les</strong>. De fait, étant donné que <strong>les</strong> OMDet <strong>les</strong> objectifs de développement en général n’ontpas été une priorité pour <strong>les</strong> dirigeants arabes, il n’ya pas eu de politique adéquate pour la distributiondes richesses entre <strong>les</strong> pays ni au sein des pays dela région.Malgré ces contextes problématiques, de nombreuxrapports officiels sur <strong>les</strong> OMD ont tenté derefléter une situation plus positive. C’est pourquoiils n’ont pas formulé d’indicateurs concrets et mesurab<strong>les</strong>des stratégies de gouvernement, se limitantsouvent à émettre des recommandations abstraiteset normatives pour l’avenir. En général, la plupart desrapports officiels ont essayé de faire une démonstrationtruquée de l’engagement <strong>du</strong> Gouvernementquant à l’affectation de ses ressources aux cib<strong>les</strong>de développement et aux OMD. Ils ont égalementessayé de se montrer confiants quant à la réalisationdes objectifs en 2015. Ce faisant, ils ont omis dedivulguer <strong>les</strong> faib<strong>les</strong>ses manifestes de nombreuxcontextes nationaux.Alors que majoritairement <strong>les</strong> rapports mentionnentl’inclusion des différentes parties intéresséesdans le processus d’évaluation des OMD, on nesait pas trop dans quelle mesure cette participationa été effective ni quels sont <strong>les</strong> critères qui ont étéadoptés pour <strong>les</strong> inclure. Le plus probable, c’est quecette tendance à inclure des acteurs non gouvernementaux<strong>du</strong> monde académique et de la sociétécivile, obéisse davantage aux exigences de l’ONU etde ses partenaires donateurs qu’aux points de vuenationaux réellement participatifs.Nombreux sont <strong>les</strong> rapports qui exagèrent laresponsabilité des donateurs, dénonçant le niveauinadéquat ou le caractère conditionnel de leur aideau développement, sans dénoncer à la fois <strong>les</strong> problèmesnationaux intervenant dans l’élaboration depolitiques et le savoir-faire des institutions. Les rapportsofficiels sur <strong>les</strong> OMD de l’Égypte ou <strong>du</strong> Yémenen sont la preuve.D’autre part, le rapport officiel de l’Arabie saouditesur <strong>les</strong> OMD se centre seulement sur <strong>les</strong> succès,sans signaler convenablement <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x et <strong>les</strong> faib<strong>les</strong>sesqui subsistent et sans faire non plus de recommandationspour l’avenir. Le rapport de Bahreïn,quant à lui, évite même de parler des cib<strong>les</strong>, sousprétexte que Bahreïn n’est pas un pays en voie dedéveloppement « typique » alors qu’il s’est engagéclairement à relever <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x mentionnés dans sonrapport national. L’évaluation indépendante, neutreet objective <strong>du</strong> processus de suivi des OMD est rarementmentionnée, à la seule exception <strong>du</strong> rapportde la Pa<strong>les</strong>tine, qui a réussi à brosser un tableau plusréaliste de la situation.Les rapports nationaux officiels de Bahreïn, <strong>du</strong>Liban, de la Jordanie, <strong>du</strong> Soudan, <strong>du</strong> Yémen et del’Autorité Pa<strong>les</strong>tinienne, indiquent que <strong>les</strong> OMD et<strong>les</strong> processus correspondants de présentation derapports son inclusifs. En fait, ces rapports sont pourla plupart le résultat <strong>du</strong> travail d’une commissiontechnique supervisée par <strong>les</strong> ministères nationauxde planification (ou des organismes similaires) avecl’assistance technique et financière des bureaux nationauxde l’ONU, et même de toutes <strong>les</strong> agencespertinentes. Cependant, <strong>les</strong> rapports nationaux del’Égypte, de la Tunisie et de l’Arabie saoudite ont étérédigés par <strong>les</strong> gouvernements avec le seul soutien<strong>du</strong> PNUD. Ceci jette des doutes sur la neutralité relative,sur la précision de la collecte et de la présentationdes données et sur l’authenticité des tentativesdes gouvernements pour progresser en thèmes dedéveloppement.Observations issues <strong>du</strong> processusd’Examen Périodique UniverselDans la région arabe <strong>les</strong> états violent constamment<strong>les</strong> Droits de l´Homme, comme l’ont signalé des dizainesde rapports, dont ceux publiés par l’ONU et diversesOrganisations Non Gouvernementa<strong>les</strong> (ONG)internationa<strong>les</strong> tel<strong>les</strong> que Human Rights <strong>Watch</strong> etAmnistie Internationale. Cependant, <strong>les</strong> pays arabesinsistent pour maintenir <strong>les</strong> réserves émisesvis-à-vis des conventions internationa<strong>les</strong> de Droitsde l´Homme, empêchant ainsi toute matérialisationd’un progrès réel de leur développement.Un problème particulier réside dans le fait quedans de nombreux pays arabes <strong>les</strong> droits sociauxet économiques ne sont pas abordés de façon adéquatepar <strong>les</strong> gouvernements. Un résumé analytiquedes résultats des Examens Périodiques Universelsde différents pays arabes, réalisé sous l’auspice <strong>du</strong>Conseil des droits de l’homme de l’ONU, confirmeces observations.De graves violations <strong>du</strong> droit à un niveau de viedécent, à l’accès au logement et à l’eau potable sontobservées par exemple en Égypte, en Iraq et au Yémen.Les examens ont conclu qu’il faudrait affecterdavantage de ressources à l’amélioration des mesuresde développement économique et social, grâce àdes politiques conçues pour lutter contre la pauvretéet à faire respecter <strong>les</strong> droits humains.Quant au droit au travail dans des conditionsadéquates, de graves violations sont observées dansla plupart des pays arabes, spécialement envers desgroupes de travailleurs vulnérab<strong>les</strong> tels que celui desfemmes et des émigrés. Le travail des enfants continueà être un en<strong>jeu</strong>, ainsi que le taux de chômagechez <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes, très élevé en comparaison avec <strong>les</strong>taux mondiaux.En matière de droit à l’é<strong>du</strong>cation, malgré <strong>les</strong>efforts effectués, beaucoup de pays arabes montrentun accès limité à l’é<strong>du</strong>cation élémentaire et présententdes taux élevés d’analphabétisme. Si tant est quecertains pays ont légèrement amélioré leurs indicateursquantitatifs quant à l’é<strong>du</strong>cation, la qualité decelle-ci au regard des besoins <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travailcontinue à être préoccupante.Dans le domaine <strong>du</strong> droit à la santé, bien que<strong>les</strong> gouvernements aient intensifié leurs efforts pouraméliorer l’accès aux services publics de la santé,<strong>les</strong> indicateurs ne confirment pas de progrès dansce sens. Ceci est dû, probablement, à ce que, dans<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>39Les Pays arabes et <strong>les</strong> OMD


cette région, le secteur de la santé en général préfèreétablir des réseaux de sécurité et cibler des groupesspécifiques, excluant un grand nombre de personnesdes programmes et des services des soins de santé.ConclusionsPour atteindre <strong>les</strong> OMD en 2015, de grands effortssupplémentaires sont nécessaires, ainsi qu’une volontépolitique pour renforcer l’adoption et la mise enœuvre de politiques de développement. À cette fin,<strong>les</strong> cib<strong>les</strong> concrètes et mesurab<strong>les</strong> peuvent servird’outil d’évaluation des avancées.Accroître l’efficacité des administrations publiquesreste un en<strong>jeu</strong> fondamental, et exige différentesmesures concrètes. Les fonctionnaires publics devraientrecevoir une formation qui s’aligne sur <strong>les</strong>droits humains, pour apprendre à traiter avec davantagede respect <strong>les</strong> personnes et leurs besoins. Unedémarche également importante aux fins d’améliorerla mise en oeuvre de politiques publiques et de stratégiesnationa<strong>les</strong> consiste à renforcer <strong>les</strong> autoritéspubliques en <strong>les</strong> nantissant d’un pouvoir basé surdes règlements que <strong>les</strong> citoyens devront respecter.Un engagement politique sincère, se reflètantdans des politiques publiques concrètes et des plansde mise en oeuvre <strong>du</strong> développement, devrait êtrefondé sur l’intégrité et la transparence. La participationdes citoyens grâce à des organisations de lasociété civile et autres groupes d’intérêt est un facteurimportant pour obtenir de bons résultats. Celaexige de la part <strong>du</strong> système administratif une réformeendiguant la corruption systématique qui l’affaiblit. Àce sujet, il est bon de signaler que l’adoption et l’applicationde la Convention des Nations Unies contrela corruption contribuerait à réformer le systèmed’élaboration des politiques publiques.Suivre ces recommandations sans des engagementspolitiques explicites n’est pas tâche facile.Les recommandations mentionnées font état de troisconditions indispensab<strong>les</strong> : la démocratie pour garantirune participation adéquate, la reddition de compteset la responsabilité ; la bonne gouvernance pour garantirune mobilisation et un investissement adéquatsdes ressources ; et la justice sociale pour obtenir despolitiques intégrées et inclusives. Malheureusement,ces conditions indispensab<strong>les</strong> étant encore inexistantes,il devient évident que la région sera incapabled’atteindre <strong>les</strong> OMD pour l’année 2015. nRapports thématiques 40 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Le progrès vers <strong>les</strong>objectifs tracés


Indice des capacités de baseDix ans après la Déclaration <strong>du</strong> millénaire :L’avancée des indicateurs sociaux se ralentitL’Indice des capacités de base (ICB) 2010, développé par <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, montre que la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté est en perte de vitesse depuis <strong>les</strong>deux dernières décennies. Depuis l’an 2000, date de la mise en place des Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD), l’évolutionde l’ICB indique que <strong>les</strong> progrès ralentissent au lieu de s’accélérer, et que <strong>les</strong> efforts de la communauté internationale ne se tra<strong>du</strong>isent pas pardes avancées plus rapides dans <strong>les</strong> indicateurs sociaux. Le progrès social n’emboîte pas forcément le pas à la croissance économique et il fautde meilleurs indicateurs sociaux, non monétaires, pour faire un suivi plus précis de l’évolution de la pauvreté dans le monde.Dans son rapport de février 2010 Tenir <strong>les</strong> promesses,le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, affirmeque <strong>les</strong> OMD « sont <strong>les</strong> cib<strong>les</strong> <strong>du</strong> monde, quantifiées etmesurab<strong>les</strong> dans le temps pour lutter contre l’extrêmepauvreté, la faim et <strong>les</strong> maladies en promouvant l’égalitédes sexes, l’é<strong>du</strong>cation et le respect de l’environnement.El<strong>les</strong> sont aussi l’émanation des droits fondamentaux dela personne humaine : le droit à la santé, à l’é<strong>du</strong>cation etau logement pour tous ».Cependant, même si <strong>les</strong> objectifs sont “quantifiab<strong>les</strong>”,ils ne sont pas faci<strong>les</strong> à mesurer. L’ONU a développéun ensemble de 38 indicateurs dans chacune descib<strong>les</strong> spécifiques correspondant à chaque objectif, maisil manque des données pour la plupart des pays. Pour lacible la plus importante, celle qui vise à ré<strong>du</strong>ire le pourcentagede population vivant avec moins d’un dollar parjour, <strong>les</strong> données de 2005, ou certaines plus récentes, nesont disponib<strong>les</strong> que pour 67 pays.Le panorama actuel à travers l’ICBL’ICB a été conçu par <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> comme une méthodealternative de suivi de la situation de la pauvreté dans lemonde. La plupart des outils de mesure disponib<strong>les</strong> de lapauvreté se fondent sur le principe qu’il s’agit d’un phénomènemonétaire, et mesurent par exemple le nombrede personnes vivant avec un revenu inférieur à un dollarpar jour. L’ICB, de même que d’autres outils alternatifs(non monétaires) de mesure de la pauvreté, prend encompte la capacité d’accès à une série de services indispensab<strong>les</strong>à la survie et à la dignité humaine. Les indicateursqui composent l’ICB sont <strong>les</strong> plus élémentaires detous ceux qui composent <strong>les</strong> OMD.L’ICB est la moyenne de trois paramètres : 1) la mortalitédes enfants de moins de cinq ans, 2) la santé repro<strong>du</strong>ctiveou maternelle et infantile, et 3) l’é<strong>du</strong>cation (à travers unevariable combinée d’inscription à l’école primaire et de tauxde survie jusqu’en fin <strong>du</strong> primaire). Tous <strong>les</strong> indicateurs sontexprimés en pourcentages sur une échelle de variation de 0à 100. La mortalité infantile, habituellement exprimée par lenombre de décès pour 1.000 enfants nés vivants, est expriméesur la base de 100 moins cette valeur. Ainsi, par exemple,un taux de 20 morts pour 1.000 se convertit en 2 %et, en soustrayant ce chiffre à 100 il détermine une valeurde 98 pour l’indicateur. De cette façon, la valeur théoriquemaximale de mortalité infantile est de 100, ce qui voudraitdire que tous <strong>les</strong> enfants nés vivants parviennent à atteindrel’âge de cinq ans. La Santé repro<strong>du</strong>ctive atteint sa valeurmaximum (100) lorsque toutes <strong>les</strong> femmes susceptib<strong>les</strong>d’enfanter sont suivies par un personnel médical spécialisé.De la même façon, l’é<strong>du</strong>cation atteint un maximum de 100quand tous <strong>les</strong> enfants en âge scolaire sont inscrits à l’écoleAcceptableMoyenBasTrès basCritiqueSans donnéesAcceptableMoyenBasTrès basCritiqueSans donnéesAcceptableMoyenBasTrès basCritiqueSans donnéesIndice deS capacités de base 2010ÍNDICE DE CAPACIDADES BÁSICAS 2010Indice deS capacités de base 2000BASIC CAPABILITIES INDEX 2000Indice deS capacités de base 1990<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>43ÍNDICE DE CAPACIDADES BÁSICAS 1990Indice des Capacités de Base 2010


Évolution de l’ICB par paysPaysICB2000Évolutionde l’ICBICB2010PaysICB2000Évolutionde l’ICBICB2010PaysICB2000Évolutionde l’ICBICB2010Afghanistan 45Afrique <strong>du</strong> Sud 85 h 86Albanie 99 e 97Algérie 94 d 96Allemagne 99+ h 99Angola 57 d 60Arabie saoudite 92Argentine 97 d 98Arménie 95 h 94Australie 99 h 99Autriche 99 h 99Azerbaïdjan 90 d 94Bahamas 94 d 97Bahrein 95 h 95Bangladesh 61 h 61Bélarus 98 h 99Belgique 99+ e 99Belize 91 d 96Bénin 78 d 85Bhoutan 63 g 85Birmanie 67 g 77Bolivie 82 h 83Bosnie-Herzégovine 97 h 97Botswana 91 h 90Brésil 88 g 96Bulgarie 98 h 98Burkina Faso 55 g 69Burundi 53 g 66Cambodge 65 d 70Cameroun 75 h 75Canada 99 h 99+Cap-Vert 93 f 87Chili 98 h 98Chine 97 d 99Chypre 95 h 96Colombie 87 d 94Comores 74Congo 73 d 80Costa Rica 96 d 97Côte d’Ivoire 73 d 74Cuba 98 h 99Danemark 99 h 99Djibouti 72 d 76Dominique 96 f 92Égypte 83 d 91El Salvador 88 d 91Émirats arabes unis 92 d 95Équateur 95 f 88Érythrée 56 g 76Estonie 99 h 99Espagne 99 h 99États-Unis d’Amérique 97 h 97Éthiopie 48 d 53Fédération de Russie 99 h 98Finlande 99+ h 99France 99 h 99Gabon 84Gambie 76 f 72Géorgie 94 d 97Ghana 66 g 77Grèce 94 d 99Guatemala 69 g 88Guinée 54 g 67Guinée Bissau 55 d 60Guinée Équatoriale 66 d 68Guyana 85 d 91Haïti 63 d 67Hon<strong>du</strong>ras 80 d 84Hongrie 97 h 98Inde 67 d 73Indonésie 85 d 90Iran 93 d 95Iraq 81 d 88Irlande 98 h 99Islande 99+ h 99Israël 96 h 96Italie 95 h 99Jamaïque 94 e 93Japon 99+ h 99+Jordanie 97 h 97Kazakhstan 95 d 97Kenya 65 d 71Kirghizistan 95 h 95Kiribati 88 f 82Koweït 94 h 94Lao RDP 59 d 63Lesotho 74 d 78Lettonie 99 e 97Liban 94 e 92Libéria 70 f 67Libye 96Lituanie 99 h 98Luxembourg 99 h 99Madagascar 61 g 76Malaisie 96 d 97Malawi 72 e 70Maldives 88 d 92Mali 62 d 69Malte 95 d 97Maroc 78 g 88Maurice 98 h 98Mauritanie 69 d 71Mexique 92 d 96Mongolie 94 d 96Monténégro 97 h 97Mozambique 62 g 71Namibie 86 d 90Népal 54 d 58Nicaragua 76 d 81Niger 48 g 59Nigéria 64 f 61Norvège 99 h 99Nouvelle-Zélande 98 d 99+Oman 94 h 94Ouzbékistan 96 d 97Pakistan 55 g 65Panama 94 h 94Paraguay 81 d 89Pays-Bas 99+ h 99Pérou 82 d 88Philippines 79 d 81Pologne 99 h 99Portugal 98 d 99Qatar 96 e 94République arabe syrienne 92 d 96République centrafricaine 63 d 65République de Corée 99+ h 99République de Moldavie 91 d 96République dém. <strong>du</strong> Congo 58 g 78République dominicaine 90 h 90République pop. dém. de Corée 92République tchèque 99 h 98Roumanie 97 h 97Royaume-Uni 99 h 99Rwanda 57 g 79Sénégal 70 d 71Serbie 97 d 98Sierra Leone 55 d 61Singapour 98 h 98Slovaquie 98 h 98Slovénie 99 h 98Somalie 58 h 57Sri Lanka 98 h 99Soudan 79 e 77Suède 99 h 99Suisse 98 h 98Suriname 91 h 91Swaziland 77 d 81Tadjikistan 86 d 93Tanzanie 63 g 75Tchad 50 d 54Thaïlande 96 h 96Togo 71 d 74Trinité-et-Tobago 96 h 96Tunisie 94 d 97Turkménistan 91 d 98Turquie 90 d 95Ukraine 97 h 97Uruguay 97 d 98Venezuela 94 f 91Viet Nam 86 d 93Zambie 68 d 75Zimbabwe 82 d 87Références : f Recul sévère e Recul h Stagnation d Progrès lèger g Progrès significatifNote : <strong>les</strong> valeurs en italique sont estimées.Le progrès vers <strong>les</strong> objectifs tracés44 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


14,00012,00010,0008,0006,0004,0002,0000Graphique 1. ICB et PIB par habitant dans le monde (1990-2009)120100806090888684828078ICBPIB par habitant1990 2000 200914.00012.00010.0008.0006.0004.0002.0000ICB82,8 86,4 89,4PIB par habitant Developed 8.884 countries 10.390 12.32440Transition countriesDeveloping countries:et parviennent en dernière année d’études East Asia primaires. and Pacific On sont tout proches de 100 % et ils ne peuvent plus obtenirLatin America and Caribbeanfait ensuite la moyenne de ces trois indicateurs, de sorte d’améliorations. Ce sont <strong>les</strong> pays qui présentent un plus20Middle East and North Africaque la valeur totale de l’indice varie entre South 0 % Asia et 100% (voir grand niveau de développement humain et d’équité etÉvolution de l’ICB par pays). Sub-Saharan Africa moins de pauvreté, et qui ont aussi de meilleurs niveauxEn termes généraux, <strong>les</strong> chiffres montrent que depuisquant aux Capacités élémentaires des gens.1990 le monde0a progressé dans ses efforts pour Deuxièmement, <strong>les</strong> pays en transition, l’Amérique1990 2000 2009ré<strong>du</strong>ire la pauvreté. Au cours des deux dernières décennies,latine et <strong>les</strong> Caraïbes ainsi que le Moyen Orient et l’Afriquel’ICB et le pro<strong>du</strong>it brut par habitant se sont améliorésà l’échelle mondiale. Le Graphique 1 offre la moyenne dela valeur totale de l’ICB et <strong>du</strong> revenu par habitant dans lemonde en dollars PPA (de parité <strong>du</strong> pouvoir d’achat) pourtrois points dans le temps (1990, 2000 et 2009).Alors que la croissance <strong>du</strong> revenu par habitant s’estaccélérée et est passée de 17 % entre 1990 et 2000 à19 % entre 2000 et 2009, la croissance de l’ICB a ralentiet est passée de 4 % au cours de la dernière décennie <strong>du</strong>XX e siècle à 3 % au cours des premières années <strong>du</strong> siècleactuel. Cela prouve que la Déclaration <strong>du</strong> millénaire et <strong>les</strong>efforts réalisés par la communauté internationale pouratteindre <strong>les</strong> objectifs stipulés ne se sont par tra<strong>du</strong>its pardes progrès plus rapides dans <strong>les</strong> indicateurs sociaux.Au contraire, <strong>les</strong> données ajoutées <strong>du</strong> Graphique 1 coïncidentavec <strong>les</strong> découvertes des dernières recherches, oùl’on reporte également un ralentissement dans l’avancéedes indicateurs depuis l’an 2000 1 .Ce comportement de l’ICB au niveau agrégé présentedes variations importantes en ce qui concerne ladésagrégation par région. Ces unités d’agrégation s’expliquentau moins pour deux raisons. D’un côté, il existedes modè<strong>les</strong> de diffusion géographique dans la conceptionet dans la mise en oeuvre des politiques publiquesdestinées à la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et <strong>les</strong> besoinsélémentaires captés par l’ICB et d’autres méthodes demesures de l’extrême pauvreté. De l’autre, <strong>les</strong> pays quicomposent <strong>les</strong> régions présentent des modè<strong>les</strong> clairsd’interdépendance qui in<strong>du</strong>isent <strong>les</strong> indicateurs socioéconomiquesà se comporter de la même façon.Pour l’élaboration <strong>du</strong> Graphique 2 <strong>les</strong> ICB régionauxcorrespondent à des estimations qui pondèrent <strong>les</strong> ICBnationaux par la population. Le graphique montre quetoutes <strong>les</strong> régions ont augmenté leurs valeurs de l’ICB,certaines d’entre el<strong>les</strong> seulement de façon très discrète.Par exemple, <strong>les</strong> pays développés offrent des variationsou des augmentations très faib<strong>les</strong> parce que leurs taux<strong>du</strong> Nord montrent des progrès sur la période 1990-2009.Cependant, <strong>les</strong> plus fortes avancées ont été enregistréesentre 1990 et 2000, alors que leur évolution entre 2000et 2009 est relativement plus faible. De nouveau, <strong>les</strong> donnéesindiquent un ralentissement de l’évolution de l’ICBdepuis l’an 2000 au lieu d’une avancée à partir de la miseen œuvre des OMD.Troisièmement, l’Asie méridionale avance dans sonICB au même niveau avant et après l’an 2000, alors quel’Afrique subsaharienne est la seule région qui évolue plusrapidement à partir de l’an 2000 que lors de la décennieantérieure, période sur laquelle le continent n’a pratiquementpas progressé. Toutes deux partent de niveaux trèsbas et doivent encore accélérer davantage si el<strong>les</strong> veulentatteindre des niveaux moyennement acceptab<strong>les</strong> dans<strong>les</strong> dix ans qui viennent. L’Asie méridionale progresse àun rythme supérieur à celui de l’Afrique subsaharienne.Cette région se compose d’un petit groupe de pays et samoyenne est fortement influencée par l’Inde, qui a progresséde 5 points dans l’ICB, entre 1990 et 2000, et de 5autres points depuis lors. Le groupe qui compose l’Afriquesubsaharienne, aussi vaste qu’hétérogène, est celuiqui a obtenu la valeur la plus basse dans l’ICB 2010.Parmi <strong>les</strong> pays en développement de l’Asie orientaleet <strong>du</strong> Pacifique, l’avancée de l’ICB est très lente étantdonné le grand poids de la Chine qui progresse trèslentement dans ses valeurs d’ICB relativement élevés.Cela tranche notablement avec le comportement de laChine vis-à-vis <strong>du</strong> revenu par habitant ou de la populationdont le revenu est inférieur à un dollar par jour. Pour cesdeux indicateurs, la Chine présente des progrès énormesau cours des deux dernières décennies, alors que <strong>les</strong>avancées dans ses indicateurs sociaux de base ont étéenregistrées avant la décennie 1990.Le Tableau 1 montre une autre façon d’observerl’évolution récente sur la base d’un niveau déterminé par<strong>les</strong> valeurs établies dans l’ICB (Critique, Très Bas, Bas,Moyen et Acceptable). En deux décennies, le groupe despays aux valeurs moyenne et acceptable et le groupe1 Fukuda-Parr y Greenstein, “How should MDG implementation bemeasured: faster progress or meeting targets?”, Document de travail de ceux qui ont <strong>les</strong> niveaux bas, très bas et critique invertissent63. International Policy Centre for Inclusive Growth, mai 2010.leurs positions, le premier passant de 40 %Graphique 2. Évolution de l’ICB parrégions (1990-2009)120100806040200Pays développésPays en transitionPays en développement :Asie orientale et PacifiqueAmérique latine et CaraïbesMoyen Orient et Afrique <strong>du</strong> NordAsie méridionaleAfrique subsaharienne1990 2000 2009à 61 % de l’ensemble des pays pour <strong>les</strong>quels on peutcalculer l’ICB et le second de 60 % à 39 %. Dans <strong>les</strong> deuxcas, c’est avant l’an 2000 que l’on assiste à la granderé<strong>du</strong>ction dans le groupe comportant <strong>les</strong> pires situationset la croissance <strong>du</strong> nombre de pays ayant des niveauxrelativement meilleurs et c’est dans le nouveau millénaireque <strong>les</strong> rythmes baissent.Quelques cas dans l’évolution récenteAux grandes variations entre <strong>les</strong> régions se sont ajoutéesdes variations entre <strong>les</strong> pays d’une même région.L’Europe et l’Amérique <strong>du</strong> Nord sont relativement homogènes,montrant de bas niveaux de variation entre<strong>les</strong> pays appartenant à chacune de ces zones géographiques.De plus, ces cas ne reflètent aucune avancéesubstantielle, étant donné qu’ils représentent <strong>les</strong> pays deniveaux satisfaisants pour l’indice. En revanche, d’autresrégions présentent un plus grand taux de variation dansl’évolution des deux dernières décennies (voir Graphique2). Tous <strong>les</strong> niveaux de la carte générale présentée dansle Tableau de l’évolution montrent des cas d’avancée etd’autres de recul.Dans le groupe des pays qui montrent un niveau del’ICB acceptable, c’est l’Albanie qui a le plus progressédans <strong>les</strong> années 90, puis elle a subi le pire recul lors de ladécennie suivante. Ce taux de recul est relativement léger,mais il met en relief un manque de continuité dans l’effortvisant à améliorer le comportement des indicateursTableau 1 : Évolution de l’ICB parniveaux (en nombre de pays)1990 2000 2010Critique 42 35 22Très bas 18 17 22Bas 34 19 19Moyen 29 43 40Acceptable 33 50 58Total 156 164 161<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>45Indice des Capacités de Base 2010


20092015fricaAsiacificbeanfricaAsiaropeericade base que couvre l’ICB. Dans le groupe ayant des valeursintermédiaires, il convient d’en signaler <strong>les</strong> deuxextrêmes. D’un côté, personne ne s’étonne de l’évolutionpositive marquée par le Brésil, où <strong>les</strong> taux de croissancetrès élevés et un engagement stable de l’élite politiqueont facilité la ré<strong>du</strong>ction des facteurs de pauvreté de lapopulation au cours des deux dernières décennies. Et del’autre, <strong>les</strong> bénéfices enregistrés par de nombreux pays àhauts revenus pétroliers en Afrique subsaharienne pourcette ressource naturelle, n’ont pas de retombées automatiquessur le bien-être social de la population, mêmedans <strong>les</strong> cas où l’évolution de l’économie montre desindicateurs sains. Il va sans dire que bailler des fonds etdes services orientés à la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté ne suffit20 pas et qu’une 40 action commune 60 des 80 agents qui 100dirigent1200le système politique est requise. Sans cet engagement iln’est pas de progrès social.En dernier lieu – mais non de moindre importance–, d’autres cas à des niveaux différents de l’ICB méritentaussi d’être mentionnés. Dans le niveau bas, le Guatemalaet le Bhoutan ont fait de grands pas en avant. Pour leniveau très bas, il y a des pays qui sortent de conflits ethniqueset de guerres civi<strong>les</strong> qui se sont déroulées pendant<strong>les</strong> dernières décennies, comme le Rwanda, qui montreune amélioration notoire sur la période 2000-2009, alorsque le Soudan poursuit sa chute systématique dans <strong>les</strong>valeurs de l’ICB sur <strong>les</strong> périodes étudiées. D’autre part,pour le niveau critique, certains pays comme le BurkinaFaso, le Burundi ou la Guinée ont bien progressé alorsque d’autres, comme le Nigeria, ne l’ont pas fait.Le regard porté vers l’avenirÉtant donné l’évolution récente dans <strong>les</strong> valeurs de l’ICB,la pauvreté mesurée d’après l’accès à un pool de servicesindispensab<strong>les</strong> à la survie humaine va continuer à se ré<strong>du</strong>ireprogressivement, mais la vitesse de ré<strong>du</strong>ction de lamisère n’est pas déterminée directement par l’économie.Même à des taux de croissance économique modérémentbas, <strong>les</strong> indicateurs de l’ICB tendent à la baisse,comme c’est le cas avec d’autres systèmes de mesurenon monétaire de la pauvreté, tels que <strong>les</strong> besoins élémentairesnon satisfaits, mesurés dans une bonne partiede l’Amérique latine pendant <strong>les</strong> années 80. Si <strong>les</strong> ICBsont à long terme une vague où un nombre décroissantde pays se retrouvera au niveau critique et un nombreGraphique 3. Évolution selon deux grandsgroupes de niveaux (en pourcentages)706050403020100Valeurs dans l’ICB Critique, Très bas et BasValeurs dans l’ICB Moyen et Acceptable1990 2000 2010Graphique 4. Évolution de l’ICB par régions vers 2015Moyenne 2009Moyenne 2015Afrique subsaharienneAsie méridionaleAsie orientale et PacifiqueAmérique Latine et CaraïbesMoyen Orient et Afrique <strong>du</strong> NordAsie centraleEuropeAmérique <strong>du</strong> Nordcroissant se situera à un niveau stable avec des valeurssupérieures à 90 %, il faut que <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> qui sedédient à observer l’évolution des OMD s’orientent versl’exploration des indicateurs pro<strong>du</strong>isant un plus grand niveaude variation ou de désagrégation, particulièrementpour <strong>les</strong> niveaux avec un ICB plus élevé.Pour que ce suivi soit faisable, il faut que la communautéinternationale s´engage à pro<strong>du</strong>ire des statistiquesmieux faites et plus précises, qui distinguent defaçon adéquate <strong>les</strong> genres, <strong>les</strong> régions et <strong>les</strong> ethnies.Ces indicateurs sont actuellement disponib<strong>les</strong> pour unebonne partie des pays développés, mais nous ne savonspratiquement rien sur leur façon de se comporter dans lereste <strong>du</strong> monde. Dans <strong>les</strong> années à venir, de nombreuxpays passeront dans le groupe des valeurs moyennesNote technique :I. Les Indicateurs de l’ICB :1. É<strong>du</strong>cation : a) Pourcentage des enfants qui terminent<strong>les</strong> études primaires ; b) taux net d’inscriptionsdans l’enseignement primaire. L’IndicateurÉ<strong>du</strong>cation se compose de la moyenne de cesdeux valeurs (a et b)2. Mortalité chez <strong>les</strong> enfants de moins de cinq ans.La valeur de cet indicateur est représenté comme|1=(100-M), comme le taux de survie jusqu’àl’âge de cinq ans, où M est le taux de décès aucours des cinq premières années de vie pour1000 naissances.3. Pourcentage des accouchements assistés pardes professionnels de la santé.II. L’ ICB a été calculé pour trois points dans letemps, à l’aide de plusieurs sources d’informationde libre accès (voir la liste complète des sources sur). Dans le but de compléter<strong>les</strong> données pour 1990, 2000 et 2009, l’équipe derecherche de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a élaboré un systèmede mesures approchées (ou proxies) qui maximisel’information disponible. Pour 1990, on considèretoutes <strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong> sur une tranche decinq ans, en prenant pour base 1990 et en assumant+/- 2 ans. Dans <strong>les</strong> cas où l’information antérieureà 1990 n’est pas disponible, on prend la mêmetranche de cinq ans jusqu’à 1995 inclus. Pour l’an0 20 40 60 80 100 120et acceptab<strong>les</strong> dans l’ICB et il y aura progressivementdavantage de pays avec des valeurs stagnantes car l’ICBne peut pas dépasser 100%. Le modèle de croissancesoutenu dans <strong>les</strong> valeurs de l’ICB pour le monde entier,indépendamment de son ralentissement relatif à partirde 2000, indique qu’un nombre grandissant de paysdoit faire l’objet d’un suivi sur la base d’indicateurs quicaptent plus précisément l’évolution de la pauvreté nonmonétaire dans le monde.La projection linéaire dans le Graphique 4, fondéesur <strong>les</strong> données des périodes 1990-2000 et 2000-2009,montre aussi que si la tendance actuelle de l’évolution del’ICB se maintient, de grandes régions <strong>du</strong> monde serontencore bien loin d’atteindre des niveaux acceptab<strong>les</strong>en 2015. n2000 on prend une tranche de cinq ans, en laissantcomme base l’an 2000 et un critère de +/- 2 ans. Enfin,pour 2009 on a appliqué le critère de la dernièredonnée disponible depuis 20051.III. Il existe un degré élevé de corrélation entre <strong>les</strong>valeurs des trois indicateurs, et à leur tour <strong>les</strong> valeursde chaque indicateur sont en corrélation avecleurs valeurs en trois points différents <strong>du</strong> temps ;ainsi, dans <strong>les</strong> cas où il manque l’information surle pourcentage d’accouchements assistés par desprofessionnels de la santé, on impute des valeursfondées sur <strong>les</strong> deux autres indicateurs de l’indice(é<strong>du</strong>cation et mortalité infantile).IV. Dans le but de classifier l’évolution, l’équipe de<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a appliqué <strong>les</strong> critères de recoupementsuivants : moins d’un écart-type négatif dela moyenne de l’évolution (Recul sévère) ; entre unécart-type négatif de la moyenne et -1 % de variationdans le taux (Recul) ; entre -1 % et 1 % de variationdans le taux (Stagnation) ; entre 1% de variationdans le taux et un écart-type sur la moyenne de variation(Léger progrès) ; et plus d’un écart-type sur lamoyenne de variation (Progrès significatif). n1 Les valeurs de l’ICB divulguées dans <strong>les</strong> “diamants” quiapparaissent dans <strong>les</strong> rapports nationaux correspondentaux valeurs de l’ICB 2010.Le progrès vers <strong>les</strong> objectifs tracés46 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


INDICE D’ÉQUITÉ DE GENRE (IEG)Valeurs de l’IEG 2009<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a développé l’Indice d’équité de genre (IEG) 1 afin de contribuerà la compréhension de l’inéquité de genre et de surveiller sa situation et sonévolution dans <strong>les</strong> différents pays et régions <strong>du</strong> monde, selon une sélectiond’indicateurs pertinents à l’inéquité de genre dans trois dimensions, à savoir :é<strong>du</strong>cation, participation économique et autonomisation. nPays IEG 2009 É<strong>du</strong>cationActivitéÉconomiqueEmpowermentPays IEG 2009 É<strong>du</strong>cationActivitéÉconomiqueEmpowermentAfrique <strong>du</strong> Sud 75 98,9 51,4 73,8Albanie 55 96,3 61,9 6,6Algérie 53 96,5 39,4 22,4Allemagne 78 93,8 67,6 73,0Angola 60 75,3 71,3 32,8Arabie saoudite 43 96,4 18,9 12,8Argentine 72 98,8 61,9 56,2Arménie 58 97,1 71,2 4,6Australie 75 95,2 75,0 55,0Autriche 71 95,1 61,0 56,6Azerbaïdjan 60 91,1 73,3 15,3Bahamas 79 98,1 80,7 58,9Bahrein 46 98,0 34,1 6,0Bangladesh 53 85,8 53,5 18,9Barbade 76 99,0 73,2 57,0Bélarus 66 96,6 72,7 28,9Belgique 72 96,0 64,2 56,2Belize 63 98,2 45,9 44,1Bénin 42 53,9 54,7 17,8Bolivie 66 94,8 65,7 37,6Bosnie-Herzégovine 61 93,3 76,0 13,0Botswana 66 98,8 49,0 49,5Brésil 68 96,5 64,6 43,6Bulgarie 73 96,1 71,6 52,6Burkina Faso 54 68,8 76,6 17,7Burundi 64 75,8 88,1 27,9Cambodge 62 78,1 83,5 23,2Cameroun 51 80,4 57,1 14,3Canada 74 95,9 73,8 53,7Cap-Vert 54 97,8 40,1 22,6Chili 62 97,1 45,9 42,8Chine 68 92,4 73,3 38,6Chypre 65 97,9 68,2 29,0Colombie 75 98,8 69,7 56,5Congo 45 65,4 57,4 12,6Costa Rica 67 98,2 54,3 47,9Côte d’Ivoire 39 64,5 38,1 15,2Croatie 75 99,4 70,7 56,0Cuba 70 96,7 52,0 61,7Danemark 79 97,6 78,6 61,1Djibouti 47 74,5 56,2 10,8Égypte 44 91,3 25,1 15,2El Salvador 68 99,1 51,2 52,3Émirats arabes unis 50 97,3 33,4 19,2Équateur 72 98,5 64,3 54,3Érythrée 47 62,1 54,3 24,8Espagne 77 98,4 58,3 74,1Estonie 73 97,6 71,2 50,8États-Unis d’Amérique 74 97,0 72,3 52,3Éthiopie 53 64,8 69,7 25,5Fédération de Russie 71 97,3 71,2 45,1Finlande 84 98,6 78,5 75,7France 72 96,6 71,7 47,8Gabon 53 77,7 65,9 16,7Gambie 50 72,5 60,8 17,7Géorgie 62 94,7 49,7 42,5Ghana 58 79,4 82,5 11,0Grèce 65 95,9 61,2 38,6Guatemala 51 93,7 36,7 23,5Guinée Équatoriale 44 73,8 49,4 7,9Guinée-Bissau 47 46,9 58,3 35,6Guyana 60 96,7 47,1 35,7Hon<strong>du</strong>ras 69 99,1 53,6 54,2Hong Kong 75 95,7 66,0 62,4Hongrie 70 96,1 68,3 44,9Î<strong>les</strong> Salomon 47 82,4 58,2 0,0Inde 41 77,5 36,6 7,9Indonésie 55 96,8 52,8 16,0Iran 54 97,1 45,7 20,5Irlande 69 98,1 63,3 46,9Islande 78 98,7 78,8 55,2Israël 72 97,1 75,2 44,11 Les valeurs de IEG qui apparaissent sous forme de diamants dans <strong>les</strong> rapports nationaux sont ceux qui sont inclus dans le IEG 2009, développé par l´Équipe de recherche en sciences socia<strong>les</strong> <strong>du</strong>Département de sociologie de la Faculté de sciences socia<strong>les</strong> de l’Université de la République, Uruguay, composé par Gabriel Errandonea (coordonnateur), Gabriel Gómez, Daniel Umpiérrez et Ruy Blanco.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>47Valeurs de l’IEG 2009


Valeurs de l’IEG 2009Pays IEG 2009 É<strong>du</strong>cationActivitéÉconomiqueEmpowermentPays IEG 2009 É<strong>du</strong>cationActivitéÉconomiqueEmpowermentItalie 64 96,8 54,6 42,1Jamaïque 61 99,0 64,7 18,3Japon 59 91,5 55,3 30,2Jordanie 47 98,8 33,5 9,4Kazakhstan 74 97,3 75,1 50,4Kenya 59 85,3 80,6 11,2Kirghizistan 70 98,8 65,8 45,5Koweït 49 97,6 46,3 4,2Lao, RDP 52 80,6 59,2 16,8Lesotho 64 99,5 57,6 35,9Lettonie 75 97,1 71,0 57,0Liban 47 98,4 36,2 6,2Lituanie 76 97,3 75,6 53,8Luxembourg 61 98,2 60,1 23,5Macédoine 67 96,1 55,5 50,1Malaisie 58 98,6 46,6 29,7Maldives 61 97,9 58,6 26,2Mali 53 65,5 77,3 17,0Malte 58 96,7 49,5 28,5Maroc 45 84,0 29,2 21,4Maurice 60 98,3 47,5 34,5Mauritanie 51 75,0 57,3 19,2Mexique 61 98,8 44,3 38,5Mongolie 70 99,4 58,2 52,6Mozambique 64 67,6 91,5 34,2Namibie 71 96,5 65,6 50,8Népal 51 74,1 57,1 22,5Nicaragua 52 98,5 36,4 19,7Niger 47 54,0 65,8 22,1Nigéria 44 76,9 47,0 9,3Norvège 83 96,2 82,0 69,8Nouvelle-Zélande 78 97,5 76,1 59,2Oman 46 96,7 23,5 17,6Ouganda 67 83,1 81,1 37,4Ouzbékistan 57 89,7 68,9 12,5Pakistan 43 75,9 34,2 18,0Panama 70 98,1 60,8 50,4Paraguay 67 97,6 55,6 47,2Pays-Bas 77 95,7 70,7 65,4Pérou 70 98,8 63,4 47,0Philippines 76 98,5 63,5 64,8Pologne 70 96,2 68,8 45,2Portugal 73 97,6 69,1 52,8Qatar 48 98,0 32,7 12,2République arabe syrienne 54 93,3 38,8 29,2République centrafricaine 46 55,8 70,0 11,4République de Corée 53 80,0 53,9 23,6République de Moldavie 74 97,9 71,8 51,9République dominicaine 65 97,5 49,9 47,1République tchèque 68 96,8 64,0 43,4Roumanie 71 97,3 74,6 42,0Royaume-Uni 74 97,5 72,8 51,1Rwanda 84 88,2 84,6 77,8Saint-Vincent-et-<strong>les</strong> Grenadines 60 96,6 59,5 23,6Sainte-Lucie 71 98,2 59,1 55,4Samoa 49 92,7 44,5 8,6Sao Tomé-et-Principe 49 98,3 35,2 12,3Sénégal 55 76,4 61,3 27,1Sierra Leone 45 65,9 52,8 15,1Singapour 63 95,0 58,6 36,5Slovaquie 69 97,0 67,2 42,2Slovénie 65 81,8 70,7 42,8Soudan 43 86,4 29,1 12,4Sri Lanka 58 98,0 43,0 32,4Suède 88 96,3 83,8 82,9Suisse 62 91,8 71,3 23,4Suriname 56 97,5 46,1 23,8Swaziland 49 95,0 35,8 15,7Tadjikistan 52 78,2 65,8 12,2Tanzanie 72 80,5 83,9 51,3Tchad 43 46,2 74,9 9,2Thaïlande 70 98,3 71,7 40,6Timor-Leste 66 95,1 67,0 34,9Togo 47 71,8 49,4 18,7Trinité-et-Tobago 70 98,1 53,7 58,6Tunisie 50 96,8 33,5 18,6Turquie 46 85,3 35,8 17,3Ukraine 69 97,4 66,9 44,0Uruguay 69 97,1 64,0 45,1Vanuatu 54 76,0 79,5 6,5Venezuela 68 98,3 60,8 43,9Viet Nam 74 96,5 81,3 44,0Yémen 30 49,2 34,4 6,3Zambie 56 79,0 64,0 25,6Zimbabwe 58 88,1 67,0 17,6Le progrès vers <strong>les</strong> objectifs tracés 48 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Aide publique au développement nette par pays <strong>du</strong> Comité d’assistance au développement (CAD)USD millionsPourcentage <strong>du</strong> RNB1992-1993 MOYENNE1997-1998 MOYENNE200420052006200720081992-1993 MOYENNE1997-1998 MOYENNE20042005200620072008Allemagne 7.269 5.719 7.534 10.082 10.435 12.291 13.981 0,36 0,27 0,28 0,36 0,36 0,37 0,38Australie 984 1.011 1.460 1.680 2.123 2.669 2.954 0,36 0,27 0,25 0,25 0,30 0,32 0,32Autriche 205 477 678 1.573 1.498 1.808 1.714 0,11 0,23 0,23 0,52 0,47 0,50 0,43Belgique 840 823 1.463 1.963 1.977 1.951 2.386 0,39 0,33 0,41 0,53 0,50 0,43 0,48Canada 2.457 1.876 2.599 3.756 3.683 4.080 4.785 0,46 0,32 0,27 0,34 0,29 0,29 0,32Danemark 1.366 1.670 2.037 2.109 2.236 2.562 2.803 1,03 0,98 0,85 0,81 0,80 0,81 0,82Espagne 1.411 1.305 2.437 3.018 3.814 5.140 6.867 0,27 0,24 0,24 0,27 0,32 0,37 0,45États-Unis d’Amérique 10.916 7.832 19.705 27.935 23.532 21.787 26.842 0,17 0,09 0,17 0,23 0,18 0,16 0,19Finlande 499 388 680 902 834 981 1.166 0,56 0,32 0,37 0,46 0,40 0,39 0,44France 8.093 6.024 8.473 10.026 10.601 9.884 10.908 0,63 0,41 0,41 0,47 0,47 0,38 0,39Grèce – 176 321 384 424 501 703 – 0,15 0,16 0,17 0,17 0,16 0,21Irlande 76 193 607 719 1.022 1.192 1.328 0,18 0,30 0,39 0,42 0,54 0,55 0,59Italie 3.583 1.772 2.462 5.091 3.641 3.971 4.861 0,33 0,15 0,15 0,29 0,20 0,19 0,22Japon 11.205 9.999 8.922 13.126 11.136 7.679 9.579 0,28 0,24 0,19 0,28 0,25 0,17 0,19Luxembourg 44 103 236 256 291 376 415 0,31 0,60 0,79 0,79 0,89 0,92 0,97Norvège 1.144 1.314 2.199 2.786 2.954 3.728 3.963 1,09 0,86 0,87 0,94 0,89 0,95 0,88Nouvelle-Zélande 97 142 212 274 259 320 348 0,25 0,26 0,23 0,27 0,27 0,27 0,30Pays-Bas 2.639 2.994 4.204 5.115 5.452 6.224 6.993 0,84 0,80 0,73 0,82 0,81 0,81 0,80Portugal 264 255 1.031 377 396 471 620 0,31 0,25 0,63 0,21 0,21 0,22 0,27Royaume-Uni 3.082 3.648 7.905 10.772 12.459 9.849 11.500 0,31 0,27 0,36 0,47 0,51 0,35 0,43Suède 2.114 1.652 2.722 3.362 3.955 4.339 4.732 1,01 0,75 0,78 0,94 1,02 0,93 0,98Suisse 966 904 1.545 1.772 1.646 1.685 2.038 0,39 0,33 0,40 0,43 0,39 0,38 0,42TOTAL CAD 58.318 50.276 79.432 107.078 104.368 103.485 121.483 0,31 0,23 0,26 0,33 0,31 0,28 0,31Desquels :Pays CAD-UE 31.483 27.199 42.789 55.750 59.034 61.538 70.974 0,44 0,33 0,35 0,44 0,43 0,39 0,43Source : OECD, Website Database 2010. .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>49Aide publique au développement


DÉPENSES PUBLIQUES. Les gouvernements <strong>du</strong> monde ont accordé :« Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ;elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux etculturels indispensab<strong>les</strong> à sa dignité et au libre développement de sa personnalité,grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu del’organisation et des ressources de chaque pays ».Déclaration universelle des droits de l’homme, Article 22, 1948.« Nous demandons aux pays in<strong>du</strong>strialisés (…) d’appliquer sans plus deretard le programme renforcé d’allégement de la dette des pays pauvrestrès endettés et de convenir d’annuler toutes <strong>les</strong> dettes publiques bilatéra<strong>les</strong>contractées par ces pays s’ils démontrent en contrepartie leur volonté delutter contre la pauvreté ».Déclaration <strong>du</strong> Millénaire, Paragraphe 15, 2000.DROITS HUMAINS :Le droit à la santé, à l’é<strong>du</strong>cation et a la sécurité sociale ont été consacrés dans :DUDH - Art. 22, 25 & 26CIEFDR - Art. 6PIDESC - Art. 9, 12 & 13CEDAW - Art. 11 & 14CDN - Art. 24, 26 & 28ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX :Les dépenses publiques et la dette sont considérés dans :Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développementSommet mondial pour le développement socialIV Conférence mondiale sur <strong>les</strong> femmes –Plate-forme d’action de Beijing – Domaines de préoccupation spécialeDépenses publiquesen santé(% <strong>du</strong> PIB)Dépenses publiquesen é<strong>du</strong>cation(% <strong>du</strong> PIB)Services de dette extérieure(% <strong>du</strong> RNB)Dépenses militaires(% <strong>du</strong> PIB)Pays 2005(%)2006(%)2007(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)Afghanistan 8,8 7,9 7,6 1,6 1,5 2,1 2,2Afrique <strong>du</strong> Sud 9,1 8,8 8,6 5,4 5,4 5,3 5,1 4,5 3,7 3,1 3,0 1,3 1,5 1,8 2,0Albanie 6,6 6,6 7,0 2,5 1,4 1,3 1,3 1,3Algérie 3,5 4,3 4,4Allemagne 10,7 10,5 10,4 4,5 4,4 13,2 9,8 2,5 4,5 4,4 3,8 2,9Andorre 7,2 7,4 7,6 1,7 2,3 2,6Angola 2,1 2,8 2,5 2,6 2,6 10,7 8,0 8,3 9,2 8,2Antigua-et-Barbuda 5,0 5,2 4,7 2,9 2,7 2,9 3,1Arabie saoudite 3,2 3,4 3,4 31,1 13,1 10,7 1,0 0,9 0,7 0,8Argentine 10,4 10,2 10,0 4,8 4,5 5,5 20,2 6,8 7,0 12,7 2,9 2,9 3,0 3,2Arménie 5,4 4,7 4,4 2,7 2,7 3,0 7,2Aruba 4,8 4,8 1,8 1,8 1,8 1,8Australie 8,7 8,8 8,9 4,8 5,2 0,9 0,8 0,9 0,9Autriche 10,4 10,2 10,1 5,4 1,8 0,8 0,9 2,3 3,4 2,9 2,7Azerbaïdjan 4,3 3,9 3,7 2,3 2,0 1,7 1,9 2,6 0,5 0,6 0,8Bahamas 6,4 6,8 7,3 3,6 3,4 3,2 2,7Bahrein 3,8 3,6 3,7 3,8 4,8 3,9 1,2 1,2 1,2 1,1Bangladesh 3,1 3,3 3,4 2,5 2,6 2,4 5,4 0,9 0,8Barbade 7,0 7,1 7,0 6,9 6,9 6,7 3,3 3,9 3,1 1,5 1,7 1,6 1,4Bélarus 6,6 6,4 6,5 5,9 6,1 5,2 3,7 1,1 1,1 1,1 1,1Belgique 9,8 9,5 9,4 6,0 6,0 15,7 69,3 10,5 1,0 1,0Belize 3,6 3,6 4,0 5,1 34,5 7,0 4,2 1,1 1,0 1,0Bénín 4,7 4,7 4,8 3,9 3,6 7,2Bermudes 2,0 1,2Bhoutan 3,7 3,6 4,1 7,3 5,1 8,4 11,7 11,3 1,8 1,6 1,7 1,5Bolivie 5,3 5,1 5,0 6,3 14,3 5,4 5,0 4,4 1,6 1,5 1,3 1,4Bosnie-Herzégovine 9,2 9,4 9,8 5,0 1,0 0,7 2,9 2,6 2,6 3,4Botswana 7,4 6,0 5,7 9,7 8,1 0,9 37,3 27,8 22,7 1,5 1,4 1,5 1,5Brésil 8,2 8,5 8,4 4,5 5,0 44,7 2,6 2,4 2,4Brunei Darussalam 2,5 2,3 2,4 12,2 15,2 14,7 2,6 2,4 2,6 2,2Bulgarie 7,7 7,2 7,3 4,5 4,2 21,9 1,2 1,2 1,4 1,8Burkina Faso 6,7 6,3 6,1 4,5 4,5 4,6 2,5Birmanie 2,1 2,1 1,9 3,2 40,1 40,0 28,1 6,2 4,9 4,7 3,8Burundi 11,0 13,1 13,9 5,1 7,2 39,8 4,9 4,0 3,5 0,7 0,6 0,6 0,6Cambodge 6,4 5,9 5,9 1,6 0,7 0,6 0,5 0,6 1,1 1,1 1,1Cameroun 4,8 4,8 4,9 3,1 3,3 3,9 20,2 11,1 10,0 1,3 1,4 1,4 1,5Canada 9,9 10,0 10,1 4,9 1,1 1,2 1,2 1,3Le progrès vers <strong>les</strong> objectifs tracés50 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Dépenses publiquesen santé(% <strong>du</strong> PIB)Dépenses publiquesen é<strong>du</strong>cation(% <strong>du</strong> PIB)Services de dette extérieure(% <strong>du</strong> RNB)Dépenses militaires(% <strong>du</strong> PIB)Pays 2005(%)2006(%)2007(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)Cap-Vert 4,6 4,9 4,5 6,0 5,7 5,7 6,9 1,0 1,0 1,0 1,0Chili 6,1 6,0 6,2 3,4 3,2 3,4 14,9 20,8 13,9 18,2 3,6 3,7 3,4 3,5Chine 4,5 4,4 4,3 3,1 2,4 2,2 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0Chypre 6,1 6,2 6,6 6,3 7,0 3,8 3,6 3,2 3,7Colombie 6,3 6,2 6,1 4,0 3,9 4,1 3,9 35,6 30,5 21,3 16,2 3,3 3,4 3,3 3,7Comores 3,1 3,2 3,3Congo 2,4 2,1 2,4 1,8 2,0 1,3 1,0 1,3 1,1 1,4 1,3Costa Rica 7,3 7,7 8,1 4,7 4,7 5,0 7,7 2,4 2,4 2,4 2,6Côte d’Ivoire 3,9 3,9 4,2 4,6 3,5Croatie 7,0 7,1 7,6 6,2 6,4 10,5Cuba 9,3 7,6 10,4 9,8 9,,1 13,3 2,8 4,4 9,2 1,5 1,5 1,6 1,5Danemark 9,5 9,6 9,8 8,3 7,9 1,6 1,7 1,6 1,8Djibouti 6,8 6,5 7,2 8,4 8,4 8,7 4,8Dominique 6,0 5,9 6,2 4,1 4,8 10,4 1,3 1,4 1,3 1,3Égypte 6,0 6,3 6,3 4,8 4,0 3,7 3,7 6,1 6,1 6,5 6,3 6,3 6,5 4,2 4,1El Salvador 7,1 6,6 6,2 2,7 3,0 3,0 3,6 10,9 10,4 11,5Émirats arabes unis 2,6 2,6 2,7 1,3 23,9 18,7 2,6 2,3 2,9 2,8Équateur 5,2 5,3 5,8 29,5 5,6 4,9 4,7 2,9 2,7 2,5 2,3Érythrée 3,6 3,6 3,3 2,0 13,4 11,1 9,9 0,6 0,6 0,6 0,5Espagne 8,3 8,4 8,5 4,2 4,3 1,9Estonie 5,0 5,1 5,4 4,9États-Unis d’Amérique 15,4 15,5 15,7 5,4 5,7 1,7 1,6 1,5 1,6Éthiopie 4,1 3,9 3,8 5,5 5,5 4,3 1,4 1,6 1,4 1,6Fédération de Russie 5,2 5,3 5,4 3,8 3,9 4,1 4,0 14,6 1,0 1,2 1,2 1,2Fidji 4,2 3,7 4,0 0,8 4,1 4,0 4,1 4,3Finlande 8,5 8,3 8,2 6,3 6,1 1,9 1,9 2,2 2,2France 11,1 11,0 11,0 5,6 5,6 6,9 4,3 2,8 2,8 2,3 1,9 1,5Gabon 4,6 4,7 4,6 3,4 13,8 9,2 11,5 3,7 3,6 3,5 3,5Gambie 6,1 6,6 5,5 11,8 0,8 1,5 1,3 1,4 1,3Géorgie 8,6 8,4 8,2 2,5 3,0 2,7 2,9 7,4 19,6 13,0 15,5 0,9 0,9 0,9 0,8Ghana 7,3 6,1 8,3 5,4 7,0 1,4 1,4 1,2 1,3Grèce 9,4 9,5 9,6 4,0 2,5 2,4 2,3 2,3Grenade 5,9 6,9 7,1 5,6 1,3 1,2 1,1Guatemala 6,0 6,8 7,3 3,0 3,0 12,4 11,8 12,7 0,6 0,5 0,7Guinée 5,6 5,8 5,6 1,7 1,7 8,8 4,6 4,2 3,3 5,2 9,2 8,1Guinée Équatoriale 1,6 1,9 2,1 4,9 2,9 3,2 0,6 0,6 0,8 0,7Guinée-Bissau 6,3 5,9 6,1 7,7 7,6Guyana 6,9 7,2 8,2 8,5 8,1 6,1 3,8 3,4 3,4 3,3 3,5Haïti 4,6 5,8 5,3 3,6 12,5 13,2 12,2 0,4 0,4 0,4 0,5Hon<strong>du</strong>ras 5,8 5,8 6,2 5,0 12,9 9,6Hong Kong (Chine) 4,2 3,9 3,5 3,3Hongrie 8,3 8,1 7,4 5,5 5,4 4,0Î<strong>les</strong> Caïmans 2,8 2,6 3,4 2,3 2,0Î<strong>les</strong> Marshall 13,6 14,4 14,7 3,4 4,5 1,9Î<strong>les</strong> Salomon 4,6 4,7 4,6 8,9 4,0 3,8 0,5 0,5 0,7 0,7Inde 4,2 4,1 4,1 3,2 3,2 13,1Indonésie 2,0 1,9 2,2 2,9 3,6 3,5 15,4 1,4 1,2 1,3 1,2Iran 6,6 6,9 6,4 4,7 5,1 5,5 4,8 7,6 13,7 8,7 2,8 2,6 2,5 2,5Iraq 3,8 3,3 2,5 23,1 16,3 13,4 1,2 1,2 1,2 1,0Irlande 7,3 7,1 7,6 4,8 4,8 3,8 3,8 2,9Islande 9,4 9,1 9,3 7,6 7,6Israël 8,0 7,9 8,0 6,2 6,2 0,6 0,5 0,5 0,6<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>51Dépenses publiques


Dépenses publiquesen santé(% <strong>du</strong> PIB)Dépenses publiquesen é<strong>du</strong>cation(% <strong>du</strong> PIB)Services de dette extérieure(% <strong>du</strong> RNB)Dépenses militaires(% <strong>du</strong> PIB)Pays 2005(%)2006(%)2007(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)Italie 8,9 9,0 8,7 4,4 4,7Jamaïque 4,1 4,1 4,7 4,6 5,5 16,3Japon 8,2 8,1 8,0 3,5 3,5Jordanie 9,4 8,5 8,9 6,4 2,0Kazakhstan 3,9 3,6 3,7 2,3 2,6 2,8 42,2 7,7 7,8 8,4 8,0Kenya 4,4 4,5 4,7 7,3 7,0 6,4 6,6 9,2 1,9 1,8 1,8 1,8Kirghizistan 6,0 6,7 6,5 4,9 5,5 6,6 10,0 11,9 17,3 14,2 0,5 0,6 0,6 0,5Kiribati 13,8 14,7 19,1 1,0 1,0 0,9 0,9Koweït 2,2 2,1 2,2 4,7 3,8 5,9 5,7 16,0 4,8 4,7 6,1 5,9Lao, RDP 4,3 4,0 4,0 2,4 2,9 3,0 2,3 17,3 33,7 49,6 41,8 1,0 1,0 1,3 1,0Lesotho 6,2 6,7 6,2 14,2 13,8 12,4 7,4 6,5 5,7 4,5 1,7 1,7 1,8 2,0Lettonie 6,3 6,9 6,2 5,1 39,1 4,9 6,,4 8,2 3,1 3,2 3,1 2,4Liban 8,5 9,1 8,8 2,6 2,8 2,6 2,0 18,7Libéria 9,4 9,8 10,6 2,7 0,2 4,3 3,6 3,8 3,2Libye 2,6 2,4 2,7 16,2 15,2 0,4 0,4 0,3Lituanie 5,9 6,2 6,2 4,9 4,8 16,6 3,9 6,9 2,5 2,4 2,3 2,4 2,6Luxembourg 7,7 7,3 7,1 33,3 33,5 37,7 1,7 1,8 1,7 1,9Macao (Chine) 2,4 2,3 2,0 20,7 18,6 14,0 4,4 4,6 5,1 4,4Macédoine 7,8 7,6 7,1 4,7 9,7 0,1 103,8 131,3 1,0 1,0 0,5Madagascar 3,7 3,9 4,1 3,2 3,1 3,4 2,9 5,8 1,5 1,1 0,9 1,2Malaisie 4,1 4,3 4,4 7,5 4,7 5,6 21,8 36,6 30,6 1,6 1,6 1,5 1,6Malawi 10,7 12,9 9,9 0,8 0,8 0,7Maldives 10,6 10,4 9,8 7,8 8,0 8,1 7,2Mali 5,5 5,7 5,7 4,1 3,8 6,3 16,9 15,3 8,7 2,2 2,0 2,1 2,0Malte 8,5 8,4 7,5 1,1 1,0 1,1 1,1Maroc 5,2 5,2 5,0 5,9 5,5 11,3 4,0 4,8 2,3 2,1 2,1 2,0Maurice 4,2 3,8 4,2 4,4 3,9 5,8 1,2 1,2 1,2Mauritanie 2,9 2,4 2,4 2,3 2,9 4,4 4,9 5,6 6,2Mexique 5,9 5,7 5,9 5,0 4,8 17,5 4,4 2,9 2,3 2,2 2,3 2,0Micronésie 13,1 13,3 13,2 1,7 1,6 1,5Monaco 4,6 4,4 4,0 12,2 11,5 10,3 3,4 3,3 3,2 3,3Mongolie 3,9 3,9 4,3 5,1 2,3 5,8 2,9 2,8 0,2 0,2 0,2Monténégro 9,6 9,3 8,9 3,6 3,1 3,8Mozambique 5,4 5,0 4,9 5,2 5,0 3,7 18,8 12,3 12,1 0,4 0,3 0,4 0,4Namibie 7,3 7,2 7,6 6,0 6,5Népal 6,0 5,6 5,1 3,8 4,6 12,2 9,5 11,3 0,4 0,5 0,5 0,4Nicaragua 7,4 7,6 8,3 6,6Niger 5,7 5,9 5,3 3,3 4,1 3,7 6,3 2,1 1,3 1,2 1,4Nigéria 6,6 6,5 6,6 15,8 2,0 1,4 1,5Norvège 9,1 8,6 8,9 7,0 6,5 1,6 1,1 1,2 0,9 0,8 0,9 0,9Nouvelle-Zélande 8,8 9,3 9,0 6,5 6,2 6,2 2,6 2,5 2,6 3,0Oman 2,6 2,4 2,4 3,5 4,0 5,0 4,5 3,6 1,9 1,7 1,6 1,5Ouganda 6,4 6,6 6,3 3,8 9,0 5,5 11,7 7,3 0,7 0,7 0,7 0,6Ouzbékistan 5,0 5,3 5,0Pakistan 2,8 2,7 2,7 2,3 2,6 2,8 2,9 10,1 25,9 3,1Palaos 11,4 10,5 10,8 1,4Panama 7,5 7,0 6,7 3,8 17,5 1,6 1,5 1,5 1,3Papouasie-Nouvelle-Guinée 4,3 3,3 3,2 11,2 1,0 1,0 1,0 1,1Paraguay 6,7 6,4 5,7 10,9 11,8 11,0 10,4Pays-Bas 9,1 8,9 8,9 5,5 5,5 1,5 1,5 1,5 1,4Pérou 4,5 4,3 4,3 2,7 2,5 2,5 26,5 8,6 8,9 8,7 4,0 3,8 3,6 3,3Philippines 3,7 3,8 3,9 2,5 16,8Le progrès vers <strong>les</strong> objectifs tracés52 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Dépenses publiquesen santé(% <strong>du</strong> PIB)Dépenses publiquesen é<strong>du</strong>cation(% <strong>du</strong> PIB)Services de dette extérieure(% <strong>du</strong> RNB)Dépenses militaires(% <strong>du</strong> PIB)Pays 2005(%)2006(%)2007(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)2005(%)2006(%)2007(%)2008(%)Pologne 6,2 6,2 6,4 5,5 5,7 28,6 21,9 5,6 9,2Portugal 10,2 9,9 10,0 5,4 5,3 0,6 0,5 0,6 0,4Qatar 4,0 4,2 3,8 3,3 7,2 6,0 4,8 0,8 0,8 0,8 0,8République arabe syrienne 4,2 3,9 3,6 5,3 4,9 12,8 24,7 12,5 1,5 1,3 1,2 1,2République centrafricaine 4,3 4,0 4,1 1,4 1,3 24,3 25,5 25,0 1,9 1,9 1,9 2,0République de Corée 5,7 6,0 6,3 4,1 4,2 2,2 2,1 2,0 2,0République de Moldavie 8,4 9,4 10,3 7,2 7,5 8,3 8,2 10,2République dém. <strong>du</strong> Congo 6,1 6,6 5,8 2,3 2,4 2,1 1,4République dominicaine 5,5 5,6 5,4 2,2 8,2 2,4 2,4 2,4 2,4République pop. dém. de Corée 1,1 1,1 1,6République tchèque 7,2 7,0 6,8 4,3 4,6 2,0 1,7 1,5 1,5Roumanie 5,1 4,5 4,7 3,5 18,2 9,9 8,6 0,7 0,5 0,6 0,6Royaume-Uni 8,2 8,5 8,4 5,5 5,6 18,4 19,2 25,3 2,0 1,8 1,5 1,5Rwanda 7,6 11,0 10,3 3,4 4,8 4,1 8,1 9,7 4,0 1,9 1,9 1,6 1,5Saint-Kitts-et-Nevis 5,4 5,8 6,0 9,9 17,6 5,4 7,7Saint-Marin 7,5 7,2 7,1 16,7 17,9Saint-Vincent-et-<strong>les</strong> Grenadines 5,9 6,0 5,4 8,0 7,0 10,3Sainte-Lucie 5,7 6,4 6,3 5,5 6,5 6,3 5,9 13,4 10,3Samoa 4,6 4,8 5,0 4,6 7,3 7,7Sao Tomé-et-Principe 12,6 12,6 11,2 39,8 39,1 39,2Sénégal 5,4 5,8 5,7 5,1 4,8 6,4 5,7 4,4 1,4 1,6 1,7 1,6Serbie 9,0 9,3 9,9 12,1 13,9 2,4 2,3 2,4 2,3Seychel<strong>les</strong> 5,3 5,0 5,1 5,0 7,9 20,6 12,4 1,7 1,5 1,7 1,0Sierra Leone 5,7 4,0 4,4 3,8 6,5 9,1 1,9 1,9 2,0 1,8 2,3Singapour 3,3 3,2 3,1 2,8 4,5 4,3 4,0 4,1Slovaquie 7,0 7,3 7,7 3,8 3,8 5,1 4,4 4,1 3,4Slovénie 8,5 8,3 7,8 5,7 5,7Somalie 8,7 6,9 9,3 2,5 2,8 2,9 3,0Soudan 3,8 3,8 3,5 6,6 6,6 5,5 4,4 1,6 1,5 1,4 1,4Sri Lanka 4,0 4,2 4,2 4,6 4,6 3,3 2,5 4,3 4,2Suède 9,2 9,1 9,1 7,0 6,9 1,5 1,4 1,4 1,3Suisse 11,2 10,8 10,8 5,7 5,5 0,9 0,8 0,8 0,8Suriname 7,8 7,6 7,6Swaziland 7,4 6,6 6,0 7,9 8,3 7,9 1,5 1,6 1,9 2,4 2,2 2,1Tadjikistan 5,0 5,0 5,3 3,5 3,4 3,4 3,5 4,1 9,4 8,2 7,7 1,1 1,1 1,3 1,5Tanzanie 3,9 6,5 5,3 4,3 3,1 1,5 1,2 1,0 1,0 1,0 0,9Tchad 4,4 4,9 4,8 1,9 2,5 1,9 3,1Thaïlande 3,5 3,7 3,7 4,4 4,5 4,0 13,7Timor-Leste 14,9 16,4 13,6 7,1 2,4 1,2 1,6 2,0Togo 5,9 6,4 6,1 3,4 3,6 3,7 2,0 3,4 3,1 1,2 1,4 1,5Tonga 4,7 5,2 4,4 3,9Trinité-et-Tobago 4,7 4,4 4,8 14,3 11,3 1,6 1,6 1,3 1,3Tunisie 6,2 6,1 6,0 7,2 7,1 12,6Turkménistan 3,4 2,8 2,6 32,3 31,5 29,5 2,5 2,5 2,1 2,2Turquie 5,7 4,8 5,0 37,0 18,1 16,9 19,4 2,8 2,8 2,9 2,7Ukraine 6,9 6,9 6,9 6,1 6,2 5,3 13,0 5,2 2,1 1,7 2,4 2,2 2,3Uruguay 7,9 8,1 8,0 2,7 2,8 3,5 3,9 33,8 85,5 15,5 14,6 1,3 1,3 1,2 1,2Vanuatu 3,4 3,2 3,6 6,1 1,3 1,7 1,4Venezuela 5,4 5,7 5,8 3,6 3,7 9,4 13,0 7,0 5,6 1,4 1,6 1,3 1,1Viet Nam 6,0 6,6 7,1 5,3 2,6 2,1 2,2 1,9 1,8 1,9 2,1 2,0Yémen 4,4 4,3 3,9 5,2 2,6 2,5 2,9 2,4 4,9 4,3 4,9 4,5Zambie 7,0 6,4 6,2 2,0 1,5 1,4 10,9 3,8 2,5 3,2 2,0 1,9 1,3 1,8Zimbabwe 8,9 9,3 8,9 3,8Source : Indicateurs de la Banque mondiale, .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>53Dépenses publiques


RATIFICATION DES TRAITÉS INTERNATIONAUX MENTIONNÉS DANS LA DÉCLARATION DU MILLÉNAIREJusqu’au mois d’août 2010A : Statut de Rome de la Cour pénale internationale, 1998. Entrée en vigueur le 1er juillet 2002.B : Convention sur l’interdiction de l’emploi, <strong>du</strong> stockage, de la pro<strong>du</strong>ction et <strong>du</strong> transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, 1997. Entrée en vigueur le1er mars 1999.C : Protocole sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des mines, pièges et autres dispositifs, tel qu’il a été modifié le 3 mai 1996, annexé à la Convention sur l’interdiction ou limitation de l’emploi de certaines armesclassiques, 1996. Entrée en vigueur le 3 décembre 1998.D : Protocole de Kyoto de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, 1997. Entrée en vigueur le 16 février 2005.E : Protocole facultatif de la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans <strong>les</strong> conflits armés, 2000. Entrée en vigueur le 12 février 2002.F : Protocole facultatif de la Convention relative aux droits de l’enfant concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, 2000. Entrée en vigueur le 18 janvier 2002.G : Convention sur la diversité biologique, 1992. Entrée en vigueur le 29 décembre 1993.H : Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans <strong>les</strong> pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, 1994. Entrée en vigueur le 26 décembre 1996.A B C D E F G HA B C D E F G HAfghanistan ● ● ● ● ● ●Afrique <strong>du</strong> Sud ● ● ● ● ● ● ● ●Albanie ● ● ● ● ● ● ● ●Algérie ❍ ● ● ● ● ● ●Allemagne ● ● ● ● ● ● ● ●Andorre ● ● ● ● ●Angola ❍ ● ● ● ● ● ●Antigua-et-Barbuda ● ● ● ● ● ●Arabie saoudite ● ● ● ●Argentine ● ● ● ● ● ● ● ●Arménie ❍ ● ● ● ● ●Australie ● ● ● ● ● ● ● ●Autriche ● ● ● ● ● ● ● ●Azerbaïdjan ● ● ● ● ●Bahamas ❍ ● ● ● ● ●Bahrein ❍ ● ● ● ● ●Bangladesh ● ● ● ● ● ● ● ●Barbade ● ● ● ● ● ●Bélarus ● ● ● ● ● ● ●Belgique ● ● ● ● ● ● ● ●Belize ● ● ● ● ● ● ●Bénin ● ● ● ● ● ● ●Bhoutan ● ● ● ● ● ●Bolivie ● ● ● ● ● ● ● ●Bosnie-Herzégovine ● ● ● ● ● ● ● ●Botswana ● ● ● ● ● ● ●Brésil ● ● ● ● ● ● ● ●Brunei Darussalam ● ● ● ●Bulgarie ● ● ● ● ● ● ● ●Burkina Faso ● ● ● ● ● ● ● ●Birmanie ● ● ● ●Burundi ● ● ● ● ● ● ●Cambodge ● ● ● ● ● ● ● ●Cameroun ❍ ● ● ● ❍ ● ● ●Canada ● ● ● ● ● ● ● ●Cap-Vert ❍ ● ● ● ● ● ● ●Chili ● ● ● ● ● ● ●Chine ● ● ● ● ● ●Chypre ● ● ● ● ● ● ●Colombie ● ● ● ● ● ● ● ●Comores ● ● ● ● ● ●Communauté Européenne ● ● ●Congo ● ● ● ● ●Costa Rica ● ● ● ● ● ● ● ●Côte d’Ivoire ❍ ● ● ● ● ●Croatie ● ● ● ● ● ● ● ●Cuba ● ● ● ● ● ●Danemark ● ● ● ● ● ● ● ●Djibouti ● ● ● ● ● ● ●Dominique ● ● ● ● ● ● ●Égypte ❍ ● ● ● ● ●El Salvador ● ● ● ● ● ● ●Émirats arabes unis ❍ ● ● ● ●Équateur ● ● ● ● ● ● ● ●Érythrée ❍ ● ● ● ● ● ●Espagne ● ● ● ● ● ● ● ●Estonie ● ● ● ❍ ● ●État de la Cité <strong>du</strong> Vatican ● ● ● ●États-Unis d’Amérique ❍ ● ❍ ● ● ❍ ●Éthiopie ● ● ● ● ●Fédération de Russie ❍ ● ● ● ● ● ●Fidji ● ● ● ❍ ● ● ●Finlande ● ● ● ● ● ● ●France ● ● ● ● ● ● ● ●Gabon ● ● ● ❍ ● ● ●Gambie ● ● ● ❍ ● ● ●Géorgie ● ● ● ● ● ●Ghana ● ● ● ❍ ● ● ●Grèce ● ● ● ● ● ● ● ●Grenade ● ● ● ● ●Guatemala ● ● ● ● ● ● ●Guinée ● ● ● ● ● ●Guinée Équatoriale ● ● ● ● ●Guinée-Bissau ❍ ● ● ● ❍ ● ● ●Guyana ● ● ● ● ● ●Haïti ❍ ● ● ❍ ● ● ●Hollande ● ● ● ● ● ● ● ●Hon<strong>du</strong>ras ● ● ● ● ● ● ● ●Hongrie ● ● ● ● ● ● ● ●Î<strong>les</strong> Cook ● ● ● ● ●Î<strong>les</strong> Marshall ● ❍ ● ● ● ●Î<strong>les</strong> Salomon ❍ ● ● ● ● ●Inde ● ● ● ● ● ●Indonésie ● ● ❍ ● ● ●Iran ❍ ● ● ● ●Iraq ● ● ● ●Irlande ● ● ● ● ● ● ● ●Islande ● ● ● ● ● ● ● ●● Ratification, adhésion, approbation, notification ou succession, acceptation, consentement à être lié ou signature définitive.❍ Signature pas encore ratifiée.Le progrès vers <strong>les</strong> objectifs tracés 54 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


A B C D E F G HA B C D E F G HIsraël ❍ ● ● ● ● ● ● Pologne ● ❍ ● ● ● ● ● ●Italie ● ● ● ● ● ● ● ● Portugal ● ● ● ● ● ● ● ●Jamaïque ❍ ● ● ● ● ● ● Qatar ● ● ● ● ● ● ●Japon ● ● ● ● ● ● ● ● République arabe syrienne ❍ ● ● ● ● ●Jordanie ● ● ● ● ● ● ● République centrafricaine ● ● ● ● ● ●Kazakhstan ● ● ● ● ● République de Corée ● ● ● ● ● ●Kenya ● ● ● ● ● ● ● République de Moldavie ❍ ● ● ● ● ● ● ●Kirghizistan ❍ ● ● ● ● ● Republique démocratique <strong>du</strong> Congo ● ● ● ● ● ● ●Kiribati ● ● ● ● ● République Dominicaine ● ● ● ● ❍ ● ● ●Koweït ❍ ● ● ● ● ● ● République pop. dém. de Corée ● ● ● ●Lao, RDP ● ● ● ● ● ● République tchèque ● ● ● ● ● ● ● ●Lesotho ● ● ● ● ● ● ● ● Roumanie ● ● ● ● ● ● ● ●Lettonie ● ● ● ● ● ● ● ● Royaume-Uni ● ● ● ● ● ● ● ●Liban ● ❍ ● ● ● Rwanda ● ● ● ● ● ●Libéria ● ● ● ● ❍ ● ● ● Saint-Kitts-et-Nevis ● ● ● ● ● ●Libye ● ● ● ● ● Saint-Marin ● ● ● ❍ ● ● ●Liechtenstein ● ● ● ● ● ● ● ● Saint-Vincent-et-<strong>les</strong> Grenadines ● ● ● ● ● ●Lituanie ● ● ● ● ● ● ● Sainte-Lucie ❍ ● ● ● ● ●Luxembourg ● ● ● ● ● ● ● ● Samoa ● ● ● ● ● ●Macédoine ● ● ● ● ● ● ● ● Sao Tomé-et-Principe ❍ ● ● ● ● ●Madagascar ● ● ● ● ● ● ● ● Sénégal ● ● ● ● ● ● ●Malaisie ● ● ● ● ● Serbie ● ● ● ● ● ● ● ●Malawi ● ● ● ❍ ● ● ● Seychel<strong>les</strong> ❍ ● ● ● ❍ ● ● ●Maldives ● ● ● ● ● ● Sierra Leone ● ● ● ● ● ● ●Mali ● ● ● ● ● ● ● ● Singapour ● ● ● ● ●Malte ● ● ● ● ● ● ● ● Slovaquie ● ● ● ● ● ● ● ●Maroc ❍ ● ● ● ● ● ● Slovénie ● ● ● ● ● ● ● ●Maurice ● ● ● ● ● ● ● ● Somalie ● ❍ ● ● ●Mauritanie ● ● ● ● ● Soudan ❍ ● ● ● ● ● ●Mexique ● ● ● ● ● ● ● ● Sri Lanka ● ● ● ● ● ●Micronésie ● ❍ ● ● ● Suède ● ● ● ● ● ● ● ●Monaco ❍ ● ● ● ● ● ● Suisse ● ● ● ● ● ● ● ●Mongolie ● ● ● ● ● ● ● Suriname ● ● ❍ ● ● ●Monténégro ● ● ● ● ● ● ● ● Swaziland ● ● ● ● ● ●Mozambique ❍ ● ● ● ● ● ● Tadjikistan ● ● ● ● ● ● ● ●Namibie ● ● ● ● ● ● ● Tanzanie ● ● ● ● ● ● ●Nauru ● ● ● ● ❍ ● ● ● Tchad ● ● ● ● ● ● ●Népal ● ● ● ● ● Thaïlande ❍ ● ● ● ● ● ●Nicaragua ● ● ● ● ● ● Timor-Leste ● ● ● ● ● ●Niger ● ● ● ● ● ● ● Togo ● ● ● ● ● ● ●Nigéria ● ● ● ❍ ● ● ● Tonga ● ● ● ●Niue ● ● ● ● Trinité-et-Tobago ● ● ● ● ● ●Norvège ● ● ● ● ● ● ● ● Tunisie ● ● ● ● ● ● ●Nouvelle-Zélande ● ● ● ● ● ● ● ● Turkménistan ● ● ● ● ● ● ●Oman ❍ ● ● ● ● ● Turquie ● ● ● ● ● ●Ouganda ● ● ● ● ● ● ● ● Tuvalu ● ● ● ●Ouzbékistan ❍ ● ● ● ● ● ● Ukraine ❍ ● ● ● ● ● ● ●Pakistan ● ● ❍ ● ● ● Uruguay ● ● ● ● ● ● ● ●Palaos ● ● ● ● ● Vanuatu ● ● ● ● ● ●Panama ● ● ● ● ● ● ● ● Venezuela ● ● ● ● ● ● ● ●Papouasie-Nouvelle-Guinée ● ● ● ● ● Viet Nam ● ● ● ● ●Paraguay ● ● ● ● ● ● ● ● Yémen ❍ ● ● ● ● ● ●Pérou ● ● ● ● ● ● ● Zambie ● ● ● ● ● ●Philippines ❍ ● ● ● ● ● ● ● Zimbabwe ❍ ● ● ● ● ●Source : Site Web de la Collection des Traités des Nations Unies, Base de données “État des traités multilatéraux déposés auprès <strong>du</strong> Secrétaire général” (untreaty.un.org/).● Ratification, adhésion, approbation, notification ou succession, acceptation, consentement à être lié ou signature définitive.❍ Signature pas encore ratifiée.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>55Ratification des traités internationaux mentionnés dans la Déclaration <strong>du</strong> Millénaire


RATIFICATIONS DES CONVENTIONS FONDAMENTALES DE L’OITJusqu’au mois d’août 2010C87 : Convention sur la liberté syndicale et la protection <strong>du</strong> droit syndical, 1948.C 98 : Convention sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949.C 100 : Convention sur l’égalité de rémunération, 1951.C 105 : Convention sur l’abolition <strong>du</strong> travail forcé, 1957.C 111 : Convention concernant la discrimination (emploi et profession), 1958.C 138 : Convention sur l’âge minimum, 1973.C 182 : Convention sur <strong>les</strong> pires formes de travail des enfants, 1999.Pays qui ont ratifié toutes <strong>les</strong> Conventions mentionnées :Afrique <strong>du</strong> Sud ; Albanie ; Algérie ; Allemagne ; Angola ; Antigua-et-Barbuda ; Argentine ; Arménie; Autriche ; Azerbaïdjan ; Bahamas ; Barbade ; Bélarus ; Belgique ; Belize ; Bénin ; Bolivie ;Bosnie-Herzégovine ; Botswana ; Bulgarie ; Burkina Faso ; Burundi ; Cambodge ; Cameroun ;Chili ; Chypre ; Colombie ; Comores ; Congo ; Costa Rica ; Côte d’Ivoire ; Croatie ; Danemark ;Djibouti ; Dominique ; Équateur ; Égypte ; El Salvador ; Espagne ; Estonie ; Éthiopie ; Fédérationde Russie ; Fidji ; Finlande ; France ; Gambie ; Géorgie ; Grenade ; Grèce ; Guatemala ; Guinée ;Guinée Équatoriale ; Guyana ; Haïti ; Hon<strong>du</strong>ras ; Hongrie ; Indonésie ; Irlande ; Islande ; Israël ;Italie ; Jamaïque ; Kazakhstan ; Kirghizistan ; Kiribati ; Lesotho ; Lettonie ; Libye ; Lituanie ;Luxembourg ; Macédoine ; Madagascar ; Malawi ; Mali ; Malte ; Maurice ; Mauritanie ; Mongolie ;Monténégro ; Mozambique ; Namibie ; Nicaragua ; Niger ; Nigéria ; Norvège ; Ouganda ; Pakistan; Panama ; Papouasie-Nouvelle-Guinée ; Paraguay ; Pays-Bas ; Pérou ; Philippines ; Pologne ;Portugal ; République arabe syrienne ; République centrafricaine ; République de Moldavie ;République dém. <strong>du</strong> Congo ; République dominicaine ; République tchèque ; République-Uniede Tanzanie ; Roumanie ; Royaume-Uni ; Rwanda ; Saint-Kitts-et-Nevis ; Samoa ; Saint-Marin ;Saint-Vincent-et-Grenadines ; Sao-Tomé-et-Principe ; Sénégal ; Serbie ; Seychel<strong>les</strong> ; Slovaquie ;Slovénie ; Sri Lanka ; Suède ; Suisse ; Swaziland ; Tadjikistan ; Tchad ; Togo ; Trinité-et Tobago ;Tunisie ; Turquie ; Ukraine ; Uruguay ; Venezuela ; Yemen ; Zambie ; Zimbabwe.PAYS QUI N’ONT PAS RATIFIÉTOUTES LES CONVENTIONSMENTIONNÉESLIBERTE SYNDICALE ETNÉGOCIATION COLLECTIVEÉLIMINATION DUTRAVAIL FORCÉÉLIMINATION DE LADISCRIMINATIONEN MATIÈRE de L’EMPLOIET LA PROFESSIONÉLIMINATION DU TRAVAILDES ENFANTSPAYS QUI N’ONT PAS RATIFIÉTOUTES LES CONVENTIONSMENTIONNÉESLIBERTE SYNDICALE ETNÉGOCIATION COLLECTIVEÉLIMINATION DUTRAVAIL FORCÉÉLIMINATION DE LADISCRIMINATIONEN MATIÈRE de L’EMPLOIET LA PROFESSIONÉLIMINATION DU TRAVAILDES ENFANTSC 87 C 98 C 105 C 100 C 111 C 138 C 182Afghanistan d d c c c d cArabie saoudite d d c c c d cAustralie c c c c c d cBahrein d d c d c d cBangladesh c c c c c d cBirmanie/Myanmar c d d d d d dBrésil d c c c c c cCanada c d c c c d cCap-Vert c c c c c d cChine d d d c c c cCuba c c c c c c dÉmirats arabes unis d d c c c c cÉrythrée c c c c c c dÉtats-Unis d’Amérique d d c d d d cGabon c c c c c d cGhana c c c c c d cGuinée-Bissau d c c c c c cÎ<strong>les</strong> Salomon d d d d d d dInde d d c c c d dIran d d c c c d cIraq d c c c c c cJapon c c d c d c cJordanie d c c c c c cKenya d c c c c c cC 87 C 98 C 105 C 100 C 111 C 138 C 182Lao, RDP d d d c c c cLiban d c c c c c cLibéria c c c d c d cMalaisie d c 4 c d c cMaroc d c c c c c cMexique c d c c c d cNépal d c c c c c cNouvelle-Zélande d c c c c d cOman d d c d d c cOuzbékistan d c c c c c cQatar d d c d c c cRépublique de Corée d d d c c c cSainte-Lucie c c c c c d cSierra Leone c c c c c d dSingapour d c 4 c d c cSomalie d d c d c d dSoudan d c c c c c cSuriname c c c d d d cThaïlande d d c c d c cTimor-Leste c c d d d d cTurkménistan c c c c c d dVanuatu c c c c c d cViet Nam d d d c c c cKoweït c c c d c c cSource : ILOLEX. Base de données <strong>du</strong> Site Web de l’OIT (www.ilo.org).c Convention ratifiéed Convention en attente de ratification4 Convention dénoncéeLe progrès vers <strong>les</strong> objectifs tracés 56 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


RAPPORTS NATIONAUX


Afghanistan73L’augmentation et l’amélioration de l’aide au développementsont deux questions indispensab<strong>les</strong>1000Après plus d’un quart de siècle de guerre et presque une décennie d’intervention de la communauté internationale9334pour mettre fin au régime des Talibans,36100l’Afghanistan reste100un pays instable.100Malgré <strong>les</strong> dépenses effectuées 49 100dans ledomaine de la sécurité, celle-ci reste faible dans plusieurs régions. Le Gouvernement dispose de ressources limitéeset couvre la plupart des dépenses grâce à des subventions, des prêts et un budget externe. L’aide au développementest insuffisante et a souvent été utilisée BCI of Yemen, de manière Rep. inefficace. = 67IEG of Yemen = 67Les ressources disponib<strong>les</strong> devraient être employéespour créer un espace humanitaire permettant le développement, notamment dans <strong>les</strong> zones de conflit.10006100Coordination of Humanitarian Assistance (CHA)Sanayee Development Organization (SDO) 1Dr Mudassir RasuliEn 2001, <strong>les</strong> forces de l’Alliance <strong>du</strong> Nord et de la coalitiondirigée par <strong>les</strong> États-Unis ont renversé le régime taliban. Lepouvoir a été assumé par un Gouvernement intérimaire surla base de l’Accord de Bonn 2 et en 2004 ce régime a adoptéune nouvelle Constitution. Cette même année et un an aprèsl’élection présidentielle, des élections législatives ont eu lieu.Après une brève période de paix relative dans la plupart desrégions <strong>du</strong> pays, la situation a commencé à se détériorer àcause des activités exercées par des groupes recevant desarmes des talibans. La Force Internationale d’assistance àla sécurité (ISAF, pour son sigle en anglais) a incorporé unequantité croissante d’effectifs dans le pays et a dispensé uneformation à l’armée et à la police nationale mais en dépit decela, la situation s’est aggravée d’année en année.Le Gouvernement a dû relever l’en<strong>jeu</strong> de combattredes groupes d’opposition armés mais il a également dû faireface à d’autres adversités, comme la grande sécheressede 2008, qui frappent <strong>les</strong> populations <strong>les</strong> plus pauvres deszones rura<strong>les</strong>. En même temps, le Gouvernement est tenu dedémontrer sa légitimité à travers l’application de la Constitution,la tenue d’élections et l’organisation de travaux dereconstruction et de développement.Malgré ces difficultés, des changements positifs onteu lieu dans le secteur de la santé : selon <strong>les</strong> indicateurs, letaux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a diminué,passant de 257 à 161 pour 1.000 enfants nés vivants grâceà l’augmentation de l’offre des soins médicaux de base etaux larges campagnes de vaccination mises en œuvre dansle pays. En outre, le taux de mortalité infantile a diminué de129 à 111 pour 1.000 enfants nés vivants. Le taux d’accouchementsassistés par un personnel qualifié est passé de15 % en 2005 à 24 % en 2008. Aucune information récentesur la mortalité maternelle n’est disponible ; <strong>les</strong> chiffres <strong>les</strong>plus récents indiquent une mortalité de 1600 pour 100.000enfants nés vivants (l’une des plus élevées au monde) 3 .1 Ce rapport a été aussi révisé par Ab<strong>du</strong>l Aziz Naderi, Directeurde Programme de SDO.2 “Accord sur des dispositions provisionnel<strong>les</strong> pourl’Afghanistan en attendant le rétablissement desinstitutions permanentes de gouvernement”. Voir : .3 Central Statistics Organization, “National Risk andVulnerability Assessment”, 2008. Disponible sur : .Indice des Capacités de Base (ICB) 2010ICB = 0s/d1000Enfants atteignantla cinquième annéed’éco<strong>les</strong>/d100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans4 PNUD, Rapport de Développement humain 2009.Overcoming Barriers: Human Mobility and Development,New York, 2009. 05 Une bonne partie <strong>du</strong> centre de la ville de Kaboul a été isolée99avec des barricades pour protéger <strong>les</strong> bases militaires, <strong>les</strong>ambassades, 100 <strong>les</strong> bureaux gouvernementaux et <strong>les</strong> tribunaux, 100ce qui ressemble à la « Zone verte » de Bagdad.6 “UNAMA calls for safety first, as civilian casualties rise by14% in 2009”, communiqué de presse. Disponible sur :.74personnes ont été victimes de feu croisé ou de munitionsn’ayant pas explosé 7 . 100L’ISAF dirigée par l’Organisation <strong>du</strong> traité de l’AtlantiqueNord (OTAN), l’armée nationale afghane et la policesont incapab<strong>les</strong> de garantir un environnement s/d pacifique etsûr, notamment dans le sud <strong>du</strong> pays. En outre, la corruptionest très répan<strong>du</strong>e. Ces facteurs ont entravé la reconstruction,l’aide d’urgence et <strong>les</strong> travaux 0 de développement. Las/ddestruction de l’infrastructure est un problème s/d récurrent :dans le sud <strong>du</strong> pays des éco<strong>les</strong> reconstruites, des bureaux100 100gouvernementaux et d’autres bâtiments publics ont été brûlés.Dans le nord, l’est et le centre <strong>du</strong> pays, la situation estun peu plus calme.Pour un pays BCI qui of a le Afghanistan niveau de développement = 0 humainle plus faible <strong>du</strong> monde après le Niger 4 , il est essentiel d’affronter<strong>les</strong> problèmes posés par la pauvreté et la mauvaisegouvernance, autant pour des raisons mora<strong>les</strong> que politiques.Dans ce sens, l’aide possède une importance capitalePro<strong>du</strong>ction et répartition des ressourcesLe pays a élaboré son propre document stratégique pourré<strong>du</strong>ire la pauvreté : la Stratégie nationale pour le développementde l’Afghanistan dont l’élaboration était une conditionpréalable pour l’allégement de la dette. Avec une detteet ces financements doivent être utilisés de la façon la plus100100responsable et la plus efficace possible. 100extérieure de USD 8 milliards en 2009, l’Afghanistan estconsidéré comme un pays pauvre lourdement endetté. UneSécuritéinitiative récente <strong>du</strong> Club de Paris destinée 54 à alléger la dette aLa reconstruction et le développement sont des processusparallè<strong>les</strong>, mais le manque de sécurité et la criminalité <strong>les</strong>abouti à l’annulation de USD un milliard, ce qui permettra aupays de consacrer davantage de fonds au développement etmettent gravement en danger. 0 Les groupes d’opposition à la protection sociale. 0armés sont en mesure de mettre en œuvre des opérations10099offensives, et cela même dans la « zone verte » de la capitale. 100 Le nombre de victimes civi<strong>les</strong> augmente 100 tous <strong>les</strong>ans, et en 2009 près de 6.000 civils afghans ont été tués oub<strong>les</strong>sés, ce qui représente plus de 16 victimes par jour 6 . Lesstatistiques de la BCI Mission of Canada d’assistance = 100 de l’ONU en Afghanistan(UNAMA) montrent que 2009 a été l’année où le plusgrand nombre de civils ont été tués depuis 2001, avec 2.412victimes civi<strong>les</strong> (14 % de plus que <strong>les</strong> 2.118 de 2008). Onestime que 67 % (1.630) de ces décès ont été provoquéspar des éléments antigouvernementaux et 25 % (596) parLe revenu national ne parvient à couvrir qu’une partie<strong>du</strong> budget actuel de sorte que le budget pour le 96dévelop-pement 100 est entièrement 74 financé avec des ressources 100 provenantde l’étranger. Le budget 2010-2011 est de USD 2,3milliards, c’est à dire, 18 % plus élevé que le budget 2009-2010. Il est presque IEG entièrement of Canada consacré = 74 à la sécurité età des améliorations dans le domaine militaire et seulement14 % et 7 % <strong>du</strong> budget a été alloué à l’é<strong>du</strong>cation et la santé,respectivement. Le budget pour le développement a diminuéet il équivaut aujourd’hui à USD 1,7 milliard pour la période2010-2011, ce qui signifie une ré<strong>du</strong>ction de 31 % par rap-100100des forces progouvernementa<strong>les</strong>. 90Les 8 % restant (186)n’ont pu être attribués à aucune des parties en conflit car cesport à la période 2009-2010. Chaque année on assiste à unelégère augmentation des recettes publiques, mais <strong>les</strong> limitationsdes ressources destinées à l’infrastructure, à l’agricultureet à l’é<strong>du</strong>cation entravent <strong>les</strong> efforts visant à éliminer lapauvreté et à rendre l’é<strong>du</strong>cation accessible pour tous.L’importation de matériaux 0 de 6 construction, comme le88ciment et l’acier, aggrave le problème de la fuite des capitaux.En raison <strong>du</strong> manque de travailleurs qualifiés, 9836<strong>les</strong> grandsentrepreneurs 100 qui exécutent <strong>les</strong> projets publics ont 100 recoursà des travailleurs provenant d’autres pays ; la main-d’œuvrelocale ne participe que faiblement à ces activités.88100BCI of Lebanon = 92 IEG of Lebanon = 477 Ibid.100100100n/Rapports nationaux 58 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100100


L’agriculture est un des secteurs <strong>les</strong> plus importantsde l’économie afghane, notamment la culture <strong>du</strong> pavot. Aucours des dernières décennies, cette source de revenus aété <strong>du</strong>rement touchée par la sécheresse. En raison de satechnologie obsolète et de son infrastructure d’irrigation trèsélémentaire, le secteur est obligé de subir la concurrence depro<strong>du</strong>its importés d’autres pays, comme l’Iran, le Pakistanet l’Ouzbékistan, où le développement technologique et plusavancé. En outre, étant donné que <strong>les</strong> installations pour <strong>les</strong>tockage et l’élaboration sont insuffisantes, <strong>les</strong> agriculteursdoivent vendre leurs pro<strong>du</strong>its rapidement et à bas prix.AideAprès l’effondrement <strong>du</strong> régime taliban en 2001, différentspays donateurs se sont engagés à fournir de l’aide à un niveauimportant, ce qui a déterminé la réhabilitation rapidede nombreux centres urbains et de nombreuses routes,ainsi que de petits projets d’infrastructure publique dans<strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>. Toutefois, cela n’a pas amélioré le niveaude vie des personnes pauvres vivant en zones rura<strong>les</strong>. Lesseuls investissements importants ont été réalisés dans dessecteurs à rendement élevé, comme le bâtiment et <strong>les</strong> télécommunications,dans <strong>les</strong>quels vers la fin de l’année 2008,un total de USD 1,3 milliard a été investi. 8L’aide internationale représente environ 90 % des dépensespubliques et joue un rôle important pour la paix etla stabilité <strong>du</strong> pays. Toutefois, jusqu’à présent l’aide a étéinsuffisante et a été utilisée sans tenir compte de certainscritères économiques et de manière inefficace. On estimeégalement que 40 % de l’aide a été reversée aux pays donateurssous la forme de profits pour <strong>les</strong> sociétés et de salairesdes consultants. En décembre 2007, le directeur d’une entreprisede construction privée basée à Kaboul déclarait quecertaines entreprises privées qui obtiennent des contratsdirects avec <strong>les</strong> principaux entrepreneurs conservent 50 %<strong>du</strong> budget avant de sous-traiter l’affaire en la confiant à uneentreprise locale. 9Les montants destinés à la reconstruction sont debeaucoup inférieurs aux dépenses militaires. Le coût <strong>du</strong>maintien d’un soldat américain en Afghanistan est d’environUSD 1 million par an 10 et, depuis 2001, l’Afghanistan adépensé près de 57 % des quelque USD 47 milliards d’aideprovenant des États-Unis pour former et équiper <strong>les</strong> forcesafghanes 11 .Peu de progrèsDepuis 2001, l’Afghanistan a réalisé des progrès importants,tels que la mise en place d’institutions démocratiques et deministères, l’amélioration des soins médicaux et de la vaccination,l’expansion de la scolarité primaire, la constructionde routes et d’infrastructures de transport, la croissanceéconomique et la formation des forces de sécurité nationa<strong>les</strong>.En outre, on constate de nombreux cas d’assistance correctementadministrée : par exemple, dans le secteur de l’é<strong>du</strong>-8 Ibid.9 Cité dans Matt Waldman, Falling Short: Aid Effectiveness inAfghanistan, ACBAR Advocacy Series (Kaboul : Agence decoordination pour l’aide humanitaire afghane, 2008), 29.Disponible sur : .10 Christopher Drew, “High Costs Weigh on Troop Debate forAfghan War”, The New York Times, 14 novembre 2009.11 Curt Tarnoff, “Afghanistan: U.S. Foreign Assistance”, CRSReport for Congress, 25 juin 2010.Information sur l’aide fournie à l’Afghanistan• Il y a un déficit d’aide de USD 10 milliards,ce qui représente 30 fois le budget nationalde l’é<strong>du</strong>cation; depuis 2001 <strong>les</strong> pays donateursse sont engagés à débourser USD 25milliards en aide, mais jusqu’à présent seulementUSD 15 milliards ont été versés.• On estime que 40 % de l’aide est récupéréepar <strong>les</strong> pays donateurs sous forme de profitpour <strong>les</strong> sociétés et de salaires de consultants; cela représente environ USD 6 milliardsdepuis 2001.• En grande mesure, en raison <strong>du</strong> manque decoordination et de communication, le Gouvernementne sait pas comment un tiers del’aide reçue depuis 2001 (équivalant à environUSD 5 milliards) a été dépensé.• L’armée américaine en Afghanistan dépenseenviron USD 100 millions par jour, alors que levolume moyen de l’aide allouée par l’ensembledes pays donateurs depuis 2001 équivautà seulement USD 7 millions par jour.• Plus de la moitié de l’aide est conditionnée àl’achat de biens et de services provenant <strong>du</strong>pays donateur.cation ou dans des projets de développement rural basés sur<strong>les</strong> communautés (dans le cadre <strong>du</strong> Programme national desolidarité qui a énormément changé la vie des Afghans).Cependant, la plupart des Afghans en<strong>du</strong>rent encoredes privations et des millions d’habitants vivent dans uneextrême pauvreté. Une grande partie de l’assistance a étésubordonnée aux priorités des pays donateurs plutôt qued’être adaptée aux besoins des Afghans. Beaucoup trop deprojets sont conçus pour obtenir des résultats rapides etvisib<strong>les</strong> et non pas pour parvenir à la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong>rable de lapauvreté ou au développement de compétences.La quatrième partie de l’aide à l’Afghanistan a été affectéeà l’assistance technique dans le but de renforcer <strong>les</strong> compétencesdes membres <strong>du</strong> Gouvernement, mais une bonnepartie de cette assistance a été gaspillée ou a eu un impactlimité. Trop souvent, la conception et l’exécution des plansnégligent l’importance <strong>du</strong> renforcement de compétences etde la situation et <strong>les</strong> droits des femmes. Le gros de l’aide sedirige vers Kaboul et vers d’autres centres urbains plutôtque vers <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> où vivent plus des trois quarts desAfghans et où elle serait pourtant plus nécessaire. Certainssecteurs, comme l’agriculture, ont reçu un soutien insuffisant,car ils n’ont pas été considérés comme prioritaires.En outre, selon l’Enquête de suivi de la Déclarationde Paris, plus de la moitié de l’assistance fournie à l’Afghanistanest conditionnée. Les pays donateurs exigent quel’Afghanistan leur achète des services ou des ressources,privant ainsi l’économie afghane d’une aide précieuse etaugmentant le coût des projets. Les pays donateurs nerédigent que rarement–voire jamais–de rapports publicsétablissant leurs objectifs et il y a peu de preuves de leursréalisations 12 .12 Matt Waldman, op. cit., 9.• Plus des deux tiers de l’aide sont canalisés àl’extérieur <strong>du</strong> Gouvernement.• Selon <strong>les</strong> derniers chiffres de l’Organisationde coopération et de développementéconomiques (OCDE), moins de 40 % del’assistance technique est coordonnée avecle Gouvernement et seulement un tiers destravaux d’analyse ou d’évaluation des donateursse fait de façon conjointe.• Les marges de bénéfice des entreprises internationa<strong>les</strong>et afghanes dans <strong>les</strong> contratsde reconstruction sont souvent de 20 % etpeuvent atteindre 50 %.• Les consultants étrangers qui travaillentpour <strong>les</strong> cabinets de conseil privés àtemps plein coûtent entre USD 250.000 etUSD 500.000 par an.Source : Matt Waldman, Falling Short: Aid Effectiveness inAfghanistan, ACBAR Advocacy Series (Kaboul : Agence decoordination pour l’aide humanitaire afghane, 2008).L’espace humanitaireEn Afghanistan, <strong>les</strong> travailleurs humanitaires ne possèdentpas d’espace où ils puissent apporter de l’aide, notammentdans <strong>les</strong> zones contrôlées par <strong>les</strong> groupes d’oppositionarmés.Après la chute <strong>du</strong> régime taliban, la plupart des donateursa estimé que le conflit en Afghanistan était terminé etle Bureau des Nations Unies pour la coordination de l’assistancehumanitaire (UNOCHA) a été officiellement fermé.L’UNAMA a pris en charge <strong>les</strong> activités humanitaires jusqu’àce que récemment le contrôle ait été repris par l’UNOCHA. Laplupart des pays donateurs et des organisations humanitaires(à l’exception <strong>du</strong> Comité international de la Croix-Rouge)n’ont pas <strong>les</strong> moyens de négocier l’accès avec l’autre partieen conflit.Les talibans considèrent <strong>les</strong> organismes d’aide commedes organismes progouvernementaux, ce qui fait que <strong>les</strong> ONGont <strong>du</strong> mal à accéder aux zones qui ne sont pas contrôléespar le Gouvernement. Il n’y a pas de consensus entre <strong>les</strong> paysdonateurs, <strong>les</strong> ONG et la société en général sur <strong>les</strong> besoinsvéritab<strong>les</strong> en matière d’aide humanitaire. Dans de nombreuxcas, l’insistance des forces militaires pour travailler en collaborationavec <strong>les</strong> ONG a déterminé la militarisation, réelle ouperçue comme telle, de l’assistance 13 . La quasi-totalité desdonateurs est formée par des parties belligérantes ; il n’y apas de place pour l’humanitarisme et l’OTAN lui-même décrit<strong>les</strong> ONG comme des organismes ayant un « pouvoir faible »et comme des agents progouvernementaux. n13 Sippi Azarbaijani-Moghaddam, Mirwais Wardak, IdreesZaman et Annabel Taylor, Afghan Hearts, Afghan Minds:Exploring Afghan Perceptions of Civil-Military Relations(British and Irish Agencies Afghanistan Group, 2008).Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>59Afghanistan


Allemagne59Négligés : la pauvreté et l’environnement10001000 11Le changement de gouvernement survenu à la suite des élections de 2009 n’a pas encore agi au bénéfice5683despauvres et des autres victimes 100 de la crise 53 financière. On ne 100 détecte aucun changement 100 70 de stratégie dans le marché 100<strong>du</strong> travail ni au niveau des politiques socia<strong>les</strong>, et l’appauvrissement de larges secteurs de la société se poursuit.D’autre part, <strong>les</strong> questions environnementa<strong>les</strong> ont joué un rôle très secondaire dans la réponse <strong>du</strong> Gouvernementà la crise. Selon le Fonds mondial BCI pour of Central la nature, African seulement Republic 6 des = 6532 mesures IEG de relance of Central économique African Republic ont eu = un 46impact positif sur l’environnement, et à peine 13 % d’entre el<strong>les</strong> peuvent être considérées <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>.100100<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> AllemagneUwe Kerkow100Malgré <strong>les</strong> mesures de soutien <strong>du</strong> Gouvernement deEUR 480 milliards pour <strong>les</strong> banques 76 et pour l’in<strong>du</strong>strieet <strong>les</strong> mesures de relance économique de EUR 107 milliards,la crise financière a nettement imprimé sa marquedans l’économie allemande. Il est vrai qu’il y a eu moins0de licenciements qu’on ne le craignait, mais ceux qui ont79100 aujourd’hui un emploi doivent se débrouiller avec 99moinsd’argent. En 2009, pour la première fois en plus de 60100 100 100ans d’histoire de la République Fédérale, <strong>les</strong> employésont dû accepter une ré<strong>du</strong>ction de 0,4 % sur leurs salaireset sur <strong>les</strong> salaires bruts journaliers réels (environ EURIEG of Finland = 84100) 1 . Cette baisse des revenus par habitant est <strong>du</strong>eprincipalement à la prolifération <strong>du</strong> travail à mi-temps età la ré<strong>du</strong>ction des heures supplémentaires. Le secteurmanufacturier a été tout particulièrement touché, avecune baisse des revenus par habitant de 3,6 % (même siune augmentation de 4,4 % a été observée sur la basedes salaires horaires).Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 99 97Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 78100100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 anspersonnes qui neBCIpeuventof Germanypas subvenir= 99à leurs besoinsquotidiens. Le président de la fédération Deutsche Bundesverband,Tafel e.V., Gerd Häuser, a prié instammentle Gouvernement de nommer un Commissaire à la Luttecontre la pauvreté, « doté de larges pouvoirs pour coordonner<strong>les</strong> activités des 100 quatre ministères fédéraux 4responsab<strong>les</strong> de la ré<strong>du</strong>ction 91 de la pauvreté, et pourservir de point de contact aux organisations privéestel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> initiatives de Tafel ou <strong>les</strong> associations debien- être social 5 ».Activité économiqueAutonomisation94100 68100Dégradation progressive des conditionssocia<strong>les</strong>vis-à-vis de l’environnement, selon le rapport, c’est29Près de 6,5 millions de personnes – plus d’un employél’investissement en améliorations énergétiques danssur cinq – travaillent pour des tarifs horaires qui se situenten dessous <strong>du</strong> salaire minimum , d’après le rapport nominalpropositions innovatrices en vue de la ré<strong>du</strong>ction de laL’environnement considéré 0 sous un angle0le secteur <strong>du</strong> logement. Il n’y avait aucune trace « des1009997de l’Institut pour le travail, la qualification et la formation Les questions relatives à l’environnement n’ont joué circulation et de la promotion 50 de pro<strong>du</strong>its efficaces dansde l’Université de Duisburg-Essen 2 . Le pourcentaged’employés ayant une formation professionnelle et qui100 100qu’un rôle secondaire dans la réponse <strong>du</strong> Gouvernementà la crise financière. En revanche, <strong>les</strong> mesures de100 100l’utilisation de l’énergie et des méthodes de pro<strong>du</strong>ctionefficaces dans l’utilisation des ressources ». En réalité,se retrouvent dans l’obligation de travailler dans le secteurdes bas salaires a aussi considérablement augmen-vers le développement BCI of <strong>du</strong> Malta transport = 97IEG of Malta = 58relance économique ont été orientées en grande partie 8 % des mesures de relance se sont avérées nuisib<strong>les</strong> àprivé. La mesure l’environnement, et <strong>les</strong> aspects environnementaux sontté. Les travailleurs réellement non qualifiés représententseulement 20 % environ de ce secteur.baptisée « prime à la casse » (cash for clunkers) estparticulièrement polémique. Elle consistait en un paiementà peine intervenus dans <strong>les</strong> critères régissant l’affectationdes fonds 7 .unique de EUR 2.500 EUR versé par l’État auxL’aggravement des conditions touche tous <strong>les</strong>groupes défavorisés de la société : au milieu de l’année propriétaires de vieil<strong>les</strong> voitures pour qu’ils achètent des Une politique de développement confuse et2009, le nombre de bénéficiaires de l’aide offerte par véhicu<strong>les</strong> neufs et qu’ils emmènent le vieux à la casse. Le contradictoire100100100la fédération des banques alimentaires Tafel est monté Verkehrsclub Deutschland (Club 96de transport allemand L’Allemagne ne pourra probablement pas atteindre, loinpour la première à plus d’un million 3 . Les initiatives d’aidesociale de Tafel sont mises en place 53dans la plupart desvil<strong>les</strong> allemandes, et reçoivent des dons d’aliments <strong>du</strong>secteur commercial et, grâce au soutien d’environ 40000 bénévo<strong>les</strong>, elle distribue 0des aliments de base aux– VCD) a critiqué le concept, argumentant qu’on auraitpu faire bien plus pour protéger la nature si l’indemnisations’était basée sur des critères environnementauxou si <strong>les</strong> fonds avaient été investis dans des moyensalternatifs de transport. Qui 0 plus est, selon l’opinion <strong>du</strong>VCD, promouvoir le transport public et moderniser las’en faut, l’objectif intermédiaire concernant l’augmentationen 2010 de son Aide publique au développement(APD) à 0,51 % <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it national 43 brut (PNB). Fin 2009,le nouveau ministre fédéral <strong>du</strong> Développement, DirkNiebel, a commenté lors d’une 0 interview : « Le plan d’actionévolutif de l’UE est une déclaration d’intention, pas100 1 Office Fédéral de la Statistique, “Évolution des revenus 98 technologie 100 environnementale aurait pu avoir 100 une plus une obligation en vertu <strong>du</strong> droit international. 82Avec une100 pendant 100 la crise économique 69 de 2009”, Communiqué de 100100 100100 71100presse No. 117, 25 mars 2010.2 Institut Arbeit und Qualifikation, “IAQ-Report 2009-05”, 4 Ministère fédéral <strong>du</strong> Travail et des affaires socia<strong>les</strong> ; ministère6 VCD, information sur <strong>les</strong> antécédents. Disponible sur :.Juillet 2009.fédéral de la Famille, des personnes âgées, de la femme et9IEG of Portugal = 73 7 Von Sebastian Schmidt, Florian Prange, Kai Schlegelmilch,3 ARD, “Zahl der Tafel-Empfänger auf eine Million gewachsen”,de la <strong>jeu</strong>nesse BCI ; ministère of Slovenia fédéral de la = Santé; 98IEG of Slovenia = 65et ministèreJacqueline Cottrell and Anselm Görres, “Sind die deutschen12 juin 2009. Disponible sur : .5 ARD, 12 juin 2009, ibid.<strong>du</strong> WWF (Budget Vert Allemagne, 12 juin 2009).01001000É<strong>du</strong>cationIEG of Germany = 78grande répercussion en termes de création d’emploi etd’amélioration <strong>du</strong> bilan général de l’environnement 6 .Une analyse complète des impacts environnementauxdes mesures de relance économique, présentéepar le Fonds mondial pour la nature, juge que seuls 6des 32 mesures ont eu des 100effets bénéfiques. En termesdes ressources financières mobilisées, à peine 13 % desmesures peuvent être considérées <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>.Le seul sujet à avoir eu une transcendance directe7310093100100Rapports nationaux 60 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010093


position de départ de 0,38 %, il nous serait impossibled’atteindre en un an seulement le pourcentage d’APD de0,51 % » 8 . En 2009, <strong>les</strong> contributions d’APD allemandesreprésentèrent USD 11,982 milliards, chiffre inférieuraux USD 13,981 milliards réunis en 2008. Cette chute depresque USD 2 milliards est <strong>du</strong>e principalement à l’achèvementdes amortissements dans le budget d’allègementde la dette et elle correspond à un resserrement <strong>du</strong> rapportAPD/PNB de 0,38 % à 0,35 % 9 . Cependant, la chancelièrefédérale Angela Merkel a déclaré que : « Nousmaintenons notre engagement et nous restons impliquésdans la réalisation des Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppement vis-à-vis de l’Afrique. Nous maintenonsnotre engagement d’atteindre le but fixé : destiner 0,7 %de notre revenu national brut au développement pour2015. C’est également une responsabilité morale » 10 .Pour atteindre cet objectif, l’APD allemande devraitaugmenter d’environ EUR 2 milliards par an, avecdes effets immédiats. En 2010 cependant, le budget<strong>du</strong> ministère fédéral de Coopération économique et dedéveloppement (BMZ), qui représente environ 54 % del’APD allemande, ne s’est accru que de EUR 256 millions,soit un chiffre total de EUR 6,07 milliards 11 . En tout,l’APD allemande atteindra approximativement 0,4 % <strong>du</strong>PNB en 2010 12 .Ce qui fait actuellement particulièrement défaut àla coopération <strong>du</strong> développement allemande, c’est unengagement ambitieux envers la protection <strong>du</strong> climat.Avant la Conférence de l’ONU sur le Changement climatiqueà Copenhague, l’Allemagne avait affecté EUR 420millions pour la protection internationale <strong>du</strong> climat 13 . Audébut <strong>du</strong> mois de mars 2010, cependant, tout porte àcroire que juste une sixième partie de cette somme – soitEUR 70 millions–est en réalité de « l’argent frais » 14 .La coopération civilo-militaire est un aspect chaquefois plus prédominant dans la politique de développement.En Afghanistan surtout, où l’armée fédérale, laBundeswehr, offre une partie de sa force d’intervention,un effort supplémentaire est effectué pour encadrer <strong>les</strong>services allemands de développement dans <strong>les</strong> stratégiesmilitaires. L’organisation d’aide Welthungerhilfedécrit le problème dans <strong>les</strong> termes suivants :Mêler <strong>les</strong> militaires aux opérations de reconstructiona causé de graves préjudices. Étant donné que l’Aideau développement apportée par <strong>les</strong> équipes provincia<strong>les</strong>de reconstruction fait désormais partie de la stratégie8 “EU-Stufenplan ist keine völkerrechtliche Verpflichtung”,Domradio online, 18 novembre 2009.9 Organisation de coopération et de développement économiques(OCDE), “L’aide au développement a augmenté en 2009 etla plupart des donneurs atteindront <strong>les</strong> objectifs d’aide pour2010”, communiqué de presse, 14 avril 2010, disponible sur : (visité le 19 septembre 2010).10 Gouvernement fédéral “Regierungserklärung vonBundeskanzlerin Merkel im Wortlaut”, déclaration depolitique, 10 novembre 2009.11 BMZ, “In Spite of Difficult Environment, Germany’sDevelopment Ministry Takes Germany’s CommitmentsSeriously”, communiqué de presse, 19 mars 2010.12 UE, “Where is the EU in Terms of Financing for Development andWhere Should the EU Go?” communiqué de presse, 21 avril 2010.13 Focus online, “Deutschland zur Zahlung von 420 Millionenfür Klimaschutz bereit”, 11 décembre 2009.14 Spiegel online, “Regierung Knausert bei Klimaschutz-Zahlungen an Arme Länder”, 5 mars 2010.En Allemagne le droit à l’é<strong>du</strong>cation conventionnelle desenfants handicapés n’est pas appliquéVernor Muñoz, Rapporteur spécial de l’ONU en matièrede droit à l’é<strong>du</strong>cation, s’est ren<strong>du</strong> en Allemagneen début d’année 2010 et il a émis de nouveau trèsclairement ses critiques concernant l’incapacitédes autorités é<strong>du</strong>catives pour offrir des places ennombre suffisant dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> conventionnel<strong>les</strong>aux enfants handicapés, <strong>les</strong> enfants trisomiquesnotamment. Bien que la scolarité d’intégration soitune exigence de la Convention de l’ONU relativeaux Droits des personnes handicapées, ratifiée parl’Allemagne en 2007, environ 400.000 garçons et fil<strong>les</strong>handicapés (85 %) sont inscrits dans des éco<strong>les</strong>spécialisées A .Muñoz avait déjà présenté un rapport au Conseildes Droits de l’Homme en 2007 sur sa missionen Allemagne l’année précédente. Il y avait exprimésa conviction sur le fait que : « le processus de classementqui a lieu au niveau de l’enseignement secondaire<strong>du</strong> premier degré (…) n’évalue pas <strong>les</strong> élèvesde façon correcte et au lieu d’inclure, il exclut », carlors de sa visite il a pu vérifier que, par exemple, <strong>les</strong>enfants pauvres et émigrants – ainsi que <strong>les</strong> enfantshandicapés – sont négativement affectés par le systèmede classement B .A Christian Füller, “Menschenrechte nicht für den Mond”, taz.de,9 juin 2009. Disponible sur : .B Conseil de Droits humains, “Rapport <strong>du</strong> rapporteurspécial sur le droit à l’é<strong>du</strong>cation, Vernor Muñoz.Adén<strong>du</strong>m: Mission en Allemagne, 13–21 février 2006,”militaire, <strong>les</strong> forces de l’opposition attaquent maintenantaussi ceux qui travaillent pour le développement, bienqu’ils soient politiquement neutres et ne soient obligésque par <strong>les</strong> principes qui gouvernent l’offre d’aidehumanitaire 15 .L’aide totale <strong>du</strong> BMZ destinée à la stabilisation et audéveloppement en Afghanistan en 2009 tournait autourde EUR 144 millions 16 , ce qui faisait de l’Afghanistan lema<strong>jeu</strong>r bénéficiaire de l’aide allemande au développement17 . « Nous allons utiliser à cette fin un financementde EUR 1 milliard pour la période s’étendant jusqu’en2013 », selon un communiqué de presse émis par leBMZ 18 . En comparaison, en 2009 et 2010 le Service civil15 Welthungerhilfe, “Entwicklungshelfer in Afghanistan: Niewar die Sicherheitslage so explosiv wie jetzt”. Disponib<strong>les</strong>ur : (visité le 12 avril 2010).16 BMZ, “Additional Funds for Stabilisation Measures in Afghanistanand for Fostering Good Governance in Pakistan”, communiquéde presse, 24 novembre 2009. Disponible sur : .17 Terres des Hommes and Welthungerhilfe, “Kurs aufKopenhagen”, Die Wirklichkeit der Entwicklungshilfe, 17(2009), 57. Disponible sur : .18 BMZ, “Civilian Reconstruction in Afghanistan to BeStrengthened”, communiqué de presse, 28 janvier 2010.Disponible sur : .La réponse <strong>du</strong> Gouvernement à ce rapportse limite à quelques paragraphes qui n’abordentpas le fond des critiques : « L’assistance scolaireobligatoire concerne [<strong>les</strong> enfants handicapés]dans la même mesure que <strong>les</strong> enfants et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nesnon handicapés. (…) Les élèves handicapés sontscolarisés aussi bien dans des centres conventionnels,mélangés aux élèves non handicapés,que dans des éco<strong>les</strong> spécia<strong>les</strong> [Sonderschulen]ou dans des éco<strong>les</strong> pour enfants aux besoins é<strong>du</strong>catifsspéciaux [Förderschulen] » C . Cependant,l’affaire est traitée plus sérieusement que ce que ladéclaration citée plus haut pourrait faire croire : en2008, l’Institut allemand des droits humains a étéchargé de surveiller la mise en œuvre de la Conventiondans le pays D . Le financement de ce travai<strong>les</strong>t fourni par le ministère fédéral <strong>du</strong> Travail et desaffaires socia<strong>les</strong> et le budget annuel pour l’unité desurveillance atteint actuellement EUR. nA/HRC/4/29/Add.3.C Conseil des Droits de l’Homme, “Rapport <strong>du</strong> Rapporteurspécial sur le droit à l’é<strong>du</strong>cation”, Vernor Muñoz.Adend<strong>du</strong>m : Mission en Allemagne, 13–21 février 2006,”A/HRC/4/29/Add.3.D Voir : .pour la paix (mis en place par l’Allemagne en 1999 entant que nouvel instrument de consolidation de la paixet la prévention de crises) a reçu EUR 30 millions par anpour ses activités 19 .ProgresserLe Gouvernement doit mettre davantage l’accent surdes mesures de relance qui soient <strong>du</strong>rab<strong>les</strong> et qui abordentle problème <strong>du</strong> nombre croissant de personnesvivant dans la pauvreté. Garantir aux gens qu’ils peuventsubvenir à leurs besoins quotidiens c’est, selon <strong>Social</strong><strong>Watch</strong>, le rôle et une des fonctions élémentaires de l’Étatdans <strong>les</strong> pays in<strong>du</strong>striellement avancés.Quant à la coopération au développement, l’Allemagnedoit être à la hauteur de ses obligations enversl’APD, et dédier un budget plus conséquent à laprotection <strong>du</strong> climat. En ce qui concerne l’Afghanistan,Welthungerhilfe a demandé une stricte séparation desmandats, de sorte que <strong>les</strong> Bundeswehr se chargent de lasécurité et que <strong>les</strong> travailleurs <strong>du</strong> développement s’occupent<strong>du</strong> développement. Au vu de l’envergure financièrede l’aide apportée dans ce pays, cette requête est en trainde prendre corps. n19 Ibid, 55.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>61Allemagne


ArgentineJustice financière et fiscale : une dette historiqueL’expérience argentine montre qu’il n’existe pas de développement sans autonomie et sans ressourceslégitimes, comme <strong>les</strong> taxes. Les crises politiques et économiques successives ayant frappé le pays prouventque lorsque le modèle de développement donne la priorité au secteur financier au détriment <strong>du</strong> secteurpro<strong>du</strong>ctif, <strong>les</strong> résultats sont néfastes pour la majorité de la population. L’État doit impérativement récupérerle contrôle de l’économie ; celle-ci doit devenir moins dépendante de l’arrivée de capitaux étrangers, elle doitavancer vers un système fiscal plus juste et également financer la pro<strong>du</strong>ction, en plus de la consommation.FOCOAgostina ChiodiRodrigo LópezLe sentier vers le développement n’est pas une chimèreprojetée vers l’avenir ; on y circule à présent grâce à despratiques démocratiques qui, dans <strong>les</strong> sociétés modernes,s’expriment à travers la possibilité des gouvernementsde con<strong>du</strong>ire l’économie, et non pas l’inverse.L’histoire des dernières décennies montre clairementqu’en Argentine la ré<strong>du</strong>ction de la dépendance <strong>du</strong> financementexterne renforce l’autonomie et favorise ledéveloppement des politiques.L’histoire récente montre que l’autonomie est unecondition nécessaire au développement mais l’Argentinene pourra jamais l’atteindre si le pays dépend <strong>du</strong>financement externe. Ainsi, <strong>les</strong> impôts redeviennent <strong>les</strong>« ressources légitimes » sans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il est impossiblede penser au développement.L’Argentine a amélioré sa fiscalité (voir section suivante): lors des dernières années, le pays a réussi à augmenterla proportion des taxes jusqu’à 30 % <strong>du</strong> PIB (bienqu’elle soit toujours éloignée <strong>du</strong> niveau d’environ 50 %des pays développés). Cependant la structure fiscale del’Argentine est toujours régressive dans la mesure où lacontribution de la population à plus faib<strong>les</strong> revenus estproportionnellement plus forte ; elle est aussi procycliqueparce que <strong>les</strong> recettes accompagnent <strong>les</strong> hauts et<strong>les</strong> bas de la consommation. La plupart des recettesproviennent des taxes indirectes, notamment la TVAavec un taux de 21 % (très élevé par rapport aux standardsinternationaux) et il faut signaler qu’il y a très peud’exemptions ou de taux différentiels. Par contre, <strong>les</strong> revenusdes investissements financiers en sont exempts 1 .La nationalisation des fonds de la sécurité sociale(pensions et retraites) transférés au secteur privé dans<strong>les</strong> années 90 par des systèmes de capitalisation a été100une mesure très importante adoptée par le Gouvernementde Cristina Fernández. On a ainsi récupéré une76source de financement légitime pour le développementqui évite à l’État de s’endetter avec le secteur privé à destaux à deux chiffres.0Un peu d’histoire7910099Avant le coup d’État de 1976, l’économie argentine était100 100 100centrée sur le soutien de l’économie réelle, caractériséepar un modèle d’accumulation basé sur <strong>les</strong> substitu-1 Elle est exemptée de l’impôt sur <strong>les</strong> revenus des personnesphysiques pour <strong>les</strong> revenus financiers : dépôts à terme etl’achat/vente et dividendes des actions ou titres publics.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 98 97IEG = 72Enfants atteignantla cinquième annéed’école0100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 anstions des importations.BCI of ArgentinaAprès 1976,= 98ce système a étéremplacé par un autre favorisant le secteur financier audétriment de l’économie pro<strong>du</strong>ctive. Dans ce nouveausystème, l’endettement externe <strong>du</strong> secteur public dépendde la valorisation financière au lieu de l’économieréelle et de l’expansion pro<strong>du</strong>ctive. 100 La logique est la suivante: <strong>les</strong> oligopo<strong>les</strong> contractent des prêts pour investirdans le marché financier local au lieu de développer lapro<strong>du</strong>ction, et <strong>les</strong> rembourse ensuite 59 avec des devisesfournies par l‘État au moyen de son endettement externe.Pour pouvoir mettre en œuvre ce modèle, le terrorismed’État a désarticulé la classe ouvrière mobilisée0et a déclenché un génocide ayant provoqué des dizaines83de milliers de morts et de « disparus ».100 53100Cette modification de la politique économique aété accompagnée de changements des fonctions del’État. Lors de ce processus, c’est l’État lui-même quigarantissait des BCI taux of d’intérêt Central internes African supérieurs Republic aux = 65taux internationaux, pour augmenter leur valeur sur lemarché argentin. La réforme financière de 1977 a doncjoué un rôle stratégique : l’État ne serait plus financé àtravers la Banque centrale mais il jouerait le rôle d’unsimple preneur de fonds dans le secteur financier 2 .100Avant la récupération de la démocratie 97 en 1983 la detteprivée de centaines d’entreprises a été étatisée et la detteexterne a augmenté de 7 à 45 milliards de dollars en septans seulement 3 .Activité économiqueAutonomisation99 9899100100 62100É<strong>du</strong>cationIEG of Argentina = 72Ce modèle a été consolidé dans <strong>les</strong> années 90 etl’Argentine a respecté au pied de la lettre <strong>les</strong> dispositions<strong>du</strong> Consensus de Washington, dont la dérégulation,la libéralisation des taux d’intérêt, la flexibilisation <strong>du</strong>travail, <strong>les</strong> privatisations, la ré<strong>du</strong>ction des dépensespubliques, la discipline fiscale, 100 l’ouverture économique,commerciale et financière. Ces mesures ont démembrél’État et ont paupérisé <strong>les</strong> secteurs populaires. Parmi<strong>les</strong> séquel<strong>les</strong> de cette politique nous pouvons citer ladésin<strong>du</strong>strialisation, la sous-traitance, le chômage, l’endettementexterne et la pauvreté structurelle de 56 %0 11en 2002 suivant l’Institut National de Statistiques et <strong>du</strong>Recensement.56Après quatre ans de récession, le modèle d’endettementet de la parité peso-dollar s’est effondré, ce qui100 70100a engendré la crise financière de 2001. Cela a marquéla fin d’une période de 30 ans où l’économie réelle étaitau service de l’économie financière, et a donné la possibilitéde commencer une autre période de transitionIEG of Central African Republic = 46permettant de renverser cette tendance.À partir de 2003, le Gouvernement de Néstor Kirchnera mis en place une stratégie de haute croissanceéconomique qui a eu un fort impact sur l’emploi et qui a100amélioré la qualité de vie de la classe ouvrière. Pendant<strong>les</strong> six années suivantes, le PIB 73a augmenté à un tauxannuel de 8 %, l’économie à réussi à maintenir l’excédentfiscal et la dette extérieure a pu être ré<strong>du</strong>ite. Cela aété possible grâce à une série de mesures tel<strong>les</strong> qu’un2 Adrián D’Amore, Interview à 0l’économiste E<strong>du</strong>ardo Basualdo,taux de change concurrentiel, 0 la rétention aux exportations,le contrôle <strong>du</strong> Gouvernement sur <strong>les</strong> comptes“Los sectores dominantes no quieren que siga aumentandola participación de los asalariados”, Zoom, 30 mai 2008.100100Disponible sur : .100 100100Cependant, <strong>les</strong> sentiers 68100<strong>du</strong> développement obligent à3 María de Monserrat Llairó et Raimundo Siepe, “La evolución affronter des limitations encore en vigueur ainsi qu’àdel endeudamiento externo argentino y su relación con losIEG of Finland = 84 trouver un modèle d’accumulation de capital alternatiforganismos financieros internaciona<strong>les</strong>: desde 1976 a la salidaBCI of Germany = 99à la valorisation IEG financière. of Germany = 78del default (febrero de 2005)”, Centre de recherches d’étudeslatinoaméricaines pour le développement et l’intégration,Faculté de Sciences économiques, Université de Buenos Aires.100056100100100100Rapports nationaux 62 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>10091100


Système financierOn pourrait dire que le système financier actuel nefonctionne pas comme tel, <strong>du</strong> moment qu’il n’est pascapable de financer la pro<strong>du</strong>ction. La dérégulation néede la réforme de 1977 a remplacé le système bancairespécialisé par un modèle de banque universelle ce qui adonné un clair avantage aux banques commercia<strong>les</strong> sur<strong>les</strong> banques d’investissement, de développement, sur<strong>les</strong> banques coopératives et publiques. Ainsi, le créditest concentré sur le financement de la consommation,permettant aux banques d’assurer leurs bénéficespar des taux d’intérêt extrêmement élevés, bien desfois masqués dans <strong>les</strong> achats par cartes de crédit oude consommation. Malgré l’existence d’une liquiditébancaire élevée, <strong>les</strong> banques ne donnent pas <strong>les</strong> prêtsnécessaires à l’investissement pro<strong>du</strong>ctif. Dans ce sens,la Loi des entités financières promulguée pendant ladictature affecte le crédit des petits et moyens pro<strong>du</strong>cteurset entrave la redistribution ; sa réforme s’avèreindispensable pour soutenir le développement.Investissement direct étrangerEn Argentine, l’Investissement direct étranger (IDE)a joué un rôle très important pendant <strong>les</strong> années 90,période de l’essor des privatisations. Mais à vrai dire,plutôt que d’un processus authentique d’investissementsil s’agissait plutôt d’un changement de propriété.Pendant cette période, la transnationalisation de l’Argentinea augmenté considérablement <strong>du</strong> fait de la ventede nombreuses entreprises argentines à des capitauxétrangers.Ces capitaux contrôlent actuellement la plupart del’in<strong>du</strong>strie. Dernièrement, <strong>les</strong> IDE se sont concentrésdans <strong>les</strong> activités d’extraction tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> in<strong>du</strong>striespétrolières et minières et dans d’autres activités liéesaux pro<strong>du</strong>its primaires – comme la commercialisation<strong>du</strong> soja – toutes ayant un impact très ré<strong>du</strong>it sur l’emploi.Au lieu de faire l’objet de réinvestissements, <strong>les</strong>bénéfices sont envoyés aux maisons mères et, de plus,ce genre d’activités dégrade l’environnement et meten danger la population. Pour rectifier cette situationle pays a besoin de régulations bien plus strictes ainsique de nouveaux rapports avec le capital étranger permettantde promouvoir le développement au lieu de selimiter à exporter des pro<strong>du</strong>its primaires.Dette externe et flux de capitauxLe Gouvernement a ré<strong>du</strong>it le rapport dette-PIB de120 % à 40 % en moins de cinq ans ; malgré cela, <strong>les</strong>entier de l’endettement doit être évité de sorte de nepas hypothéquer <strong>les</strong> générations futures. Pour financerle développement il est nécessaire d’annuler <strong>les</strong> mécanismesen vertu desquels <strong>les</strong> capitaux pro<strong>du</strong>its dans lepays sont systématiquement envoyés à l’étranger, cequi vient dissocier la croissance de l’accumulation. Lesystème financier a contribué, en partie, à l’instabilité del’économie et à ses crises récurrentes et il a validé <strong>les</strong>fuites périodiques de capital 4 . Il est donc nécessaire dechanger de paradigme, de laisser de côté la « valorisationfinancière » et de mettre <strong>les</strong> finances au service dela pro<strong>du</strong>ction et <strong>du</strong> développement.Actuellement, le Gouvernement envisage la possibilitéd’utiliser une partie des réserves de la Banquecentrale pour créer un Fonds garantissant le paiementde la dette, alors que certains secteurs de l’oppositions’attendent à ce que cela soit fait en ré<strong>du</strong>isant <strong>les</strong> dépensespubliques. Alors que <strong>les</strong> actifs (comme <strong>les</strong> réserves)peuvent être utilisés pour solder <strong>les</strong> passifs, il y a deuxconsidérations importantes dont il faut tenir compte.D’une part, il faut d’abord déterminer la légalité et lalégitimité de ces passifs. Par exemple, <strong>les</strong> dettes privéesencourues lors de la dictature ont été étatisées et à cejour, il existe des arrêts judiciaires <strong>les</strong> ayant déclaréesilléga<strong>les</strong>. D’autre part, <strong>les</strong> règlements doivent être subordonnésà la stratégie de développement.Le budget national 2010 enregistre des dépensespubliques en santé de Ars 10,16 milliards (quelqueUSD 2,6 milliards) et en é<strong>du</strong>cation et culture d’un peumoins de USD 5 milliards, alors que pour payer <strong>les</strong> intérêtsde la dette publique, le chiffre est estimé à USD 6,8milliards environ 5 . Il est difficile de penser à favoriser ledéveloppement si <strong>les</strong> intérêts de la dette représententpresque le même investissement que celui prévu pour<strong>les</strong> secteurs de la santé, de l’é<strong>du</strong>cation et de la culture.Au lieu de continuer à espérer que l’investissementpro<strong>du</strong>ctif provienne de la confiance des investisseursétrangers et locaux, c’est l’État qui devrait promouvoirla création de nouvel<strong>les</strong> conditions pour <strong>les</strong> affaires pro<strong>du</strong>ctives,en investissant dans <strong>les</strong> secteurs stratégiquespour le développement économique. Dans ce sens,la création d’une nouvelle Banque de développementpourrait être un instrument idoine pour canaliser <strong>les</strong>ressources provenant des cotisations de la sécuritésociale tel que le Brésil l’a déjà fait en créant avec succèsla Banque nationale de développement <strong>du</strong> Brésil 6 .4 Comme par exemple lors des hyperinflations de 1989-1990,de la crise de 2001 et de l’actuel échec <strong>du</strong> compte financier,depuis le début de la crise internationale de 2007.5 Ministère de l’Économie et finances publiques, donnéesofficiel<strong>les</strong> <strong>du</strong> Budget 2010. Disponible sur : .6 La Banque nationale de développement (BNDES) a étécréée pour encourager l’in<strong>du</strong>strialisation substitutive desimportations et elle a été responsable de la formulation etde l’exécution de la politique in<strong>du</strong>strielle <strong>du</strong> Brésil. Mêmelors de l’étape libérale des années 90 la BNDES représentait25 % <strong>du</strong> crédit total offert par le système bancaire. En2002, ce pourcentage a atteint un de ses plus hauts niveaux(33 %), jouant parfaitement son rôle « anticyclique ».Source : Claudio Golonbek et Emiliano Sevilla, “Un estudiode caso sobre Banca de Desarrollo y Agencias de Fomento”.Centre d’économie et finances pour le développement del’Argentine, Document de Travail nº 20, mai 2008. Disponib<strong>les</strong>ur : .Il faut signaler également l’importance de la miseen marche de la Banque <strong>du</strong> Sud 7 qui encourage le développementet l’intégration régionale de l’Amérique latineen proposant de nouvel<strong>les</strong> alternatives de financementbasées sur des principes d’équité, d’égalité et de justicesociale.L’économie argentine actuelle est concentrée sur<strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its primaires, avec une proportion élevée decapitaux étrangers ; par conséquent c’est le dollar américainqui opère comme réserve de valeur et c’est autour<strong>du</strong> dollar que s’organisent <strong>les</strong> relations économiques.Pour que le pays puisse se développer il faudrait modifierprioritairement la structure pro<strong>du</strong>ctive, la nationalitédes principaux capitaux, le degré de concentration desmoyens de pro<strong>du</strong>ction et, dans ce cadre, démantelerla structure néolibérale de la Banque centrale, discuterde son autonomie et modifier sa Charte Constitutive.Un organisme gouvernemental qui définit le taux dechange, la politique monétaire et financière ne peut pasignorer la volonté populaire et son seul objectif ne peutpas être uniquement celui de préserver la valeur de lamonnaie, sans tenir compte des conditions structurel<strong>les</strong>qui définissent cette valeur.Réflexions fina<strong>les</strong>Les facteurs analysés sont étroitement liés à la pauvretéet aux déficiences des indices de développementhumain ainsi qu’à l’échec dans l’accomplissement desObjectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD).D’autre part, il ne faut pas perdre de vue que l’égalitédes sexes constitue une condition fondamentale pour<strong>les</strong> processus de développement et de démocratisation.Favoriser le rôle économique des femmes en leurpermettant d’accéder aux opportunités économiqueset é<strong>du</strong>catives, en leur donnant l’autonomie nécessairepour profiter de ces opportunités serait un progrès permettantd’atteindre plusieurs des Objectifs <strong>du</strong> millénairepour le développement. Il ne s’agit pas seulement depromouvoir l’égalité des sexes mais aussi d’améliorerla santé maternelle, de ré<strong>du</strong>ire la mortalité infantile etd’avancer vers l’éradication de la pauvreté.Malgré ces considérations, <strong>les</strong> droits humains desfemmes argentines n’ont pas encore été considéréscomme un objectif de développement ; il n’existe encoreaucun programme intégral orienté vers la priseen compte de l’égalité des sexes. Pour que le Droit audéveloppement des peup<strong>les</strong> basé sur <strong>les</strong> principes de laCharte des Nations Unies et proclamé par la Déclarationde l’assemblée générale de 1986 sur le Droit au développementdevienne effectif, la société civile devra exigerla mise en œuvre d’actions politiques et de stratégiesurgentes garantissant des conditions de vie dignes etpermettant le développement personnel dans un cadrede développement <strong>du</strong>rable. n7 Créée en 2009 sous l’initiative <strong>du</strong> président <strong>du</strong> VenezuelaHugo Chávez, intégrée par l’Argentine, la Bolivie, le Brésil,l’Équateur, l’Uruguay et le Venezuela.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>63Argentine


ArménieÉgalité des sexes : l’Histoire doit être honoréeContrairement à d’autres parties <strong>du</strong> monde, <strong>les</strong> droits de la femme ont été concédés très tôt en Arménie.Avec l’avènement de la République moderne, ils ont à nouveau été consacrés et ont été élargis <strong>du</strong>rantl’ère soviétique. Cependant, la transition vers la démocratie et l’économie de marché ont détérioré lasituation des arméniennes qui souffrent aujourd’hui de discrimination dans tous <strong>les</strong> aspects de leurvie. Le Gouvernement n’a pas saisi l’ampleur <strong>du</strong> problème, et toute tentative pour se conformer à sesengagements internationaux en la matière a été faible et insuffisamment prise en charge.Center for the Development of Civil SocietySvetlana A. Aslanyan 1100En Arménie, contrairement à presque tous <strong>les</strong> pays,le souci de l’égalité des sexes est 56enraciné dans uneIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 94 IEG = 58Enfants atteignantla cinquième année86 d’écoleAutonomisationlongue histoire, ancienne et récente, et se reflète dans<strong>les</strong> législations adoptées dans différents contextes50politiques. Compte tenu de cette tradition, il ne devrait00pas être trop difficile pour l’Arménie de corriger7198991009897<strong>les</strong> inégalités existantes. Cependant, la situation des100 100 62100100 100100 100femmes s’est détériorée au cours des vingt dernières Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àannées. Les raisons en sont le manque de vision et personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationd’un engagement fort de la part de l’État, le manqueIEG of Argentina = 72qui que ce soit,BCIet laofmainArmeniad’œuvre= 94devra être rémunéréepour son travail, comme la législation arméniennel’exige » 3 .La première République d’Arménie (1918-1920), a été l’une des premières à concéder auxfemmes le droit de vote 100et à être élues. Aussi, 8 %des membres de son Parlement 95 étaient des femmeset le Dr Diana Abgar a été désignée ambassadrice <strong>du</strong>Japon, ce qui l’a transformée en la première femmede l’histoire à occuper ce poste, puisque la russeIEG of Armenia = 5810043de coordination entre <strong>les</strong> acteurs concernés et lefaible niveau de sensibilisation parmi la population.Il ne peut y avoir de développement <strong>du</strong>rablepour l’Arménie que si elle intègre dans sa politique<strong>les</strong> questions relatives à l’égalité des chances entrefemmes et hommes. La société 100 civile, soutenue parl’action de certaines institutions internationa<strong>les</strong>, plaidepour un changement de politique pour permettrede rétablir <strong>les</strong> femmes à la place qu’el<strong>les</strong> ont toujoursoccupée dans la société arménienne.d’infrastructure de soutien et <strong>du</strong> manque de technologiepour aider à rendre <strong>les</strong> tâches ménagèresmoins consommatrices de temps.Durant cette période, aucune femme n’a accédéà des postes hiérarchiques, ni au sein <strong>du</strong> Gouvernement,ni au Parlement. Bien qu’il eût été stipulé que<strong>les</strong> deux genres devaient être à égalité de salaire,<strong>les</strong> femmes ont été employées pour <strong>les</strong> tâches <strong>les</strong>moins rémunérées. L’idée que <strong>les</strong> femmes ont étéutilisées comme main d’œuvre bon marché par le83Alexandra Kollontai, habituellement reconnue commela première ambassadrice, a été nommée pléni-vieille chanson folklorique de l’époque qui disait :pouvoir soviétique se reflète dans le refrain d’uneUne tradition d’égalité 0 1100L’égalité des droits des femmes ont une 56 longue histoireen Arménie : <strong>les</strong> anciens codes et normes léga-Durant l’ère soviétique, l’État a garanti 9997potentiaire pour la Norvège seulement en 1923. « la femme laboure, la femme récolte et l’homme100l’enseignementcontrôle et dirige ». 4696100 100 70100<strong>les</strong> démontrent qu’auparavant, <strong>les</strong> femmes étaienttraitées de manière égalitaire dans la société concernantscolaire gratuit et obligatoire, l’enseigne-100 100ment universitaire et <strong>les</strong> services médicaux gratuits100 100Même si cette situation fût contemplée dans laConstitution postsoviétique de 1995, selon laquelle100<strong>les</strong> héritages, la propriété, etc. Ainsi, par exem-et accessib<strong>les</strong>, 24 jours de congés payés, et des <strong>les</strong> hommes et <strong>les</strong> femmes jouissaient des mêmesepublic = 65 ple, le code de Shahapivan (443 av. JC) disposait que congés payés pré BCI et of postnatal, Chile = etc. 98IEG of Chile = 62En 1920, le droit droits en politique, au travail et au sein de la famille,IEG of Central African Republic = 46« la femme a le droit de posséder une propriété dans à l’avortement a été légalisé et l’attention médicale et que dans la plupart des cas ces dispositions étaientle cas où son mari l’ait abandonné sans raison apparente». Il mentionnait également qu’« une femme ale droit d’amener un nouveau mari au foyer ».afférente à celui-ci à été garantie. Cependant, il fautsouligner que la législation sur l’avortement étaitfortement liée au rôle changeant de la femme dansconformes aux lois internationa<strong>les</strong>, ses principes nes’appliquent pas dans la vie quotidienne.Plus récemment, la transition vers la démocratieShahamir Shahamirian, un écrivain et philosophe<strong>du</strong> XVIII e siècle, auteur de la première Constitutrationsoviétique était d’intégrer <strong>les</strong> femmes aux tion de la situation des arméniennes dans la société,la société puisque l’objectif principal de l’adminis-et l’économie de marché ont provoqué une dégrada-100100100tion arménienne 2 , avait établi: « 73Chaque personne, forces de travail.81y compris leur situation économique. Aujourd’hui, lequ’elle soit arménienne ou pas, homme ou femme,pays ne dispose pas d’une politique nationale pournée en Arménie ou arrivée en Arménie depuis l’étranger,Discrimination : théorie et pratiquefaire face aux inégalités que <strong>les</strong> femmes doivent af-vivra dans l’égalité et exercera ses occupationsen toute liberté. Personne n’aura 0 le droit d ‘asservirEn dépit de ces progrès, <strong>les</strong> femmes en Arméniesoviétique devaient porter 0 un double fardeau etsouffraient de discrimination structurelle. El<strong>les</strong>10094 travaillaient à la fois au sein et à l’extérieur 92 de leurfronter dans leur vie quotidienne.Le Gouvernement n’a 0 11fait que de faib<strong>les</strong> tentativespour changer cette situation car il considère que831 Chercheuse principale, chef <strong>du</strong> Groupe de recherche dela problématique de l’égalité des sexes a été 79 résolue100 l’Institut 100 de linguistique 68 de l’Académie nationale des sciences 100d’Arménie. Une version de cet article a déjà été publiée par<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, Cuadernos Ocasiona<strong>les</strong> 06, La hora de laeconomía de género (mars 2010). Disponible sur : .BCI of Ghana = 77IEG of Ghana = 582 Ce fut le premier projet connu pour une démocratieconstitutionnelle.3 Shahamir Shahamirian, Vorogayt parats (Les pièges de lagloire), Madras, Inde, 1773, réédité à Tiflis en 1919, Article 3.100femmes sont victimes de discrimination dans tous<strong>les</strong> aspects de leur vie y compris la participation àla vie politique.Rapports nationaux 64 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010096


Les femmes qui se voient exclues des processuséconomiques et politiques, continuent avec leursrô<strong>les</strong> traditionnels dans la société et reçoivent deplein fouet l’impact pro<strong>du</strong>it par l’irréfléchie et hasardeusetransition d’une société totalitaire (avec uneplanification centralisée et une économie rigide) àune économie de marché basée sur la démocratie.Il n’existe aucun organe représentatif de lafemme, ni groupe parlementaire, ni de conseillers enquestions liées au genre en Arménie. De manière exceptionnelle,une vice-ministre a été nommée au ministèrede la Sécurité sociale en 2002 pour coordonner<strong>les</strong> activités destinées à aborder <strong>les</strong> questions dela femme. Cependant, elle a été rapidement évincéede son poste et une autre femme a été nommée à saplace puis remerciée à son tour. De nos jours, <strong>les</strong> problèmesde la femme sont traités par le Départementde la femme et de l’enfance créé en 1997 au sein <strong>du</strong>ministère de la Sécurité sociale, ainsi que dans laDivision <strong>du</strong> ministère de la Santé pour la protectionde la santé de la mère et de ses enfants.Cette absence d’entités efficaces pour traiter <strong>les</strong>questions de genre se reflète dans <strong>les</strong> rapports <strong>du</strong>pays à propos de ses engagements internationaux.L’Arménie a été l’un des 191 pays à avoir signé laDéclaration <strong>du</strong> Millénaire. Le respect et l’engagementpour l’égalité des sexes ainsi que l’autonomisationde la femme sont reconnus comme des Objectifs <strong>du</strong>millénaire pour le développement (OMD) : « Objectif3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisationde la femme. Éliminer <strong>les</strong> inégalités entre <strong>les</strong>sexes dans l’enseignement primaire et secondaire,de préférence pour 2005 et à tous <strong>les</strong> niveaux del’enseignement pour 2015 » .En 2005, l’Arménie a publié son premier rapportintermédiaire sur l’accomplissement des OMD. Ilétait clair que <strong>les</strong> politiques étaient étroitement adaptéesà la situation <strong>du</strong> pays, fixant des objectifs plussoup<strong>les</strong> que ceux accordés au niveau mondial.Ce rapport a été réalisé grâce au travail conjoint<strong>du</strong> Gouvernement, de la société civile, des organisationsinternationa<strong>les</strong> et des organisations des NationsUnies en Arménie.Le rôle de la société civileSuite à la Conférence de Pékin en septembre 1995,<strong>les</strong> organisations de femmes déjà présentes en Arméniesont devenues plus actives et de nouvel<strong>les</strong> sesont formées depuis. De plus, plusieurs organisationsinternationa<strong>les</strong>, dont le PNUD, Programme desNations Unies pour le développement et l’Organisationpour la sécurité et la coopération européenne,ont commencé des enquêtes sur l’équité de genre.Ces organisations, conjointement avec trois autresdonateurs internationaux, ont octroyé de nombreusesbourses à des ONG de femmes, permettant de <strong>les</strong>encourager et de <strong>les</strong> renforcer.Un des principaux objectifs de ces groupes a étél’autonomisation des femmes, qui constitue l’idéeunificatrice au-delà de la diversité des champs d’activitésspécifiques de chacun. Depuis le début, cesgroupes ont promu <strong>les</strong> droits civils des femmes ouse sont organisés pour aborder <strong>les</strong> problèmes sociauxqui <strong>les</strong> affectent. Ils ont déployé de gros effortsen faveur des droits de la femme, <strong>du</strong> leadership et<strong>du</strong> combat contre la violence de genre et de la traitedes femmes.Réussites et échecsLe Gouvernement a élaboré des plans et a créé desorganismes pour promouvoir l’équité de genre. Cependant,le manque de ressources financières, quia déterminé quelques erreurs d’implémentation, etle manque de conscientisation de la population ontempêché l’obtention des résultats atten<strong>du</strong>s.Dans le cadre de l’implémentation <strong>du</strong> Plan d’Actionde Pékin en 1997, le Premier ministre a émis undécret pour la création d’un Comité mettant en œuvre leProgramme de développement des politiques de genre1998-2000. Ce programme sur trois ans était destiné àaméliorer la situation de la femme mais il n’a jamais étémis en pratique par manque de financement. En 2000,le Conseil de la Femme, un organe consultatif volontairea été créé sous le mandat <strong>du</strong> Premier ministre. Ila été ensuite aboli par son successeur.La réussite la plus importante a été l’adoption<strong>du</strong> “Plan national d’action 2004-2010 de la Républiqued’Arménie pour améliorer la situation de laFemme et renforcer son rôle dans la société”. Ce plandéfinit <strong>les</strong> principes, priorités et objectifs clés de lapolitique publique pour s’attaquer aux sujets liés à lafemme. Il se base sur <strong>les</strong> dispositions pertinentes dela Constitution et il est orienté vers la mise en œuvrede la Convention des Nations Unies sur l’Éliminationde toute forme de violence à l’égard des femmes et<strong>les</strong> recommandations de la 4 ème Conférence de Pékin.Son mandat couvre également <strong>les</strong> documents <strong>du</strong>Comité directif <strong>du</strong> Conseil de l’europe pour l’égalitéentre femmes et hommes, <strong>les</strong> ODM et <strong>les</strong> compromisde la République arménienne avec d’autres instrumentsinternationaux.Le plan d’action comprend sept sections relativesà :• Garantir l’égalité des droits et opportunités entrefemmes et hommes pour la prise de décisionset dans la sphère politique et sociale.• Améliorer la condition sociale et économiquede la femme.• Améliorer le secteur é<strong>du</strong>catif.• Améliorer la santé de la femme.• Eliminer la violence à l’encontre des femmes.• Examiner le rôle des médias et des institutionsculturel<strong>les</strong> dans la présentation des rapportssur <strong>les</strong> sujets liés à la femme et la constructiond‘un modèle de la féminité• Réformer <strong>les</strong> institutions.Plusieurs brochures d’information ont été publiéesafin de clarifier certains de ces points. Une des brochurescontenait <strong>les</strong> conclusions et <strong>les</strong> recommandationsd’une étude sur la violence de genre, y comprisdes données statistiques ventilées par genre. Durantla dernière décennie, plusieurs organismes ont étécréés pour aborder des sujets sociaux, de santéet d’emploi, y compris l’Institut de l’ombudsmaninauguré en 2004. Toutefois, ils ont manqué d’unfinancement adéquat ou ils n’avaient pas le pouvoirde développer ou de soutenir des politiques efficacespour pouvoir surmonter <strong>les</strong> inégalités entre <strong>les</strong> sexeset établir des droits et des opportunités égaux pour<strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> hommes. D’autres obstac<strong>les</strong> sesont présentés en raison <strong>du</strong> manque de coordinationdes différents indivi<strong>du</strong>s et organismes impliqués. Lefaible niveau de sensibilisation <strong>du</strong> public face à cesquestions doit également être pris en compte.En 2006, le PNUD a publié une brochure surl’Égalité des sexes et un Bulletin électronique sur legenre et le changement (BEGC). La brochure avaitpour objectif de fournir une information généra<strong>les</strong>ur <strong>les</strong> sujets liés au genre, <strong>les</strong> cadres nationaux etinternationaux et <strong>les</strong> mécanismes de protection et depromotion des droits de la femme. Elle était destinéeaux décideurs <strong>du</strong> Gouvernement aux niveaux centralet local, aux organisations de la société civile, auxdéfenseurs des droits de la femme, aux chercheursainsi qu’à toute personne cherchant une informationbasique sur l’égalité des droits.Trafic de femmesDes femmes et des fil<strong>les</strong> sont victimes de la traite depersonnes vers <strong>les</strong> Émirats arabes et la Turquie pourêtre soumises à l’exploitation sexuelle commercialeet des arméniens, hommes ou femmes, sont envoyésen Russie aux travaux forcés 4 .En octobre 2002, une Commission sur la Traitedes femmes a été créée, à laquelle ont participé <strong>les</strong>représentants de tous <strong>les</strong> ministères et organismesintéressés ainsi que <strong>les</strong> ONG.La Commission a élaboré le concept de luttecontre la traite des personnes et a créé un Pland’action national pour la période 2004-2006 et unautre pour 2007-2009. Ces plans couvrent tous<strong>les</strong> aspects relatifs à la traite de personnes, telsque l’amélioration de la législation s’y afférant, larecherche et la portée de ces sujets, l’adoption demesures préventives, la diffusion de l’information etl’assistance aux victimes. Cependant, tout comme<strong>les</strong> autres organismes déjà mentionnés, la Commissionn’a pas compté avec l’autorité et le financementnécessaire pour mettre en place ces politiques demanière efficace. La Police Nationale a égalementétabli en juin 2005, un Département de lutte contre latraite des personnes.ConclusionsL’utilisation de la libération féminine comme outil depropagande politique <strong>du</strong>rant l’ère communiste a ététrès effective. De nos jours, il est habituel en Arméniede considérer que l’équité était instaurée depuis longtemps.C’est uniquement à partir de l’enseignementdes femmes à propos de l’importance de la démocratiequ’el<strong>les</strong> ont commencé à comprendre l’importancede l’activisme pour combattre la « discriminationocculte » et le manque de mécanismes pour mettre<strong>les</strong> lois en vigueur. Les académiques féministes et <strong>les</strong>activistes devraient s’unir pour orienter leurs actionsvers la situation des femmes arméniennes et établirune véritable équité de genre. n4 Voir, par exemple, Département d’État des États-Unis,Trafficking in Persons Report, Washington, DC, 2009. Deplus, selon des chiffres officiels, en 2009, 60 trafiquants depersonnes ont été officiellement identifiés, ce qui représentele double par rapport à l’année précédente.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>65Arménie


BAHREÏN100Beaucoup à faire026A l’exception 79 de l’Objectif <strong>du</strong> millénaire pour le développement907, relatif à 84 l’environnement, Bahreïn 81 est sur le6443point d’atteindre <strong>les</strong> Objectifs 100 <strong>du</strong> milénaire pour le développement 100 (OMD). Cependant, <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x restants incluentl’élimination des écarts importants de revenu qui génèrent une pauvreté relative, le développement d’une é<strong>du</strong>cationbasée sur la technologie, l’adoption de lois visant à promouvoir l’autonomisation des femmes et l’information sur <strong>les</strong>IEG of Zambia = 56 BCI of Tanzania = 75IEG of Tanzania = 72maladies sexuellement transmissib<strong>les</strong> universel<strong>les</strong>. En ce qui concerne l’environnement, des politiques sont nécessairespour prévenir l’assèchement des sources d’eau souterraine et pour enrayer la destruction de la biodiversité.85100 100 100100 10010009310005110074<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> BahreïnAb<strong>du</strong>lnabi Alekry100Le rapport sur l’évolution (2004-2007) des OMD den/dBahreïn, préparé par un groupe d’experts <strong>du</strong> Gouvernement,des intellectuels et des Organisationsde la société civile (OSC) ainsi que le PNUD, a indiquéque Bahreïn n/d a réalisé avec succès, et même0n/ddépassé, <strong>les</strong> objectifs des OMD 1 . Cependant, uneanalyse plus critique révèle plusieurs insuffisancesdans la compréhension et l’application des OMDdans <strong>les</strong> stratégies officiel<strong>les</strong>. Un rapport parallèledes OSC – qui lie <strong>les</strong> objectifs au financement <strong>du</strong>développement – pourrait contribuer à évaluer <strong>les</strong>progrès de manière plus objective.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 95 98IEG = 46Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleAutonomisation100 100 100100 100100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiquean = 0Plusieurs zones franches ont ouvert leurs portes pour souhaitant créer leur propre affaire à travers Developmentstimuler l’installation d’entreprises manufacturières.Bank ; inciter <strong>les</strong> banques privées à financer <strong>les</strong>Vision 2030De plus, grâce à des politiques de privatisation, <strong>les</strong> petites et moyennes entreprises avec des garantiessecteurs impliqués dans le développement comme <strong>du</strong> Gouvernement ; et de nouvel<strong>les</strong> installations pourLa stratégie économique Vision 2030 de Bahreïn, quicomprend l’économie nationale, 100 le Gouvernement etla société, souligne ce qui suit 2 :« La croissance économique sera impulsée parune plus grande pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> 54 secteur privé et par<strong>les</strong> ports, la pro<strong>du</strong>ction d’électricité, <strong>les</strong> logementspublics, la santé, l’é<strong>du</strong>cation 100 et <strong>les</strong> services municipaux,ont été ouverts aux investisseurs 83 privés. Onespère que cela pro<strong>du</strong>ira de nouvel<strong>les</strong> ressourcesfinancières et matériel<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> OMD.des incubateurs de petites entreprises.La participation <strong>du</strong> 100 secteur privé et <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong>sources de financement ont aidé à la création d’emploiset à la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> chômage de 16 % en 2002à 3,7 % en février 2009 3 , selon le ministre <strong>du</strong> Travail,l’utilisation d’employés bahreïnis de la part des entreprisesapportant une grande valeur ajoutée ». OMD : réussites et en<strong>jeu</strong>xà la création d’un Système d’allocation 23 chômage :Majeed Al Alawi. Cette ré<strong>du</strong>ction s’est <strong>du</strong>e également000Le Gouvernement abandonnera peu à peu la<strong>les</strong> citoyens peuvent s’inscrire comme chercheursOMD 1 – Éradiquer l’extrême pauvreté et la faim.fourniture des services et se consacrera à la création83 d’emplois pour recevoir une assistance financière99et l’application de politiques prospectives sur 96973794des Pour Bahreïn, cela signifie éradiquer la pauvreté relative.<strong>du</strong>rant six mois, pendant <strong>les</strong>quels le ministère <strong>les</strong>83100 100sujets tels que <strong>les</strong> 74100finances et l’économie, <strong>les</strong> soinsde santé, l’é<strong>du</strong>cation, l’environnement, la sécurité etLe Gouvernement a amélioré ses mesures à100 100long terme pour créer un filet de sécurité pour <strong>les</strong>100 100aide à chercher un emploi ou à recevoir une formation.De plus, le salaire moyen des <strong>jeu</strong>nes employés100= 100la justice sociale.famil<strong>les</strong> dans le besoin, comprenant des allocations a augmenté bien qu’il existe encore de nombreuxIEG of Canada = 74En 2030 la société bahreïnie sera une méritocratiepour ceux qui BCI se trouvent of Guatemala au dessous = 87 IEG of Guatemala = 51d‘un certain bahreïnis avec de faib<strong>les</strong> revenus, aussi bien dans lebasée sur le travail et le talent. Tout le mondedisposera des services de base sans distinction decompétences et il y existera une égalité des chancespour tous <strong>les</strong> bahreïnis.niveau de revenus, des logements subventionnéset des tarifs publics ré<strong>du</strong>its grâce à la Family Bank.La Royal Charity s’occupe des orphelins alors que leministère <strong>du</strong> Développement social prend en chargesecteur public que dans le privé. Il a également étéétabli un fonds mixte, public et privé, pour octroyerdes subventions aux OCS afin de mettre en pratiquedes projets de développement.Vision 2030 reconnaît <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x que le monde <strong>les</strong> handicapés.100100100compétitif et globalisé d’aujourd’hui représente pour Un des principaux objectifs de Vision 2030 OMD 2 – Parvenir à la scolarisation primaire86l’économie. Bahreïn est un pays très bien classé en est de développer l’économie <strong>du</strong>rable basée sur <strong>les</strong> universelle.termes de capacité pour attirer <strong>les</strong> investissementsétrangers et spécialement pour le développementimmobilier, <strong>les</strong> banques, <strong>les</strong> finances et <strong>les</strong> services.connaissances et la valeur ajoutée, impulsée par <strong>les</strong>ecteur privé pour créer <strong>du</strong> travail gratifiant. Plusieurschercheurs d’emploi bahreïnis ne sont pasBahreïn a atteint cet objectif depuis longtemps.Maintenant l’objectif reste à offrir l’enseignementle plus créatif, diversifié et basé 21sur la technologie. Il0 6qualifiés ou se refusent à accepter 0 certains emplois à existe des plans pilotes sur 0 <strong>les</strong> technologies de l’information99 qui s’appliquent ou s’appliqueront bientôt1 Ministère <strong>du</strong> Développement social et le PNUD, The cause de leur faible rémunération. Pour cela, le Gouvernementa mis en place une série d’initiatives 96298498Millennium Development Goals:3683Work in Progress: la dans <strong>les</strong> institutions primaires, intermédiaires et83100 100 100100 100100secondaires.1001002004–2007, 2007. Disponible sur : .création d’une Autorité pour le marché <strong>du</strong> travail quirègle le marché et contrôle <strong>les</strong> permis de travail, permettant= 92ainsi aux immigrants de changer de travail ;2 Bahrain Economic Development Board, From RegionalPioneer to Global IEG Contender: of Lebanon Economic Vision = 47 2030.3 Habib Toumi, “Bahrain’s unemployment rate down to 3.7 pertaxer l’emploi des BCI travailleurs of Morocco immigrés = 88 ; constituerIEG of Morocco = 45Disponible sur: .d’emplois et un soutien aux <strong>jeu</strong>nes entrepreneurs08899349888100BCI of Bahrain = 95 IEG of Bahrain = 4610006É<strong>du</strong>cationRapports nationaux 66 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>10010094100


OMD 3 – Promouvoir l‘égalité des sexes etl’autonomisation de la femme.Depuis la Constitution Nationale de 2001, qui établitdes droits politiques égaux pour hommes et femmes,l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmessont abordées de manière plus positive. Le Conseilsuprême des femmes, établi en 2002, a été le principalfacilitateur de l’autonomisation des femmes danstous <strong>les</strong> domaines. Un des indicateurs clés de ceschangements est l’augmentation de la proportionfemme/homme dans l’enseignement tertiaire (2,46)où 70 % des étudiants sont des femmes 4 .En ce qui concerne la dimension économique, laparticipation féminine aux forces de travail en 2008était de 35 % en comparaison au 86 % de la participationmasculine 5 . Le nombre de femmes ayant unelicence commerciale ou se consacrant au commercea augmenté considérablement 6 . Les femmes ont ledroit aux allocations familia<strong>les</strong> comme <strong>les</strong> hommes.Mais le nombre de femmes occupant des postes àresponsabilité tant au niveau privé que public resteproportionnellement très faible par rapport à leurformation.Depuis 2002, <strong>les</strong> femmes participent plusactivement à la politique. El<strong>les</strong> ont réussi à devenirministres et membres <strong>du</strong> conseil législatif et <strong>les</strong>nouvel<strong>les</strong> organisations politiques ont des femmesà leurs postes dirigeants. Il faut adopter un systèmede quota pour favoriser l’intégration des femmesaux listes de candidats, au Parlement, aux conseilsconsultatifs et municipaux, au leadership des organisationspolitiques et des OSC. Les femmes devraientêtre représentées à tous <strong>les</strong> niveaux <strong>du</strong> Gouvernement,en commençant par le Conseil des ministres.Cependant, l’État et la société sont dominés par laculture et <strong>les</strong> habitudes machistes et Bahreïn n’a pasencore adopté une stratégie intégrale pour garantirl’égalité entre femmes et hommes.OMD 4 – Ré<strong>du</strong>ire la mortalité infantile.Bahreïn a réussi à remplir <strong>les</strong> conditions des troisindicateurs : ré<strong>du</strong>ire la mortalité des enfants demoins de cinq ans, ré<strong>du</strong>ire la mortalité infantile etvacciner <strong>les</strong> moins d’un an contre la rougeole. En2008 le taux de mortalité parmi <strong>les</strong> moins de cinqans était de 12 sur 1000 enfants nés vivants et le tauxde mortalité infantile était de 9 sur 1000 enfants nésvivants 7 , des valeurs similaires aux pays développés.La vaccination contre la rougeole couvre 100 % dela population. Aussi bien le ministère de la Santé que4 Ricardo Hausmann, Laura D. Tyson and Saadia Zahidi,The Global Gender Gap Report 2009 (Genève : Foruméconomique mondial, 2009). Disponible sur : . Cependant i<strong>les</strong>t important de noter qu’une des principa<strong>les</strong> raisons de laprésence majoritaire des femmes est <strong>du</strong>e au grand nombred’hommes qui se forment à l’étranger.5 Ibid.6 Par exemple, <strong>les</strong> chiffres divulgués par la Banque centralede Bahreïn (CBB) en 2007 ont montré une augmentation<strong>du</strong> nombre de femmes travaillant dans le secteur financier<strong>du</strong> pays. A ce moment-là , el<strong>les</strong> représentaient 36 % desbahreïnis employés dans le secteur et 25 % de la maind’œuvre (y compris <strong>les</strong> immigrants).7 UNICEF, “Bahrain statistics”. Disponible sur : .<strong>les</strong> institutions privées offrent des services completsde santé. Les OSC de professionnels médicaux remplissentaussi cette fonction.Les en<strong>jeu</strong>x dans ce domaine consistent à ré<strong>du</strong>iredavantage <strong>les</strong> taux de mortalité des moins decinq ans et des moins d’un an, améliorer le traitementdes maladies héréditaires en particulier <strong>les</strong>anémies falciformes, garantir la qualité et l’accès auxservices de santé privés, augmenter le nombre deprofessionnels de la santé qualifiés et améliorer lanutrition infantile.OMD 5 – Améliorer la santé maternelle.Le nombre de décès maternels enregistré entre 2000et 2006 n’a pas dépassé <strong>les</strong> 2 sur 1000 naissances.L’accès universel aux services de santé repro<strong>du</strong>ctivea été atteint : de façon gratuite pour <strong>les</strong> citoyens etpour un prix symbolique pour <strong>les</strong> immigrants. Tous<strong>les</strong> accouchements sont assistés par <strong>du</strong> personnelqualifié. Il est possible d’obtenir des contraceptifsgratuits dans <strong>les</strong> centres de santé publique et à unprix raisonnable dans toutes <strong>les</strong> pharmacies bien queleur usage soit limité en raison <strong>du</strong> manque d’informationou des préceptes religieux. Bien que le pourcentagede naissances chez <strong>les</strong> mères ado<strong>les</strong>centessoit très faible, il est en train d’augmenter à cause dela modernisation et des attitudes sexuel<strong>les</strong> plus libéra<strong>les</strong>.Dans l’avenir, il faudrait tenter d’améliorer <strong>les</strong>soins aux mères et aux bébés <strong>du</strong>rant la grossesse,l’accouchement et après l’accouchement.OMD 6 – Combattre le VIH/SIDA, lepaludisme et d’autres maladies.À Bahreïn il n’existe pratiquement pas de maladiesépidémiques et contagieuses. Il n’y a pas de paludismeet l’on recense seulement quelques cas de tuberculosechez <strong>les</strong> travailleurs immigrés. Cependantla lutte contre le SIDA est prioritaire et représente ungros en<strong>jeu</strong> pour plusieurs raisons. On considère toujoursqu’il est honteux d’être porteur <strong>du</strong> VIH et pourcette raison, ou bien par ignorance, beaucoup de personnescachent le fait d’avoir le VIH. Il est nécessairede prendre des mesures pour changer <strong>les</strong> attitudesdes gens par rapport au SIDA et l’isolement dontsouffrent <strong>les</strong> personnes infectées, développer desmécanismes pour détecter l’infection dans sa phaseinitiale et garantir une vie normale et un traitementaux personnes qui vivent avec le VIH et le SIDA.OMD 7 – Intégrer <strong>les</strong> principes <strong>du</strong>développement <strong>du</strong>rable dans <strong>les</strong> politiquesnationa<strong>les</strong>.Cela fait des décennies que le développement <strong>du</strong>rableconstitue une stratégie nationale et Vision 2030 <strong>les</strong>ouligne. Malheureusement, le développement rapide<strong>du</strong> pays s’est fait au détriment de l’environnement.La perte de biodiversité augmente. Par exemple, descomplexes en béton ont remplacés <strong>les</strong> palmeraies.Entre 1970 et 2009 plus de 90 kilomètres carrés ontété gagnés sur la mer aux dépens de baies, lacuneset plages. Cela a causé la destruction d’habitats naturelset l’extinction de nombreuses espèces marines.Depuis plus d’une dizaine d’années, l’accèsà l’eau potable et à l’assainissement de base a étégénéralisé. Le problème est que <strong>les</strong> sources d’eausouterraine ne sont pas renouvelab<strong>les</strong> et la qualitéde l’eau se dégrade. Des quantités de plus en plusimportantes d’eau dessalée–pro<strong>du</strong>ite grâce à l’électricité–sontnécessaires, ce qui signifie devoir brûlerdavantage de combustible fossile.La majorité des habitants des quartiers marginauxsont des travailleurs asiatiques non spécialiséset mal payés ; de nos jours, il n’y a aucun plan <strong>du</strong>Gouvernement pour leur construire des logementsdignes. Le problème <strong>du</strong> logement est en train de setransformer en crise en raison <strong>du</strong> manque de logementspublics et privés abordab<strong>les</strong> et en raison del’acquisition de terres <strong>du</strong> domaine de l’État par dehauts fonctionnaires.OMD 8 – Encourager une Alliance mondialepour le développement.Bahreïn est bien établi en tant que pays ouvert aucommerce, centre bancaire international et de servicesfinanciers. Grâce à une politique de portesouvertes, le pays a réussi à attirer l’investissementinternational. Les conséquences se tra<strong>du</strong>isent parune économie florissante, avec une croissance réelle<strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB) de 6,3 % en 2009 représentantenviron USD 38.400 per capita 8 . Bahreïnest membre de l’Organisation mondiale <strong>du</strong> commerce(OMC), <strong>du</strong> Conseil de coopération <strong>du</strong> Golfe(CCG) et <strong>du</strong> Marché commun arabe et a signé desTraités de libre commerce (TLC) avec <strong>les</strong> États-Unis,l’Association des nations d’Asie <strong>du</strong> Sud-Est (ASEAN)ainsi qu’avec d’autres pays.Cependant, <strong>les</strong> bahreïnis n’ont pas de voix dansces accords où <strong>les</strong> véritab<strong>les</strong> acteurs sont le Gouvernementet <strong>les</strong> entreprises. Il existe le sentiment généraliséque si l’on donne aux citoyens des pays quiont un TLC ou des accords similaires avec Bahreïn ledroit d’exercer leur profession ou de faire des affaires,cela aboutira à une concurrence déloyale.ConclusionAu vu de l’analyse de chaque objectif, des progrèssignificatifs vis-à-vis des OMD ont été faits mais ilsreste de nombreux en<strong>jeu</strong>x. Il est nécessaire de développer,en particulier, une législation et des mécanismespour combattre la discrimination envers <strong>les</strong>femmes, trouver des manières d’affronter la pénuriede ressources hydriques naturel<strong>les</strong>, aborder la crise<strong>du</strong> logement et améliorer la qualité de l’enseignementprimaire pour qu’il soit compatible avec <strong>les</strong>besoins toujours changeants et <strong>les</strong> progrès de latechnologie. Il faut également développer une stratégienationale pour offrir au public une informationprécise sur le SIDA et pour affronter <strong>les</strong> causes del’infection par le VIH. n8 Index Mundi, “Bahrain GDP – per capita”. Disponib<strong>les</strong>ur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>67Bahreïn


BangladeshFinancement des OMD : attentes et réalitéBien que cela soit l’un des pays <strong>les</strong> plus pauvres <strong>du</strong> monde, le Bangladesh a connu une croissance permanentede son économie et un certain succès pour ce qui est de la réalisation des Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppement (OMD). Cependant, l’inflation et le changement climatique deviennent des en<strong>jeu</strong>x de plus enplus importants en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté. Même si la pollution émise est faible, le pays est enmême temps une grande victime <strong>du</strong> réchauffement de la planète. Les pays donateurs devraient tenir compte descoûts supplémentaires d’adaptation et d’atténuation au moment de réaliser leurs évaluations en matière d’aide.Unnayan ShamannayDr. Akhter Hossain 1Malgré la lourde charge que représentent la pauvreté,la pression inflationniste, <strong>les</strong> catastrophes naturel<strong>les</strong>,l’instabilité politique et la crise financière mondiale, leBangladesh a atteint, grâce à sa constance, un tauxmoyen de 5,5 % de croissance de son Pro<strong>du</strong>it intérieurbrut (PIB) pendant <strong>les</strong> 10 dernières années 2 . Avec sa petiteéconomie et son budget limité en comparaison avecd’autres pays, il a atteint des succès remarquab<strong>les</strong> quantau financement et à la réussite des Objectifs <strong>du</strong> millénairepour le développement (OMD). Le pays a pourtant unlong chemin à parcourir 3 . Le moment est propice pourque le Gouvernement et <strong>les</strong> organisations de la sociétécivile, <strong>les</strong> Organisations non gouvernementa<strong>les</strong> (ONG)nationa<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong> et <strong>les</strong> organismes donateursréexaminent le financement et le développement lié auxOMD pour atteindre un succès 100 <strong>du</strong>rable à long terme.3 Gouvernement <strong>du</strong> Bangladesh, Millennium Development GoalsNeeds Assessment and Costing 2009–2015: Bangladesh (LesOMD exigent une évaluation et le calcul des coûts) Disponib<strong>les</strong>ur : .4 Bureau des statistiques <strong>du</strong> Bangladesh, Rapport sur l’Enquête2009 de surveillance <strong>du</strong> bien-être. Disponible en anglais sur :.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 61 IEG = 5371 Enfants atteignantla cinquième annéed’école100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ansActivité économiqueAutonomisation8653100 100Les raresBCIincitationsof Bangladeshpour aller à=l’école,61associées inefficace coordination entre cel<strong>les</strong>-ci et le Gouvernementà l’extrême pauvreté contribuent à une présence insuffisantea empêché d’atteindre <strong>les</strong> résultats souhaités.et à un taux d’abandon scolaire élevé car <strong>les</strong> enfants D’autres en<strong>jeu</strong>x importants sont l’inflation (no-doivent travailler pour gagner leur vie. Les dernières statistiquestamment pour <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its alimentaires), <strong>les</strong> très faib<strong>les</strong>indiquent que 47 % des écoliers n’achèvent pas recettes fisca<strong>les</strong>, la corruption et le manque de coorditammentleurs études primaires 5 . Le 100taux de malnutrition infantile nation dans <strong>les</strong> projets de développement, le chômage,95100est un des plus élevés <strong>du</strong> monde et il est plus grave que l’inégalité des revenus, l’urbanisation non planifiée, leProgrès et en<strong>jeu</strong>x dans le respect des OMD dans la plupart des pays en voie de développement y manque de compétences dans le secteur agricole, leSimultanément à l’attribution de plusieurs 56 allocationsbudgétaires afin d’atteindre <strong>les</strong> OMD, le pays a connuune terrible pression sur certains secteurs : la ré<strong>du</strong>ction0de la pauvreté en zones urbaines et rura<strong>les</strong>, l’emploi,compris ceux de l’Afrique subsaharienne. Un bébé surtrois naît avec un poids insuffisant et 48 % des enfantsde moins de cinq ans présentent un retard dans leur0croissance. La moitié des enfants de moins de cinq anschangement climatique et <strong>les</strong> catastrophes 56 naturel<strong>les</strong>,le besoin de subventionner <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its alimentaires etl’énergie, le flux descendant de l’Investissement direct0étranger (IDE) et la récente crise financière mondiale. Il98l’é<strong>du</strong>cation, la santé et l’environnement.souffre de malnutrition 6 .faudrait surmonter ces obstac<strong>les</strong> à travers un financementaccru des programmes pour atteindre <strong>les</strong> OMD,991009999Le Gouvernement a obtenu un succès remarquable Malgré une augmentation très lente <strong>du</strong> nombre de100 100 70100quant à l’éradication de la pauvreté et de la faim tout aulong des 20 dernières années, mais le rapport entre la100 100sages-femmes, le taux de mortalité maternelle au Bangladeshs’est ré<strong>du</strong>it à plus de la moitié entre 1990 et 2008,100 71100une prise de nouvel<strong>les</strong> mesures efficaces et une surveillanceefficiente. Étant donné que <strong>les</strong> ressources <strong>du</strong>pauvreté et <strong>les</strong> gens souffrant de la faim est toujours de 724 à 338 décès pour 100.000 enfants nés vivants 7 . Gouvernement sont insuffisantes, celui-ci doit essayerIEG of Colombia = 75très élevé. D’autre part, à l’heure actuelle il existe une Cependant, Il reste BCI encore of Croatia beaucoup = 98IEG of Croatia = 75d’en<strong>jeu</strong>x à relever : d’obtenir de l’aide extérieure.stagnation de la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté <strong>du</strong>e à la pression seulement 15 % des naissances ont eu lieu dans un centreinflationniste sur <strong>les</strong> prix des pro<strong>du</strong>its de base et le choc de santé en 2007, ce qui signifie que 85 % des bébés sont Coût estimé de la réussite des OMDrécent provoqué par <strong>les</strong> catastrophes naturel<strong>les</strong> : 41,2 %de la population vit en dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté –nés à la maison 8 . Les résultats négatifs dans <strong>les</strong> secteursde l’é<strong>du</strong>cation et de la santé proviennent d’un financementIl a été estimé que l’atteinte des OMD dans le mondepour 2015 exigerait environ USD 100 à 120 milliards31,9 % dans la pauvreté et 9,3 % dans l’extrême pauvreté public inadéquat. Bien que quelques ONG travaillent dans par an, moins de 0,5 % <strong>du</strong> PIB mondial 9 . Dans un rapportrécent <strong>du</strong> Gouvernement, la Division générale de100100– et 34,1 % se trouve en situation d’extrême vulnérabilité <strong>les</strong> secteurs de l’é<strong>du</strong>cation et la94santé, l’insuffisante etet risque de tomber en dessous <strong>du</strong> seuil 4 .l’économie de la commission de planification a estiméle coût annuel pour atteindre <strong>les</strong> OMD au Bangladesh à5 IRIN, “Bangladesh : le taux d’abandon de l’école s’élève à1 M. Akhter Hossain est chercheur à l’Unnayan Samannay.47 %”, 4 novembre 2007. Disponible en anglais sur : .0Bangladesh 2002–2006. Disponible sur : .des foyers sont toujours <strong>les</strong> principaux soucis aubesoin de USD 7,5 milliards d’aide annuelle, quatre fois18095É<strong>du</strong>cationBangladesh”, 10099communiqué de presse, le 29 mars 2009.96Disponible 100 en anglais sur : .Millénaire : Une note thématique, préparé pour un Séminaire7 IRIN, “Bangladesh : L’é<strong>du</strong>cation des petites fil<strong>les</strong> ré<strong>du</strong>it leinternational intitulé “Continuer à être pauvre : pauvreté chroniquetaux de mortalité maternelle”, le 11 juin 2010. Disponible en et politique <strong>du</strong> développement”, Manchester, Royaume Uni, <strong>du</strong>anglais sur : .8 Ibid.10 Gouvernement <strong>du</strong> Bangladesh, op.cit.100019IEG of Bangladesh = 531001007Rapports nationaux 68 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


le montant que le pays reçoit actuellement (une moyenneannuelle de USD 1,5 milliard) 11 .Le Gouvernement a également indiqué l’investissementmoyen annuel nécessaire dans plusieurs domaines: développement agricole et rural, y compris la créationde l’emploi et de l’infrastructure routière (USD 4,83milliards), l’é<strong>du</strong>cation, y compris l’é<strong>du</strong>cation précoce,primaire, secondaire et non formelle (USD 2,27 milliards),l’égalité des sexes (USD 590.000 ), le système desanté, y compris l’infrastructure de santé et des ressourceshumaines (USD 1,63 milliards), la santé des enfantsà l’exclusion des systèmes de santé (USD 670.000), lasanté maternelle, à l’exclusion des systèmes de santé(USD 260.000), le VIH – sida, la malaria et la tuberculose(USD 480.000), l’environnement (USD 260.000),l’énergie (USD 1,88 milliard) et l’eau et l’assainissement(USD 2,02 millards) 12 .Le remboursement de la dette entrave laréalisation des ODMPendant la première décennie après l’indépendance <strong>du</strong>Pakistan en 1971, le Bangladesh a été fortement tributairede l’Aide extérieure pour le développement (AED),plus spécialement pour l’aide alimentaire. Bien que cettedépendance se soit ré<strong>du</strong>ite au fil <strong>du</strong> temps, son impactpersiste. Le remboursement de la dette est l’un desproblèmes économiques cruciaux auxquels le pays estconfronté. Les données montrent qu’en 2009 la detteextérieure en suspens <strong>du</strong> Bangladesh s’est montée àUSD 20,2 millions et le service annuel de la dette s’estsitué autour de USD 1,4 million, l’équivalent de 14 %des recettes d’exportation 13 . Pour chaque dollar d’aideétrangère non remboursable reçue, le Gouvernementdoit payer USD 1,5 en tant que service de la dette auxcréanciers étrangers. Cet argent ne s’investit pas dans <strong>les</strong>exigences budgétaires des OMD. Entre-temps, le budgetde la santé a atteint une moyenne annuelle d’environUSD 500 – 700 millions pendant <strong>les</strong> dernières années.Les objectifs d’allègement de la dette sont baséssur des indicateurs arbitraires (ratio dette – exportations)plutôt que sur <strong>les</strong> besoins définis dans <strong>les</strong> OMD, raisonpour laquelle le Bangladesh n’est pas éligible pour l’Initiativepour <strong>les</strong> Pays pauvres très endettés (HIPC selon <strong>les</strong>igle en anglais) ni pour l’Initiative pour l’Allègement dela dette multilatérale. Selon des estimations de la Banquemondiale et <strong>du</strong> FMI, le ratio dette-exportation <strong>du</strong> Bangladeshest de 146 %, par-dessous le seuil officiel minimalde 150 %. Comme M. Debapriya Bhattachrya, Directeurexécutif <strong>du</strong> Centre pour le dialogue politique (CDP) l’asignalé, « Le Bangladesh a régulièrement payé ses dettes,a fait croître <strong>les</strong> exportations et maintenant il est punipour son succès 14 ». Puisque le rythme pour atteindre <strong>les</strong>11 ONU Projet Millénaire, Investir en développement : Planpratique pour atteindre <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> développement<strong>du</strong>millénaire, 2005. Disponible en anglais sur : .12 Gouvernement <strong>du</strong> Bangladesh, op.cit13 Ahmed Sadek Yousuf and Mohiuddin Alamgir, “Aideextérieure : aide ou tomber dans le piège de la dette”, TheDaily New Age, XTRA, <strong>du</strong> 15 au 21 mai 2009. Disponible enanglais sur : .14 Campagne de dette <strong>du</strong> Jubilé, Royaume Uni, “InformationPays : le Bangladesh”. Voir : .ODM dépend en grande partie <strong>du</strong> financement, <strong>les</strong> paysdéveloppés devraient approuver l’annulation de la dette<strong>du</strong> pays de manière totale ou tout au moins partielle.S’occuper <strong>du</strong> financement climatiqueLe Groupe intergouvernemental d’experts sur le changementclimatique (IPCC selon le sigle en anglais) prévoitque <strong>les</strong> températures mondia<strong>les</strong> auront augmenté de1,8ºC à 4,0ºC d’ici la dernière décennie <strong>du</strong> XXIe siècle. Lesimpacts <strong>du</strong> réchauffement de la planète sur le climat neseront cependant pas <strong>les</strong> mêmes dans chaque région <strong>du</strong>monde. Le Bangladesh est largement reconnu commel’un des pays <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong> quant au climat. Lesfréquentes catastrophes naturel<strong>les</strong> causent déjà des pertesde vies humaines, des dommages aux infrastructureset aux biens économiques et ils ont des impacts défavorab<strong>les</strong>sur la vie et <strong>les</strong> moyens de subsistance notammentparmi <strong>les</strong> pauvres.Le changement climatique mettra inexorablementà l’épreuve la capacité <strong>du</strong> Bangladesh pour atteindreune plus grande croissance économique et éradiquer lapauvreté au rythme atten<strong>du</strong>. Des cyclones tropicaux chaquefois plus fréquents et incléments, des précipitationsplus abondantes et irrégulières, de plus grandes cruesdes débits des rivières, de l’érosion des côtes, une augmentationde la sédimentation, des fontes de glaciers del’Himalaya, une élévation <strong>du</strong> niveau de la mer et un climatplus chaud et humide, entre autres phénomènes, sontprévus pour <strong>les</strong> prochaines années. Ces changementsentraîneront une ré<strong>du</strong>ction de la pro<strong>du</strong>ction agricole,l’augmentation de la salinité dans la bande côtière, unepénurie d’eau potable et de graves sécheresses.Dans le pire des cas, à moins de renforcer <strong>les</strong> diguescôtières et d’en construire de nouvel<strong>les</strong>, l’élévation <strong>du</strong>niveau de la mer pourrait provoquer le déplacement demillions de personnes – « des réfugiés environnementaux»– des régions côtières, ce qui pro<strong>du</strong>irait un énormeimpact négatif sur <strong>les</strong> moyens de subsistance et la santéà long terme d’une grande partie de la population. Il estindispensable que le Bangladesh se prépare pour ceten<strong>jeu</strong> et défende son bien-être économique à venir et <strong>les</strong>moyens de subsistance de ses habitants.Une étude récente en Inde a signalé que <strong>les</strong> cultivateurséprouveraient une perte d’environ 9 % de leursrevenus annuels sur leurs cultures en raison <strong>du</strong> changementclimatique 15 . Comme il s’agit d’un petit payspar rapport à l’Inde, et qu’il a une population totalementtributaire de l’agriculture, le Bangladesh risque de subirune plus grande perte de revenus sur son agricultureen raison <strong>du</strong> changement climatique. Les 30 dernièresannées le Gouvernement a investi plus de USD 10 milliardspour renforcer la résistance <strong>du</strong> pays au climat et lerendre moins vulnérable aux catastrophes naturel<strong>les</strong> 16 .L’estimation de dommages à la propriété est montée àUSD 7,4 milliards de 1984 à 2007, tandis que lors des15 Kavi Kumar, “Sensibilité climatique de l’agriculture en Inde :<strong>les</strong> effets spatiaux importent-ils ?” SANDEE Brouillon detravail, novembre 2009. Disponible en anglais sur : .16 Ministère de l’Environnement et des forêts, Bangladesh,Stratégie et Plan d’Action 2009 pour le changementclimatique, Gouvernement de la République populaire <strong>du</strong>Bangladesh, septembre 2009. Disponible en anglais sur :.cyclones tropicaux de 1970 et 1991 on a estimé que500.000 et 140.000 personnes sont mortes respectivement.Le Gouvernement a récemment établi le Fonds<strong>du</strong> Bangladesh pour la résilience au changement climatique(BCCRF d’après le sigle en anglais), ayant unecapitalisation initiale de USD 110 millions et un Fonds enfidéicommis de donateurs multip<strong>les</strong> pour le changementclimatique de USD 150 millions avec l’appui <strong>du</strong> RoyaumeUni, de la Suède, <strong>du</strong> Danemark et de l’Union Européenne.Ces fonds seront utilisés seulement à des fins concernantle changement climatique et ils devraient donnerlieu à une meilleure analyse des impacts climatiques sur<strong>les</strong> secteurs traditionnel (l’agriculture) et non traditionnel(<strong>les</strong> télécommunications). L’inconvénient actuel estqu’on n’a pas encore décidé quelle institution ou quelministère sera en charge de ces fonds.Le financement pour le changement climatique estun énorme en<strong>jeu</strong> pour le Bangladesh en raison de safaible base économique. Depuis que le Gouvernementa établi le BCCRF, il a dû sacrifier la même quantité d’investissementsdans d’autres secteurs importants telsque la santé, l’assainissement, l’é<strong>du</strong>cation et la pauvreté.Le ministère de l’Environnement et des forêts évalueactuellement le coût de l’implémentation <strong>du</strong> Plan d’actionde dix ans (2009 – 2018) en travaillant en accordavec <strong>les</strong> ministères correspondants. On estime qu’unprogramme de USD 500 millions devrait être lancé dans<strong>les</strong> deux premières années pour des actions immédiatestel<strong>les</strong> que le renforcement des gestions des catastrophes,la recherche et la gestion des connaissances,la construction des capacités et des programmes desensibilisation <strong>du</strong> public, ainsi que des investissementsurgents tels que des abris pour se protéger des cycloneset des programmes sélectionnés de drainage. Le coûttotal des programmes commençant <strong>les</strong> cinq premièresannées pourrait arriver à USD 5 milliards.Avancer vers l’avenirÉtant donné que le Bangladesh est l’une des principa<strong>les</strong>victimes <strong>du</strong> réchauffement de la planète, il a besoin d’ungrand investissement d’aide pour <strong>les</strong> mesures d’atténuationde l’incidence croissante des catastrophes naturel<strong>les</strong>.La contribution <strong>du</strong> pays à l’émission de gaz à effetde serre (GEI) est minuscule : moins d’un cinquième <strong>du</strong>1 % <strong>du</strong> total mondial, ce qui révèle sa très faible consommationd’énergie. Ce sont <strong>les</strong> pays responsab<strong>les</strong> desplus grands taux d’émissions qui doivent financer <strong>les</strong>stratégies d’adaptation et d’atténuation <strong>du</strong> changementclimatique.Les organisations de la société civile, <strong>les</strong> ONGnationa<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong> et de divers organismesdonateurs devraient en même temps coordonner unmouvement pour la restructuration des instruments financiers<strong>du</strong> FMI et de la Banque mondiale et rassemblertous <strong>les</strong> acteurs avec un même objectif, de manière àaccélérer la réalisation des OMD au Bangladesh et dansle monde entier. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>69Bangladesh


BéNiNSans aide, pas de développementLes difficultés de développement se sont aggravées en raison de la crise financière internationale.L’impact sur <strong>les</strong> pays donateurs a déterminé une diminution <strong>du</strong> volume de l’aide publique et desinvestissements directs, et a donné lieu à des retraits massifs de capitaux de la part des investisseursétrangers. Le pays doit prendre des mesures pour contrôler <strong>les</strong> mouvements de capitaux et promouvoir<strong>les</strong> investissements étrangers à son avantage. Le respect des droits humains est un impératif <strong>du</strong>développement et doit devenir une fin en soi.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Bénin100Les organisations de la société civile qui composent<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> (SW) Bénin et <strong>les</strong> autorités <strong>du</strong> Gouvernement1 sont radicalement opposés à un systèmeIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 8593 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 42Autonomisationéconomique et financier prédateur et inégal. On estimeque <strong>les</strong> perturbations des 19 marchés financiers180internationaux exigent une surveillance plus efficace00au niveau mondial et l’application de mesures préventivespour protéger 53l’économie mondiale.5554958688100 100 100100 74100100 100100Le Fonds monétaire international (FMI), qui garantitAccouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àla surveillance de la stabilité de l’échange de personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationdevises, a fonctionné de façon non équitable et auIEG of Bangladesh = 53détriment des économies <strong>les</strong> plus pauvres. Comme pour affronterBCI<strong>les</strong> causesof Beninresponsab<strong>les</strong>= 85IEG of Benin = 42de la crise mouvements de capitaux) afin de pouvoir tirer profittant d’autres pays africains, le Bénin a beaucoup financière. SW Bénin exige l’humanisation de l’architecturedes investissements étrangers.financière internationale et une plus strictesouffert <strong>du</strong> dysfonctionnement de cette institutionfinancière. Le rééquilibrage des voix et <strong>du</strong> pouvoir supervision citoyenne des institutions financières L’impact de la dette extérieurede décision des pays <strong>les</strong> plus pauvres contribuera à internationa<strong>les</strong>.Bien que la dette extérieure <strong>du</strong> pays soit bien enatténuer l’inégalité qui caractérise 100 le fonctionnementdessous de la norme dans l’Union économique etdes institutions de Bretton Woods et permettra désormaisLe financement pour le développement monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), « le ni-de sanctionner <strong>les</strong> pays qui provoquent <strong>les</strong> En 2009 et 2010, la crise financière mondiale a diveaud’endettement reste un fardeau qui empêche ledéséquilibres et <strong>les</strong> crises. 56minué <strong>les</strong> remises de fonds et <strong>les</strong> Investissements développement de l’économie nationale » 4 . La detteLe principe « un dollar, un vote » pour la prise directs étrangers (IDE) au Bénin. Aujourd’hui, « le extérieure est passée de USD 539 millions en 2006de décision au sein de la Banque mondiale et <strong>du</strong> FMI, poids des investissements directs étrangers reste à USD 846 millions en 2008. Cette situation est aggravéeest antidémocratique 2 0. Les citoyens <strong>du</strong> Bénin recommandentfaible. Les IDE, qui maintiennent une évolution irré-par l’augmentation de la dette intérieure, qui99 fermement que la communauté internatiogulièreau cours de ces dernières années, ont seule-était d’environ USD 7 millions en 2005 et de USD 60899nale opte pour une norme plus démocratique basée ment permis de mobiliser, en moyenne, environ 30 millions en 2008. Le service de la dette publique a100100 100 71100sur la formule « un pays, une voix » permettant ainsi milliards de francs CFA (USD 60 millions) par an qui atteint USD 91 millions en 2008 5 .100à la société civile de s’engager activement.ont profité principalement à l’in<strong>du</strong>strie. À court et La baisse de la dette extérieure en 2006 est principalement<strong>du</strong>e à des remises de dettes qui ont eu lieuLe scepticisme de SW Benin concernant <strong>les</strong> moyen termes, <strong>les</strong> effets de la crise dans ce domaineIEG of Croatia = 75recommandations et <strong>les</strong> engagements (minimaux) n’affecteront que faiblement la population » 3 . dans le cadre de l’Initiative pour <strong>les</strong> Pays pauvres trèsassumés lors <strong>du</strong> sommet <strong>du</strong> G-20 à Pittsburgh relatifsD’autre part, déjà avant la crise, <strong>les</strong> IDE n’ont endettés (IPPTE) et de l’Initiative pour l’allégementà la réforme de l’architecture financière mondiale pas bénéficié à l’économie béninoise en raison de de la dette multilatérale (IADM). En effet, l’IADM aen septembre 2009 est dû au manque de courage retraits massifs et systématiques des capitaux et des permis au Bénin d’obtenir un allégement de sa dettegains réalisés par certains investisseurs étrangers multilatérale d’environ USD 1,1 milliard, étalé sur1 « Les perturbations des marchés financiers et bancaires qui ont envoyé ces fonds à leur société mère ou à une période de 50 ans à partir de 2006.100100100in<strong>du</strong>isent en effet des conséquences économiques qui leurs pays d’origine. Il y a des investisseurs qui ne Les ressources IPPTE ont été destinées à quatreanéantiront <strong>les</strong> efforts de développement des pays pauvres.78déposent ni dans la Banque centrale ni dans <strong>les</strong> banquesloca<strong>les</strong>. Par ailleurs, il existe des exonérations l’é<strong>du</strong>cation et la solution <strong>du</strong> problème de l’isolementsecteurs prioritaires : la santé, l’accès à l’eau potable,Leur marge de manœuvre en matière de gestion de lapolitique économique pourrait se ré<strong>du</strong>ire, en raison de la45diminution atten<strong>du</strong>e des ressources pour le financement des qui élargissent <strong>les</strong> avantages d’exemption fiscale sur rural. Dans un rapport sur le profil social national,petites et moyennes entreprises, de la ré<strong>du</strong>ction des crédits <strong>les</strong> revenus des opérateurs économiques. Cela est édition 2005, appelée “La IPPME et la ré<strong>du</strong>ction deà l’économie, de la baisse probable 0 des cours des matières assez révélateur de la relation 0 trompeuse <strong>du</strong> Bénin la pauvreté”, l’Observatoire 0 <strong>du</strong> 8 changement socialpremières ainsi que de la ré<strong>du</strong>ction prévisible de l’aideavec <strong>les</strong> investisseurs étrangers car le pays ne reçoit souligne que la contribution des ressources de secoursest encore faible 37 par rapport aux besoins 78 de99publique au développement et des flux d’investissements79directs étrangers ». (extrait de la lettre <strong>du</strong> Président <strong>du</strong> 96 aucun bénéfice concret. Le Bénin doit adopter 93 des100 Bénin Boni 100 Yayi au Président 68 français Nicolas Sarkozy, 100 28100 47100100 100100mesures de restriction (par exemple, le contrôle desoctobre 2008). Disponible en français sur : .3 Commission nationale de gestion de l’impact de laet évaluation de l’action publique, Stratégie nationale2 Les États-Unis détiennent 17,35 % des voix, leur donnant crise financière et économique internationale sur lepour la réalisation des Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour leIEG of Hungary = 70 BCI of India = 73IEG of India = 41le droit de veto, car pour modifier la Charte <strong>du</strong> FMI et dedéveloppement économique et social <strong>du</strong> Bénin, “Impactdéveloppement, (2007), p. 35. Disponible en français sur :la Banque mondiale, 85 % des voix sont nécessaires. Ende la crise financière et économique mondiale sur le.revanche, 22 pays africains partagent 1,17 % des voix.développement économique et social de Bénin” (mai 2009). 5 Assemblée Nationale, “Loi des finances”, gestion 2010.100Rapports nationaux 70 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


financement des secteurs sociaux. Ces ressourcesreprésentent moins de 20 % <strong>du</strong> budget annuel desquatre secteurs prioritaires étudiés et seulement 2 %<strong>du</strong> budget général de l’État.L’aide étrangèreL’aide publique pour le développement que reçoit leBénin consiste essentiellement en un soutien budgétaire.Les pourcentages des ressources extérieuresmobilisées pour couvrir le déficit budgétaire de l’Étaten 2005, 2006, 2007 et 2008 représentent respectivement12 %, 13 %, 15 % et 16 % des recettespropres <strong>du</strong> pays 6 . En 2009 il a été impossible de mobiliser27 % de l’aide budgétaire prévu.La prévision de ressources extérieures est passéede USD 661 millions en 2009 à USD 507 millionsen 2010, une baisse <strong>du</strong>e principalement à la crise financièrequi touche la majorité des pays donateurs et<strong>les</strong> organismes de financement concernés ou au délairelativement long qui s’est écoulé jusqu’à l’entréeen vigueur des accords de financement. Les aidesbudgétaires estimées, qui consistent principalementen un soutien indirect <strong>du</strong> FMI au budget, ont subi uneforte baisse (57,5 %) en 2010 7 .D’autre part, jusqu’au 30 juin 2009, <strong>les</strong> ressourcesextérieures mobilisées avaient atteint USD 150millions pour une prévision annuelle de USD 645millions, c’est-à-dire, un taux de réalisation de seulement23,2 % à mi-chemin de la gestion 8 .Le Bénin peut-il financer son propredéveloppement ?Les en<strong>jeu</strong>x liés au développement <strong>du</strong> Bénin sontde telle envergure qu’il est impossible d’envisagerun processus autarcique : « la réalisation des OMDrisque d’in<strong>du</strong>ire une augmentation significative desdépenses publiques. Ainsi, au cours de la période2007-2015, <strong>les</strong> besoins <strong>du</strong> Bénin ont été estimésà USD 11,5 milliards. Pour la réalisation des OMD,sur <strong>les</strong> USD 758 millions nécessaires en 2007, <strong>les</strong>dépenses atteindraient environ USD 1,92 milliard en2015, ce qui correspond à une moyenne annuelle deUSD 1,27 milliard » 9 .Pour réaliser <strong>les</strong> OMD il est essentiel de mobiliserde plus en plus de ressources, qu’el<strong>les</strong> soientextérieures ou intérieures. L’engagement <strong>du</strong> Gouvernementne sera possible que si le secteur privéet la société civile sont étroitement associés dansl’effort visant à mobiliser et à gérer correctement<strong>les</strong> ressources.D’autre part, la situation des finances publiquesest globalement déficitaire. Le budget général del’État, gestion 2010, prévoit un déficit global de 7,2 %<strong>du</strong> PIB, avec un déficit de la balance budgétaire de2 % <strong>du</strong> PIB, ce qui veut dire que le Bénin ne seraitpas en mesure de respecter le critère budgétaire <strong>du</strong>Pacte de convergence, de stabilité, de croissance etde solidarité, auquel adhèrent <strong>les</strong> États membres del’UEMAO. Dans ce contexte, le Bénin ne pourra pasfinancer son développement sans aide étrangère.Les questions de genre et le financement <strong>du</strong>développementLe Bénin a élaboré son document de Stratégie decroissance pour la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté (SCRP)2007-2009 10 en incorporant pour la première fois <strong>les</strong>questions de genre dans <strong>les</strong> différents sujets traités.L’inclusion des questions de genre vise, d’une part,à corriger <strong>les</strong> lacunes apparentes dans le premierdocument de Stratégie de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté(SRP) 2003-2005 11 et, d’autre part, à assurer la<strong>du</strong>rabilité des résultats atten<strong>du</strong>s par le documentSCRP actuel. Ainsi, toutes <strong>les</strong> actions proposées,depuis la préparation des programmes sectoriels,ont l’ambition de satisfaire <strong>les</strong> besoins spécifiquesdes hommes et des femmes.Une expérience innovatrice visant à inclurel’égalité des sexes dans la SCRP de Bénin est encadréepar la coopération danoise et suisse, soutenuepar le Programme des Nations Unies pour le développementà travers le Programme de soutien pourle renforcement de l’étude sur le genre dans <strong>les</strong> Politiqueset <strong>les</strong> stratégies de croissance pour ré<strong>du</strong>ire laPauvreté (PSREGP/ SCRP). Grâce à ce programme,la perspective de genre est clairement exprimée dansle financement pour le développement <strong>du</strong> Bénin. Leprogramme est mis en œuvre par le ministère dela Famille et par d’autres acteurs nationaux avec <strong>les</strong>outien technique et financier des alliances pour ledéveloppement à travers un financement conjointcherchant l’alignement, l’harmonisation et l’appropriationdans l’esprit de la Déclaration de Paris. Toutes<strong>les</strong> actions proposées priorisent la synergie entretous <strong>les</strong> acteurs concernés.Quelques résultats obtenus :• L’inscription de la section de genre dans <strong>les</strong> Révisionsannuel<strong>les</strong> et conjointes de la SCRP dontle mémoran<strong>du</strong>m a été extrait de la synthèse despoints de mise en œuvre des actions de genresectoriel<strong>les</strong> et de leurs progrès.• Processus d’élaboration de la Politique nationalede promotion <strong>du</strong> genre en cours, réalisé avecle soutien des Alliances techniques et financières(ATF) et <strong>du</strong> Gouvernement, et basé surl’initiative inscrite dans <strong>les</strong> PSREGP/ SCRP .• La réalisation de l’Étude nationale sur la violencecontre <strong>les</strong> femmes, avec le financementconjoint des ATF.• Dans la continuité de l’aide extérieure pour assurerdes soins de santé adéquats pour la mèreet l’enfant, le Gouvernement béninois a renforcéla mise en œuvre de la gratuité de la césarienneet des soins médicaux pour <strong>les</strong> enfants jusqu’àl’âge de 5 ans 12 .Le rôle de la société civileLe rôle des organisations de la société civile consisteessentiellement à essayer d’é<strong>du</strong>quer et d’informerle public, à renforcer la capacité de gestion et d’organisation,à assurer le relais et l’intermédiation, àparticiper au dialogue et à fournir des services à lapopulation. Ces organisations contribuent ainsi audéveloppement dans tous <strong>les</strong> secteurs de la vie publique,y compris l’é<strong>du</strong>cation, la santé, l’eau et l’assainissement,l’agriculture, l’environnement, <strong>les</strong> servicesfinanciers, la promotion et la défense des droitséconomiques, sociaux et culturels, l’émancipationdes femmes, la promotion de la bonne gouvernance,la reddition de comptes, la lecture et l’analyse desbudgets et le suivi des politiques de développement.Le domaine le plus important pour <strong>les</strong> organisationsbéninoises de la société civile est le respect desdroits humains, notamment en ce qui concerne <strong>les</strong>droits économiques, sociaux et culturels. Il faut allerau-delà des OMD et s’attaquer à la vulnérabilité de lapopulation concernant <strong>les</strong> violations de leurs droits.La mise en exergue de l’importance fondamentaledes droits humains est un impératif pour tous <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>de développement ; chaque aspect particulierde ces droits doit devenir un objectif en lui- même. n6 Assemblée Générale, “Loi de finances”, gestions 2005, 2006,2007, 2008 ; Commission nationale de gestion de l’impactde la crise financière et économique internationale sur ledéveloppement économique et social <strong>du</strong> Bénin, op. cit., p. 73.7 SW Benin, Document d’analyse et rapport de la loi definances, gestion 2010, p. 19.8 Ibid.9 Ministère de l’Économie, prévision, développement etévaluation de l’action publique, p. 13.10 Disponible en français sur : .11 Commission nationale pour le développement et la luttecontre la pauvreté, Document de stratégie pour la ré<strong>du</strong>ctionde la pauvreté en Bénin 2003–2005, (décembre 2002).Disponible en français sur : .12 SW Bénin, Rapport alternatif 2009 des organisations dela société civile pour <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppement au Bénin, p. 57.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>71Bénin


100birmanie52Pas de développement sans justice : dénonciation de la farce démocratique025Dans le cadre d’un état de droit inexistant, la Birmanie a été récemment classée comme le 5 e pays parmi <strong>les</strong>949854100 100 pires 625199au monde 100 en termes 100de liberté économique. La Constitution 100 de 2008 100 et <strong>les</strong> élections généra<strong>les</strong> prévues 100pour 2010 ne feront que perpétuer le régime militaire et la stagnation générale. Le développement a besoind’institutions transparentes, impartia<strong>les</strong> et responsab<strong>les</strong> qui ne peuvent pas coexister avec <strong>les</strong> violations76 IEG of Eritrea = 47 BCI of El Salvador = 91 IEG of El Salvador = 68flagrantes des droits de l’Homme, la corruption et l’oppression politique. Il est nécessaire que le Conseil desécurité des Nations Unies établisse une Commission d’enquête afin de clarifier <strong>les</strong> crimes commis.10008787 87100010096Burma Lawyers’ CouncilLe régime militaire, à travers 100 le Conseil pour la paix et ledéveloppement de l’État (SPDC pour son sigle en anglais),viole de manière systématique <strong>les</strong> droits de l’Homme enn/dBirmanie à travers des actes de criminalité généralisésdepuis 1988. Le SPDC a commis ces exactions en touteimpunité, en créant un système dans lequel <strong>les</strong> auteurs0des crimes, même <strong>les</strong> plus brutaux, restent impunis. Lan/dn/dcriminalité et l’impunité sont favorisées par un systèmejudiciaire soumis à la volonté des autorités et qui adapte àIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 pouvoir régler <strong>les</strong> différends, y compris ceux impliquant le100Gouvernement. Bien évidemment, 100 ce n’est pas le cas deICB = 77Enfants atteignant la Birmanie. Sans institutions qui protègent <strong>les</strong> droits de73 la cinquième annéepropriété privée, <strong>les</strong> entreprises étrangères s’abstiendrontd’écoled’investir dans l’économie birmane. s/dLe développement économique exige des institutionstransparentes, impartia<strong>les</strong> et responsab<strong>les</strong> qui ne00peuvent pas coexister avec <strong>les</strong> flagrantes violations des6990s/ddroits humains, la corruption et l’oppression s/d69politique. Ledéveloppement de la Birmanie ne sera viable que lorsque100le pouvoir judiciaire sera indépendant <strong>du</strong> SPDC et quandtoutes <strong>les</strong> parties respecteront l’état de droit. Il ne suffitpas d’avoir des institutions léga<strong>les</strong> et judiciaires solides; lasanté économique <strong>du</strong> pays a également besoin d’institutionspolitiques responsab<strong>les</strong> et transparentes ce qui n’estpas le cas actuellement en Birmanie.100 100 100100 100100 100sa guise <strong>les</strong> lois de la nation pour préserver et accroître le Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpouvoir de la Junte.personnel médical spécialisél’âge de 5 ans8Dans ce cadre, la Birmanie a été récemment classéecomme le 5 e pays parmi <strong>les</strong> pires au monde en termes de et confère le contrôleBCI ofexclusifMyanmarde ces services= 77au SPDC 4 .liberté économique 1 . Du point de vue international, sonéconomie est considérée corrompue et très mal administréeUn exemple qui illustre la corruption rampante <strong>du</strong>SPDC et le manque de respect pour <strong>les</strong> droits de la proment2 . En outre, en ce qui concerne l’Indice de développepriétéest l’affaire de Yaung Chi Oo, concernant un contrathumain 2009 <strong>du</strong> PNUD, la Birmanie occupe la 138 e de partenariat entre une société basée à Singapour et le Des méthodes pseudo démocratiques pourposition sur 182 pays, ce qui met en exergue <strong>les</strong> graves ministère de l’In<strong>du</strong>strie pour rouvrir la brasserie Mandalay. perpétuer la Junte100100100lacunes existant dans le développement économique et La bière Mandalay est devenue une marque reconnue, mais Pendant des décennies, le SPDC a très mal géré l’économiesocial 3 . Le progrès dans le développement économique ne avant le terme de l’accord de cinq ans, un différend est <strong>du</strong> pays. La Constitution de 2008 et <strong>les</strong> élections généra<strong>les</strong>59sera possible qu’une fois dissipé le climat actuel d’oppressionapparu. Bien que le ministère soit censé soumettre le diffé-prévues pour 2010 ne feront que s/d perpétuer le Gouverne-et de criminalité et lorsque <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong> auront été rend à un arbitrage, le SPDC a saisi l’usine et tous ses biens ment militaire et la stagnation économique associée. Lapoursuivis en justice.22sans se conformer à la procé<strong>du</strong>re légale établie par ses propresConstitution comprend des artic<strong>les</strong> problématiques quilois. Les fonctionnaires <strong>du</strong> SPDC ont gelé <strong>les</strong> comptes limitent la participation électorale des groupes d’opposition000Sans transparence, il n’y a pas debancaires de la société partenaire et ils ont menacé <strong>les</strong> et assurent l’impunités/ddes délits commis par s/ddes fonctionnaires<strong>du</strong> Gouvernement.95 développement80propriétaires de poursuite 33judiciaire pour détournement de100 1005774 100100 100100 100100La méfiance généralisée envers le SPDC et ses méthodes fonds. Lorsque <strong>les</strong> parties ont comparu devant la justice, le La Constitution birmane de 2008 ne représente pasde gouvernement a des effets importants sur le développementjuge a ignoré <strong>les</strong> arguments de la société de Singapour et a un progrès de la démocratie mais une tentative flagrante58 économique. Les entreprises étrangères hésitent profité abusivement de son ample pouvoir juridique pour <strong>du</strong> SPDC pour se perpétuer au pouvoir. Cette ConstitutionIEG of Nepal = 51à opérer dans un pays où <strong>les</strong> litiges sont réglés par un se prononcer en BCI faveur of <strong>du</strong> Somalia Gouvernement = 57 5 .a été conçue par <strong>les</strong> militaires sans la participation dessystème judiciaire faisant preuve de partialité envers leGouvernement et où l’État ne respecte pas pleinement <strong>les</strong>droits de propriété indivi<strong>du</strong>elle.Dans certains cas, des sociétés étrangères ont étéLa Loi d’investissement étranger (FIL, pour son sigleen anglais) de Birmanie veille à ce qu’aucune société étrangèrene puisse être nationalisée pendant la période d’investissementautorisée. La FIL contient également une sectionpartis politiques d’opposition ni d’experts juridiques. El<strong>les</strong>upprime le contrôle civil sur <strong>les</strong> forces militaires, ce quiimplique la rupture d’une norme impérative <strong>du</strong> droit international,et fait de l’armée l’institution la plus puissantefermées. Par le biais de la Loi sur <strong>les</strong> entreprises publiques, qui permet au SPDC de mettre fin à un contrat avant son <strong>du</strong> pays 7 . L’article 121 de la Constitution empêche que des100100100l’État contrôle de nombreux secteurs de l’économie, tels expiration 6 . L’affaire Yaung Chi Oo a montré que le régime et nombreux opposants politiques puissent être candidats,87que <strong>les</strong> banques, <strong>les</strong> assurances, <strong>les</strong> télécommunications ses tribunaux peuvent manipuler <strong>les</strong> lois pour nationaliser car elle interdit l’élection à des sièges parlementaires deet l’exploitation de certaines ressources et <strong>du</strong> bois de teck,41une société si cela convient au Gouvernement.Une économie de marché à succès repose en grandeceux qui ont purgé des peines de prison. Le SPDC a arrêté44plus de 2.000 opposants politiques qui sont détenus actuellementet donc exclus comme candidats 8 . Le texte <strong>du</strong>partie sur la confiance des acteurs dans le système juridiquepour que ce dernier défende 0 leurs droits et résolve document interdit également 0aux principaux opposants de1 Heritage Foundation, “2010 Index of Economic Freedom:0Burma” Disponible sur : .leurs différends de façon juste. Il est nécessaire que le se présenter comme candidats aux élections. Par exemple,87 8799 2 Voir, par exemple Transparency International, “Corruption 98 système judiciaire soit efficace, équitable et abordable 98 pour l’article 59 interdit à une personne d’exercer <strong>les</strong> 98 fonctions100 Perceptions 100 Index 72 2009”. Disponible sur :


La violence sexuelle et le viol comme armes de guerreParallèlement à l’oppression et à la violence permanentes, la situation des femmesen Birmanie s’aggrave. Plusieurs organisations de base qui opèrent tout au long dela frontière entre la Thaïlande et la Birmanie ont documenté des violations flagrantesdes droits de l’Homme commises par <strong>les</strong> membres de l’armée. Les crimes de laJunte militaire couvrent un large éventail de délits qui comprennent <strong>les</strong> meurtres,<strong>les</strong> enlèvements, <strong>les</strong> viols, le travail forcé et le déplacement obligé, parmi beaucoupd’autres. Tous ces crimes affectent <strong>les</strong> femmes, mais <strong>les</strong> délits de violence de genreexercent peut-être l’impact le plus direct sur la situation des femmes en Birmanie.Les membres <strong>du</strong> SPDC commettent des crimes de violence sexuelle avec unerégularité scandaleuse. Le SPDC utilise le viol comme arme de guerre, en particulierlorsqu’il s’agit d’attaquer <strong>les</strong> groupes ethniques dans l’est <strong>du</strong> pays 1 . Le régime aintensifié ses attaques sur <strong>les</strong> groupes ethniques au cours des quinze dernièresannées, et ces attaques incluent l’utilisation systématique de la violence sexuelle 2 .Beaucoup de femmes ont souffert des viols collectifs par des soldats qui, parfoismême torturent ou assassinent leurs victimes 3 . La violence sexuelle n’est pas uncrime commis par quelques membres de l’armée, mais fait partie de la stratégieconcertée par le SPDC pour attaquer <strong>les</strong> groupes ethniques et de l’opposition 4 . Lesresponsab<strong>les</strong> de ces crimes ne sont pas poursuivis en justice et l’impunité règne enBirmanie 5 . Comme <strong>les</strong> tribunaux militaires ne sont pas indépendants <strong>du</strong> Gouvernementmilitaire, <strong>les</strong> victimes de la violence de genre ou d’autres crimes ne peuventpas recourir au système juridique Birman. La culture de l’impunité qui protège <strong>les</strong>auteurs de violences sexuel<strong>les</strong> permet que ces crimes continuent à être commis.1 Voir, p. ex., Shan Women’s Action Network, License to Rape (mai 2002).2 Ibid.3 U.S. Campaign for Burma, People, Politics, Poverty. Disponible sur : . (dernière visite :8 décembre 2009).4 See Shan Women’s Action Network, note 10 ci-dessus.5 Ibid.La violence sexuelle constante exercée par le SPDC et l’irresponsabilité de cedernier ne sont pas passées inaperçues au sein de la communauté internationale.Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a récemment reconnuque le SPDC ne remplit pas ses obligations conformément à la Résolution 1820<strong>du</strong> Conseil de sécurité. Cette résolution a été spécialement conçue pour protéger<strong>les</strong> femmes contre la violence sexuelle dans <strong>les</strong> situations de conflit 6 . Le Secrétairegénéral a pris note de l’utilisation généralisée de la violence sexuelle contre <strong>les</strong>femmes des minorités ethniques dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> de la part <strong>du</strong> régime, <strong>du</strong>harcèlement sexuel exercé contre <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> par <strong>les</strong> militaires,de l’incapacité ou <strong>du</strong> manque de volonté dont fait preuve le système juridique pourtraiter <strong>les</strong> délits de violence sexuelle et de l’impunité dominante qui empêche lapoursuite des auteurs de la violence de genre.Outre la violence sexuelle, <strong>les</strong> crimes de guerre et <strong>les</strong> délits contre l’humanitéperpétrés par le SPDC affectent aussi principalement <strong>les</strong> femmes. Depuis 1996,le SPDC a brûlé 3500 villages dans l’est de la Birmanie. Le Consortium frontalierbirmano-thaïlandais a comparé <strong>les</strong> conséquences de cette situation à la destructionbrutale actuellement en cours au Darfour 7 . La destruction massive par le feu delogements et de nourriture a donné lieu au déplacement d’un grand nombre depersonnes. Les femmes sont particulièrement touchées par l’abandon forcé deleurs maisons, étant donné qu’el<strong>les</strong> sont plus vulnérab<strong>les</strong> à la traite de personneset au travail dangereux.Source : Putting gender economics at the forefront. 15 years after the IV WorldConference on Women. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Occasional Papers 06. Février 2010. n6 Conseil de sécurité des Nations Unies, Rapport <strong>du</strong> Secrétaire Général relatif a la résolution1820 <strong>du</strong> Conseil de sécurité, 15 juillet 2009, S/2009/362.7 Consortium frontalier birmano-thaïlandais, article de presse : “Rising Instabilityin Eastern Burma” , 29 octobre 2009. Disponible sur : .de Président si elle est mariée à un étranger ou à uneétrangère. Cette disposition enlève à Aung San Suu Kyi,qui a épousé un citoyen britannique, la possibilité de seprésenter comme candidate à la présidence. Selon cetteConstitution, <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> personnes autorisées à participeraux élections sont <strong>les</strong> membres <strong>du</strong> SPDC ou <strong>les</strong> sympathisants<strong>du</strong> Gouvernement actuel.Il est encore plus choquant de constater que laConstitution contient un article visant à assurer une amnistiepour tous <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> <strong>du</strong> SPDC 9 . Cette dispositionest rédigée de façon confuse et conférerait l’impunité pour<strong>les</strong> crimes <strong>les</strong> plus odieux, y compris <strong>les</strong> délits contre l’humanitéet <strong>les</strong> crimes de guerre. Conformément au droitinternational, cet article sur l’amnistie suffit à invalider laConstitution dans son ensemble. Garantir l’amnistie généraleaux auteurs de crimes graves viole la Convention deGenève, le droit international coutumier et <strong>les</strong> dispositionsdes résolutions 1325 et 1820 <strong>du</strong> Conseil de sécurité, quiinterdisent l’impunité des violences sexuel<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> zonesde conflit.L’existence d’institutions solides qui défendent l’étatde droit et la justice indépendante sont deux conditionsessentiel<strong>les</strong> pour le progrès économique. Ces institutions9 Constitution de la République de l’Union <strong>du</strong> Myanmar(2008), art. 445 (« Aucune procé<strong>du</strong>re ne sera intentée contre<strong>les</strong>dits Conseils ni contre aucun membre <strong>du</strong> Gouvernementà l’égard de tout acte accompli dans l’exercice de leursfonctions respectives. »).devraient incarner la responsabilité, l’accès à l’informationet la transparence. La Constitution de 2008 représenteune déviation manifeste de l’état de droit et va à l’encontre<strong>du</strong> bon fonctionnement <strong>du</strong> système judiciaire de la nation.Elle ne reflète pas un progrès dans <strong>les</strong> domaines dela transparence, de l’indépendance et de la responsabilitédes institutions léga<strong>les</strong> ou politiques de la nation, car ellecontient plusieurs artic<strong>les</strong> qui entravent le fonctionnementdémocratique des institutions léga<strong>les</strong>, judiciaires et politiques.La Constitution sert la cause <strong>du</strong> Gouvernement militairequi jusqu’à présent n’a pas respecté la responsabilitéinstitutionnelle, l’accès à l’information et la transparence.Cependant, <strong>les</strong> élections de 2010 consacreront laConstitution de 2008. Après <strong>les</strong> élections, <strong>les</strong> institutionsjuridiques, judiciaires et politiques de Birmanie seront tropfaib<strong>les</strong> pour faire progresser l’économie de la nation. Plutôtque de favoriser le progrès <strong>du</strong> pays, <strong>les</strong> élections renforcerontl’impunité, la criminalité et <strong>les</strong> pratiques politiquesdéloya<strong>les</strong>. La nouvelle Constitution va faire sombrer le paysdans une dépression économique encore plus profonde etdans un isolement ma<strong>jeu</strong>r, et <strong>les</strong> élections qui auront lieucette année vont renforcer la culture de la criminalité et lamilitarisation <strong>du</strong> pays.RecommandationsLe développement économique doit être accompagnépar des institutions fortes, une bonne gouvernance et desconditions de paix et de sécurité. La répression systématiquedes droits civils, politiques, économiques, sociaux etculturels par le SPDC a ré<strong>du</strong>it au minimum la croissanceéconomique au cours des dernières décennies.En ce qui concerne la Constitution de 2008 et <strong>les</strong>prochaines élections de 2010, le Conseil d’avocats de laBirmanie (Burma Lawyers’ Council) recommande :• Afin de promouvoir un développement économiquevéritable en Birmanie et d’encourager de réel<strong>les</strong> améliorationsdans la qualité de vie, le SPDC doit s’engagerà réviser globalement la Constitution avec toutes<strong>les</strong> parties impliquées, à établir un système judiciaireindépendant et à rétablir le respect de l’état de droit.• La Constitution doit garantir un système politiqueresponsable, transparent et permettant l’accès àl’information.• Étant donné que le libellé actuel de la Constitution de2008 viole <strong>les</strong> normes impératives <strong>du</strong> droit international,le Conseil de sécurité des Nations Unies devraitla déclarer nulle. Tous <strong>les</strong> États doivent refuser de reconnaîtrela Constitution et <strong>les</strong> résultats des électionsbasées sur celle-ci.• Étant donné que la partialité <strong>du</strong> système judiciaire etl’impunité accordée par la Constitution empêchent<strong>les</strong> tribunaux de juger <strong>les</strong> délits <strong>du</strong> SPDC, le Conseilde sécurité de l’ONU devrait mettre en place une commissiond’enquête afin de clarifier <strong>les</strong> crimes internationauxqui ont été commis en Birmanie. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>73Birmanie


BoliviePas de partage des richessesDans un contexte international extraordinairement positif, la Bolivie a obtenu d’importants revenusfinanciers dérivés principalement de l’exportation des hydrocarbures, grâce aux prix élevés desmatières premières. Cependant, ce que <strong>les</strong> caisses de l’État reçoivent en provenance des impôts et desbénéfices n’a pas eu d’impact dans l’économie des ménages. Le modèle extractif <strong>du</strong> pays ne permet pasque <strong>les</strong> investissements directs étrangers améliorent <strong>les</strong> conditions pour la Bolivie, puisque la quantitéd’argent sortant <strong>du</strong> pays est supérieure à celle qui y rentre.CEDLA100Grâce à la hausse <strong>du</strong> revenu per capita pendant <strong>les</strong> dernièresannées, la Bolivie a cessé d’être un pays à faib<strong>les</strong>revenus pour devenir un pays à revenus moyens. CelaIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 8388 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 66Autonomisationsignifie que l’accès aux ressources pour le financement38ne dépend plus à présent des 18 crédits octroyés0par <strong>les</strong> entités multilatéra<strong>les</strong> et bilatéra<strong>les</strong> des pays00développés.889595En plus, la crise économique 55 mondiale 54 a réactivé100 100 100100 66100100 66100une version camouflée d’une vieille discussion sur la Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àréforme de l’architecture financière internationale et le personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationfinancement pour le développement des économiesIEG of Benin = 42renouvelab<strong>les</strong>.BCISelonoflaBoliviaCEPAL=[Commission83économiquepour l’Amérique latine], « dans des pays telsque le Venezuela, l’Équateur, le Mexique et la Bolivie,environ 30 % ou plus des revenus fiscaux proviennentde la pro<strong>du</strong>ction pétrolière, dans <strong>les</strong> trois premiers caset de l’exploitation gazière 100dans le dernier 3 ».95Pour la Bolivie, depuis 2005 <strong>les</strong> revenus fiscaux<strong>du</strong> secteur des hydrocarbures – un des plus importantsde son économie – ont été essentiels pour surmonterle déficit fiscal national et pour financer l’investissementpublic dans une plus grande proportion 4 ;0cependant, la fragilité de ces ressources persiste àIEG of Bolivia = 66100430cause de la volatilité des prix internationaux en temps100de crise. On pourrait confondre ceci avec le cas typique100 10064de la « maladie hollandaise », c’est à dire, une distorsionpro<strong>du</strong>ite par une affluence subite (inondation) dedevises issues d’une ressource naturelle que le systèmepro<strong>du</strong>ctif réel BCI ne peut of Czech pas absorber Republic 5 . Cependant = 98il s’agit en réalité d’un aspect structurel de l’économiebolivienne, approfondi par le boom récent <strong>du</strong> prix desmatières premières.Si on analyse le comportement des revenus fiscauxet leurs composants, on peut voir qu’après la100crise de la première moitié de 94 la décennie des années10080, l’application de politiques sévères d’ajustementstructurel a permis de gérer jusqu’à un certain pointle déficit fiscal. La structure fiscale a été inflexiblependant ces deux décennies et demie, avec une pro-1600périphériques. Le caractère systémique de la crise capitalistea sans doute contribué à cela, détournant <strong>les</strong>critiques sur un réformisme mou qui ne s’est inquiétéque <strong>du</strong> domaine financier.Revenus fiscaux et modèle primaireexportateurPendant <strong>les</strong> dernières années, <strong>les</strong> économies d’Amériquelatine ont renforcé leurs modè<strong>les</strong> de développementliés à l’exploitation et la commercialisation desmatières premières en fonction de la hausse des prixinternationaux. Ceci a permis l’insertion de la régionsur le marché mondial, centrée principalement surdes secteurs tels que l’in<strong>du</strong>strie minière, le pétrole etle gaz, entre autres. Cette pratique, rebaptisée commenéo-extractivisme 1 , ne fait que consolider la divisioninternationale <strong>du</strong> travail et l’acceptation de l’« institutionnalitéglobale » liée à l’Organisation mondiale <strong>du</strong>commerce (OMC) 2 .La nature essentiellement exportatrice des économieslatino-américaines a con<strong>du</strong>it, pendant <strong>les</strong>dernières années, à une augmentation de l’activitééconomique dans la plupart des pays, avec des taux de100croissance <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB) supérieurs à5 %. Cette croissance a été stimulée par une situationinternationale particulièrement favorable, <strong>du</strong>e à l’augmentationdes prix et de la demande extérieure.Bien que la situation ait été favorable pour <strong>les</strong>équilibres fiscaux, la nature 0<strong>du</strong> modèle 8 a favorisé <strong>les</strong>entreprises transnationa<strong>les</strong> en <strong>les</strong> transformant enprincipa<strong>les</strong> bénéficiaires. 37Dans le domaine fiscal, 78 de100 100nombreux pays d’Amérique latine reçoivent des revenusimportants de l’exploitation de ressources nonportion importante des dépenses engagées essentiellementdans le financement de l’État et avec unfaible investissement public – ne dépassant pas <strong>les</strong>USD 500 millions pendant cette période, financé engrande partie par la dette publique extérieure.La situation est très différente en ce qui concerne<strong>les</strong> revenus, puisqu’après la réforme <strong>du</strong> système fiscalen 1986, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est devenuela source principale des recettes de l’État. Cet impôt100indirect est de nature régressive puisqu’il s’appliqueà la consommation de toute la population boliviennesans faire de différences entre <strong>les</strong> pauvres et <strong>les</strong> riches.Jusqu’en 2003 il a représenté un peu plus de 70 % detout le système fiscal bolivien, pour tomber à 97un peu79100plus de 50 % en 2009 6 .100100Depuis 2005, <strong>les</strong> revenus provenant de l’Impôtdirect sur <strong>les</strong> hydrocarbures (IDH) sont passés deIEG of Czech Republic = 68USD 287 millions à USD 802 millions en 2009. Il estplus facile de comprendre ce chiffre en comparant saparticipation dans le système fiscal avec celle de la TVA.Pour l’année 2000 la TVA a représenté 40 % des recettestota<strong>les</strong>, alors qu’en 2009 sa participation a baissé à35 %, mais sur la base d’une plus forte recette absolue,de USD 420 millions en 2000 à USD 1,2 milliard en2009. En 2005 l’IDH a représenté 15 % des recettestota<strong>les</strong>, alors qu’en 2009 le pourcentage est monté à22 %, ceci étant dû davantage à la hausse des prix qu’àla croissance de la pro<strong>du</strong>ction et de l’exportation.3 Amérique 79latine et Caraïbes face au nouveau scénariointernational. CEPAL, Santiago de Chile, 2008.6 La TVA montre la profonde régressivité <strong>du</strong> système fiscal939697bolivien, même avec 531004 Deux100facteurs ont contribué à cela : d’une part, la100100une augmentation des revenus100de l’État<strong>du</strong>e aux impôts sur l’activité pétrolière et gazière depuis 2005,modification de la régulation des impôts de ce secteur ;suite à l’approbation de la Loi 3058 sur <strong>les</strong> Hydrocarburesd’autre part, l’augmentation des prix internationaux <strong>du</strong>et à la création de l’Impôt direct sur <strong>les</strong> hydrocarburespétrole et <strong>du</strong> gaz.IEG of India = 41 (IDH), un pourcentage de 32 % <strong>du</strong> total de la pro<strong>du</strong>ction1 E<strong>du</strong>ardo Gudynas, “El nuevo extractivismo progresista”. ElBCI of Indonesia = 90IEG of Indonesia = 555 Ceci con<strong>du</strong>it à une croissance exagérée des biens etd’hydrocarbures mesurée par rapport au point de fiscalisationObservador N° 8. CEDLA/OBIE. Janvier 2010.services non négociab<strong>les</strong> – travaux publics, transports,non destinée à taxer la richesse, mais qui varie selon <strong>les</strong>2 Ibid, p. 3.communications – à cause de la survalorisation de la monnaie. volumes de gaz pro<strong>du</strong>its et de son prix international.10097100Rapports nationaux 74 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100100


Une faible marge pour l’ÉtatLes taux de croissance moyenne annuel de la pro<strong>du</strong>ctionde pétrole et de gaz pour la période 1997-2007 ontété de 4,6 % et 11,6 % respectivement, alors qu’entre2006 et 2007 ces taux ont été de 1,11 % et 3,73 %.Ces faib<strong>les</strong> taux de croissance de la pro<strong>du</strong>ction s’expliquentpar diverses raisons. D’après le diagnostic établidans la Stratégie bolivienne des hydrocarbures <strong>du</strong>Gouvernement actuel, il y a trois éléments qui attirentl’attention : la diminution des investissements destinésà l’exploitation et le développement des champspétrolifères, la capacité des usines de traitement deshydrocarbures et la caractéristique d’accumulation <strong>du</strong>secteur. Ces aspects montrent que le contrôle de lapro<strong>du</strong>ction continue entre <strong>les</strong> mains des compagniespétrolières.La première conclusion est que, en dépit de lacroissance significative des revenus de l’État grâceaux prix des matières premières, il n’y a pas eu demodifications <strong>du</strong> système fiscal, qui continue de fairepression sur la population. La deuxième conclusionest que le commerce <strong>du</strong> gaz continue de dépendredes investissements effectués par <strong>les</strong> compagniespétrolières dans le secteur, sans qu’el<strong>les</strong> aient l’obligationd’investir dans l’exploration et l’exploitation 7 envertu <strong>du</strong> cadre régulateur en vigueur après la réformede 2005.En ce qui concerne <strong>les</strong> dépenses, l’augmentationdes revenus fiscaux issus des bénéfices des hydrocarburesne s’est pas tra<strong>du</strong>ite en de plus grands flux d’investissementspublics dans <strong>les</strong> secteurs pro<strong>du</strong>ctifs.Les ressources issues de la vente des hydrocarburesont été essentiellement destinées à l’infrastructureroutière et, très faiblement, aux secteurs tels que l’agricultureou la manufacture 8 . Ceci est en rapport étroitavec la forme d’intégration commerciale de la Boliviedans <strong>les</strong> marchés dominants de la région : le pays estplutôt un pont intégrateur bi-océanique permettantle passage de marchandises entre <strong>les</strong> pays voisins,au lieu d’être un partenaire qui puisse promouvoir etcommercialiser sa pro<strong>du</strong>ction locale 9 .Les espoirs mis dans la conjoncture favorabledes prix pour favoriser <strong>les</strong> processus de transformation<strong>du</strong> modèle primaire d’exportation ont tendance às’évanouir face aux énormes en<strong>jeu</strong>x que doit affronterle pays. D’autant plus que <strong>les</strong> entreprises transnationa<strong>les</strong>continuent d’être <strong>les</strong> leaders des investissementsdans le secteur de l’extraction, laissant peu de margepour que l’État – incapable de renverser le processusd’appropriation des excédents – puisse envisager desprocessus de transformation <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>.7 “La crisis energética al ritmo de las petroleras”. ElObservador Nº 4. CEDLA/OBIE. Mars 2008.8 Juan Luis Espada, La renta de hidrocarburos en las finanzasprefectura<strong>les</strong>. Tendencias de los ingresos y gastos (1997-2007). CEDLA, 2009.9 Ceci en réponse à l’Initiative pour l’intégration del’infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA) et àl’investissement dans des projets routiers bi-océaniques.Crise et pression sur <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong>Selon certaines prévisions scientifiques 1 , lemonde pourrait atteindre le pic de pro<strong>du</strong>ction depétrole conventionnel avant 2020. Cette situationsuggère que <strong>les</strong> prix élevés de l’énergie persisteront,devenant ainsi un facteur de pressioninflationniste au niveau mondial et une stimulationpour le développement et la pro<strong>du</strong>ction depro<strong>du</strong>its de substitution, tels que <strong>les</strong> biocarburantsou d’autres substituts, tels que <strong>les</strong> mineraisénergétiques, l’énergie nucléaire et <strong>les</strong> sourcesd’énergie renouvelable.Dans ce scénario complexe, <strong>les</strong> réponsesface à la crise économique internationale nepeuvent pas se centrer seulement sur <strong>les</strong> conséquencesimmédiates de la récession et sur<strong>les</strong> caractéristiques de la reprise. Les réponsesdevraient plutôt surgir de l’analyse des conséquences<strong>du</strong> maintien d’un modèle de pro<strong>du</strong>ctionqui, à longue échéance, aura comme résultatune surexploitation <strong>du</strong> travail et la consolidationdes bénéfices entre <strong>les</strong> mains des monopo<strong>les</strong>transnationaux qui dominent l’exploitation desressources naturel<strong>les</strong>.Si on observe le parcours des Investissementsdirects étrangers (IDE) en Bolivie, malgréun comportement variable pendant la dernièredécennie, il est évident qu’il existe une concentrationdans <strong>les</strong> secteurs de l’extraction : <strong>les</strong> hydrocarbureset l’in<strong>du</strong>strie minière. Les informationsstatistiques officiel<strong>les</strong> montrent que, pendant2008, <strong>les</strong> deux secteurs ont concentré plus de75 % <strong>du</strong> flux des IDE 2 , avec une plus grande par-1 UK Energy Research Centre, “Global Oil Depletion. Anassessment of the evidence for a near-term peak inglobal oil pro<strong>du</strong>ction”. Août 2009.2 Institut national de statistiques. Investissements directsétrangers 1996-2001. Banque centrale de Bolivie, 2002-2008.ConclusionsOn a vu que l’augmentation des revenus fiscaux a été lerésultat d’une conjoncture extraordinaire de prix internationauxélevés des matières premières. Ceci ne permetpas de projeter de façon <strong>du</strong>rable le développement<strong>du</strong> pays, car il dépend plus que jamais des revenus issusdes taxes sur <strong>les</strong> activités primaires d’exportation,contrôlées par <strong>les</strong> entreprises transnationa<strong>les</strong>. Cesentreprises ont administré <strong>les</strong> flux d’investissementsen fonction des tendances des prix internationaux etdes conditions que l’État bolivien a établies dans lecadre de la régulation de leurs activités. nticipation de l’in<strong>du</strong>strie minière en raison, d’unepart, de l’augmentation des prix internationaux et,d’autre part, de la stagnation de l’investissementdans <strong>les</strong> secteurs pétrolier et gazier.L’IDE dans ces secteurs a montré, en contrepartie,une augmentation des versements desdividendes des actions, d’autres participations<strong>du</strong> capital et des « désinvestissements » 3 , spécialementà partir de 2004, car c’est à partir decette date que ces paiements ont dépassé ceuxde l’IDE brut. Le pic le plus élevé enregistré pourle versement de bénéfices vers l’extérieur par <strong>les</strong>entreprises transnationa<strong>les</strong> s’est pro<strong>du</strong>it en 2005,quand il a dépassé 201 % l’IDE brut 4 .En raison de ce genre d’activités (essentiellementorientées vers l’exportation), l’IDE n’a pasamélioré <strong>les</strong> conditions dans le pays, car il y a euun flux d’argent sortant de Bolivie supérieur à celuiqui est entré à ce titre. De même, ce qui rentredans <strong>les</strong> caisses de l’État au niveau fiscal et desbénéfices des activités d’extraction (pétrolierset gaziers principalement) s’est estompé dansl’investissement public pour des projets régionaux– tel que le projet d’intégration bi-océanique– au lieu d’être utilisé dans des investissementsqui aient des effets significatifs pour l’économiedes ménages. n3 Le désinvestissement est « un investissement en sensinverse (…) c’est une sorte de restitution <strong>du</strong> capital aubailleur et/ou créancier <strong>du</strong> capital de l’investissementdirect » FMI. Guide pour la compilation statistique de laBalance de paiements. Tra<strong>du</strong>ction et composition de ladirection <strong>du</strong> bureau linguistique <strong>du</strong> FMI, Washington, 1995.4 Efraín Huanca, “Generación y uso del excedenteeconómico en Bolivia, 1988-2008”. CEDLA. Mimeo.Décembre 2009 (Préliminaire).<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>75Bolivie


BrésilHorizon nuageuxLa reprise rapide et marquée de l’économie brésilienne en 2009 est <strong>du</strong>e principalement à une combinaisonde politiques compensatoires non orthodoxes. Les autorités fédéra<strong>les</strong> ont rompu avec l’orientationnéolibérale suivie par <strong>les</strong> administrations précédentes et par le président Lula lui-même lors de son premiermandat. L’expérience brésilienne démontre que <strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong> peuvent aussi favoriser la croissanceéconomique. Mais bien que la situation soit encore contrôlée, une deuxième vague de crise et d’instabilité,dont on ne discerne pas clairement <strong>les</strong> conséquences, pourrait être en train de se former à l’heure actuelle.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> BrésilIBASE – Institut Brésilien pour l’analysesocial et économique 100Au cours <strong>du</strong> dernier trimestre 2008 la crise mondialeIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9693 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 68Autonomisationa atteint le Brésil et a brisé l’évolution 38 de la croissance44dont le rythme relativement rapide avait marqué <strong>les</strong>0trois trimestres précédents. Comme le signalait l’édition002009 de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, l’économie brésilienne a été95 9597989699<strong>du</strong>rement touchée au moment où l’entrée de capitaux100 100 66100100 100100 65100100s’est brusquement changée en un flux de sortie, entraînantAccouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àla chute de la monnaie locale et menaçant l’équi-personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationlibre d’un groupe de grandes entreprises qui avaientIEG of Bolivia = 66<strong>du</strong> programmeBCIconnuofauBrazilBrésil=sous96le nom de Pland’accélération de la croissance (PAC). Les groupesà faible revenu ont aussi été la cible des politiques :le nombre de personnes pauvres bénéficiant d’uneallocation en espèces (équivalente à un mois de salaireminimum) a augmenté : 100 entre autres, <strong>les</strong> personnes quiont un revenu familial égal ou inférieur 95 à 25 % <strong>du</strong> salaireminimum par habitant, <strong>les</strong> personnes handicapées et<strong>les</strong> personnes pauvres âgées de plus de 65 ans. Despensions de retraite ont été élargies aux travailleursagrico<strong>les</strong> (même s’ils n’ont pas cotisé au préalable).0La Bolsa Familia transfère des revenus complémentairesaux famil<strong>les</strong> vivant dans une extrême pauvreté,et distribue BRL 12,5 milliards (environ USD 6,947998100 100milliards) sur presque tout le territoire national. La BolsaFamilia, non seulement s’est avérée un instrumentIEG of Brazil = 6810015025misé sur l’appréciation continue <strong>du</strong> réal brésilien sur lemarché des dérivés.Comme lors des crises antérieures, la commotiona été grave, mais pas mortelle. De fait, après six moisde récession, l’économie brésilienne a commencé àreprendre son essor au deuxième 100 trimestre 2009. Lacroissance s’est accélérée depuis lors et <strong>les</strong> pronosticspour 2010 prévoient un taux de croissance <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>itintérieur brut (PIB) d’un minimum de 5,5 % à près de437 %. L’entrée de capitaux a repris au milieu de l’année2009 et le pays a affronté une nouvelle étape de taux de0change surélevé, avec tous <strong>les</strong> risques que cela implique.Pendant le premier semestre 2010, l’instabilité financièrea de nouveau augmenté en raison des problèmesde balance des paiements en Grèce, au Portugal,97100 64100en Espagne et en Italie, entre autres, mais il était encoretrop tôt pour calculer leur impact sur le Brésil.1 Bolsa Familia est un programme conditionnel de transfertd’argent, destiné aux ménages <strong>les</strong> plus pauvres ayant desenfants de moins de 17 ans.c = 98 est considéré en général BCI comme of Egypt, une grande Arab Rep. réussite, = 91Politiques socia<strong>les</strong> et croissancemais elle a également procuré un soutien important àéconomiquela demande interne, notamment en ce qui concerne <strong>les</strong>La reprise rapide et marquée de l’économie brésilienne biens de consommation périssab<strong>les</strong>. Étant donné queen 2009 est <strong>du</strong>e principalement à une combinaison de <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> pauvres consomment tout leur revenu, cespolitiques compensatoires non orthodoxes. L’administration<strong>du</strong> président Luiz Inácio Lula da Silva a bien demande, établissant un seuil face à toute éventuelleaides se sont tra<strong>du</strong>ites par une hausse directe de la100progressé depuis <strong>les</strong> politiques néolibéra<strong>les</strong> qui ont ré<strong>du</strong>ction des dépenses destinées à la consommationdéfini son premier mandat 2003-2007. Le rétablissements’est effectué grâce à la robustesse de la demande Familia ont également une répercussion expansivedans le pays. Les dépenses qui se fondent sur la Bolsaintérieure, alimentée par : des politiques d’augmentation<strong>du</strong> salaire minimum, des 0politiques socia<strong>les</strong>, dont nomique. Les dépenses origina<strong>les</strong> se transforment enindirecte sur la demande et sur le degré d’activité éco-16la plus importante est la « Bolsa Familia » (allocation revenus pour d’autres personnes, revenus qui seront96 familiale) 1 , des politiques d’élargissement <strong>du</strong> 9753crédit dépensés à leur tour pour stimuler d’autres activités.100100 100offert par <strong>les</strong> banques publiques et, dans une moindre Du fait <strong>du</strong> caractère décentralisé de ce plan, ces relancespeuvent concerner <strong>les</strong> activités loca<strong>les</strong> et ré-mesure, des politiques fisca<strong>les</strong> placées sous le bouclierpercuter davantage sur l’emploi et la consommationIEG of Indonesia = 55supplémentaire.Ces dépenses ont servi, sans aucun doute, à éviterla récession que l’impact négatif généré par la disparitéde la balance des paiements aurait dû pro<strong>du</strong>ire fin2008 et début 2009. L’expérience brésilienne prouveque <strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong> peuvent aussi favoriser lacroissance économique, car <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> pauvres quireçoivent cette aide ont une très forte tendance à laconsommation. L’impact macroéconomique de cespolitiques est supérieur à celui des politiques mises enœuvre dans d’autres pays, comme par exemple la ré<strong>du</strong>ctiondes impôts. Cette dernière tend à favoriser <strong>les</strong>gros revenus (ceux qui paient des impôts directs) quiprofitent de l’occasion pour épargner une partie de cesbénéfices inespérés, freinant ainsi l’impact expansif.100Le deuxième pilier des politiques anticycliques <strong>du</strong>Gouvernement a été l’expansion <strong>du</strong> crédit. 91 Dans des100 100 100situations de grande incertitude, le crédit a tendanceà diminuer parce que <strong>les</strong> institutions financières préfèrentIEG of Czech Republic = 68efficace dans la ré<strong>du</strong>ction de l’extrême pauvreté, ce quichercher des actifs plus sûrs au lieu d’accorderIEG of Egypt = 44100des crédits aux entreprises ou aux consommateurs,opérations rentab<strong>les</strong> mais plus risquées. Cela provoquela baisse de la pro<strong>du</strong>ction, parce que <strong>les</strong> entreprisesne peuvent pas embaucher de travailleurs ni acheter dematières premières si el<strong>les</strong> n’ont pas de capital circulant,de sorte que <strong>les</strong> consommateurs ne peuvent pasfinancer leurs achats de biens <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>. Les autoritésfédéra<strong>les</strong> ont rompu avec l’orientation néo-libérale suiviepar l’ex-président Fernando Henrique Cardoso etpar « Lula » lui-même pendant son premier mandat,qui traitait <strong>les</strong> banques publiques comme si el<strong>les</strong> étaientprivées.Alors que <strong>les</strong> banques privées <strong>du</strong> Brésil et d’autrespays fuyaient <strong>les</strong> emprunts, la Banco do Brasil (banquecommerciale contrôlée par le Gouvernement etnon pas par la Banque centrale), la Caisse brésilienned’épargne Caixa Econômica Federal (CEF, spécialiséedans le financement au bâtiment et à l’assainissement)et la Banque nationale de développement économiqueet social (BNDES) ont fait l’impossible pour combler ceRapports nationaux 76 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010087


vide. Les trois banques, de clientèle bien différente, ontélargi progressivement leurs activités en prenant desparts de marché des banques privées, qui à leur tour sesont retrouvées obligées d’élargir leurs propres opérations.À mesure que <strong>les</strong> trois banques augmentaientleur provision de crédits, el<strong>les</strong> ré<strong>du</strong>isaient leurs margesdifférentiel<strong>les</strong>, de sorte que <strong>les</strong> banques privées ont étécontraintes de pratiquer une politique d’expansion pourne pas perdre de plus larges parts de marché.La BNDES a été un acteur particulièrement importantdans ce scénario, puisqu’elle finance des investissements.La croissance des investissements est unrequis indispensable pour convertir cette relance de lacroissance en une trajectoire <strong>du</strong>rable à long terme. Lechoix de certains projets soutenus financièrement parla banque a soulevé des controverses ayant trait à lapréoccupation environnementale notamment et aussi àson impact sur <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong>, mais l’actionde la BNDES comme élément stratégique <strong>du</strong> processusde reprise de la croissance a été un gros succès.Les initiatives de politique fiscale ont été encoreplus controversées, tout spécialement le PAC.Ce programme a été lancé au milieu d’une avalanchepublicitaire, motivée en partie par l’intérêt immédiat(la proximité des élections présidentiel<strong>les</strong>), mais aussipour l’influence qu’elle pourrait exercer sur l’espritd’initiative des petites entreprises brésiliennes. D’uncertain côté, le PAC n’a guère été que la consolidationde projets plus anciens d’investissement public oud’investissements effectués par des entreprises appartenantà l’État, la plus importante étant Petrobras,l’entreprise pétrolière contrôlée par le Gouvernementfédéral. Plusieurs projets semblaient s’être heurtés àtoute sorte de difficultés, y compris aux services d’auditqui contrôlent <strong>les</strong> dépenses <strong>du</strong> Gouvernement fédéral.Beaucoup de critiques font remarquer que la mise enœuvre actuelle des projets inclus dans le PAC est bienmoins ambitieuse que ce qui avait été annoncé, que <strong>les</strong>projets n’ont pas toujours obéi à des choix rationnels nitenu compte des meilleurs taux de retour social.Cependant, la répercussion sur l’esprit d’initiativesemble être positive et redonne de l’élan à certainsinvestissements privés. Plus importante encore a étéla découverte d’une nouvelle grande réserve pétrolière,appelée Pré-Sal, qui promet de changer la position <strong>du</strong>pays sur le marché international <strong>du</strong> pétrole. La mise enmarche de l’exploitation de cette réserve se situe encoredans un futur relativement éloigné, mais la nouvelle ensoi a suffi pour encourager l’investissement privé.D’autres facteurs positifs ont aussi fait sentir leurinfluence. La reprise précoce et ferme de l’économiechinoise a eu un effet qui s’est propagé sur tout le continent,étant donné que <strong>les</strong> exportations de minéraux etde pro<strong>du</strong>its agrico<strong>les</strong> en Chine ont élargi <strong>les</strong> exportationsen général. Cependant, l’impact net <strong>du</strong> commerceinternational a été négatif, parce que <strong>les</strong> importationsont augmenté plus vite que <strong>les</strong> exportations. Autrementdit, <strong>les</strong> Brésiliens ont acheté au reste <strong>du</strong> monde davantageque ce que le reste <strong>du</strong> monde n’a acheté en bienset services pro<strong>du</strong>its dans le pays, l’impact net ré<strong>du</strong>isantde ce fait <strong>les</strong> dépenses loca<strong>les</strong>.Cette crise se distingue par le comportement <strong>du</strong>compte de capital. L’économie brésilienne a subi l’impactnégatif de la crise internationale dans sa balancede paiements au dernier trimestre 2008, en particuliersous la forme de sortie de capitaux. Ce flux sortantest dû, cependant, au retour des investissementsfinanciers étrangers au Brésil qui se sont effectuésen réponse aux projections de la bourse et, dans unemoindre mesure, aux taux d’intérêt supérieurs à ceux<strong>du</strong> reste <strong>du</strong> monde. Quand ces investisseurs étrangersont essuyé des pertes sur <strong>les</strong> marchés des pays développés,ils ont fermé leur position dans <strong>les</strong> économiesémergentes et ont rapatrié leur capital afin de compenserleurs pertes.À la différence des crises précédentes, aucunefuite de capitaux n’a été effectuée par <strong>les</strong> titulaires dela richesse brésiliens. De fait, la crise s’étant centréesur le monde développé, <strong>les</strong> marchés étrangers decapitaux n’attiraient plus <strong>les</strong> investisseurs financiersnationaux. Les actifs <strong>du</strong> marché domestique, in<strong>du</strong>bitablement,étaient plus rentab<strong>les</strong> et moins risqués que<strong>les</strong> investissements financiers à l’extérieur. L’économiebrésilienne ne subissait pas de pressions vis-à-vis despaiements, puisque sa dette externe publique est assezbien contrôlée et ses réserves internationa<strong>les</strong> sontélevées par rapport à l’échelle de l’économie. La sortiede capitaux pourrait aisément se concilier avec cesréserves. Une ligne de change de dollars préventivenégociée avec la Réserve fédérale a fortifié ces défenseset a ré<strong>du</strong>it <strong>les</strong> pressions qui auraient pu mener à lafuite de capitaux, tout en facilitant la façon de gérer <strong>les</strong>autres pressions.Risques en vueCependant, tout n’est pas si brillant. Il est vrai quela crise a été brève et ses effets relativement bénins,si l’on tient compte <strong>du</strong> fait que c’est la deuxième enimportance dans l’histoire <strong>du</strong> capitalisme moderne,après la Grande Crise de 1930. Au milieu de l’année2009, comme il a déjà été signalé, l’économie marchaitde nouveau pratiquement à toute vapeur, montrantdes taux de croissance très dignes, quoique très loinencore des taux atteints par des pays comme la Chineou l’Inde.La reprise entraîne aussi des rentrées de capitauxqui peuvent être très dangereuses pour le Brésildans un proche avenir, en raison de l’appréciation dela monnaie locale (une tendance récupérée après ladévaluation de fin 2008), qui nuit aux exportations,favorise <strong>les</strong> importations et aboutit au déficit actueldes comptes et à l’augmentation de l’endettement extérieur.La situation reste encore contrôlée mais elle sedétériore rapidement et c’est un des motifs de préoccupationquant au proche avenir. L’accumulation deréserves n’est pas suffisante en soi pour assurer laposition de l’économie brésilienne. L’augmentation dela dette extérieure rend le pays plus dépendant <strong>du</strong> financementextérieur et peut aboutir à une crise de grandeenvergure si ces entrées de capitaux s’interrompentcomme cela s’est pro<strong>du</strong>it bien souvent dans un passéassez proche. Le tableau est d’autant plus préoccupantqu’aucune solution ne semble se profiler à l’horizon desresponsab<strong>les</strong> de la politique brésilienne. En général,on admet que la combinaison de forts taux d’intérêtset de taux de change surévalués peut être fatale, maisil semble qu’on ne fait pas grand-chose pour changercette situation.Sur le front des politiques socia<strong>les</strong>, la Bolsa Familias’est consolidée et l’administration « Lula » aannoncé qu’elle projette de la rendre permanente, eninstituant ces aides en tant qu’obligation légale pour<strong>les</strong> futures administrations fédéra<strong>les</strong>. Ce serait faire unpas en avant sur ce point que de définir des politiquesde progrès social, y compris des politiques soutenuesen terme d’emploi, des politiques visant à ré<strong>du</strong>ire lechômage et l’expansion de l’économie informelle, etdes politiques é<strong>du</strong>catives et socia<strong>les</strong> qui non seulementfavoriseront la scolarisation des groupes <strong>les</strong> plusdémunis mais aussi leur qualification professionnelleet leur pro<strong>du</strong>ctivité.Du côté de la politique de crédits, il n’y a pas grandchose à faire pour l’instant. La régulation financièreest redessinée dans <strong>les</strong> forums internationaux mais laBanque centrale <strong>du</strong> Brésil ne semble pas être innovatricedans ce domaine. L’agressivité avec laquelle <strong>les</strong>banques publiques ont réagi pendant la crise sembleavoir servi d’alarme aux banques privées et <strong>les</strong> a incitéesà prendre des mesures pour élargir leur propreprovision de crédit. Cela peut être bénéfique en termesd’amélioration des coûts <strong>du</strong> capital pour des activitéspro<strong>du</strong>ctives et pour financer <strong>les</strong> dépenses des consommateurs.C’est dans le secteur des investissements, demême que pour le risque de la balance des paiementsdéjà mentionné, que l’horizon est le plus sombre. Levolume relativement faible des dommages causés parla première vague de la crise qui a frappé l’économie fin2008 et début 2009 semble avoir renforcé la tendanceà investir de l’économie brésilienne. Cependant, le tauxd’investissement reste très faible, bien plus qu’il nele faudrait pour une économie en développement quiprétend atteindre l’échelle des pays développés. Lesinvestissements en infrastructure sont encore bien endessous des besoins qu’il urge de satisfaire. De plus,<strong>les</strong> préoccupations environnementa<strong>les</strong> ne sont pasprises en compte de façon convenable et le pays peutencourager aujourd’hui des investissements dans dessecteurs et dans des projets susceptib<strong>les</strong> d’être obsolètesdemain. Certains projets d’investissement, notammenten matière de génération d’énergie électrique,sont même le coeur de controverses pour leur impactsur <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong> et sur l’environnement, etalimentent la polémique sur le bien-fondé de ce genred’investissements.Les risques <strong>les</strong> plus importants pour l’avenir naissent<strong>du</strong> fait que, et cela va de soi, l’économie mondialen’a pas encore tourné la page de la crise financièremondiale. Comme en témoigne la forte turbulence quisévit dans la Zone euro, de nombreux dangers guettentencore l’avenir. De fait, <strong>les</strong> effets d’une crise d’enverguredans la Zone euro peuvent avoir un impact sur<strong>les</strong> économies en développement, et spécialement auBrésil, pire encore, que le crack financier de 2008. Lesinstruments politiques disponib<strong>les</strong> ont été suffisantspour contrôler et vaincre la crise de 2008. Une deuxièmevague de crise et d’instabilité, dont on ne discernepas clairement <strong>les</strong> conséquences, pourrait être en trainde se former en ce moment.Une leçon importante, cependant, peut en êtretirée : c’est que le néo-libéralisme et l’attitude laissezpasser caractéristique des gouvernements brésiliensjusqu’en 2005-2006 aurait été fatale. La posture activistede 2009 peut être la meilleure garantie d’un avenirplus sûr pour l’économie et la société <strong>du</strong> pays. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>77Brésil


BulgarieUn financement pour le développement en temps de criseL’impact de la crise économique sur <strong>les</strong> progrès réalisés par la Bulgarie dans le domaine de l’é<strong>du</strong>cation et del’emploi, ou de la réalisation des Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement (OMD) n’a pas encore étéévalué à sa juste mesure. En revanche, on constate que certains des objectifs de développement considérésdans le cadre de l’adhésion de ce pays à l’UE sont loin d’être atteints. Le pays, auparavant bénéficiaire d’aide,est aujourd’hui un pays donateur. L’Aide publique au développement (APD) est loin de l’objectif fixé pour2010. Il n’y a pas de mécanismes ni de procé<strong>du</strong>res claires pour l’attribution de l’assistance à d’autres pays.Bulgarian Gender Research FoundationBulgarian European Partnership Association100Au cours des années précédant la crise économique etfinancière mondiale de 2008, la Bulgarie a reçu un fluxIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9894 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 73Autonomisation44important de capitaux qui ont généré une forte demandeintérieure. En conséquence, le Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB)0et l’emploi ont connu une forte croissance mais parallèlement00à cela, on a assisté à la croissance <strong>du</strong> déficit des989699997296comptes courants et à une surchauffe de l’économie,100 100 65100100 100100 100accompagnés d’une forte hausse des salaires et d’une Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àinflation à deux chiffres. Ce boom a pris fin au cours <strong>du</strong> personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationdernier trimestre de 2008 lorsque a eu lieu un ajustementdes flux de capitaux qui a généré une contraction de lademande intérieure. En même temps, la récession dans<strong>les</strong> pays partenaires de la Bulgarie provoquait une chutedes exportations. Tout cela a donné lieu à une contractionde 5,1 % <strong>du</strong> PIB en 2009, ce qui représente la premièrebaisse depuis la crise de 1996-1997. 100Une longue période d’ajustementBien que le FMI prévoie une reprise de l’économie à partirde 2010, et une croissance <strong>du</strong> PIB de 0,2 %, il est aussiprévu que la demande intérieure continue 15 à baisser 1 . En0raison <strong>du</strong> ralentissement de l’investissement, <strong>du</strong> resserrement<strong>du</strong> crédit et de la faible activité économique, il est25raisonnable de s’attendre à ce que <strong>les</strong> investissements 91100100 100continuent de baisser. La consommation intérieure seraré<strong>du</strong>ite à son tour à cause de la baisse de l’emploi, impliquantune aggravation <strong>du</strong> déficit des comptes courants deb Rep. = 91 IEG of Egypt = 448,5 % <strong>du</strong> PIB en 2009 à 5,5 % <strong>du</strong> PIB en 2010. La mission<strong>du</strong> FMI prévoit que l’inflation restera modérée, autourde 2,2 %, tandis que le chômage devrait passer d’unemoyenne estimée de 7,8 % en 2009 à 9,2 % en 2010 2 .Mais <strong>les</strong> projections des syndicats et des organisationsde travailleurs sont plus pessimistes encore etestiment que le taux de chômage sera de deux chiffreset atteindra même 20 %. Le taux de chômage moyen enregistréétait de 9,9 % en janvier 2010, et dans certainesrégions il dépasse déjà 15 %.Sur la base des recommandations <strong>du</strong> FMI, le Gouvernements’attend à ce que <strong>les</strong> secteurs privé et publicse conforment à la nouvelle situation, et il a commencéà établir ses politiques à partir de cette hypothèse. Parexemple, pour l’organisation multilatérale, le secteurprivé devra détourner des ressources <strong>du</strong> secteur non1 Fonds monétaire international, 1 er mars 2010. .2 Ibid.IEG of Brazil = 68exportateur versBCIle secteurof Bulgariaexportateur= 98afin d’assurerla croissance <strong>du</strong> PIB. Mais, selon le FMI, cette mesurene sera efficace que si elle parvient à limiter significativementl’augmentation des salaires qui est passée d’unpic de 25 % au deuxième trimestre 2008 à 10,6 % auquatrième trimestre 2009 (dans <strong>les</strong> deux cas, pendant lamême période de l’année).Le Gouvernement soutient qu’à travers ces ajustementsdes politiques publiques, le pays se prépare à uneéventuelle transition vers la zone euro, ce qu’il considèrecomme la seule stratégie de sortie viable à la crise. LeGouvernement considère également qu’en maintenantla discipline fiscale et en approfondissant <strong>les</strong> politiquesstructurel<strong>les</strong> il parviendra à renforcer <strong>les</strong> bases économiqueset la viabilité de l’économie bulgare. Ainsi, le Gouvernements’est fixé pour 2010 l’en<strong>jeu</strong> de parvenir à un déficitde trésorerie de 0,7 % <strong>du</strong> PIB. Pour atteindre cet objectif,il prévoit, entre autres mesures, une ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> budgetqui impliquera le gel des salaires <strong>du</strong> secteur public et desretraites, la ré<strong>du</strong>ction des effectifs de l’administration publiqueet un contrôle plus strict des dépenses de santé. LeFMI estime que, même si une ré<strong>du</strong>ction des cotisations dela sécurité sociale pourrait en principe contribuer à ré<strong>du</strong>ire<strong>les</strong> coûts <strong>du</strong> travail et de la compétitivité, une politiquede ce genre risque d’aggraver la brèche de financementdans le système de la sécurité sociale, exigeant une plusgrande quantité de transferts gouvernementaux. Celapourrait mettre en danger <strong>les</strong> objectifs budgétaires que leGouvernement s’est fixés à moyen terme et la viabilité <strong>du</strong>projet, notamment <strong>du</strong> système de retraite.Pour éviter cette situation, le FMI recommande uneréforme urgente <strong>du</strong> système de retraite. Parmi <strong>les</strong> mesuresrecommandées, se trouvent le gel des retraites pourl’année 2010, la faible augmentation de leur montant dans<strong>les</strong> années à venir et un ajustement des paramètres <strong>du</strong>système de retraite, notamment l’augmentation de l’âgede la retraite ou <strong>du</strong> minimum d’années de cotisations.IEG of Bulgaria = 73Un retard soutenuPendant <strong>les</strong> premiers mois après <strong>les</strong> élections, leGouvernement a préten<strong>du</strong> ouvrir le débat sur une augmentationde l’âge de la retraite et des années de travailnécessaires pour y accéder mais, compte tenu de la montée<strong>du</strong> chômage, il a décidé de reporter cette réforme.En même temps, le Gouvernement a cessé de payer <strong>les</strong>allocations que l’État est légalement tenu de verser auxpersonnes de moins de 18 ans, aux retraités et aux bénéficiairesde l’aide sociale ou de l’assurance-chômage.Ces allocations représentent un tiers <strong>du</strong> budget de l’assurancemaladie et el<strong>les</strong> n’ont pas été payées afin de limiterle déficit budgétaire. La caisse d’assurance maladie nedispose pas d’assez d’argent pour payer <strong>les</strong> services98de ses médecins et de son personnel, ce qui a con<strong>du</strong>it àla fermeture d’hôpitaux de petites vil<strong>les</strong> situées loin desgrands hôpitaux régionaux. Cela a donné lieu à des protestationsmassives et, depuis le mois de mars dernier, àde nombreuses grèves dans le système de santé.Les débats dans le pays sur <strong>les</strong> politiques contre lacrise et sur leur efficacité continuent. Toutes <strong>les</strong> mesuresprises par le Gouvernement jusqu’à présent sont procycliques,étant donné qu’el<strong>les</strong> ré<strong>du</strong>isent <strong>les</strong> dépenses etralentissent l’économie, provoquant une augmentation<strong>du</strong> chômage et de l’économie informelle. Cette situationdémontre que le Gouvernement ne concentre pas vraimentses efforts sur l’accomplissement de l’objectif de0,17 % <strong>du</strong> PIB.98100100Malgré un certain optimisme officiel quant à l’accomplissementdes Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement(OMD) 3 , il est certain que, dans le domaine <strong>du</strong>3 PNUD, “La Bulgarie a de bonnes raisons d’être optimiste ence qui concerne l’accomplissement des OMD”, Bulgarie, 24octobre 2008. Disponible sur : .53100100Rapports nationaux 78 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010095


développement, la Bulgarie doit relever une série d’en<strong>jeu</strong>ximportants qui sont aggravés par la crise économiquemondiale. Lors de la publication <strong>du</strong> deuxième rapportsur <strong>les</strong> OMD 4 , en octobre 2008, le pays était sur la bonnevoie pour en atteindre certains, parfois avec de meilleursrésultats que prévu. Par exemple, le taux de mortalitéinfantile, prévu pour 2015 à 7 pour mille naissances vivantes,était de 11,8 en 2006, c’est-à-dire, inférieur auchiffre correspondant à 2001 (14,4). Le chômage à longterme, prévu à 7 % pour 2015, est tombé à 6 % en 2005 etil était déjà de 3,9 % en juin 2007, loin <strong>du</strong> chiffre de 9,59 %recensé en mai 2001 5 .Quoi qu’il en soit, il est nécessaire de contextualiser<strong>les</strong> progrès vers <strong>les</strong> OMD avec la transition versl’adhésion à l’Union européenne. Dans ce cadre, le premierrapport national des OMD de la Bulgarie 6 , publié en2003, avait adapté ses objectifs pour 2015 au processusd’intégration à l’Union européenne (UE). Mais si certainsindicateurs, tels que l’é<strong>du</strong>cation et le chômage, nedifféraient pas à l’époque de la moyenne européenne,d’autres – tels que le revenu mensuel, le revenu minimum,le taux de mortalité infantile et certains indicateursenvironnementaux – montraient un retard considérable 7 .Avec un salaire minimum encore inférieur à l’objectiffixé pour 2015 de 170 EUR, la Bulgarie reste dans lacatégorie des pays membres de l’UE considérés commedes pays à « revenu moyen bas ».Par ailleurs, le progrès vers <strong>les</strong> OMD a été accompagnéd’inégalités et d’exclusion : 10 % de la populationbulgare monopolise 40 % des revenus et de la dépense.Cette disparité, aggravée par la détérioration de la qualitéet par la hausse <strong>du</strong> coût de l’é<strong>du</strong>cation élémentaire etde la santé, entraîne à son tour une augmentation del’inégalité des chances. En particulier, le faible niveau desrevenus et de l’é<strong>du</strong>cation, et l’accès limité aux services desanté donnent lieu à des disparités socia<strong>les</strong>, régiona<strong>les</strong> etethniques qui affectent surtout la minorité rom.De récepteur à donateur d’aideDepuis plus de 15 ans, la Bulgarie a bénéficié de nombreuxprogrammes d’aide au développement au sein del’Union européenne (initiatives financées par l’Allemagne,la France et le Royaume-Uni) et a reçu le soutien dedifférents pays qui n’appartiennent pas à l’UE, tels que leJapon, la Suisse et <strong>les</strong> États-Unis.Le deuxième rapport national présentait une révisiondes progrès vers <strong>les</strong> OMD selon la perspective d’unpays qui était déjà membre à part entière de l’UE (à partir<strong>du</strong> premier janvier 2007). Pour cette raison, le rapportmodifiait entièrement <strong>les</strong> buts de l’Objectif 8 – promouvoirun Partenariat mondial pour le développement – afin4 PNUD, Rapport des Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour ledéveloppement en Bulgarie 2008, Bulgarie, octobre 2008.Disponible sur : .5 L’objectif de la Bulgarie pour 2015 concernant le revenu mensuelmoyen est de EUR 280 à partir d’une base de EUR 91 en 2001.En 2009, le revenu mensuel moyen était déjà de EUR 300.6 PNUD, Millennium Development Goals Report for Bulgaria2003, Bulgarie, mars 2003. Disponible sur: .7 Selon le rapport 2008 sur <strong>les</strong> OMD, le taux de mortalitéinfantile pour 1000 naissances en Bulgarie était de 10,4,tandis que la moyenne de l’UE était de 4,7. D’autre part,le pourcentage d’énergie pro<strong>du</strong>ite à partir de ressourcesrenouvelab<strong>les</strong> en Bulgarie varie entre 4 et 7 %, tandis que lamoyenne de l’UE est supérieure à 20 %.de refléter le nouveau statut de la Bulgarie, qui était passéde pays bénéficiaire à pays donateur émergent.Le nouvel engagement de la Bulgarie concernant saparticipation active dans <strong>les</strong> politiques de développementde l’Union européenne établit son obligation d’atteindre<strong>les</strong> objectifs de l’Aide publique au développement (APD)fixés pour <strong>les</strong> nouveaux États membres, ces objectifssont <strong>les</strong> suivants : 0,17 % <strong>du</strong> Revenu national brut (RNB)en 2010 et 0,33 % <strong>du</strong> RNB en 2015. Loin de ces résultats,l’APD correspondant à la Bulgarie a diminué en 2008de EUR16 millions à EUR13 millions, ce qui représente0,04 % <strong>du</strong> RNB. Un rapport officiel de 2007 signalait quel’assistance pour le développement de la Bulgarie « auracomme principa<strong>les</strong> cib<strong>les</strong> l’éradication de la pauvreté etla lutte contre le sous-développement économique dans<strong>les</strong> pays partenaires (de l’UE)... » en identifiant <strong>les</strong> régions<strong>du</strong> sud-est de l’Europe et de la mer Noire comme zonesgéographiques prioritaires 8 .En<strong>jeu</strong>x et opportunitésLa plupart de l’APD de la Bulgarie est canalisée vers desorganisations internationa<strong>les</strong> tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> agences del’ONU, l’Organisation mondiale <strong>du</strong> commerce (OMC) etla Croix-Rouge. Depuis 2008, la Bulgarie contribue égalementau Fonds européen de développement (EuropeanDevelopment Fund, EDF), le principal instrument de l’aidecommunautaire pour la coopération au développement.Selon un rapport publié en 2008 9 , le rôle des donateursprivés et des organisations humanitaires d’assistance aété sous-estimé par <strong>les</strong> fonctionnaires <strong>du</strong> Gouvernementchargés de la mise en œuvre de l’APD bulgare, ce qui estconsidéré comme une des plus grandes faib<strong>les</strong>ses dansla stratégie actuelle d’aide au développement.Bien qu’il existe un cadre clairement défini pourla mise en œuvre de l’APD, la Bulgarie ne dispose pasde mécanismes ni de procé<strong>du</strong>res spécifiquement crééspour fournir une assistance technique et financière àd’autres pays. L’absence de ces modalités pratiques,ainsi que le manque de clarté quant à l’infrastructure institutionnellepour fournir de l’aide, l’administrer et l’évaluer,sont de sérieux obstac<strong>les</strong> à la mise en œuvre efficace deprogrammes d’aide au développement.Jusqu’en 2008, il n’existait pas de rapports annuelsou d’évaluations de la mise en œuvre de l’aide. Bien quecela puisse être en partie dû au statut encore récent dela Bulgarie comme pays donateur, il semble y avoir unesous-estimation des processus de surveillance et d’évaluation.Il n’existe pratiquement aucune informationsur <strong>les</strong> progrès réalisés (si progrès il y a eu), ce qui estparticulièrement perceptible dans le cas des dépensesfinancières. Il n’existe pas non plus de preuve qu’unplan quelconque ait été exécuté puisqu’aucun rapportpublic sur <strong>les</strong> projets et sur <strong>les</strong> domaines dans <strong>les</strong>quelsdes fonds ont été investis avant l’année 2008 n’a étéélaboré.8 Ministère des Affaires étrangères, “Bulgaria’s policy onparticipation in international development cooperation”,Concept paper, Bulgarie, le 18 juin 2007.9 Vessela Gertcheva. “Bulgarian Official DevelopmentAssistance and Peacebuilding”. Initiative for Peacebuilding;Partners for Democratic Change International. novembre2008. .Le besoin de transparenceLa transparence est donc un des points <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> dela mise en œuvre de l’APD en Bulgarie. L’information surla prise de décisions en matière de développement n’estpas accessible au public, et <strong>les</strong> informations sur le fluxde l’aide publique sont très diffici<strong>les</strong> à obtenir. Parmi <strong>les</strong>sources diffusées par le Gouvernement, tel que son siteInternet, pratiquement aucune information n’est fournie.Les décisions en matière de développement sontgénéralement prises unilatéralement par le Gouvernement.Les ONG bulgares ont commencé à jouer unrôle plus important dans le processus d’aide, mais ilreste encore un long chemin à parcourir. Les ONG ont étéconsultées pendant la préparation de la stratégie à moyenterme de l’aide (2009-2011), mais si l’on prétend que <strong>les</strong>mécanismes d’aide en Bulgarie soient démocratiques, i<strong>les</strong>t essentiel que <strong>les</strong> processus de consultation s’élargissentafin d’inclure des discussions sur des sujets dedéveloppement plus spécifiques et d’engager <strong>les</strong> acteurs<strong>du</strong> développement dans <strong>les</strong> pays partenaires.Les recommandations de la société civileLes ONG de la Bulgarie ont fait une série de recommandationsau Gouvernement qui sont <strong>les</strong> suivantes :• Mettre fin à la stratégie de soutien, y compris <strong>les</strong>rapports de stratégie nationale pour <strong>les</strong> pays quisont prioritaires pour la Bulgarie.• Renforcer <strong>les</strong> contacts de la Plateforme bulgarepour le développement international (BulgarianPlatform for International Development, BPID) avecdes experts idoines appartenant à des institutionsgouvernementa<strong>les</strong>.• Réserver <strong>les</strong> ressources nécessaires et offrir uneformation aux fonctionnaires <strong>du</strong> Gouvernement etaux représentants de la société civile comme moyende renforcer le dialogue et la transparence.• Mettre en œuvre et con<strong>du</strong>ire des évaluations del’aide (y compris pour <strong>les</strong> questions de genre) dans<strong>les</strong> pays prioritaires afin de déterminer leurs besoinsréels et que ceux-ci soient reflétés dans lastratégie nationale pour l’APD.• Travailler sur l’inclusion de thèmes liés au genreen tant que programme thématique spécifique etrenforcer la coopération entre <strong>les</strong> OSC qui travaillentsur des questions de genre et <strong>les</strong> institutions del’État.• Créer un forum pour promouvoir des rencontresrégulières entre <strong>les</strong> différents acteurs (y compris<strong>les</strong> OSC) afin de discuter des priorités de la politiquede l’APD.• Mettre en œuvre une campagne d’informationpublique pour faire connaître <strong>les</strong> obligations de laBulgarie en matière d’APD. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>79Bulgarie


CamerounL’aide doit être plus efficaceAlors que le Cameroun peut devenir un pays émergent avant le délai prévu dans le Document de stratégiepour la croissance et l’emploi, souscrit en 2007, il lui sera difficile d’atteindre <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppement (OMD) pour 2015. Pour y parvenir, il devra entre autres modifier profondément sa gouvernanceéconomique et financière et mettre l’accent sur la valorisation des compétences des hommes, des femmes, des <strong>jeu</strong>neset des a<strong>du</strong>ltes. Afin de rendre la gestion de l’aide internationale plus efficace, la société civile <strong>du</strong> Cameroun exige que<strong>les</strong> questions d’égalité des sexes soient prises en compte et que la coordination avec <strong>les</strong> donateurs s’améliore.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Cameroun 1Collectif des ONG pour la sécurité alimentaire et ledéveloppement rural (COSADER) 100Christine AndelaCentre régional africain pour le développement endogèneet communautaire (CRADEC)53Jean Mballa MballaGovernance & Entrepreneurship Consulting Group (GECOG)Samuel Biroki0Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 75 IEG = 5176 Enfants atteignantla cinquième annéed’école0100014AutonomisationPendant la période 2004-2009 le pays est parvenu9972968780à maintenir la stabilité politique, exception faite de100 100 100100 6310010057100la vague de contestations contre l’augmentation <strong>du</strong> Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àcoût de la vie qui s’est pro<strong>du</strong>ite en 2008 2 . En ce qui personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationconcerne <strong>les</strong> affaires internes <strong>du</strong> pays, un processusIEG of Bulgaria = 73de décentralisation politique a été amorcé ; pour cequi touche aux relations extérieures, le transfert dela souveraineté sur la péninsule de Bakassi 3 par leNigeria s’est déroulé de façon pacifique. De plus,<strong>les</strong> résultats obtenus en matière macroéconomiqueont permis au Cameroun d’atteindre <strong>les</strong> points dedécision et d’achèvement dans l’initiative de la Banquemondiale pour <strong>les</strong> Pays pauvres très endettéset, par voie de conséquence, d’accéder aux plansd’allègement de la dette et aux nouvel<strong>les</strong> lignes definancement destinées aux programmes de développement.Malgré ces données, le pays continue à afficherdes indicateurs qui montrent de sérieux problèmesen matière de développement. Dans l’Indicateur <strong>du</strong>développement humain 2009 <strong>du</strong> Programme desNations Unies pour le développement (PNUD), leCameroun est classé 153 e sur <strong>les</strong> 182 pays considérés.D’après ce rapport plus de 57 % des Camerounaisvivent avec moins de USD 2 par jour 4 . Lesstatistiques de la Banque mondiale montrent que le1 La coalition nationale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Cameroun est unréseau d’environ 15 associations. Elle a ses bases dansDynamique Citoyenne, un réseau qui s’étend sur <strong>les</strong> dixrégions <strong>du</strong> pays.2 Cette année-là à Douala, la capitale économique <strong>du</strong>Cameroun, des grèves et des manifestations dans <strong>les</strong> ruesont éclaté en signe de protestation contre l’augmentation<strong>du</strong> coût des combustib<strong>les</strong> et des denrées alimentaires. Cesémeutes se sont propagées dans tout le pays.3 Suite à la décision d’un tribunal international en 2002, leNigeria a cédé la péninsule en août 2008, mettant ainsi fin àune longue discorde qui avait failli mener <strong>les</strong> deux pays à laguerre en 1981.4 PNUD Rapport sur le développement humain 2009.Disponible sur :< http://hdrstats.undp.org/en/countries/country_fact_sheets/cty_fs_CMR.html >.taux de mortalitéBCIdesofenfantsCameroonde moins= 75de 5 ans était,en 2008, de 142,6 pour mille nés vivants et que lamortalité des enfants de moins d’un an était de 86,2••IEG of Cameroon = 51Obtenir le statut de pays à revenu intermédiaire.Se convertir en pays in<strong>du</strong>strialisé.pour mille nés vivants. L’analphabétisme atteignait,• Consolider le processus démocratique et l’unitéd’après <strong>les</strong> chiffres de 2001, 32 % de la population,nationale.pratiquement le double 100chez 95<strong>les</strong> femmes (40,2 %)100que chez <strong>les</strong> hommes (23 %) 5 . Selon <strong>les</strong> chiffresofficiels, le chômage en 2007 était de 6,2 % au niveaunational et de 14,1 % en zone urbaine. L’indicateurde sous-emploi était de 75,8 %, le secteur informelétant en même temps et de loin le principal fournisseurd’emplois (90 %) 6 0.Dans son résumé exécutif, le DSCE se définit luimêmecomme étant un cadre intégré de développement,de cohérence financière, de coordination del’action gouvernementale et 30 des appuis extérieurs,de consultation et de concertation avec la société0civile, le secteur privé et <strong>les</strong> partenaires au développement,Croissance 98 et emploi99et d’orientation 47 des travaux analytiquespour éclairer la gestion <strong>du</strong> développement. Ce 99 document100 100Dans ce contexte, le Gouvernement s’est imposé descib<strong>les</strong> à long terme qui ont été consignées dans leDocument de stratégie pour la croissance et l’emploi(DSCE, selon BCI son of sigle malaysia en français). = 97 Il s’agit d’unplan qui prévoit la transformation <strong>du</strong> Camerounpour 2035, par phases successives de 10 ans, enun pays émergent, démocratique et uni malgré sadiversité 7 . Le cadre de référence choisi repose surse compose de sept chapitres indépendants100 100qui prévoient : a) l’examen des politiques de développement,b) la vision <strong>du</strong> développement à longterme, c) la stratégie IEG of de Malaysia croissance, 58d) la stratégie del’emploi, e) la gouvernance et la gestion de l’État, f) lecadre macroéconomique et budgétaire, et g) le cadreinstitutionnel et <strong>les</strong> mécanismes de mise en œuvre etde suivi <strong>du</strong> DSCE.quatre piliers :Dans le but d’accélérer la croissance, la formalisationde l’emploi et la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté, le100100• Ré<strong>du</strong>ire la pauvreté à un seuil socialement acceptable.82Gouvernement a démarré sa mise en oeuvre en sefixant des objectifs concrets:5 CIA. The World Factbook. Disponible sur : .6 OCDE, African Economic Outlook 2008. Disponible sur :. 8744100 1007 Le DSCE s’inscrit dans <strong>les</strong> Documents de Stratégie deré<strong>du</strong>ction de la pauvreté (DSRP, selon son sigle en français)de deuxième génération, souvent qualifié par la sociétécivile de restrictif et peu efficace. Le DSCE est disponibleBCI of Kenya = 71en français sur : .• Élever la croissance moyenne annuelle à 5,5 %sur la période 2010-2020. 110• Diminuer le niveau d’informalité de l’emploi d’aumoins 81 50 % pour 2020, moyennant85la créationde 100 dizaines de milliers d’emplois formels 100 dans<strong>les</strong> dix prochaines années.• Ré<strong>du</strong>ire la pauvreté monétaire, de 39,9 % en2007 à 28,7 IEG % en of Kenya 2020. = 59Rapports nationaux 80 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010097


Le rôle de l’Aide publique audéveloppementSelon <strong>les</strong> données de l’Organisation de coopérationet de développement économiques (OCDE),<strong>les</strong> montants de l’Aide publique au développement(APD) envoyée au Cameroun – à travers la Banquemondiale, le PNUD et l’OCDE – ont fluctué au coursdes cinq dernières années, se situant entre 5 % et10 % <strong>du</strong> budget national 8 . On peut dire que le paysn’est pas fortement dépendant de ces ressources, sil’on tient compte <strong>du</strong> fait que le pourcentage moyenpour <strong>les</strong> pays récepteurs qui adhèrent à la Déclarationde Paris est de 12 %.La France et l’Union européenne sont, de loin,<strong>les</strong> principaux donateurs parmi <strong>les</strong> 13 qui interviennentau Cameroun. Le Fonds européen de développementde l’UE pour 2008-2013 a été de EUR 239millions, alors que le volume de l’aide de la Francea considérablement augmenté grâce au Contrat dedésendettement et de développement (C2D) signéen juin 2006 à Yaoundé pour un montant de EUR500 millions et qui consiste en un refinancement dela France sous forme de subventions de la totalité deses crédits de l’APD sur la période 2006-2010.Après une très longue période pendant laquelle<strong>les</strong> donateurs et le gouvernement travaillaient chacunde leur côté, <strong>les</strong> choses ont progressivement changéau Cameroun, en particulier grâce au programme demise en oeuvre de la Déclaration de Paris. Pour cefaire, le Gouvernement a établi, en vue d’améliorerl’efficacité de l’aide, un mécanisme de dialogue quiréunit deux fois par an autour <strong>du</strong> Secrétaire général<strong>du</strong> ministère de l’Économie, de la planification et del’aménagement <strong>du</strong> territoire, l’ensemble des membres<strong>du</strong> Comité des donateurs, <strong>les</strong> parlementaireset la société civile.C’est dans le cadre de ce mécanisme que leGouvernement et ses partenaires définissent le rôlede l’aide au développement, l’emploi et la vision <strong>du</strong>Cameroun 2035. Les débats mentionnent également<strong>les</strong> réformes que le Gouvernement doit entreprendrepour améliorer l’efficacité de l’aide.L’OCDE a présenté en 2008 une évaluation de lasituation de l’aide au Cameroun a travers une étudequi s’appuie sur <strong>les</strong> indicateurs de la Déclaration deParis. Au vu de cette analyse, on constate qu’il fautaméliorer le leadership <strong>du</strong> Gouvernement en matièrede développement, alors que <strong>les</strong> donateurs doiventréussir à ce que <strong>les</strong> accords passés dans <strong>les</strong> bureauxde l’OCDE se reflètent dans une gestion plus harmonieuselorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des projetscommuns et d’assumer la responsabilité mutuelledes résultats.Quoi qu’il en soit, <strong>les</strong> projets d’investissementpublic ont obtenu des résultats visib<strong>les</strong>, par exemple,la construction d’infrastructures dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>de Yaoundé et de Douala et des routes transnationa<strong>les</strong>Cameroun-Gabon-RCA. Selon une étude del’Agence allemande de coopération technique (GTZ,selon le sigle allemand), le pays limite sa capacité8 AFRODAD. Une évaluation critique de la gestion de l’aideet de l’harmonisation des donateurs. Le cas <strong>du</strong> Cameroun(2007). Disponible sur : .de réception de l’aide bien souvent par manque decoordination et de consensus entre le Gouvernementet ses partenaires techniques et financiers quant à cequi est des priorités. Qui plus est, des groupes de lasociété civile accusent <strong>les</strong> fonctionnaires publics dene plus être motivés et d’être corrompus, incompétentset incapab<strong>les</strong> de mettre en oeuvre <strong>les</strong> ambitieuxprogrammes et projets de développement, malgrél’APD reçue.Les principaux problèmesL’égalité des sexesLes indicateurs montrent que la scolarisation desfil<strong>les</strong> s’est améliorée, notamment pour ce qui estde l’é<strong>du</strong>cation primaire, où le rapport fil<strong>les</strong>/garçonsest passé de 0,83 à 0,89 entre 2001 et 2007. Simultanémentune baisse a été enregistrée dans l’enseignementsecondaire sur la même période, où il estpassé de 0,93 à 0,86. Comme indiqué plus haut,l’analphabétisme est plus élevé chez <strong>les</strong> femmesque chez <strong>les</strong> hommes. D’autre part, l’alphabétisationdes femmes de 15 à 24 ans s’est maintenue stable àenviron 0,88 9 .Si l’on tient compte <strong>du</strong> fait que plus de 55 % dela population économiquement active travaille dansle secteur agricole informel 10 , un projet de développement<strong>du</strong>rable ne peut pas éviter de considérer <strong>les</strong>besoins de ce secteur économique qui est en pluscelui où la pauvreté est la plus répan<strong>du</strong>e. Cependant,la considération d’égalité hommes/femmes reste encoretrès dépendante de la féminisation des emplois :la participation féminine dans le secteur non agricolea à peine progressé, passant de 21 % en 2006 à 22 %en 2009 11 , une évolution minime qui s’explique par lalenteur <strong>du</strong> changement de mentalité sur la questionde l’égalité des sexes. L’accès aux moyens de pro<strong>du</strong>ctiontels que la terre, le crédit et autres technologiesest plus difficile pour la femme 12 .La représentation des femmes au sein des instancesde décision (entre autres, la haute administration,la représentation nationale et <strong>les</strong> collectivitésterritoria<strong>les</strong> décentralisées) reste extraordinairementfaible. Les femmes occupent à peine 12,5 % desministères et seulement 13,9 % des sièges parlementaires,soit 24 députées sur 180 pour la législature2007/2012, un recul par rapport à la législature1988/1992, où le pourcentage était de 14,4 % 13 .Le Cameroun a atteint 51 points dans l’Indicateurde l’Égalité de genre 2009 de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>,qui mesure l’écart entre <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> hommessur la base de différents indicateurs dont la valeurmaximum (équité complète) est 100, ce qui le situeen deçà de la moyenne régionale subsaharienne qui9 DSCE, p. 13. Disponible en français sur : .10 Backiny-Yetna, Prosper, “Secteur informel, fiscalité et équité :l’exemple <strong>du</strong> Cameroun”, The African Statistical Journal, vol.9, novembre 2009.11 Forum Économique Mondial, Global Gender Gap Report.12 DSCE, op. cit.13 Union interparlementaire, base de données Women inParliaments. Disponible sur : .est de 55 points et révèle une régression sévère depuis2004 14 .Conformément à ces données, et au-delà desdiscours <strong>du</strong> Gouvernement en faveur de l’équité entrehommes et femmes, la société civile exige desactions plus concrètes qui combattent l’inégalitédans <strong>les</strong> domaines où elle subsiste. Pour ce faire il aproposé une loi qui définisse <strong>les</strong> dispositifs institutionnelset standard servant à mesurer l’évolution dela situation en matière d’égalité des sexes dans tous<strong>les</strong> secteurs lors de la mise en oeuvre <strong>du</strong> DSCE et desautres plans vers 2035. Les éléments principaux decette proposition sont <strong>les</strong> suivants :• Définition de quotas de parité homme/femme,<strong>jeu</strong>ne/a<strong>du</strong>lte et des personnes handicapées ;• Identification des institutions, existantes oubonnes à créer, qui remplissent des fonctionsde supervision, de direction, de mise en oeuvre,de contrôle, de suivi et de sanction.SantéLes statistiques de l’UNICEF pour 2008 situent letaux de mortalité des enfants de moins de cinq ans à131 pour mille enfants nés vivants 15 , ce qui indiqueune amélioration, très éloignée cependant de la cibleprévue pour 2015. Cette amélioration a été possiblegrâce à une augmentation de la couverture de la vaccinationcontre la rougeole – 64,8 % à 78,8 % –, lapromotion de l’allaitement maternel et la lutte contre<strong>les</strong> maladies infanti<strong>les</strong> et <strong>les</strong> carences alimentaires.Entre 1998 et 2004 la mortalité maternelle avaitaugmenté de 430 à 669 pour 100 000 accouchements.Pour satisfaire aux OMD dans cette matièrele chiffre ne devrait pas dépasser 350 morts pour 100000 naissances 16 .ConclusionMême si la grande majorité des OMD ne pourra pasêtre atteinte pour 2015, le Cameroun se convertira enun pays émergent avant le délai prévu dans le DSCE.Il devra pour cela, entre autres, modifier profondémentsa gouvernance économique et financière etmettre l’accent sur la valorisation des compétencesdes hommes, des femmes, des <strong>jeu</strong>nes, des a<strong>du</strong>lteset des personnes handicapées sans aucune sorte dediscrimination.Pour que <strong>les</strong> programmes de développementpuissent être mis en marche de façon plus efficace etqu’ils pro<strong>du</strong>isent de bons résultats il est indispensableque <strong>les</strong> fonds soient mieux gérés, ce qui requiertune plus grande coordination entre le Gouvernementet ses partenaires techniques et financiers de l’extérieur.Cela devrait commencer par l’élaborationconjointe d’une liste de priorités. n14 Disponible sur : .15 UNICEF 2008. Disponible sur: .16 DSCE, op.cit.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>81Cameroun


Canadas/ds/dStratégie de développement post-crise : « comme d’habitude »s/d1000Le Gouvernement a délibérément ignoré <strong>les</strong> leçons de 74la crise économique mondiale récente et a adopté uneapproche qui pourrait se 100 résumer par l’expression « comme 100 d’habitude 100». Il s’est engagé envers un retour 100 àl’idéologie dominante de ces deux dernières décennies et a refusé de mettre en œuvre <strong>les</strong> réformes structurel<strong>les</strong>nécessaires pour stabiliser l’économie et promouvoir le développement humain. La ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> déficit est enBCI of Afghanistan = 0train de se concrétiser par une ma<strong>jeu</strong>re compression des dépenses socia<strong>les</strong>. Alors que la bourse et le Pro<strong>du</strong>itinterne brut (PIB) se récupèrent il faut s’attendre à un nouveau recul des niveaux d’équité et <strong>du</strong> développement.s/d1000s/d100n/Women in Informal Employment: Globalizing and Organizing WIEGO)Zoe HornNorth-South InstituteJohn FosterCanadian Centre for Policy AlternativesArmine YalnizyanLa récente crise de confiance envers le paradigme de développement<strong>du</strong> Consensus de Washington n’a pas empêchéle Gouvernement canadien d’appliquer <strong>les</strong> mesureshabituel<strong>les</strong>. Depuis 20 ans, le pays a mis en œuvre despolitiques économiques qui consolident sa place parmi <strong>les</strong>« ploutocraties » mondia<strong>les</strong> dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> une petite minorité(entre 1 et 5 %) extrêmement riche domine de façoncroissante la gouvernance et <strong>les</strong> politiques de croissanceéconomique. La coordination entre le Canada et d’autresgouvernements ayant la même idéologie a exacerbé <strong>les</strong>déséquilibres macroéconomiques, tant au niveau mondialque national, à travers des politiques d’intégration <strong>du</strong> commerceet des investissements, de protection de la propriétéintellectuelle, de libéralisation financière, de développementd’instruments financiers de plus en plus complexes et demesures fisca<strong>les</strong> qui favorisent l’élite. Les politiques de redistribution,tel<strong>les</strong> que l’assurance-chômage, la créationd’emplois et l’éradication de la pauvreté, ont reculé dans l’ordrede priorité <strong>du</strong> Gouvernement canadien. En dépit d’unecrise mondiale sans précédent depuis des générations, leGouvernement ne semble pas envisager de mettre en œuvredes politiques destinées à lutter contre l’accélération del’instabilité économique au Canada et à l’étranger. Au lieu decela, <strong>les</strong> autorités ont témérairement décidé de revenir dèsque possible à l’idéologie dominante de ces deux dernièresdécennies : plus de marché, moins de gouvernement.Pendant la crise, la priorité a été donnée au « sauvetage» <strong>du</strong> secteur financier <strong>du</strong> Canada au détriment desinvestissements des citoyens ordinaires. Le plan de relanceproposé par le Premier ministre Stephen Harper en février2009 a été de CAD 18 milliards de CAD (environ USD 17milliards) pour la période 2009-2010, et il comprenait notammentdes ré<strong>du</strong>ctions fisca<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> entreprises richeset rentab<strong>les</strong>. Cependant, USD 186 milliards ont été injectéspour soutenir le secteur financier, presque sans conditions 1 .En outre, le Gouvernement n’a pas plaidé pour une plusgrande régulation <strong>du</strong> secteur financier international mais aucontraire s’est opposé aux propositions d’ajouter des nouveauximpôts internationaux dans le secteur, comme l’ontsuggéré le Royaume-Uni et d’autres pays européens. Lapartialité <strong>du</strong> Canada concernant <strong>les</strong> « clubs sur invitation »<strong>du</strong> G-8 et <strong>du</strong> G-20, a déterminé que dans <strong>les</strong> discussions1 Bruce Campbell, “The Global Economic Crisis and itsCanadian Dimension”, The Monitor, 1 er juillet 2009.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009ICB = 99+100100Enfants atteignantIEG = 74la cinquième annéed’école1000100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 anssur le financement <strong>du</strong> développement tenues aux NationsUnies tout au long de l’année 2008 et d’une grande partie de2009, le Canada se soit manifesté systématiquement contre<strong>les</strong> initiatives tendant à avancer vers un Conseil mondialde coordination économique et contre d’autres réponsesintégra<strong>les</strong> et globa<strong>les</strong> pour 100faire face à la crise mondiale.En se justifiant par la nécessité urgente 90 de ré<strong>du</strong>ire le déficit,le pays est en train de retourner rapidement à un modèlede capitalisme erroné qu’on pourrait caractériser comme« comme d’habitude ». Cette position obsolète est en trainde saper significativement <strong>les</strong> possibilités <strong>du</strong> Canada de se0situer à la hauteur de ses engagements de développement,tant nationaux qu’internationaux.9999Activité économiqueAutonomisation96100 74100BCI of Canada = 100 IEG of Canada = 74É<strong>du</strong>cationdans des secteurs comme la santé, l’é<strong>du</strong>cation, le travailsocial, le logement, le soin des enfants, l’équité salariale,l’assurance-chômage, la lutte contre la pauvreté et le soutienaux communautés autochtones. Au Canada, depuis le milieudes années 90, <strong>les</strong> inégalités ont augmenté plus rapidementque dans la plupart des autres 100 pays de l’Organisation decoopération et de développement économique (OCDE) 2 . En1976, le revenu moyen pour 10 % de la population activeformée par <strong>les</strong> ménages canadiens <strong>les</strong> plus riches était 14fois plus élevé que pour 10 % des plus pauvres. En 2007,ils gagnaient 223 fois plus et, après impôts, on constate que0depuis 1976 l’inégalité a augmenté 6 de près de 50 % 3 . Bienque le Canada ait joui d’une période d’expansion 98économi-que rapide depuis le milieu des années 90 jusqu’au milieu36Histoire100<strong>du</strong> développement interne <strong>du</strong> Canada100100 100des années 2000, la dernière décennie a été témoin d’uneAu niveau national, la lutte pour ré<strong>du</strong>ire la pauvreté, le érosion accélérée de son secteur manufacturier, une sourcechômage et l’inégalité a été sérieusement entravée par <strong>les</strong> vitale d’emplois syndicalisés et bien rémunérés.ré<strong>du</strong>ctions des dépenses BCI of Lebanon publiques au = cours 92 IEG of Lebanon = 47de ces 25 dernièresannées. La fraction des dépenses dans le domaine vivaient en dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté 4 . La stagnationAvant la récession, plus de trois millions de Canadiensde l’économie correspondant au Gouvernement fédéral a des salaires et l’augmentation des dépenses ont contribuédiminué de moitié entre le début des années 80 et la fin des à la diminution de l’épargne et à la croissance démesuréeannées 90 (voir le tableau ci-dessous). À court terme, la de l’endettement personnel utilisé par beaucoup de gensrécession a inversé sa tendance, mais <strong>les</strong> stratégies fisca<strong>les</strong> pour maintenir leur niveau de vie. Le Canada a per<strong>du</strong> plus100100fédéra<strong>les</strong> formées par <strong>les</strong> dépenses 97 destinées à stimuler le de 485.000 emplois à temps plein depuis octobre 2008 5 ,marché à court terme sont maintenant remplacées par des et dans beaucoup de cas de façon permanente. Les ré<strong>du</strong>ctionsde personnel imminentes dansbudgets ré<strong>du</strong>its dont l’aspect central est la gestion <strong>du</strong> déficit.La contribution des niveaux fédéraux <strong>du</strong> Gouvernement, encore éliminer des emplois bien rémunérés. Les rangs dess/dle secteur public vontqui donne le ton de la stratégie économique et permet aux travailleurs indépendants et des employés à temps partiel etniveaux inférieurs <strong>du</strong> Gouvernement 0 d’offrir des niveaux temporaires ont grossi depuis 0 le début de la crise, ce qui ade service plus ou moins équivalents, est déjà près dess/ds/dniveaux historiques <strong>les</strong> plus bas. Les budgets post-crise 992 Organisation de coopération et développement économique100 100(OCDE), 100 “Country Note : Canada”, dans Growing Unequal 100 ?:seront marqués par une augmentation des compressionsIncome Distribution and Poverty in OECD Countries, octobre 2008.des dépenses socia<strong>les</strong>, par de nouvel<strong>les</strong> attaques contre le3 Armine Yalnizyan, calculé à partir des statistiques Canadamouvement syndical et <strong>les</strong> salaires réels et par un enthousiasmesoutenu pour BCI la of privatisation. Serbia = 984 Statistiques de Canada, Income in Canada, 2007 (Ottawa:data from the Survey of Labour and Income Dynamics.La tendance à vouloir ré<strong>du</strong>ire la taille <strong>du</strong> Gouvernement ministère de l’In<strong>du</strong>strie, mai 2009).a privé de ressources l’infrastructure sociale <strong>du</strong> Canada88 8899 9910005 Ken Lewenza, “The Precarious Economy”, The Mark, 6 octobre 2009.54100100100100Rapports nationaux 82 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


accéléré la transition progressive vers des emplois moinsrémunérés et moins sûrs. L’aide <strong>du</strong> Gouvernement auxrevenus, qui a été drastiquement ré<strong>du</strong>ite pendant <strong>les</strong> années90, n’a jamais été restaurée. En conséquence, moins de lamoitié <strong>du</strong> million et demi de Canadiens au chômage reçoiventactuellement des allocations chômage. Les dettes desménages ont atteint des niveaux sans précédent : au troisièmetrimestre de 2009 la dette moyenne des ménages étaitde CAD 1,45 pour chaque dollar de revenu disponible 6 .Les femmes canadiennes en tant que groupe étaientdéjà plus pauvres et moins protégées économiquement queleurs homologues masculins avant la crise. Les femmesreprésentent 60 % des travailleurs au salaire minimumet environ 40 % des femmes employées travaillent dansdes emplois précaires, souvent mal payés, avec une sécuritééconomique minimale ou nulle et sans bénéfice <strong>du</strong>type assurance retraite. Les femmes font encore face à desdifficultés d’accès au travail et à des inégalités concernant<strong>les</strong> bénéfices de l’assurance-chômage : en 2008, 39 % desfemmes au chômage et 45 % des hommes au chômageont reçu des bénéfices, c’est-à-dire, loin des chiffres de83 % des femmes et 85 % des hommes de la fin des années80 7 . En 2009, le Gouvernement fédéral a intro<strong>du</strong>it desré<strong>du</strong>ctions permanentes de l’impôt sur le revenu personnelet corporatif de l’ordre de CAD 20 milliards (USD 19,6milliards) pour <strong>les</strong> cinq prochaines années. Pendant cetemps, le Gouvernement a aboli <strong>les</strong> dispositions léga<strong>les</strong> derémunérations égalitaires, et <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions des prestationsde services publics–notamment dans <strong>les</strong> domaines de lasanté et de l’é<strong>du</strong>cation–vont certainement provoquer uneaugmentation de la charge de travail non rémunéré et invisibledépendant majoritairement des femmes.Sur la scène internationale, le Premier ministre StephenHarper a déclaré qu’il « lutterait » pour la cause de la santématernelle au sommet <strong>du</strong> G8 qui s’est tenu au Canada en juin2010. Toutefois, l’avortement et la contraception, deux droitsfondamentaux de la femme, ne sont pas inclus dans le plan.Ils n’existent pas non plus de mesures pour améliorer l’accèsaux soins à domicile pour <strong>les</strong> enfants, bien que <strong>les</strong> femmescanadiennes aient un des taux d’emploi le plus élevés aumonde. Actuellement, l’UNICEF et l’OCDE placent le Canadaau dernier rang parmi <strong>les</strong> pays in<strong>du</strong>strialisés en matière desoutien aux famil<strong>les</strong> 8 . Ces dernières années, le Forum économiquemondial a également placé le Canada de plus en plusbas dans le classement pour ce qui est de l’égalité des sexes.En 2006, le pays occupait la 14 e place sur un total de 115pays dans le domaine de « l’indice d’écart entre <strong>les</strong> sexes » <strong>du</strong>Forum, tandis qu’en 2009 il était à la 25 e place 9 .Histoire de l’évolution <strong>du</strong> Canada à l’étrangerLe Gouvernement canadien s’est manifesté en désaccordavec <strong>les</strong> réformes structurel<strong>les</strong> de la gouvernance économiquemondiale, tel<strong>les</strong> que l’augmentation des régulations,la hausse des impôts sur <strong>les</strong> transactions financières ou dechange, et une demande croissante de responsabilité desinstitutions démocratiques. Le dernier budget a renforcé lalibéralisation <strong>du</strong> commerce et des Investissements directs6 Roger Sauvé, “The Current State of Canadian Family Finances :2009 Report” (Ottawa : Vanier Institute of the Family, 2010), 13.7 Monica Townson, Women’s Poverty and the Recession(Ottawa : Canadian Centre for Policy Alternatives, 2009), 16.8 UNICEF, “The Childcare Transition : Innocenti Report Card 8”(Florence : UNICEF Innocenti Research Centre, 2008).9 Ricardo Hausman, Laura D. Tyson et Saadia Zahidi, Global GenderGap Report (Genève : Forum économique mondial, 2009).TABLEAU 1.45%40%35%30%25%20%15%10%5%0%Moyenne historiqueétrangers (IDE) en tant que principes fondamentaux desplans de développement <strong>du</strong> Canada. Au cours de la dernièredécennie, le Canada est devenu un investisseur direct net àl’étranger, avec des IDE externes qui sont passés de USD270 milliards à plus <strong>du</strong> double (USD 591 milliards) 10 . Cephénomène est dû en grande mesure aux compagnies financièreset aux sociétés d’exploitation de ressources naturel<strong>les</strong>.L’in<strong>du</strong>strie des finances et des assurances représente65 % des fonds qui vont vers l’étranger et pratiquement latotalité de cet argent se dirige vers des filia<strong>les</strong> étrangèresopérant aux États-Unis. Le secteur des ressources naturel<strong>les</strong>a reçu 16 % des fonds, mais en raison de ses caractéristiquesde fonctionnement, ces investissements ont eu peud’impact sur le développement et en revanche ont créé desconflits avec <strong>les</strong> populations loca<strong>les</strong> dans plusieurs pays,tels que l’Équateur, le Guatemala et le Mexique.Bien que le Canada soit sur la bonne voie pour tenir sapromesse faite en 2005 lors <strong>du</strong> G8 de Gleneag<strong>les</strong> de multiplierpar deux le montant des aides fournies à l’Afrique en2010, le pays se trouve actuellement parmi <strong>les</strong> donateurs<strong>les</strong> moins généreux (16 e place sur un total de 22 pays), avecseulement 0,33 % <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it interne brut (PIB) destiné àl’aide. Le budget fédéral le plus récent (budget 2010) a atteintson niveau maximum d’Aide publique au développement(APD) <strong>du</strong> Canada pour la période 2010-11, ce qui ré<strong>du</strong>ira sacontribution en pourcentage à environ 0,28 % en 2014-15.Cela le situera à la 18 e place sur 22 nations. Le Gouvernementactuel a détourné son attention de l’Afrique pour aider<strong>les</strong> pays à revenu moyen d’Amérique latine, où le Canada adavantage de plans de commerce et d’investissement. Celalui laisse une plate-forme encore plus faible pour satisfaire<strong>les</strong> efforts qui sont nécessaires pour atteindre <strong>les</strong> Objectifs<strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015 11 .Le budget de l’année 2010 a également mis en exerguele changement d’orientation dans le domaine de la politiqueétrangère. En 2005-06 le Gouvernement a dépenséenviron USD 3,48 dans le département de la Défense pourchaque dollar dépensé en APD ; <strong>les</strong> prévisions indiquentque pour la période 2019-20 le Gouvernement dépensera4,3 USD dans le domaine de la défense pour chaque dollardépensé dans l’APD. Le Canada s’est également écarté deson ancienne approche politique en ce qui concerne <strong>les</strong> relationsentre la Pa<strong>les</strong>tine et Israël en refusant de s’opposer aux10 Statistiques deu Canada, “Canada’s International InvestmentPosition – Third Quarter 2009” (Ottawa : ministère del’In<strong>du</strong>strie, mai 2009), Tableau 10.11 Pour davantage d’information, consulter End Poverty 2015Millennium Campaign.Revenus budgétairesInvestissement en politiquesSources : Département des finances <strong>du</strong> Canada, Tableaux de référence fiscale.Remarque : <strong>les</strong> chiffres correspondant aux revenus pour <strong>les</strong> périodes 2009-10 et 2012-13 sont des estimations.interventions armées d’Israël au Liban et à Gaza et en votantrégulièrement contre <strong>les</strong> résolutions des Nations Uniesqui critiquaient Israël. Cette nouvelle conception politiquemenace sa réputation d’acteur équitable et équilibré dans ledéveloppement international.Le Gouvernement a également adopté activement despolitiques contraires aux droits humains en relation à descitoyens de pays étrangers et des Canadiens. Au nom de lasécurité il a adopté des lois et des pratiques antiterroristesqui alimentent la discrimination, incitent à la torture et autorisentla détention illégale et <strong>les</strong> procès inéquitab<strong>les</strong>. La décisionde mettre fin à la session parlementaire actuelle, justeà temps pour arrêter l’enquête sur la torture des détenus enAfghanistan a aussi augmenté la colère et la frustration.Le Parlement a approuvé la loi sur la Meilleure aide en2008 afin de promouvoir la transparence et la responsabilitédans <strong>les</strong> pratiques d’aide. Toutefois, le Gouvernement arécemment été accusé de porter préjudice à plusieurs organisationsde développement et d’aide qui n’adhèrent pas àsa nouvelle orientation politique, notamment concernant leMoyen-Orient 12 . Par exemple, après 30 ans et sans préavis<strong>les</strong> fonds fédéraux de la très respectée agence œcuméniqueKAIROS ont été drastiquement ré<strong>du</strong>its, tandis que <strong>les</strong>fidè<strong>les</strong> <strong>du</strong> parti Conservateur ardemment pro-israéliens ontété nommés à la tête <strong>du</strong> Conseil de l’agence de droits et démocratiedépendant <strong>du</strong> Gouvernement. Le dernier budgetmontre clairement que c’est la nouvelle norme et établit que« le financement accordé aux organisations est lié au fait depromouvoir <strong>les</strong> priorités <strong>du</strong> Gouvernement » 13 .ConclusionLe Gouvernement a délibérément ignoré <strong>les</strong> leçons de ladernière crise économique mondiale et a refusé de mettreen œuvre <strong>les</strong> réformes structurel<strong>les</strong> nécessaires pour stabiliserl’économie et promouvoir le développement humaindes Canadiens et des citoyens <strong>du</strong> monde. La ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong>déficit est utilisée pour dissimuler une ré<strong>du</strong>ction encoreplus importante des dépenses socia<strong>les</strong>. Alors que le marchéboursier, <strong>les</strong> bénéfices des sociétés et le PIB sont en trainde se remettre de la crise financière mondiale massive, il estprévu que la récupération totale des privilégiés s’accompagned’un recul prononcé des niveaux d’équité et de développement,tant à l’intérieur <strong>du</strong> pays qu’à l’étranger. n12 James Clancy y Larry Brown, “Stephen Harper’s record ofdenying democracy”, Syndicat national des employées etemployés généraux <strong>du</strong> service public, 24 février 2010.13 Département des finances <strong>du</strong> Canada, Budget Plan 2010, 163.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>83Canada


98Chili10056Sans justice fiscale il n’y a pas de développement <strong>du</strong>rable0Le Chili présente une des plus grandes inégalités en matière de distribution 719910098des revenus au niveau mondial et9762 dépend, de plus, de l’exportation 100 de matières premières, ce 100qui laisse le pays livré à la merci des fluctuations desmarchés internationaux. Cependant, la seule stratégie de développement <strong>du</strong> Gouvernement est celle de faciliter <strong>les</strong>conditions pour l’expansion <strong>du</strong> capital et de l’investissement pour l’exploitation des ressources naturel<strong>les</strong> y comprisIEG of Argentina = 72 BCI of Armenia = 94IEG of Armenia = 58<strong>les</strong> incitations fisca<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> sociétés minières privées, dans un système fiscal régressif. Un modèle permettant unedistribution de la richesse plus équitable exige, avant tout, une profonde modification de ce système fiscal injuste.100 100 100100 10010008610005Centro de Estudios Naciona<strong>les</strong> de Desarrollo Alternativo(CENDA)Hugo Fazio100L’économie <strong>du</strong> Chili a été frappée par des distorsionsde toutes sortes, en partie parce que <strong>les</strong> capitaux fi-Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9895 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 62Autonomisationnanciers sont autorisés à circuler librement. L’entrée0 11ou la sortie des capitaux a de fortes répercussions00sur l’activité économique, la balance des 56 paiements83100999796et <strong>les</strong> budgets qui, sous cette modalité de gestion,46100 100 70100100 100100 100100sont déterminés par <strong>les</strong> va-et-vient <strong>du</strong> marché et non Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpas par <strong>les</strong> stratégies et <strong>les</strong> politiques de développement.personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationCependant, pendant ces dernières années, leepublic = 65 secteur financier <strong>du</strong> Chili a été moins attrayant pour diminuant leurBCIdegréofdeChileparticipation= 98IEG of Central African Republic = 46suivant la variationIEG of Chile = 62En mai 2010, le Gouvernement australien a<strong>les</strong> investisseurs étrangers que celui d’autres paysdes prix des marchés internationaux. Le Chili annoncé la prochaine entrée en vigueur d’un im-de la région <strong>du</strong> fait de la ré<strong>du</strong>ction des taux d’intérêts a signé de nombreux accords commerciaux mais pôt de 40 % sur <strong>les</strong> bénéfices pour <strong>les</strong> entrepriseset de la rentabilité.cela n’a pas changé cette réalité. En 2009 <strong>les</strong> exportationsexploitant des ressources naturel<strong>les</strong> en Australie.Le pays n’a pas de politique de financement pour<strong>du</strong> secteur minier ont représenté 58,1 %, le Marius Kloppers, directeur exécutif de BHP Billitonle développement proprement 100 dite ; il a plutôt une sériecuivre représentant 52,4 100 % <strong>du</strong> total. Il s’agit d’une – la société qui exploite 100le plus grand gisement dede mesures visant à atteindre des objectifs spécifi-structure clairement déformée qu’il est nécessaire cuivre mondial au Chili – a dit que si cette mesureques, tels que le paiement des bénéfices de la sécurité de modifier 2 8173.était mise en place, le taux effectif sur <strong>les</strong> bénéficessociale, mais cela reste toujours insuffisant.Il est donc évident que le Gouvernement devra de ses opérations en Australie augmenterait de 43 %Le Chili est l’un des 20 pays ayant la plus grande se pencher sur le cuivre pour obtenir des ressourcesà près de 57 % en 2013. Ce taux est trois fois pluspour le développement. Pour ce faire, il s’avère élevé que celui appliqué au Chili 3 .inégalité dans la distribution des revenus. Il existe un000 11chômage structurel et <strong>les</strong> petites entreprises souffrentnécessaire d’appliquer des politiques dont la prio-Une fois de plus, il semble urgent de réussir à ce<strong>les</strong> conséquences de l’ouverture de l’économie, rité est l’intérêt national. Depuis 2006, avec la seule que la rentabilité excessive obtenue par <strong>les</strong> consor-10092839479aggravée pendant <strong>les</strong> dernières années par une augmentationde la valeur de la monnaie pour le com-marchés internationaux a été extrêmement favorable a été utilisé pour estimer le paiement net aux trans-exception de l’année 2009, le prix <strong>du</strong> cuivre sur <strong>les</strong> tiums cuprifères privés reste dans le pays. Ce critère100 100 68100100 57100100 100merce extérieur. Les taux de pauvreté sont bien plus et on espère que cette tendance continuera en 2010. nationa<strong>les</strong> américaines lors de la nationalisation <strong>du</strong>élevés que ceux signalés par <strong>les</strong> statistiques officiel<strong>les</strong>; cela peut se vérifier dans des travaux publiés par Les incitations BCI fisca<strong>les</strong> of Ghana = 77IEG of Ghana = 58cuivre pendant le gouvernement de l’Unité Populaire,IEG of Germany = 78connu comme « doctrine Allende » Une mesure dele ministre de l’Économie actuel, Felipe Larraín 1 . Par Qui sont <strong>les</strong> récepteurs directs de ces énormes revenusce genre rapporterait d’énormes ressources pourconséquent, il est nécessaire d’avoir une stratégie de? Bien enten<strong>du</strong>, <strong>les</strong> sociétés d’exportation, le pays.développement économique et social effective, avec notamment privées et étrangères, qui contrôlent plusun financement adéquat.de 70 % de l’extraction <strong>du</strong> cuivre. Le reste est fourni L’utilisation des ressources100Haute dépendance des marchéspar l’entreprise d’État, Codelco. Les prix élevés de Le prix élevé <strong>du</strong> cuivre sur <strong>les</strong> marchés internationauxsignifie, en même temps, une augmentation100100ce métal ces dernières années 96représentent de grosAvant tout, le Chili est un pays exportateur de bénéfices pour ces consortiums privés.des revenus fiscaux <strong>du</strong> secteur 4 et l’affectation dematières premières. Suivant <strong>les</strong> chiffres des plus Cependant, bien que ces sociétés exploitent ces ressources en dit long sur la situation <strong>du</strong> pays.grandes entreprises d’exportation de 2009, on peut des gisements appartenant aux chiliens, l’impôt sur Les fonds perçus jusqu’au niveau 38 estimé <strong>du</strong> cours29vérifier une fois de plus que <strong>les</strong> ventes à l’étranger <strong>les</strong> revenus qu’el<strong>les</strong> paient est extrêmement ré<strong>du</strong>it, <strong>du</strong> cuivre, calculé à partir de son prix moyen d’iciconcernent notamment des 0matières premières ou 4 % environ, chiffre établi 0d’un commun accord avec dix ans, sont destinés aux 0 dépenses publiques. Lesdes pro<strong>du</strong>its à faible valeur ajoutée. Bien que <strong>les</strong> <strong>les</strong> consortiums privés. De plus, pendant des années,taxes sur <strong>les</strong> revenus ayant dépassé ce niveau ontl’invariabilité des taxes a été accordée, ce qui donné naissance à un 44excédent fiscal placé en actifs9997939899destinations des exportations 50 augmentent ainsi que100 100 100<strong>les</strong> entreprises dédiées à cette activité, <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its100 100signifie que le Gouvernement a renoncé à ses droits100 100financiers à l’étranger. Pendant l’administration desont essentiellement <strong>les</strong> mêmes, augmentant ou souverains.Michelle Bachelet ces fonds ont dépassé USD 20milliards et ont été utilisés exclusivement en 2009IEG of Malta = 58 BCI of Mexico = 962 Banque centrale, “Boletín mensual, abril de 2010”.IEG of Mexico = 61Disponible sur : . 4 Direction des Budgets.1 Felipe Larraín, “Cuatro millones de pobres. Actualizando lalínea de pobreza.” Disponible sur : .1003 El Mercurio, citation <strong>du</strong> The Financial Times, 03 mai 2010.43Rapports nationaux 84 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100100


pour financer le déficit fiscal. Ce déficit est dû, d’unepart, à l’augmentation des dépenses publiques visantà contrecarrer la récession qui a atteint l’économie<strong>du</strong> Chili vers mi-2008, et d’autre part, à la diminutiondes revenus suite à la chute des niveaux de l’activitééconomique 5 .En mars 2010, <strong>les</strong> fonds souverains <strong>du</strong> paysplacés à l’étranger atteignaient USD 14,5 milliards.De ce total, USD 3,4 milliards étaient spécifiquementdestinés au Fonds de réserve pour <strong>les</strong> retraites. Lereste, c’est-à-dire USD 11,1 milliards, étaient placésdans le Fonds de stabilisation économique et social(FEES selon son sigle en espagnol) prêts à être utilisés.Le Chili a été frappé par un tremblement de terreet par un raz de marée vers la fin <strong>du</strong> mois de févrieret dès lors le pays fait face à une grave situation d’urgencemais, jusqu’à présent, <strong>les</strong> fonds n’ont pas étéutilisés bien qu’ils dépassent USD 8,4 milliards (pourquatre ans) somme estimée par le Gouvernementpour réparer <strong>les</strong> dommages provoqués par le séisme.Si l’on prend comme référence le calcul officieldes nécessités publiques, <strong>les</strong> ressources existantesdans le FEES seraient suffisantes 6 .Cette conclusion est encore plus évidente sil’on considère que <strong>les</strong> ressources ont été cumuléesen ligne, grâce à la Loi Réservée <strong>du</strong> Cuivre, (bien que10 % des ventes réalisées par Codelco sont destinéesà l’achat d’armements) et au surplus que leprix élevé <strong>du</strong> cuivre a généré, supérieur au niveaudes dépenses allouées dans la loi <strong>du</strong> budget annuel 7 .Si le cours <strong>du</strong> cuivre se maintient à un niveau élevé,ceci pro<strong>du</strong>ira des revenus de plusieurs milliards dedollars n’ayant pas été pris en compte lors de l’élaboration<strong>du</strong> budget 2010.Un système fiscal régressifQuel est le chemin choisi par le Gouvernement deSebastián Piñera ? On a encouragé un paiement« volontaire » sur <strong>les</strong> taxes ré<strong>du</strong>ites payées par<strong>les</strong> sociétés cuprifères déjà favorisées par le mécanismed’invariabilité fiscale pendant deux ans,suivant leur résultat opérationnel. Ce plan octroieun prix aux entreprises qui y ont adhéré en prolongeantl’invariabilité jusqu’à l’année 2025 ce quisignifie prolonger dans le temps la violation de lasouveraineté.Bien enten<strong>du</strong>, de cette manière on ne financepas le développement : au contraire, on ne fait quecontinuer le pillage des ressources naturel<strong>les</strong> étantdonné que <strong>les</strong> entreprises étrangères envoient dansleurs pays un pourcentage élevé de leurs bénéfices.À son tour, le groupe économique national impliquédans le secteur minier cuprifère (Luksic) utilise unepartie de ses revenus extras pour se développer auniveau international 8 .C’est pour cette raison que le Chili a besoin deréformer profondément son système fiscal régressifbasé notamment sur des impôts indirects qui, commedans le cas de la TVA (la principale source desrevenus fiscaux), sont payés de manière indistinctepar toute la population. Dans le but de créer desconditions appropriées pour financer une politiquenationale de développement, cette réforme devraitviser à retenir dans le pays <strong>les</strong> bénéfices excessifsdes grandes entreprises cuprifères (mettant fin àl’invariabilité fiscale) et à réorganiser la fiscalité desactionnaires des grandes entreprises de sorte à éviter<strong>les</strong> évasions indirectes permises par le systèmesous forme de crédits accordés lors <strong>du</strong> paiementd’impôts sur <strong>les</strong> bénéfices et de ré<strong>du</strong>ctions sur <strong>les</strong>impôts personnels.La dimension <strong>du</strong> problème et la réponse <strong>du</strong>GouvernementLes chiffres de la balance des paiements montrentl’ampleur des ressources envoyées chaque année àl’étranger. Depuis 2004, USD 93,9 milliards ont étéenvoyés à l’étranger au titre de bénéfices des Investissementsdirects étrangers (IDE). Naturellement,<strong>les</strong> montants annuels sont variab<strong>les</strong> en fonctiondes prix <strong>du</strong> marché international pour <strong>les</strong> matièrespremières exportées. Ces montants ont atteintdes niveaux sans précédents pendant 2006 et 2007lorsque le cours <strong>du</strong> cuivre a augmenté considérablement.En 2007, le montant envoyé à l’étrangera atteint un chiffre record de USD 23 milliards. Toutcela montre que le Chili a le potentiel pour financerune politique nationale de développement, pourvuqu’elle soit étroitement liée à des politiques socia<strong>les</strong>adéquates capab<strong>les</strong> de pro<strong>du</strong>ire des transformationsde fond.Cependant, Sebastián Piñera a donné uneorientation différente à son Gouvernement. LaurenceGolborne, ministre des Mines, a manifestéque le principal souci de l’administration est d’augmenterl’investissement dans le secteur, même sicela signifie affaiblir <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> conditionsd’exploitation des ressources et conserver <strong>les</strong>taxes à un niveau faible. « Nous faisons face, dit-il,à un en<strong>jeu</strong> gigantesque. Le plan d’investissementspour l’activité minière est de USD 45 milliards.Aujourd’hui, la pro<strong>du</strong>ction de cuivre a atteint 5,4TABLEAU 1. Prix <strong>du</strong> cuivre raffiné à laBourse des Métaux de Londres – 2005-2010 (En dollars la livre)AnnéePrix2005 1,6692006 3,0492007 3,2292008 3,1552009 2,3362010 3,600Source : Bloomberg.TABLEAU 2. Bénéfice IDE, 2004-2009(En millions de dollars)AnnéeMontant2004 8,2312005 11,4162006 19,9132007 22,8322008 17,4192009 14,0882004-2009 93,900Source : Banque centrale, balance des paiementsmillions de tonnes et en 2020 nous allons pro<strong>du</strong>ire7,5 millions de tonnes. C’est-à-dire une augmentationde la pro<strong>du</strong>ction de 50 % » 9 Le problème.c’est que si le cadre légal ne change pas, cela nesignifierait qu’une augmentation <strong>du</strong> pillage à uneplus grande échelle des ressources nationa<strong>les</strong> de lapart <strong>du</strong> secteur privé.Le ministre Golborne ne prévoit pas la mêmecroissance de l’investissement dans le secteur minierprovenant de la société minière de l’État. D’après leGouvernement, face à l’alternative de la capitalisationd’une partie des excédents de Codelco pour financerses plans d’investissement, la première priorité estla reconstruction et cette société peut obtenir desressources soit par la voie de l’endettement, soit parla vente d’actifs superflus. Le Chili a besoin d’unepolitique nationale <strong>du</strong> cuivre, notamment à traversCodelco, qui doit assumer son rôle central dans unestratégie nationale de développement adéquate. n5 Ibid.6 Ibid.7 Loi Réservée <strong>du</strong> Cuivre et direction des budgets.8 Voir : Hugo Fazio , “La crisis mundial modifica el mapa de laextrema riqueza”, Cenda 2010.9 La Tercera, 8 mai 2010.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>85Chili


Chypre1001005272Opportunité pour un « déplacement social »100200Le Plan stratégique national pour 2011-2015 défie le statu quo actuel en ce qui concerne <strong>les</strong> tendances de97749799développement. Les deux 100 cib<strong>les</strong> principa<strong>les</strong> sont l’é<strong>du</strong>cation 100 et l’association entre <strong>les</strong> institutions publiques et <strong>les</strong>Organisations de la société civile (OSC). Ainsi, <strong>les</strong> OSC deviendront plus actives dans le domaine <strong>du</strong> développementinternational et le pays aura le potentiel pour devenir pionnier <strong>du</strong> développement social. Pour y parvenir, ChypreIEG of USA 74 BCI of nicaracgua = 81devrait jouer le rôle de leader dans le déplacement des tendances de développement,IEG of nicaraguatout en s’éloignant despolitiques axées sur le marché et en s’orientant vers la justice sociale, <strong>les</strong> droits humains et l’égalité.9972100 100 100100 100036099100CARDETSotiris ThemistokleousCharalambos VrasidasMichalinos Zembylas100Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 96 99Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 65AutonomisationLa transformation gra<strong>du</strong>elle <strong>du</strong> 52 monde en un « villageplanétaire » sous l’imposition hégémonique29d’un système socio-économique commun a disséminé<strong>les</strong> conséquences de la crise financière00051dans presque tous <strong>les</strong> coins de la planète. L’idée9098991009098de « développement » et la situation terrible des100 100 100100 100100 68100100dénommés « pays en voie de développement” » Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àsont des éléments essentiels <strong>du</strong> débat actuel sur personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationla manière de surmonter la crise. Depuis 1980,or = 91 IEG of El Salvador = 68de nombreux pays recevant l’aide des institutionsnéolibéra<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong> ont été piégés parleurs recettes et ont été exploités par leurs detteset leurs prêts. Pour obtenir l’Aide publique audéveloppement (APD) et l’Investissement directétranger (IDE) des institutions 100 nationa<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong>,dernières décenniesBCI ofauCyprusSud mondial= 96 1 , mais el<strong>les</strong>ont le potentiel de fournir <strong>les</strong> ressources politiquespour mettre un frein aux politiques et aux pratiqueshégémoniques. Dans ce contexte, il s’avère nécessairede réviser <strong>les</strong> tendances dominantes quant audéveloppement et de rétablir 100 <strong>les</strong> priorités des étatsIEG of Cyprus = 65100ces pays ont été obligés d’appliquer des fournisseurs de l’aide. 99politiques commercia<strong>les</strong> et de « liberté » de marchépermettant aux organismes n/d de financementd’accéder plus facilement aux ressources loca<strong>les</strong>.Cependant, ces pratiques minimisent <strong>les</strong> régimesChypre est en train d’élaborer son Plan stratégiquenational de développement <strong>du</strong>rable pourla période 2011-2015. Si l’on tient compte des circonstanceshistoriques auxquel<strong>les</strong> doivent faire face420sociaux et publics et el<strong>les</strong> affaiblissent le réseau de0l’Union Européenne (UE) et le monde en général, on00 la sécurité sociale. n/dn/d peut dire qu’el<strong>les</strong> offrent une opportunité pour que lenomisation de la société à travers le libre accès auxbiens et aux services publics de la part de ceux quisouffrent, a été un facteur clé dans la démarche versla récupération.L’étroite collaboration entre <strong>les</strong> protagonistessociaux publics et privés a également constitué unpoint central pour le processus de développementde l’île. Le succès des expériences de développementà Chypre, basées sur la protection sociale et<strong>les</strong> associations, devrait se refléter dans <strong>les</strong> politiquesde l’État, notamment dans le Plan stratégique.Par conséquent, la priorité de toute approche99au « développement » doit être l’autonomisation1009799pays soit un pionnier en matière de politiques et de des institutions civiques 55 efficientes et efficaces à100Recomposition100des priorités100100 100100 100100pratiques alternatives en faveur <strong>du</strong> développement. travers la participation démocratique de tous <strong>les</strong>Dans de nombreux cas, <strong>les</strong> pays développés font la Le Plan pourrait être orienté vers le développement citoyens.r = 77promotion de leurs méthodes et de leurs pratiques de sociétés viab<strong>les</strong>, régies par la démocratie et la justicesociale au lieu BCI de of marchés Italy = 96 et de zones d’exploi-Comment se IEG détacher of Italy de = 64 la recettecomme des recettes universel<strong>les</strong> pour garantir lamodernité et le progrès. Pourtant, le développement tation in<strong>du</strong>strielle. Il est clair que Chypre possède un néolibéralene peut être ni exporté ni imposé de manière uniformedans <strong>les</strong> différents environnements sociaux,économiques et géographiques. Les récents déficitspouvoir limité pour influencer <strong>les</strong> tendances internationa<strong>les</strong>plus larges au niveau <strong>du</strong> développement. Cependant,en tant qu’État actif vis-à-vis des décisionsPendant <strong>les</strong> dernières années, Chypre a promu desinitiatives éloignées <strong>du</strong> modèle de développementnéolibéral dominant au niveau international, alorssystémiques de l’économie mettent en évidence de l’UE et fournisseur d’APD, il pourrait présenter un que le pays tentait d’augmenter son APD. Le plan100le besoin de contempler le développement des paradigme leader des stratégies de développement stratégique 2006-2010 a fixé comme objectif à80institutions civi<strong>les</strong> loca<strong>les</strong> fonctionnel<strong>les</strong>. Cel<strong>les</strong>-cidevraient être issues de la sphère n/d publique et dela société civile ; il serait également nécessaire depromouvoir la pleine participation démocratique detous <strong>les</strong> citoyens dans des processus 0 transparentsde prise de décisions. n/d Par exemple, le n/d développementdes systèmes é<strong>du</strong>catifs dans <strong>les</strong> pays qui reçoiventd’autres petits États.En premier lieu, Chypre doit concevoir, mettreen place et évaluer son propre modèle réussi depolitiques et de pratiques en faveur <strong>du</strong> développement.L’île est déjà passée par toutes <strong>les</strong> étapesque la plupart des pays en développement doiventfranchir à présent : régime colonial, lutte pour l’indépendance,moyen terme le détachement de l’AOD de l’infrastructureet <strong>du</strong> support des entreprises. Le pays aégalement adopté, comme faisant partie de ses obligationsen tant que nouvel état membre de l’UE, unobjectif d’APD de 0,17 % <strong>du</strong> Revenu national brut(RNB), qui a été atteint en 2008 2 . De plus, le planstratégique de moyen terme a établi comme objectif100de l’aide – pour subvenir aux besoins locaux100 100et axés sur le contexte social local – doit être l’un desprincipaux piliers de la croissance.conflits internes, invasion externe etréfugiés. Dans cette trajectoire historique, l’autoledéveloppement des secteurs des services sociaux,2 Service de l’Environnement, Debate on the National StrategicPlan for Sustainable Development 2011–2015. Disponible= 57 Il est possible que <strong>les</strong> institutions civiques loca<strong>les</strong>ne remplacent pas complètement l’impéria-Hegemony and Neoliberal Disorder (London and Ann Arbor, gr/environment_gr?OpenDocument> [en grec] (visité le 201 Voir R. Keily, Empire in the Age of Globalisation : USsur :


de l’é<strong>du</strong>cation, des projets d’infrastructure publiqueet de l’environnement 3 .Ces politiques témoignent d’une orientationsociale vers le développement. Les services sociauxdes pays récepteurs sont plutôt concentréssur <strong>les</strong> affaires concernant l’attention sanitaire, ledéveloppement des ressources humaines et l’accèségalitaire aux services et au tourisme (ce dernierétant l’un des principaux secteurs de l’économie deChypre). Sans aucun doute, <strong>les</strong> domaines d’interventionmentionnés ont certains éléments de justicesociale ; cependant, il reste encore beaucoupà faire. Les services sociaux, par exemple, doiventêtre orientés vers le développement d’organismescapab<strong>les</strong> d’assurer une distribution juste des bienset des services publics et de promouvoir <strong>les</strong> droits del’Homme pour toute la population, et non seulementpour quelques-uns.Le secteur de l’é<strong>du</strong>cation est encore un autreaspect à réviser dans le nouveau Plan stratégiquenational. Dans le plan 2006-2010, l’aide pour le secteurde l’é<strong>du</strong>cation s’est concentrée sur <strong>les</strong> bourseset l’aide à l’accès à des institutions é<strong>du</strong>catives internationa<strong>les</strong>4 . Le nouveau plan donne l’opportunitéde réviser cette stratégie et de promouvoir le développementd’un système é<strong>du</strong>catif local performantdans <strong>les</strong> pays auxquels Chypre fournit de l’aide telsque l’Égypte, le Liban, le Mali, la Pa<strong>les</strong>tine, la Somalieet le Yémen.Tel que mentionné dans <strong>les</strong> discussions encours sur le nouveau plan, Chypre a une vaste expériencequant à la prestation de l’enseignementpublic de concert avec un secteur de l’é<strong>du</strong>cationprivée qui s’est développé rapidement lors des dernièresannées. Cette expérience cumulée ainsi quela capacité technique acquise doivent être diffuséesdans d’autres pays en développement par le biais dedispositions pertinentes <strong>du</strong> nouveau plan.Chypre considère que le nouveau Plan Stratégiquemaintient <strong>les</strong> politiques de la période 2006-2010.Pour ce qui est de l’APD, l’objectif est d’atteindre0,33 % <strong>du</strong> RNB d’ici 2015, c’est-à-dire presquedoubler le niveau actuel de 0,17 %. Le plan donnela priorité à l’autonomisation des communautés loca<strong>les</strong>et au développement d’institutions socia<strong>les</strong>représentatives au sein de la sphère publique et dela société civile. Cela ré<strong>du</strong>ira <strong>les</strong> conflits et <strong>les</strong> ten-sions notamment dans <strong>les</strong> régions voisines. Autrement,ces conflits et ces tensions seraient propagésà Chypre soit à travers l’immigration soit à causede la diminution <strong>du</strong> commerce et de la coopérationéconomique.Le nouveau Plan stratégique national proposedes dispositions spécifiques pour « l’É<strong>du</strong>cationpour tous » Le développement de l’é<strong>du</strong>cation serabasé sur trois piliers : l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> développement<strong>du</strong>rable dans le contexte é<strong>du</strong>catif et social, ledéveloppement d’un milieu é<strong>du</strong>catif démocratiqueoù <strong>les</strong> enseignants et <strong>les</strong> étudiants deviendront desagents <strong>du</strong> changement vers une société <strong>du</strong>rable etjuste et la formation pour faire face à des pratiquesinsoutenab<strong>les</strong> à tous <strong>les</strong> niveaux de la vie sociale.Le nouveau plan considère que l’é<strong>du</strong>cation formellepublique est l’un des motifs <strong>du</strong> succès <strong>du</strong> développementà Chypre. Il donne la priorité également àl’inclusion sociale, aux procé<strong>du</strong>res démocratiqueset à une société juste comme <strong>les</strong> principaux attributsde l’é<strong>du</strong>cation.Cependant, ces attributs ne concernent que lecontexte local et ils ne se voient pas reflétés dans<strong>les</strong> priorités de développement international. La tentativede Chypre de réorienter son système é<strong>du</strong>catifnational relève aussi de sa stratégie vis-à-vis despolitiques de développement international et desdispositions <strong>du</strong> cadre futur de l’APD et de sa distribution,contrairement à ce que l’on faisait auparavant.En même temps, le Gouvernement doit tenterd’influencer ses homologues de l’UE pour favoriserl’application de ces initiatives au niveau national etinternational, cela étant une mesure efficace pourque l’UE puisse se protéger des conflits, des tensionset des mouvements migratoires massifs.Le rôle de la société civileAprès des années de lobbying et de discussions, leGouvernement envisage pour la première fois decollaborer avec <strong>les</strong> OSC loca<strong>les</strong> quant à la politiquegénérale de développement, ce qui signifie de reconnaîtrela vaste expérience des OSC dans la matière.Le Gouvernement a aussi manifesté son engagementpour collaborer avec ces organisations pourla prestation de l’APD nationale. Le nouveau PlanStratégique a établi le « développement des associationsentre le secteur public et la société civile »comme l’une des priorités nationa<strong>les</strong>. Avant cettedisposition, l’APD était principalement orientée vers<strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong> et <strong>les</strong> organismesappartenant à d’autres États. L’incorporation de lasociété civile locale aux politiques nationa<strong>les</strong> de développementconstitue un grand progrès aussi bienpour le pays en général que pour <strong>les</strong> OSC loca<strong>les</strong>en particulier. Le Gouvernement devrait aussi permettrele dialogue public et inviter la société civileà présenter des suggestions et à jouer un rôle plusactif vis-à-vis de l’élaboration des politiques, ce quin’a pas été le cas lors de la rédaction <strong>du</strong> nouveauPlan stratégique.La société civile joue un rôle central pour le développementet elle constitue une instance efficacepour fournir l’aide et <strong>les</strong> services ainsi que pour promouvoir<strong>les</strong> droits humains. La société civile internationaleet <strong>les</strong> OSC peuvent devenir des agents desolidarité et de justice sociale 5 . Les OSC chypriotesont une participation directe sur la réconciliation etla justice sociale et el<strong>les</strong> travaillent aussi dans <strong>les</strong>domaines de la formation et de l’é<strong>du</strong>cation. El<strong>les</strong>peuvent contribuer de manière substantielle à unedistribution juste et salutaire de l’APD en faveur despersonnes qui en ont besoin.Le Plan stratégique national 2011-2015 susciteun espoir à travers <strong>les</strong> initiatives qui défient le statuquo en vigueur en ce qui concerne <strong>les</strong> tendances dedéveloppement au niveau national et international.Les deux principaux volets pouvant influencer notamment<strong>les</strong> processus de réforme et de progrèssont <strong>les</strong> suivants : (a) l’é<strong>du</strong>cation et (b) l’associationentre <strong>les</strong> institutions publiques et <strong>les</strong> OSC. La priseen considération de questions tel<strong>les</strong> que la justicesociale, l’inclusion, la démocratie et la participationcivique à part entière vont énormément bénéficiercette démarche de progrès. Dans la mesure où lenouveau Plan Intégral envisage <strong>les</strong> politiques axéessur le développement social, et si <strong>les</strong> OSC loca<strong>les</strong>deviennent plus actives dans le domaine <strong>du</strong> développementinternational, Chypre aura le potentielpour devenir pionnier parmi <strong>les</strong> petits États dans cedomaine. Pour y arriver, Chypre devra jouer le rôlede leader dans le déplacement des tendances dedéveloppement, tout en s’éloignant des politiquesaxées sur le marché et en s’orientant vers la justicesociale, <strong>les</strong> droits humains et l’égalité. n3 Service de l’Environnement, National Strategic Plan forSustainable Development 2006–2010. Disponible sur : [en grec] (visité le 20février 2010).4 Ibid.5 Reinhart Kössle y Henning Melber, “International civilsociety and the challenge for global solidarity”, DevelopmentDialogues, octobre 2007. Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>87Chypre


98100ColombiePolitiques insuffisantes7105La Colombie a centré l’investissement sur la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et sur l’amélioration des Droits économiques,97sociaux et culturels (DESC) afin d’atteindre <strong>les</strong> OMD. Malgré cela, <strong>les</strong> progrès de ces dernières années n’atteignentmême pas <strong>les</strong> niveaux de base établis par ces Objectifs et encore moins <strong>les</strong> standards établis par le Comité des Droitséconomiques, Sociaux et Culturels de l’ONU. La Colombie a connu une croissance économique considérableIEG of Armenia = 58jusqu’en 2008 mais cela ne s’est pas tra<strong>du</strong>it par une amélioration de la situation sociale. La centralisation de lacoopération internationale par le Gouvernement constitue un obstacle pour la mise en œuvre de projets alternatifs.100 100 100100Corporación Cactus, Secretaría Técnica Nacional dela Plataforma Colombiana de Derechos Humanos,Democracia y Desarrollo 100Depuis plus de 40 ans, la Colombie a été déchiréeIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 94 IEG = 7589 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleAutonomisation43par des conflits armés internes provoquant unegrave crise humanitaire, mise en évidence par le0déplacement interne forcé et l’asile. La Colombie00est considérée comme le deuxième pays au monde999796 98100ayant le plus grand nombre 4699de population réfugiée de100 100 100100 100100 70100100manière interne. On estime que près de 4 millions de Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnes ont été forcées à se déplacer ce qui représentepersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationpresque 9 % de la population nationale 1 .IEG of Chile = 62l’insécurité alimentaire,BCI of Colombiaplus de 20=%94des enfants demoins de cinq ans souffrent de malnutrition, 63,7 %de la population de carences énergétiques et 36 %d’un manque de protéines 6 .IEG of Colombia = 75C’est également le deuxième pays de la régionayant la plus grande inégalité en termes de distributiondes revenus, le coefficient de Gini étant de0,576 2 . Le régime fiscal est clairement régressifavec une lourde proportion de taxes indirectes quiretombe sur la population 100à faib<strong>les</strong> revenus alorsque <strong>les</strong> secteurs plus aisés sont exemptés de payercertaines taxes. Cette situation a été aggravée par<strong>les</strong> réformes au régime de transfert de ressources<strong>du</strong> niveau central aux départements 3 <strong>du</strong> fait de la ré<strong>du</strong>ctionradicale des montants destinés à la santé, à0 11l’é<strong>du</strong>cation et à l’eau potable. En 2005, la ré<strong>du</strong>ction areprésenté 0,6 83% <strong>du</strong> PIB, en 2006 1,1 %, alors qu’en2007 on a estimé un perte de 1,3 % <strong>du</strong> PIB 4 79, mettant100 100en évidence une régression soutenue de l’affectationde ressources pour la santé, l’é<strong>du</strong>cation et l’eau potable.On estime que pour la période 2008-2016 entreIEG of Ghana = 58COP 66,2 milliards (environ USD 34 millions) et COP76,6 milliards (environ USD 39 millions) ne serontplus investis dans ces secteurs.Suivant <strong>les</strong> données officiel<strong>les</strong>, 27,7 % de la populationprésente des necesittés de base insatisfaites(NBI) 5 . Environ 40,8 % des foyers est atteint par1001 Information obtenue <strong>du</strong> Conseil pour <strong>les</strong> droits humains et<strong>les</strong> déplacements forcés (Codhes). Disponible sur : . 382 Ricardo Bonilla et Jorge Iván González (coords.), Bien-estary macroeconomía 2002-2006: el 0 crecimiento inequitativo noes sostenible, Bogotá, CID, Université nationale de Colombie,Inspection des finances de la république, 2006, p. 37. 99443 Acte législatif 100 01 de 2001 et acte législatif 011 de 2006. 1004 Centre des recherches pour le développement (CID), Bienestary macroeconomía 2007. Más allá de la retórica, Bogota,Université nationale de Colombie, Centre de recherches pourIEG of Mexico = 61le développement, 2007, p. 142.5 Cfr DANE, Recensement national, 2005, cit. for FamilyWellbeing, 2007, pp 323, 243, 245.Les Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppementL’État colombien a limité sa politique publique enmatière de ré<strong>du</strong>ction de l’extrême pauvreté et de lafaim aux objectifs sociaux contenus dans <strong>les</strong> Objectifs<strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD).Concrètement, en mars 2005 le Conseil national depolitique économique et sociale (CONPES) a émisle « Document CONPES 091 » proposant le cadreinstitutionnel et politique pour atteindre ces objectifsen 2019, c’est-à-dire quatre ans après le délai prévupar <strong>les</strong> OMD. Le Gouvernement colombien a déclaréque son intention est de faire coïncider cela avec lebicentenaire de la bataille de Boyacá, un événementmarquant de l’indépendance <strong>du</strong> pays 7 .Bien qu’elle soit cohérente avec la Déclaration<strong>du</strong> millénaire, cette décision a eu des conséquencesnégatives vis-à-vis des obligations généra<strong>les</strong>en matière de DESC assumées par l’État colombien.La raison : <strong>du</strong> fait d’avoir focalisé la politique socia<strong>les</strong>ur une stratégie de valeurs minima<strong>les</strong>, le processuspour établir certains droits a stagné car <strong>les</strong> ressourcessont mobilisées en faveur de programmes visantseulement une partie de la population et en délais-6 Institut colombien <strong>du</strong> bien-être familial (ICBF), EncuestaNacional de la Situación Nutricional de Colombia ENSIN2005, Bogota, Institut colombien <strong>du</strong> bien-être familial, 2007,pp. 323, 243, 245.7 Alberto Yepes, “¿Desarrollo para todos?”, dans Sindemocracia, sin derechos, Plate-forme colombienne desdroits humains, démocratie et développement (PCDHDD),Bogotá, Colombie, avril 2008, p. 89.sant une autre, touchée par des facteurs tels que lapauvreté ou le chômage 8 .En outre, même si le fait d’accomplir <strong>les</strong> OMDa ré<strong>du</strong>it <strong>les</strong> efforts tels que <strong>les</strong> progrès des DESC,l’État n’a pas non plus progressé correctement surcette question. Par exemple, la Colombie est le seulpays de la région ne garantissant pas l’é<strong>du</strong>cation debase universelle aux enfants 9 . Sauf le cas de certainesmairies qui de leur propre initiative ont réussià éliminer ou à diminuer <strong>les</strong> coûts de l’é<strong>du</strong>cation,en Colombie l’é<strong>du</strong>cation gratuite n’existe pas. Ceciprovoque d’énormes inégalités pour accéder au système.Malgré <strong>les</strong> progrès dans ce domaine et suivant92100la situation économique des famil<strong>les</strong>, à peine 34,1 %de la population entre 5 et 17 ans a le droit à uneé<strong>du</strong>cation de qualité 10 .La situation à l’égard de la mortalité maternelleest similaire. Les indices pour cette variable sonttoujours trop élevés – 80 morts tous <strong>les</strong> 100 millenouveaux nés vivants – et sont pratiquement <strong>les</strong>mêmes qu’il y a 25 ans. Alors que <strong>les</strong> OMD visent àré<strong>du</strong>ire ces valeurs de 75 %, le document CONPESenvisage une ré<strong>du</strong>ction de 55 % seulement 11 .10010098100L’action <strong>du</strong> GouvernementCe volet est étroitement lié au modèle de développementprésenté par le Gouvernement pour lapériode 2006-2010, dénommé « Plan national de8 Ibid. p. 92.1009 PCDHDD, Informe Alterno al Quinto Informe del EstadoColombiano ante el Comité de Derechos Económicos, Socia<strong>les</strong>y Cultura<strong>les</strong>, Bogotá, Colombie, mars 2010, p. 105. Disponib<strong>les</strong>ur : .10 Ibid, pp. 10-11.11 Alberto Yepes, op. cit., p. 92.56100Rapports nationaux 88 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


développement (PND) 2006-2010, État communautaire: développement pour tous ». En somme, lePND propose deux sources de financement pour laré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et l’accomplissement desOMD : des politiques d’aide focalisées et la croissanceéconomique des secteurs générateurs d’emplois12 .Le programme principal <strong>du</strong> Gouvernementnational dénommé « Famil<strong>les</strong> en action » proposeune subvention pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> sous le seuil dela pauvreté à condition que la mère puisse garantirl’assistance régulière de ses enfants à l’institutioné<strong>du</strong>cative où ils sont inscrits. Dans la pratique, <strong>les</strong>résultats de ce schéma n’ont pas été satisfaisants,notamment parce que des situations comme <strong>les</strong>suivantes persistent toujours : « le manque de ressourcespour la pleine disponibilité des conditionssuffisantes en infrastructure, quotas, programmeset enseignants ; barrières géographiques, socia<strong>les</strong> etéconomiques pour accéder aux espaces et au serviced’é<strong>du</strong>cation ; et attentats contre <strong>les</strong> communautésé<strong>du</strong>catives dans le cadre de la violence sociopolitiquecaractérisant le pays » 13 .D’autre part, « Famil<strong>les</strong> en action » repro<strong>du</strong>itune conception patriarcale de la famille où la fonctionde la femme est celle de s’occuper des enfants alorsque l’homme doit accéder au système pro<strong>du</strong>ctif pourpouvoir acquérir des biens et des services. À partirde ce Programme, « <strong>les</strong> femmes sont <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong>,devant fournir <strong>les</strong> soins essentiels à la familleet il ne permet pas d’avancer dans une approche depolitiques basées sur la pleine reconnaissance deleurs droits, amplement reconnus dans <strong>les</strong> traitésinternationaux » 14 .En somme, comme le programme n’est pas associéà des politiques favorisant l’augmentation de lapro<strong>du</strong>ctivité et la création d’emplois, <strong>les</strong> subventionsdeviennent des politiques à court terme n’ayant pasd’impact réel en termes <strong>du</strong> développement humain etne permettent pas d’accéder à l’é<strong>du</strong>cation de manièreplus équitable.La croissance économiqueLa première période de l’administration actuelle(2002-2006) a coïncidé avec l’approfondissement<strong>du</strong> cycle ascendant de l’économie internationale.Pendant cette période il y a eu plusieurs aspects quiont favorisé la croissance de l’économie, à savoir :entre autres, la relance de la demande sur <strong>les</strong> marchésinternationaux, l’augmentation des prix despro<strong>du</strong>its exportés (notamment le pétrole), l’augmentationde l’offre monétaire et la diminution des tauxd’intérêt.Cependant, cette croissance ne s’est pas tra<strong>du</strong>itepar une amélioration <strong>du</strong> niveau de vie des secteurs<strong>les</strong> plus pauvres de la société. Selon <strong>les</strong> experts,l’économie colombienne de nature spéculative enest la principale raison. En effet, le Gouvernementa donné la priorité à l’achat de Titres de la dettepublique émis par la Trésorerie de la nation (TESselon son sigle en espagnol) au secteur financier. Laconséquence en est que, d’une part, de nombreuxorganismes d’État négligent <strong>les</strong> « fonctions de leurmission car <strong>les</strong> ressources sont destinées à l’achatde TES » 15 et d’autre part, le secteur financier, quiprête de l’argent à l’État colombien, a obtenu desbénéfices importants ce qui implique une diminution<strong>du</strong> crédit destiné aux entreprises et aux famil<strong>les</strong>.La croissance économique de la période 2006-2010 a eu un motif additionnel : l’augmentation desdépenses publiques pour financer la guerre. Celaveut dire l’application <strong>du</strong> Keynesianisme militaireoù l’État augmente ses dépenses de défense pourfavoriser la croissance. Les conséquences de cettedémarche sont positives vis-à-vis de la macroéconomiemais il n’y a ni création d’emploi, ni ré<strong>du</strong>ction<strong>du</strong> fossé de la pauvreté.De plus, le Gouvernement a confronté l’absencede création d’emploi en changeant <strong>les</strong> régulationsléga<strong>les</strong> de l’embauche. Pour le pouvoir exécutif, lechômage structurel ne s’explique ni par la désin<strong>du</strong>strialisationni par <strong>les</strong> cyc<strong>les</strong> de l’économie internationaleà eux seuls, mais <strong>du</strong> fait qu’en Colombie <strong>les</strong>lois <strong>du</strong> travail octroient des garanties excessives auxtravailleurs décourageant <strong>les</strong> entreprises de créer denouveaux postes de travail avec des pleines garanties.Dans ce contexte, le Gouvernement a entreprisun programme de réforme <strong>du</strong> travail ayant rallongéla journée de travail diurne, ré<strong>du</strong>it le supplément decongé et limité <strong>les</strong> indemnités par licenciement sansmotif valable. Cependant, malgré ces mesures, letaux de chômage a augmenté en Colombie : en 2008il était de 11,3 %, en 2009 de 12 % et en janvier 2010il a augmenté à 14,6 % 16 .Le rôle de l’aide internationaleEn Colombie, la coopération internationale est baséesur la Déclaration de Paris. Cet accord vise, entreautres choses, à canaliser la plupart des aides pourle développement et la démocratie à travers <strong>les</strong> Étatsnationaux et à standardiser <strong>les</strong> procé<strong>du</strong>res sur lagestion des ressources 17 . Ainsi, l’Agence Présidentiellepour l’Action sociale et la coopération internationale(Action <strong>Social</strong>e) reçoit une grande partie desressources provenant des pays coopérants et <strong>les</strong>investit en phase avec la politique gouvernementale(Stratégie de renforcement de la démocratie et <strong>du</strong>développement économique, 2007-2013).Le cas le plus frappant est celui <strong>du</strong> G-24, legroupe des 24 pays ayant des programmes de coopérationpour le développement, la démocratie et <strong>les</strong>droits humains en Colombie. Cette instance, crééesous l’initiative <strong>du</strong> Gouvernement national, essaiede centraliser <strong>les</strong> ressources provenant notammentdes États-Unis et d’Europe pour <strong>les</strong> investir suivantle modèle actuel de développement, même avec <strong>les</strong>conséquences négatives découlant de son application(tel que mentionné ci-dessus).Comme résultat de ce qui précède, <strong>les</strong> initiativesde la société civile, dont la vision sur le développementet la démocratie diffèrent de celle <strong>du</strong> Gouvernement,ne sont plus financées, ce qui ré<strong>du</strong>it sensiblementla mise en œuvre de programmes pouvantreprésenter une alternative au modèle dominant. Demême, des agences de coopération indépendantes,appartenant à des pays <strong>du</strong> G-24, ont souffert uneré<strong>du</strong>ction significative de leurs ressources alors que<strong>les</strong> agences d’État <strong>les</strong> monopolisent dans leurs payset <strong>les</strong> envoient ensuite en Colombie à travers l’Action<strong>Social</strong>e. Dans de nombreux cas, ces coopérants ontdû quitter le pays ou adopter des stratégies de fusionou de consortium avec d’autres agences pour éviterle manque de fonds. Ceci limite le nombre d’initiativesadmissib<strong>les</strong> et continue à laisser de côté plusieurssecteurs de la population.Bien que l’objectif visant à canaliser la coopérationpour le développement à travers des plansnationaux de développement et des budgets n’étantpas en fonction des priorités des donateurs est digned’éloges, il y a toujours le besoin de soutenir le travailde promotion des organisations de la société civile,démarche essentielle pour que ces plans soient vraimentnationaux, inclusifs et efficaces. n12 Département national de planification, Plan Nacional deDesarrollo 2006 – 2010. Disponible sur : .13 Ibid. p. 102.14 Ibid. p. 200.15 Jorge Iván González, “Los banqueros se enriquecen mientrasque la indigencia aumenta”, à PCDHDD, ¿Continuidad odesembrujo?, Bogota, Colombie, décembre 2009, p. 20.Disponible sur : .16 Carmen Salcedo, “Evolución de la tasa de desempleo”,Portafolio, février 2009. Disponible sur : .17 Les conclusions de cette Déclaration ont visé larationalisation des activités, l’élimination de la multiplicationdes efforts, l’obligation de la planification, la définition desindicateurs et l’homogénéisation des procé<strong>du</strong>res de lagestion financière des ressources<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>89Colombie


100Costa Rica10096Santé universelle 37 : un but difficile à atteindre100450Le pays pourrait 83 trouver de sérieuses difficultés pour étendre le droit à la santé à toute la population1009997et plus particulièrement 100aux groupes <strong>les</strong> plus discriminés, 100 entre autres <strong>les</strong> 64 personnes vivant avec leVIH-SIDA. En plus des limitations imposées par l’Accord de libre échange avec <strong>les</strong> États-Unis pourl’achat de médicaments, le Costa Rica devra vaincre la résistance d’un milieu culturel conservateurIEG of Uganda = 67BCI of Uruguay = 98 IEG of Uruguay = 69pour légiférer en faveur des personnes non hétérosexuel<strong>les</strong>. Si on ne destinait pas de ressources à cesen<strong>jeu</strong>x, le pays risquerait de ne pas respecter l’objectif de santé universelle.8781100 100 100100 10000Programa de Participación Ciudadana CEP-Alforja 1100La ratification au Costa Rica, en octobre 2007, de l’Accordde libre échange entre la République Dominicaine,l’Amérique Centrale et <strong>les</strong> États-Unis (TLC-EUCA, selon leIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100 94ICB = 97 IEG = 67Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleAutonomisationsigle en espagnol), suppose de nouveaux 20 en<strong>jeu</strong>x sociauxen matière de santé. L’analyse juridique de ce document360effectuée par d’importantes institutions de défense des00Droits de l’Homme 2 révèle que le TLC-EUCA empêchera5497l’État d’offrir un droit aussi élémentaire que celui999999de la98100 100 100100 100100 100santé. La mise en oeuvre de l’Accord, et tout spécialement Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’à<strong>du</strong> chapitre 15 relatif au Droit de la propriété intellectuelle, personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationne permettra pas que la couverture universelle de la santéIEG of nicaragua <strong>les</strong> centres médicauxBCI of<strong>du</strong>costapays environrica = 9711 médicamentsantirétroviraux génériques différents. Au cours des sixdernières années on a pu observer que <strong>les</strong> lots de cesmédicaments destinés aux personnes vivant avec le VIHétaient nettement plus nombreux, mais simultanémentIEG of costa rica 67de nouveaux médicaments 100 ont été ajoutés à l’offre des bafoués au Costa Rica.services (moins nocifs, moins 99invasifs et avec moins100d’effets secondaires), découverts grâce aux avancéesscientifiques et pharmacologiques 3 .C’est précisément au sujet de l’incorporation desces nouveaux médicaments, qui entrent peu à peu sur le290marché, que l’État pourrait être confronté à de grandes0difficultés 90et à des dépenses énormes. En ce sens, <strong>les</strong>100conséquences que l’application de l’Accord pourrait avoir100 10068sont particulièrement préoccupantes en ce qui concerne<strong>les</strong> services d’expédition de médicaments en général etsoit économiquement <strong>du</strong>rable, ni que la fourniture des médicamentspour tous ceux qui en ont besoin soit possible.Un autre problème grave surgit <strong>du</strong> fait qu’au CostaRica, pays pourtant jugé démocratique et égalitaire, <strong>les</strong>discriminations fondées sur l’orientation sexuelle sontsournoises, discrètes et dissimulées 100 par tout un systèmelégal moraliste enserré dans de rigides structuresreligieuses et traditionnel<strong>les</strong>. La négligence <strong>du</strong> Gouvernement,en ne présentant pas – ou en le faisant trop tard – <strong>les</strong>rapports de situation, comme cela a été le cas <strong>du</strong> rapport à29l’ONUSIDA sur la prévalence de VIH dans des populations0à haut risque, a mis <strong>les</strong> organisations gays et <strong>les</strong>biennes etcel<strong>les</strong> qui travaillent en relation avec le VIH dans une situationprécaire, qui avance au rythme lent et bureaucratique98100 68100de l’État, au détriment des droits fondamentaux de toutesces populations.l’exclusion de groupes de population importants qui luttentpour conserver leurs droits et pour promouvoir unenouvelle législation pour en ratifier d’autres. C’est le casparticulier des groupes gays, de <strong>les</strong>biennes, transsexuels,transgenres et bisexuels, dont <strong>les</strong> droits humains sontC’est surtout vis-à-vis de ces groupes que <strong>les</strong> cib<strong>les</strong>concernant le VIH-SIDA et la santé sexuelle et repro<strong>du</strong>ctivedeviennent plus délicats. Les avancées en matièrede législation (qui restent encore à ratifier) – ainsi que<strong>les</strong> affectations <strong>du</strong> budget correspondantes – se heurtentà un environnement culturel conservateur qui influesur <strong>les</strong> prises de décisions politiques. Dans ce cadre, <strong>les</strong>100contradictions de l’État costaricain sont visib<strong>les</strong>98lorsqu’il100 100 100s’agit de formuler et de mettre en marche des politiquespubliques pour le développement, en ce qui concerne l’ac-La fourniture de médicamentsIEG of Cyprus = 65notamment au niveau des lots d’antirétroviraux destinés complissement des OMD tout spécialement, et plus précisémentà l’heure de garantir l’accès aux services de santéaux personnes vivant INGLES avec BCI le VIH/SIDA. of Cyprus = 96 IEG of Cyprus = 65La Caja Costarricense de Seguro <strong>Social</strong> (Caisse costaricainede Sécurité sociale, CCSS) fait parvenir à tousL’incapacité de l’État à satisfaire la demande de médicamentss’aggravera pour plusieurs raisons, y compris: la rapide péremption des pro<strong>du</strong>its pharmaceutiques,ainsi que le traitement et la prévention <strong>du</strong> VIH-SIDA.Le Costa Rica compte sur un large cadre juridiquequi protège tous ses habitants et qui mentionne l’égalité1 Article élaboré grâce aux apports de Francisco Madrigal Bal<strong>les</strong>tero, le fait que <strong>les</strong> médicaments <strong>les</strong> plus onéreux soient ceux dans l’Art. 33 de la Constitution. On y établit que « tousDirecteur administratif <strong>du</strong> Centro de Investigación y Promoción para qui sont destinés à contrecarrer <strong>les</strong> maladies dégénératives(le cancer et <strong>les</strong> maladies 99 cardiovasculaires, entre discrimination ne pourra être faite à l’encontre de la di-<strong>les</strong> citoyens sont égaux devant la loi » et qu’ « aucune100100100América Central de Derechos Humanos (CIPAC) (Centre de rechercheet de promotion des droits humains pour l’Amérique centrale) ; Joséautres) affectant spécialement <strong>les</strong> personnes âgées et gnité humaine ». Cependant, <strong>les</strong> droits des gays, desCarvajal, Coordinateur de programmes de l’Asociación DemográficaCostarricense (Association démographique costaricaine) ; Ericka l’interdiction aux pays d’autoriser l’achat et la distribution <strong>les</strong>biennes et des personnes vivant avec le VIH/SIDA, neRojas et Soledad Díaz, de l’Asociación Madreselva 42 y Red de Control de pro<strong>du</strong>its génériques, à moins d’avoir accordé cinq ans sont reflétés que dans la Loi Générale 42 sur le SIDA (Nº.Ciudadano (Association Chèvrefeuille et réseau de contrôle citoyen), d’exclusivité sur le marché aux médicaments de marque. 7771), établissant dans l’Art. 48 que « quiconque applique,instaure ou pratique des 0 mesures discriminatoireset à partir de l’étude Les OMD et la santé 0 sexuelle et repro<strong>du</strong>ctive: Un0coup d’oeil depuis le Costa Rica, de Family Care International (2009) ; Minorités démuniesfondées sur la race, la nationalité, le sexe, l’âge, l’orientationpolitique, religieuse ou sexuelle, la position 97sociale,5555et Mario Céspedes, Coordinateur <strong>du</strong> Programme de Participación1009799Ciudadana (Partipation citoyenne) del CEP-Alforja.Les efforts <strong>du</strong> pays dans le domaine de la santé 100 maternoinfantileet la prévention et le traitement <strong>du</strong> VIH-SIDA, la situation économique, l’état civil, l’état de santé ou la100 100 100100 100100 1002 Université <strong>du</strong> Costa Rica, Roces Inconstituciona<strong>les</strong> del Tratadode Libre Comercio entre República Dominicana, Centroamérica deux des huit Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développementmaladie, sera condamné à une peine de vingt à soixante(OMD), sont entravés par la discrimination et jours-amende ».y Estados Unidos (Frictions inconstitutionnel<strong>les</strong> <strong>du</strong> traité delibre-échange entre IEG la République of Italy dominicaine, = 64 l’AmériqueINGLES BCI of Italy = 96 Cette disposition IEG of fixe Italy une = 64 sanction d’une sévéritécentrale et <strong>les</strong> États-Unis), Comisión Especial sobre rocesconstituciona<strong>les</strong> del TLC (Commission spéciale sur <strong>les</strong>3 Données fournies par le Service de Pharmacothérapie de la inférieure à d’autres qui sont appliquées à des délitsfrictions constitutionnel<strong>les</strong> <strong>du</strong> TLC) (2007).CCSS, 2007.sans rapport avec la discrimination des personnes. Ceci10048Rapports nationaux 90 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


démontre d’une part l’état de vulnérabilité dans lequelse trouve la population gay/<strong>les</strong>bienne et <strong>les</strong> personnesvivant avec le VIH/SIDA, et d’autre part la discriminationqui existe, même dans la seule loi qui <strong>les</strong> reconnaît sujetsde droit.Code PénalÉtant donné que la législation permet que le « jugementde valeur » des juges intervienne sur la sentence, celle-ciest habituellement lourde de « préjugés moralistes et religieux», de sorte que tout conspire pour que la peine soitplus sévère si l’auteur d’un « délit » est un homosexuel ouune <strong>les</strong>bienne. (Arts. 156, 161 et 167 <strong>du</strong> Code Pénal).Code <strong>du</strong> TravailLes discriminations sur le lieu de travail sont plus d’ordresocial que légal ; le Code <strong>du</strong> travail ne contient aucunemention qui punisse ou censure explicitement <strong>les</strong> travailleurset travailleuses en raison de leur orientationsexuelle, mais il n’y a pas dans <strong>les</strong> régimes d’emploi privéni dans l’administration publique de mécanismes de procé<strong>du</strong>requi permette d’éviter ou d’éliminer la discriminationfondée sur l’orientation sexuelle.Loi <strong>du</strong> LogementOn ne cesse de voir des cas où, d’une façon ou d’uneautre, la population gay/<strong>les</strong>bienne est clairement discriminée.Une de ces formes de discrimination est liée aucontenu de la Loi sur le Programme <strong>du</strong> logement quidétermine que pour obtenir une maison financée par l’Étatil faut avoir un foyer traditionnel hétérosexuel, c’est-à-direun mari, une femme, un concubin, une concubine, desenfants. Afin de protéger ces noyaux familiaux, l’accèsdes personnes non hétérosexuel<strong>les</strong> à ces logements seralimité et soumis à un financement en fidéicommis oudans des conditions plus onéreuses. Ces dispositionsfinancières quittent aux gays et aux <strong>les</strong>biennes la possibilitéd’un financement bon marché et dans des conditionsd’égalité avec le reste de la population.Code de la FamilleL’absence de reconnaissance légale des coup<strong>les</strong> demême sexe <strong>les</strong> empêche également de bénéficier, en tantqu’ayants droit, de la Sécurité sociale, de legs, de pensionsde retraite, <strong>du</strong> statut de migrant, de procé<strong>du</strong>res successora<strong>les</strong>,de la garantie de patrimoine, entre autres.Autres lois et régulationsLes différences, l’invisibilisation et la franche discrimination,sont présentes dans de nombreux autres instrumentsjuridiques au niveau national. Cette tendance estparfois déguisée dans <strong>les</strong> lois, mais elle est évidente dans<strong>les</strong> règlements administratifs ou opératifs de certainesinstitutions tel<strong>les</strong> que la Caisse costaricaine de sécuritésociale, l’Institut national des assurances, le Patronatnational de l’enfance, entre autres.D’autre part, suite à une plainte <strong>du</strong> Centre de rechercheet de promotion d’Amérique centrale sur <strong>les</strong> Droitshumains (CIPAC) 4 portée devant le Défenseur <strong>du</strong> peuple,cet organisme a fait une enquête sur <strong>les</strong> politiques descours d’é<strong>du</strong>cation sexuelle <strong>du</strong> ministère de l’É<strong>du</strong>cation4 Organisation non gouvernementale dont le but est d’éliminer<strong>les</strong> inégalités socia<strong>les</strong> dérivées de l’orientation sexuelle etl’identité sexuelle.publique, où l’Église catholique exerce encore un énormepouvoir et continue de s’ingérer. Le Défenseur s’estmanifesté uniquement à propos de l’é<strong>du</strong>cation visantla prévention <strong>du</strong> VIH-SIDA, mais on attend toujours larésolution concernant la question de l’hétéro-sexismeet le concept de la famille employé et promu par ces politiques.Accès aux services de santé repro<strong>du</strong>ctiveLe Costa Rica affiche l’un des plus grands taux de prévalencede l’emploi de méthodes contraceptives d’Amériquelatine et des Caraïbes : 81 femmes sur 100, âgées de 15à 49 ans et vivant en couple, ont recours aux méthodescontraceptives. On pourrait croire au vu de cette donnée quel’objectif 5b des OMD est sur le point d’être atteint :« Obtenirpour 2015 l’accès universel à la santé repro<strong>du</strong>ctive ».Or, le taux de grossesses non désirées est de 42 %,le nombre d’interruptions volontaires de grossesse estévalué à 27.000 et le taux d’accouchements parmi <strong>les</strong>femmes de 15 à 19 ans est de 71 pour 1 000 5 .L’International Planned Parenthood Federation/Regióndel Hemisferio Occidental (Fédération internationale<strong>du</strong> planning familial /Région de l’hémisphère occidental,IPPF/RHO) considère, d’après son classement, que leCosta Rica se situe dans la moyenne quant au taux d’accouchements.La CCSS, à laquelle s’adressent 80 % des utilisatricesde planning familial, offre seulement deux sortes depilu<strong>les</strong> contraceptives : Norgyl et parfois Ovral ou Primovlar.Ce sont des gestagènes oraux, de la première génération,combinés aux oestrogènes (étinyloestradiol) et auxprogestagènes (norgestrel) à des doses très élevées, quine doivent plus être employés comme contraceptifs. Onpeut <strong>les</strong> utiliser pour la contraception d’urgence (méthodeYuspe). L’idéal serait d’utiliser <strong>les</strong> contraceptifs de troisièmegénération, qui agissent de la même façon que <strong>les</strong>progestagènes, mais qui ont beaucoup plus d’avantagesque d’inconvénients.Au Costa Rica il n’existe pas de législation ou depolitique publique spécifique qui interdise, encourage oufavorise la contraception d’urgence (CE), celle-ci ne faisantpas partie des services offerts par le système publicde la Santé. Le Comité directeur de la CCSS a récemmentdésapprouvé son utilisation en se fondant sur des critèreslégaux et non pas médicaux. On continue à agir vis-àvisde la CE conformément à l’opinion non scientifiquedes groupes fondamentalistes qui influent fortement sur<strong>les</strong> décisions politiques en matière de santé sexuelle etrepro<strong>du</strong>ctive.Le préservatif féminin n’est pas encore disponibledans le pays. La CCSS semble disposée à le procurer auxtravailleuses sexuel<strong>les</strong>, mais rien n’a encore été mis enœuvre pour cela. L’utilisation de cette méthode est trèsimportante non seulement chez <strong>les</strong> travailleuses sexuel<strong>les</strong>mais aussi chez toutes <strong>les</strong> femmes sexuellement actives,car ce préservatif leur permet d’employer de façonautonome une méthode qui <strong>les</strong> protège aussi bien desgrossesses non désirées que des maladies sexuellementtransmissib<strong>les</strong>, entre <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> figurent le virus <strong>du</strong> papillomehumain (VPH) et le VIH (Objectif 6 et cib<strong>les</strong> 6.1et 6.2 des OMD).5 Carbajal, José, Tasa de Partos entre mujeres de 15 a 19 años porCantón 1995 y 2008 (“Taux d’accouchements chez <strong>les</strong> femmesde 15 à 19 ans par canton 1995 et 2008”), San José, 2008.Entre 1999 et 2009, l’utilisation <strong>du</strong> stérilet est passéede 6 % à 2 % chez <strong>les</strong> femmes vivant en couple et dans latranche d’âge 15–49 ans 6 . Cela pourrait être lié au fait quecette méthode n’est pas disponible dans tous <strong>les</strong> centresde santé d’attention primaire <strong>du</strong> pays, appelés Équipementspour une attention intégrale en Santé (EBAIS).L’absence d’une large gamme de méthodes contraceptivesdans <strong>les</strong> services publics de santé pourrait avoirune influence aussi sur la mortalité maternelle. Sur ces25 décès maternels qui ont lieu en moyenne chaque année,beaucoup sont évitab<strong>les</strong>, car ils sont associés à descauses obstétriques indirectes, à des conditions déjàprésentes avant la grossesse et qui s’aggravent pendantcelle-ci. En 2008, par exemple, 24 % des décès maternelsse devaient à des maladies cardiovasculaires, selon <strong>les</strong>chiffres de l’Institut national de statistiques 7 . Les gestagènesoraux de dernière génération, le préservatif féminin etla CE sont une option dans ce cas.Dans le cas particulier des ado<strong>les</strong>centes, 63,1 %des femmes ont eu leurs premiers rapports sexuels entre15 et 20 ans, l’âge moyen étant de 17,1 ans. L’âge moyen<strong>du</strong> partenaire sexuel est de 28,2 ans, ce qui suppose unécart de 11 ans 8 . En ce qui concerne l’emploi de méthodescontraceptives lors <strong>du</strong> premier rapport sexuel, 56 % indiquentne pas en avoir employé. Une enquête effectuée en2009 parmi <strong>les</strong> élèves de « tercer ciclo, 7º,8º et 9º grado,»correspondant en gros au premier cycle de secondaire enFrance (6 e - 5 e , 4 e , 3 e ), avait inclus la question suivante :« Au cours de cette année scolaire, t’a-t-on appris enclasse à utiliser un préservatif masculin ou féminin ? »Selon le ministère de la Santé, 30 % ont répon<strong>du</strong> affirmativementet 70 % négativement.ConclusionBien qu’il existe des lois comme le Code de l’enfance etde l’ado<strong>les</strong>cence (Loi 7739 de 1998) et des politiquescomme celle <strong>du</strong> ministère de l’É<strong>du</strong>cation publique appelée« Politiques d’É<strong>du</strong>cation intégrale d’expression de lasexualité humaine » (2001), il n’y a pas de programmeétabli d’é<strong>du</strong>cation sexuelle intégrale dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> et <strong>les</strong>collèges. Les multip<strong>les</strong> tentatives qui ont été entreprisesdans ce domaine ont échoué devant l’opposition féruedes groupes fondamentalistes qui, comme nous l’avonsdéjà signalé, exercent une forte influence sur la prise dedécisions politiques concernant la santé sexuelle et lasanté repro<strong>du</strong>ctive.On peut dé<strong>du</strong>ire de tout ce qui précède que le paysdoit s’efforcer encore plus pour atteindre l’objectif 5 desOMD, notamment <strong>les</strong> cib<strong>les</strong> 5 A et 5 B qui ont pour but,respectivement, de ré<strong>du</strong>ire la mortalité maternelle et d’obtenirl’accès universel à la santé repro<strong>du</strong>ctive. n6 Gómez, Cristian, Encuesta Nacional de Salud Repro<strong>du</strong>ctiva(Enquête nationale sur la santé repro<strong>du</strong>ctive). AsociaciónDemográfica Costarricense, 2009.7 Instituto Nacional de Estadística y Censos (Institut nationalde Statistiques et Recensement, INEC), Estadísticas Vita<strong>les</strong>2008, “Cuadro 3.10. Defunciones maternas por grupo deedades, según causa de muerte, 2008” (Statistiques vita<strong>les</strong>2008, “Tableau 3.10. Décès maternels par tranches d’âge,selon la cause <strong>du</strong> décès, 2008”). Disponible sur : .8 Gómez, Cristian, op. cit.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>91Costa Rica


CroatieUne perspective incertaine100071Le manque d’informations mises à jour et 18fiab<strong>les</strong> rend difficile95de déterminer l’augmentation de la pauvreté en Croatie8653suite à la crise économique 100 . Cependant, <strong>les</strong> indicateurs suggèrent 100 que la récession 100 de l’an 2009 a tourné au désavantage 100des améliorations récentes dans la sphère sociale, ce qui est un obstacle à la gestion de l’appauvrissement croissant <strong>du</strong>pays. Par conséquent, <strong>les</strong> circonstances deviennent de plus en plus défavorab<strong>les</strong> pour accomplir le premier ObjectifBCI of Bangladesh = 61IEG of Bangladesh = 53<strong>du</strong> millénaire pour le développement : l’éradication de la pauvreté. Tenter de ré<strong>du</strong>ire l’inégalité et la pauvreté alorsque l’on adopte des recettes néolibéra<strong>les</strong> semble non seulement être peu réaliste mais aussi imprudent.1000191007Croatian Law CentreInge Perko-Šeparović, PhDau-dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté accepté de USD 380 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009Kristina Babić100par a<strong>du</strong>lte, est passée de 10010 % 95 en 2008 à 13,5 % en1002009 4 IEG = 75. La plus grande augmentation de la vulnérabilité,Autonomisationde 5,3 % à 15,8 %, s’est pro<strong>du</strong>ite dans <strong>les</strong>56La période 2001-2009 considérée pour ce rapport représenteménages avec deux enfants ou plus 5 . Ainsi, au cours56presque <strong>les</strong> deux tiers <strong>du</strong> délai octroyé pour d’une année seulement, la récession de 2009 a effacél’accomplissement des Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour <strong>les</strong> récentes améliorations socia<strong>les</strong>.0le développement (OMD). Pendant cette période, <strong>les</strong>0Le développement économique entre 2005 et0données <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it interne brut (PIB) de la Croatie 2008 a favorisé la création de nouveaux postes de98991009999montrent une croissance de près de 4,4 % jusqu’en travail et la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> chômage. Pendant cette100 100 70100100 100100 711002008, année où il chute pour la première fois à 2,4 %. période, la pauvreté a été principalement liée auPuis il y a eu une brusque chute de 5,8 % en 2009 1 . La chômage à long terme et à l’inactivité, concentrés Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationdette externe, origine principale de ressources additionnel<strong>les</strong>pour faire face aux dépenses publiques, a taux <strong>du</strong> risquenotamment chez <strong>les</strong> travailleurs peu qualifiés. LeIEG of Colombia = 75 BCIde pauvretéof Croatiade 32,6= 98IEG of Croatia = 75% en 2008 a été Les transferts doivent être effectifs et efficacesaugmenté en moyenne de 12,5 % par an pendant la le plus élevé pour <strong>les</strong> chômeurs. Cependant, <strong>les</strong> perteslorsqu’ils abordent la pauvreté pour qu’il y ait un effetmême période 2 , alors que la croissance des dépensesd’emploi découlant de la crise économique ont de redistribution important, de façon à ré<strong>du</strong>ire le tauxpubliques a été de 6,7 % en 2008 et de 2,3 % en provoqué une augmentation de 20 % <strong>du</strong> nombre des de pauvreté. Ainsi, <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions <strong>les</strong> plus importantes2009. Cela n’a contribué qu’à aggraver la crise. chômeurs enregistrés en janvier 2010 par rapport àont été pro<strong>du</strong>ites par <strong>les</strong> dépenses publiquesPauvreté en augmentationl’année précédente. La ré<strong>du</strong>ction 100 de l’emploi, la diminution<strong>du</strong> salaire réel (par rapport à l’indice des prix L’OSC n’a pas encore adopté la méthodologiedestinées aux bénéfices 100 sociaux.94Malgré l’augmentation <strong>du</strong> PIB per capita de HRK au consommateur) et le gel salarial <strong>du</strong> secteur public d’Eurostat pour collecter <strong>les</strong> données des dépenses25.538 (USD 4.474) en 2001 à HRK 45.379 ont fait basculer beaucoup de gens dans la pauvreté. destinées à la protection sociale et aux transferts45(USD 7.951) en 2009 3 , l’indice de pauvreté pendant Les « nouveaux » pauvres se différencient nettementsociaux. Par exemple, la catégorie « autres recettesla même période n’a pas été influencé. Lors <strong>du</strong> débutdes “anciens” pauvres 6 : ils ont une meilleure liquides » <strong>du</strong> questionnaire sur <strong>les</strong> dépenses desde la crise économique et financière de 2008,0é<strong>du</strong>cation, ils sont plus <strong>jeu</strong>nes et économiquement0foyers est similaire à celle des transferts sociaux<strong>les</strong> indicateurs de pauvreté montraient déjà des signesde régression. Le coefficient Gini – la mesure dans l’in<strong>du</strong>strie et ils vivent dans des régions écono-titre familial ».96actifs, ce sont en général des hommes travaillant d’Eurostat, bien qu’il existe la variable « pension à10099100 100100 68100de l’inégalité des revenus appliquée par la Banque miquement plus développées.Les frais des transferts sociaux et la croissancemondiale – est passé de 0,28 en 2007 à 0,29 en 2008économique ont stabilisé le taux de pauvreté pendantet le rapport des quinti<strong>les</strong>, comparant le revenu total Transferts sociauxla première partie de la période étudiée, malgré seséquivalent des deux quinti<strong>les</strong> supérieur et inférieur Les transferts BCI sociaux of Hungary peuvent être = 98 IEG of Hungary = 70définis au sens effets sur la ré<strong>du</strong>ction de l’inégalité sociale, très peu(20 % des plus riches et 20 % des plus pauvres) est large et au sens strict. Au sens strict, suivant l’Eurostat,significatifs. Le manque de données complètes etpassé de 4,3 en 2007 à 4,6 en 2008.ils comprennent <strong>les</strong> revenus relatifs au chômage, fiab<strong>les</strong> pour 2009 et l’incertitude vis-à-vis de la situa-Par manque d’information disponible lors de <strong>les</strong> congés maternité, <strong>les</strong> bénéfices des soins aux nouveauxtion de la Croatie d’ici fin 2010 rendent impossible lal’élaboration de ce rapport, l’indice de pauvreté nenés, <strong>les</strong> allocations familia<strong>les</strong>, <strong>les</strong> bénéfices de présentation d’une description complète de l’impactpeut être présenté que sur la base de simulations faitescongé maladie de plus de 42 jours, <strong>les</strong> bénéfices pour de la crise. Des indicateurs montrent cependant quepar la Banque mondiale ; <strong>les</strong> données exactes de b<strong>les</strong>sures personnel<strong>les</strong> et soins aux tiers, <strong>les</strong> bénéfi-cet impact sera important et que <strong>les</strong> circonstancescette variable seront publiées par l’Office central des ces sociaux, <strong>les</strong> bénéfices de réinsertion et l’emploi seront de plus en plus défavorab<strong>les</strong> pour arriver àstatistiques (OCS) en octobre 2010. La simulation des handicapés, <strong>les</strong> pensions pour handicapés, <strong>les</strong> éradiquer la pauvreté. La croissante paupérisationdes changements de la pauvreté à court terme entre frais d’é<strong>du</strong>cation et <strong>les</strong> bénéfices de logement. Les sera difficile à contrôler.2008 et 2009 montre une croissance par rapport transferts sociaux suivant le sens strict ont trait aux Tous <strong>les</strong> facteurs en <strong>jeu</strong> – la diminution <strong>du</strong> PIBaux dépenses de 3,5 %. La proportion de ménages bénéfices octroyés aux indivi<strong>du</strong>s, à savoir, de l’argent ajoutée à l’augmentation de la dette et des dépensesliquide, et non pas sous forme de services (par exemple,publiques – montrent clairement qu’il est nécessairele soin gratuit de la santé) ou de biens matériels. de faire des ré<strong>du</strong>ctions radica<strong>les</strong> dans le budget. Le1 Banque nationale de Croatie, “Real GDP growth rate –budget 2010 n’a pas encore été rééquilibré et on seCroatia.” Disponible sur : .4 Banque mondiale, Croatia: <strong>Social</strong> Impact of the Crisis and demande où se pro<strong>du</strong>iront <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions. Certes,2 Ibid.Building Resilience, 10 juin 2010, 38–39. Disponible sur : ces ré<strong>du</strong>ctions ne devraient pas toucher le secteur.des transferts sociaux, indispensab<strong>les</strong> pour atténuer3 Banque nationale de Croatie, “General information on Croatia– economic indicators.” Disponible sur : .6 Ibid.100Rapports nationaux 92 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


TABLEAU 1: Emploi et chômage, 2007-2010 (en milliers)EmploiChômage (enregistré)2007 2008 2009 2010 2007 2008 2009 2010Janvier 1.457 1.506 1.525 1.430 299 261 254 310Février 1.455 1.504 1.516 1.417 299 260 263 318Mars 1.461 1.511 1.512 1.412 292 255 267 319Avril 1.470 1.521 1.513 1.416 278 245 264 309Mai 1.485 1.535 1.518 263 233 256Juin 1.499 1.549 1.524 250 222 247Juillet 1.511 1.559 1.526 246 220 249Août 1.511 1.558 1.518 243 219 251Septembre 1.503 1.548 1.501 246 222 259Octobre 1.495 1.538 1.485 250 229 273Novembre 1.491 1.530 1.472 253 234 283Décembre 1.481 1.519 1.457 254 240 292Source : Banque mondiale, Croatia: <strong>Social</strong> Impact of the Crisis and Building Resilience.La ligne budgétaire des bénéfices <strong>du</strong> chômageen 2009 a été corrigée à trois reprises : le 9 avril laquantité prévue de USD 150 millions a été augmentéede USD 20 millions ; le 18 juillet, USD 42 millionsont été rajoutés et le 3 août, la quantité a été ré<strong>du</strong>itede quelque USD 22 millions (en raison de l’incidence<strong>du</strong> travail saisonnier sur la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> chômage).En conséquence, la ligne budgétaire des bénéficesen argent liquide pour <strong>les</strong> citoyens et <strong>les</strong> ménages aété corrigée : la somme prévue de USD 68,6 millionsa augmenté de 10 % avec le premier amendement,puis a encore augmenté de USD 3 millions et s’estfinalement ré<strong>du</strong>ite de USD 228.500. Ces exemp<strong>les</strong>montrent que le Gouvernement s’est mal préparépour la crise et qu’il n’a pas prévu <strong>les</strong> mesures appropriéespour y faire face. Le manque de prévision alaissé le pays mal équipé pour y répondre et il a réagide manière ad hoc.ConclusionLa Croatie a pris la route de la récession et sa récupérationne sera ni simple ni rapide. Il faut des connaissances,de la capacité et <strong>du</strong> courage pour choisir <strong>les</strong>politiques correctes ainsi que <strong>les</strong> instruments et <strong>les</strong>mesures visant à leur mise en application, leur monitoringet leur évaluation efficaces. Il est peu probableque <strong>les</strong> problèmes sociaux puissent être résolus demanière efficace par le biais de mesures ad hoc. I<strong>les</strong>t indispensable d’utiliser de manière optimale <strong>les</strong>moyens disponib<strong>les</strong> dans ces conditions de restrictionscroissantes pour être en mesure de surmonterla crise et, à la fois, ré<strong>du</strong>ire la pauvreté.La réponse à la question « la Croatie, aura-t-elle<strong>du</strong> succès sans renoncer au modèle néolibéral dominant? » est négative. Croire qu’il est possible deré<strong>du</strong>ire la pauvreté et l’inégalité en appliquant desrecettes néolibéra<strong>les</strong> est peu réaliste et insensé. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>93Croatie


Égypte10044Le <strong>du</strong>r chemin 38vers <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement0Bien que <strong>les</strong> rapports 95 officiels 97affirment que l’Égypte est sur la 98 bonne voie pour atteindre <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour9666 le développement (OMD), 100 le pays a fait peu de progrès à cet 100égard. Au milieu de la pire 65 crise économique mondialedepuis la Grande dépression des années 1930, l’Égypte devrait entreprendre de grands changements et adopter desstratégies radica<strong>les</strong> de développement afin de pouvoir respecter ses engagements. Pour ce faire, une meilleure gestionIEG of Bolivia = 66 BCI of Brazil = 96IEG of Brazil = 68de l’aide au développement est nécessaire et <strong>les</strong> politiques de l’emploi devraient être davantage promues et négociées,et être accompagnées d’un plus grand nombre d’accords de partenariat avec le secteur privé et la société civile.100 100 100100 100100095 99931000100The Egyptian Association for Community ParticipationEnhancement (EACPE)Nawara Magdy Belal 100Yasmine Sherif IsmailSelon la société d’investissement koweïtienne GlobalIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9195 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 44Autonomisation43Investment House, l’impact de la crise économiquemondiale commence à se faire sentir aujourd’hui en150Égypte, même si l’on pense que « la solide croissance00100 économique de l’Égypte, associée à la réforme mise9779982591en œuvre, protège la performance économique <strong>du</strong>100 100 64100100 100100 100pays au milieu de la crise mondiale actuelle ». Certes, Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àl’économie égyptienne a suivi la croissance réelle <strong>du</strong> personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationPIB, qui était de 5,8 % <strong>du</strong>rant le premier trimestre deIEG of Czech Republic = 68•IEG of Egypt = 44Les politiques doivent s’attaquer aux causes•de défaillance <strong>du</strong> marché et améliorer l’accèsà celui-ci. La défaillance <strong>du</strong> marché affecte <strong>les</strong>pauvres de manière disproportionnée. Des programmess’avèrent nécessaires pour garantirun meilleur fonctionnement des marchés quisont importants pour contribuer au soutien desplus démunis.Autant le rythme que le modèle de croissance•sont essentiels pour ré<strong>du</strong>ire <strong>du</strong>rablement lapauvreté dans le long terme.La croissance qui favorise <strong>les</strong> pauvres requiert•leur participation dans le processus.Les politiques visant à aborder <strong>les</strong> multip<strong>les</strong>•aspects de la pauvreté devraient aller de pair ;il faut éviter <strong>les</strong> dichotomies (par exemple, despolitiques économiques qui vont à l’encontredes politiques socia<strong>les</strong>).Les pauvres ont besoin de participer et d’influencerle processus de réforme politique quiaccompagne <strong>les</strong> stratégies de ré<strong>du</strong>ction de lapauvreté. 100c = 98l’exercice fiscal 2008-2009, par rapport au 6,5 % atteintpendant le premier trimestre de l’exercice 2007-2008. Toutefois, il convient de noter que le Gouvernementa fixé un objectif plus faible de croissance <strong>du</strong>PIB (de 5,5 %) pour l’exercice financier 2008-2009,chiffres ont toutefois étéBCIrejetésof Egypt,par GawdatArab Rep.el-Malt,= 91président de l’Agence centrale d’audit égyptienne, quia déclaré que « le taux de pauvreté est de l’ordre de40 % dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> et de 18 % dans <strong>les</strong> zonesurbaines » 5 .après avoir atteint une croissance 100 de 7,2 % en 2007-2008. Pour <strong>les</strong> exercices 2008-2009 et 2009-2010, la La pauvreté ne se définit pas seulement surBanque mondiale a prévu des taux de croissance <strong>du</strong> la base <strong>du</strong> revenuPIB de 4,5 % et 6 %, respectivement 1 .Mais la crise affecte-t-elle le progrès <strong>du</strong> pays pourla réalisation des OMD? Selon un 16 rapport d’évaluation0à mi-chemin de la réalisation des OMD publié par leministère <strong>du</strong> Développement économique, le paysCes deux estimations contradictoires sont baséessur <strong>les</strong> niveaux de revenu. Toutefois, la pauvreté n’estpas seulement une question de revenu ; il y a d’autresaspects importants à considérer comme la santé,l’hygiène et l’exclusion sociale. Ainsi, <strong>les</strong> indicateurs96« est sur la bonne voie pour atteindre la plupart 9753des combinés, tels que l’Indice de développement humain(IDH) et l’Indice de pauvreté humaine (IPH), ba-100100 100Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour la date prévue de 2015 » 2 .Selon le ministre égyptien <strong>du</strong> Développement économiquesés sur la proportion de personnes vivant au-dessousOthman Mohamed Othman, « la focalisation de seuils déterminés dans chacune des dimensionsIEG of Indonesia = 55géographique et d’autres politiques socia<strong>les</strong> intégrées de l’IDH, devraient aussi être pris en compte.promettent de ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> retards et <strong>les</strong> lacunes régiona<strong>les</strong>... et assurent également la pleine réalisationdes OMD nationaux dans toute l’Égypte » 3 . Quant à laré<strong>du</strong>ction de la pauvreté, le ministre a annoncé que « letaux de pauvreté a chuté de 31 à 26 % dans <strong>les</strong> zones100Dans le Rapport national d’Égypte 2008, le PNUDa mis en exergue <strong>les</strong> sept lignes directrices suivantesque le Gouvernement égyptien devrait prendre enconsidération pour atteindre une croissance économiquecontribuant à ré<strong>du</strong>ire la pauvreté 6 :100rura<strong>les</strong> et de 13 à 8,6 % dans <strong>les</strong> zones urbaines 4 . Ces1 Global Investment House, Rapport annual 2009.Disponible sur : www.globalinv.net/pdfs/AnnualReport/GlobalAnnualReport2009E.pdf0 92 Ministère <strong>du</strong> Développement économique, Rapport 2008 sur<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement–Égypte,pour atteindre <strong>les</strong> OMD : Évaluation passé le mi-chemin,472008. Disponible 100 sur : www.undp.org.eg/ Portals/0/77 100MDG%20Links/Egypt%20MDG%20Mid%20Term%20Assessment%20Report%202008.pdf3 Ibid.4 Egypt.com News, 10 avril 2010. Disponible sur : www.news.egypt.com/en/201003239929/news/-egypt-news/mpsegypt-govt-disagree-over-poverty-rate.html• La vulnérabilité des pauvres 87 face au risque etle manque de protection sociale ré<strong>du</strong>isent lerythme de croissance.Dans le Rapport de 2009 sur le Développementhumain, l’Égypte occupait la 82 ème position sur <strong>les</strong>47135 pays évalués. L’indice de pauvreté mesure <strong>les</strong>• L’inégalité des ressources et des possibilitésprivations graves dans le domaine de la santé pourlimite la capacité des pauvres à participer à la0<strong>les</strong> personnes qui n’attendraient 0 pas l’âge de 40 ans.croissance et à y contribuer. La différence deL’é<strong>du</strong>cation est mesurée par le taux d’analphabétisme81genre 82 est un aspect particulièrement important97 chez <strong>les</strong> a<strong>du</strong>ltes, et un niveau de vie digne est 98mesuréde l’inégalité.56100 100 100100 100par la moyenne non pondérée des personnes qui n’ontpas accès à une source d’eau potable et par le pourcen-5 Ibid.tage d’enfants de moins de cinq ans dont le poids estIEG of Nigeria = 44 BCI of Paraguay = 89inférieur au poids IEG normal of Paraguay pour leur = âge. 67 Le tableau 16 PNUD, Rapport 2008 sur le Développement humain–Égypte. Disponible sur : www.hdr.undp.org/en/reports/ montre <strong>les</strong> valeurs de ces variab<strong>les</strong> pour l’Égypte et <strong>les</strong>nationalreports/arabstates/egypt/2008_Egypt_nhdr_en.pdf compare avec cel<strong>les</strong> correspondant à d’autres pays.100100Rapports nationaux 94 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010085


TABLEAU 1. Quelques indicateurs de pauvreté humaineIndice de pauvretéhumaine (IPH-1)Probabilité de ne pas atteindrel’âge de 40 ans (%)Taux d’analphabétisme chez <strong>les</strong>a<strong>du</strong>ltes (âgés de 15 ans ou plus)Population n’ayant pas accès àdes sources d’eau améliorées (%)1. République tchèque (1,5) 1. Hong-Kong, Chine (RAS) (1,4) 1. Géorgie (0) 1. La Barbade (0) 1. Croatie (1)80. Î<strong>les</strong> Salomon (21,8) 68. Géorgie (6,7) 117. Angola (32,6) 28. Costa Rica (2) 40. Macédoine (6)Enfants dont le poids corporel est inférieur à la normalepour cet âge (% d’enfants de moins de 5 ans)81. Botswana (22,9) 69. Vanuatu (7,1)118. Congo (Républiquedémocratique <strong>du</strong>) (32,8)29. Arménie (2) 41. La Barbade (6)82. Égypte (23,4) 70. Égypte (7,2) 119. Égypte (33,6) 30. Égypte (2) 42. Égypte (6)83. Vanuatu (23,6) 71. Équateur (7,3) 120. Inde (34) 31. Jordanie (2) 43. Mongolie (6)84. Congo (24,3) 72. Bahamas (7,3) 121. Ghana (35) 32. Monténégro (2) 44. Panama (7)135. Afghanistan (59,8) 153. Lesotho (47,4) 151. Mali (73,8) 150. Afghanistan (78) 138. Bangladesh (48)Source : Rapport sur le développement humain 2010.Les chiffres <strong>du</strong> tableau 2 montrent clairementque la croissance économique ne reflète pas nécessairementla qualité de vie. L’échec <strong>du</strong> payspour garantir que la croissance économique soitaccompagnée d’une amélioration <strong>du</strong> niveau de viede ses citoyens constitue le principal en<strong>jeu</strong> que leGouvernement devra relever dans <strong>les</strong> cinq prochainesannées afin d’atteindre <strong>les</strong> OMD d’ici à 2015 7 .Cela signifie repenser sa stratégie de financementpour le développement dans le contexte d’une criseéconomique qui est devenue le plus grand obstacleau développement.Les progrès dans la réalisation des OMDL’évaluation à mi-chemin de l’accomplissement desOMD pour l’Égypte montre que le pays « n’est passur la bonne voie », que <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x sont toujours trèsimportants et que, dans certains domaines et notammenten ce qui concerne la différence de genre,la performance <strong>du</strong> pays est très faible. Ce qui suit estune évaluation par objectifs :TABLEAU 2.0,76République0,74Arabe syrienne0,72Égypte 0,700,680,660,640,620,60Indice dedéveloppementhumain0,800,78PBI par têtePPT USD6.0005.8005.6005.4005.2005.0004.8004.6004.4004.2004.000Source : Rapport sur le développement humain 2009.7 Egypt.com News, 10 avril 2010. Disponible sur : .• OMD 1 – Éradiquer l’extrême pauvreté et lafaim : il y a quelques en<strong>jeu</strong>x à relever dans lefutur, tels que le chômage chez <strong>les</strong> femmes et<strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes et le faible poids chez <strong>les</strong> enfants.• OMD 2 – Assurer l’é<strong>du</strong>cation primaire universelle: comme une manifestation visible des progrèsde la scolarisation, le pays est proche de 100 %de scolarité pour la tranche d’âge des 15-24 ans.• OMD 3 – Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisationdes femmes : bien que le pays ait démontréson engagement à travers des mécanismesinstitutionnels, des changements législatifset plusieurs initiatives et actions, il reste encoreun long chemin à parcourir, notamment dansl’enseignement technique, l’autonomisation et laparticipation des femmes en politique.• OMD 4 – Ré<strong>du</strong>ire la mortalité infantile : desprogrès dans ce domaine ont été effectués ;cependant, <strong>les</strong> données officiel<strong>les</strong> montrent que<strong>les</strong> inégalités géographiques, de genre et dedéveloppement social restent élevées. En outre,le taux élevé de mortalité néonatale continue àêtre préoccupant.• OMD 5 – Améliorer la santé maternelle : l’efficacitédes programmes nationaux qui ont permisd’augmenter le nombre d’accouchements assistéspar un personnel qualifié se manifeste parl’extraordinaire rapidité avec laquelle la mortalitématernelle a baissé.• OMD 6 – Combattre le VIH/sida, le paludismeet d’autres maladies : l’infection par le VIH nese limite pas à un groupe social particulier etau cours de ces dernières années elle a augmentéchez <strong>les</strong> femmes. Les hépatites B et Csont également devenues une menace. Il estnécessaire de réorganiser le système de santéselon une perspective multisectorielle qui tiennecompte <strong>du</strong> contexte social dans le traitementdes épidémies.• OMD 7 – Assurer un environnement <strong>du</strong>rable : lademande croissante de ressources naturel<strong>les</strong>exige l’adoption de mesures plus rigoureusesde contrôle et des stratégies adéquates de gestionde l’environnement.• OMD 8 – Promouvoir un partenariat mondialpour le développement : selon le ministère <strong>du</strong>Développement économique, « au cours de cesdernières années l’Égypte a connu une tendanceà la hausse des versements de l’APD de la partde plusieurs pays riches et des organisationsinternationa<strong>les</strong>, et cette aide a été assignée pourrépondre aux besoins de développement desdifférents secteurs. En outre, l’Égypte a égalementbénéficié d’une série d’accords commerciauxbilatéraux et multilatéraux. La part <strong>du</strong> PIBcorrespondant aux exportations de biens et deservices a augmenté au cours de ces dernièresannées » 8 .Impact de la crise financière mondialeBien que le chiffre net d’Investissements directsétrangers (IDE) n’ait pas dépassé USD 3,9 milliardspour l’exercice 2004-2005, pendant la période 2007-2008, cet indicateur a atteint USD 13,2 milliards.Toutefois, dans le dernier exercice fiscal – alors quel’économie mondiale était en pleine crise – <strong>les</strong> IDEnets sont tombés à USD 8,1 milliards, selon la Banquecentrale d’Égypte. En outre, un rapport sur laperformance économique <strong>du</strong> deuxième trimestre del’exercice fiscal 2009-2010 publié par le ministère <strong>du</strong>Développement économique montre que le nombrede chômeurs a atteint 2,37 millions de personnes 9 .• Comme le montrent ces chiffres, <strong>les</strong> résultatsde l’année 2010 pourraient ralentir la progressionde l’Égypte vers la réalisation des OMDd’ici 2015. Pour éviter un tel risque, il est essentielde :• accroître l’efficacité de l’APD, qui risque de diminueren raison de l’impact de la crise mondia<strong>les</strong>ur <strong>les</strong> pays donateurs, et harmoniser etaligner la distribution de l’APD conformémentaux priorités nationa<strong>les</strong>.• négocier un espace pour adopter des politiquesd’emploi plus orientées vers la croissance etveiller à leur application.• renforcer <strong>les</strong> partenariats avec le secteur privéet la société civile en Égypte. n8 Millennium Development Goals Report 2008. Egypt, op. cit.9 Egypt News, 21 Février 2010. Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>95Égypte


100El Salvador74100 99Vulnérabilité et violence, des réflexes de la pauvreté100480Le pays, qui a pour la première fois un gouvernement de gauche, essaie d’atteindre <strong>les</strong> objectifs <strong>du</strong> Millénaire981001009758pour le développement (OMD). 100 La baisse <strong>du</strong> taux de pauvreté 100 et de l’extrême pauvreté, 72 la réforme <strong>du</strong> système desanté pour le rendre accessible à toute la population, l’élaboration de politiques de prévention des catastrophesnaturel<strong>les</strong> et <strong>les</strong> progrès vers l’égalité des sexes sont des priorités que le nouveau Gouvernement doit fixer. Si leIEG of SpainSalvador= 77 BCI of france= 99veut atteindre <strong>les</strong> OMD d’ici à 2015, il est impératif qu’il mette l’accent surIEGlaofluttefrancecontre72la vulnérabilitéd’une grande partie de sa population, sans oublier le combat contre la violence et la criminalité.100100 100 100100 10000100100<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> El SalvadorJeannette AlvaradoScarlett CortezMario Paniagua100L’année 2009 a été marquée par des événements qui ontIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9187 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 68Autonomisationchangé le cours <strong>du</strong> pays aux niveaux politique, économique25et social. L’élection présidentielle <strong>du</strong> mois de mars représenteun des principaux événements historiques pour la000nation car pour la première fois, un candidat de gauche, le87 879498journaliste Mauricio Funes, 54 <strong>du</strong> Front Farabundo Marti pour100 100 625199100100 100100 100100la libération nationale, a été élu à la présidence <strong>du</strong> pays pour Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àun mandat de cinq ans.personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationLes préoccupations marquantes des citoyens et <strong>du</strong>76 IEG of Eritrea = 47Gouvernement lors de la prise de fonctions étaient la criseéconomique–50 % de la population était au chômage ousous-employée–et l’insécurité sociale ; selon des estimationsde l’ONU, seulement deux travailleurs sur 10 avaientun contrat de travail, bénéficiaient de la sécurité sociale ettouchaient un salaire décent. 100 Selon des sondages publiésdans différents médias, <strong>les</strong> trois principaux problèmes quiont affecté <strong>les</strong> Salvadoriens en 2009 étaient le taux élevé decriminalité, le chômage et le prix élevé n/d des denrées de base.La ré<strong>du</strong>ctionBCIdesofinégalitésEl Salvadordes revenus= 91n’est possibleque par le biais d’une réforme fiscale et de la redistributionéquitable des richesses. Dans son discours inaugural, leprésident Funes s’est engagé à travailler sur la ré<strong>du</strong>ctionde la pauvreté et <strong>du</strong> chômage à travers un plan de relanceéconomique globale qui inclut 100 des mesures visant à stabiliserl’économie, augmenter l’investissement dans des73IEG of El Salvador = 68considère comme un bien 100 public 6 .s/d100 3 Il s’agit d’un système de financement de la santé publique100 100instauré par le Gouvernement précédent dans lequel <strong>les</strong>fonctionnaires des hôpitaux demandent de l’argent aux patients5 Ibid.58pour leur fournir une gamme complète de soins. Ces ressourcesIEG of Nepal = 511 PNUD, Rapport annuel PNUD El Salvador 2009.s’utilisent pour BCI couvrir of <strong>les</strong> Somalia coûts de gestion = 57et de salaires.2 Marroquín, W., “El Salvador pobreza extrema y reforma fiscal”,(ElSalvador pauvreté extrême et réforme fiscale) Musée ¡Ajá!, (2009).4 Alliance citoyenne contre la privatisation de la santé, Bilan desanté 2009, décembre 2009.inaugurée, reflétant <strong>les</strong> intentions des diverses organisationssocia<strong>les</strong> et l’engagement public <strong>du</strong> nouveau Gouvernementen matière de santé 5 . Ainsi, pour la premièrefois, l’État reconnaît la santé comme un droit et s’opposeexplicitement à la commercialisation de celle-ci car il laAu cours des premiers mois de la nouvelle gestion<strong>du</strong> ministère de la Santé publique et de l’assistance sociale(MSPAS) un processus d’achat de médicaments a été misprojets d’infrastructure (y compris l’approvisionnementd’énergie électrique dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>) et l’indemnisationLa nécessité d’une réforme fiscaledes travailleurs et de leurs famil<strong>les</strong> pour la perte de en œuvre afin d’approvisionner <strong>les</strong> hôpitaux et <strong>les</strong> centresleurs emplois. Parmi <strong>les</strong> mesures innovatrices se trouvait de santé auquel le ministère a assigné 17.900 SVC (un peu0Le dernier rapport présenté par le Programme des NationsUnies pour len/ddéveloppement (PNUD) n/d en 2009, Pas0l’extension <strong>du</strong> système de sécurité sociale aux travailleursdomestiques, 69 dont 90 % sont des femmes. Le 90 ministère <strong>du</strong>0plus de USD 2 millions), destinés à renforcer le budget de2010, à amplifier s/d <strong>les</strong> contrats des appels d’offre s/d de 2009 et6996100d’excuses. Atteignons <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le100 100développement en 2015, affirme que le taux d’extrêmepauvreté a été ré<strong>du</strong>it de plus de 50 % puisque l’on est passéTravail a lancé une campagne visant à éradiquer le travail100 100des enfants et à renforcer la protection <strong>du</strong> travail par le biaisde la légalisation de 75 nouveaux syndicats.à acquérir des médicaments essentiels pour <strong>les</strong> hôpitaux 7 .100 100Pendant le deuxième semestre 2009, le MSPAS a dû fairefait face à l’épidémie de grippe H1N1 avec un investissement1008de près de USD 150.000, lui permettant de maintenirde 28,8 % des foyers vivant dans cette situation en 1991 à10,8 % en 2007 1 .Les changements BCI of dans Myanmar le système = 77 de santé un faible taux de mortalité par rapport aux autres pays deToutefois, ces chiffres ne signifient pas que le pays aittotalement éliminé le fléau de l’extrême pauvreté, un problèmequi continue à être un des principaux en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> Gouvernement.Il y a encore plus de 800.000 personnes vivantIl est important de signaler que le nouveau Gouvernement,qui a assumé ses fonctions en juin 2009, essaie d’interromprele processus de démantèlement et d’abandon dela santé publique et de la sécurité sociale. Parmi <strong>les</strong> problèmesla région.Le Salvador est le pays d’Amérique centrale où <strong>les</strong>médicaments sont <strong>les</strong> plus chers (médicaments de marqueet génériques). Il n’existe pas de politique de règlementa-<strong>les</strong> plus graves il faut signaler la pénurie chronique et tion des prix ou de la qualité des médicaments consom-dans des conditions d’extrême pauvreté, ce qui indique100100100que ce problème mérite une attention prioritaire et intégrale délibérée de médicaments, l’établissement des quotas soidisantmés. Lorsqu’en février 2010 le MSPAS a présenté un projetvolontaires 3 , <strong>les</strong> compressions budgétaires pour <strong>les</strong> de loi garantissant la réglementation des prix et de la qualitéavec un plus grand investissement des ressources.59Selon l’analyste W. Marroquín, dans la lutte contre hôpitaux et <strong>les</strong> conflits d’intérêts entre <strong>les</strong> ministres et <strong>les</strong> des médicaments, <strong>les</strong> médias ont s/d réagi par une attaquel’extrême pauvreté il existe des différences entre <strong>les</strong> paysde la région ; cet objectif est un peu 22plus accessible pourle Salvador que pour ses voisins. 0 On estime que le payspourrait éradiquer l’extrême pauvreté en destinant à cetservices privés responsab<strong>les</strong> de fournir le système publicet de sécurité sociale 4 .En mai 2009, une nouvelle 0 politique de santé dénomméeConstruyendo la esperanza (Construire l’espoir) a étédirigée par la plus grande entreprise pharmaceutique nationaleet soutenue par <strong>les</strong> partis de droite. Cela a provoquéla stagnation <strong>du</strong> projet de loi 0au Parlement.Les dépenses s/d publiques en santé, qui s/d ont diminué au95 objectif 6 % de son revenu, tandis que le Hon<strong>du</strong>ras et le8033cours de ces dernières années, n’ont pas dépassé 3,6 %10057100100 100100Nicaragua devraient investir 8 % de leur revenu, 74 un butdifficile à atteindre sans aide extérieure 2 .1006 Rodríguez, M., Construyendo la Esperanza, Estrategias yRecomendaciones en Salud, Ministère de la Santé publiqueet de l’assistance sociale, 2009.7 Alliance citoyenne contre la privatisation de la santé, op. cit.52Rapports nationaux 96 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>10010087100


<strong>du</strong> PIB. Le Gouvernement actuel s’est engagé à atteindre5 % dans <strong>les</strong> cinq ans à venir. L’accomplissement de cetobjectif devrait se tra<strong>du</strong>ire par des améliorations au niveaude l’accessibilité, la disponibilité et la qualité des soins offertspar le MSPAS. Bien qu’en 2009 on ait constaté desaméliorations concernant <strong>les</strong> indicateurs officiels de lacouverture des services de santé, la continuité d’un bonnombre de ces stratégies est en péril, car elle dépend desfinancements extérieurs.Le rapport final de l’Enquête nationale sur la santéfamiliale (FESAL) 2008 signale une diminution <strong>du</strong> tauxde mortalité infantile (pour <strong>les</strong> enfants de moins d’un an)de 9 points. En ce qui concerne la population de moins de5 ans, la baisse a été de 12 points à l’échelle nationale 8 .Cependant, il existe un écart considérable entre <strong>les</strong> niveauxd’amélioration dans la population urbaine, plus avantagée,et <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>, où la vulnérabilité reste élevée. Enconclusion, la plupart des enfants décédés vivaient loindes grandes vil<strong>les</strong>, dans la pauvreté et sans accès auxservices de santé.La mortalité maternelle est toujours une priorité dansle cadre de la réalisation des OMD étant donné que, selon<strong>les</strong> déclarations <strong>du</strong> Gouvernement, il ne sera pas possiblede respecter l’engagement pris lors <strong>du</strong> Sommet <strong>du</strong> Millénairede ré<strong>du</strong>ire la mortalité maternelle de 75 % avant2015. Les taux de mortalité maternelle au fil <strong>du</strong> temps sont<strong>les</strong> suivants : 82 décès pour 100.000 naissances en 2006,64 décès pour 100.000 naissances en 2007, 62 décès pour100.000 naissances en 2008 et 82 décès pour 100.000naissances en 2009. La diminution <strong>du</strong> taux correspondantà la période 2007-2008 est principalement attribuable à lasous-déclaration des cas et elle ne reflète pas une véritableamélioration de l’indicateur 9 .En ce qui concerne l’infection par le VIH/SIDA, jusqu’ànovembre 2009 on estimait que le total de personnes affectéesétait de 23.731, dont plus de 15.000 sont VIH-positifsétants <strong>les</strong> autres atteintes de SIDA 10 . L’ONUSIDA a suggéréqu’il pourrait y avoir une sous-estimation de jusqu’à 25.000cas. Avec ces données, on a <strong>du</strong> mal à assurer que la tendancese soit arrêtée, tel que l’exige l’OMD 5. Actuellement,le programme national pour le VIH/sida est financé exclusivementpar des ressources externes, à travers le Fondsmondial 11 ce qui menace sa continuité.En Juin 2009, le sujet de la participation socialeet <strong>du</strong> contrôle social a été intro<strong>du</strong>it dans le documentConstruyendo la esperanza. Actuellement le Forum nationalde la santé est en cours de création (programmé pour2010), un organisme qui assurera le suivi de ces aspects etsera coordonné par <strong>les</strong> organisations socia<strong>les</strong>.Davantage de vulnérabilité environnementaleLes pluies provoquées par la dépression tropicale Ida, ennovembre 2009, on mis à nu une fois de plus le haut degréde vulnérabilité <strong>du</strong> Salvador. En quatre heures, 355 mm depluie ont été enregistrés dans l’ensemble <strong>du</strong> pays, un chiffre8 Association démographique salvadorienne, Enquêtenationale sur la santé familiale 2008. Rapport final.9 MSPAS, Mortalité maternelle au Salvador, années 2006 à2009 (2010).10 Ibid.11 Le Fonds Mondial, crée en janvier 2002, siège à Genève, enSuisse. Son but principal est d’attirer, de gérer et d’assignerdes ressources pour le contrôle et la prévention de l’infectionpar le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme partout dans lemonde dans le cadre des OMD.d’énorme magnitude si l’on pense que lors de l’ouraganMitch 400 mm de pluie sont tombés en cinq jours 12 .Les zones <strong>les</strong> plus touchées par le phénomène ontété <strong>les</strong> hauts plateaux et <strong>les</strong> régions côtières des départementsde San Salvador, San Vicente, La Libertad, La Paz etCuscatlan. À l’échelle nationale, on recense 198 morts, 77disparus et 7428 famil<strong>les</strong> sinistrées. Cent dix sept centresd’hébergement ont été équipés pour prendre en charge <strong>les</strong>quelque 14.300 personnes évacuées. Les glissements deterrain et <strong>les</strong> inondations ont provoqué l’effondrement desponts et la fermeture de routes, ce qui a isolé plusieursmunicipalités <strong>du</strong> pays. On signale également des pertesconsidérab<strong>les</strong> liées aux cultures de haricots, de maïs, decanne à sucre et de café.L’impact de la tempête tropicale Ida était prévisible,étant données <strong>les</strong> importantes vulnérabilités socia<strong>les</strong> etenvironnementa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Salvador et la réticence des administrationsprécédentes à affronter de façon responsablela crise environnementale exacerbée par le modèle économiquenéolibéral.Les organisations socia<strong>les</strong> réunies à la Table permanentede gestion des risques au Salvador, ont dénoncél’absence de politiques publiques sur la gestion des risqueset l’aménagement des terres, ainsi que la nécessité de réformerla loi actuelle sur la Protection civile pour la préventionet l’atténuation de catastrophes naturel<strong>les</strong> 13 .La violence : une barrière à l’é<strong>du</strong>cationEn 2009, la Police nationale civile a enregistré 4365 homicides,représentant 1186 homicides de plus qu’en 2008 etune moyenne de 12 à 13 meurtres par jour. Selon le Rapportsur le Développement humain en Amérique centrale2009-2010, en 2008 le pays occupait la deuxième position(après le Hon<strong>du</strong>ras) pour le nombre de meurtres : 52 homicidespour 100.000 habitants contre 58 au Hon<strong>du</strong>ras 14 .Il est impératif de mettre fin aux actions des gangs quiopèrent en toute impunité.Pendant ces dernières années la violence et la criminalitéont sérieusement affecté le secteur de l’é<strong>du</strong>cationnationale. Seulement pour le mois de juin 2009, leministère de l’É<strong>du</strong>cation a déclaré qu’il y avait 742 éco<strong>les</strong>à risque concernant la criminalité, un nombre supérieur àcelui de 2008, qui était de 500 éco<strong>les</strong>. Ces chiffres reflètentun niveau élevé de violence chez <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes, ce qui renddifficile l’accès à l’é<strong>du</strong>cation de milliers de <strong>jeu</strong>nes qui, pourla plupart, ont suivi une é<strong>du</strong>cation primaire et secondaire.Selon le dernier rapport d’accomplissement des OMDau Salvador, présenté en mars 2009, entre <strong>les</strong> OMD diffici<strong>les</strong>à atteindre se trouve la possibilité de terminer le cycle del’enseignement primaire.Dans ce sens, le travail infantile et la pauvreté jouentun rôle principal en empêchant <strong>les</strong> mineurs d’achever leursétudes primaires. En ce qui concerne l’élimination des inégalitésd’é<strong>du</strong>cation entre <strong>les</strong> sexes, bien que le rapport <strong>du</strong>PNUD affirme que cet objectif a été pleinement atteint, seulela population inscrite à système é<strong>du</strong>catif officiel est prise encompte, laissant en dehors des indicateurs <strong>du</strong> pays toute12 Fondation Maquilishuatl, Rapport de l’urgence IDA,novembre 2009.13 Disponible sur : .14 PNUD, Informe Sobre Desarrollo Humano para AméricaCentral 2009-2010 (2009). (Rapport sur développementhumain pour l’Amérique centrale 2009-2010).la population qui n’a pas encore <strong>les</strong> moyens d’accéder à cedroit fondamental 15 .Dans le domaine de l’enseignement en 2009, <strong>les</strong>principa<strong>les</strong> propositions <strong>du</strong> Gouvernement étaient <strong>les</strong> suivantes: la ré<strong>du</strong>ction de l’analphabétisme (en cinq ans letaux d’analphabétisme devrait passer de 16 % 16 à 3,2 %),le programme d’alimentation scolaire, la fourniture de kitsscolaires et d’uniformes gratuits aux élèves et le renforcementdes programmes d’enseignement qui permettrontd’améliorer la qualité <strong>du</strong> projet é<strong>du</strong>catif au niveau national.L’égalité entre <strong>les</strong> sexes : un objectif lointainBien que <strong>du</strong> point de vue légal le Salvador soutienne l’égalitéentre <strong>les</strong> sexes et favorise le développement des femmes,au-delà des formalités diplomatiques et des conventionset des engagements internationaux assumés, on peut direque <strong>les</strong> progrès des femmes salvadoriennes 15 ans aprèsla Conférence de Beijing sont faib<strong>les</strong>. Les avancées dans cesens ont été possib<strong>les</strong> grâce aux efforts <strong>du</strong> Mouvement desfemmes et à la volonté de certains partis politiques 17 .En ce qui concerne l’engagement pris à Beijing parle Gouvernement salvadorien en matière de promotion del’équilibre entre <strong>les</strong> sexes dans leurs institutions, on constateque l’État n’a pas fait <strong>les</strong> efforts nécessaires pour ré<strong>du</strong>irel’écart entre <strong>les</strong> sexes, car <strong>les</strong> hommes sont toujours plusnombreux que <strong>les</strong> femmes aux postes clé. La participationdes femmes à l’Assemblée législative ne représente actuellementque 9 % de la composition totale 18 .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> El Salvador considère important detenir compte des observations faites en 2004 par MmeYakin Ertürk, rapporteuse spéciale sur la violence contre<strong>les</strong> femmes au Secrétariat général des Nations Unies. YakinErtürk affirmait que l’absence d’enquêtes nécessairesvisant à juger et à punir <strong>les</strong> auteurs de violence contre <strong>les</strong>femmes crée un climat d’impunité qui alimente le manquede confiance dans le système judiciaire. Le résultat estune société dans laquelle <strong>les</strong> femmes sont des victimesconstantes de la violence sexuelle, économique et psychologiqueet se trouvent en situation de disparité économiqueet vivent dans une culture sexiste qui limite leur chance deparvenir à une qualité de vie digne.ConclusionSi le Salvador veut atteindre <strong>les</strong> OMD d’ici à 2015, il estimpératif que <strong>les</strong> autorités responsab<strong>les</strong> mettent l’accentsur la lutte contre la vulnérabilité d’une grande partie desa population et contre la violence et la criminalité dansl’ensemble de la société. La vulnérabilité se reflète dans<strong>les</strong> taux toujours élevés de pauvreté et d’extrême pauvreté,dans <strong>les</strong> problèmes de santé causés, entre autres, par <strong>les</strong>coûts élevés des assurances maladies et des médicaments,dans le manque d’une politique plus efficace concernant laprévention des catastrophes naturel<strong>les</strong> et dans l’absencede mise en œuvre de politiques de genre qui éliminent <strong>les</strong>inégalités. En outre, il faut mettre fin aux activités des gangsqui opèrent en toute impunité. n15 Voir : .16 Association Intersectorielle pour le développement économiqueet le progrès social (CIDEP), Bilan é<strong>du</strong>catif 2008-2009.17 Dina Sa<strong>les</strong>, Rapport Beijing + 15 El Salvador (CIDEP, décembre 2009).18 Concertation Féministe Prudencia Ayala ; Las Mélidas ; LasDignas ; Organisation des femmes Salvadoriennes, Circulaire“La violence contre <strong>les</strong> femmes est toujours une urgencenationale” (novembre 2009).<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>97El Salvador


90100Érythrée51Otage de son propre Gouvernement840Pendant 81 presque 20 ans l’Érythrée a été sous la con<strong>du</strong>ite d’un Gouvernement surgi d’un mouvementde libération et dont le droit de gouverner n’a pas été confirmé par des élections libres et équitab<strong>les</strong>. Larépression politique pendant la première décennie <strong>du</strong> nouveau millénaire est plus flagrante que jamais.Le Gouvernement ne cesse de frustrer <strong>les</strong> desseins économiques et de développement de la population.IEG of pa<strong>les</strong>tinaVu <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l’ONU au mois de décembre 2009, larécupération économique et le développement social continueront d’être des buts inaccesib<strong>les</strong>.100 100 10010099Érythréen Movement for Democracy andHuman Rights (EMDHR)Daniel R. Mekonnen 100L’Érythrée est l’un des 33 pays <strong>les</strong> moins avancés d’Afriqueet l’un des pays pauvres <strong>les</strong> plus endettés au monde 1 .Les progrès vers <strong>les</strong> objectifs de développement socialIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 76 IEG = 47Enfants atteignantla cinquième année56 d’écoleAutonomisationconvenus au niveau international 6, tels que <strong>les</strong> Objectifs0<strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD) avancent très007899 lentement et pour certains aspects, la situation est même349894devenue pire depuis le Rapport <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 2009 (la54100 100 100100 100100 62 100première fois que l’Érythrée a été incluse dans ce rapport). Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àLa pauvreté absolue continue d’être généralisée et c’est la personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationcause principale de la famine et de la malnutrition.= 95 IEG of Bahrain = 46y a peut-être euBCIquelquesof Eritreaprogrès,= 76 IEG of Eritrea = 47surtout en ce qui daine augmentation <strong>du</strong> prix des artic<strong>les</strong> de base, la sécheressea encore davantage aggravé la situation vulnérablePolitiques de développement et droits de concerne l’investissement en infrastructure physiquel’Hommetelle que <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>, hôpitaux, routes et barrages. Pourtantde la plupart de la société érythréenne, notamment desBien que <strong>les</strong> séquel<strong>les</strong> de la crise économique mondialeaient établi d’autres en<strong>jeu</strong>x pour l’Érythrée, l’Investissementdirect étranger (IDE) 100et l’aide n’ont pas été tropon a peu investi pour la population, qui aurait dû êtrela principale bénéficiaire. Depuis 2002 tous <strong>les</strong> projetspublics <strong>du</strong> pays ont été mis 100 en œuvre à travers des méthodesfemmes et des enfants 5 .Le Rapport d’action humanitaire 2010 de l’UNICEFsignale que le nombre d’enfants 100 souffrant de malnutritionarchaïques de travail manuel, y compris des pro-grave qui ont été reçus dans <strong>les</strong> centres de nutrition thé-touchés. Il y a plusieurs compagnies d’exploitation minièreconsacrées à la recherche de minéraux précieux et grammes de travail forcé 2 , ce qui, rajouté aux inquiétants rapeutique en 2009 s’est multiplié par six par rapport à87il y a des indices selon <strong>les</strong>quels quelques-unes d’entreel<strong>les</strong> commenceront à exporter prochainement. Il n’y acependant pas de garanties institutionnel<strong>les</strong> 23 et léga<strong>les</strong> ni0la transparence nécessaire pour garantir un apport positifniveaux de violation des droits humains, a provoqué lafuite de milliers d’érythréens. Selon le Haut commissairedes Nations Unies pour <strong>les</strong> réfugiés (ACNUR), en 20080l’Érythrée a été le deuxième pays générateur de réfugiés2008. La malnutrition grave, l’assainissement s/d déficient etla pénurie d’eau propre <strong>les</strong> rend plus sujets à attraper desdiarrhées et d’autres maladies infectieuses.0La difficulté pour accéder à l’eau empire la situation97au développement social. Quant à l’Aide publique pour le au monde, avec 62.700 nouveaux demandeurs d’asile déjà grave de las/dsanté et de l’alimentation s/des enfants et379480développement (APD), l’Union Européenne (UE), qui est enregistrés 3 . Une population qui se trouve plongée96dans des femmes. En 2009 la plupart des barrages petits et80100 100 100le principal donateur international <strong>du</strong> pays (et peut-êtrele seul), a signé une convention avec le Gouvernement100 100un exode permanent et sans précédent, n’est pas encondition de jouir des bénéfices de la construction d’une100 100moyens avaient séché ou contenaient peu d’eau. Sansd’autres ressources, <strong>les</strong> gens ont commencé à utiliser100la = 87au mois de septembre 2009 pour formaliser la remise infrastructure physique dans le pays. Ceci montre que <strong>les</strong> puits d’eau potable qui, en général, se destinaient auxIEG of Guatemala = 51de EUR 122 millions d’aide pour le développement. Ces <strong>les</strong> politiques de BCI développement of Iraq = 88 ne sont pas en phase animaux, rendant <strong>les</strong> réserves d’eau plus compromisesfonds ont été fournis malgré <strong>les</strong> objections des groupes avec une approche basée sur <strong>les</strong> droits humains. encore 6 .internationaux des droits humains, qui doutent que <strong>les</strong>Pour 2010 l’UNICEF a proposé un programme d’alimentationcomplémentaire général pour tout le paysressources soient utilisées pour <strong>les</strong> objectifs annoncés en Famine et démentisraison <strong>du</strong> manque de transparence existant en Érythrée. Bien que l’Érythrée soit placée dans l’une des zones <strong>les</strong> destiné à un million d’érythréens – environ quart de laDe plus, accorder une somme d’argent aussi importante à plus sèches d’Afrique, aux pluies rares et irrégulières, population – centré surtout sur <strong>les</strong> enfants de moins de100100100un Gouvernement ayant l’un des pires records au monde 80 % de la population dépend de l’agriculture de subsistancecinq ans 7 . D’autre part, <strong>les</strong> estimations <strong>du</strong> Programmeen matière de violations des droits humains constitue untrès mauvais précédent.Ce n’était pas la première fois que le pays recevaitet des pluies saisonnières 4 . La saison des pluies de2009 n’a pas été l’exception, et avec 62 en parallèle la soumondiald’aliments et de l’Organisation pour l’agricultureet l’alimentation montrent que depuis le mois denovembre 2009 deux érythréens sur trois doivent faireune APD aussi importante. Cependant 21 <strong>les</strong> expériences222 G. Kibreab, Forced Labour in Eritrea, dans le Journal of<strong>du</strong> passé indiquent que l’aide 0 reçue ne parvient pas à00Modern African Studies, 47 (2009), 64 y 675 UNICEF, “Humanitarian Action Report: Partnering for96changer le niveau de vie de la population en général, 3 ACNUR, Global Trends Refugees, Asylum Seekers,Children in Emergencies”, New York, 2010, 23. Voir sur :29 8419en raison des politiques économiques défectueuses Returnees, Internally Displaced and State<strong>les</strong>s Persons, 95 57(consulté 100et d’une très forte répression politique. Il est vrai qu’il74100 Ginebra, 2009. Voir sur : (vu le 10 septembre 2009)le 8 mars 2010).4 Bertelsmann Stitny, “Bertelsmann Transformation Index6 Ibid, 24.= 881 Département des Affaires IEG of économiques Morocco et = socia<strong>les</strong> 45 de l’ONU, (BTI) 2010: Eritrea Country Report”, Gütersloh, 2009, 9. Voir 7 Jeremy Clarke, UNICEF Wants $24.8 Million for EritreanBCI of Nepal = 58 IEG of Nepal = 51En reconsidérant la pauvreté : Rapport sur la situation sociale sur : (consulté le 9 mars 2010).1002510078Rapports nationaux 98 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010093


face à la malnutrition 8 , ce qui signifie que l’Érythrée ale deuxième pourcentage plus élevé en malnutrition aumonde, après la République Démocratique <strong>du</strong> Congo, quise trouve impliquée dans des luttes intestines. Un symptômeen est la croissance éloquente <strong>du</strong> nombre d’enfantsmendiants dans <strong>les</strong> rues d’Asmara, la capitale 9 . Malgréces rapports si inquiétants, le Gouvernement n’a jamaisadmis l’urgence de la crise. Le président Isaïas Afwerkia nié à plusieurs reprises que la faim menace le pays eta affirmé qu’il n’existait pas de pénurie alimentaire. Ladernière affirmation de la sorte a été prononcée pendantune séance informative avec de hauts fonctionnaires le8 mars 2010 10 . Le Gouvernement a également refusél’autorisation à des groupes humanitaires qui souhaitaientvisiter <strong>les</strong> zones <strong>les</strong> plus gravement touchées parla famine.Baisse des recettes et dépenses militairesexcessivesIl n’y a pas de budget national publié de manière officielle,ce qui rend difficile le suivi de la structure des recettes etdes dépenses <strong>du</strong> Gouvernement. Cependant quelquessources indiquent que <strong>les</strong> envois de fonds arrivent àconstituer un tiers de l’économie nationale 11 . Le pays al’une des plus grandes diasporas <strong>du</strong> monde entier enproportion à sa population : on dit que plus d’un milliond’érythréens, sur un total de près de quatre millions,se trouvent hors <strong>du</strong> pays. Il y a trois sortes principa<strong>les</strong>d’envois de fonds provenant de la diaspora érythréenne :l’argent que l’on envoie à des parents restés au pays, celuique le Gouvernement collecte officiellement à traversl’impôt de 2 % sur <strong>les</strong> revenus, et celui que l’on collecte entant que soutien pour des « projets de développement »,« défense nationale », « fond des martyrs » et autres motifs.L’argent de ces deux dernières catégories est collectédans <strong>les</strong> ambassades de l’Érythrée dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> <strong>les</strong> plusimportantes <strong>du</strong> monde entier. Autrefois, on se servait desinstitutions financières appartenant au Gouvernementpour <strong>les</strong> envois de fonds à des parents. Cependant, enraison de la surévaluation persistante de la monnaie nationale,le nakfa, beaucoup d’érythréens utilisent maintenantdes formes alternatives d’envois, ce qui a provoquédes pertes considérab<strong>les</strong> de devises pour <strong>les</strong> recettes <strong>du</strong>Gouvernement. De plus, en raison de l’augmentation de larépression politique, <strong>les</strong> envois de fonds des deux autrescatégories ont connu une chute importante.Comme il s’agit de l’un des Gouvernements <strong>les</strong> plushermétiques <strong>du</strong> monde entier, la population de l’Érythréene sait ni comment ni en quoi l’argent est dépensé.Cependant, il existe des rapports qui indiquent que lepays affiche l’un des niveaux de dépenses militaires<strong>les</strong> plus élevés. Dans son rapport annuel de 2009, le8 Eritrea: Africa’s Version of North Korea?, dans The ChristianScience Monitor, 2009. Disponible sur : (consulté le 9 novembre 2009).9 N. Hirt, Dreams Don’t Come True in Eritrea: Anomie and FamilyDisintegration Due to the Structural Militarization of Society,Documents de travail de GIGA, 119/2010, janvier 2010, 13, 26.10 Ministère de l’ Information Raising Pro<strong>du</strong>ctivity Guarantee ofNational Objectives and Vision: President Isaias, Shabait.comNews, le 8 mars 2010. Disponible sur : (vu le 8 mars 2010).11 The Christian Science Monitor, op. citCentre international de Bonn pour la conversion (BICCselon son sigle en anglais), a placé l’Érythrée comme lepays le plus militarisé, alors que l’Institut internationaldes études stratégiques (IISS en anglais) l’a placée audeuxième rang 12 . Un autre rapport signale que l’Érythréea une armée composée de 600.000 effectifs, y compris<strong>les</strong> divisions professionnel<strong>les</strong> et la réserve 13 . Toutes <strong>les</strong>deux se trouvent en mobilisation permanente depuis ledébut des conflits frontaliers avec l’Éthiopie entre 1998et 2000, entraînant des niveaux plus élevés de dépensesmilitaires, au détriment de la récupération économiqueet <strong>du</strong> développement social. Le BICC rapporte que 20 %<strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB) de l’Érythrée est consacréaux dépenses militaires, alors que Solidarité chrétiennemondiale (CSW en anglais) et l’organisation pour <strong>les</strong>droits humains Human Right Concern–Eritrea (HRC-E) indiquent que le pourcentage est de 25 % <strong>du</strong> PIB 14 .Etant donné la minuscule économie de l’Érythrée et ladimension de sa population, ses dépenses militaires et lepourcentage de son recrutement sont exorbitants.L’isolement international s’accroîtLes pays en voie de développement qui peuvent aborderefficacement <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> développement économiquesans compter sur la coopération internationale sont peunombreux. Cependant l’Érythrée a établi de mauvais rapportsavec la communauté internationale. Les dix dernièresannées, <strong>les</strong> médias internationaux et des observateursont fait référence au pays en des termes tels que « le coinsolitaire de la planète» , « la prison en plein air », « laCorée <strong>du</strong> nord de l’Afrique », « l’État insulaire et paria», et « le centre d’attention pour <strong>les</strong> pires motifs » 15 . Cesdescriptions sont essentiellement <strong>du</strong>es à la rigidité de laculture politique <strong>du</strong> Gouvernement et au niveau alarmantdes violations des droits humains, ainsi qu’à sa tentativearchaïque et vaine de se débrouiller tout seul en matièreéconomique.Dans des milieux régionaux et internationaux, laréputation de l’Érythrée s’est irrémédiablement ternieà cause <strong>du</strong> rôle destructif qu’elle a joué dans presquetous <strong>les</strong> conflits surgis dans la Corne de l’Afrique. Cetterégion instable a subi <strong>les</strong> ravages permanents de la guerreconventionnelle, des guérillas, des coups d’État et des révolutions.Depuis son indépendance en 1991, l’Érythrée afait la guerre à tous ses voisins <strong>les</strong> plus proches – Djibouti,l’Éthiopie et le Soudan – ainsi qu’une guerre par procurationavec la Somalie, un pays avec lequel l’Érythrée nepartage même pas de frontière. Le pays a également euun conflit armé avec le Yémen.12 BICC, Global Militarization Index (GMI), 2009.Disponible sur : (consulté le9 décembre 2009); IISS, The Military Balance: The AnnualAssessment of Global Military Capabilities and DefenceEconomies, Londres, 2009. Disponible sur : (visité le 9 décembre 2009).13 Bertelsmann Stiftung, op. cit., 4, 13.14 CSW y HRC–E, Stakeholder Report on the Human RightsSituation in Eritrea. Submitted to the Universal PeriodicReview of the UN Human Rights Council, avril 2009, 7.15 N. Myers, Africa’s North Korea: Inside Eritrea’s Open-AirPrison, en Foreign Policy, juillet–août 2010. Disponible sur : (consulté le 8 juillet 2010).R. Reid, Traumatic Transitions: Open Season on the EritreanState, en African Affairs, 105 (2006), 638À cause de l’hostilité de ses leaders, l’Érythrée a étéexclue de façon notoire des forums régionaux et internationaux<strong>les</strong> plus importants, depuis l’Autorité intergouvernementalepour le développement (IGAD en anglais)– l’organisation régionale qui réunit <strong>les</strong> pays de la Cornede l’Afrique – jusqu’à l’Union africaine (UA) et l’ONU. En2009, le degré d’indignation de la communauté internationaleenvers le Gouvernement en raison de ses activitésdéstabilisantes dans la région de la Corne de l’Afrique aentraîné l’adoption de mesures punitives strictes de lapart <strong>du</strong> Conseil de sécurité de l’ONU contre <strong>les</strong> leadersmilitaires et politiques. La Résolution 1907 a imposé unnouveau régime de sanctions comprenant l’embargo desarmes, des restrictions de voyages et le gel des actifs. 16 .Les deux dernières catégories concernent <strong>les</strong> plus hautsfonctionnaires et <strong>les</strong> institutions financières qu’ils contrôlentdirectement ou indirectement.La Résolution 1907 a été créée à l’IGAD et a été adoptéepar l’UA ; c’est la première fois que l’UA a formellementutilisé une résolution de l’ONU contre l’un de ses propresÉtats membres. Le Gouvernement a réagi à travers unecampagne de désinformation qui comprend la manipulationdes communautés de la diaspora pour qu’el<strong>les</strong>organisent des « protestations massives » contre cetterésolution dans <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> vil<strong>les</strong> <strong>du</strong> monde entier. Onestime que la résolution peut toucher l’ IDE puisqu’ellecontient des clauses portant sur le flux de capitaux descompagnies et des citoyens étrangers.Les futurs en<strong>jeu</strong>xOn n’accorde plus d’autorisation officielle pour des voyagesni pour des recherches à des chercheurs indépendantsdans le pays, notamment en matière des droits humains etde développement politique. Par conséquent il est toujoursextrêmement difficile d’évaluer <strong>les</strong> progrès et <strong>les</strong> reculsdans la réalisation des OMD, ainsi que de transmettre uneimage complète de la situation réelle <strong>du</strong> pays. Malgré desrestrictions aussi strictes, il y a encore plusieurs rapportsfiab<strong>les</strong> élaborés par des chercheurs et des centres de recherchesindépendants. Beaucoup d’entre eux représententl’Érythrée comme un État virtuellement en situationd’échec et comme un pays au bord de la rupture 17 .Le plus grand en<strong>jeu</strong> est le manque de volonté politiquede la part <strong>du</strong> Gouvernement pour faciliter la démocratisation,respecter <strong>les</strong> droits humains et libéraliser l’économie.Comme lors des années précédentes, la performance<strong>du</strong> Gouvernement par rapport à ses engagementset à ses obligations internationa<strong>les</strong> quant à l’éradicationde la pauvreté, l’égalité des sexes et la promotion desdroits humains, a été extrêmement mauvaise. L’Érythréesouffre de la répression <strong>du</strong> parti officiel, le Front populairepour la démocratie et la justice et de ses politiqueséconomiques déficientes, ainsi que <strong>du</strong> degré toujoursplus grand d’isolement international. Sans une transitionpolitique pacifique vers la démocratie, ces en<strong>jeu</strong>xreprésenteront toujours des obstac<strong>les</strong> énormes pour laréalisation des objectifs de récupération économique etde développement social de l’Érythrée. n16 Nations Unies, UN Doc S/RES/1907,le 23 décembre 2009.Disponible sur : (consulté le 3 juin 2010).17 Le Fonds pour la paix, Index des États faillis, 2010.Disponible sur : (consulté le 8 juillet 2010).<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>99Érythrée


EspagneÀ la merci des spéculateursLes intentions <strong>du</strong> Gouvernement de lutter contre la crise financière sans avoir recours à des ré<strong>du</strong>ctions et à desajustements nuisant à sa politique sociale ne sont pas parvenues à se cristalliser. En 2010, le Président Zapateroa annoncé une série de mesures fortes visant à ré<strong>du</strong>ire le déficit public et une réforme <strong>du</strong> travail fortementcritiquée par <strong>les</strong> syndicats. Une des graves conséquences de ces ajustements est la ré<strong>du</strong>ction de l’Aide publiqueau développement (APD). Le Gouvernement a per<strong>du</strong> une grande opportunité de réglementer le rôle desentreprises espagno<strong>les</strong> à l’étranger qui jouent un rôle essentiel dans le développement international.100100Plataforma 2015 y másPablo José Martínez OsésLe Rapport annuel de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 2009 rendait comptede l’intention <strong>du</strong> Gouvernement espagnol de faire face àla tempête de la crise financière sans céder aux pressionsvisant à ré<strong>du</strong>ire le déficit public croissant ou <strong>les</strong>coûts des licenciements. La question était de savoircomment il allait pouvoir maintenir <strong>les</strong> politiques et <strong>les</strong>systèmes de protection sociale dont bénéficiaient <strong>les</strong>personnes <strong>les</strong> plus touchées par la crise. Un an plus tard,en plein exercice de la présidence tournante de l’Unioneuropéenne (UE), ce même Gouvernement n’a pas tardéà approuver un décret de sévères ajustements budgétairesré<strong>du</strong>isant <strong>les</strong> dépenses publiques, et à proposer uneréforme <strong>du</strong> travail qui relève l’âge de la retraite à 62 anset élimine <strong>les</strong> restrictions pour <strong>les</strong> licenciements des travailleursà plein temps, tout en ré<strong>du</strong>isant <strong>les</strong> incitationsà l’embauche de travailleurs 100 temporaires. Cette réformea été critiquée par <strong>les</strong> syndicats de travailleurs qui nevoient pas comment ces mesures peuvent résoudre lacrise de l’emploi.Au cours <strong>du</strong> premier trimestre 2010, le taux de chômagea augmenté de 1,22 point par rapport au trimestre250précédent, affectant 20,05 % 1 de la population active.Bien que ces derniers mois on ait assisté à une légèrebaisse, il reste à voir si 54 elle est <strong>du</strong>e à la nature saisonnière100 62 100de la structure de l’emploi – où pendant <strong>les</strong> mois d’étéon assiste à une hausse de la création d’emplois – ou sielle doit être considérée comme un signe de reprise. Lapersistance d’un taux de chômage élevé et la stagnationde l’accès au crédit des petites et moyennes entreprisesa eu un coût politique élevé pour le Gouvernement dontl’opposition a su tirer parti. Mais <strong>les</strong> mesures <strong>les</strong> plussévères en matière de ré<strong>du</strong>ction des dépenses publiqueset de réforme <strong>du</strong> travail semblent avoir été motivées100par des pressions extérieures en provenance des Étatsmembres de l’UE et des marchés internationaux.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100 100ICB = 99 IEG = 77Enfants atteignantla cinquième annéed’école099100100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong>personnel médical spécialiséSurvivance jusqu’àl’âge de 5 anscapacité <strong>du</strong> pays à satisfaire ses obligations de dette àcourt terme. Ceci, ajouté à la grogne générale provoquéepar le Plan de sauvetage élaboré pour la Grèce,a ré<strong>du</strong>it <strong>les</strong> capacités de manœuvre <strong>du</strong> Gouvernementespagnol, qui a finalement dû accepter sans réserve <strong>les</strong>propositions orthodoxes 100 émises par le système européen,en ligne avec cel<strong>les</strong> imposées par <strong>les</strong> institutionsfinancières internationa<strong>les</strong> à tous <strong>les</strong> pays au cours destrois dernières décennies. 56Après la réunion <strong>du</strong> Conseil des Affaires économiqueset financières (ECOFIN selon son sigle en anglais) 20en mai 2010, le président <strong>du</strong> Gouvernement, José LuisRodríguez Zapatero, 78 a annoncé la mise en œuvre demesures d’austérité pour ré<strong>du</strong>ire le déficit public. 94 Le100 100président a également annoncé qu’il avait l’intention deratifier un décret visant à ré<strong>du</strong>ire de 6 milliards d’euros<strong>les</strong> investissements publics ainsi que des mesures tel<strong>les</strong>que la ré<strong>du</strong>ction de 5 % des salaires des employés <strong>du</strong>secteur public, le gel des pensions, l’annulation de laprime de naissance, le retard dans la mise en œuvrede l’aide aux personnes dépendantes et la ré<strong>du</strong>ction del’Aide publique au développement (APD) 3 . L’annoncepeut être considérée comme une correction des propositionsde sortie de crise qui alliaient des investisse-10087ments publics importants à travers <strong>les</strong> autorités loca<strong>les</strong>avec des politiques anti-cycliques et la maintenance dessystèmes de protection sociale.Activité économiqueAutonomisation98100 58100BCI of spain = 99 IEG of Spain = 77s/dproposition de réforme <strong>du</strong> travail, n/d après l’échec desL’orthodoxie libérale des marchésnégociations avec <strong>les</strong> partenaires sociaux. Le texte deDepuis le début de l’année 2010, l’économie espagnolela réforme, encore en cours de négociations avec <strong>les</strong>souffre pour différents motifs. 0En février, <strong>les</strong> fluctuations0partis politiques, intègre des 0 mesures visant à ré<strong>du</strong>ire la2 ECOFIN fait partie <strong>du</strong> Conseil européen et est composé dede l’euro ont particulièrement s/d affecté <strong>les</strong> positions s/d de la 27 ministres de l’Économie des pays membres de l’UE. Il <strong>du</strong>alité <strong>du</strong> marché n/d <strong>du</strong> travail en raison <strong>du</strong> n/d grand nombre9680dette publique espagnole qui augmente peu à peu. Par la possède des compétences budgétaires et dans ce 96 cas, <strong>les</strong> d’emplois temporaires. Cette particularité a permis à69100 100 100suite, <strong>les</strong> agences de notation – <strong>les</strong> mêmes qui n’avaientpas prévu la crise de 2008 – ont abaissé la note de lasolvabilité espagnole, émettant leurs doutes quant à laministres 100 <strong>du</strong> Budget des pays membres assistent également 100aux réunions.3 “Les nouvel<strong>les</strong> mesures grâce auxquel<strong>les</strong> le Gouvernement100 100l’Espagne de créer plus d’emplois que n’importe quelautre pays européen au cours <strong>du</strong> cycle de croissanceantérieur, mais elle est également responsable <strong>du</strong> fait100veut économiser 15 milliards de dollars” El país.com, le 12INGLES BCI of Iraq = 88qu’au cours de cette crise, c’est le pays qui a per<strong>du</strong>mai 2010. Disponible sur le site : .accéléré.1000É<strong>du</strong>cationQuand l’Espagne a assumé la présidence de l’UE<strong>du</strong>rant le premier semestre de 2010, <strong>les</strong> propositionsqui devaient être mises en œuvre dans le cadre de celle-ciont été laissées de côté et annulées par la lutte contre lacrise, qui, comme à d’autres occasions et sous d’autreslatitudes, s’est caractérisée 100par l’annonce d’ajustementsbudgétaires successifs dans différents pays. Les accordsde l’Union européenne (UE) – parmi <strong>les</strong>quels nefigure pas la politique fiscale commune – retirent à leursmembres la possibilité d’utiliser la dévaluation comme25solution à la crise, comme cela s’est fait traditionnellement.0En échange, un programme d’ajustement structureld’orthodoxie libérale 54 dont le but est de calmer <strong>les</strong>62marchés remet à nouveau en cause la souveraineté desgouvernements démocratiques en matière de conceptionet de mise en œuvre des politiques économiques.Ainsi, toutes <strong>les</strong> propositions annoncées par le Gouvernementpour résoudre la crise demeurent en arrière-plan, suspen<strong>du</strong>es ou reportées jusqu’à ce que <strong>les</strong> spéculateursle permettent.94100 100 100IEG of Eritrea = 47 INGLES BCI of Eritrea = 76 IEG of Eritrea = 47La réforme <strong>du</strong> travail100Par ailleurs, pendant <strong>les</strong> premiers mois de l’année2010, le Gouvernement a présenté au parlement une7410010010087Rapports nationaux 100 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100100


La question est de savoir si cette <strong>du</strong>alité peut êtrecombattue en donnant davantage de sécurité aux travailleurstemporaires et précaires ou en ré<strong>du</strong>isant lasécurité des nouveaux contrats permanents. La mesureprésentée abaisse le coût des licenciements des travailleurssous contrats à <strong>du</strong>rée déterminée et augmentecelui des contrats temporaires. La dévalorisation deslicenciements est une réponse à la demande persistante<strong>du</strong> patronat qui justifie le taux élevé d’emplois temporairespar <strong>les</strong> coûts élevés <strong>du</strong> recrutement pour <strong>les</strong> contratsà <strong>du</strong>rée déterminée.Les syndicats ont énormément critiqué la réforme,en faisant valoir qu’elle contribue à la détérioration desdroits des travailleurs et leur porte atteinte en élargissant<strong>les</strong> motifs de licenciement (et en ré<strong>du</strong>isant le coût) et enaugmentant la marge de manœuvre des employeurspour modifier unilatéralement certaines conditions. Enfin de compte, la réforme répond à la politique de libéralisation<strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail et contribuera sans aucundoute à augmenter la précarité de l’emploi.La stagnation de l’APDAu cours de la première législature, l’augmentation desfonds destinés à l’APD a été spectaculaire – ils sont passésde 0,23 % <strong>du</strong> revenu national brut (RNB) en 2004à 0,45 % en 2009 4 – et pour la première fois, il s’estretrouvé au dessus de la moyenne des pays de l’Unioneuropéenne. En outre, <strong>les</strong> consensus de base de l’agendainternational <strong>du</strong> développement ont été incorporésaux thèmes de coopération, tels que <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong>Millénaire pour le développement (OMD), la promotiond’un nouveau multilatéralisme actif et démocratiqueet <strong>les</strong> questions relatives au développement <strong>du</strong>rable, àl’égalité des sexes et à l’approche fondée sur <strong>les</strong> droitshumains 5 .C’est la première fois qu’un président de Gouvernementassume publiquement son engagement enversdes plans de lutte contre la pauvreté internationale, donnantainsi une visibilité et une importance aux politiquesde coopération sans précédent dans la démocratie espagnole.Cet engagement a tenté de s’associer aux revendicationshistoriques de la société civile en Espagne, enannonçant qu’à la fin de cette seconde législature, la part<strong>du</strong> RNB destinée par le pays à l’APD atteindrait 0,7 %. Endécembre 2007, une grande partie des revendicationsdes Organisations non gouvernementa<strong>les</strong> (ONG) ont étélargement satisfaites lorsque tous <strong>les</strong> partis politiquesprésents au parlement ont signé le pacte de l’État contrela pauvreté 6 .Toutefois, à partir de 2008, une stagnation a commencéà se pro<strong>du</strong>ire dans la croissance budgétaire, pro-4 Déclarations faites par le secrétaire d’État à la Coopérationinternationale, Soraya Rodriguez, à l’ouverture <strong>du</strong> V e Foruminternational sur la démocratie et la coopération qui s’esttenu à Cáceres, Estréma<strong>du</strong>re, en Juin 2010. Disponible sur <strong>les</strong>ite : .5 La profusion de documents programmatiques et politiques<strong>du</strong>rant cette période est remarquable. Il a fallu réélaborer desPlans directeurs généraux, des stratégies sectoriel<strong>les</strong> et desprogrammes spécifiques. Au début de cette législature l’ancienBureau de la planification et de l’évaluation a été remplacépar une Direction générale de la planification, beaucoup plusimportante et dotée de davantage de ressources.6 Voir : .bablement à cause de la réticence à améliorer le systèmede capacités professionnel<strong>les</strong> et la structure organiquede l’État responsable de la gestion des politiques decoopération.L’inertie de la coopération pour ledéveloppementL’impulsion de départ pour entreprendre <strong>les</strong> réformessemble s’être rapidement épuisée. Parmi <strong>les</strong> initiativesqui ont échoué, il faut mentionner la réforme de la Loide l’Agence espagnole de coopération internationalepour le développement 7 , qui aurait dû établir un nouveaumodèle de gestion adapté aux en<strong>jeu</strong>x d’une politiqueambitieuse et cohérente de coopération au développement.Cependant, nombre des secteurs appartenant à lapolitique et à l’administration sont encore peu enclins àcomprendre la politique de coopération dans une perspectivede construction des biens publics mondiaux,c’est-à-dire, indépendamment des intérêts nationauxreprésentés tant par <strong>les</strong> services diplomatiques à l’étrangerque par <strong>les</strong> techniciens commerciaux de l’État.La politique de coopération et l’agenda internationalde développement humain exigent une nouvellecarrière professionnelle dans l’administration de l’Étatet un nouveau discours portant sur le développementinternational qui abandonne la pensée traditionnellefondée sur la compétitivité ou sur la rivalité stratégiqueet diplomatique.Le rôle de l’Espagne dans le développementinternationalAvec plusieurs années de retard, en 2010, le Gouvernementa présenté un projet de loi pour réformer l’instrumentle plus controversé <strong>du</strong> système de coopérationinternationale : le Fonds d’aide au développement (FAD),qui essayait vainement de relier des subventions pourpromouvoir <strong>les</strong> exportations espagno<strong>les</strong> avec <strong>les</strong> objectifsd’aide au développement des pays bénéficiaires.Le FAD avait prévu une série de projets diffici<strong>les</strong> à défendredans le cadre de stratégies de développementlocal répondant exclusivement aux intérêts d’un petitgroupe d’exportateurs espagnols ; ces derniers, en faisant<strong>du</strong> lobbying, ont obtenu des aides publiques poursubventionner leurs projets et leurs ventes à l’étranger.Tout cela au détriment de l’augmentation de la detteextérieure des pays bénéficiaires, puisque l’instrumentse composait d’un fonds de crédit nécessitant des garantiessouveraines.Le Gouvernement, incapable d’imposer une visionqui soit en cohérence avec le programme de développementinternational, a présenté une solutionsalomonique, en créant un instrument remboursablepour <strong>les</strong> activités de coopération au développement–appelé FONPRODE – et un autre instrument de crédit,exclusivement pour subventionner <strong>les</strong> exportations desentreprises espagno<strong>les</strong> : le FIEM. Bien que l’UE interdise7 Adoptée dans une quasi absence de dialogue avec <strong>les</strong>partenaires sociaux à la fin de la législature, elle modifielégèrement le nom de l’organisme en ajoutant la lettre“D” de Développement et renforce en quelque sorte lerôle prédominant <strong>du</strong> service étranger dans <strong>les</strong> postessupérieurs. Dans l’organigramme elle se limite à intro<strong>du</strong>ireun département qui traiterait de transversalité, de prioritéspolitiques et de programmes opérationnels relatifs aunouveau programme de la qualité.ce type d’aides à l’exportation <strong>les</strong> considèrant comme dela concurrence déloyale pour <strong>les</strong> entreprises des autrespays de l’UE, l’accord d’Helsinki prévoit une exceptionqui exige que <strong>les</strong> pays bénéficiaires aient des niveauxde développement plus faib<strong>les</strong> et que <strong>les</strong> prêts accordéscomprennent certaines concessions 8 . En fait, il s’agitd’une supercherie visant à justifier le fait que chaquedonateur dispose d’outils qui privilégient des entreprisesexportatrices.Les organisations socia<strong>les</strong> espagno<strong>les</strong> ont uni leursforces pour élaborer des propositions destinées à limiterces nouveaux outils en vertu de critères de développement: certaines pour empêcher que ces prêts soientutilisés pour augmenter la dette extérieure des payspauvres très endettés–en violation des accords internationaux–etd’autres pour prévenir <strong>les</strong> transactions avecce type de fonds qui ne respectent pas <strong>les</strong> conventionsinternationa<strong>les</strong> en matière de droits <strong>du</strong> travail et droitsenvironnementaux ou qui subventionnent l’exportationd’armes et de matériel militaire et policier. La principalerésistance à l’intro<strong>du</strong>ction de ces propositions provient<strong>du</strong> secteur public et <strong>du</strong> Gouvernement.En ces temps de crise économique, le Gouvernementa per<strong>du</strong> une grande opportunité de réglementerle rôle des entreprises espagno<strong>les</strong> à l’étranger, en tantque contributeurs au développement international, et acédé à la vision axée sur l’amélioration de la compétitivitégrâce à la ré<strong>du</strong>ction des contraintes et des règlementations.Le retour de l’ancienne visionEn ce qui concerne <strong>les</strong> politiques de coopération, lastagnation signalée au cours des deux derniers exercicesbudgétaires 9 s’est aggravée avec l’annonce <strong>du</strong>Gouvernement d’une ré<strong>du</strong>ction de EUR 800 millionspendant <strong>les</strong> deux prochaines années ; il faudra aussiadmettre que pour que la part <strong>du</strong> RNB atteigne 0,7 % ilsera nécessaire d’attendre au moins jusqu’en 2015, si<strong>les</strong> conditions économiques s’améliorent.Au-delà des effets directs de la ré<strong>du</strong>ction budgétaire,<strong>les</strong> organisations socia<strong>les</strong> ont affirmé que cetteannonce forme un clivage dans le discours, et que l’onconsidère à nouveau <strong>les</strong> politiques de coopération commeune politique déficitaire et de subventions, c’est àdire, comme un luxe des époques de boom économiqueet d’essor de la croissance. Au lieu de considérer <strong>les</strong>politiques anti-cycliques comme la possibilité d’offrirdes alternatives en temps de ralentissement et de considérer<strong>les</strong> possibilités que la coopération offre pour transformerdes systèmes et des modè<strong>les</strong> de pro<strong>du</strong>ction, leGouvernement est revenu à l’orthodoxie néolibérale,selon laquelle il faut ré<strong>du</strong>ire le déficit et <strong>les</strong> dépenses publiquesen réponse aux demandes <strong>du</strong> marché plutôt qued’être à l’écoute des propositions et des revendicationsdes peup<strong>les</strong> souverains. n8 Le degré de concessionnalité d’un prêt est directementproportionnel aux avantages ma<strong>jeu</strong>rs ou mineurs qu’il offreà toute personne qui le contracte, par rapport à ceux que <strong>les</strong>prêts <strong>du</strong> marché offrent.9 Voir “La Reforma del Sistema de Cooperación español entiempos de crisis” (La réforme <strong>du</strong> système de coopérationespagnol en temps de crise), dans le rapport annuel de2008 de Plataforma 2015 y más. Disponible sur le site :.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 101 Espagne


100États-Unis d'AmériqueMesures audacieuses pour privilégier <strong>les</strong> gens023Les États-Unis jouent toujours un rôle de leadership unique dans l’établissement des priorités globa<strong>les</strong>, mais la929097469771 récession économique et <strong>les</strong> 100nouvel<strong>les</strong> menaces <strong>du</strong> changement 100 climatique ont augmenté radicalement <strong>les</strong> besoinsinternes et ont imposé de nouvel<strong>les</strong> limites budgétaires aux dépenses d’aide à l’extérieur. La pire crise économiquedepuis 1929 a accéléré l’érosion des progrès si difficilement acquis dans <strong>les</strong> domaines des droits de l’Homme, deIEG of Switzerland = 62BCI of Suriname = 91IEG of Suriname = 56l’opportunité économique et de la justice sociale pendant des décennies. Dans le même temps, des groupes de citoyensont proposé des solutions audaces et novatrices pour <strong>les</strong> problèmes <strong>les</strong> plus pressants auxquels le pays doit faire face.99100 100 100100 100100085100024100Global-Local Links ProjectTanya DawkinsCenter of Concern100Aldo CaliariInstitute for Agriculture and Trade PolicyKaren Hansen-Kun et Alexandra Spieldoch 48Hunger NotesLane VandersliceIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100 93ICB = 97 IEG = 74Enfants atteignantla cinquième annéed’école10052Autonomisation0Les États-Unis ont été l’un des 189 pays qui se sont engagés00envers <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le Développement100(OMD) lors de l’historique Sommet <strong>du</strong> Millénaire de971009972l’ONU9774100 100 72100100 100100 100100en l’an 2000. Le Sommet de révision des OMD de 2010 Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àmontrera sans doute <strong>les</strong> préoccupations de millions de personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationpersonnes, aux États-Unis et dans le monde entier, dont <strong>les</strong>intérêts sont toujours IEG sapés of par france une architecture 72 économiqueet financière incapable de privilégier leurs intérêts. Cesera également l’occasion d’encourager <strong>les</strong> engagements<strong>du</strong> Gouvernement et de la société civile avec l’esprit de laDéclaration <strong>du</strong> Millénaire : un monde sans pauvreté.En 2009, le président Barack 100 Obama a affirmé que<strong>les</strong> OMD sont des « objectifs des États-Unis ». L’action etl’investissement requis pour aborder <strong>les</strong> domaines mentionnésdans <strong>les</strong> OMD sont indispensab<strong>les</strong> 52 aux États-Uniset dans le monde entier.La pire crise économique depuis longtemps a accélérél’érosion des victoires <strong>du</strong>rement gagnées en matière0d’emploi subirontBCIunofralentissementUSA 97jusqu’en 2014 3 . Dèsjanvier 2009, le chômage a atteint 18,9 % pour <strong>les</strong> travailleursde 16 à 24 ans, 8,6 % pour ceux d’entre 25 et 54 ans, et6,8 % pour <strong>les</strong> plus de 55 ans, ce qui représente des augmentationsde 7,1 %, 4,5 % et 3,6 %, respectivement, depuis2007. Le taux de chômage 100 officiel par ethnie a été de 16,5 %parmi <strong>les</strong> travailleurs noirs, 12,6 % 87parmi <strong>les</strong> hispaniques et8,7 % parmi <strong>les</strong> travailleurs blancs, ce qui représente uneaugmentation de 7,5 %, 6,3 % et 4,3 %, respectivement 4 .Actuellement, le manque de travail chez <strong>les</strong> noirs est presqueaussi élevé que pendant <strong>les</strong> années 30 et pour <strong>les</strong> ado<strong>les</strong>cents0noirs, on a atteint un taux impressionnant de 38 % 5 .de récupération et IEG de réinvestissement. of USA 74 Le rapport montreaussi une tendance alarmante : des millions d’américainspauvres appartenant à la classe ouvrière doivent faire faceà des obstac<strong>les</strong> croissants pour obtenir un logement accessibleet approprié, la preuve en est le nombre croissantde famil<strong>les</strong> et d’indivi<strong>du</strong>s 100 qui vivent dans des refuges ouqui sont forcés de vivre dans d’autres situations tout aussiinadéquates 7 . Environ 30 % des 50 millions de propriétairesde logements possèdent une maison 52 ayant actuellementune valeur inférieure au solde de l’hypothèque ; ce chiffrepourrait augmenter à 50 % vers la fin de l’an 2011 8 .0En 2010, après une <strong>du</strong>re bataille législative, le présidenta signé la 51de droits de l’homme, de l’opportunité économique et de Alors que l’augmentation <strong>du</strong> chômage et <strong>du</strong> sous-emploia été bien documentée aux États-Unis et dans 98 le monde, accessible. Beaucoup sont ceux qui se sont sentis 99 déçus87Loi historique sur l’Assurance maladie98 la justice sociale pendant 51 des décennies. Des années 99 de100 100 100100 100100 100politiques publiques officiel<strong>les</strong> ayant priorisé <strong>les</strong> marchés au on a fait moins attention à une tendance peut-être plus dangereusepar l’impossibilité d’inclure l’option de mettre en place undétriment de l’investissement destiné aux personnes et auxd’avant la crise : la croissance économique sans plan d’achat de la part <strong>du</strong> Gouvernement fédéral, égale-communautés ont creusé et intensifié l’impact de la crise. emploi. Entre 1999 et 2009, malgré <strong>les</strong> indicateurs macroéconomiquespositifs, INGLES l’emploi BCI of n’a El pas Salvador <strong>du</strong> tout augmenté = 91 IEG of El Salvador = 686 . velle loi, de grande portée, comprend des mesures visantment connue sous le nom d’Option Publique. Cette nou-IEG of El Salvador = 68Le besoin d’avoir des points de référence au niveaulocal, étatique et national, et de présenter la reddition descomptes pour le bien-être humain et de la communautéest devenu plus évident que jamais. En septembre 2009, leBureau de recensement des États-Unis a annoncé une importanteCeci montre le besoin de faire des efforts plus prononcés etnovateurs pour la création d’emplois, en modernisant l’assurance-chômageet en repensant le contrat social. À l’heureactuelle, même <strong>les</strong> efforts de stimulation <strong>les</strong> plus progressis-à augmenter la reddition des comptes des compagniesd’assurance, à ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> coûts de l’assurance maladie età augmenter <strong>les</strong> options d’assurance maladie pour tous<strong>les</strong> américains 9 .augmentation <strong>du</strong> taux de pauvreté allant de 12,5 % tes n’ont pas été capab<strong>les</strong> d’aborder <strong>les</strong> conséquences de ce100100en 2007 à 13,2 % en 2008 1 . On s’attend a ce que <strong>les</strong> chiffres nouvel environnement économique à long terme.100Question de priorités : suivre l’argentdes années 2009 et 2010 poursuivent cette tendance. Lechiffre de 1 % des foyers absorbe <strong>les</strong> s/d deux tiers <strong>du</strong> totaldes bénéfices entre 2002 et 2007, le plus haut niveau deconcentration des revenus depuis 1928 2 .On ne s’attend pas à ce que 0 <strong>les</strong> niveaux d’emploi dansLe rapport 2009 <strong>du</strong> Rapporteur 73 spécial de l’ONU surle logement a célébré l’engagement <strong>du</strong> Gouvernement pouraugmenter <strong>les</strong> fonds <strong>du</strong> logement, la modification des hypothèques,l’amélioration des quartiers et <strong>les</strong> initiatives derécupération des urgences au 0 travers de la Loi AméricaineLes efforts <strong>du</strong> Gouvernement pour aborder des questionsdomestiques, allant de l’é<strong>du</strong>cation et l’indépendance n/d énergétiqueau développement des petites entreprises, à la pauvretéet la faim, sont limités par <strong>les</strong> priorités <strong>du</strong> budget fédéral.À l’heure actuelle, USD 1,050milliard a été utilisé pour financer0 <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus développés s/d économiquement, y s/d compris <strong>les</strong>6990<strong>les</strong> guerres n/d en Iraq et en Afghanistan, n/d y compris100États-Unis, puissent revenir aux taux qui ont précédé la crise100 100avant la moitié de l’an 2013, alors que d’autres indicateurs3 OIT, « Pacte Mondial en faveur de l’emploi : Amérique <strong>du</strong> Nord ».100 100100 1001 Gregory Acs, “Poverty in the United States, 2008,” The UrbanInstitute | Research of Record.2 Bureau <strong>du</strong> Vice-Président, “Annual Report of the WhiteHouse Task Force on the Middle Class”, février 2010.4 Economic Policy Institute,”Unemployment Drops to 9.7%despite More Job Losses”.5 Orlando Patterson, “For African-Americans, A VirtualDepression—Why?” INGLES The Nation. BCI of Myanmar = 776 Barry Lynn and Phillip Longman, “Who Broke America’s JobsMachine?” Washington Monthly Webcast, 4 mars 2010.7 Voir : .8 Leo Hindery, Jr., “Our Dirty Little Secret: Who’s Really Poor inAmerica?” AlterNet, 9 mars 2010.9 “Understand the New Law”, HealthCare.gov. Disponible sur :


USD 136.800 millions affectés à l’exercice fiscal 2010 10 . Lebudget militaire proposé pour 2011 représente 13 fois letotal de tous <strong>les</strong> frais non militaires destinés aux relationsinternationa<strong>les</strong>, y compris le Département d’État, qui ontatteint environ USD 54.000 millions en 2009. Si ce budgetétait approuvé, cela représenterait un investissement deUSD 16 destinés à la force militaire pour chaque dollar dépenséen sécurité nationale, et de USD 7 pour chaque dollardépensé dans <strong>les</strong> secteurs des affaires internationa<strong>les</strong> et dela sécurité nationale.Bien que la crise financière ait aggravé le gros déficitbudgétaire hérité de l’administration précédente, la militarisationcroissante des dépenses fédéra<strong>les</strong> est au coeur <strong>du</strong>problème pour affronter le déficit. Le président Obama et <strong>les</strong>ecrétaire d’État à la Défense, Robert Gates, ont manifestéleur intention de ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> frais militaires 11 . La promessed’un « changement radical » faite par Obama lors de la campagneprésidentielle exigerait d’arrêter – au lieu de freinersimplement – l’augmentation des allocations militaires del’ère Bush, outre l’Iraq et l’Afghanistan qui, de nos jours,dévorent une proportion <strong>du</strong> PIB plus importante que jamaisdepuis la Seconde Guerre Mondiale 12 .Les citoyens, y compris plusieurs membres riches etéminents, encouragent des projets plaidant pour une sériede propositions de budget responsable, depuis la réformede l’impôt sur le patrimoine pour aboutir à la cessationde la ré<strong>du</strong>ction fiscale de l’époque Bush pour <strong>les</strong> foyersayant des revenus annuels dépassant USD 250.000. Leprésident Obama a créé une Commission nationale pour laresponsabilité et la réforme fiscale, chargée d’équilibrer lebudget pour l’an 2015 et d’améliorer la santé fiscale <strong>du</strong> paysà long terme. La Commission prendra en considération denombreuses propositions dans <strong>les</strong> mois qui viennent, entreautres la ré<strong>du</strong>ction des dépenses militaires et un impôt surla spéculation financière 13 .Reconstruction de la crédibilitéLe président Obama a dû faire face à de nombreux obstac<strong>les</strong>pour respecter sa promesse de doubler l’aide externe. Larécession économique, l’augmentation de la faim au niveaumondial et <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> menaces <strong>du</strong> changement climatiqueont augmenté radicalement <strong>les</strong> besoins mondiauxet ont établi également de nouvel<strong>les</strong> limitations <strong>du</strong> budgetnational vis-à-vis des dépenses d’aide externe. Le budgetdemandé par Obama pour l’exercice fiscal 2011 comprendUSD 56.000 millions pour l’assistance à l’étranger, une augmentationsignificative par rapport aux demandes de 2010mais bien moins d’un dixième <strong>du</strong> budget militaire. Le budgetcomprend USD 18.000 millions pour l’aide à la pauvreté et audéveloppement, USD 1.900 millions pour l’aide alimentaireet USD 16.000 millions pour l’aide à la sécurité (y comprisl’aide militaire étrangère et <strong>les</strong> programmes anti-drogue) 14 .10 National Priorities Project, “Cost of War”. Disponible sur :.11 Ewan MacAskill, “US Defence Secretary Announces LargeCuts to Help Curb Spending,” The Guardian, 6 avril 2009.12 Miriam Pemberton y Suzanne Smith, “Budget Makes No‘Sweeping Shift’ in Security Spending Yet” Institute forPolicy Studies: Ideas into Action for Peace, Justice, and theEnvironment, 26 février 2009.13 Committee for a Responsible Federal Budget, “ObamaEstablishes Deficit Commission,” 18 février 2010.14 Ken Forsberg et Viraf Soroushian, “FY2010 Federal Funding for KeyForeign Assistance Accounts,” InterAction, 10 janvier 2010. Disponib<strong>les</strong>ur : .Il s’avère toujours nécessaire d’avancer pour aborder<strong>les</strong> problèmes structuraux de l’assistance étrangère. Actuellement,elle est gérée par 24 agences gouvernementa<strong>les</strong> et50 programmes, dont beaucoup sont doublés et d’autresse contredisent. Une Directive présidentielle d’étude sur lapolitique de développement mondial a été créée pour réviserle système actuel et recommander des modifications. LeCongrès travaille aussi sur des lois visant à réformer <strong>les</strong> programmesd’aide externe qui ont été retardés par la longuebataille en faveur des réformes financière et de la santé.Parmi <strong>les</strong> propositions prometteuses on identifieune nouvelle et importante initiative sur la crise alimentairemondiale favorisant de nouveaux investissementsdans le secteur de l’agriculture <strong>du</strong>rable et donnant la prioritéaux programmes pour <strong>les</strong> petits agriculteurs et pour <strong>les</strong>femmes. D’autre part, le Gouvernement plaide toujours enfaveur de la libéralisation <strong>du</strong> commerce comme solution à lafaim mondiale, malgré <strong>les</strong> preuves indiscutab<strong>les</strong> montrantque le libre commerce a sapé <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>cteurs alimentairesau niveau mondial. De la même manière, le Gouvernementfavorise <strong>les</strong> initiatives de la biotechnologie au détrimentd’autres technologies, malgré <strong>les</strong> preuves suffisantes démontrantque ces programmes n’augmentent pas la disponibilitéd’aliments.Les États-Unis jouent toujours un rôle de leadershipunique pour établir <strong>les</strong> priorités mondia<strong>les</strong>, notammentpour ce qui est des efforts continus visant à revoir la conceptionde l’architecture financière mondiale. À la fois, le G20,BRICS 15 et d’autres nouvel<strong>les</strong> configurations géopolitiquessont en train de modeler et de changer <strong>les</strong> relations despouvoirs économique et politique au niveau mondial. Biendes fois, on affirme que le Gouvernement des États-Unis aune responsabilité particulière dans la crise économique etfinancière mondiale de 2008 à cause de la régulation laxiste<strong>du</strong> système financier national et de sa promotion historiquede la dérégulation mondiale et de la libéralisation commercialeet financière. Ces politiques, encouragées systématiquementdepuis <strong>les</strong> années 80 à travers la Banque mondialeet le FMI, ont augmenté la vulnérabilité des économies despays en développement face à des facteurs externes, unetendance intensifiée par la crise.L’administration a été <strong>du</strong>rement critiquée au Congrèset à l’étranger <strong>du</strong> fait de son soutien à une injection sansprécédents de USD 750.000 millions pour le FMI lors <strong>du</strong>Sommet <strong>du</strong> G20 à Londres. Le FMI s’est trouvé à la limitede la non-pertinence en raison de la gestion des crises précédenteset d’autres problèmes. Cette injection de fonds apermis au FMI de jouer un rôle central quant à la réponseà la crise sans avoir réalisé <strong>les</strong> réformes internes et externesdont il avait tellement besoin pour réviser notamment<strong>les</strong> politiques imposées pendant si longtemps aux paysen développement, y compris <strong>les</strong> limitations de politiquefiscale qui diminuent la croissance et intensifient <strong>les</strong> récessionséconomiques. L’impact négatif de ces dispositionsdevient plus visible face aux politiques adoptées par certainsactionnaires <strong>du</strong> Fonds, y compris <strong>les</strong> États-Unis, quisont totalement contraires à cel<strong>les</strong> imposées aux pays endéveloppement.Le manque de réformes fondamenta<strong>les</strong> au sein <strong>du</strong>FMI affaiblit même <strong>les</strong> propositions <strong>les</strong> plus novatrices.Voici le cas, par exemple, de l’injection de USD 283.000millions en Droits de tirage spéciaux (DTS), qui sont desactifs pouvant être utilisés par <strong>les</strong> récepteurs soit comme15 Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique <strong>du</strong> Sud.des réserves libres d’intérêt soit pour faciliter <strong>les</strong> prêts dedevises à un taux d’intérêt préférentiel. Du fait que <strong>les</strong> DTSsont distribués sur la base de quotas dans <strong>les</strong> pays membres<strong>du</strong> FMI, il n’a pas été possible d’intro<strong>du</strong>ire des innovationsimportantes ayant pu améliorer l’impact favorabledans <strong>les</strong> pays en développement. La détérioration rapide dela situation de la dette dans beaucoup de pays supportantdes déficits fiscaux en augmentation et de moins en moinsde revenus de l’exportation aurait pu être mitigée par lebiais d’une plus grande flexibilité politique et par des sériesde remise ou de moratoire de la dette au lieu d’une detteadditionnelle.Vers l’avenir : il faut agir avec audaceLes résultats <strong>du</strong> recensement 2010 fourniront des informationsimportantes concernant <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> opportunitésayant besoin <strong>du</strong> leadership des citoyens et d’un espritentrepreneur, notamment si l’on pense à retisser le réseaueffiloché de la sécurité <strong>du</strong> pays, l’infrastructure physique etle développement communautaire. Ces efforts doivent allerplus loin que l’importante intervention à court terme fourniepar <strong>les</strong> initiatives d’encouragement.Le président et le public ont appris quelques <strong>du</strong>res leçonssur le sens d’un « changement » réel dans un environnementpolitique de plus en plus toxique. La société civiledoit continuer à exiger un véritable leadership pour aborder<strong>les</strong> questions qui préoccupent davantage <strong>les</strong> gens dans leurvie quotidienne. Les groupes de citoyens, d’organisateurscommunautaires et d’entrepreneurs sociaux sont en traind’imaginer dans tout le pays, des solutions audacieusesaux problèmes <strong>les</strong> plus pressants qui sont bien nombreux.Au niveau national, <strong>les</strong> propositions incluent la créationd’une nouvelle entité nationale des droits de l’Homme reconnaissant<strong>les</strong> droits économiques, sociaux et culturels,ainsi que <strong>les</strong> droits civils et politiques, et <strong>les</strong> appels à l’actionpour ratifier la stagnante Convention pour l’élimination dela discrimination à l’égard des femmes (CEDAW pour <strong>les</strong>igle en anglais). Tous ces efforts exigent des associationsstratégiques avec des alliés <strong>du</strong> Gouvernement.Les États-Unis ont une opportunité sans précédentspour offrir un leadership basé sur des principes solidesconcernant la nouvelle conception retardée de l’architectureéconomique et financière nationale et mondiale. En1944, le président Franklin D. Roosevelt a réclamé une« déclaration des droits économiques » radicale. Sa visionrassemblait le droit à la santé, à l’é<strong>du</strong>cation et à un « emploiavec un salaire digne », suffisant pour payer une alimentationadéquate, <strong>les</strong> vêtements, <strong>les</strong> loisirs et un logementdigne ainsi qu’un réseau de sécurité protégeant contrel’appauvrissement causé par la vieil<strong>les</strong>se, la maladie, <strong>les</strong>accidents et le chômage. « Nous ne pouvons pas être satisfaits,même si le niveau de vie général est très élevé, si unefraction de notre population (…) est mal alimentée, malhabillée, habite dans un logement précaire ou se trouvedans une situation d’insécurité » 16 .Un pays et un monde sans pauvreté, basés sur <strong>les</strong>principes de la démocratie, des droits de l’Homme, desopportunités et de la justice économique, sont sans doutepossib<strong>les</strong>. Atteindre ces objectifs demande une vision et desactions audacieuses plaçant <strong>les</strong> gens au coeur des efforts dela reprise économique. n16 Discours de FDR sur l’état de la nation en 1944, Franklin D.Roosevelt Presidential Library and Museum. Disponible sur :.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 103 États-Unis d'Amérique


FinlandeL’aide et <strong>les</strong> relations économiques sont encore décalées parrapport au bien-être des personnesSi le Programme de politiques pour le développement a des aspects positifs, l’approche de la Finlande sur ledéveloppement social et <strong>les</strong> droits sociaux s’est affaiblie. Les politiques sur l’égalité des sexes, <strong>les</strong> droits de la femmeet des groupes vulnérab<strong>les</strong> et la lutte contre le VIH / SIDA sont insuffisantes. Les politiques de développement et decoopération <strong>du</strong>rab<strong>les</strong> exigent de la part de ce pays une augmentation de l’aide et l’intro<strong>du</strong>ction de mécanismes definancement innovants, entre autres, <strong>les</strong> impôts sur <strong>les</strong> transactions financières. Le Gouvernement doit aussi contrôler<strong>les</strong> impacts sociaux et environnementaux des compagnies finlandaises installées dans <strong>les</strong> pays en développement.100KEPA<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Finlande 1Timo LappalainenLe Programme de politiques pour le développement <strong>du</strong>Gouvernement finlandais, intro<strong>du</strong>it en 2007, a modifié<strong>les</strong> politiques <strong>du</strong> pays dans ce domaine. Il a élargi sonapproche sur la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté en incluant ledéveloppement <strong>du</strong>rable de l’économie, de l’environnementet de la société, et il a mis l’accent sur <strong>les</strong> politiquesclimatiques et environnementa<strong>les</strong> aussi bien que sur lerôle <strong>du</strong> secteur privé.Les ONG finlandaises voient d’un bon œil l’intérêt <strong>du</strong> Gouvernementsur la sécurité alimentaire, le développementrural et la <strong>du</strong>rabilité environnementale. El<strong>les</strong> sont toutefoisinquiètes de constater qu’on accorde une priorité moindreau développement social, aux droits des plus vulnérab<strong>les</strong>et aux conséquences de la pauvreté sur le commerce, <strong>les</strong>investissements, la migration et <strong>les</strong> autres politiques enrapport avec ces questions. Les Investissements directsétrangers (IDE) des compagnies finlandaises ont fréquemmentdes conséquences négatives sur la capitalisationhumaine. Les ONG souhaiteraient un examen de tous <strong>les</strong>secteurs politiques de la part <strong>du</strong> Gouvernement à la lumièrede leur impact sur <strong>les</strong> pays en voie de développement.APD : étendre ne signifie pas augmenterLa Finlande est l’un des rares pays donateurs ayant réussià augmenter le pourcentage de l’Aide publique pour ledéveloppement (APD) conformément à ses engagementsinternationaux. Malheureusement la crise financière aobligé le Gouvernement à procéder à des coupes franchesdans <strong>les</strong> augmentations planifiées.En 2010, une augmentation de EUR 40 millions aété allouée aux programmes de développement au lieu del’augmentation de EUR 50 millions initialement prévue.Pour 2011, le Gouvernement prévoit que l’APD atteindraun niveau de 0,58 % <strong>du</strong> PNB. De tel<strong>les</strong> tendances suscitentde l’inquiétude car l’on craint que la Finlande n’atteigne pasl’objectif de 0,7 % pour 2015.Par ailleurs, <strong>les</strong> ONG craignent que l’APD nes’étende à des domaines politiques nouveaux – plus dedépenses liées aux réfugiés et au financement climatique.Le ministère de l’Intérieur a essayé de faire en sorte quel’APD n’inclue pas seulement le coût des réfugiés quipossèdent ce statut, mais aussi celui de ceux auxquels1 Cet article a été écrit par Eva Nilsson, avec la collaboration deTytti Nahi et Niina Pitkänen.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9998 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 99100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ansLa ré<strong>du</strong>ction de l’aide socialeL’aide finlandaise augmente dans <strong>les</strong> domaines des forêts,de l’eau et <strong>du</strong> changement climatique ; on allègue que cesont <strong>les</strong> « domaines où l’expérience et <strong>les</strong> connaissancesfinlandaises sont le mieux utilisées pour soutenir <strong>les</strong> programmesde développement des 99pays associés » 3 . L’aide100liée à ces domaines augmente dans tous <strong>les</strong> pays associésà long terme avec la Finlande. D’où la baisse de la proportionde l’aide destinée au secteur social.L’égalité des sexes, <strong>les</strong> droits de la femme et desgroupes vulnérab<strong>les</strong> et la lutte contre le VIH / SIDA de-2 Matti Ylönen, 99 Innovatiiviset rahoituslähteet ja Suomi.100Lehtereiltä100parrasvaloihin? Ajatuspaja E2:n tilaisuus100e<strong>du</strong>skunnan kansalaisinfossa, 10 septembre 2010.3 Ministère des Relations extérieures, Gouvernement de laFinlande, Programme de politiques pour le développement2007 : vers une communauté BCI of mondiale Portugal <strong>du</strong>rable = 99et juste,Helsinki, 2007, 17.0Activité économiqueAutonomisation79100 10099100É<strong>du</strong>cationon refuse l’asile, BCI mais of le Finland Gouvernement = 99 n’a pas accédé vraient être <strong>les</strong> axesIEGdeoflaFinlandcoopération= 84pour le développement.Toutefois, comme le montre une évaluation récente,à cette requête.Le financement climatique, lui, sera inclus dans il n’existe pratiquement pas de mécanismes <strong>les</strong> intègrantl’APD, au lieu de se voir allouer un montant additionnel, aux programmes d’aide. Le financement pour <strong>les</strong> droitsce qui va à l’encontre des engagements internationaux en spécifiques de la femme et <strong>les</strong> programmes d’égalité desmatière d’additionnalité et des recommandations des ONG sexes ont été ré<strong>du</strong>its 4 .finlandaises. La question <strong>du</strong> rapport financement climatique– APD n’a encore pas trouvé de solution.de cibler l’APD sur un petit nombre de pays associés àLe Gouvernement a d’ailleurs modifié son objectifMalgré <strong>les</strong> pressions chaque fois plus fortes sur long terme par une coopération thématique centrée sur<strong>les</strong> fonds de l’APD et le fait que la Finlande fasse partie des secteurs d’importance spécifique pour la Finlande,<strong>du</strong> Groupe pilote sur <strong>les</strong> financements innovants pour le généralement sur une base régionale. Le ministère desdéveloppement, le Gouvernement ne s’est pas montré Relations extérieures a créé des programmes-cadres régionauxpour l’Afrique, le Caucase <strong>du</strong> Sud, l’Asie Centrale,intéressé par le fait de proposer ou d’appuyer des sourcesinnovantes de financement ni disposé à soutenir l’intro<strong>du</strong>ctiond’un impôt sur <strong>les</strong> transactions financières, malgré Enfin, le pourcentage des aides aux programmes est<strong>les</strong> Balkans Occidentaux et la région des Andes.le grand soutien de la société civile, de certains partis nationauxet de plusieurs pays européens 2 .ment a ré<strong>du</strong>it son soutien budgétaire général à 25 % pouren baisse par rapport à l’aide aux projets, et le Gouverne-<strong>les</strong> pays associés à long terme. Ces mesures font naîtredes doutes concernant l’engagement de la Finlande avecla Déclaration de Paris et le Programme d’action d’Accrasur l’efficacité de l’aide. Les ONG craignent que le fait de secentrer sur l’aide thématique et l’aide aux projets ne puissedistraire l’attention de la spécificité et l’harmonisation des0contextes.1000100 100100Les investissements directs étrangers53On ne combat pas la pauvreté uniquement avec de l’aideau développement. Les relations économiques avec <strong>les</strong>pays en développement sont 0 très importantes, y comprisl’IDE. Toutefois, la plus grande partie de l’IDE finlandais estdestiné au monde développé. L’IDE finlandais aux pays en98100 691004 Ministère des Affaires étrangères, Gouvernement de laFinlande, Problèmes transversaux de la coopération pour ledéveloppement IEG de la of Finlande Portugal : compte-ren<strong>du</strong> = 73 d’évaluation,Helsinki, 2008, 6.76100100100100100Rapports nationaux 104 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100100


voie de développement, en 2009, a seulement représenté6 % <strong>du</strong> total, majoritairement en Chine, au Brésil, en Indeet à Singapour. Les investissements en Afrique subsahariennerestent rares et seulement 0,02 % de l’IDE total a étédestiné aux Pays <strong>les</strong> moins avancés (PMA) 5 .Il est cependant difficile de mesurer avec précision<strong>les</strong> flux d’IDE lorsque <strong>les</strong> entreprises deviennent des multinationa<strong>les</strong>.Les sociétés finlandaises sont <strong>les</strong> premièresà sous traiter la pro<strong>du</strong>ction à des filia<strong>les</strong> <strong>du</strong> monde entier 6 .Les filia<strong>les</strong> peuvent faire des investissements qui n’entrentpas dans <strong>les</strong> statistiques finlandaises.Pour augmenter <strong>les</strong> investissements dans <strong>les</strong> paysen développement, le ministère des Relations extérieures aessayé d’impliquer le secteur des entreprises en créant desgroupes de conseil pour <strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> institutionsfinlandaises pour travailler sur des sujets ma<strong>jeu</strong>rs. Demême, le ministère <strong>du</strong> Travail et <strong>du</strong> développement s’estren<strong>du</strong> dans des pays pauvres et aux revenus moyens pourpromouvoir <strong>les</strong> entreprises finlandaises et stimuler l’investissement.D’autre part, la Finlande gère un programmed’alliances d’entreprises appelé Finnpartnership, un plande prêts à des conditions très favorab<strong>les</strong> et des fonds decapitaux privés pour <strong>les</strong> crédits d’exportation. Le tout avecdes fonds de l’APD.En 2009, <strong>les</strong> deux tiers des fonds de Finnpartnershipont été destinés à des projets en Asie, et la plupart des affectationsentre 2006 et 2009 ont été distribuées à la Chine,à l’Inde et au Vietnam. On a accordé des financements àdes entreprises de toutes tail<strong>les</strong> 7 . La Finlande allègue quel’IDE doit contribuer à la capitalisation humaine <strong>du</strong>rable 8 ;cependant, <strong>les</strong> prêts à des conditions très favorab<strong>les</strong> ou lecrédit pour l’exportation ne se mesurent pas toujours selondes critères favorisant <strong>les</strong> pauvres. Une grande partie desinvestissements des grandes entreprises dans des paysen développement se centrent sur <strong>les</strong> matières premièreset non pas sur des in<strong>du</strong>stries pro<strong>du</strong>ctives, ce qui crée rarementune valeur ajoutée pour le développement.Les impacts sociaux et environnementauxDes débats publics très vifs sur <strong>les</strong> impacts environnementauxet sociaux de l’IDE finlandaise se sont ouverts. Descompagnies de cellulose qui investissent en Asie et en Amérique<strong>du</strong> sud ont fait <strong>les</strong> gros titres pour avoir violé <strong>les</strong> droitsterritoriaux de la population et pour nuire à l’environnement.Par exemple l’entreprise forestière Stora Enso dont l’installationau Brésil a obligé <strong>les</strong> villageois à quitter leurs foyers 9 .Un autre géant de l’in<strong>du</strong>strie forestière, UPM-Kymmene, adû quitter l’Indonésie après avoir été accusé de détruire desforêts pluvia<strong>les</strong> et de s’approprier des terres par la force.Les problèmes causés par la pro<strong>du</strong>ction de biocarburantsa aussi fait beaucoup de bruit en Finlande. Lasociété finlandaise Neste Oil importe de l’huile de palmede l’Asie <strong>du</strong> sud-est et a été accusée par des organisationsenvironnementa<strong>les</strong> de détruire des forêts pluvia<strong>les</strong> et de5 Calculs provenant des données de la Banque de Finlande parl’économiste Airi Heikkila, 10 mai 2010.6 Statistiques sur la Finlande, « Suomalaisyritykset ovatulkomaille ulkoistamisen etujoukkoa », Tieto&trendit 4–5, 2008.7 Finnfund, Toimintaraportti 2009.8 Valtioneuvoston kanslia, Kohti kestäviä valintoja.Kansallisesti ja globaalisti kestävä Suomi. Kansallinenkestävän kehityksen strategia. Valtioneuvoston kanslianjulkaisusarja, 5, 2006, 25.9 Finnwatch, Stora Enso etelän eukalyptusmailla, 2, 2009.prendre par la force <strong>les</strong> terres des populations indigènes.La campagne « Vêtements propres » , qui a été lancée enFinlande au printemps 2010, a provoqué des polémiquesquant à la pro<strong>du</strong>ction textile. De nombreuses entreprisesde confection finlandaises, tel<strong>les</strong> que Stockmann, Seppala,Lindex, Halonen, Moda, Top-Sport et Halti, dépendent detravailleurs qui ne reçoivent pas le salaire vital.Les ONG finlandaises ont intensifié <strong>les</strong> débats à proposde l’évasion fiscale, qui constitue un obstacle importantpour le développement. De nombreuses entreprisespro<strong>du</strong>isent dans des zones franches et leurs bénéficessont distribués vers des juridictions extraterritoria<strong>les</strong>, cequi fait perdre des capitaux et des impôts aux pays endéveloppement. Des compagnies comme Kemira, Kone,Metsä-Botnia, Nautor, Nokia, Outokumpu, Stora Enso etWärtsilä ont installé des filia<strong>les</strong> dans des paradis fiscaux. I<strong>les</strong>t difficile d’obtenir des informations précises sur <strong>les</strong> impôtspayés par <strong>les</strong> compagnies. Lorsque le réseau d’ONGFinn<strong>Watch</strong> a tenté de réaliser une étude sur <strong>les</strong> politiquesfisca<strong>les</strong> des compagnies finlandaises à l’étranger, la plupartd’entre el<strong>les</strong> se sont refusées à fournir des informationsà propos des pays ou de leurs filia<strong>les</strong>, en arguantqu’il s’agissait d’un secret d’entreprise ou qu’il impliquaitdes difficultés pratiques 10 .En général, l’IDE n’a pas répon<strong>du</strong> aux attentes pourgénérer une croissance économique, ré<strong>du</strong>ire la pauvretéet fournir un travail décent. Le Gouvernement est pourtantresté très passif en ce qui concerne <strong>les</strong> questions de responsabilitéentrepreuneuriale et l’évasion fiscale relativesaux pays en développement. Beaucoup des problèmesliés à l’évasion fiscale pourraient être combattus grâce àun soutien énergique à l’élimination des paradis fiscauxet à l’intro<strong>du</strong>ction de normes comptab<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong>dans <strong>les</strong> rapports par pays. Le Gouvernement ne contrôlepas non plus efficacement si <strong>les</strong> entreprises finlandaisesrespectent <strong>les</strong> directives à l’intention des corporationsmultinationa<strong>les</strong> de l’Organisation pour la coopération et ledéveloppement économique (OCDE). Un Comité de responsabilitésociale et corporative a été créé pour contrôleret informer sur la con<strong>du</strong>ite des entreprises finlandaises,mais ses ressources et son profil ne sont pas à la hauteurdes exigences 11 .Les services de base sont en danger enraison des accords commerciauxLe commerce est un autre aspect <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> secteur privédans la politique pour le développement de la Finlande.Ces deux dernières années, le ministère des Relationsextérieures a soutenu l’Aide au commerce et a promu l’importationde pro<strong>du</strong>its venus de pays en développement.La Finlande est connue pour avoir valorisé dans le passéle lien développement-commerce, y compris lorsqu’elle aprésidé l’UE en 2006. Le Gouvernement actuel s’est aussiengagé à avoir une cohérence politique mais dans <strong>les</strong> faits,il ne respecte pas cet engagement. Par exemple, <strong>les</strong> effetsdes accords commerciaux sur <strong>les</strong> pays associés à longterme n’ont pas été pris en compte.Les principaux forums pour établir <strong>les</strong> politiquescommercia<strong>les</strong> en Finlande sont l’Organisation mondiale<strong>du</strong> commerce (OMC) et l’UE. Si <strong>les</strong> États membres ont la10 Finnwatch, Köyhiltä rikkaille, Yritysten veronmaksu,kehitysmaat ja vastuullisuus, 1, 2009, 21.11 Eurodad, La situation réelle de l’aide, 2010. Voir : .possibilité de peser sur <strong>les</strong> négociations de la Commissioneuropéenne, la Finlande a rarement exercé ce droit. Le Parlementn’a pas non plus agi en ce sens. Contrairement à ladernière période électorale, le Grand comité <strong>du</strong> Parlementn’a pas créé de groupe de travail spécial pour <strong>les</strong> questionscommercia<strong>les</strong>, malgré l’augmentation permanente <strong>du</strong>nombre et de l’extension des accords commerciaux. Parallèlement,le rapport annuel sur le commerce et le développementprésenté par le Département de politique commerciale<strong>du</strong> ministère des Relations extérieures devant leParlement finlandais a été d’une brièveté inhabituelle.La plupart des ONG finlandaises considère que la Finlandedevrait s’abstenir de commercialiser <strong>les</strong> services debase et assouplir la marge sur <strong>les</strong> droits de propriété intellectuelle.Par exemple, à Dar es Salam, en Tanzanie – paysassocié à long terme – <strong>les</strong> services de distribution d’eauont été privatisés. Seul 25 % des habitants bénéficie del’eau courante en raison de l’augmentation des prix et de larestriction de la distribution. Pour la Finlande, l’eau est l’undes sujets centraux <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable ; le paysdevrait donc s’assurer que ces services de base soienteffectivement accessib<strong>les</strong> aux pauvres. Les médicamentsen sont un autre exemple. En raison des droits de propriétéintellectuelle, ils sont souvent trop chers pour la plupartdes habitants des pays pauvres et de revenus moyens.Comment faire face à ces en<strong>jeu</strong>x ?Pour que <strong>les</strong> politiques de développement et la coopérationsoient réellement <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>, l’aide de la Finlande doit augmenteren termes absolus et en pourcentage. L’aide ne doitpas être utilisée pour venir à bout des coûts des réfugiéset <strong>du</strong> financement climatique. Elle doit être canalisée plusefficacement pour ré<strong>du</strong>ire la pauvreté. Au-delà de l’APD, laFinlande doit intro<strong>du</strong>ire des mécanismes innovants pourle financement incluant des impôts sur <strong>les</strong> transactionsfinancières pour faire disparaître certaines des brèches <strong>du</strong>financement pour le développement.On doit également reconnaître que <strong>les</strong> savoirs finlandaisne peuvent pas fournir de la valeur ajoutée quandon porte atteinte à la propriété des pays associés ainsiqu’à leurs politiques socia<strong>les</strong>. L’état de bien-être socialde la Finlande elle-même se fonde sur l’égalité et sur <strong>les</strong>institutions socia<strong>les</strong> inclusives en tant que moteurs clés<strong>du</strong> développement économique et social. De tel<strong>les</strong> expériencesdevraient constituer un élément crucial de la valeurajoutée apportée par le pays, ainsi qu’une base solide pourrechercher des moyens plus efficaces pour ré<strong>du</strong>ire la pauvretéet favoriser la protection sociale à l’étranger.Le Gouvernement devrait contrôler également debeaucoup plus près <strong>les</strong> sociétés qui investissent dans<strong>les</strong> pays en développement et ne devrait pas participeraux investissements qui ne s’engagent pas à respecter<strong>les</strong> normes de <strong>du</strong>rabilité sociale et environnementale. Ildevrait soutenir l’intro<strong>du</strong>ction de normes comptab<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong>dans <strong>les</strong> rapports par pays et l’éliminationdes paradis fiscaux pour arrêter <strong>les</strong> flux financiers illégauxen provenance des pays en développement.Finalement, la Finlande devrait prendre des mesuresénergiques pour s’assurer que <strong>les</strong> accords commerciauxn’entrent pas en conflit avec la capitalisation humaine.Comme le pays s’est engagé à contrôler <strong>les</strong> effets despolitiques commercia<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> pays pauvres, le Gouvernementdevrait être plus proactif lorsqu’il s’agit de guiderle travail de la Commission européenne, en se fondant surses expériences avec <strong>les</strong> pays associés à long terme. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 105 Finlande


FranceRécupérer l’esprit original des OMD100093L’accomplissement des 100 Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD) exige que tous <strong>les</strong>9992États démontrent leur volonté 100 politique d’agir, tant pour 100 améliorer 100 <strong>les</strong> indicateurs 71 spécifiques que 100pourélaborer des politiques mondia<strong>les</strong>. La nouvelle stratégie de développement devrait retrouver l’espritoriginal des OMD et se concentrer sur <strong>les</strong> besoins de la population, l’amélioration de sa qualité de vie,BCI of Switzerland = 98IEG of Switzerland = 62la capacité d’atteindre <strong>les</strong> plus pauvres, l’égalité entre <strong>les</strong> sexes et la notion selon laquelle le bien-être etune meilleure qualité de vie sont des valeurs indissociab<strong>les</strong>.10002310090Organisations françaises de la société civile,ONG, syndicats et collectivités territoria<strong>les</strong> 110074Comme ce fut le cas récemment avec le plan de sauvetagedes banques, la véritable lutte contre la pauvretéet <strong>les</strong> inégalités est avant tout une question de cou-Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100 99ICB = 99 IEG = 72Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleAutonomisationrage et de volonté politique des dirigeants français et0européens. En 2005, <strong>les</strong> organisations civiques et <strong>les</strong>00collectivités territoria<strong>les</strong> françaises soutenaient dans100leurs discours qu’il n’y avait plus d’excuses pour98100100que97100100 100 58100100 100100 72100100la France ne respecte pas ses engagements. En 2010, Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àcinq ans après la date fixée pour l’accomplissement personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationdes OMD, ces mêmes organisations exigent que leursdirigeants assument IEG enfin of Spain leurs = responsabilités 77 en • Signer et ratifier BCI of la france= Convention 99 internationale sur le devoir de IEG protéger of france <strong>les</strong> droits 72 de l’Homme ce quis’engageant dans trois domaines complémentaires : <strong>les</strong> droits de tous <strong>les</strong> travailleurs migrants et leurs suppose l’application de recours juridiques pourle respect des droits de l’Homme, la solidarité avec la famil<strong>les</strong> (CTM) afin de lui conférer une portée défendre <strong>les</strong> victimes des violations commisespopulation et l’inclusion de toutes <strong>les</strong> parties prenantes nationale, européenne et internationale. Les immigrantspar <strong>les</strong> filia<strong>les</strong> établies dans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud oudans <strong>les</strong> plans de développement et dans leur misesont souvent utilisés comme des boucs dans <strong>les</strong> chaînes d’approvisionnement des entre-en œuvre.émissaires face au chômage, au terrorisme et à prises européennes. En outre, <strong>les</strong> États doivent100100100l’intolérance raciale et religieuse. 87 Une des priorités veiller à ce que <strong>les</strong> entreprises qui reçoivent uneRespecter et faire respecter <strong>les</strong> droits deétablies par la CTM est que tous <strong>les</strong> travailleurs aide publique (financement, crédit à l’exportation)l’Hommemigrants et <strong>les</strong> membres de leurs famil<strong>les</strong> aient respectent <strong>les</strong> droits de l’Homme, 52 <strong>les</strong> conventionsLa lutte contre la pauvreté et l’inégalité n’est pas seulementdes droits fondamentaux, quel que soit leur statut relatives à la consultation des populations, <strong>les</strong>une question humanitaire, mais implique éga-25juridique dans le pays d’accueil. La Convention droits fondamentaux des travailleurs et la protec-0lement le respect de la dignité des personnes et, par garantit la protection 0des droits supplémentaires tion de l’environnement. 0conséquent, le respect de leurs droits fondamentaux. pour <strong>les</strong> travailleurs migrants en situation régulière94en vue de leur intégration dans la 98sociétéRenforcer la solidaritéLes OMD devraient donc faire partie d’une approche54100 100 625199100100 100100 100100fondée sur l’indivisibilité et l’interdépendance de tous d’accueil, afin qu’ils l’enrichissent sans perdre <strong>les</strong> Les gouvernements ont fait preuve de solidarité pour<strong>les</strong> droits de l’Homme, condition indispensable pour liens avec leur lieu d’origine.renflouer <strong>les</strong> banques et tenter de minimiser <strong>les</strong> dommages76causés par <strong>les</strong> crises financières. Maintenant,leur accomplissement. Pour cela, la France doit : • Soutenir l’initiative de l’Organisation internatio-IEG of Eritrea = 47• Signer et ratifier le protocole facultatif se rappor- nale <strong>du</strong> Travail BCI of (OIT) El Salvador pour mettre = en 91 IEG of El Salvador = 68œuvre le Programmenous revendiquons la même solidarité avec la po-tant au Pacte international relatif aux Droits économiques,pilote pour un travail digne. Dans une pulation en général afin d’éliminer la pauvreté et <strong>les</strong>sociaux et culturels (DESC). La ratification nouvelle étude sur <strong>les</strong> différents aspects <strong>du</strong> travail inégalités.de ce document permettra de soutenir <strong>les</strong> efforts forcé dans le monde, l’OIT souligne que, dans une Dans un monde où en 2006 la moitié des richessesvisant à obtenir une plus grande reconnaissance situation de crise « ce sont <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>était détenue par 2 % de la population 3 , lades DESC par la législation nationale et dans <strong>les</strong> qui souffrent le plus. Dans ce contexte, il est indispensablede veiller à ce que <strong>les</strong> ajustements ne blics à l’échelle mondiale devraient être des objectifsredistribution des richesses et l’accès aux biens pu-100100100tribunaux. Jusqu’à présent, le Protocole facultatifa été signé par 32 pays. La France a soutenu se fassent pas au détriment 73des garanties offertes prioritaires. La crise financière, alimentaire, sociale,l’élaboration de ce protocole, n/d et par ce fait s’est pour prévenir le travail forcé et <strong>les</strong> abus liés à la environnementale et énergétique s/d a été déclenchée parengagée à mettre en œuvre ces droits, mais elle ne traite des êtres humains » 2 .<strong>les</strong> politiques néolibéra<strong>les</strong> des pays riches, mais cefait pas encore partie des États signataires. Sanssont <strong>les</strong> peup<strong>les</strong>, notamment ceux <strong>du</strong> Sud, qui paient• Veiller à ce que <strong>les</strong> entreprises respectent <strong>les</strong> droits00un nombre suffisant de ratifications, ce Protocole<strong>les</strong> pots cassés. Il est temps 0 que <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> defondamentaux. Selon <strong>les</strong> recommandations <strong>du</strong>n/dsera lettre morte ; pour que ces droits n/dsoient mis69 ces politiques assument <strong>les</strong> conséquences de leursreprésentant spécial auprès <strong>du</strong> Secrétaire 90s/dgénérals/d96en œuvre, le document doit être ratifié par 10 États.décisions.de l’Organisation des Nations Unies, <strong>les</strong> États ont100 100 100100 100100 100100Les pays <strong>du</strong> Sud attendent avec impatiente cetteLes avancées vers la réalisation de certains OMD69ratification, car cela permettrait à leurs peup<strong>les</strong>ne doivent pas faire perdre de vue le chemin qui reste ad’exiger la mise en œuvre de leurs droits.2 OIT, “Le coût de la coaction” Genève, 2009.Disponible sur : .1003 ONU, “La moitié <strong>du</strong> patrimoine mondial est détenu par 2%de la population”. Disponible en français sur : .48Rapports nationaux 106 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100100


parcourir. Les OMD semblent beaucoup plus diffici<strong>les</strong>à atteindre s’ils ne sont pas associés à des mécanismesde solidarité financière et de redistribution des richessesqui assurent leur universalité. Par conséquent, <strong>les</strong>OMD ne seront pas atteints à moins qu’un véritablepartenariat mondial pour le développement permettede libérer des ressources. En effet, <strong>les</strong> investissementsdes États <strong>du</strong> sud, souvent accablés par <strong>les</strong> servicesd’une dette insoutenable et un très faible accès auxbénéfices d’exploitation des ressources naturel<strong>les</strong> deleur pays, ne leur permettront pas de financer euxmêmesleurs services publics. Il est donc importantpour la France de :• Mettre en place l’Aide publique au développement(APD) et la diriger vers <strong>les</strong> secteurs sociaux despays <strong>les</strong> plus pauvres. L’APD devrait faire l’objetd’un engagement budgétaire pluriannuel dansla prochaine loi de programmation triennale desfinances publiques afin de concrétiser <strong>les</strong> engagementseuropéens et internationaux de la Franceen matière d’APD pour atteindre 0,7 % <strong>du</strong> Revenunational brut (RNB ) en 2015. La France devraitassurer une répartition plus transparente et plusefficace des ressources de concert avec <strong>les</strong> paysbénéficiaires et avec d’autres donateurs afin derépondre aux exigences liées à l’efficacité de l’aideénoncées dans la Déclaration de Paris. Le paysdoit fournir des subventions de manière prioritaire,notamment en ce qui concerne le soutienaux secteurs sociaux, une ressource de plus enplus importante et systématique pour des prêtsqui peuvent con<strong>du</strong>ire à une crise de ré-endettementdont la bulle spéculative naissante constitueun premier signe.• Mettre en oeuvre un mécanisme de redistributionde la richesse sous la forme de taxes sur <strong>les</strong> transactionsfinancières. Ces taxes permettraient delibérer des ressources prévisib<strong>les</strong> complémentaires<strong>du</strong> financement public traditionnel pour luttercontre <strong>les</strong> inégalités et assurer la réalisation desOMD, l’adaptation au changement climatique etla préservation des biens publics mondiaux. Ils’agirait, dans une première étape, d’appliquerune taxe sur <strong>les</strong> transactions interbancairesd’échange qui inclurait <strong>les</strong> devises européennes(euro et livre sterling) partout dans le monde.Aujourd’hui, la viabilité technique d’une telle taxeest parfaitement démontrée. À court terme, unimpôt européen est politiquement plus viable que<strong>les</strong> taxes mondia<strong>les</strong> sur toutes <strong>les</strong> transactionsfinancières ; ces dernières pourraient être abordéesdans une seconde étape. Il conviendrait deproposer l’assignation thématique et institutionnelle<strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it de cette taxe à l’ONU, car cetteorganisation est la seule qui a une légitimité suffisantepour décider <strong>du</strong> financement des nécessitésinternationa<strong>les</strong> prioritaires.• Annuler toutes <strong>les</strong> dettes illégitimes. Les pays <strong>du</strong>Sud doivent pouvoir investir pour promouvoir ledéveloppement social et économique de leurshabitants. Malheureusement, un grand nombrede pays pauvres sont toujours très endettés.Dans certains cas, <strong>les</strong> prêts ont été accordés il ya longtemps sans une véritable responsabilité de•la part des créanciers et avec peu ou pas d’impactpositif réel sur ceux qui étaient censés en être <strong>les</strong>bénéficiaires. Ces dettes sont illégitimes. Danscertains cas, parce que l’emprunt a été contractépar un régime despotique qui a volé l’argent pouraugmenter ses capacités militaires ou pour opprimerla population (ce que l’on appelle la « detteodieuse »). Dans d’autres, parce que l’emprunta été contracté pour réaliser des projets de développementtrès mal conçus ou contaminés parla corruption qui ont échoué ou qui n’ont jamaisvu le jour. Il est essentiel de procéder à une réformeen profondeur des règ<strong>les</strong> <strong>du</strong> <strong>jeu</strong> afin d’éviterdes crises récurrentes provoquées par unedette insoutenable et illégitime. Nous pensonsqu’aujourd’hui plus que jamais il est nécessaired’établir un nouveau cadre de dette dans lequel<strong>les</strong> créanciers et <strong>les</strong> débiteurs arrivent à un accordcommun qui mette l’accent sur la responsabilitémutuelle des deux parties. Ceci implique lerespect des principes de transparence et de responsabilité.En cas de problèmes, <strong>les</strong> différendsdevraient être réglés par le biais de procé<strong>du</strong>resjustes et transparentes, fondées sur le partage desresponsabilités entre créanciers et débiteurs. Parailleurs, de nombreuses banques <strong>du</strong> Nord sontdes véritab<strong>les</strong> paradis pour <strong>les</strong> fonds volés par desdictateurs corrompus. Cette richesse illégitimeet <strong>les</strong> biens qu’elle a permis d’acquérir doiventretourner dans le pays d’où ils proviennent.Renforcer la transparence des entreprises enmatière fiscale, sociale et environnementale.L’accomplissement des OMD, et principalementde l’objectif numéro 8, exige une plus grandetransparence de la part des entreprises, notammentdes compagnies multinationa<strong>les</strong>. Celaprésuppose aussi que <strong>les</strong> États soient dotés dedispositifs d’échange d’informations fisca<strong>les</strong> plussystématiques et plus efficaces. Dans ce sens, laFrance et l’Union européenne devraient promouvoirun cadre juridique approprié pour forcer <strong>les</strong>entreprises à rendre compte de l’impact que leursactivités exercent sur le développement. Cela devraitinclure un rapport complet de la répercussionsociale et environnementale dans chaquepays dans lequel ces compagnies exercent leursactivités conformément aux normes internationa<strong>les</strong>de l’IASB (International Accounting StandardsBoard) et à la directive européenne sur l’obligationde transparence. Ce cadre devrait également faciliterl’échange automatique d’informations fisca<strong>les</strong>aux niveaux européen et international. Dansune première phase, <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus pauvresne seraient pas directement touchés par de tel<strong>les</strong>mesures étant donné que leur application seraitprogressive, d’abord en Europe et plus tard dans<strong>les</strong> pays de l’OCDE, en contribuant ainsi à l’APDfournie par ces pays. Les ressources obtenuespar ce biais pourraient renforcer <strong>les</strong> capacités desadministrations fisca<strong>les</strong> des pays <strong>du</strong> Sud. Ainsi,ces pays pourraient améliorer le recouvrementd’impôts et la lutte contre la fraude et l’évasionfiscale qui actuellement sont en train de minerleurs économies.Garantir la participation de tous audéveloppementLa crise offre une occasion unique de repenser <strong>les</strong> politiqueset <strong>les</strong> stratégies pour la croissance et le développementétant donné qu’elle assigne aux personnes–àcommencer par <strong>les</strong> secteurs <strong>les</strong> plus pauvres–un rôlecentral dans le processus de développement.Les OMD ne peuvent être atteints que s’ils se recentrentsur <strong>les</strong> besoins <strong>les</strong> plus urgents des personneset, en particulier, des secteurs <strong>les</strong> plus pauvres, en établissantune véritable égalité entre <strong>les</strong> hommes et <strong>les</strong>femmes et en respectant le principe fondamental quisoutient que le bien-être et l’amélioration de la qualitéde vie sont des valeurs interdépendantes.Les citoyens et la société civile, ainsi que <strong>les</strong> collectivitésloca<strong>les</strong>, <strong>les</strong> parlements et <strong>les</strong> entreprises, ontun rôle vital à jouer dans ce changement de perspectivequi consiste à construire une nouvelle solidarité fondéesur le niveau local et impliquant non seulement chaquepays mais la relation entre <strong>les</strong> différentes nations. Pource faire, nous proposons :• Incorporer systématiquement la société civile et<strong>les</strong> populations vivant dans la pauvreté à l’élaborationdes politiques publiques. Nous demandonsau Gouvernement français que <strong>les</strong> politiques publiques,loca<strong>les</strong> et nationa<strong>les</strong>, élaborées dans laperspective de la réalisation des OMD, incorporentsystématiquement <strong>les</strong> sociétés civi<strong>les</strong> danstoute leur diversité. En particulier, ces politiquesdoivent assurer la participation des organisationsreprésentant <strong>les</strong> personnes vivant dans la pauvretéet l’exclusion sociale.• Promouvoir la participation des gouvernementslocaux dans la mise en œuvre d’un partenariatmondial. Les administrations régiona<strong>les</strong> réuniesau Sommet mondial de Cités et Gouvernementslocaux unis, tenu à Canton en novembre 2009,se sont engagées à l’unanimité à promouvoirl’accomplissement <strong>du</strong> 9 e OMD par <strong>les</strong> gouvernementslocaux. Ces gouvernements régionauxet leurs représentants devraient participer àl’élaboration de politiques publiques pertinentes.Sur la scène internationale, il faut que la Francereconnaisse que <strong>les</strong> gouvernements régionauxont un rôle important à jouer en tant qu’acteurs<strong>du</strong> développement et qu’elle encourage des actionsdécentralisées et des investissements géréslocalement.• Promouvoir le contrôle des engagements desgouvernements par le parlement. Comme principegénéral, un parlement devrait recevoir uneinformation complète et des données solidespermettant à ses membres d’évaluer et de surveiller<strong>les</strong> engagements de son gouvernementpour atteindre <strong>les</strong> OMD. La France, en particulier,devrait veiller à ce que son Parlement surveille <strong>les</strong>politiques de coopération pour le développementcomme un moyen de garantir qu’el<strong>les</strong> soient compatib<strong>les</strong>avec <strong>les</strong> objectifs de développement etavec la lutte contre la pauvreté. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 107 France


Ghana10010010095Les ODM demeurent inaccessib<strong>les</strong>0 11005683Depuis trente ans, le Ghana dépend de l’aide étrangère et des institutions financières internationa<strong>les</strong> ce qui999746100 100 70 a con<strong>du</strong>it le 100 pays au chômage 100 généralisé, à d’énormes 100 déficits de la balance 100 des paiements et à une 100 faiblepro<strong>du</strong>ction in<strong>du</strong>strielle et agricole. La Constitution de 1992 ainsi que d’autres instruments nationaux,régionaux et internationaux offrent un cadre légal et des politiques spécifiques pour améliorer le bienêtreet Republic la protection = 46 de femmes et des enfants. Cependant, le faible investissement de l’État en é<strong>du</strong>cation,epublic = 65 BCI of Chile = 98IEG of Chile = 62IEG of Central Africansanté, ressources aquatiques et développement rural montre la faible priorité de ces objectifs.100 9643100Coalition <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>-GhanaL’économie <strong>du</strong> Ghana dépend 100 totalement de l’aide de la Banquemondiale, <strong>du</strong> FMI et d’autres donateurs. La majorité decette aide est liée aux projets choisis par 73<strong>les</strong> donateurs, ce quiréaffirme la dépendance et empêche le pays d’investir dans<strong>les</strong> secteurs <strong>les</strong> plus critiques qui pourraient améliorer la vieIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 77 IEG = 58Enfants atteignant81la cinquième annéed’écoleAutonomisationde ses citoyens.0La Stratégie pour la croissance et la ré<strong>du</strong>ction de la00 11100 pauvreté (sigle en anglais, GPRS II), le principal outil de développement,établissait <strong>les</strong> objectifs et <strong>les</strong> stratégies macroéco-92839479100 100 68100100 57100100 100nomiques pour la période 2006-2009 1 . Son objectif primaireétait de faire parvenir le Ghana au statut de pays à revenuAccouchements assurés par <strong>du</strong>personnel médical spécialiséSurvivance jusqu’àl’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationmoyen pour 2015. Cependant, une étude de l’UNICEF 2 a démontréque <strong>les</strong> mesures de protection sociale, tel<strong>les</strong> que lePlan national d’assurances pour la santé (sigle en anglais,NHIS), l’Impôt de subvention pour l’é<strong>du</strong>cation ainsi que leprogramme de transferts monétaire appelé Autonomisationdes moyens de subsistance contre la pauvreté (sigle en anglais,LEAP) n’améliorent pas 100 la possibilité des femmes etdes enfants d’accéder aux services sanitaires et à l’é<strong>du</strong>cation.Le Ghana occupe la 152ème position de l’indice de développementhumain (IDH) de 2009, avec 0,5 point, une réalité quirend difficile la réalisation des OMD pour 2015.29Recettes et déficit budgétaire 0Selon <strong>les</strong> accords <strong>du</strong> GPRS I et II, la réussite des OMD constitueune des principa<strong>les</strong> stratégies 50 <strong>du</strong> Ghana pour essayer de97100 100se convertir en un pays à revenus moyens. Cela implique lamobilisation efficace des ressources (revenus de l’État, financementdes donateurs et investissements privés). Bien queIEG of Malta = 58des fonds de l’initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE)et <strong>du</strong> Compte en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> Millénaire (sigle en anglais, MCA) aientété octroyés à des programmes de protection sociale, le Gouvernementn’a pas mobilisé de manière efficace <strong>les</strong> ressourceset l’éternel déficit budgétaire persiste : 15 % <strong>du</strong> PIB en 2008,9,4 % en 2009 et l’on prévoit une ré<strong>du</strong>ction à 6,0 % en 2010 3 .100Le rapport sur le Budget 2010 signale que « le total des revenuset des subventions a atteint GHS 7,2 milliards (USD 5,1milliards) rien que pour l’exercice 2009, ce qui signifie une439,3 milliards en 2012, bien que ses estimations soient généralementtrès optimistes. L’augmentation proviendra des subventionshabituel<strong>les</strong> des donateurs et des revenus <strong>du</strong> pétroleet <strong>du</strong> gaz, avec une légère augmentation entre 2011 y 2012. Lerapport budgétaire pour 2010 stipulait la restructuration progressive<strong>du</strong> régime des impôts, fondamentale pour <strong>les</strong> pluspauvres qui sont <strong>les</strong> plus touchés par <strong>les</strong> impôts indirects.L’Investissement étranger direct (IDE) est devenu une sourceimportante de capital étranger privée et a contribué à développer<strong>les</strong> ressources humaines. Les flux nets ont augmentéde USD 970 millions en 2007 à USD 2,1 milliards en 2008 5 .9999Durant le troisième trimestre 2009 il a augmenté de 262 % par100 100 100rapport au trimestre précédent, ce qui pourrait créer quelque12 000 postes de travail 6 . L’IDE a envahi tous <strong>les</strong> secteurs : <strong>les</strong>ecteur minier, la construction et depuis quelques années,l’agriculture sont <strong>les</strong> secteurs qui ont reçu <strong>les</strong> montant <strong>les</strong>plus importants. L’IDE a créé des emplois, mais son approchecommerciale, ses exonérations d’impôts trop généreuses,ses clauses de stabilité et sa dégradation de l’environnementdiminuent <strong>les</strong> bénéfices, particulièrement des plus vulnérab<strong>les</strong>économiquement. Jusque récemment, <strong>les</strong> compagniesminières payaient un taux de 3 % au titre de droits, taux trèsinférieur à celui de 10 % pratiqué au niveau international. Lesclauses de stabilité ne permettent pas la rentabilité équitableIEG of Germany = 78chute de 3,5 % parBCIrapportof Ghanaau budget= 77prévu initialement »,une insuffisance attribuée à la chute de 2,8 % des revenusinternes et de 6,5 % de dépenses en subventions. Le budget2010 prévoit des revenus de USD 6,8 milliards, avec une inflationannuelle de 10,5 %. Ces projections ne se réaliserontprobablement pas et le Gouvernement 100 continuera à dépendredes prêts <strong>du</strong> FMI habituellement accompagnés 96 de « clauses dedépenses restreintes » pour <strong>les</strong> programmes sociaux.En général, Le Financement pour le Développement(FpD) n’arrive pas à répondre aux objectifs fixés en raisondes faib<strong>les</strong> montants des fonds ou <strong>du</strong> mauvais usage que0l’on en fait, dans un contexte macroéconomique instable.IEG of Ghana = 58100L’investissement étranger direct380La croissance <strong>du</strong> PIB et l’inflation ont fluctué, notamment en93982008-09. Le potentiel des dépenses publiques pour stimuler la44100 100croissance économique par la création d’emplois et l’améliorationdes niveaux de vie ne peut pas être surestimée. Le Ghanaa dépassé son objectif de croissance <strong>du</strong> PIB per capita de USD624,36 pour 2008 BCI et a réussi of Mexico à atteindre = 96 USD 712,25 4 . Cependant,IEG of Mexico = 61l’inflation est passé de 14,8 % en 2005 à 18,1 % en 2008,pourcentage très supérieur au 10 % prévu pour 2008.L’instabilité économique entrave la consolidation desavancées <strong>du</strong> développement économique et <strong>les</strong> pauvres,comme d’habitude, sont <strong>les</strong> plus affectés par l’augmentation100des coûts de la vie. Le Gouvernement, qui allouait des ressources100à la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté, est allé vers unepoliti-72que de restriction des dépenses dans plusieurs programmessociaux. La croissance <strong>du</strong> PIB est passée de 7,3 % en 2008 des ressources exploitées. Il est fondamental d’établir des prix1 Commission nationale pour la planification <strong>du</strong> développement, à 4,7 % en 2009. Les projections pour 2010 prévoient une justes pour le capital naturel et environnemental.27Implementation of the Growth and 0 Poverty Re<strong>du</strong>ction Strategydécroissance de l’inflation jusqu’à 0 l’intersection de la tendancede croissance <strong>du</strong> PIB en 2011, ce qui offrira une stabilité analyses comparatives de la période 1960-1990 indiquentLes investisseurs sont <strong>les</strong> 0 plus avantagés par l’IDE. Les2006-2009; Annual Progress Report 2008 (La mise en œuvrede la Stratégie de croissance et ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté 2006-100822009 ; rapport de la progression annuelle 2008).macroéconomique et aidera à consolider <strong>les</strong> réalisations 89 en que <strong>les</strong> taux de croissance au sein des pays à faib<strong>les</strong> ressourcesont été de deux à trois fois plus importantes 76 100100 100 71100100 52100100 612 <strong>Social</strong> protection to tackle child poverty in Ghana, (La matière de croissance économique.que dans <strong>les</strong>protection sociale pour lutter contre la pauvreté des enfants Le Gouvernement prévoit la croissance soutenue deau Ghana), Document informatif, UNICEF, février 2009. ses revenus, passant de USD 5,28 milliards en 2009 à USD3 Ministère de l’Économie IEG of et de Slovenia la planification, = 65BudgetBCI of Senegal = 715 Ibid. IEG of Senegal = 55Statement and Economic Policy of the Republic of Ghana,Fiscal Year 2010 (Communiqué sur le Budget et la politiqueéconomique de la République <strong>du</strong> Ghana, Année fiscale 2010).4 Commission nationale pour la planification <strong>du</strong> développement,GPRS II (2006 – 09 ( Stratégie de croissance et de ré<strong>du</strong>ction dela pauvreté – GPRS II, 2006-09).6 Centre pour la promotion de l’investissement au Ghana, ThirdQuarter 2009 Investment Report (Rapport sur l’investissement<strong>du</strong>rant le troisième trimestre 2009 ), décembre 2009.100Rapports nationaux 108 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010093


pays ayant des ressources en abondance 7 . Près de la moitiédes 48 pays analysés sont situés dans le tiers inférieur del’IDH de 2002. Le pétrole a représenté plus de 30 % de leursexportations entre 1965 et 1995 8 .Les campagnes de mobilisation de la société civile ghanéennese centrent sur l’adoption de l’Initiative pour la transparencedes in<strong>du</strong>stries de l’extraction (sigle en anglais, EITI),surtout pour le pétrole et le gaz, et la Loi sur le droit à l’accèsà l’information (DAI). Ces deux propositions pourraient améliorerle contrôle <strong>du</strong> financement pour le développement etveiller sur <strong>les</strong> pratiques commercia<strong>les</strong> adéquates et le respectdes droits économiques, sociaux et culturels.L’investissement dans le secteur de la santéLa santé a été principalement financée par des fonds publics,par <strong>les</strong> cotisations des usagers, <strong>les</strong> fonds des donateurs et lePlan national de l’assurance santé (sigle en anglais, NHIS). En2008, le rapport sur la santé a causé une sérieuse préoccupationcar <strong>les</strong> dépenses ont atteint un peu moins que l’objectifde 15 % de la dépense <strong>du</strong> Gouvernement convenu lors <strong>du</strong>Sommet Africain sur le VIH en 2001 9 .Le pays n’a que 1.439 établissements de soins de santéet 1.500 médecins, pour une population de 22 millions d’habitants.La mortalité maternelle continue à augmenter. Les indicateursde santé repro<strong>du</strong>ctive se sont légèrement améliorésou ont empiré <strong>du</strong>rant <strong>les</strong> 20 dernières années. Seulement 35 %des accouchements sont assistés par <strong>du</strong> personnel spécialisé; 65 % des femmes accouchent chez el<strong>les</strong> ou cherchentune aide traditionnelle. La mortalité infantile a diminué trèslégèrement de 64/1 000 nés vivants en 2003 à 50/1 000 nésvivants en 2008 10 alors que la mortalité maternelle a augmentéde 214/100 000 nés vivants en 2003 à 580/100 000 en 2008 11 .Les accouchements en zones urbaines se pro<strong>du</strong>isent à 84 %dans des établissements médicaux alors que c’est le cas pourseulement 43 % dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>. Dans <strong>les</strong> régions <strong>du</strong>nord, le taux de mortalité des femmes enceintes est de 700pour 100 000 enfants nés vivants. Il est donc chimérique deprétendre que le Ghana puisse réaliser l’OMD 5. Parallèlement,la mortalité infantile se maintient élevée : 120 morts pour 1000naissances 12 . D’un autre côté, l’utilisation de méthodes contraceptivesmodernes est en train de décroître : de 19 % en 2003 à17 % en 2008 13 , ce qui pourrait pro<strong>du</strong>ire une augmentation desnaissances non désirées et des avortements dans de mauvaisesconditions, surtout parmi <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes femmes.Bien que le financement <strong>du</strong> secteur de la santé ait augmentéde façon gra<strong>du</strong>elle à travers <strong>les</strong> années, le pourcentageattribué à la délivrance réelle de soin continue à être faible.Environ 90 % est alloué aux salaires et depuis 2006 le montantattribué aux immobilisations a diminué.Le financement de l’é<strong>du</strong>cationEn 2009, le Gouvernement a révisé le Plan stratégique pourl’é<strong>du</strong>cation 2003-2015 (sigle en anglais, ESP) en réponse à7 Ministère de l’Économie et de la planification, Oil and Gas RevenueManagement International Experience: A Source Book In View ofthe Broad National Consultation. GEITI, 2008.8 PNUD, Rapport sur le Développement Humain <strong>du</strong> Ghana, 2002.9 Voir : .10 Enquête démographique et de la santé au Ghana (sigle enanglais, GDHS), 2008.11 Enquête sur la santé maternelle 2007, op. cit.12 “With six more years to 2015, will MDGs be a dream orreality?”, Public Agenda, 18 décembre 2009.13 GDHS 2003/2008.de nouvel<strong>les</strong> opportunités et de nouveaux en<strong>jeu</strong>x, ainsi qu’àdes accords nationaux, régionaux et mondiaux – y comprisla Loi sur l’É<strong>du</strong>cation 2008 (Loi 778), É<strong>du</strong>cation pour tous(EPT), <strong>les</strong> Évaluations annuel<strong>les</strong> <strong>du</strong> rendement <strong>du</strong> secteuré<strong>du</strong>catif (sigle en anglais, ESAPR) et <strong>les</strong> OMD. Les principesque régissent le nouveau ESP (2010-2020) incluent l’éliminationdes disparités, cel<strong>les</strong> de genre entre autres, et un systèmeé<strong>du</strong>catif plus efficient 14 .Des progrès ont été réalisés : en 2007/2008, le Taux brutde scolarisation (TBS) dans l’enseignement primaire a atteint95,2 %, le taux d’achèvement <strong>du</strong> cycle primaire a atteint 88 %et la parité de genre a été de 0,96. Le Gouvernement considèreque pour 2015 tous <strong>les</strong> objectifs de l’ESP seront atteints, malgréle fait que ces dernières années <strong>les</strong> progrès aient ralenti.Par exemple, en dépit d’une augmentation de 8 % <strong>du</strong> TBSdans l’enseignement primaire entre 2004 et 2008, parvenirà atteindre pour 2012 la Scolarisation primaire universelle(SPU), l’objectif de l’ESP, implique une amélioration annuellede 3 %, ce qui ne s’est pas pro<strong>du</strong>it.Les progrès en ce qui concerne <strong>les</strong> objectifs pour <strong>les</strong>fil<strong>les</strong> ont été particulièrement lents. La parité de genre s’aggraveau fur et à mesure que le niveau augmente. Seulement32 % des fil<strong>les</strong> sont scolarisées dans l’enseignement secondaire15 . En 2008, 80 % des garçons ont achevé le cycleprimaire contre seulement 76 % de fil<strong>les</strong>. Les facteurs quidéterminent <strong>les</strong> taux élevés d’abandons chez <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> sontdivers, entre autres, le manque d’installations sanitaires appropriéesdans 52 % des éco<strong>les</strong> primaires 16 .Les dépenses en é<strong>du</strong>cation sont passées de 4,7 % <strong>du</strong>PIB en 2002 à 10,6 % en 2006. Cependant, el<strong>les</strong> sont redescen<strong>du</strong>esà 8,4 % en 2009. Plus de 92 % <strong>du</strong> budget est attribuéau paiement des salaires, entraînant une grande perte definancement pour d’autres secteurs tels que l’infrastructure,le matériel didactique et d’apprentissage, la formation pourl’emploi et <strong>les</strong> installations et <strong>les</strong> programmes spécifiquespour <strong>les</strong> groupes négligés (<strong>les</strong> fil<strong>les</strong> pour la plupart). On estimeque cet écart s’élève à plus de USD 500 millions 17 .La réponse <strong>du</strong> Gouvernement à la crise économiquemondiale se base sur la ré<strong>du</strong>ction des dépenses. L’ESPsouhaite promouvoir l’efficience dans le système é<strong>du</strong>catif àtravers la suppression de la « culture de la subvention ». Cesstratégies de ré<strong>du</strong>ction des coûts imposeront une chargesupplémentaire à la population, surtout la plus pauvre.Le changement climatiqueTout comme <strong>les</strong> autres pays d’Afrique subsaharienne, leGhana a souffert une croissante instabilité climatique, avecdes inondations et des sécheresses continues, ainsi que l’augmentationdes températures et la concomitante ré<strong>du</strong>ction despluies dans <strong>les</strong> zones agroécologiques. L’augmentation <strong>du</strong>niveau de la mer a érodé la côte de trois mètres par an, surtoutdans la zone de Keta. Le changement climatique menace leprogrès <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, <strong>les</strong> moyens de vie etla ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté, tenant compte de l’importanceéconomique de l’agriculture.14 Plan Stratégique pour l’É<strong>du</strong>cation 2010-20 – Vol. 1, PoliciesTargets and Strategies.15 Overcoming Inequalities: why governance matters, (Éliminer<strong>les</strong> inégalités : l’importance de la gouvernance), EFA GlobalMonitoring Report, 2009.16 Coalition de la Campagne en faveur de l’É<strong>du</strong>cation nationale<strong>du</strong> Ghana (sigle en anglais, GNECC), The impact of ruralurban divide on quality basic e<strong>du</strong>cation in Ghana, 2009.17 GNECC, Ghana E<strong>du</strong>cation Financing Brief, (Dossier sur lefinancement de l’É<strong>du</strong>cation au Ghana), Octobre 2009.L’agriculture est le secteur qui contribue le plus au PIB(35,7 %) et qui emploie près de 60 % de la main d’œuvre.Près de 52 % des travailleurs agrico<strong>les</strong> sont des femmes,qui pro<strong>du</strong>isent environ 87 % des cultures vivrières. El<strong>les</strong> setrouvent parmi <strong>les</strong> groupes <strong>les</strong> plus pauvres et vulnérab<strong>les</strong>, àcause de leur faible taux d’alphabétisation et des restrictions àl’accès et au contrôle des ressources pro<strong>du</strong>ctives. El<strong>les</strong> sonthautement dépendantes de l’écosystème qui leur fournit <strong>les</strong>aliments, l’énergie, l’eau et <strong>les</strong> médicaments.Depuis 2007, certaines organisations de la société civile(GrassRootsAfrica, CARE, ActionAid Ghana, Abantu for Development,FoodSpan Network, SEND Ghana) ont aidé <strong>les</strong> femmesen zones rura<strong>les</strong> et <strong>les</strong> agriculteurs à travers des projets visant àintégrer <strong>les</strong> stratégies traditionnel<strong>les</strong> et <strong>les</strong> connaissances sur lechangement climatique aux plans locaux de développement 18 .RecommandationsDans le but d’accélérer <strong>les</strong> progrès pour atteindre <strong>les</strong> OMD, leGouvernement devra :• Se focaliser sur le renforcement de l’économie locale enmettant l’accent sur <strong>les</strong> investissements dans le secteursocial pour promouvoir le respect des droits des femmeset des enfants.• Obtenir une proportion plus élevée de ses revenus demanière interne, mais éviter <strong>les</strong> impôts retombant sur<strong>les</strong> personnes à faible revenu ; attribuer un pourcentagedes revenus <strong>du</strong> pétrole à l’é<strong>du</strong>cation.• Offrir à l’unité pour l’é<strong>du</strong>cation des fil<strong>les</strong> <strong>les</strong> ressourceshumaines et financières nécessaires pour réaliser descampagnes efficaces et élaborer des stratégies intégra<strong>les</strong>et localisées pour améliorer la rétention, <strong>les</strong> progrèset l’achèvement des études des fil<strong>les</strong>.• Élaborer des indicateurs de changement climatique quiprennent en compte <strong>les</strong> disparités de genre dans <strong>les</strong>secteurs <strong>du</strong> travail formel et informel, l’apport de soins,la propriété de la terre et l’utilisation de l’énergie.• Intégrer le changement climatique à la planification pourle développement, en tenant compte des impacts différenciésselon le genre.• Combiner l’adaptation nationale ainsi que <strong>les</strong> mesuresde réponses aux moyens de vie et aux en<strong>jeu</strong>x tels que leVIH/SIDA, la dégradation de la terre, la déforestation etla perte de diversité biologique.Cependant, pour que ces actions soient efficaces, d’autreschangements doivent s’effectuer. En ce qui concerne le domaineinternational, il faut intégrer la perspective de genre à lanouvelle structure financière et économique basée sur l’équilibreentre le système pro<strong>du</strong>ctif et <strong>les</strong> activités sans but lucratifqui sauvegardent l’environnement. De la même manière, laronde de négociation de l’OMC doit être plus transparente etdémocratique, en tenant compte des traitements spéciaux etdifférenciés, <strong>les</strong> moyens de vie des personnes, l’égalité dessexes et la <strong>du</strong>rabilité environnementale.Les organisations de la société civile doivent continuerà veiller sur la reddition de comptes par le Gouvernement ence qui concerne le respect des engagements et la transparencedans l’administration financière. De plus, ils doivent travaillerconjointement avec <strong>les</strong> gouvernements et partager <strong>les</strong>meilleures pratiques pour garantir l’obtention des objectifs. n18 Rudolf S. Kuuzegh, Ghana’s Experience at Integrating ClimateChange Adaptation into National Planning, (L’expérience <strong>du</strong>Ghana à intégrer l’adaptation au changement climatique dansla planification nationale), 12 novembre 2007.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 109 Ghana


100Guatemalan/dSécurité alimentaire : l’en<strong>jeu</strong> pour une aide efficacen/d0n/d74L’insécurité alimentaire est un fléau national qui demande des 99 mesures urgentes, coordonnées, effectives et <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>,3498100 100 et la société civile 100 doit pouvoir 100 participer à sa planification 100 et à son exécution. 100Déclarer l’État de calamité publique, 100tel que le Gouvernement l’a fait en septembre 2009, n’est pas suffisant. Il faut rompre le cycle de la faim commepremier pas pour ré<strong>du</strong>ire la pauvreté et atteindre le développement économique et social. Pour cela, <strong>les</strong> politiquesan = 0 BCI of Bahrain = 95 IEG of Bahrain = 46nationa<strong>les</strong>, le financement et l’aide internationale doivent être coordonnés, en priorisant <strong>les</strong> besoins urgents de lapopulation guatémaltèque. Si cela n’est pas pris en compte, <strong>les</strong> OMD resteront des objectifs inaccessib<strong>les</strong>.10009888 8810010006Coordinación de ONG y Cooperativas (CONGCOOP)Norayda A. Ponce SosaHelmer Velásquez100L’insécurité alimentaire et nutritionnelle 54 au Guatemalacontinue à entraîner des indices élevés deIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 8783 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 51Autonomisationmorbidité et de mortalité, une croissance et un développementinappropriés pendant l’enfance, des000difficultés d’apprentissage scolaire et une faible83 839996973794pro<strong>du</strong>ctivité chez <strong>les</strong> a<strong>du</strong>ltes. La population la plus100 100 74100100 100100 100100affectée est celle d’origine pauvre, rurale, analphabèteAccouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àet indigène.personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cation= 100Parmi <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> causes de cette insécuritéIEG of Canada = 74alimentaire nous pouvons citer d’un côté, des aspectssociaux, entre autres la pauvreté et l’extrêmequelques BCI deux of millions Guatemala vivent = en 87situation d’extrêmepauvreté) 3•IEG of Guatemala = 51Selon le Secrétariat de la sécurité alimentaire(SESAN), près de 145.000 famil<strong>les</strong> ont per<strong>du</strong>pauvreté, <strong>les</strong> mauvaises conditions de logement, lafaible scolarisation, des logements et des infrastructuressanitaires médiocres, la migration interne et• La diminution des envois de fonds, qui s’est accentuécette année, a fait augmenter le nombre depersonnes susceptib<strong>les</strong> de tomber sous le seuilleurs récoltes en 2009 à cause <strong>du</strong> manque depluies et ont besoin aujourd’hui d’aide alimentaire.externe. D’un autre côté, 100 des aspects économiques de pauvreté et d’extrême 100 pauvreté. Actuellement100Actions <strong>du</strong> Gouvernementtels que l’accès et la possession des terres, l’inéquité il existe 850.000 personnes 86 risquant de tomberde la répartition agricole, le chômage, la hausse desprix <strong>du</strong> panier de la ménagère, le manque de ceréa<strong>les</strong>sous le seuil de pauvreté et 733.500 courent lerisque de tomber dans l’extrême pauvreté.Le cabinet <strong>du</strong> Gouvernement conjointement avecle Conseil de cohésion sociale 6 , remplissent un rôlede base, la crise économique internationale. Etimportant dans la définition et l’exécution des pro-• Dans certaines régions <strong>du</strong> pays la malnutritionfinalement, des aspects environnementaux tels quegrammes et projets destinés à 21 garantir la Sécurité alimentaireet nutritionnelle à travers <strong>les</strong> fonds sociaux0atteint 75 %, un des indices <strong>les</strong> plus élevés aule changement climatique, la désertification 600et <strong>les</strong>monde.99 phénomènes <strong>du</strong> « Niño » et de la « Niña ». 98et <strong>les</strong> programmes d’assistance tels que : Bolsas36• Selon 83 le Programme alimentaire 96 mondial298483Solidarias (Bourses solidaires), Mi Familia Progresa100Quelques100chiffres100 (PAM), 100 le Guatemala occupe la première 100place100 100100(Ma famille progresse) et Mi Familia Pro<strong>du</strong>ce (Maen Amérique latine en malnutrition infantile (1 famille pro<strong>du</strong>it). Ces institutions ont élaboré le Planenfant sur 4 de moins de 5 ans) 4 . D’un autre= 92 IEG of Lebanon = 47 côté, bien BCI que of la malnutrition Morocco = chronique 88 infanti-opérationnel annuel intersectoriel de sécurité ali-IEG of Morocco = 459910098ème• Le Guatemala occupe la 122 place sur 182pays selon l’Indice de développement humain(IDH). Il est considéré comme un pays à revenumoyen avec une distribution inégale de la richesse1 . Près de 20 % de la population concentre60 % <strong>du</strong> revenu national.• Sur <strong>les</strong> 14 millions d’habitants, dont 50 % sontindigènes et 54 % ruraux 1002 , la moitié ( 7.140.000hab.) vit en situation de pauvreté (un peu plusde cinq millions de personnes sont pauvres etn/d1 Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD), Rapport National sur le Développement Humain2009. Superando barreras: Movilidad 0 y desarrollo humanos(Guatemala : PNUD, 2009) (Outrepassant <strong>les</strong> barrières :Mobilité et développementn/dhumains). Disponible n/dsur : .100 1002 Secrétariat général de la planification et de la programmationde la présidence (SEGEPLAN), Informe de Avances 2010.Objetivos de Desarrollo del Milenio (Guatemala, 2010)(Rapport sur <strong>les</strong> Progrès 2010. Objectifs <strong>du</strong> millénairepour le développement ) . Disponible sur : .le soit de 43 %, dans le « couloir sec », la régionorientale <strong>du</strong> pays la plus affectée par la sécheressede 2009, elle est passé de 1 % à 10 % chez<strong>les</strong> enfants et à 14 % chez <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes mères.• Entre 1994 et 2004, plus de 500.000 enfants100de moins de 5 ans sont 94morts de malnutrition(77 % aurait survécu s’il n’en avait passouffert) 5 .mentaire et nutritionnelle 2010. Le programme secompose de 5 objectifs stratégiques et possède unbudget de 2,2 milliards de GTQ (environ USD 272millions ). Il existe quelques instances participativestel<strong>les</strong> que la Table sectorielle SAN 7 et la Commissionnationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle 8 .100Le 11 septembre 2009, le Gouvernement <strong>du</strong> présidentÁlvaro Colom a présenté le Plan d’interventionpour garantir la SAN dans <strong>les</strong> régions prioritaires <strong>du</strong>3 Institut national de statistique, Encuesta Nacional de6 Coordonné par la Première Dame.00Condiciones de Vida 2006 (Enquête Nationale sur7 Constituée en septembre 2009, elle est intégrée par le<strong>les</strong> conditions de vie 2006). Disponible sur : .100 100100 67100100internationale, le SEGEPLAN, la Cohésion sociale, le4 Secrétariat de sécurité alimentaire et nutritionnelle (SESAN). ministère des Relations extérieures et la CommissionRapport présenté <strong>du</strong>rant la Conférence l’insécuriténationale de SAN.alimentaire et <strong>les</strong> dépenses socia<strong>les</strong> en Amérique latine8 Une partie de la structure <strong>du</strong> Système national de sécuritéet dans <strong>les</strong> Caraïbes : Contexte, BCI of conséquences Slovak Republic et en<strong>jeu</strong>x. = 98 IEG of Slovakia = 69alimentaire et nutritionnelle. Loi <strong>du</strong> Système national deGuatemala, novembre 2009.sécurité alimentaire et nutritionnelle, Décret 32.2005, <strong>du</strong>5 Ibid.Congrès de la République <strong>du</strong> Guatemala.1002342Rapports nationaux 110 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


couloir sec, dans <strong>les</strong> départements de El Progreso,Baja Verapaz, Zacapa, Chiquimula, Jutiapa, Jalapaet Santa Rosa, qui affectera USD 17,5 millions à lalivraison immédiate d’aliments, le développement deprojets pro<strong>du</strong>ctifs et la réalisation de journées médica<strong>les</strong>de révision et de suivi des groupes vulnérab<strong>les</strong>.Dans le département de Guatemala, 50.000 Sacssolidaires sont octroyés à autant de famille dans <strong>les</strong>zones urbaines margina<strong>les</strong>.Pour remplir <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Plan stratégique desécurité alimentaire et nutritionnelle (PESAN) <strong>du</strong>rant2009, la projection budgétaire a été de USD 269,2millions, y compris USD 2,82 millions destinés aurenforcement des capacités pour combattre l’insécuritéalimentaire 9 .L’aide internationale ne résout pas <strong>les</strong>problèmes structurelsLes programmes et projets envisagés dans le PESAN2009, ont été financés de la manière suivante :• Fonds exécutés par la SESAN : USD 1,62 million,provenant de la Banque interaméricaine dedéveloppement (BID), l’UNICEF et l’UE.• Fonds gérés et coordonnés par la SESAN :USD 32,48 millions, provenant de l’Agencepour le développement international, la FAO,l’UE, le PMA, la Banque mondiale, l’Organisationpanaméricaine de la santé et le systèmedes Nations Unies.En réponse à l’urgence provoquée par <strong>les</strong> phénomènes<strong>du</strong> Niño et de la Niña, quelques institutions financièresinternationa<strong>les</strong> ont destiné des ressourcespour investir dans l’agriculture, l’é<strong>du</strong>cation, la santé,l’amélioration de la situation de l’enfance et des femmesen âge de procréer, la sécurité alimentaire, lanutrition et la dotation d’aliments. Entres autres :• Le système des Nations Unies (USD 34,1 millions).• Le Fonds central d’intervention d’urgence del’ONU (USD 5 millions).• L’Organisation panaméricaine de la santé,l’Organisation mondiale de la santé et le Fondsdes Nations Unies pour la population (USD 5,7millions).• La FAO (USD 5,4 millions).• La UE (USD 31,4 millions).• Le PMA (200 tonnes d’aliments).• Le Fonds pour la réalisation des OMD, que leprogramme Alianzas (Alliances) a soutenu pouraméliorer la situation de l’enfance, la sécuritéalimentaire et la nutrition.Durant la période 1990-2008, un total net deUSD 5.064 millions d’Aide publique au développementa été reçu (APD), particulièrement pour <strong>les</strong>programmes de développement rural. Près de 85 %de cette aide provient de pays de l’Organisation pourla coopération et le développement économique9 Mora<strong>les</strong>, Zully. Élaboration personnelle selon <strong>les</strong> données<strong>du</strong> Plan stratégique de sécurité alimentaire et nutritionnelle2009-2012.(OCDE), <strong>les</strong> pays de l’UE en ont apporté 54 %, l’aidemultilatérale a représenté 15 % et 5 % a été octroyépar le système des Nations Unies.Bien que la coopération internationale ait contribuéà combattre certains problèmes sociaux, elle n’apas attaqué <strong>les</strong> problèmes structurels qui se manifestentfondamentalement dans l’inégalité de ladistribution de la richesse et <strong>du</strong> revenu. Ainsi, sonimpact a été très faible, particulièrement en ce quiconcerne la stratégie de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté,l’agenda de la paix et la réalisation des OMD.Cela empêche donc le combat effectif contre lafamine qui continue à constituer une violation systématiquedes droits humains dans le pays.La situation critique au Guatemala montrela nécessité de mettre en place des mécanismeseffectifs de dialogue intersectoriel permettant undébat critique avec une large participation et despropositions pour aborder le sujet de la Coopérationinternationale au développement. Le financement <strong>du</strong>développement continue à être unilatéral et prend encompte <strong>les</strong> intérêts des donateurs. Dans le cas de lacoopération bilatéral, celle-ci prend usuellement encompte <strong>les</strong> intérêts <strong>du</strong> Gouvernement au pouvoiret non pas <strong>les</strong> politiques d’État, laissant de côté <strong>les</strong>organisations de la société civile.Un autre problème concerne l’établissementdes calendriers pour l’octroi de l’aide car ils obéissentaux priorités des donateurs et non pas aux besoinsspécifiques de la population guatémaltèque.La nomination <strong>du</strong> Conseil de coopération internationale10 est le résultat de la Déclaration des réunionsde haut niveau célébrées en 2008 entre le Gouvernement<strong>du</strong> Guatemala et le Groupe de dialogue <strong>du</strong>G13 11 . Le Conseil a la responsabilité de développerun plan conjoint qui permette de coordonner <strong>les</strong> programmeset projets de coopération avec <strong>les</strong> plansnationaux, en accord avec la Déclaration de Paris 12et le Plan d’action d’Accra (2008), spécialement ence qui concerne le soutien budgétaire et l’approchesectorielle, avec un accent sur la santé, l’é<strong>du</strong>cationet la sécurité-justice. Jusqu’à présent, on ne connaitpas <strong>les</strong> progrès réalisés dans ce sens.L’OMD 1, qui se rapporte strictement à la sécuritéalimentaire, stipule l’éradication de l’extrêmepauvreté et de la famine. On estime que ré<strong>du</strong>ire demoitié le nombre de personnes qui vivent dans lapauvreté pour 2015 exige des mesures urgentes ettransformatrices qui permettent à la population <strong>du</strong>pays (et spécialement à la population indigène) de di-10 Le Conseil de coopération internationale est formé par leSecrétariat général de la planification et la programmationde la présidence (SEGEPLAN), le ministère des Financespubliques et le ministère des Relations extérieures.11 Intégré par <strong>les</strong> neuf pays qui destinent le plus de ressourcesau Guatemala (l’Allemagne, le Canada, l’Espagne, <strong>les</strong> États-Unis, l’Italie, la Norvège, le Japon, <strong>les</strong> Pays Bas et la Suède),avec la Banque interaméricaine de développement, la Banquemondiale, la Commission européenne, le FMI, le PNUD etl’OEA.12 La Déclaration de Paris encourage <strong>les</strong> principesd’Appropriation, d’Alignement, d’Harmonisation, de Gestionorientés vers des résultats et de responsabilité mutuelle pourobtenir une efficacité et un impact plus important de l’Aideau développement; le Plan d’action contient <strong>les</strong> actions àréaliser pour respecter ces principes.minuer le pourcentage d’extrême pauvreté s’élèvantà 29 %, que l’on retrouve dans 32 % de la populationrurale, spécialement à Alta Verapaz et El Quiché, où 8personnes sur 10 sont pauvres.A 5 ans de l’échéance <strong>du</strong> délai établi pour l’accomplissementdes OMD (2015), l’OMD 1 est trèsloin d’être atteint:• L’incidence de l’extrême pauvreté continue àrévéler des disparités importantes.• La malnutrition globale (chez <strong>les</strong> enfants demoins de 5 ans ayant un poids inférieur au poidsnormal pour leur âge) s’est ré<strong>du</strong>ite de 34 % à24 % entre 1987 et 1998 en termes globaux,mais il a augmenté dans le nord-est <strong>du</strong> pays de27 % à 28 % <strong>du</strong>rant la même période. En 1998,il atteignait dans le nord-est 33 % et dans larégion métropolitaine 19 %.• On observe, en termes généraux, un progrèsinégal dans l’avancée vers l’accomplissementdes 8 OMD, dû fondamentalement à l’inégalité,l’exclusion et la distribution inégale <strong>du</strong> revenu,qui limite la capacité de consommation de lagrande majorité de la population.Le gros en<strong>jeu</strong>Tant que la disponibilité d’aliments au niveau local etnational sera limitée, situation qui pourrait s’améliorerà travers le stockage dans des silos ou des caves,il sera très difficile pour la population en situation depauvreté ou d’extrême pauvreté d’avoir le contrô<strong>les</strong>ur <strong>les</strong> moyens de pro<strong>du</strong>ction et l’accès adéquat auxaliments disponib<strong>les</strong> sur le marché. Cela limitera saconsommation et sa possibilité pour profiter desservices minimums lui permettant de mener unevie digne.Le Gouvernement, <strong>les</strong> organisations de la sociétécivile et la coopération internationale n’ont pasété efficaces en ce qui concerne l’harmonisation desmesures pour garantir progressivement le droit àl’alimentation de la population la plus vulnérable.Les réponses <strong>du</strong> Gouvernement continuent à être àcourt-termistes, assistanciel<strong>les</strong> et cherchant davantagele sensationnalisme que l’effectivité, commedans le cas <strong>du</strong> décret d’État de calamité publique 13 .Bien que la moitié de la population soit indigène,le financement international a négligé <strong>les</strong> questionsethniques ou <strong>les</strong> autres différences d’ordre social,culturel ou économique, en partie par omission <strong>du</strong>Gouvernement lors de l’assignation de l’aide. Finalement,l’amélioration de l’effectivité de l’aide continueà constituer un en<strong>jeu</strong>. Il est impératif de se compromettredavantage avec <strong>les</strong> finalités socia<strong>les</strong> del’aide pour que celle-ci ne réponde pas uniquementaux intérêts économiques ou géopolitiques (qu’ilssoient <strong>du</strong> Gouvernement ou des donateurs) qui n’ontpas grand chose à voir avec le développement véritable.n13 Gouvernement <strong>du</strong> Guatemala. Décret Gouvernemental Nº10-2009 <strong>du</strong> 8 septembre 2009, prorogé par le Décret Nº 11-2009 <strong>du</strong> 7 octobre 2009. Disponible sur: .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 111 Guatemala


Hon<strong>du</strong>rasLoin des OMD mais bien près d’un fort mouvement populaireLe pays devra faire face non seulement au recul que suppose en toute chose un coup d’État, notamment enmatière de violations des droits humains, mais il devra aussi affronter la répression exercée sur <strong>les</strong> femmespar <strong>les</strong> forces <strong>du</strong> Gouvernement de facto. Même si <strong>les</strong> réactions <strong>du</strong> mouvement populaire n’ont pas tardé à semanifester et qu’un Front national contre le coup d’État se soit constitué, il n’existe pas de volonté politiqued’atteindre le but proposé par <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD). Étant donné cescirconstances, le pays a besoin d’un remaniement complet et non d’une simple action de réformisme.Centro de Estudios de la Mujer Hon<strong>du</strong>rasSuyapa MartínezAna FerreraSuite au coup d’État <strong>du</strong> 28 juin 2009 – perpétré parl’oligarchie hon<strong>du</strong>rienne avec l’appui des secteurs del’extrême droite la plus radicale d’Amérique latine et desÉtats-Unis d’Amérique, qui a renversé par <strong>les</strong> armes leprésident constitutionnel de la République légitimementélu, Manuel Zelaya Rosa<strong>les</strong> –, <strong>les</strong> Hon<strong>du</strong>riens et Hon<strong>du</strong>riennespoursuivent leur résistance dans <strong>les</strong> rues. Zelayaavait entrepris d’encourager une série de mesures auxquel<strong>les</strong><strong>les</strong> entreprises privées se résistaient vivement,tel<strong>les</strong> que l’augmentation <strong>du</strong> salaire minimum, qui estpassé de 176 USD à 285 USD 1 , et la signature d’adhésionà l’Alternative Bolivarienne pour <strong>les</strong> Amériques(ALBA), qui avaient éveillé de grandes expectatives dans<strong>les</strong> secteurs populaires principalement, car elle prévoyaitl’assistance médicale, une aide é<strong>du</strong>cative, des dons demachines agrico<strong>les</strong> et de matériel.L’adoption de l’initiative Petrocaribe est une desmesures mises en œuvre par le gouvernement de Zelaya.Elle a permis l’achat de pétrole financé à long termeà des taux d’intérêt très bas. L’épargne obtenue grâce àcette initiative a permis d’ouvrir un fonds de fi<strong>du</strong>cie destinéà financer des projets de développement social. Ceslignes d’actions ont rapproché chaque fois plus Zelayades secteurs populaires <strong>du</strong> pays, et l’alliance entre eux sescella lorsqu’il fut décidé de convoquer une consultationpopulaire appelée la “quatrième urne”.Dans le cadre de ce rapprochement, le présidentdécida de proposer une réforme de la Constitution, carcertains de ses artic<strong>les</strong> dénommés “artículos pétreos”ne permettent pas aux citoyens de participer de façon effectiveaux prises de décisions ni à l’adoption de solutionpour <strong>les</strong> problèmes locaux et nationaux. Il se réunit pourcela avec <strong>les</strong> différents secteurs et même avec <strong>les</strong> partispolitiques. De ces sondages surgit l’idée de créer uneAssemblée nationale constituante et de placer une “quatrièmeurne” lors des élections <strong>du</strong> 29 novembre pour demanderau peuple hon<strong>du</strong>rien s’il désirait la convocationd’une Assemblée nationale constituante pour rédigerune nouvelle Constitution 2 . La consultation populaire se1 “Gobierno decreta salario mínimo en 5,500 lempiras” (“LeGouvernement fixe le salaire minimum à 5.500 lempiras”),La Prensa.hn. Voir sur : .2 Golpe de Estado en Hon<strong>du</strong>ras, Un Análisis Jurídico (Coupd’État au Hon<strong>du</strong>ras, Une analyse juridique), EdmundoOrellana, Professeur d’Université, 27 septembre 2009Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 8488 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 69097100 67100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ansBCI of Hon<strong>du</strong>ras = 84transforma en un sondage d’opinion qui devait avoir lieule 28 de juin, jour où le coup d’État eut lieu.Les réactions <strong>du</strong> mouvement populaire ne se firentpas attendre. Le jour même <strong>du</strong> coup d’État, le peupledescendait dans la rue et des manifestations furent menéesen permanence pendant plus de 200 jours. Le Frontnational contre le coup d’État a été créé, on le connaîtaujourd’hui sous le nom de Front national de résistancepopulaire (FNRP).En novembre 2009, à l’issue des élections trèscontroversées qui se sont déroulées au milieu de violationsconstantes des droits humains et avec un niveaude militarisation élevé – comme en Iraq –, le candidat<strong>du</strong> Parti national, Porfirio Lobo Sosa, a été élu. Il a été,de même que <strong>les</strong> dirigeants <strong>du</strong> Parti Libéral, un acteurintellectuel et matériel <strong>du</strong> putsch.La gestion <strong>du</strong> gouvernement <strong>du</strong> président Lobos’est caractérisée par la recherche de la reconnaissanceinternationale, sans parvenir cependant à s’incorporerdans <strong>les</strong> institutions régiona<strong>les</strong> stratégiques tel<strong>les</strong> quele SICA et l’OEA. Si dans le discours <strong>du</strong> président prônele désir de réconciliation et de dialogue, <strong>les</strong> faits démontrentle contraire : il fait adopter sans consultationpréalable la Loi de Vision de pays et le Plan de la nation,l’intégration de la Commission de la vérité de façon unilatéraleet il ne reconnaît pas la légitimité <strong>du</strong> FNRP.Face à cette situation, la Commission interaméricainedes droits humains (CIDH) a manifesté sa préoccupationquant au fait que le haut commandement de l’arméeou des ex-membres contre <strong>les</strong>quels des plaintes ont étédéposées pour avoir participé au coup d’État, occupentaujourd’hui la direction d’institutions publiques dansle gouvernement de Porfirio Lobo. Ainsi, le général dedivision Venancio Cervantes – qui était sous-chef d’ÉtatMajor général des Armées au moment <strong>du</strong> putsch – estaujourd’hui directeur général <strong>du</strong> Bureau des migrationset des affaires étrangères ; le général de brigade Manuel100Autonomisation54100 10099Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationIEG of Hon<strong>du</strong>ras = 69Enrique Cáceres est directeur de l’Aéronautique civile ;l’ex-général Nelson Wily Mejía est à la tête de la Directionde la Marine marchande et l’ex-général Romeo VásquezVelásquez – comandant en chef des Forces armées aumoment <strong>du</strong> coup d’État – est directeur général de l’Entreprisehon<strong>du</strong>rienne des Télécommunications 3 . D’autresont conservé leur poste, tel est le cas <strong>du</strong> procureur dela République et des magistrats de la Cour suprême dejustice, qui ont participé matériellement et intellectuellementà la rupture de l’ordre constitutionnel <strong>du</strong> pays.Sept mois après le début <strong>du</strong> gouvernement deLobo Sosa, la polarisation politique nationale subsisteet des fronts de lutte populaire s’ouvrent dans différentssecteurs. Tel est le cas <strong>du</strong> secteur de l’enseignementprimaire – 80 % des enseignants sont des femmes –qui s’est vu obligé à défiler dans <strong>les</strong> rues pour éviter laprivatisation de l’Instituto de Previsión del Magisterio (lacaisse de prévoyance et de retraite des instituteurs), età protester pour que ne soit pas adoptée la loi généralerelative à l’é<strong>du</strong>cation qui prétend éliminer de l’école publique<strong>les</strong> classes maternel<strong>les</strong> et l’école primaire.Un autre front est celui qu’ont ouvert <strong>les</strong> organisationsde femmes appartenant au mouvement Feministasen Resistencia (surgi après le coup d’État), qui ont vuleurs progrès en matière de droits de la femme menacéslorsque, par exemple, l’administration putschiste a émisdes décrets interdisant <strong>les</strong> pilu<strong>les</strong> contraceptives d’urgenceet a ré<strong>du</strong>it le Plan d’égalité des chances et d’égalitéentre <strong>les</strong> genres.Au milieu de toute cette convulsion sociale le FNRPgagne en force : il intègre toutes <strong>les</strong> organisation <strong>du</strong>mouvement social hon<strong>du</strong>rien dans l’objectif communde convoquer une Assemblée nationale constituante qui3 Commission Interaméricaine des Droits humains,Observations préliminaires <strong>du</strong> délégué de la Commissionlors de sa visite au Hon<strong>du</strong>ras <strong>du</strong> 15 au 18 mai 2010.054Rapports nationaux 112 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


édige une nouvelle Constitution tenant compte des femmes,des <strong>jeu</strong>nes, de la population d’origine africaine, desindigènes et des autres collectivités qui historiquementavaient été exclues, dans l’espoir de voir le pays progresservers sa refonte grâce à ces transformations.Impact économique <strong>du</strong> Coup d’ÉtatEn 2009 l’économie nationale a été doublement secouée.D’une part, elle a été frappée par la crise économiquemondiale qui s’est accompagnée d’une ré<strong>du</strong>ction desdevises versées par <strong>les</strong> émigrés à leur famille et la perted’emplois dans le secteur de la maquila (composé d’usinesqui importent et manufacturent sans payer d’impôtsdes pro<strong>du</strong>its destinés à être réexportés). D’autre part,elle a reçu l’impact de la crise provoquée par le coupd’État.En 2009 on estimait qu’avec <strong>les</strong> mesures prisespar le gouvernement de Zelaya dans le cadre <strong>du</strong> plananti-crise, l’économie hon<strong>du</strong>rienne aurait une croissancede 2 % ou 3 % 4 . Mais à la suite <strong>du</strong> coup d’État lacommunauté internationale a pris des mesures de pressionéconomique et a gelé <strong>les</strong> fonds de la coopérationinternationale – environ 500 millions d’USD – bloquantsimultanément tout accès au crédit des organismesmultilatéraux. L’impact pro<strong>du</strong>it par cette mesure surle budget public a été important, car le financementextérieur représente 16,4 % <strong>du</strong> budget géré par l’Administrationcentrale et 56 % des fonds destinés à l’investissementpublic 5 .Une autre réalité post-putschiste qui a aggravé lasituation <strong>du</strong> pays provient de la fermeture de 60 % descommerces et des entreprises de pro<strong>du</strong>ction, pendantenviron deux semaines. Ceci a provoqué, selon l’estimationde la Chambre de commerce et d’in<strong>du</strong>strie deTegucigalpa, des pertes d’environ 52,6 millions d’USD.La présence de la résistance dans différents points de lacapitale et <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> pays, a supposé des pertes d’aumoins 6,6 millions d’USD, auxquel<strong>les</strong> il faut ajouter cel<strong>les</strong>provoquées par la fermeture des frontières, mesurede pression effectuée par une partie des pays d’Amériquecentrale, soit un total d’environ 3 milliards d’USD 6 .Les activités économiques qui ont le plus souffertde la situation sont le bâtiment et le commerce. Neserait-ce qu’au mois de juillet, l’activité <strong>du</strong> bâtiment achuté d’environ 50 % et le commerce de 11 % et au moisde septembre elle est descen<strong>du</strong>e à 17 % 7 . De janvier ànovembre la dette interne a augmenté de 505,5 millionsd’USD, dont <strong>les</strong> deux tiers correspondent à l’administration<strong>du</strong> gouvernement de facto 8 .Recul en matière des droits humainsAlors que la crise financière internationale a entraîné desérieuses difficultés pour le pays, <strong>les</strong> évènements <strong>du</strong> 28de juin ont marqué un net recul en ce qui concerne <strong>les</strong>Droits humains. Plus de 86 personnes ont été assassinéesentre le 3 juillet 2009 et le 20 de juin 2010, pours’être opposées au coup d’État. Parmi el<strong>les</strong> figuraient 94 Groupe Société Civile, 2009.5 Groupe Société Civile, 2009.6 Interview à Marvin Ponce, Député <strong>du</strong> parti UnificaciónDemocrática.7 Interview à Sergio Castellano, Député <strong>du</strong> parti UnificaciónDemocrática.8 Interview à Martin Barahona, Analyste économique.TABLEAU 1. Taux d’alphabétisation par genrefemmes et 20 membres de la communauté <strong>les</strong>bienne,gay, transsexuelle, travestie, bisexuelle et intersexuelle 9 .Autre mesure de répression : plusieurs moyens de communicationont été fermés.Des assassinats commis par des tueurs à gage ontlieu tous <strong>les</strong> jours : « Au cours de l’année 2010, au moinssept journalistes ont été assassinés au Hon<strong>du</strong>ras pourdes motifs que l’on pourrait associer à l’exercice de leurprofession » 10 ; de même, en mai 2010, neuf dirigeants<strong>du</strong> mouvement populaire avaient été exécutés.Lors des manifestations réalisées par la résistancehon<strong>du</strong>rienne, <strong>les</strong> femmes ont été victimes de différentstypes d’agressions sexuel<strong>les</strong> – el<strong>les</strong> ont été attaquéesau gaz, frappées à coups de gourdins et même forcéessexuellement dans le but de <strong>les</strong> humilier pour leuropposition au coup d’État. Sur <strong>les</strong> 240 cas dénoncés,23 femmes ont dit avoir été l’objet de différents typesd’agression sexuelle – dont sept viols commis par desmilitaires 11 .Parmi <strong>les</strong> reculs en matière d’institutionalité on observeceux des mécanismes pour la promotion et la défensedes Droits de la femme qui se sont pro<strong>du</strong>its dansle cadre <strong>du</strong> coup d’État, mais qui ne se sont toujours pasinversés depuis : <strong>les</strong> coups de ciseaux effectués par l’Administrationputschiste dans le deuxième Plan d’actionpour l’égalité et l’équité entre <strong>les</strong> genres sur des aspectsimportants relatifs aux six axes de droit, notammentceux qui concernent la santé sexuelle et repro<strong>du</strong>ctive, laviolence à l’encontre des femmes et de la participationpolitique, le décret exécutif interdisant la distribution etla vente des pilu<strong>les</strong> contraceptives d’urgence et l’approbationdes réformes de la Loi des municipalités, quitransforme <strong>les</strong> Bureaux municipaux de la Femme enespaces d’attention sociale pour tout public.Les OMD et <strong>les</strong> femmesL’OMD nº 3 contemple la possibilité de promouvoirl’égalité des genres et l’autonomisation des femmespour l’année 2015. Bien que nous puissions observer9 Extrait des listes <strong>du</strong> Comité des Famil<strong>les</strong> des détenusdisparus au Hon<strong>du</strong>ras COFADEH, <strong>du</strong> Comité des Droitshumains CODEH, et des Défenseurs en ligne.10 Commission interaméricaine des droits humains,Observations préliminaires <strong>du</strong> délégué lors de sa visite auHon<strong>du</strong>ras <strong>du</strong> 15 au 18 mai 2010.11 Rapport “Les Violations des Droits des Femmes après leCoup d’État”, Feministas en Resistencia, 2009.1990 1995 2001 2006 2009Total 87.4 90.1 91.2 92.5 94Femmes (%) 88.4 91.6 92.7 94.4 95.3Hommes (%) 86.4 88.4 89.7 90.5 92.6Différence(*) 1.07 1.09 1.08 1.11 1.04Source : Rapport OMD, 2009, élaboration propre basée sur l’INE 1990-2009.TABLEAU 2. Revenus mensuels en dollars ventilés par genre et par zoneUrbaineRuraleFemmes 304 135Hommes 386 147Source : Rapport OMD, 2009, Élaboration propre basée sur l’EPHPM, INE, 2009un net progrès quant à l’alphabétisation des femmesde 15 à 24 ans par rapport aux hommes – passantde 88,4 % en 1990 à 95,3 % en 2009 –, le taux deprogression des femmes au cours des trois dernièresannées n’est pas comparable au rythme favorable <strong>du</strong>taux des hommes.Les femmes sont mieux préparées au niveau é<strong>du</strong>catif,comme en témoigne <strong>les</strong> taux de présence, celuides femmes ayant toujours été supérieur à celui deshommes – en 2009, par exemple, le taux de présencedes fil<strong>les</strong> dans le secondaire dépassait de 0,28 % celuides garçons et de 0,37 % dans l’enseignement supérieur12 . Cependant, si l’on analyse le niveau é<strong>du</strong>catif parrapport au niveau des revenus on se rend compte qu’iln’existe pas de juste lien entre <strong>les</strong> deux dans le cas desfemmes, car le salaire des hommes reste au-dessus decelui qu’obtiennent <strong>les</strong> femmes pour un même travail,même si cel<strong>les</strong>-ci ont une meilleure préparation professionnelle.Bien qu’il existe une loi de quotas dans le pays, <strong>les</strong>partis politiques n’ont jamais appliqué le minimum de30% de femmes dans <strong>les</strong> postes dépendant de l’électionpopulaire. Le coup d’État n’a fait qu’aggraver cettesituation, étant donné que <strong>les</strong> femmes candidates n’ontpas pu mener de campagne et que plus de 50 femmesont dû renoncer étant donné le manque de garantie detransparence dans le processus, sans compter l’insécuritéque représentent <strong>les</strong> violations constantes desdroits humains et la militarisation <strong>du</strong> pays. Au niveaulocal, la représentation féminine dans <strong>les</strong> mairies estdescen<strong>du</strong>e à 9 %, chiffre atteint lors des élections municipa<strong>les</strong>2005, à 6 % aux élections 2009, et au niveaulégislatif elle est passée de 25 % à 19,53 %.Pour conclure, nous pouvons dire que le Hon<strong>du</strong>rasest loin de tenir tous ses engagements internationaux,d’une part parce qu’il n’y a pas de volonté politique pourcela – la preuve la plus évidente étant le coup d’État ensoi – et d’autre part, la population hon<strong>du</strong>rienne exige unchangement complet des règ<strong>les</strong> en faveur d’une refonte<strong>du</strong> pays et non pas d’un réformisme maquillé, qui en faitcontinue à couvrir le fait que la richesse soit concentréeaux mains de quelques-uns, le système patriarcal néolibéraln’ayant pas été modifié. n12 Groupe de travail de l’ONU pour le rapport des OMD, 2009.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 113 Hon<strong>du</strong>ras


98Hongrie1005656Le meilleur élève des néolibéraux et le maillon le plus faible de la crise0La Hongrie a été le premier pays d’Europe de l’Est à adopter <strong>les</strong> recettes <strong>du</strong> Fonds Monétaire99100999970 International en 1982. 100 Bien que son niveau ait été bien 100 plus élevé que celui 71 de ses voisins lors de sonadhésion à l’économie de marché, c’est aujourd’hui l’économie la plus faible de la région. Les raisonsde ce phénomène sont multip<strong>les</strong> et <strong>les</strong> conséquences en sont le va et vient <strong>du</strong> pays entre des émeutesIEG of Colombia = 75 BCI of Croatia = 98IEG of Croatia = 75socia<strong>les</strong> – si l’on ne change pas d’orientation – et l’effondrement total d’une économie très vulnérable.Le fantôme de l’extrémisme de droite guette dans l’ombre, nourri par le mécontentement populaire.100 100 100100 1001000951000ATTAC HONGRIEMatyas BenyikLa Hongrie a un système parlementaire monocaméraldominé par deux partis : le Parti socialiste hongroiset le parti de droite, l’Union civique hongroise.Les institutions démocratiques semblent solides etil est probable qu’el<strong>les</strong> continuent à l’être malgré<strong>les</strong> politiques imprudentes menées par <strong>les</strong> partis, larhétorique intolérante, la forte corruption et la radicalisationde la droite politique dont la cible sont <strong>les</strong>roms, population minoritaire. L’élite politique s’estconsacrée à la calomnie réciproque et elle est prêteà mettre en œuvre de nouvel<strong>les</strong> réformes suivant <strong>les</strong>impositions <strong>du</strong> Fonds monétaire international (FMI),mais la population résiste fermement, tel qu’en témoignentd’ailleurs <strong>les</strong> incidents ayant eu lieu suite àla réforme de l’assurance maladie 1 .Il n’y a pas eu de grandes nouveautés lors del’intervention <strong>du</strong> FMI en 2008. Cependant, ce quidiffère par rapport à d’autres crises c’est justement laréponse des Institutions financières internationa<strong>les</strong>(IFI) qui ont soutenu la stabilisation contre l’hystériesans précédent des finances privées transnationa<strong>les</strong>.Comme l’a signalé l’économiste hongrois LászlóAndor 2 , ancien membre <strong>du</strong> Conseil d’administrationde la Banque européenne pour la reconstruction etle développement : « l’un des objectifs explicites del’intervention des IFI est celui de prévenir l’escaladede la crise sociale pour protéger <strong>les</strong> structures desaffaires de l’économie hongroise, y compris le rô<strong>les</strong>ignificatif que certaines corporations hongroisesjouent au niveau régional » 3Vers mi-octobre 2008 on a annoncé un paquetde crédit de EUR 20.000 millions (environ USD1 Ce rapport a été préparé en février 2010. Lors des électionsparlementaires ayant eu lieu en avril, le Gouvernementsocialiste a été vaincu, le parti d’extrême droite Jobbik estdevenu plus fort et l’Union Civique Hongroise (Fidesz) aobtenu une victoire écrasante. Le nouveau Gouvernement apromis beaucoup de changements mais, une fois au pouvoir,il a continué l’agenda néolibéral et <strong>les</strong> instructions <strong>du</strong> FMI etde l’UE.2 En février 2010, László Andor est devenu le nouveauCommissaire de l’UE responsable de l’Emploi, des Affairessocia<strong>les</strong> et de l’inclusion.3 Lázló Andor, “Hungary in the Financial Crisis: A (Basket)Case Study,” Debatte: Journal of Contemporary Central andEastern Europe 17, Nº 3 (2009). Disponible sur : .Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 98 94IEG = 70Enfants atteignantla cinquième annéed’école100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans15.400 millions) basé principalement sur des recettesorthodoxes de stabilisation. À part l’aide à laHongrie, le paquet était un message pour l’ensemblede la région. Bien que la Hongrie ait été probablementle seul pays à adopter un ajustement procycliqueaussi important pendant cette période, le FMI a exigéau début une plus grande ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> déficit (enoctobre 2008). En avril 2009, lors de la prise de fonctions<strong>du</strong> nouveau Gouvernement, le FMI et l’Unioneurpéenne (UE) ont accepté d’augmenter l’objectif<strong>du</strong> déficit pour 2009 allant de 2,9 % à 3,9 % <strong>du</strong> PIB,pour atteindre 3,8 % en 2010 4 .Le meilleur élèveÀ la différence de la plupart des anciennes républiquessocialistes qui ont adhéré au FMI et à la Banquemondiale après 1989, la Hongrie a décidé son adhésionen 1982 et, par conséquent, elle a été capabled’avancer sur certaines réformes au niveau <strong>du</strong> marchén’ayant pas encore été mises en œuvre par sesvoisins. De ce fait, le pays est devenu l’élève modèle<strong>du</strong> néolibéralisme en Europe de l’Est. Malgré cela,la Hongrie n’a pas été capable de se libérer de sonénorme dette externe. La Hongrie s’est incorporéeau « nouveau système » avec la dette per capita laplus élevée, mais contrairement à la Pologne, le Gouvernementa décidé de ne pas appliquer de schémaspotentiels de ré<strong>du</strong>ction de la dette.Bien que la Hongrie ait été l’état le plus développéparmi <strong>les</strong> nouveaux membres de l’UE, il restele pays le plus vulnérable <strong>du</strong> point de vue financier.Au début de la période de transition, le rapport dette/PIB a augmenté au lieu de diminuer, et le rapport dedette, suivant <strong>les</strong> critères de Maastricht, s’est ré<strong>du</strong>it(à environ 51 %) grâce à une période extraordinaire4 Ibid.100099Activité économique1000Autonomisation96100 68100BCI of Hungary = 98 IEG of Hungary = 70É<strong>du</strong>cationd’investissements étrangers directs vers la fin desannées 1990 5 .Andor affirme qu’il « existe d’autres raisonspour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> la Hongrie a été le maillon le plusfaible de la région lors de la crise financière internationaleactuelle ». À partir <strong>du</strong> moment où le PIBn’a récupéré le niveau de 1989 qu’en 1999, dit-il,<strong>les</strong> gouvernements successifs ont fait appel à dessolutions financières risquées pour améliorer la sensationde bien-être. Un gouvernement a laissé librecours à d’imprudents schémas de subventions enfaveur des constructeurs et des acheteurs de logements; un autre a augmenté de 50 % <strong>les</strong> salaires<strong>du</strong> secteur public. En même temps, un programmeambitieux de construction routière a doté la Hongrie<strong>du</strong> meilleur réseau routier de la région, générant uneforte augmentation de la dette de l’État 6 .La politique monétaire, ainsi que la politiquefiscale, a frappé l’économie et a contribué à son inévitablefragilisation. Le paradigme de la cible d’inflation– n’ayant jamais été conçu pour des économies ré<strong>du</strong>ites,ouvertes et dépendantes <strong>du</strong> flux commercial,de l’investissement et des finances externes – a étéadopté par la Banque nationale de Hongrie, la MagyarNemzeti Bank (MNB) en 2001. La MNB n’a pas abandonnécette orthodoxie même si <strong>les</strong> banques centra<strong>les</strong><strong>du</strong> monde ont ré<strong>du</strong>it à plusieurs reprises <strong>les</strong>taux d’intérêt pour essayer d’éviter la récession lors<strong>du</strong> printemps 2008. Ce n’est qu’en juillet 2009 que la5 La dette suivant <strong>les</strong> critères de Maastricht est déterminéepar des procé<strong>du</strong>res de déficit excessif. Son rapport avec lePIB est l’un des critères pour <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> finances publiquesdes États membres de l’UE sont évaluées. Consulter : L.Andor, “Hungary’s boomerang effect,” The Guardian, 29octobre 2008. Disponible sur : .6 Ibid.45100Rapports nationaux 114 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100


MNB a commencé la ré<strong>du</strong>ction des taux d’intérêt. Enjanvier 2010, le taux d’inflation a atteint 6,4 % alorsqu’en 2009 il était de 4,2 % 7 .De même, <strong>les</strong> mesures nécessaires pour ré<strong>du</strong>irela quantité de prêts en monnaie étrangère auxrésidents n’ont pas été prises, malgré l’opinion desobservateurs internationaux qui ont identifié la substitutionmonétaire excessive comme la source del’instabilité financière et de l’impossibilité de soutenirle florin. D’après Andor, la Hongrie a été le pays de larégion le plus affecté par la dette depuis la deuxièmemoitié des années 70. Voilà la raison pour laquellece pays a été la victime des deux plus grandes crisesfinancières des 30 dernières années. Et c’est aussipour cette raison que la Hongrie est redevenue lacible de fol<strong>les</strong> spéculations et de retraits de capitauxau début <strong>du</strong> mois d’octobre 2008, malgré la rigueurappliquée au budget depuis juin 2006 ayant abouti àaméliorer considérablement le bilan fiscal (de 10 %environ à près de 3 % <strong>du</strong> PIB) 8 . Andor affirme que« <strong>les</strong> mesures d’austérité de la période 2006-2008qui ont imposé d’énormes sacrifices sociaux et quiont été insuffisantes pour atténuer <strong>les</strong> erreurs descinq années précédentes en termes de possibilitésde croissance gâchées, n’ont pas non plus amélioré<strong>les</strong> conditions généra<strong>les</strong> puisque le niveau de la dette(comparée au PIB) ne s’est pas ré<strong>du</strong>it pendant lapériode d’application des mesures d’austérité ». 9En<strong>jeu</strong>xLa crise financière représente un en<strong>jeu</strong> complexepour la politique économique hongroise et pour lapolitique en général. Le Gouvernement doit actuellementfaire face à certains en<strong>jeu</strong>x importants, et pour<strong>les</strong> résoudre il doit :• À court terme, atténuer la chute de l’économie etassurer l’expansion de la liquidité.• À moyen terme, créer <strong>les</strong> conditions pour unecroissance économique plus dynamique.• À long terme, atteindre un consensus pour quele système financier hongrois devienne moinsextraverti, de façon à ré<strong>du</strong>ire la vulnérabilité del’économie ainsi que la possibilité de futurescrises similaires.Andor conclut en disant que : « la convergence dela zone Euro sera probablement au centre de ceprogramme, malgré <strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> de la Grèce et del’Irlande qui mettent en évidence le fait que l’euro luimêmene suffit pas à sauver un pays de l’instabilitéfinancière si <strong>les</strong> déséquilibres fondamentaux ne sontpas éliminés ». 10Suivant l’Office central de Statistiques de Hongrie,en 2009 la quantité de personnes au chômageétait plus élevée de 28 % par rapport à 2008. Le tauxde chômage est passé de 7,9 % à 10,1 % sur un an.Le Gouvernement doit affronter plusieurs coûts <strong>du</strong>fait de la perte nette de 98.000 postes de travail :7 Ibid.8 Andor, “Hungary in the Financial Crisis: A (Basket) CaseStudy,” op. cit.9 Ibid.10 Ibid.moins de revenus, augmentation des frais pour l’assistancesociale, retraites anticipées et bénéfices <strong>du</strong>chômage. Outre <strong>les</strong> coûts supplémentaires pour lasociété en termes de services de santé, vandalismeet petite criminalité.Dans ce contexte, certaines mesures d’austérité<strong>du</strong> Gouvernement – qui vont affecter la plupart desprincipaux programmes sociaux – vont sans douteaggraver la situation de l’emploi. Pour ne donnerqu’un exemple : <strong>les</strong> restrictions budgétaires auxprogrammes d’intégration au marché <strong>du</strong> travail despersonnes handicapées mentalement et psychologiquementvont rendre plus difficile leur formation et,par conséquent, limiter leurs possibilités de trouverun emploi.Services publics et corruptionLa situation ne diffère pas beaucoup pour trois desprincipa<strong>les</strong> sociétés de transport public, la Sociétédes transports de Budapest, <strong>les</strong> chemins de ferde l’État et <strong>les</strong> lignes aériennes hongroises. À leurbanqueroute imminente et à leur impossibilité defonctionner sans l’apport de fonds externes, s’ajoute,dans le cas des deux dernières, la pire des gestionset des administrations corrompues. L’interruption del’aide financière serait désastreuse.Au niveau local, <strong>les</strong> municipalités se trouventdans des conditions similaires. Certaines se sont déclaréesinsolvab<strong>les</strong>, d’autres se sont vues forcées des’endetter pour pouvoir fournir <strong>les</strong> services de baseet d’autres ne peuvent déjà plus fournir <strong>les</strong> servicespar manque de fonds.De plus, malgré <strong>les</strong> efforts continus <strong>du</strong> Parlementpour donner un cadre légal permettant de luttercontre la corruption au plus haut niveau suivant <strong>les</strong>standards internationaux, rien n’a vraiment changédans ce sens 11 . Les enquêtes sur d’anciennes affairesn’ont pas trop avancé et de nouveaux cas apparaissentrégulièrement. Le fléau de la corruption est bienplus éten<strong>du</strong> en Hongrie que dans le reste des paysde l’UE.L’économieL’excessive dépendance des exportations est actuellementle principal problème de l’économie. Nonseulement aucune mesure visant à changer cettesituation n’a été prise mais en plus elle a été favoriséepar la valeur inusuelle et injustifiée <strong>du</strong> florin, lelaxisme fiscal et l’existence d’incitations à l’importation,tout ce qui va à l’encontre de la compétitivité dela pro<strong>du</strong>ction nationale.Les taux d’intérêt excessivement élevés représententun autre aspect complexe et insondable que lepays a été incapable de surmonter et qui rend difficile,voire impossible, la tâche pour lutter contre la criseéconomique. Dans ce sens, le FMI joue un rôle central.À chaque fois que le Gouvernement essaie de diminuer<strong>les</strong> taux d’intérêt, le florin s’affaiblit rapidementjusqu’à atteindre des niveaux alarmants qui obligentla MNB à augmenter une fois de plus <strong>les</strong> valeurs. Pour11 L’un des cas <strong>les</strong> plus notoires a impliqué le directeur dela MNB, et le Premier ministre actuel, Gordon Bajnai, quiont transféré une grande partie de leurs fortunes dans desparadis fiscaux.cette raison, l’économie hongroise a fonctionné commeun grand fonds de réserve pour <strong>les</strong> investisseursétrangers qui veulent obtenir de grands bénéfices, cequi n’est plus le cas dans leurs pays.La mise en place d’un certain contrôle sur <strong>les</strong>flux d’entrée et de sortie des capitaux étrangerspermet au Gouvernement d’éviter la spéculationmonétaire ainsi que l’augmentation excessive destaux d’intérêt. Cependant, ces mesures restrictivesde la liberté économique ont été traditionnellementinterdites par le FMI auquel le pays a <strong>du</strong> faire appelpour surmonter sa banqueroute 12 . La menaced’une soudaine dévaluation de la monnaie – dont <strong>les</strong>conséquences seraient désastreuses pour l’épargneet pour <strong>les</strong> valeurs immobilières et qui augmenteraitla pauvreté de manière dramatique – a mené le paysà une impasse.La stabilité des prix, essentielle pour une économieperformante, n’existe pas en Hongrie. Commeconséquence de l’inquiétante augmentation des tarifsd’électricité, de gaz naturel et de la baisse des revenus,beaucoup de famil<strong>les</strong> ne sont plus en mesurede payer ces services malgré <strong>les</strong> facilités de créditsoffertes par <strong>les</strong> entreprises de services publics quiessaient de continuer à fournir le service.Le risque <strong>du</strong> mécontentementL’énorme impopularité <strong>du</strong> Gouvernement socialisteactuel et la croissance rapide <strong>du</strong> sentiment anti-multinationalentre la population sont deux des conséquences<strong>les</strong> plus évidentes de cette situation 13 . Unéclatement social semble imminent à cause de lapression croissante dans chacun des secteurs de lasociété. Cependant, cela ne veut pas dire qu’il y auraune mobilisation soudaine de la population pour obligerle Gouvernement à abandonner <strong>les</strong> directives <strong>du</strong>FMI et à intro<strong>du</strong>ire des réformes d’encouragementéconomique (<strong>les</strong> pays ayant imposé <strong>les</strong> recettes <strong>du</strong>FMI malgré <strong>les</strong> protestations, voire <strong>les</strong> soulèvementspopulaires, sont nombreux).Parmi <strong>les</strong> hongrois, l’insécurité économique amené d’une part, à l’apathie, et d’autre part à l’extrémisme,tel qu’en témoigne, par exemple, la croissance<strong>du</strong> parti de l’extrême droite Jobbik. Actuellement,la Hongrie assiste à l’apparition de groupes d’extrêmedroite et à une forte tendance au révisionnismehistorique qui rappelle avec nostalgie l’époque desmouvements fascistes et leurs symbo<strong>les</strong>.L’intolérance des groupes minoritaires et <strong>les</strong>tendances radica<strong>les</strong> de la droite se sont intensifiésdepuis 2006. Il y a eu des agressions contre <strong>les</strong> roms,y compris la mort de six personnes et plusieurs attaquesarmées. La Garde Hongroise – un mouvementnettement xénophobe, antisémite et anti-rom, avecdes liens étroits avec le Jobbik – recrute toujours desmembres et renforce son système d’autodéfensecontre ce qu’ils appellent la « criminalité rom » malgrésa dissolution et son interdiction décidée par laCour métropolitaine de Budapest en 2008. n12 Récemment, le FMI a reconnu <strong>les</strong> avantages d’un certaincontrôle <strong>du</strong> capital, mais cela ne va pas favoriser la Hongrie.13 Tout ne doit pas rester en mains privées. Voilà ce conceptexprimé clairement dans la ville de Pecs située dans le sud,où la municipalité a pris le contrôle des stations d’épurationdes eaux, en fermant la porte à la société française Suez.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 115 Hongrie


Inde10056Nouvel<strong>les</strong> tendances dans le financement <strong>du</strong> développement0Dans la plupart 99 des pays <strong>les</strong> ressources des donateurs destinées à financer le développement sont étroitement71 liées aux progrès effectués dans <strong>les</strong> engagements pris par <strong>les</strong> gouvernements nationaux. Cela exclut la notion departicipation des citoyens et accentue le rôle <strong>du</strong> secteur privé. En Inde, la société civile réclame qu’une plus grandeattention soit accordée aux questions socia<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> plans nationaux de développement et dans la planification desIEG of Croatia = 75budgets. L’Évaluation populaire au cours de la période correspondant au 11 e plan quinquennal montre la nécessitéd’une plus grande participation de la société civile dans la formulation et la conception des politiques publiques.99 100100 100 100100<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> IndeHimanshu JhaIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100100100ICB = 73 IEG = 4178 Enfants atteignantAutonomisationla cinquième annéeDans son discours à l’Assemblée générale des Nations Uniesd’écoleen septembre 2008, le Premier ministre 45 de l’Inde, ManmohanSingh, a déclaré que <strong>les</strong> pays développés devraient honorerleurs engagements pour le développement mondial.0Toutefois, <strong>les</strong> derniers chiffres sur la pauvreté montrent que00 899 le Gouvernement indien lui-même ne remplit pas ses engagements.Le Rapport sur la pauvreté publié en novembre96933778100 100 68100100 47100100 1002009 par le Groupe d’experts de la Commission de planificationAccouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àestime que 37 % de la population de l’Inde vit actuelle-personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationment en dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté, un pourcentage bienIEG of Hungary = 70Au cours deBCIces dernièresof Indiaannées,= 73l’accent a été missur l’importance d’attirer des IDE en tant que moyen de financement<strong>du</strong> développement, notamment pour <strong>les</strong> économiesmoins développées, en voie de développement eten transition. L’Inde a montré son intérêt à attirer des IDEà travers différentes mesures de libéralisation, l’ouverturedes marchés financiers et commerciaux et l’assouplissementdes normes de travail et environnementa<strong>les</strong>.Entre autres politiques, le Gouvernement permet que <strong>les</strong>entreprises possèdent 100% de titularité étrangère parle biais de ce qu’on appelle la « voie automatique » élevantle plafond pour <strong>les</strong> capitaux étrangers, supprimant<strong>les</strong> restrictions sur certains types d’investissements etpermettant que ces IDE s’appliquent aussi au commercede détail et à l’agriculture 5 . Par conséquent, au cours deces dernières années <strong>les</strong> flux de capitaux étrangers ontaugmenté de façon constante : en 2009-2010 <strong>les</strong> entréesde capitaux ont atteint USD 22,9 milliards, par rapport àUSD 4,3 milliards pour la période 2005-2006 6 .Il reste à voir si cette affluence de capitaux est entrain de provoquer l’« effet de ruissellement » désiré.Dans le Rapport sur le climat d’investissement 2009 de laConférence des Nations Unies sur le commerce et le développement(CNUCED), l’Inde est classée comme un pays à« faible performance ». L’importance des blocs commerciauxrégionaux comme moyen de promotion des rapportscommerciaux dans la région est en train d’augmenter, maisla liste des principaux pays investisseurs (l’Île Maurice,Singapour, <strong>les</strong> États-Unis, le Royaume-Uni, Chypre, le Japon,l’Allemagne, <strong>les</strong> Émirats Arabes Unis, <strong>les</strong> Pays-Baset la France) montre que l’Inde a été lente à se joindre àIEG of India = 41supérieur à celui de 27,5 % estimé par le Gouvernement. Lasituation est encore pire dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>, où 42 % dela population vit en dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté 1 .En Inde, 1,95 million d’enfants de moins de 5 ansmeurent chaque année. Cela représente un des taux <strong>les</strong>plus élevés au monde 2 , et dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> il est 60 %plus élevé 3 . On constate également une grande disparitéselon le genre, avec 70 décès pour 1.000 hommes et 79décès pour 1.000 femmes 4 . Selon l’UNICEF, moins de 25 %de la population rurale a accès à des toilettes (W-C) et seulement4 fillettes sur 10 arrivent à compléter huit ans descolarité. Ces tendances sont alarmantes à la lumière del’engagement global envers <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pourle développement (OMD) et des engagements <strong>du</strong> Gouvernementlui même, exprimés dans <strong>les</strong> Objectifs nationauxde développement. Dans ce contexte, il convient d’analyserquels sont <strong>les</strong> plans <strong>du</strong> pays pour financer l’accomplissementdes objectifs de développement, en particulier en cequi concerne <strong>les</strong> Investissements directs étrangers (IDE),l’Aide publique au développement (APD) et <strong>les</strong> dépensespubliques dans le secteur social.1 Indian Planning Commission, Report of the Expert Groupto Review the Methodology for the Estimation of Poverty,novembre 2009. Sa méthodologie a été modifiée pour inclurela santé et l’é<strong>du</strong>cation outre <strong>les</strong> revenus. Disponible sur : (visité le 27 mai 2010).2 Save the Children-India, “Child Survival 2009”, 2009.Disponible sur : .3 Gouvernement de l’Inde, National Family Health Survey-3,2007. Disponible sur : .4 Discrimination contre <strong>les</strong> « femmes disparues » avantleur naissance, pour éviter qu’el<strong>les</strong> naissent, ou après leurnaissance de telle façon qu’elle ne puissent pas survivre.Voir : “India: the accumulated effects of inequality”, <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> Report 2005, Roars and Whispers. Disponible sur :>www.socialwatchindia.net/commit_5.htm>.5 Ministry of Finance, Union Budget and Economic Survey2007-08. Disponible sur : (visité le 27 mai 2010).6 Department of In<strong>du</strong>strial Policy and Promotion, Ministry ofCommerce and In<strong>du</strong>stry, FDI Fact Sheet 2010.la dynamique <strong>du</strong> commerce régional malgré <strong>les</strong> alliancesnouées avec l’Association des Nations <strong>du</strong> sud-est asiatique(ASEAN). Au niveau régional, la Zone de libre échange del’Asie <strong>du</strong> sud (SAFTA) a complètement échoué. D’autrepart, l’Inde a résisté à la crise économique régionale etglobale précisément parce que son économie – notammentle secteur financier – n’est pas entièrement ouverte.Les efforts pour attirer <strong>les</strong> IDE visent en partie à promouvoirle développement dans <strong>les</strong> régions <strong>du</strong> pays quisont restées en marge <strong>du</strong> développement socioéconomique.Cependant, actuellement une tendance peu encourageantese profile car <strong>les</strong> zones déjà développées (notamment Bombayet Delhi) continuent d’attirer plus d’IDE que <strong>les</strong> zonesmoins développées, comme <strong>les</strong> états <strong>du</strong> nord-est. En effet,ceux-ci restent en dehors de la scène principale malgré <strong>les</strong>concessions que le Gouvernement a faites aux investisseursnationaux et étrangers : exemptions d’impôts indirects etd’impôts sur <strong>les</strong> revenus et subventions d’investissementpour promouvoir <strong>les</strong> activités in<strong>du</strong>striel<strong>les</strong>.Dans le cadre de ses efforts pour libéraliser le marché,le Gouvernement a créé de nombreuses zones économiquesspécia<strong>les</strong> (ZES) dans tout le pays, genérant un effet négatifsur des millions d’agriculteurs et sur <strong>les</strong> communautés marginalisées.Les estimations indiquent que presque 114.000ménages vivant de l’agriculture et 82.000 autres famil<strong>les</strong>qui dépendent de l’agriculture seront déplacés par <strong>les</strong> ZES.Cela implique un effondrement total des économies rura<strong>les</strong>de ces zones, ce qui a provoqué des protestations massivesdans le Bengale occidental, en Orissa, au Maharashtra, enAndhra Pradesh et dans d’autres régions.Une proportion importante des IDE est destinée ausecteur des services, aux in<strong>du</strong>stries fondées sur la connaissanceet à la fabrication de biens de consommation à faibletechnologie. Les IDE augmentent également le phénomènede « croissance sans emplois » car el<strong>les</strong> créent des emploisdans le secteur organisé qui ne représente que 7 % de lamain d’œuvre totale.79100100100100Rapports nationaux 116 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>10010010074


Les efforts entrepris récemment pour attirer <strong>les</strong> IDEvers le secteur <strong>du</strong> commerce de détail ont suscité un débatconsidérable. Cette mesure représente une grave menacepour <strong>les</strong> détaillants et <strong>les</strong> commerçants à petite échelle. Cesderniers constituent un total de 15 millions de personnes quidétiennent jusqu’à 98 % <strong>du</strong> commerce de détail, représentant10 % <strong>du</strong> PIB 7 . Cela aura de graves conséquences car cesecteur <strong>du</strong> commerce de détail emploie également 10 % de laforce de travail totale (il occupe la deuxième place après l’agriculture).Du point de vue des consommateurs, cela a ausside graves conséquences en ce qui concerne l’accessibilitéet l’abordabilité, car pour <strong>les</strong> ménages pauvres ou à faiblerevenu il est plus facile de s’adresser au commerçant local.Bien que l’affluence des IDE ait augmenté au fil <strong>du</strong>temps, on ne sait toujours pas s’ils ont la capacité de fournirun financement servant à promouvoir le développementde façon authentique et inclusive. Pour garantir que <strong>les</strong>IDE apporte un bénéfice à l’ensemble <strong>du</strong> pays, y compris<strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong>, <strong>les</strong> structureséconomiques <strong>du</strong> pays devront promouvoir la création d’unenvironnement propice favorisant l’effet de ruissellementdes IDE, tant en faveur des entreprises que des communautésloca<strong>les</strong>.L’aide extérieureL’Inde est l’un des principaux bénéficiaires de l’Aide publiqueau développement (APD), et elle reçoit 2 % <strong>du</strong> total versédans le monde 8 . L’aide extérieure, y compris <strong>les</strong> prêts et <strong>les</strong>subventions, a augmenté de façon exponentielle depuis ledébut des années 90, correspondant au moment où le paysa adopté la politique d’ajustement structurel promue par<strong>les</strong> Institutions financières internationa<strong>les</strong> (IFI). La ma<strong>jeu</strong>repartie de l’aide extérieure reste sous la forme de prêts, ce quicontredit un précédent engagement des donateurs à maintenirleurs prêts à 35 % de l’aide extérieure, tandis que <strong>les</strong> 65 %restants seraient versés sous la forme de subventions.La ré<strong>du</strong>ction des subventions bilatéra<strong>les</strong> a eu des effetsadverses sur <strong>les</strong> programmes de développement auniveau local, où travaille la plupart des ONG : actuellementon estime qu’environ 1,2 million d’ONG travaillent dans lepays, avec un revenu mensuel de 17.922 crores (USD 16millions) 9 . Le financement de ces ONG « partenaires <strong>du</strong> développement» (selon le Gouvernement et, de plus en plus,selon <strong>les</strong> groupes eux-mêmes) a diminué au fil <strong>du</strong> temps, etdevrait continuer à le faire dans l’avenir.L’utilisation de l’aide étrangère a toujours été un problèmeen Inde, notamment en raison de son système deGouvernement fédéral. Les estimations de l’aide extérieurereçue par le Gouvernement pour la période 2010-2011 montrentque le ministère de la Santé et de la famille et le ministère<strong>du</strong> Développement urbain ont reçu <strong>les</strong> montants <strong>les</strong> plusélevés de cette aide, tandis que le ministère de la Femme et<strong>du</strong> développement de l’enfant a reçu à peine 0,95 % <strong>du</strong> total10 . Les variations régiona<strong>les</strong> sont également importantes :7 E A S Sarma, “Need for Caution in Retail FDI”, Economic andPolitical Weekly, New Delhi, novembre 2005.8 OCDE, “ODA to the Developing World: Summary,Development Aid at a Glance 2007”, 2007.9 Society for Participatory Research in Asia, Invisible, YetWidespread: The Non-Profit Sector in India, décembre 2002.10 Gouvernement de l’Inde, Estimates of Provision for ExternallyAided Projects in Central Plan Included in Budget Estimates2010-11, Expenditure Budget Vol-I, 2010-11. Disponib<strong>les</strong>ur : (visité le 28 mai 2010).par exemple, pendant la période 2007-2008 certains desétats en meilleure situation, comme l’Andhra Pradesh, leTamil Na<strong>du</strong> et le Bengale occidental ont reçu <strong>les</strong> montants<strong>les</strong> plus importants assignés par le Gouvernement centralpour des projets qui dépendent de l’aide étrangère. D’autresrégions, en particulier dans le nord-ouest, ont reçu peu definancement de ce budget, voire aucun.De récepteur à donneur d’aideLa position de l’Inde en tant que bénéficiaire de l’aide a changéfin 2003, lorsque le Gouvernement en place a décidé delimiter l’aide reçue aux subventions bilatéra<strong>les</strong> de cinq pays(<strong>les</strong> États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, l’Allemagne et laFédération de Russie) et de l’Union européenne. Les autrespays pouvaient acheminer <strong>les</strong> fonds directement à traversdes agences multilatéra<strong>les</strong> vers <strong>les</strong> organisations de la sociétécivile, obligeant ces dernières à se plier à davantage derèg<strong>les</strong>, voire à l’obligation d’obtenir des permis pour recevoirdes fonds de l’étranger. Beaucoup de ces organisationssont limitées dans leur liberté d’action, souffrent des retardsdans la ratification et dans la mise en œuvre de l’assistanceà différents niveaux et doivent faire face à une augmentationsignificative de leurs coûts administratifs.Les tendances récentes confirment l’Inde commeun pays donateur. En 2010-2011 l’Inde a octroyé INR 23,8milliards (USD 509 millions) en prêts et subventions à desgouvernements étrangers. Parmi <strong>les</strong> bénéficiaires, le Bhoutana reçu le montant le plus élevé (USD149 millions), suivide l’Afghanistan (USD 53 millions) et de l’Afrique (USD 32millions) 11 .En outre, l’Inde offre une formation à des universitaires,à des bureaucrates et à des fonctionnaires d’autrespays en développement en conformité avec la Indian Technicaland Economic Cooperation (ITEC), un programmed’aide à l’étranger établi en 1964 12 . Les fonds alloués pource programme ont augmenté progressivement au cours desannées pour atteindre finalement USD 21 millions pendant lapériode 2010-2011 13 . Contrairement à la croyance générale,cette tendance n’est pas nouvelle : l’Inde aidait déjà le Népalet la Birmanie bien avant la création de l’ITEC. Cependant, onlui reproche, en tant que donateur, le fait d’imposer aux paysrécepteurs <strong>les</strong> mêmes conditions qu’elle refuse d’accepteren tant que récepteur, notamment, l’obligation d’utiliser <strong>les</strong>fonds assignés pour acheter des biens et services indiens 14 .Le mantra <strong>du</strong> partenariat public-privéLe modèle promu dans le cadre <strong>du</strong> partenariat public-privé(PPP) vise à accroître le rôle national dans le développementà travers une plus large participation des organisations de lasociété civile, des représentants locaux et de base, des organismespublics et des acteurs privés. Dans son évolution,le modèle a presque per<strong>du</strong> la totalité de la partie publique dela collaboration et se concentre principalement sur l’aspectprivé. L’étude des « contrats de gestion » montre que « le11 Gouvernement de l’Inde, budget des dépenses 2010-11,Subventions et prêts à des gouvernements étrangers, 2010.12 Dweep Chanana, “India as an Emerging Donor”, Economicand Political Weekly, New Delhi, 21 mars 2009. Voirégalement : .13 Government of India, Grants and Loans to ForeignGovernments, op. cit., plusieurs années.14 Sonia Cahturbedi, “India’s double standard on internationalaid as donor and receiver”, India Daily. Disponible sur : (visité le 28mai 2010).Gouvernement assume le risque alors que <strong>les</strong> entreprisesn’investissent pas un sou... el<strong>les</strong> se contentent de fournir dessuperpatrons qui contrôlent l’administration, <strong>les</strong> finances et<strong>les</strong> biens de l’entreprise de service publique et perçoivent unémolument annuel généreux » 15 .La Jawaharlal Nehru Urban Renewal Mission, unprogramme phare <strong>du</strong> Gouvernement pour l’infrastructureurbaine et <strong>les</strong> services de base pour <strong>les</strong> pauvres des zonesurbaines, est un reflet de ce modèle, car presque tousses fonds sont soumis à des conditions. Les états et <strong>les</strong>autorités loca<strong>les</strong> subordonnent <strong>les</strong> réformes <strong>du</strong> financementà des subventions et à des prêts, représentant uneviolation <strong>du</strong> « principe de subsidiarité » (selon lequel <strong>les</strong>réformes, <strong>les</strong> prêts et <strong>les</strong> subventions devraient suivre desvoies séparées), ce qui est extrêmement coercitif. Les Plansde développement des vil<strong>les</strong>, conçus pour être formulésconjointement par plusieurs acteurs, y compris la sociétécivile, se déroulent sans la participation <strong>du</strong> public.Un exemple illustratif est la privatisation de certainesdes activités de l’Office des eaux de Delhi, basée exclusivementsur le programme de la Banque mondiale, de la Banqueasiatique de développement et de l’USAID. Par conséquent,le Gouvernement assume la quasi-totalité des coûts et ladifficile tâche de récupération des fonds ; le processus deprivatisation a donné lieu à une diminution des actifs del’Office des eaux et de la valeur générale de ses services,ce qui a permis à des multinationa<strong>les</strong> d’acquérir <strong>les</strong> bienset <strong>les</strong> fonctions de l’Office des eaux. Un autre problème sepose avec la participation de la Banque mondiale à toutes <strong>les</strong>étapes de mise en œuvre <strong>du</strong> projet, comme, par exemple,la détermination des critères d’admission et de sélectionpour <strong>les</strong> soumissionnaires et l’attribution de contrats à descabinets conseil 16 .On constate l’existence de tendances similaires dansle secteur de la santé et de l’é<strong>du</strong>cation, malgré l’échec dece modèle dans le Punjab, qui fut l’un des premiers états àmettre en œuvre <strong>les</strong> réformes. Dans sa première évaluationquinquennale <strong>du</strong> programme appliqué dans le Punjab, laCommission fédérale de désinvestissement public a recommandéson annulation, pour cause d’ineptie administrativeet de favoritisme dans le département de la santé. Mais il estclair que le modèle PPP est encore prédominant en 2010.ConclusionDans de nombreux pays, le financement pour le développementest étroitement lié aux progrès réalisés par <strong>les</strong> gouvernementsdans le domaine <strong>du</strong> respect de leurs engagements.En Inde, la société civile exige qu’une plus grande attentionsoit accordée à la mise en œuvre des programmes et desassignations budgétaires de contrepartie. La société civiledoit davantage participer au processus de FpD, non seulementen ce qui concerne l’exécution et <strong>les</strong> résultats, maisaussi dans la formulation et la conception des politiquespubliques, comme l’indiquent <strong>les</strong> résultats <strong>du</strong> People’s MidTerm Appraisal <strong>du</strong> 11 e Plan Quinquennal. Cette évaluation,organisée par <strong>les</strong> OSC et soutenue par la Commission deplanification, représente un exemple d’une plus grande participationau niveau de la politique, de la façon dont <strong>les</strong> OCSdoivent avancer et de la direction qu’el<strong>les</strong> doivent adopter. n15 Bha<strong>du</strong>ri Amit et Arvind Kejriwal “Urban Water Supply:Reforming the Reformers”, Economic and Political Weekly,New Delhi, 31 décembre 2005.16 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> India, “Citizens Report on Governance andDevelopment 2007”, New Delhi, 2007.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 117 Inde


IndonésieIl en faut davantage10095100430La crise financière mondiale a imposé un fardeau supplémentaire 100 à l’Indonésie qui était déjà confrontée à de97graves problèmes découlant 100 d’une dette extérieure et d’un 100 niveau de corruption 100 64élevés, et de l’application 100 depolitiques macroéconomiques qui ne se sont pas tra<strong>du</strong>ites en mesures concrètes pour éradiquer la pauvreté.Les plus <strong>du</strong>rement touchés ont été <strong>les</strong> travailleurs car en première option <strong>les</strong> entreprises ont décidé deBCI of Czech Republic = 98IEG of Czech Republic = 68licencier <strong>les</strong> employés pour sauver leurs actifs. La société civile insiste sur le fait que le Gouvernementdevrait prendre des mesures stratégiques pour intégrer l’éradication de la pauvreté au budget national.100 790100<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> IndonésieM. Firdaus (ASPPUK)Wahyu Susilo (INFID)Nani Zulminarni (PEKKA)100L’Indonésie a fait mieux que ses voisins pendant larécession mondiale, mais le pays subit encore <strong>les</strong>Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9094 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 55Autonomisationrépercussions de la crise financière qui a secoué160 800l’économie mondiale en 2008. Par ailleurs, bien quela Banque centrale ait prévu une croissance de 5,6 %799337789697pour 2010 et de jusqu’à 6,5 % pour 2011, l’annonce53100 100 100100 100100 100de certaines décisions politiques semble refléter la Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpréoccupation <strong>du</strong> Gouvernement. Ces décisions, personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationdestinées à apporter une certaine sécurité aux acteurséconomiques et aux investisseurs, n’ont pas 2009 3 . Malheureusement,IEG of India = 41 BCI of Indonesia<strong>les</strong> résultats= 90ne correspondentIEG of Indonesia = 55que la dette extérieure <strong>du</strong> pays avait atteinteu <strong>les</strong> effets voulus et ont en échange donné lieu àdavantage d’incertitude sur l’économie <strong>du</strong> pays. pas à l’importance <strong>du</strong> budget : la ré<strong>du</strong>ctionde la pauvreté est inférieure à 2 %.USD 165 milliards 7 . Les statistiques <strong>du</strong> budgetpubliées par le ministère des Finances montrentUne des raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le pays a euque le montant destiné au remboursement de la• Le pourcentage de personnes vivant au-desunemeilleure performance que ses voisins est quedette extérieure est supérieur à celui destiné àsous <strong>du</strong> seuil de pauvreté (sur un total d’environ230 millions d’habitants) 100 reste fluctuant :100l’Indonésie est moins dépendante des exportations.l’é<strong>du</strong>cation ou à la santé : USD 10,4 milliards ontToutefois, de nombreux secteurs – comme <strong>les</strong> plantationsde caoutchouc et de palmiers, <strong>les</strong> in<strong>du</strong>strieset de l’intérêt en 2009, alors que seulementété alloués aux paiements de la dette extérieure15,97 % en 2005, 17,75 % en 2006, 16,58 % en2007, 15 % en 2008 et 14,5 % en 2009 4 .<strong>du</strong> bois et <strong>du</strong> meuble, l’in<strong>du</strong>strie minière, <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its61USD 9 milliards ont été assignés à l’é<strong>du</strong>cation• Les objectifs <strong>du</strong> Gouvernement pour ré<strong>du</strong>iremanufacturés (notamment <strong>les</strong> texti<strong>les</strong> et <strong>les</strong> vêtements),l’in<strong>du</strong>strie de l’automobile, l’électronique etet USD 1,7 milliard à la santé 8 .le taux de pauvreté étaient d’arriver à 9,5 % en2005, à 8,9 % en 2006, 0 à 7,9 % en 2007 et à L’impact sur <strong>les</strong> travailleurs 0 9l’artisanat – ont été gravement touchés. L’Institut de6,6 % en 2008recherche SMERU, qui a établi <strong>les</strong> différents niveaux. L’objectif initial de 8,2 % enLes controverses récentes sur le favoritisme <strong>du</strong>2009 a ensuite été ajusté à 12-14 %, 81 mais led’impact en 2009, a signalé que la crise a davantage39Gouvernement ont 47 rappelé qu’en période de crisetaux de pauvreté réel était encore plus élevétouché <strong>les</strong> personnes à faible revenu 1 100 100. L’instabilité.100ce sont <strong>les</strong> travailleurs et non pas <strong>les</strong> plus 77 100puissants<strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail a déterminé une baisse des • Les programmes d’éradication de la pauvreté qui en payent le prix. Les entreprises ont recourssalaires et une augmentation de l’emploi informel. mis en œuvre dans de nombreuses institutions au licenciement des travailleurs pour sauver leursLes femmes ont plus souffert que <strong>les</strong> hommes de gouvernementa<strong>les</strong> BCI of Nigeria nationa<strong>les</strong> = 61 et loca<strong>les</strong> neIEG of Nigeria = 44actifs, et cette procé<strong>du</strong>re est cautionnée par la politiquela détérioration des revenus et de la suppressiond’emplois ; par exemple, nombre d’entre el<strong>les</strong> ontdéjà per<strong>du</strong> leur emploi dans l’in<strong>du</strong>strie de l’artisanatet <strong>du</strong> meuble à Lombok Barat et à Jepara. La situation •pourront pas résoudre ce problème sans uneréforme de la bureaucratie et une plus grandevolonté politique.D’autre part, <strong>les</strong> effets de la crise mondiale renper<strong>du</strong>s<strong>du</strong> Gouvernement 9 . Outre <strong>les</strong> 250.000 emploisdepuis septembre 2008, l’Organisation internationale<strong>du</strong> travail estime qu’en 2009, 170.000travailleurs indonésiens ont été licenciés en raison depourrait s’aggraver car à cela s’ajoute l’effondrement dent plus difficile la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté la crise financière mondiale. Une estimation datant100100de l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> vêtement, étant donné que la plupart étant donné que l’Indonésie 93 doit faire face à de de l’année dernière indique que le taux de chômagedes travailleurs dans ce secteur sont des femmes 2 . graves problèmes, tels que la dette extérieure, en Indonésie était de 8 %, avec une tendance à lala corruption et le manque de cohérence entre hausse 10 .la politique macroéconomique d’une part et <strong>les</strong> Un exemple de cette situation est le traitementmesures concrètes pour ré<strong>du</strong>ire la pauvreté23Un autre obstacle à l’éradicationde la pauvretéAvant l’impact de la crise mondiale, le Gouvernementavait augmenté le budget pour l’éradication de lapauvreté de 51 milliards de Rp (USD 5,5 milliards)en 2007 à 58 milliards de Rp (USD 6,3 milliards) en1 SMERU, “Monitoring the Socioeconomic Impact of theGlobal Financial Crisis in Indonesia”. Disponible sur : .2 Ibid0de l’autre.• En 100 août 2009, la Banque d’Indonésie a signalé99100 1003 Dian Kuswandini, “Fixing poverty: In numbers we trust?”,The Jakarta Post, 27 décembre 2008.4 Institut National pour la Planification <strong>du</strong> Développement,Indonesia MDGs BCI Report of Switzerland 2009, Jakarta. = 985 Tempo, 26 octobre 2008.6 Dian Kuswandini, op. cit.1007 Wahyu Susilo, “5 years to Millennium 0 Development Goalsdeadline”, GCAP-SENCA, 29 octobre 2009. Disponible sur :.100 711008 Ibid.9 Ames Gross and Andrew Connor, “Indonesia in the GlobalFinancial Crisis: What HR Managers Need to Know”, PacificIEG of Switzerland = 62Bridge, mars 2009. Disponible sur : .10 Ibid.8210090100Rapports nationaux 118 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100 9910074


spécial accordé à Bumi Resources (la plus grandesociété minière d’Indonésie) : alors que la valeur desactions de la société est considérablement tombée,de nombreuses voix <strong>du</strong> Gouvernement ont insistésur la nécessité d’intervenir pour la sauver. L’actionnaireprincipal de cette société minière est PT Bakrie& Brothers Tbk, une entreprise dirigée par AburizalBakrie, qui est également à la tête <strong>du</strong> parti Golkar(membre de la coalition gouvernementale).La crise financière est aussi une menace pour<strong>les</strong> travailleurs indonésiens migrants, car elle adéterminé que <strong>les</strong> pays où ils résident emploientdavantage des travailleurs locaux. La Confédérationdes syndicats de travailleurs d’Indonésie a avertiqu’il fallait s’attendre à ce qu’environ 300.000 travailleursmigrants soient de retour dans leur paysvers fin 2009 après avoir été licenciés dans despays récepteurs, tels que la Corée <strong>du</strong> Sud et la Malaisie11 .Le Gouvernement avait pensé, à tort, que <strong>les</strong>transferts de fonds envoyés depuis l’étranger par<strong>les</strong> travailleurs migrants pourraient constituer unesource alternative de revenus pendant la crise. Certainsanalystes et décideurs ont même proposé quele Gouvernement essaie d’augmenter le nombre depersonnes percevant des revenus à l’étranger desorte que <strong>les</strong> envois de fonds contribuent à ré<strong>du</strong>irela volatilité de la roupie indonésienne 12 . Le Gouvernementestimait que <strong>les</strong> transferts des travailleursexpatriés atteindraient environ USD 10 milliards en2010 13 .Les OMD en IndonésieRécemment, l’Institut national de la planification <strong>du</strong>développement a reconnu que l’Indonésie ne pourraitpas atteindre <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour ledéveloppement (OMD), notamment ceux concernantle taux de mortalité maternelle, l’infection par le VIHet la protection de l’environnement, d’ici à 2015 14 .Selon le PNUD, en Indonésie 15 :• Plus de 35 millions de personnes–soit 15,4 %de la population–vivent en dessous <strong>du</strong> seuilnational de pauvreté. La proportion de la populationayant un accès <strong>du</strong>rable à l’eau potable et àl’assainissement n’a pas augmenté.• Plus de 30 % des personnes vivant dans <strong>les</strong>zones urbaines et plus de 50 % des personnesvivant dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> n’ont pas accès àun réseau d’eau potable.• Le taux national de mortalité maternelle de 307pour 100.000 naissances vivantes reste l’un desplus élevé en Asie <strong>du</strong> Sud.• Le taux d’infection par le VIH/SIDA a augmentéde manière significative dans tout le pays, notammenten Papouasie et dans <strong>les</strong> zones urbainesà haut risque.• Environ 95 % des enfants sont inscrits à l’écoleprimaire, mais seulement 81 % entrent à l’éco<strong>les</strong>econdaire.• Entre 1997 et 2000, l’Indonésie a per<strong>du</strong> 3,5 millionsd’hectares de forêt par an.Davantage d’efforts pour lutter contre lapauvretéOutre l’augmentation <strong>du</strong> budget et <strong>les</strong> incitationsfisca<strong>les</strong>, le Gouvernement a pris certaines mesurespour ré<strong>du</strong>ire la pauvreté, tel<strong>les</strong> que la Loi 40 2004 surle Système national de sécurité sociale 16 . L’objectifde cette loi est d’assurer la sécurité sociale à tous <strong>les</strong>citoyens et pas seulement à ceux qui sont enregistréscomme pauvres au Bureau national des statistiques.La loi établit cinq programmes nationaux de sécuritésociale comprenant : assurance maladie, assuranceaccident de travail, assurance retraite, assurancepension et assurance vie. La loi prévoit la mise enplace d’un mécanisme pour recueillir des fonds pardes contributions obligatoires afin d’assurer quetous <strong>les</strong> citoyens puissent satisfaire leurs besoinsfondamentaux, y compris l’accès aux soins médicaux.Toutefois, le Gouvernement a mis en place unenorme unique sur <strong>les</strong> procé<strong>du</strong>res et l’organisationde la Commission de sécurité sociale, tandis qued’autres questions importantes – comme la création<strong>du</strong> Bureau d’administration de la sécurité socialepour l’application de cette loi – ont été ignorées. Parconséquent, le système d’assurance continue à fonctionnersans changements.En 2009 et 2010 la pauvreté a diminué trèslentement sans que cela n’entraîne d’améliorationsdans le développement humain. Le Rapport sur ledéveloppement humain 2009 <strong>du</strong> PNUD 17 considèrel’Indonésie comme un pays ayant de nombreux problèmeset dans lequel une détérioration de la qualitéde vie de la population a été constatée. La place del’Indonésie dans l’Indice de développement humain achuté de la 107 e position en 2005 à la 111 e position en2009, ce qui place l’Indonésie derrière <strong>les</strong> Philippines(105) et la Pa<strong>les</strong>tine (110).Il est nécessaire que le Gouvernement adoptedes mesures stratégiques pour faire face à cette situation.Tout d’abord, le Gouvernement devrait intégrerl’éradication de la pauvreté au budget national,soutenir <strong>les</strong> efforts des organisations de la société civiledans ce sens, s’abstenir d’appliquer des mesuresinefficaces et éviter la superposition des différentsprogrammes. Ensuite, <strong>les</strong> réformes gouvernementa<strong>les</strong>devraient inclure l’éradication de la corruptionet la mise en œuvre de la bonne gouvernance. Pourpromouvoir le développement <strong>du</strong>rable il est essentielde compter sur un plan stratégique de ré<strong>du</strong>ction dela dette et que des efforts soient faits pour éviter unnouvel endettement. n11 Hera Diani, “Future Looks Bleak for Laid-Off IndonesianWorkers”, The Irrawaddy, 19 novembre 2009. Disponib<strong>les</strong>ur : .12 Reuters, “Indonesian Migrant Workers Expected to SendMore Money Home in 2010”, The Jakarta Globe, 30 octobre2009.13 Ibid.14 “RI to miss MDGs target”, The Jakarta Post, 20 avril 2010.15 Voir : .16 Disponible sur : .17 UNDP, Human Development Report, New York, 2009.Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 119 Indonésie


iraQ10056La violence envers la femme freine le développement et la paix067899La société iraquienne est dominée par un environnement dangereux en raison de la faib<strong>les</strong>se de l’état de droit. Les34989454100 100 femmes iraquiennes 100 prennent 100 davantage de responsabilités et 100relèvent de nombreux 100 en<strong>jeu</strong>x. Chaque jour 62 des femmes 100et des <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> victimes de mariages forcés et de crimes pour des raisons « d’honneur », el<strong>les</strong> sont contraintesau suicide, subissent des violences physiques et sexuel<strong>les</strong>, font l’objet d’exploitation sexuelle et leur autonomie et= 95 IEG of Bahrain = 46 BCI of Eritrea = 76 IEG of Eritrea = 47mobilité sont limitées. Il faut non seulement encourager la réinsertion sociale <strong>du</strong> pays mais aussi stimuler et soutenir <strong>les</strong>nouvel<strong>les</strong> structures institutionnel<strong>les</strong>, la législation et sa mise en œuvre pour la protection des droits de la femme.10001000251007897Developing Programs for Women and YouthIraqi Al-Amal AssociationBasma AlKhateeb100En général <strong>les</strong> femmes iraquiennes ont joué un rôle actifdans leur société, mais <strong>les</strong> longues années de conflit23et de sanctions internationa<strong>les</strong> <strong>les</strong> ont profondément0touchées. El<strong>les</strong> ont souffert à cause de la violence et dela destruction <strong>du</strong> tissu socioéconomique <strong>du</strong> pays. Une3794enquête réalisée en 2008 par Oxfam et par l’association100 100 100100 100100 100Al-Amal a estimé que 35,5 % des femmes étaient chef Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àde foyer, notamment à cause <strong>du</strong> conflit 1 . Les femmes personnel médical spécialisél’âge de 5 ansla = 87accomplissaient des tâches qui étaient par traditionIEG of Guatemala = 51aux mains des hommes, spécialement dans <strong>les</strong> zones ou psychologiqueBCIet 21,2of Iraq% ont= 88déclaré avoir subi unerura<strong>les</strong>, en plus d’assumer leurs rô<strong>les</strong> traditionnels et dedevoir s’ingénier à satisfaire leurs besoins de base.La constitution de 2005 (art 14) garantit à la femmel’égalité vis-à-vis de la loi. Elle garantit aussi son droit àla vie et à la sécurité personnelle 100 (art 15) et interdit laviolence (art 29). Ces principes sont renforcés par ledroit à la liberté et à la dignité (art 37) alors que l’interdictiondes peines non stipulées par la loi (art 19) renforcel’illégalité des « crimes d’honneur ». Cependant, malgréces garanties, <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> 21 sont exposées à0de nombreuses formes de violence face aux valeurs deviolence physique 2 . Selon une enquête de l’UNICEF,59 % des <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> et des femmes entre 15 et 59 anscroit qu’un mari a des raisons pour battre sa femme 3 .En 2006 le pourcentage des femmes mariées âgéesde moins de 18 ans était 100de 26,8 % ; dans <strong>les</strong> zonesurbaines il était de 25,8 % et dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>,de 28,9 % 4 .L’ordre juridique aussi présente 62 lui-même des problèmes.L’Iraq fait partie de plusieurs traités internationauxsur <strong>les</strong> droits de l’Homme, parmi <strong>les</strong>quels se trouve0celui de la Convention sur l’élimination de toutes <strong>les</strong> formesBagdad, près de 60 femmes 100 ont été violées alors que 80autres ont subi « d’autres formes d’abus sexuels 7 ».Malgré <strong>les</strong> garanties établies dans la constitution,le Code pénal d’Iraq de 1969 et des ordres ultérieurs<strong>du</strong> Conseil <strong>du</strong> commandement révolutionnaire (RCCselon son sigle en anglais) contiennent 22 des dispositions0qui pardonnent la violence envers la femme, puisqu’ilsde discrimination contre la femme (CEDAW), mais permettent des peines plus brèves et dans quelquesplus en plus conservatrices stimulées par <strong>les</strong> hommes,9629 841995le conflit armé permanent et <strong>les</strong> fail<strong>les</strong> <strong>du</strong> système lors <strong>les</strong> lois nationa<strong>les</strong> maintiennent des dispositions qui justifientle viol, l’enlèvement, <strong>les</strong> agressions physiques et nal, le viol est un délit privé, ce qui signifie que l’État necas, l’impunité des responsab<strong>les</strong>. Selon le code pé-100 100 100100 1001005774 100de l’application de la loi.le crime perpétré sur des femmes et des <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> ou peut pas agir sans le consentement <strong>du</strong> plaignant ou deViolence envers la femmebien prévoient des peines atténuées pour <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong>. son tuteur. L’une des dispositions <strong>les</strong> plus polémiques= 88 IEG of Morocco = 45Des enquêtes loca<strong>les</strong> et nationa<strong>les</strong> manifestent qu’en Sous prétexte de BCI sauver of l’honneur Nepal = et 58 IEG of Nepal = 51de maintenir l’ordre <strong>du</strong> code est l’article 398 selon lequel l’agresseur peutIraq la violence envers <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong>s’est généralisée, avec des variantes régiona<strong>les</strong> et qu’el<strong>les</strong>e manifeste à tous <strong>les</strong> niveaux de la société. Cela est liéà l’intérieur de la famille, ces lois nationa<strong>les</strong> subordonnent<strong>les</strong> femmes aux hommes et perpétuent la violenceau sein de la famille et dans la société.obtenir l’exemption de responsabilité par viol et agressionsexuelle s’il épouse la victime. N’ayant aucune dispositioncontraire, ce mécanisme est appliqué mêmeen grande partie à des pratiques culturel<strong>les</strong> ancestra<strong>les</strong>lorsque la victime est mineure. 8 Les défenseurs de cetteet aux en<strong>jeu</strong>x permanents à relever pour établir l’empire Violence sexuellenorme soutiennent qu’elle protège l’intérêt de la victime100100100<strong>du</strong> droit. Les manifestations déclarées <strong>les</strong> plus connues Il est extrêmement difficile d’obtenir 93 des données précisessont entre autres, <strong>les</strong> coups, <strong>les</strong> brûlures, la mutilationsur le nombre de cas de viols et de violence sexuelle 5 American Bar Association e Iraq Legal Development Project(ABA/ILDP), The Status of Women in Iraq: Update to thegénitale féminine (dans le nord <strong>du</strong> pays), le mariage forcé en Iraq puisque ni <strong>les</strong> autorités médica<strong>les</strong> ni <strong>les</strong> autoritésAssessment of Iraq’s De Jure and De Facto Compliance withet précoce, et <strong>les</strong> violences émotionnelle, 42 psychologique judiciaires ne tiennent de statistiques. D’ailleurs il n’y a41International Legal Standards, décembre 2006. Disponible99100et physique que représentent <strong>les</strong> crimes d’honneur.Une enquête réalisée au 0niveau national a montréque 83,1 % des femmes ont déclaré avoir subi au moinsune forme de contrôle à l’intérieur <strong>du</strong> foyer, 33,497% ont100déclaré au moins une 67100forme de violence émotionnellequ’une poignée de refuges pour <strong>les</strong> femmes hors de larégion <strong>du</strong> Kurdistan et <strong>les</strong> survivantes 0 n’informent ni <strong>les</strong>2 Ministère 97 de la Santé, ministère de la Planification 99 et de lacoopération 100 pour le développement et Organisation 100 mondia<strong>les</strong>ur : www.abanet.org/rol/publications/iraq_status_of_women_update_2006 PDF 06 IRIN, “Iraq: Focus on increasing cases of abused women”,le 14 septembre 2005. Disponible sur : 100 72(vu le 7 juillet 2010). 100de la santé, Republic of Iraq – Iraq Family Health SurveyReport 2006/7. Disponible sur : .1 Oxfam International, In Her Own Words: Iraqi women talkovak Republic = 98 IEG of Slovakia = 69 BCI of Thailand= 96about their greatest concerns and challenges – A survey,2009. Disponible sur : .4 Ibid.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 centres médicaux ni la police par crainte des représail<strong>les</strong>100de la part de leurs famil<strong>les</strong>. 100 Compte tenu <strong>du</strong> contexteICB = 8887Enfants atteignant social, culturel et de sécurité et des expériences dansla cinquième annéed’autres situations de conflit, il est raisonnable de supposerque le nombre de cas déclarés soit très inférieurd’éco<strong>les</strong>/dau nombre réel.Une analyse des rapports des organisations des8000droits humains et des artic<strong>les</strong> de la presse écrite pendantla période allant <strong>du</strong> mois de mars 2003 au mois des/ds/d96mai 2008 donne une idée de la dimension <strong>du</strong> problème.100En 2005 une étude <strong>du</strong> ministère d’État pour <strong>les</strong> Affaires80de la femme a rapporté près de 400 cas de viols constatésentre la chute <strong>du</strong> régime de Saddam Hussein (avril2003) et le moment de l’étude 5 . Un rapport pour la périodeallant <strong>du</strong> mois d’avril 2004 au mois de septembre2005 (17 mois) porte sur quelque 400 viols de femmeset 35 viols d’hommes 6 . Un autre rapport indique qu’entre<strong>les</strong> mois de février et juin 2006 (5 mois), seulement à3 UNICEF, Progress for Children: A World Fit for Children –Statistical Review, No. 6, décembre 2007.7 IRIN, “Iraq: Local NGO warns of rising cases of sexualabuse”, le14 juin 2006. Disponible sur : (vu le 7 juillet 2010).IEG of Thailand = 708 La loi établit que la peine sera de nouveau effective ou que leprocès se poursuivra si l’accusé divorce de la victime sansfondement légal dans <strong>les</strong> trois années suivant la fin <strong>du</strong> procès.10097100Rapports nationaux 120 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


car son honneur peut être sauvé grâce au mariage, évitantainsi un probable « crime d’honneur » de la part dela famille ou de la communauté. Cependant, dans <strong>les</strong>faits, cela institutionnalise la honte et le déshonneurliés au viol, et compromet encore davantage la vie et lasécurité de la victime.Homicide avec des circonstances atténuantesLes crimes d’honneur sont commis pour plusieurs raisonstel<strong>les</strong> que l’a<strong>du</strong>ltère, le refus d’ épouser l’hommechoisi par la famille, la tentative d’épouser quelqu’unque la famille n’approuve pas, <strong>les</strong> relations sexuel<strong>les</strong>prénupcia<strong>les</strong>, le fait d’être victime de viol, voire le soupçond’avoir commis un de ces faits. Les meurtres sont<strong>les</strong> plus fréquents mais il y a aussi d’autres formes deviolences tel<strong>les</strong> que la mutilation.Le Code pénal d’Iraq traite <strong>les</strong> meurtres d’honneurde manière différente des autres homicides. Les loispermettant des peines atténuées pour <strong>les</strong> crimes d’honneuront été suspen<strong>du</strong>es dans la région <strong>du</strong> Kurdistan en2000 mais el<strong>les</strong> sont toujours en vigueur dans le restede l’Iraq. L’Ordre Nº 6 <strong>du</strong> RCC <strong>du</strong> mois de janvier 2001 aélargi la catégorie des crimes d’honneur en permettant<strong>les</strong> peines atténuées pour l’homicide de la femme oud’une parente proche lorsqu’il a trait à l’honneur. Selonl’article 130 <strong>du</strong> Code pénal, ces peines atténuéespeuvent être seulement d’un an (si la peine complèteavait été de mort), ou de six mois (si la peine complèteavait été l’emprisonnement à vie). Ceci est contradictoireavec l’illégitimité de la coutume et sert à l’imposercomme une forme de peine extrajudiciaire, ceci étantinterdit par la Constitution.Le comité de la CEDAW a manifesté son grandsouci pour <strong>les</strong> crimes d’honneur en Iraq 9 . Les femmesactivistes iraquiennes, en coordination avec plusieursparties intéressées (nationa<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong>) mènentune campagne afin de modifier la loi et plaidentpour que le parlement abroge la loi sur <strong>les</strong> « crimesd’honneur » de manière à ce que <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong> soientjugés pour homicide. D’énormes doutes planent surla réalisation de cette réforme, compte tenu de la faib<strong>les</strong>se<strong>du</strong> Gouvernement et <strong>du</strong> conservatisme régnantau parlement.Bien d’autres délits sont impunisIl y a d’autres délits de violence envers la femme pour<strong>les</strong>quels la législation actuelle ne protège pas la victime.Au contraire, dans la plupart des cas <strong>les</strong> auteurs restentimpunis ou reçoivent des peines atténuées, entreautres :• Enlèvements et séquestrations. Selon l’article 423<strong>du</strong> Code pénal d’Iraq, l’enlèvement d’une femmerequiert une peine maximale de 15 ans d’emprisonnement; cependant, tout comme dans <strong>les</strong> casde viol ou de tentative de viol, l’auteur <strong>du</strong> délit seraexempté de peine s’il épouse la victime.• Violence domestique. Selon l’article 41 <strong>du</strong> Code,le mari a le droit de punir sa femme ; bien que laloi indique que cette punition soit permise « danscertaines limites établies par la loi ou la coutume »,9 Comité de CEDAW, “Summary record of the 468 th meeting”,CEDAW/C/SR/468, le 14 juin 2000. Disponible sur : (vu le 7 juillet 2010).<strong>les</strong> limites léga<strong>les</strong> n’ont pas été déterminées et <strong>les</strong>limites coutumières sont très vagues.• Traite de personnes et prostitution. Bien que laConstitution interdise la traite des femmes et des<strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong>, et que la prostitution soit un délit,<strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> forcées à se prostituern’ont que très peu ou aucune ressources.D’ailleurs <strong>les</strong> délits de traite de personnes ne sontpas énumérés dans <strong>les</strong> statistiques sur <strong>les</strong> délits<strong>du</strong> ministère de l’Intérieur et ne sont pas inclusdans la formation policière.• Mutilation génitale féminine (FGC d’après sonsigle en anglais). Bien que ce ne soit pas une pratiquecommune dans le sud de l’Iraq, des rapportsprécisent que la mutilation génitale féminine arecommencé dans le nord. Il n’y a pas de lois précisescontre cette pratique et même si le ministèrede la Santé affirme que <strong>les</strong> médecins ne sont pasautorisés à pratiquer ces interventions, il n’y a pasde mécanismes légaux pour faire respecter cetteinterdiction.• Violence pour des motifs religieux et des pratiquestriba<strong>les</strong>. Un rapport d’ ABA/ILDP de 2006 indiquaitqu’au milieu des tensions chaque fois plus sectairesen Iraq, <strong>les</strong> groupes extrémistes sunnites etchiites exigeaient que <strong>les</strong> femmes portent le voileislamique pour éviter des con<strong>du</strong>ites « immora<strong>les</strong> »ou « anti – islamiques » au risque de devoir faireface à des conséquences violentes 10 . Dans la villede Basra, la deuxième en population en Iraq, 133femmes ont été assassinées et mutilées en 2007et leurs corps trouvés dans des poubel<strong>les</strong> accompagnésde messages d’avertissement contre « lenon-respect des enseignements de l’Islam 11 ».• Violence envers <strong>les</strong> femmes détenues. Bien quela couverture de la presse sur <strong>les</strong> abus contre <strong>les</strong>prisonniers à Abou Ghriba se soit centrée sur latorture, <strong>les</strong> abus sexuels et le traitement humiliantenvers <strong>les</strong> hommes iraquien, différentes sourcesindiquent que <strong>les</strong> femmes prisonnières ont subiun traitement similaire, voire des viols. D’après unrapport de Humans Rights <strong>Watch</strong>, le secret qui aentouré l’isolement des femmes « a été le résultatd’un complot entre <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> et <strong>les</strong> forcesd’occupation » : <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> craignaient la stigmatisationsociale et la Force multinationale en Iraqcraignait d’être condamnée par <strong>les</strong> groupes desdroits humains et la colère des iraquiens 12 . D’aprèsle Département d’État des États-Unis, la police iraquiennea également participé aux abus contre<strong>les</strong> femmes tels que des menaces, intimidations,coups et applications de décharges électriques 13 .10 ABA/ILDP, op. cit.11 MADRE, “Who is Killing the Women of Basra?”, le 9 juillet2008. Disponible sur : .12 Human Rights <strong>Watch</strong>, “Climate of Fear: Sexual Violenceand Ab<strong>du</strong>ction of Women and Girls in Baghdad”, Iraq,15(7), juillet 2003. Disponible sur : .13 Département d’État des États–Unis, Iraq Country Report onHuman Rights Practices 2005, le 8 mars 2006. Disponib<strong>les</strong>ur : .De nouvel<strong>les</strong> chancesDans <strong>les</strong> sociétés post-conflit comme l’Iraq, la « justicepour <strong>les</strong> femmes » est en grande partie toujours uneillusion, bien que l’on fasse quelques progrès. Le motsignifie beaucoup plus que justice dans <strong>les</strong> tribunauxpour <strong>les</strong> délits contre <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> ; ilcomprend le traitement équitable et la participation de lafemme dans la négociation des conventions de la paix,la planification et la mise en pratique des opérations depaix, la création et l’administration <strong>du</strong> nouveau Gouvernement(y compris <strong>les</strong> organismes et institutionsprenant en charge <strong>les</strong> besoins des femmes et des <strong>jeu</strong>nesfil<strong>les</strong>), le fait de leur donner accès à tout le spectre deschances é<strong>du</strong>catives, la participation à la revitalisation età l’accroissement de l’économie, et la promotion d’uneculture encourageant <strong>les</strong> talents, <strong>les</strong> capacités et le bienêtredes femmes et des <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong>.Les crises peuvent servir à faire tomber <strong>les</strong> barrièressocia<strong>les</strong> et <strong>les</strong> coutumes des patriarches traditionnels,en fournissant des ouvertures pour la constructiond’une société plus juste et équitable dans laquelle<strong>les</strong> droits de la femme seront protégés et l’égalité dessexes sera la norme dans un cadre institutionnel etsocial. Il faut profiter de ces possibilités non seulementpour promouvoir la réinsertion sociale mais aussi pourencourager et soutenir <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> structures institutionnel<strong>les</strong>,la législation et sa mise en œuvre afin deprotéger <strong>les</strong> droits politiques, économiques, sociauxet culturels.RecommandationsL’ONU, <strong>les</strong> pays donateurs et <strong>les</strong> agences internationa<strong>les</strong>peuvent donner un appui aux femmes iraquiennesdes manières suivantes, suggérées à la communautéinternationale :• Négocier avec le Gouvernement d’Iraq pour qu’ilrespecte ses engagements et devoirs quant auxaffaires des droits humains et qu’il autonomise <strong>les</strong>femmes pour qu’el<strong>les</strong> participent aux processus<strong>du</strong> pouvoir politique, de la consolidation de la paixet de la réconciliation nationale.• Donner priorité à l’aide financière pour la formationen égalité des sexes aux ministères de l’Intérieuret de la Justice, à l’Institut judiciaire, dans <strong>les</strong>universités et facultés de droit et <strong>les</strong> ONG.• Offrir une formation sur <strong>les</strong> connaissances juridiquesaux organisations de la société civile iraquienne,spécialement sur la Résolution 1325 <strong>du</strong>Conseil de la sécurité de l’ONU (S/RES/1325) etsur <strong>les</strong> manoeuvres électora<strong>les</strong> et la collecte defonds, ateliers, conférences et campagnes dans<strong>les</strong> médias.• Nommer un consultant en questions d’égalité dessexes dans <strong>les</strong> missions diplomatiques en Iraqpour faire un suivi des engagements nationaux etinternationaux dans le pays.• Fournir de l’aide d’urgence aux refugiés iraquiensen Jordanie et en Syrie, où la plupart sont des femmeset des enfants, et fournir des mesures d’asilepour ceux qui ont présenté une demande d’asiledans des pays d’Europe et d’Amérique <strong>du</strong> nord. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 121 Iraq


Italie10052Le démantèlement de la coopération pour le développement510La société italienne a été <strong>du</strong>rement touchée par la crise financière. La principale réponse <strong>du</strong>989910098100 100 Gouvernement 100 a été de 100 ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> ressources de secteurs 100 clés comme 100 l’é<strong>du</strong>cation, 68 la santé, l’assistance 100sociale et <strong>les</strong> fonds pour <strong>les</strong> autorités loca<strong>les</strong>. Le financement pour le développement a également subiune sévère ré<strong>du</strong>ction et aujourd’hui l’Italie ne tient pas ses engagements internationaux. L’indifférenceor = 91 IEG of El Salvador = 68 BCI of Cyprus = 96 IEG of Cyprus = 65<strong>du</strong> Gouvernement face à la coopération pour le développement alors que l’Italie préside le G8 nesurprend pas la société civile, qui a critiqué le manque de stratégie <strong>du</strong> pays en la matière.10009990 901000291000La coalition italienne de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 1100L’impact social de la crise financière a été énorme en Italie,affectant non seulement l’économie <strong>du</strong> pays en général –le déficit national a augmenté de 5,2 n/d % en 2009 et plusde 9.000 entreprises ont dû fermer (23 % de plus qu’enIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 99 99Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 64Autonomisation2008 2 ) – mais aussi <strong>les</strong> travailleurs et surtout <strong>les</strong> foyers.0Le taux de chômage a augmenté de presque 8 % 3 et un00n/dtiers des foyers rencontre aujourd’hui des difficultés n/d pour991009799boucler ses fins de mois sans s’endetter 4 . Parmi eux, ce55100 100 100100 100100 100100sont <strong>les</strong> immigrants <strong>les</strong> plus touchés 5 .Le système bancaire n’a pas été particulièrement touchéAccouchements assurés par <strong>du</strong>personnel médical spécialiséSurvivance jusqu’àl’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationet il n’a pas disposé des aides reçues <strong>du</strong> Gouvernementr = 7780pour aider <strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> indivi<strong>du</strong>s avec des facilitésde crédit. En même temps, le Gouvernement a ré<strong>du</strong>it<strong>les</strong> ressources dans plusieurs secteurs clés commel’é<strong>du</strong>cation, la santé, l’assistance sociale et <strong>les</strong> fondspour <strong>les</strong> autorités loca<strong>les</strong>. La réunion 2009 <strong>du</strong> G8 a eulieu dans la ville italienne de 100 L’Aquila, récemment ravagéepar un tremblement de terre, au milieu des critiquessur le manque de leadership de la part de l’Italie lors dela préparation <strong>du</strong> sommet et à propos n/d des dernièresré<strong>du</strong>ctions de son budget d’aides. L’année 2009 a étéune année de progrès dans la privatisation des entreprisespubliques et des infrastructures et aussi d’une0corruption et unen/dévasion fiscale plus importantes n/d (<strong>les</strong>cas de corruption ont augmenté de 229 % par rapportà 2008, alors queBCIl’onofestimeItalyqu’un= 96tiers des italiens nepaye pas ses impôts) 6 .Une indifférence envers l’APDIEG of Italy = 64100100 100= 5798100, RB = 911 Jason Nardi en a rédigé l’intro<strong>du</strong>ction ; “L’Indifférenceenvers la coopération pour le développement” a été écritpar Tommaso Rondinella ; “Le Financement des plans dedéveloppement” par Andrea Baranes (CRBM) et RobertoSensi (MAIS) ; “La Violation des droits de l’homme àl’étranger” par A<strong>les</strong>sandro Palchetti (Amnesty International–section Italienne) ; “OMD 3 : Un manque d’initiative enmatière d’égalité des sexes” par Beatrice Costa (Coord.Campagna 30 anni CEDAW–Lavori in corsa) et “OMD 7 : Unréféren<strong>du</strong>m sur l’eau publique” par Tommaso Fattori (Forum100Italiano dei Movimenti per l’Acqua).2 La Stampa, “Crisi, nel 2009 picco di imprese fallite” 1 ermars 2010. Disponible sur : .443 Le taux de chômage en Italie en 2009 a été de 7,8 % parrapport à 6,8 % de 2008. Le taux projeté pour 2010 est de010,5 %. Voir : Economy<strong>Watch</strong> “Italy Economic Statistics andIndicators”. Disponible sur : .984 Keynesiano, 100 61“Crisi : Duro impatto della recessione sul 100mercato del lavoro”, 29 janvier 2010.5 Selon <strong>les</strong> principaux opérateurs de transfert d’argent pendantla première partie IEG de 2009, of Venezuela <strong>les</strong> virements ont = 68 baissé de 10à 15 % par rapport à 2008. Voir : Giulio Giangaspero, “Lerimesse dall’Italia in tempo di crisi”, Working Paper Cespi,63/2009. Disponible sur : .Les derniers budgets de l’État ont décrété le démantèlementde l’APD. Pour la période 2009-2011, on a accordérespectivement 321,8 millions, 331,26 millions et 215,7millions d’euros, ce qui représente une ré<strong>du</strong>ction de 56 %des ressources disponib<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> projets de coopération<strong>du</strong> ministère des Affaires étrangères. Les actions <strong>du</strong> Gouvernementdans ce domaine, l’année même où l’Italie présidele G8, peuvent paraître contradictoires ; toutefois el<strong>les</strong>ne sont pas surprenantes si l’on considère <strong>les</strong> coûts d’organisationde l’événement <strong>du</strong> G8 en soi, qui coûte beaucoupplus (son coût est estimé à USD 600 millions 7 ) que <strong>les</strong>allocations annuel<strong>les</strong> pour la coopération internationale.Selon l’Organisation de coopération et de développementéconomiques (OCDE), 74 % de l’APD italienne estcanalisée par le système multilatéral. Cela signifie qu’il fautavoir une transparence et une responsabilité démocratiquede rigueur dans l’effectivité de la participation <strong>du</strong> pays ausein des institutions internationa<strong>les</strong> qui gèrent le financement<strong>du</strong> développement. En 2010, l’APD de l’Italie serainférieure à l’engagement de 0,5 % <strong>du</strong> PIB, et cela empêcheral’Europe, en conséquence, d’atteindre le but collectifde 0,56 % malgré la bonne performance des pays qui l’ontdéjà dépassé 8 . La législature précédente a essayé de menerà bien la réforme de l’APD – nécessaire pour garantir uneplus grande effectivité, cohérence et stabilité des ressources– mais elle a été abandonnée par la suite.6 NPR, “Culture of Corruption Creeps into Italian Life”, 12 mars 2010.7 Anuradha Mittal, “G8 Summit : Feed the Hungry or FuelHunger?” Foreign Policy in Focus, 8 juillet 2009.8 Voir : OCDE, Italie : Comité d’assistance pour ledéveloppement (CAD) Révision par <strong>les</strong> pairs 2009. Disponib<strong>les</strong>ur : .100En janvier 2010, on a présenté à Rome le premierrapport de l’OCDE en 6 ans sur l’APD en Italie (dénomméRévision par <strong>les</strong> pairs). En 2004, le Comité d’aide au développementa suggéré treize réformes essentiel<strong>les</strong> à mettreen place avant 2009. Ces réformes incluaient, entre autres,une augmentation des ressources mises à disposition etde leur fiabilité, une meilleure priorisation, l’engagementde nouveaux experts, la rationalisation des processus administratifset l’établissement <strong>du</strong> monitorage, de l’évaluationet de l’approbation d’une nouvelle loi qui définirait uncadre régulateur pour le système de coopération en Italie.Malheureusement, <strong>les</strong> recommandations de 2004 ont étécomplètement ignorées et aujourd’hui la liste a augmenté.Les recommandations sont passées à 19, dont le persistantbesoin d’une nouvelle loi, d’un ajustement <strong>du</strong> volumedes ressources destinées aux engagements contractésau niveau international, d’une plus grande attention à lacohérence politique et de la mise en place de processus demonitorage et d’évaluation 9 .Le financement pour <strong>les</strong> plans dedéveloppement : le manque de stratégiesMalgré la perte de prépondérance <strong>du</strong> G8 et de l’émergence<strong>du</strong> G20 comme nouveau forum international, le Gouvernementitalien a essayé de se servir de la présidence <strong>du</strong>premier pour améliorer son image publique tant au niveaunational qu’international. L’Italie a cependant maintenuun profil extrêmement bas lors des principaux sommetsmultilatéraux en 2008 et 2009 consacrés au financement<strong>du</strong> développement et à l’impact de la crise mondiale sur ledéveloppement 10 . La seule idée originale qu’elle a proposée9 OCDE, “Italy (2009) DAC Peer Review–Main Findings andRecommendations” (2009).10 Lors de la Conférence sur la crise financière et économiquemondiale en juin 2009, où beaucoup de pays ont été représentésà un niveau ministériel ou supérieur, la délégation italienne a étéprésidée par un fonctionnaire <strong>du</strong> ministère des Affaires étrangères.42Rapports nationaux 122 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


a été d’établir des « standards légaux mondiaux », un ensemblede règ<strong>les</strong> pensées pour régler <strong>les</strong> finances, limiter<strong>les</strong> activités spéculatives et aider à la récupération mondialeaprès la crise. Jusqu’ à présent, cette proposition – dont lecontenu est encore en cours de rédaction – n’a pas reçusuffisamment d’appui international et n’a pas con<strong>du</strong>it nonplus à des mesures importantes pour avoir une réglementationplus rigide des marchés financiers.Dans le cadre de l’initiative de l’Aide pour le commercede l’UE, développée en 2007 avec la Stratégie conjointed’aide pour le commerce, <strong>les</strong> programmes d’aide de l’Italien’incluent toujours pas une stratégie spécifique pour lecommerce. Le rapport Aid for Trade Monitoring Report2009 11 de la Commission européenne souligne que l’aideau commerce fait partie des stratégies d’assistance dansmoins de 25 % des pays associés de l’Italie. Il règne aussiune grande inquiétude à l’égard de la qualité, de la quantitéet des objectifs des programmes.La plus grande partie de l’aide au commerce est destinéeà l’infrastructure, laquelle, avec le développement descapacités, a concentré 76 % des dépenses tota<strong>les</strong> pendantla période 2002-2006. L’Italie est à la tête de la promotion del’investissement dans des projets d’infrastructure de la partd’entreprises privées avec des programmes d’aide bilatérauxet multilatéraux, surtout avec la Banque européenned’investissement. Celle-ci finance des projets controversésdans des pays africains, tels que des barrages (Gigel Gibeen Ethiopie et Bujagali en Ouganda) et des activités extractives(République démocratique <strong>du</strong> Congo et Zambie) sansparamètres clairs <strong>du</strong> point de vue social, environnementalet <strong>du</strong> développement.Dans <strong>les</strong> grandes lignes, on ne voit pas encore clairementsi, après la crise financière, <strong>les</strong> fusions et acquisitionsrécentes qui affectent <strong>les</strong> entreprises multinationa<strong>les</strong>italiennes, le Gouvernement est prêt à revoir <strong>les</strong> traitésd’investissements bilatéraux qui ont eu de graves conséquencespour <strong>les</strong> pays en développement ces dernièresannées. En même temps, le Gouvernement n’assume pasun leadership clair dans la promotion de standards plusélevés pour <strong>les</strong> organismes de crédit à l’exportation quisoutiennent <strong>les</strong> investissements des entreprises italiennesdans le monde entier, souvent avec des conséquencesnégatives pour le Sud.Violation des droits de l’Homme à l’étrangerDans son rapport sur l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> pétrole dans le Delta <strong>du</strong>Niger 12 , Amnesty International a documenté l’impact desactivités d’exploration et de pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> pétrole menéespar <strong>les</strong> entreprises pétrolières multinationa<strong>les</strong> sur la populationlocale et sur l’environnement. L’une des entreprises<strong>les</strong> plus actives au Nigéria est l’italienne Eni, présente dans77 pays et qui constitue le 5 e groupe pétrolier le plus grand<strong>du</strong> monde après Exxon Mobil, BP, la Royal Dutch PetroleumShell et Total.L’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> pétrole dans le Delta implique le Gouvernementnigérian et <strong>les</strong> entreprises subventionnéescontrôlées par <strong>les</strong> multinationa<strong>les</strong> comme Eni, Shell etTotal, ainsi que des entreprises loca<strong>les</strong>. Les immenseschamps de pétrole pro<strong>du</strong>isent des milliards de dollars debénéfices pour le pays, mais la plupart des gens qui ha-11 Disponible sur : .12 Amnesty International, Nigeria : Petroleum, pollution andpoverty in the Niger Delta, Londres, 2009.bitent <strong>les</strong> régions d’extraction vivent dans la pauvreté. Lapollution et <strong>les</strong> dommages à l’environnement ont un fortimpact sur la terre, l’eau et l’air, violant <strong>les</strong> droits humainsde la population <strong>du</strong> Delta. Amnesty soutient que <strong>les</strong> entreprisesd’extraction opérant dans le Delta, dont Eni, doivententamer des activités de nettoyage, consulter <strong>les</strong> communautésloca<strong>les</strong> et <strong>les</strong> maintenir informées des résultats. Lesentreprises doivent également rendre publiques toutes <strong>les</strong>informations liées à l’impact de leurs activités sur <strong>les</strong> droitshumains, dont une évaluation de l’impact environnementalou tout autre étude réalisée sur <strong>les</strong> effets de leurs opérationssur <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong>.Un coup d’œil sur <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénairepour le développement (OMD) : la sociétécivile en actionOMD 3 : Un manque d’initiatives en matière d’égalité dessexes. L’analyse pertinente des rapports et des documentsde planification par la société civile est très importantedans le domaine des politiques pour l’égalité des sexes, oùprévaut l’imprécision, le manque d’information et ou l’onne communique pas <strong>les</strong> mesures adoptées, <strong>les</strong> résultatset <strong>les</strong> stratégies. Un bon exemple en a été la préparation <strong>du</strong>dossier pour Pékin+15 et la Convention sur l’élimination detoutes <strong>les</strong> formes de discrimination à l’égard des femmes(sigle en anglais : CEDAW). Malgré sa précision concernantle respect des engagements mondiaux par l’Italie, elle avaitde grosses lacunes en matière de consultation auprès de lasociété civile et de transparence des processus. Le rapportsur le CEDAW, en particulier, n’a pas apporté de réponsesaux questions pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le Comité <strong>du</strong> CEDAW avaitexprimé son inquiétude dans le rapport de 2005, à savoirla santé des femmes immigrantes, la persistance desstéréotypes de genre dans <strong>les</strong> médias et la participationpolitique inadéquate des femmes au niveau local et national.Le dernier rapport manque d’une vision stratégique etd’une politique systématique pour promouvoir l’égalité deschances et le transfert de pouvoir aux femmes ; il énumèredes mesures, des lois et des données sans agenda clair etil montre très peu de progrès concrets dans des sujets quidemandent un plus grand engagement institutionnel.En novembre 2009, <strong>les</strong> ministres de l’Égalité deschances et des Politiques socia<strong>les</strong> ont présenté le plan Italie2020 : Programme d’actions pour l’inclusion de la femmedans le marché <strong>du</strong> travail. La plus grande partie de cesactions est fondée sur des emplois à mi-temps, concevantque la conciliation <strong>du</strong> travail et <strong>les</strong> responsabilités ménagèresdoivent continuer d’être assurées majoritairement si cen’est exclusivement par <strong>les</strong> femmes.OMD 7 : Un référen<strong>du</strong>m sur l’eau publique. Le droit àl’eau potable est couvert par plusieurs engagements internationaux.L’OMD 7 réclame la ré<strong>du</strong>ction de la proportion depersonnes qui n’ont pas d’accès <strong>du</strong>rable à l’eau potable et àl’assainissement de base. La Commission économique pourl’Europe des Nations Unies encourage dans sa Conventionsur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontièreset des lacs internationaux, la participation publique dans <strong>les</strong>processus de prise de décisions importantes 13 , et la Directivecadresur l’eau de l’UE établit que « l’eau n’est pas un pro<strong>du</strong>itcommercial comme n’importe quel autre, mais un héritagequi doit être protégé, défen<strong>du</strong> et traité comme tel » 14 .13 Disponible sur : .14 Disponible sur : .Pendant 15 ans, l’Italie a vécu un processus gra<strong>du</strong>elde privatisation de la gestion des services intégrés deseaux (SIA), soit sous la forme d’initiatives autonomes desautorités loca<strong>les</strong>, soit comme de lois nationa<strong>les</strong> qui ont faitpression dans ce sens. La moitié de la population italiennereçoit aujourd’hui des services fournis par des entreprisesmixtes (publiques et privées) et l’autre moitié, par desentreprises complètement publiques. Des vil<strong>les</strong> commeArezzo et Aprilia, où a débuté la participation d’associésprivés, ont connu une augmentation exponentielle des prixet une ré<strong>du</strong>ction remarquable de l’investissement. Lorsde la dernière décennie, <strong>les</strong> prix ont augmenté de 62 %(par rapport à une inflation de 25 %) et l’investissement achuté des deux tiers, de EUR 2 milliards à EUR 0,7 milliard.On prévoit une augmentation de près de 20 % de l’eauprivatisée dans <strong>les</strong> dix prochaines années.En réaction aux effets catastrophiques en termes sociauxet environnementaux, et par rapport au droit à l’eauen Italie et dans le monde, un important mouvement italienqui rassemble des centaines d’organisations, associationset comités nationaux et locaux s’est développé pendantla dernière décennie. En 2007, plus de 400.000 signaturesont été réunies pour soutenir la loi proposée par <strong>les</strong>citoyens – non retenue par le Parlement – qui conçoit unnouveau modèle de gestion publique des services intégrésde l’eau. Au cœur se trouve la participation démocratiquedes citoyens plus que la maximisation des bénéfices. Parla suite, une campagne lancée en 2010 a recueilli plus d’unmillion de signatures en faveur d’un référen<strong>du</strong>m en 2011sur la gestion publique et participative de l’eau en tant quebien commun.Parallèlement aux mouvements de la société civile,beaucoup d’autorités loca<strong>les</strong> sont en train de prendre desmesures. La région des Pouil<strong>les</strong>, par exemple, a adoptéune résolution contre la privatisation de l’AQP, le plus grandaque<strong>du</strong>c européen, et a conçu la future gestion des SIA parl’établissement d’une loi sur la gestion publique.ConclusionLa crise financière actuelle a provoqué de fortes ré<strong>du</strong>ctionsdans le secteur de la coopération pour le développement.La proposition italienne de « standards légaux mondiaux »n’a reçu jusqu’à maintenant qu’une attention ré<strong>du</strong>ite et laréforme nécessaire <strong>du</strong> secteur financier s’est vue retardée.Au fur et à mesure que le pays s’appauvrit, qu’il devientplus xénophobe 15 et que <strong>les</strong> immigrants – surtout la populationrom – subissent des discriminations et des violencescontinues, <strong>les</strong> organisations de la société civile essayent dedéfendre <strong>les</strong> droits constitutionnels violés, tels que la libertéde la presse et l’indépendance <strong>du</strong> système judiciaire.Si la coopération italienne ne respecte pas <strong>les</strong> recommandationsde l’OCDE, sa contribution aux OMD sera presqueinsignifiante voire contrepro<strong>du</strong>ctive car elle ralentiral’action européenne et le leadership mondial. Le premierobjectif de l’OMD 8 – « répondre aux besoins spécifiquesdes pays <strong>les</strong> moins développés, des pays sans accès à lamer et des petits États insulaires en développement » –exige surtout une augmentation considérable de l’APD.En raison des politiques italiennes, cet objectif paraît trèsloin d’être atteint. n15 Grazia Naletto, éd., Rapporto sul razzismo in Italia,Roma :Manifestolibri, 2009.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 123 Italie


Kenya100 95Victime des relations de pouvoir asymétriques100300La crise financière mondiale98a généré un chômage endémique, 99 un déficit budgétaire croissant et une augmentation99de la dette. Le Gouvernement 100 doit mettre en oeuvre une politique 100 fiscale visant 100 à stabiliser l’économie et modifiant 100le montant et la structure des impôts et des dépenses, ainsi que la distribution de la richesse. Il doit égalementgarantir une attribution efficace des ressources publiques et une transformation sociale à tous <strong>les</strong> niveaux. D’autreBCI of malaysia = 97part, le financement <strong>du</strong> développement doit être accompagné de la réforme démocratique.IEG of MalaysiaLe processus58devraitdéfier la logique centralisatrice <strong>du</strong> pouvoir, naissant d’un débat public soucieux d’équité et de dignité.47098<strong>Social</strong> Development Network (SODNET)Prof. Edward Oyugi, P. Thigo, J.Kipchumbah, A. MatungaSEATINI KENYAO<strong>du</strong>or Ong’wenKenya Debt Relief Network (KENDREN)Vitalice MejaBEACONRebecca TanuiDaraja – Civic Initiatives ForumDon Bonyo<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>/Futa Magendo ChaptersJames Maina MugoElimu Yetu CoalitionOpiata OdindoKenya Treatment Access Movement (KETAM)James KamauLa crise actuelle <strong>du</strong> néo-libéralisme offre aux acteursdes politiques de développement la possibilité derelancer le débat sur <strong>les</strong> politiques publiques et dereprendre <strong>les</strong> pourparlers sur le genre de développementsouhaité et la manière 100 de le financer de façon<strong>du</strong>rable. De même, elle nous oblige à repenser <strong>les</strong>conditions financières nécessaires au développementdans le contexte de la ré<strong>du</strong>ction des entrées47financières publiques et privées, <strong>du</strong> poids de la detteplus lourd chaque jour et d’une augmentation <strong>du</strong> déficitbudgétaire. Cette nouvelle analyse doit reconnaî-0tre avant tout qu’à l’échelle aussi bien mondiale quenationale, <strong>les</strong> finances sont davantage un outil 99 intervenantdans le relations de pouvoir qu’une ressource100 63100neutre. Il faut commencer à considérer l’argent entant que valeur, ainsi que <strong>les</strong> institutions qui le gèrent,IEG of Peru = 70fondamentalement <strong>les</strong> corporations, <strong>les</strong> institutionsfinancières et <strong>les</strong> agences gouvernementa<strong>les</strong> quiabordent <strong>les</strong> fonctions essentiel<strong>les</strong> de la règlementation,<strong>du</strong> budget, des dépenses et des audits.Depuis son adoption en 2002 en tant que cadrepolitique pour le financement <strong>du</strong> développement à100travers la coopération internationale, le Consensusde Monterrey est devenu le point de référence le plusimportant en ce qui concerne la mobilisation desressources financières pour le 37 développement deséconomies <strong>du</strong> Sud. Les six domaines analysés dansle consensus s’appuient sur 0 des méthodes traditionnel<strong>les</strong>basées sur le marché destiné à recueillirdes fonds pour 8183le développement, incluant l’engagementformel vis-à-vis <strong>du</strong> processus et de la mise100 100en oeuvre. Cependant, la Conférence internationalede suivi sur le financement <strong>du</strong> développement (FdD)qui s’est tenue à Doha IEG of en Uganda 2008, n’est = 67 pas parvenue àdonner l’élan nécessaire. Le problème des contradictionsentre le capitalisme financier, en pleine frénésieIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 71 IEG = 59Enfants atteignant82 la cinquième annéed’école8744100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans1 Francis M. Mwega, Paper 17: Kenya (“Document 17:Kenya”), Overseas Development Institute, Global FinancialActivité économiqueAutonomisation8185100 100É<strong>du</strong>cationspéculative, etBCI<strong>les</strong> impératifsof Kenyaéthiques= 71IEG of Kenya = 59<strong>du</strong> développementsocial équitatif n’a pas été abordé. Il faut le Plan de relance économique visant différents sec-ment a mis en place une série de mesures tel<strong>les</strong> queabsolument arriver à un nouvel accord basé sur de teurs de l’économie. Il semblerait cependant que <strong>les</strong>nouvel<strong>les</strong> perspectives.répartitions des fonds d’aide aient été décidées sanstenir compte des priorités sectoriel<strong>les</strong> : la stratégieLa recherche d’un lien entre le financement100mise en œuvre a été élaborée 100 sans aucune consultationgénéralisée de la base. Concevoir une stratégieet le développement 97Les perspectives majoritaires <strong>du</strong> financement <strong>du</strong> développementse sont trop ciblées sur <strong>les</strong> outils <strong>du</strong> fi-pouvoir afin de <strong>les</strong> centrer sur l’équité, sur la dignité,efficace supposerait la redéfinition des relations de45nancement, sur le volume des ressources mobilisées sur la participation et sur la délégation. Cela rendrait– aussi bien nationa<strong>les</strong> qu’internationa<strong>les</strong> – sur la possible l’établissement d’un contrat social capable00<strong>du</strong>rabilité de la dette et sur des affaires systémiques de constituer le cadre d’un processus de financement<strong>du</strong> développement stimulé par l’ensemble deset de cohérence. Tous ces aspects détournent l’attentionde l’impératif réel : le besoin de créer un lien citoyens.961009969100 100<strong>du</strong>rable entre le financement et le développement.Au cours des 20 dernières années, le Kenya a Pauvreté transgénérationnelleessayé de rédiger une nouvelle Constitution afin de L’ordre constitutionnel actuel <strong>du</strong> Kenya est l’héritageredéfinir <strong>les</strong> relations BCI of de Poland pouvoir = 99IEG of Poland = 70entre <strong>les</strong> citoyens <strong>du</strong> gouvernement colonial. Il perpétue une cultureet leur gouvernement. Ce processus de révision de suprématie politique et économique des secteursconstitutionnelle a été pris en otage par <strong>les</strong> rivalités privilégiés de la société et soumet grande partie detriba<strong>les</strong> autour <strong>du</strong> pouvoir. Aujourd’hui, alors que le la population qui, de génération en génération, vitconflit ethnique constitue une véritable menace, <strong>les</strong> dans la misère malgré <strong>les</strong> changements illusoiresautorités <strong>du</strong> Kenya n’ont pas l’intention de divulguer des élections successives. Dans une société en soi100100à la population <strong>les</strong> effets nocifs 96de la crise financière pacifique, la soudaine explosion de violence suitemondiale sur l’économie nationale.aux élections, ainsi que <strong>les</strong> épisodes violents deLa crise financière mondiale a débouché sur une conflits précédents surgissent des disputes triba<strong>les</strong>45situation de chômage endémique, une agravation briguant l’autorité patrimoniale dans <strong>les</strong> républiques<strong>du</strong> déficit budgétaire et une augmentation <strong>du</strong> portefeuillede la dette. En 2008, 0 le taux de croissance Malgré ces difficultés, 0 le pays jouit d’un ren-post-colonia<strong>les</strong> succesives <strong>du</strong> pays.est descen<strong>du</strong> à 2,1 %. Au premier trimestre 2009, il dement fiscal élévé, puisque le rapport impôts/PIBest monté 100 à 4 %, mais il est redescen<strong>du</strong> à 99 2,1 % au dépasse 20 %. Il est capable de financer une 97 bonne100 10064deuxième trimestre. Ce ralentissement de la croissanceéconomique a ré<strong>du</strong>it l’emploi et augmenté la portion bien moindre que dans <strong>les</strong> autres pays departie <strong>du</strong> budget ; <strong>les</strong> dons externes financent unepauvreté 1 . Afin d’en atténuer <strong>les</strong> effets, le Gouverne-BCI of Uruguay = 98 IEG of Uruguay = 69100 100 10087100 100 10001000Discussion Series (Institut de Développement d’outremer,Série sur l’analyse financière mondiale). Voir sur : .11Rapports nationaux 124 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100 94100


la région. En ce qui concerne <strong>les</strong> revenus, le Gouvernementpoursuit ses efforts pour mobiliser <strong>les</strong>ressources internes afin de ré<strong>du</strong>ire la pauvreté ;l’assiette des impôts a été augmentée grâce à desréformes de la politique fiscale et à la modernisationde l’administration interne des impôts et des douanes.Cependant, l’efficacité mise dans la générationde revenus et la collecte des impôts n’ont pas suffipour garantir la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté.Le Gouvernement nécessite une politiquefiscale qui stabilise l’économie et qui établisse descontrô<strong>les</strong> sur le montant et la structure des impôtset des dépenses, et qui encourage à la fois la redistributionde la richesse. Il doit également garantir uneadjudication efficace des ressources publiques, ceciétant fondamental pour le développement économiqueet la transformation sociale à tous <strong>les</strong> niveaux.La génération de revenus ne doit pas se limiter àl’administration, au respect et au suivi <strong>du</strong> systèmefiscal. Les citoyens doivent exiger la transparenceet la justification des comptes sur l’utilisation desressources publiques destinées à l’amélioration desprestations des services publics. Le Tableau 1 reflètele degré d’asymétrie de la composition des revenus.La Loi relative au Fonds de développementdes circonscriptions : la cimentation desstructures de pouvoirOn a essayé plusieurs fois de dévier le noyau <strong>du</strong>pouvoir vers <strong>les</strong> bases. Ce mouvement adhère auconcept de subsidiarité pour justifier le glissementde pouvoir <strong>du</strong> Gouvernement central aux sphèresloca<strong>les</strong> de l’autorité publique. Cependant, la mise enœuvre de ce concept n’a pas eu le succès atten<strong>du</strong>. Ilen a été ainsi de l’intro<strong>du</strong>ction des fonds d’apport et,plus précisément des Fonds de développement descirconscriptions (CDF, d’après son sigle en anglais),établis par la Loi de CDF de 2003 2 . Cette législationpropose d’affirmer <strong>les</strong> droits, <strong>les</strong> rô<strong>les</strong> et <strong>les</strong> responsabilitésdes citoyens, notamment en ce quiconcerne <strong>les</strong> bases, la définition des priorités et lefinancement <strong>du</strong> développement. Au départ, elle étaitprévue et a été élaborée pour aborder <strong>les</strong> injusticeshistoriques ayant trait à la répartition des ressourcespar le Gouvernement central, surtout à l’époque desprésidents Jomo Kenyatta et Daniel Moi (de 1963à 2002), lorsque la distribution des ressources sebasait sur la loyauté au régime politique. À ses débutsen 2003, après la déroute <strong>du</strong> régime de Moi,le CDF fut acclamé pour l’audace que représentait leglissement de la planification des priorités de développement<strong>du</strong> Gouvernement central aux domainesdes circonscriptions loca<strong>les</strong>. Il est devenu un pilierfondamental <strong>du</strong> processus de réforme qui devait enprincipe contrôler la démocratie néo-libérale et renforcerla logique et <strong>les</strong> principes de la subsidiarité.Le CDF a été établi pour venir en aide aux sousrégionsdont le financement <strong>du</strong> développement avaitété fortement restreint comme mesure de répressionet pour contrôler le déséquilibre <strong>du</strong> développementrégional généré par la politique partisane. En dernierressort, il n’a fait que cimenter l’emprise des élitesgouvernantes sur <strong>les</strong> moyens de subsistance et sur2 Loi de CDF, Kenya Gazette Supplement No. 107.la vie de la communauté. Dans la plupart des cas,<strong>les</strong> fonds d’apport ont permis aux parlementaireschargés d’administrer ce fonds commun colosalde se convertir en membres <strong>du</strong> parlement à vie. Iléchoit aux parlamentaires, en tant que promoteursdes fonds, le pouvoir de nommer <strong>les</strong> Commissionsdes Fonds de développement des circonscriptions,ainsi que <strong>les</strong> commissaires comptab<strong>les</strong> 3 . Ce pouvoirabsolu sur la distribution des ressources au niveaudes bases, est un reflet <strong>du</strong> paradigme actuel de la démocratienéo-libérale, qui se fonde sur la préten<strong>du</strong>eefficacité des forces <strong>du</strong> marché 4 . Dans la pratique, ilgarantit aux parlamentaires la détention <strong>du</strong> pouvoiret <strong>les</strong> ressources pour maintenir une culture de parrainageet de clientélisme et, par extension, il perpétuela culture de parrainage des régimes précédents,qui refusaient à leurs adversaires politiques et auxzones de l’opposition <strong>les</strong> fonds de développementsi nécessaires.Los citoyens doivent être impliquésNe pas impliquer <strong>les</strong> citoyens dans la mobilisationet la distribution des ressources dans <strong>les</strong> sphèresloca<strong>les</strong> risque d’avoir des retombées négatives sur<strong>les</strong> systèmes de subsistance des communautés auniveau des foyers. Les parlementaires sont connuspour leur propension à affecter des ressources,comme <strong>les</strong> fonds de développement pour l’infraestructure,à leurs propres régions et à leurs bastionspolitiques, et pour avoir transféré des fonds destinésaux bourses d’étude à leurs propres supporters politiques5 . Les Commissions des CDF ont la charged’administrer le fonds commun, mais el<strong>les</strong> se composentde parents et d’amis. Par exemple, l’enquêtepour la transparence internationale dans la provincecôtière a démontré que 73 % des personnes enquêtéesn’avaient aucune idée de la façon dont ces fondsétaient gérés. Cette même enquête révèle que 60 %des habitants de la zone attribuent leur manque departicipation aux projets <strong>du</strong> CDF à leur affiliation politique6 . En sept ans d’affectation de fonds, et malgréune croissance économique de 6 % 7 pendant <strong>les</strong>cinq premières années qui ont suivi l’époque de Moi,la pauvreté a non seulement augmenté, mais el<strong>les</strong>’est également approfondie et a empiré ces dernierstemps : plus de 56 % de la population de Kenya vit endessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté, ce qui constitue uneforte augmentation par rapport au 42 % de l’année2007 8 .La décentralisation des ressources sans unedécentralisation <strong>du</strong> pouvoir de décision sur l’usageréservé à ces ressources, c’est là une simple prolon-3 Ibid.4 Corinne Kumar. South Wind, Towards A New PoliticalImaginary (Vent <strong>du</strong> sud; vers un nouvel imaginaire politique)in Dialogue and Difference, (Londres; Palgrave Macmillan,2005).5 George Ochieng, CDF <strong>Social</strong> Audit Report-Nyanza (RapportCDF d’audit social-Nyanza), 2009.6 Pwani Coalition on Good Governance (Coalition Pwani surla bonne gouvernance), Citizen’s Monitoring Report 2010(Rapport de suivi des citoyens 2010).7 Discours sur le budget <strong>du</strong> ministre de l’Économie, 2007. Voirsur : (visité le 20 février 2010).8 Voir sur : .TABLEAU 1. Composition des revenusordinaires 2008-200926,1%Taxe sur lavaleur ajoutée14,2%Impôts à laconsommation8,7%7,1%RetenuesDroit àde l´aidel´importation35,9%Impôt surle revenu7,9%D´autresimpôtsSource : Ministère de l’Économie, Statistiquesbudgétaires 2008/2009.gation <strong>du</strong> paradigme actuel <strong>du</strong> développement dansdes pays comme le Kenya et ceux <strong>du</strong> Sud globalqui fait douter de l’existence d’un intérêt véritablepour que <strong>les</strong> communautés gagnent en autonomieet contrôlent leur propre destin.Les politiques des partenaires occidentaux quisoumettent le financement de l’aide au développementà la réforme démocratique, n’édifient pasde nouvel<strong>les</strong> structures de pouvoir qui pourraientdéboucher sur l’utilisation équitable et efficace desressources destinées à améliorer la vie des communautés.De fait, cette sorte de financement <strong>du</strong>développement, notamment quand il se canalise àtravers <strong>les</strong> organisations de la société civile d’encouragementau développement local, est lié à unparadigme d’aide qui, dans presque tous <strong>les</strong> cas,n’est qu’une tentative d’évasion <strong>du</strong> pouvoir vers descompagnies et des gouvernements étrangers.Il faut remodeler le paradigme actuel <strong>du</strong> FdDpour qu’il défie la logique centralisatrice <strong>du</strong> pouvoiret qu’il le décentralise vers <strong>les</strong> communautés et<strong>les</strong> collectifs. La logique centralisatrice <strong>du</strong> conceptde la démocratie libérale dérive implicitement versla marginalisation et l’oppression des majorités. Ilfaut un nouveau paradigme qui aspire à créer unmonde favorisant l’épanouissement des indivi<strong>du</strong>set des collectifs, au lieu d’un monde de profits et derendements.Ce nouveau paradigme <strong>du</strong> FdD devra être établià partir d’un débat populaire qui fera intervenir <strong>les</strong> valeursd’équité et de dignité. Il faudra demander à tous<strong>les</strong> hommes, <strong>les</strong> femmes, <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes et <strong>les</strong> enfants decontribuer à cette démarche et d’aider à définir <strong>les</strong>objectifs <strong>du</strong> développement. Le nouveau paradigmeissu de ce processus peut générer des niveaux depouvoir décentralisé qui inclueront une nouvelle logiquede développement basée sur <strong>les</strong> besoins decroissance sociale de tous <strong>les</strong> citoyens. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 125 Kenya


Liban100100De nouveaux objectifs sont nécessaires100540Le pays possède un des rapport 100 dette/PIB le plus élevé au 99 monde et manque de vision d’ensemble ainsi que d’un96plan d’action pour augmenter 100 la pro<strong>du</strong>ctivité et destiner efficacement 100 <strong>les</strong> ressources 100 74 afin que <strong>les</strong> pauvres puissent 100bénéficier de la croissance. Depuis 1992 l’architecture financière de l’après-guerre combine des politiquesde reconstruction expansionnistes et des politiques monétaires restrictives. Pour répondre aux priorités deBCI of Canada = 100 IEG of Canada = 74ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et de la discrimination, il est nécessaire d’avoir des objectifs contextualisés, dans<strong>les</strong>quels le financement à long terme <strong>du</strong> développement fasse partie d’une stratégie générale de croissance.0100100Lebanese Union for People with Disabilities (LPHU)Rabih FakhriDix ans après leur création, <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pourle développement (OMD) sont toujours une priorité pour leLiban. Ceci se reflète dans leur intégration au Plan d’actionsociale (PAS), un pilier <strong>du</strong> plan de réforme économiqueprésenté par le Gouvernement à l’occasion de la Conférencedes pays donateurs pour le Liban (CDL), Paris III, en2007. Le PAS a identifié <strong>les</strong> réformes socia<strong>les</strong> et défini différentesinterventions tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> mécanismes de réseauxde sécurité, <strong>les</strong> transferts d’argent et <strong>les</strong> réformes généra<strong>les</strong>de l’é<strong>du</strong>cation et des services de santé. Cependant, endépit de l’établissement d’un comité interministériel pourcontrôler la mise en œuvre <strong>du</strong> PAS, trois ans plus tard,le PAS en est toujours au stade d’essai et le comité resteinactif en raison de l’instabilité politique.Le dernier rapport des OMD (2008) souligne que leLiban est en voie d’atteindre <strong>les</strong> objectifs concernant l’é<strong>du</strong>cationet la mortalité maternelle et infantile. Cependant, lapauvreté est toujours un en<strong>jeu</strong> important pour <strong>les</strong> efforts <strong>du</strong>développement. Une étude récente a relevé une légère diminution<strong>du</strong> pourcentage des personnes vivant en situationd’extrême pauvreté, de 10 % en 1997 à 8,5 % en 2007 (bienqu’il ait atteint 8 % en 2005), alors que 28,5 % sont définiscomme pauvres. Un cinquième de la population vit entre <strong>les</strong>euil inférieur et le seuil supérieur de pauvreté 1 .Il existe un rapport entre la pauvreté et <strong>les</strong> différencesrégiona<strong>les</strong>, le manque d’é<strong>du</strong>cation, le genre et le chômage.Les résultats montrent que 82 % des personnes extrêmementpauvres et 78 % des personnes pauvres se concentrentau nord, Mont–Liban et vallée de la Bekaa ; aussi bienle nord que la Bekaa ont représenté la plus faible participationdes dépenses nomina<strong>les</strong> par habitant pendant la période2004-2005. Un pauvre sur cinq est analphabète alorsque la moyenne parmi ceux qui sont dans une meilleuresituation économique est de un sur huit. L’écart entre <strong>les</strong>genres dans l’é<strong>du</strong>cation persiste, l’analphabétisme chez<strong>les</strong> femmes est le double des hommes : 11,8 % et 5,6 %respectivement 2 .Le chômage touche beaucoup plus <strong>les</strong> personnespauvres – 14 % par rapport à 6,7 % des non pauvres –avec des taux de chômage chez <strong>les</strong> femmes pauvres quisont presque le double que chez <strong>les</strong> hommes (26,6 % et1 Heba Laithy, Khalid Abu-Ismail y Kamal Hamdan, Poverty,Growth and Income Distribution in Lebanon (Brasilia, Brésil :Centre international de la pauvreté, 2008). Disponible sur :.2 Ibid.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 92 90Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 47100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans13,5 % respectivement) 3 . Le chômage chez <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes(de 15 à 24 ans) est un autre facteur qui se rapporte à lapauvreté étant donné que 48,4 % des chômeurs sont <strong>jeu</strong>nes4 . Les personnes pauvres ne sont pas représentéesproportionnellement chez <strong>les</strong> salariés ; il est plus probablequ’el<strong>les</strong> travaillent dans le 100 secteur informel – deux tiers despersonnes pauvres sont dans cette 97 situation – ce qui <strong>les</strong>rend encore plus vulnérab<strong>les</strong> 5 .Un développement fondé sur des droitsPour que <strong>les</strong> personnes vivent dignement, un développementfondé sur <strong>les</strong> droits est nécessaire. Les lois libanaises0continuent d’être discriminatoires contre <strong>les</strong> groupes marginauxet l’écart entre <strong>les</strong> genres, en ce qui concerne99la créationde politiques, entrave le processus de réforme. Les100 100femmes ne peuvent pas encore transmettre la nationalité àleurs enfants et d’autres artic<strong>les</strong> <strong>du</strong> code pénal continuentde tolérer <strong>les</strong> « crimes BCI of d’honneur Serbia » = et 98 le viol conjugal.Un autre groupe systématiquement discriminé estcelui des personnes handicapées. La moitié des personneshandicapées physiquement sont analphabèteset seulement 26 % de cel<strong>les</strong> qui peuvent travailler sonteffectivement employées 6 . Les défenseurs des droits despersonnes handicapées continuent de faire pression pourque le Parlement approuve des lois garantissant leur accèsà l’é<strong>du</strong>cation, à l’emploi, à la santé et aux actifs financiers.Ce n’est pas l’empêchement physique mais le déplacementculturel qui rend plus inconfortable la vie des handicapés,3 Ibid.4 PNUD Liban, Rapport des Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppement 2008 : Liban, Beyrouth, 02008. Disponib<strong>les</strong>ur : .5 Ibid.6 Données de l’Union libanaise pour <strong>les</strong> personneshandicapées physiquement.Rapports nationaux 126 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>0Activité économique1000Autonomisation8899983688100 100BCI of Lebanon = 92 IEG of Lebanon = 47É<strong>du</strong>cationselon Houda Boukhari : « Dans le contexte culturel libanais,la naissance d’un enfant handicapé est perçue parbeaucoup non seulement comme une tragédie mais aussicomme une honte et une contrainte » 7 .L’architecture financière libanaise100La reconstruction de l’appareil de l’État et de l’infrastructurephysique <strong>du</strong> pays a été au centre des plans de l’aprèsguerremis en place au début des s/d années 90. Pendant lapremière période de l’après-guerre entre 1992 et 1997,le modèle macroéconomique dépendait majoritairement0<strong>du</strong> flux de capitaux étrangers. On estime que le coût directde la première s/d période de reconstruction s/da dépassé <strong>les</strong>USD 4 milliards 8 . Les autorités financières ont adopté une100 100politique de taux de change fixe pour contrôler l’inflation.Comme résultat, le pays a excessivement emprunté pouraccumuler <strong>les</strong> réserves nécessaires afin de défendre sapolitique monétaire et <strong>les</strong> taux d’intérêts ont atteint desniveaux jamais observés auparavant (35 % pour <strong>les</strong> bonsde trésor à 12 mois en 1995) .La croissance pro<strong>du</strong>ite par le boom de la reconstructions’est terminée brusquement en 1997. En même temps,la dette publique a augmenté subitement et le paiementdes intérêts ont représenté plus de la moitié des revenusde l’État. En 2004, l’investissement public dans l’appareild’état a représenté 107 % par rapport à celui qui étaitprévu initialement, tandis que celui de l’infrastructure areprésenté 190 % . Dans le même temps, <strong>les</strong> ressources99 9967 Houda Boukhari, “Invisible Victims: Working with Mothers ofChildren with Learning Disabilities”, en Gender and Disability:Women’s Experiences in the Middle East, ed. L. Abu-Habib11(Oxford: Oxfam, 1997), 37.8 Ghassan Dibeh, Foreign Aid and Economic Development inPostwar Lebanon, Université des Nations Unies – WIDERResearch Paper No. 2007/37, juin 2007. Disponible sur :.100100


destinées aux secteurs sociaux et pro<strong>du</strong>ctifs n’ont pasdépassé 50 % et 90 % , respectivement, par rapport à cel<strong>les</strong>qui étaient prévues 9 .Le Gouvernement a sollicité l’Aide publique au développement(APD) en tant que facteur clé pour soutenir lastabilité financière : restructuration de la dette, revalorisationde la monnaie et dépenses courantes de l’État. En 2002le Gouvernement a réussi à prélever presque USD 10,1milliards lors de la CDL Paris II ; plus tard, en 2007, unmontant de USD 7,5 milliards a été engagé en tant qu’aideétrangère (donation et prêts soup<strong>les</strong>) lors de la CDL ParisIII. Dans le dernier rapport en décembre 2009, le ministèredes Finances a souligné la réception de USD 3,7 milliardssur <strong>les</strong> USD 5,87 milliards accordés. Les chiffres montrentque plus de la moitié de ces fonds sont utilisés pour soutenirle budget.Dépenses et développementUne description des dépenses publiques montre que <strong>les</strong>ervice de la dette et <strong>les</strong> services publics ont consomméle gros des ressources publiques entre 1997 et 2006. Cependant<strong>les</strong> dépenses en é<strong>du</strong>cation et en santé n’ont représentéque 15 % et 6 % respectivement. De plus, 88 % desdépenses en é<strong>du</strong>cation ont été destinées au paiements dessalaires des fonctionnaires publics et 86 % des ressourcesde santé ont financé l’hospitalisation d’indivi<strong>du</strong>s dans descentres privés de santé 10 . Les ressources destinées audéveloppement de ces secteurs ont été minima<strong>les</strong>.Le système fiscal libanais a été réformé au début desannées 90 afin de relancer l’offre. La taxation maximale del’impôt sur le revenu est descen<strong>du</strong>e de 32 % à 10 % et <strong>les</strong>impôts des sociétés financières sont passés à un taux fixede 10 % , avec une ré<strong>du</strong>ction à 5 % pour <strong>les</strong> entreprises <strong>du</strong>bâtiment. Le secteur pro<strong>du</strong>ctif paye un taux d’impositionprogressif d’entre 3 % et 10 % sur <strong>les</strong> bénéfices 11 . La taxesur la valeur ajoutée (TVA) a été intro<strong>du</strong>ite en 2001 commeun taux fixe de 10 % .Cependant, <strong>les</strong> activités basées sur le revenu, tel<strong>les</strong>que <strong>les</strong> transactions de biens immobiliers, bancaires etfinancières, sont exemptées de TVA, ainsi que <strong>les</strong> activitésdes <strong>jeu</strong>x de hasard et le transport aérien de biens et de personnes.Une analyse détaillée des revenus publics montreque <strong>les</strong> impôts ont rapporté 67 % pendant la période 2000– 2009, la plupart étant des impôts indirects. En 2009, <strong>les</strong>impôts indirects ont représenté 75 % <strong>du</strong> total des recettesfisca<strong>les</strong> – TVA 32 %, essence 11 %, douanes 11 % et autres21 % – alors que <strong>les</strong> impôts sur <strong>les</strong> bénéfices, <strong>les</strong> salaires,<strong>les</strong> plus-values, <strong>les</strong> intérêts et <strong>les</strong> enregistrements de biensimmobiliers n’ont apporté que 25 % .Un système fiscal aussi régressif, ajouté à 10 ans degel des salaires et de politiques monétaires restrictives,ont empiré <strong>les</strong> conditions de vie des travailleurs hommeset femmes aux revenus faib<strong>les</strong> et moyens. La concentrationde la richesse a augmenté pendant cette période : 20 % dela population libanaise la plus pauvre a consommé seule-9 Ghassan Dibeh, The Political Economy of PostwarReconstruction in Lebanon, Université des Nations Unies –WIDER Research Paper No. 2005/44, juillet 2005. Disponib<strong>les</strong>ur : .10 R. Fakhri, Efficiency of public expenditures in Lebanon andother transitional democracies, Beyrouth, 2010.11 Wassim Shahin, “The Lebanese Economy in the 21stCentury”, dans Lebanon’s Second Republic, ed. K. Ellis(Gainesville, FL: University Press of Florida, 2002).TABLEAU 1. Dépenses publiques par type (1993-2009)454035302520151050ment 7,1 % de la consommation totale, alors que 20 % dela population la plus riche a consommé 43,5 % <strong>du</strong> total 12 .Deux pour cent des déposants possèdent 59 % des dépôtsbancaires 13 .Investissement direct étranger (IDE)Entre 2000 et 2007, le Liban a attiré une quantité importanted’investissement IDE – par exemple, 28 % de tout l’IDEpour la région de la Commission économique et socialepour l’Asie occidentale en 2003 – avec le plus grand rapportIDE/PIB 14 . Cependant, l’IDE est rarement dirigé vers <strong>les</strong>secteurs économiques réels (ceux qui pro<strong>du</strong>isent <strong>les</strong> bienset <strong>les</strong> services) ; par contre, l’investissement immobilier,la banque et le tourisme en consomment la plus grandepartie (presque 90 % en 2007) 15 . Les permis de constructionont sauté de 9 millions de mètres carrés en 2007 à16,1 millions en 2008 16 . Ceci cadre avec l’augmentation deUSD 918 millions de l’affluence de l’IDE arabe entre 2007et 2008 17 . De même, la valeur des transactions <strong>du</strong> secteur a12 Laithy et al., op. cit.Revenuset salairesPaiement d’intérêtset recouvrement principalde dette extérieure13 Fafo, ministère des Affaires socia<strong>les</strong> et PNUD, “Al-Wadeh Al-Iktisadi Al-Ijtimai, Dirassa L Ahwal L Maisha”, 2004, 55–57.14 Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale,Foreign Direct Investment Report 2008. Disponible sur :.15 Investment Development Authority in Lebanon, Advantagesof Investing in Lebanon. Disponible sur: .16 Bank Audi, Lebanon Real Estate Report, juillet 2009.Disponible sur: .17 Ibid.Autres dépensescourantesaugmenté en moyenne de 17,6 % par an pendant la période2003 – 2008 (et 54,4 % seulement en 2008) 18 . Le graphique2 montre que la plus grande part de la formation <strong>du</strong>capital brut pendant la période 2000 – 2007 s’est pro<strong>du</strong>itedans le secteur <strong>du</strong> bâtiment. Cependant, ces bénéfices sontexemptés d’impôts.Commentaire finalComme le rapport dette/PIB <strong>du</strong> Liban (153 % en juin 2009)est un des plus élevés au monde, il est indispensablequ’une stratégie de gestion de la dette signale le cheminpour que l’APD s’investisse davantage dans la pro<strong>du</strong>ctivitéet non pas exclusivement dans le processus de restructurationde la dette. En plus, il faut établir une architecturefinancière anticyclique et dynamique. Le Gouvernementdoit inciter davantage l’IDE à investir dans des activitéséconomiques employant beaucoup de main d’œuvre, aulieu d’encourager exclusivement <strong>les</strong> activités immobilièreset financières.Une stratégie de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté doit allerau-delà de l’OMD 1. Le PAS est seulement une interventionlimitée et à court terme. Les politiques de développementdoivent encourager la création de postes de travail pour lamain d’œuvre de qualification faible et moyenne. El<strong>les</strong> doiventassurer des conditions de travail appropriées aux personnespauvres ; dans ce contexte <strong>les</strong> salariés continuentd’être un facteur clé pour la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté. Pourfinir, la structure de l’imposition doit être réformée afin depromouvoir <strong>les</strong> impôts sur <strong>les</strong> bénéfices obtenus par <strong>les</strong>transactions des biens immobiliers et <strong>du</strong> secteur financier.Un système fiscal plus égalitaire qui améliore <strong>les</strong> effets de laredistribution des ressources est nécessaire. n18 Ibid.Dépensesen capital1993 - 19992000 - 2009Autres dépenses <strong>du</strong> trésor,Dépenses non classées,Guichet des douanesSource : Calculs de l’auteur basés sur <strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong> au Ministère des finances.TABLEAU 2. : Formation brute de capital fixe par type de PIB pendant la période 2000-200725201510502000Construction/PIBAutres pro<strong>du</strong>itsMachinerie et équipementMétallurgieMobilierTransports2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007Source : Calculs de l’auteur fondés sur <strong>les</strong> comptes nationaux <strong>du</strong> Liban (2000 - 2007)<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 127 Liban


99Malaisie10053Quelques progrès, des en<strong>jeu</strong>x multip<strong>les</strong>720L’objectif officiel de la Malaisie est toujours celui de parvenir à être un pays développé d’ici 2020. Cependant,968780bien que le niveau de vie de 100la population 63 se soit amélioré 100 en termes d’accès aux services57essentiels et à l’emploi,le pays est rongé par la corruption qui affecte l’exécution des projets de développement visant à satisfaire <strong>les</strong>besoins de base tels que l’accès à l’eau potable, l’assainissement, l’é<strong>du</strong>cation, <strong>les</strong> services de santé et la sécuritéIEG of Bulgaria = 73BCI of Cameroon = 75IEG of Cameroon = 51alimentaire de la population. D’autre part, la transformation de la forêt tropicale en plantations, particulièrementde caoutchouc, menace la subsistance des populations autochtones et la biodiversité <strong>du</strong> pays.100 100 100100 100100076100014Third World NetworkSuivant <strong>les</strong> données officiel<strong>les</strong> recueillies par le Programmedes Nations Unies pour le développement (PNUD) en 2005 1 ,la Malaisie a manifesté avoir atteint tous <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong>millénaire pour le développement (OMD) sauf <strong>les</strong> OMD 6 et 8dont elle a manifesté ne pas avoir l’information suffisante.Les dix premières années des OMD ont été comprisesdans la 8 ème et la 9 ème version <strong>du</strong> Plan Malaisie, le projet dedéveloppement quinquennal <strong>du</strong> pays qui a démarré en 1966.Pendant cette période, <strong>les</strong> malaisiens (une population de27,7 millions d’habitants) ont pu accéder, en général, à uneamélioration des services essentiels et de l’emploi. Maisle problème de la corruption subsiste encore et il affectel’exécution des projets de développement visant à assurerla provision d’eau potable, la gestion des déchets, l’assainissementde base, l’é<strong>du</strong>cation, <strong>les</strong> services de santé et <strong>les</strong>chemins ruraux, ainsi que la subvention mensuelle pour <strong>les</strong>foyers en situation d’extrême pauvreté.Le 8 ème et le 9 ème Plan reconnaissaient fermement lebesoin de promouvoir une société équitable par le biais del’éradication de la pauvreté et de la ré<strong>du</strong>ction des déséquilibresentre <strong>les</strong> groupes ethniques et au sein des régions. Maisils avaient <strong>du</strong> mal à diminuer l’inégalité des revenus entre <strong>les</strong>Bumiputra malais (un terme malais incluant <strong>les</strong> autochtoneset <strong>les</strong> minorités Orang Asli et Orang Asal) et <strong>les</strong> chinois, ledeuxième groupe ethnique (25 % de la population), et ilsvisaient à augmenter la participation des Bumiputra dansla propriété des entreprises. L’objectif d’assigner 30 % de lapropriété <strong>du</strong> patrimoine des entreprises dans tous <strong>les</strong> secteursen 1990 n’a pas été atteint.Suite à un changement fondamental de la politiquenationale, après <strong>les</strong> élections généra<strong>les</strong> de 2008 – lorsquela coalition <strong>du</strong> Gouvernement a per<strong>du</strong> la majorité des deuxtiers au Parlement pour la première fois – le 10 ème Plan Malaisie(2011-2015) a visé la réforme de l’économie de sorte100à être plus « inclusive » par le biais d’un Nouveau modèleéconomique 2 . Ce modèle, formulé par le Conseil nationald’action économique en 2010, présente un cadre général47pour transformer la Malaisie d’un pays aux revenus moyens àun pays avancé d’ici 2020. Il évalue <strong>les</strong> forces et <strong>les</strong> faib<strong>les</strong>ses<strong>du</strong> pays, compte-tenu des effets 0de la crise financière.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100 95ICB = 97 IEG = 58Enfants atteignantla cinquième annéed’école98100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ansObjectifs spécifiques <strong>du</strong> paysLa Malaisie a avancé considérablement dans le développementdes ses propres objectifs et de ses propres indicateursadaptés à sa situation et à ses besoins spécifiques. Le Dialoguepolitique de haut niveau, organisé par la Commissiondes Droits humains de Malaisie 100 et le PNUD en juillet 2005 3 ,a recommandé d’incorporer aux principa<strong>les</strong> politiques, auxprogrammes nationaux et aux objectifs 82 spécifiques <strong>du</strong> paysen matière d’OMD, une approche de développement axée sur<strong>les</strong> droits humains. Il a été demandé pour le 9 ème Plan Malaisiede détailler <strong>les</strong> données de pauvreté et d’inégalité pour pouvoirainsi identifier <strong>les</strong> groupes <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>, tels que0<strong>les</strong> Orang Asli et <strong>les</strong> Orang Asal, qui sont toujours privés deleur droit fondamental à un niveau de vie acceptable. 8744100 100Bien que <strong>les</strong> programmes de développement tracésdans <strong>les</strong> trois Plans Malaisie comprennent en grande partie<strong>les</strong> objectifs des OMD, la persistance de la pauvreté dansdifférentes régions, BCI tant of urbaines Kenya que = rura<strong>les</strong>, 71 a été reconnue.L’in<strong>du</strong>strialisation rapide a aussi provoqué le problème de lapauvreté urbaine ainsi qu’une population migrante croissante– estimée à 2 millions en 2009 – qui augmente la demande enmatière de logement et d’é<strong>du</strong>cation. Les politiques pour luttercontre la pauvreté sont centrées sur l’entraide et la génération100de revenus dans <strong>les</strong> foyers pauvres, 97notamment à travers deplans de développement territorial, mais <strong>les</strong> résultats ont étébien différents : dans certaines régions l’impact social a éténégatif et la population a de moins en moins de pouvoir.L’amélioration <strong>du</strong> niveau de vie rural par le biais de lacréation de plantations de caoutchouc 0 (entre 1960 et 1980)Activité économiqueAutonomisation99100 100et de palmier à huile (depuis le milieu des années 1970) est barrages et d’énormes plantations consacrées à la monoculture,9899100attribuée aux plans de développement territorial en 99Malaisiece qui a intensifié <strong>les</strong> conflits axés sur <strong>les</strong> terres 5 . 96 Un rapport69100 100 631001 PNUD Malaisie, Malaysia : Achieving the Millennium Development100 100péninsulaire encouragés par la Direction fédérale de développement100 100Goals – Successes and challenges, Kuala Lumpur, 2005.territorial (FELDA, por son sigle en anglais). 4 A. Sivarajan, “Monthly Wages...What Monthly Wages?”,Disponible sur : .Indian-Malaysian Online, 8 avril 2002. Disponible sur :Selon <strong>les</strong> trois derniers Plans Malaisie, l’incidence de la pau-2 Unité de planification économique <strong>du</strong> Cabinet <strong>du</strong> Premier.IEG of Peru = 70BCI of Poland = 99IEG of Poland = 70ministre, 10th Malaysia Plan 2011–2015, Putrajaya, 2010.5 Pour plus d’information sur <strong>les</strong> conflits axés sur <strong>les</strong> terres desDisponible sur : .3 PNUD Malaysia, Human Rights Perspectives on MDGs andBeyond, Kuala Lumpur, juillet 2005.populations indigènes, voir le Forest Peop<strong>les</strong> Progam sur : .099BCI of malaysia = 97 IEG of Malaysia 58471000É<strong>du</strong>cationvreté a chuté de 7,5 % en 1999 à 5,1 % en 2002 et à 3,8 % en2009. L’extrême pauvreté – associée notamment aux communautésrura<strong>les</strong> et aux habitants des bidonvil<strong>les</strong> – a baisséde 1,4 % en 1999 à 1 % en 2002 et à 0,7 % en 2009.La pauvreté et <strong>les</strong> communautés indigènes100Pourtant, <strong>les</strong> rapports de presse sur la situation des communautésindigènes, <strong>les</strong> pauvres urbains et <strong>les</strong> travailleursdes plantations d’origine indienne mettent en évidence lefait que le niveau de vie de ces groupes marginalisés n’a paschangé depuis des décennies. La 11plupart des plantations de0caoutchouc et de palmier à huile utilisent encore le systèmede salaires colonial qui fixe un salaire journalier en fonction81de la quantité récoltée et de son prix sur le marché 85 mondial,100 100au lieu de considérer <strong>les</strong> heures travaillées. Les entreprises<strong>du</strong> bois et propriétaires des plantations offrent des salairesn’atteignant que MYR 12 (USD 3,75) par jour aux populationsindigènes rura<strong>les</strong> de Sabah et Sarawak. Depuis 60 ansIEG of Kenya = 59la réclamation d’un salaire minimum des 180.000 travailleursréunis au Syndicat des travailleurs des plantations (NUPWpour son sigle en anglais) a été infructueuse 4 . Durant ces 20dernières années, <strong>les</strong> travailleurs sont devenus encore plusvulnérab<strong>les</strong> <strong>du</strong> fait que <strong>les</strong> employeurs peuvent <strong>les</strong> remplacer100facilement par des travailleurs étrangers meilleur marché etn’ayant pas le droit de former des syndicats.Les communautés indigènes, représentant 12 % de la45population, sont délaissées dans plusieurs régions et el<strong>les</strong>sont de plus en plus déplacées de leurs terres dans la forêt afinde permettre le développement 0de projets tels que d’immenses30Rapports nationaux 128 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010096


de la Commission des Droits humains de Malaisie en 2007,après une recherche sur <strong>les</strong> conflits de ce genre auxquels ontparticipé <strong>les</strong> Penan, une tribu indigène située à Ulu Belaga,Sarawak, a montré que le programme <strong>du</strong> Gouvernement enfaveur de l’éradication de la pauvreté n’atteignait pas la communautévivant en situation d’extrême pauvreté 6 .La sécurité alimentaire est toujours un en<strong>jeu</strong>Le succès de la Malaisie dans <strong>les</strong> secteurs des manufactureset des pro<strong>du</strong>its agrico<strong>les</strong> de base orientés vers l’exportationa amené à ce que la pro<strong>du</strong>ction des aliments debase soit moins prioritaire. Le riz – aliment de base – est laseule culture pour laquelle on a fixé une cible d’une certaineautosuffisance. Le développement agricole est notammentbasé sur <strong>les</strong> cultures pour l’exportation comme le palmier àhuile, dont la valeur d’exportation en 2009 a été de USD 15,6milliards 7 . De ce fait, la surface destinée à la pro<strong>du</strong>ctiond’aliments est plus ré<strong>du</strong>ite. Sur 6,4 millions d’hectares deterre agricole, 4 millions sont consacrées aux cultures depalmier à huile et 1,3 million au caoutchouc.Le vieillissement des agriculteurs, <strong>les</strong> champs de rizabandonnés et <strong>les</strong> années où la priorité de la pro<strong>du</strong>ctionalimentaire a été insuffisante ont causé la panique lors de lacrise alimentaire mondiale de 2008, lorsque la Thaïlande etle Vietnam ont ré<strong>du</strong>it leurs exportations de riz. Ceci malgréla cible <strong>du</strong> 9 ème Plan Malaisie qui était d’augmenter l’autosuffisancede la pro<strong>du</strong>ction de riz de 72 % en 2005 à 90 %en 2010. Cependant, le 10 ème Plan Malaisie a encore diminuéll’objectif à 70% 8 .Pendant <strong>les</strong> 10 dernières années, le coût des importationsd’aliments a augmenté à un rythme soutenu, de USD 3,4milliards en 2000 à USD 9 milliards en 2009 9 . Pendant cetemps, la monoculture à grande échelle <strong>du</strong> palmier à huilea envahi l’arrière pays de Sabah et de Sarawak et elle affecteaussi la pro<strong>du</strong>ction d’aliments des populations indigènes quipratiquent toujours l’agriculture de subsistance.É<strong>du</strong>cation et santéLa plupart des malaisiens de 7 à 12 ans reçoivent l’enseignementprimaire complet. Les inscriptions sont passéesde 2,9 millions d’étudiants en 2005 à 3 millions en 2010 faceà une diminution <strong>du</strong> taux de natalité de 2,5 % 10 . Plusieursprogrammes de soutien é<strong>du</strong>catif – comme par exemple leplan de prêt des livres de textes, <strong>les</strong> repas subventionnéset <strong>les</strong> internats – aident <strong>les</strong> membres des foyers à faib<strong>les</strong>revenus. Malgré <strong>les</strong> efforts réalisés pour améliorer l’enseignementdans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> et diminuer le fossé entrela ville et la campagne en termes de rendement scolaire, ilexiste peu de données disponib<strong>les</strong> concernant l’exécutionde ces stratégies.Le service de santé de la Malaisie est généralementconsidéré comme l’un des meilleurs <strong>du</strong> monde en voie dedéveloppement. Un programme de vaccination pour tous<strong>les</strong> enfants depuis leur naissance jusqu’à l’âge de 15 ansassure un taux de mortalité faible pour <strong>les</strong> moins de 5 ans. Ce6 Commission des Droits Humains de la Malaisie (Suhakam),Penan in Ulu Belaga : Right to Land and Socio-EconomicDevelopment, Communiqué de presse, Kuala Lumpur, 2007.7 “Malaysia aims for record palm oil exports in 2010”,Commodity Online, 9 mars 2010.8 Unité de planning économique <strong>du</strong> Cabinet <strong>du</strong> Premierministre, op. cit.9 Austrade, “Processed food to Malaysia : Trends and opportunities”,site web <strong>du</strong> Gouvernement d’Australie, 30 avril 2010.10 Ministère de l’É<strong>du</strong>cation. Voir : .programme d’immunisation pour enfants contre la plupartdes maladies évitab<strong>les</strong> par le biais de la vaccination est gratuitdans tous <strong>les</strong> services publics.Les statistiques montrent que le taux d’infection parVIH diminue toujours depuis le maximum de 6.978 cas(28,5 cas tous <strong>les</strong> 100.000 habitants) en 2002 à 3.692 (13,3cas tous <strong>les</strong> 100.000 habitants) en 2008 11 . Le ministère dela Santé a calculé un taux de notification de 10,0 cas sur100.000 en 2009. Cependant, le profil de l’épidémie esten train de changer et il y a plus de femmes infectées. En1990 seulement 1,1 % des cas de VIH reportés étaient desfemmes, mais le taux a augmenté jusqu’à 9,0 % en 2002 etjusqu’à 19,1 % en 2008 12 .En 2003, après la Déclaration de Doha sur <strong>les</strong> Aspectsdes droits de propriété intellectuelle liés au commerce(TRIPS pour son sigle en anglais) et la Santé publique fourniepar l’OMC en 2001, la Malaisie est devenue le premier paysasiatique à octroyer une licence devant être obligatoirement« utilisée par le Gouvernement » pour certains rétroviraux(ARV) brevetés par <strong>les</strong> grandes entreprises pharmaceutiques<strong>du</strong> fait <strong>du</strong> coût exorbitant qui en limitait notammentl’accès. Plusieurs versions génériques des médicamentsappartenant à la société indienne Cipla ont été importéespour être utilisées dans des hôpitaux publics pendant unepériode de deux ans à partir <strong>du</strong> 1 er novembre 2003. Le coûtmensuel de la prise en charge d’un patient s’est donc ré<strong>du</strong>itde USD 375 à USD 63-69, c’est-à-dire une ré<strong>du</strong>ction de 68 %à 83 % suivant la combinaison de drogues. Suite à cela, <strong>les</strong>titulaires des brevets ont baissé leurs prix, bénéficiant de cefait <strong>les</strong> patients qui reçoivent des traitements dans le privé.Le Gouvernement envisage la possibilité de privatiser<strong>les</strong> soins à la santé par le biais d’un plan d’assurance maladie,bien que 70 % de la population dépende des soins publics.Avec un Pro<strong>du</strong>it interieur brut (PIB) de USD 157 milliards,le budget pour la santé <strong>du</strong> pays en 2009 (USD 4,3 milliards)est bien au-dessous de 6 % <strong>du</strong> PIB, chiffre recommandépar L’OMS.Environnement, biodiversité et eau potableLes politiques environnementa<strong>les</strong> ont été améliorées et ona créé un ministère dédié à l’environnement. Cependant, laprotection environnementale est toujours au plan secondairepar rapport à l’in<strong>du</strong>strialisation et à la création de richesse, etcela malgré de nombreuses politiques et des normes prometteusesconcernant cette problématique.En général, l’extraction <strong>du</strong> bois a été réalisée de manièrenon <strong>du</strong>rable ; la pro<strong>du</strong>ction a donc diminué au fil desannées et il s’est avéré nécessaire d’importer des rondins et<strong>du</strong> bois de sciage pour satisfaire à la demande des scieriesloca<strong>les</strong>. En 2005, l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> bois et le Gouvernement ontaccordé un plan suivant lequel pour continuer à soutenir lamême in<strong>du</strong>strie responsable de la destruction des forêts,<strong>les</strong> entreprises privées feraient des plantations forestièresavec des prêts <strong>du</strong> Gouvernement, avec des conditions favorab<strong>les</strong>et des incitations fisca<strong>les</strong>. Ces plantations se sontmultipliées par 30 en trois ans, de 1.626 hectares à 44.148hectares en 2009 13 . Selon <strong>les</strong> données de l’exploitation11 Malaysian AIDS Council. Voir : .12 Ministère de la Santé, “2010 UNGASS Country ProgressReport – Malaysia”, mars 2010.13 J. Hance, “Scientists warn that Malaysia is convertingtropical forests to rubberwood plantations”, Mongabay,24 juin 2010. Disponible sur : .des forêts de 2005, plus de 1,5 million d’hectares <strong>du</strong> payssont des plantations et el<strong>les</strong> couvrent 7,5 % de la surfaceboisée.L’Association de Biologie tropicale et la conservation(ATBC pour son sigle en anglais) a signalé que cette pratiquede transformation de la forêt tropicale en plantations decaoutchouc met en danger la biodiversité de la Malaisie etses espèces menacées et libère aussi une quantité importantede gaz à effet de serre 14 . Un grand nombre des mammifèresemblématiques <strong>du</strong> pays, tels que le rhinocéros,l’éléphant, le tigre et l’orang-outan sont en danger à causede la ré<strong>du</strong>ction de leur habitat. Les scientifiques ont signaléque ces espèces disparaîtront en moins de 20 ans si l’oncontinue le déboisement au rythme actuel.Outre la perte de la biodiversité terrestre, <strong>les</strong> ressourcesmarines des pêcheries ont diminué depuis 1970, desorte que dans certaines régions de pêche la biomasse despoissons s’est ré<strong>du</strong>ite de 90 % entre 1971 et 1997. Suivantl’enquête <strong>du</strong> Département de la pêche, sur <strong>les</strong> côtes est etouest de la Malaisie péninsulaire, Sabah et Sarawak, cesressources étaient déjà surexploitées en 1997 15 .Le taux de consommation d’eau des malaisiens estl’un des plus élevés <strong>du</strong> monde : une moyenne de 300 litrespar jour par personne, ce qui dépasse la recommandationde l’ONU de 165 litres par jour par personne. Mais celaconcerne seulement <strong>les</strong> populations connectées au réseaud’eau potable. Les groupes vulnérab<strong>les</strong>, comme ceux quivivent dans des bidonvil<strong>les</strong> et dans <strong>les</strong> communautés indigènesdoivent se débrouiller avec une consommation plusfaible, aussi bien en termes de qualité que de quantité. Lescommunautés rura<strong>les</strong> et indigènes, qui autrefois prenaientl’eau potable des fleuves, doivent faire appel, de plus enplus, a la collecte de l’eau de pluie parce que <strong>les</strong> rivièressont polluées par l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> bois et par l’écoulement despesticides des plantations.À Selangor, l’état le plus in<strong>du</strong>strialisé, l’accord de privatisationde l’eau a été contesté devant la justice <strong>du</strong> fait deses termes peu équitab<strong>les</strong> assurant de gros bénéfices auxconcessionnaires alors que <strong>les</strong> plus pauvres doivent payerplus de taxes, ce qui est tout à fait disproportionné. Depuisdes années <strong>les</strong> défenseurs des ressources naturel<strong>les</strong> réclamentune gestion de la demande d’eau visant à inculquerdes habitudes de conservation de l’eau et de collecte del’eau de pluie au niveau des foyers pour éviter ainsi <strong>les</strong> coûtsfinanciers et environnementaux de la construction de barrages.Cependant, <strong>les</strong> politiques <strong>du</strong> Gouvernement ont mis <strong>du</strong>temps à répondre à ces réclamations.ConclusionBien que <strong>les</strong> rapports <strong>du</strong> Plan officiel de Malaisie présententune image prometteuse et mettent l’accent sur <strong>les</strong> réussitessans reconnaître <strong>les</strong> échecs, la précision des statistiques etdes évaluations <strong>du</strong> Gouvernement préoccupent toujours.Il reste à voir si le programme de développement gouvernemental,notamment en faveur des groupes vulnérab<strong>les</strong>,sera exécuté tel que prévu car le contrôle et la reddition descomptes de l’allocation de fonds fédéraux et de l’État sontré<strong>du</strong>its au minimum. n14 Association de biologie tropicale et de conservation, “TheConversion of Malaysian Native Forests – Resolutionopposing conversion of Malaysian native forests to nonnativerubberwood plantations”.15 Pour plus d’information, voir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 129 Malaisie


Malte1001001009776Évaluation de l’engagement réel avec l’aide au développement7310079Depuis l’entrée 99 de Malte dans 100 l’UE, l’Aide publique au développement 100 (APD) s’est considérablement améliorée.94En 2009, elle a augmenté 100 de 65% par rapport à l’année précédente. 100 Le pays 100 a créé 68 un cadre promissoire 100vis-à-vis de son engagement envers l’éradication de la pauvreté dans <strong>les</strong> pays en voie de développement, le respectdes Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD), la promotion d’une bonne gouvernance et leIEG of Finland = 84BCI of Germany = 99IEG of Germany = 78respect des droits de l’Homme. Néanmoins, en examinant la question plus en profondeur, il n’est pas clair quele pays se montre disposé à mettre en pratique tout ou partie de son agenda pour le développement.100 100 100000100Kopin MalteJoseph M. SammutMalte est entrée dans l’Union Européenne en 2004 etdepuis cette date, le pays a multiplié <strong>les</strong> efforts pourque son niveau d’APD atteigne 0,17 % de son Pro<strong>du</strong>itintérieur brut (PIB) en 2010 et pour que le ratio APD/PIB atteigne 0,33 % en 2015. Malte a également signéla Déclaration <strong>du</strong> millénaire de l’ONU par laquellele pays s’est engagé à travailler pour atteindre <strong>les</strong>OMD.Est-ce que Malte tient ses promesses ? On peutnoter un progrès considérable sur cette courte périodede cinq ans (2004-2009) à la suite de l’entrée <strong>du</strong> paysdans l’UE et la transition qui a suivi pour devenir paysdonateur. Le Gouvernement a déterminé une politiqueécrite par rapport à l’aide à l’étranger et a montré avecune transparence « partielle » le mode de distributiondes fonds de l’APD. 1002 Adopté au Conseil de l’Europe, <strong>les</strong> 15 et 16 décembre2005. Disponible sur : .Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 97 IEG = 5891 Enfants atteignantla cinquième annéed’école1000100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans<strong>les</strong> 10 nouveaux États membres avec une contributiond’APD à hauteur de 0,18 % <strong>du</strong> PIB. Cependant, le rapport99Activité économiqueAutonomisationÉ<strong>du</strong>cation4 C. Calleja, “B<strong>les</strong>sed are the poor”, Times of Malta, 16 avril2006.5 Ibid.10009750100 100le monde, beaucoupBCIdeofcel<strong>les</strong>Maltaqui= 97interviennent à MalteIEG of Malta = 58Aid <strong>Watch</strong> Report préparé par CONCORD 3 , indique queont cumulé des années d’expérience et de travail de terrain,l’APD de Malte a été doublée par erreur par l’ajout desel<strong>les</strong> gèrent plus de projets et de programmes de dépenses <strong>du</strong> pays pour <strong>les</strong> réfugiés. L’APD authentiquedéveloppement que ceux financés par <strong>les</strong> organismes correspond à l’argent alloué à l’aide au développementofficiels d’aide. Le ministère des Affaires étrangères avec l’objectif d’améliorer le bien-être des personnes <strong>les</strong>(MFA pour son sigle en anglais) 100 a invité <strong>les</strong> ONG reconnuesplus pauvres dans <strong>les</strong> pays 100en voie de développement etpar le Gouvernement à présenter 96 des propositions non pas l’argent dépensé pour <strong>les</strong> réfugiés ou étudiantsUn bon cadre de coopération pour lepour la subvention à de petits projets « de base » dans étrangers à l’intérieur <strong>du</strong> pays donateur. De plus, Malte adéveloppement53l’hémisphère sud.déclaré des pertes pour un montant de EUR 6,5 millionsEn octobre 2007, le Gouvernement a publié son premierrapport sur la Politique de développement à l’étranger 1 .0Ce document s’appuie sur <strong>les</strong> valeurs de base de laLe document stipule qu’il ne peut y avoir développement,en particulier économique, à moins que0<strong>les</strong> pays récepteurs de cette aide présentent un climat43correspondant à une somme que l’Iraq devait lui régleren 2004 ; cette somme a été intégrée comme part de son0APD pour la période 2003-2005 4 . Le MFA se refuse àpolitique extérieure de Malte : la solidarité, le respect politique de sécurité et de stabilité et que le manque publier un détail clair et transparent de ses déclarations100de l’état de droit international – comprenant le droit 98100humanitaire–, la promotion de la démocratie, des droits sécurité sont des facteurs contribuant à la migration et Les statistiques concernant l’APD pour 2006 lais-d’une bonne gouvernance, de développement 100et de de la CE sur son APD 5 82.100 100 69100100 100100 71100de l’Homme et la bonne gouvernance. Conformément à l’exode intellectuel dans le monde en développement, sent apparaître un montant de EUR 6,8 millions équivalent9à 0,15% <strong>du</strong> PIB. Ceci représente une diminutionau Consensus européen pour le développement 2 , l’objectifgénéral de la Politique est d’éradiquer la pauvreté sont élevés. De BCI cette of façon, Slovenia on pose = le 98IEG of Slovenia = 65en particulier lorsque <strong>les</strong> taux d’inflation et de chômageIEG of Portugal = 73cadre pour l’aide par rapport aux années précédentes. En 2007, la CE adans le contexte <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, de façonà respecter <strong>les</strong> OMD, outre la promotion de la bonnegouvernance et <strong>du</strong> respect des droits de l’Homme.Ce document reconnaît l’importance <strong>du</strong> rôle jouéhumanitaire pour laquelle Malte reconnaît un processuscontinu entre l’aide d’urgence, la réhabilitation etle développement. L’aide à la réhabilitation postérieureà des situations d’urgence, qui comprend <strong>les</strong> efforts deindiqué que Malte avait dépensé EUR 7,5 millions (soit0,15 % <strong>du</strong> PIB) en APD, alors que <strong>les</strong> calculs budgétairesmontrent que le MFA a approuvé un montant s’élevantseulement à EUR 209.000 pour ce but. Les ONGpar <strong>les</strong> acteurs n’appartenant pas à l’État – le secteur reconstruction et de réconciliation, est intrinsèquement estiment que le reste de l’argent a été utilisé à d’autres100100100privé, <strong>les</strong> agents économiques et sociaux et la société liée à la réponse humanitaire <strong>du</strong> 93pays.fins comme la détention de demandeurs d’ asile. Seu<strong>les</strong>civile en général – qui sont devenus des éléments clésde la coopération internationale pour le développement.Il pose <strong>les</strong> bases d’un dialogue efficace entreC’est la raison pour laquelle, la Politique de développementà l’étranger est, en soi, un bon documentqui met l’accent sur tous <strong>les</strong> aspects importants de ladeux des onze subventions allouées étaient destinéesà l’Afrique : un projet <strong>du</strong> Rotary Club pour un centre detélécommunications en Erythrée et une contribution dele Gouvernement et la société civile, il offre à cette coopération pour le développement. Subsiste un doute la Croix Rouge belge à un plan d’action 26 de lutte contre le0 6dernière l’opportunité de mettre en pratique ses précieusesquant à la volonté <strong>du</strong> MFA de 0 la mettre en pratique dans0connaissances, son expérience et son niveau sa totalité ou seulement en partie.3 Le rapport sur Malte a été élaboré par le SKOP, une plate-93 d’expertise. Au même titre 34que d’autres ONG à travers85forme nationale des ONG maltaises. Voir : CONCORD, 79 Aid100 100 49 100 Toute 100 l’aide n’est47pas destinée au 100<strong>Watch</strong> 1002006. Disponible 64 sur : .IEG of Yemen = 67révélé que Malte BCI est of le plus Zambia important = 75 donateur parmiIEG of Zambia = 562993100100100Rapports nationaux 130 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100100


VIH en Lybie. D’autres versements d’aide ont été destinésà la construction de cours de récréation à Bethléemet à l’envoi d’un conteneur en Albanie, des dons versésau Secrétariat de la Fédération, aux institutions internationa<strong>les</strong>comme <strong>les</strong> Nations Unies et d’autres fondsd’aide d’urgences ; des congrès ; de l’argent versé à uncimetière chrétien en Tunisie et à la Fondation Diplo,entre autres. Un autre don apparaît, destiné à une entrepriseprivée pour la construction <strong>du</strong> poste <strong>du</strong> MFApour <strong>les</strong> Journées européennes <strong>du</strong> développement àLisbonne 6 . Pour toutes ces raisons, <strong>les</strong> ONG maltaisesqui travaillent sur l’aide au développement ont accusé leGouvernement de gonfler <strong>les</strong> chiffres de l’aide 7 .Les chiffres de 2006 et 2007 ont également été trèscritiquées par CONCORD 8 , puisque l’APD semble eneffet avoir été essentiellement destinée aux immigrants,soit sous forme de services au cours de leur premièreannée à Malte, soit pour leur rapatriement. Ces sommesne constituent pas une aide au développementpour un pays et devraient donc pas être comptabiliséescomme APD. De plus, tous <strong>les</strong> ans un certain nombrede bourses sont attribuées à des personnes issues depays en voie de développement sans qu’il n’y ait aucunmécanisme indiquant si ces bourses servent à diminuerla pauvreté.Besoin de transparenceAu cours des échanges avec <strong>les</strong> institutions européenneset lors de réunions internationa<strong>les</strong>, le ministre desAffaires étrangères de Malte a plaidé en faveur de conditionsde délivrance de l’aide au développement qui incluraientle rapatriement des immigrants 9 . Le SKOP, laplateforme nationale des ONG maltaises, émet de fortesréserves quant à cette proposition et estime qu’elle vaà contre-sens de l’objectif de l’APD, à savoir, la luttecontre la pauvreté dans le monde. Le rapport Aid <strong>Watch</strong>2007 de CONCORD indique également qu’à l’heureactuelle <strong>les</strong> ONG n’ont pas accès aux informations officiel<strong>les</strong>des autorités maltaises et qu’il est impossibled’évaluer indépendamment <strong>les</strong> chiffres fournis par leGouvernement. Le SKOP a demandé en vain un inventairedétaillé et transparent de l’APD de Malte. Ledéfaut de transparence et d’une évaluation correcteet indépendante de l’aide de Malte met en danger laparticipation des ONG aux affaires de coopération pourle développement.Le Dr Tonio Borg, ministre des Affaires étrangères,a déclaré lors d’un séminaire sur <strong>les</strong> OMD qu’il « n’y arien de foncièrement incorrect à utiliser l’argent de l’APDpour <strong>les</strong> réfugiés parce qu’on est en situation d’assistance– qu’il s’agisse d’opérations de recherches et desecours, d’apporter un hébergement ou un repas – cequi couvre <strong>les</strong> besoins des personnes nécessiteuses6 M. Vella, “Malta aid figures show little cash reaches world’spoorest”, Malta Today, 16 novembre 2008. Disponible sur :.7 I. Camilleri, “Malta accused of inflating its developmentaid”, Times of Malta, 23 mai 2008. Disponible sur : .8 Voir : .9 Ibid.TABLEAU 1. Aide Publique au Développement de MalteAnnéeTotal APD(en millions EUR)%APD/PIB*arrivées à Malte et qui seront, finalement, libérées » 10 .Ceci confirme <strong>les</strong> préoccupations émises par <strong>les</strong> ONGdepuis longtemps. Plus encore, en faisant allusion à lapolitique de Malte, le rapport CONCORD affirme que leGouvernement a également indiqué que davantage defonds d’aide seront alloués à l’assistance technique. LesONG sont, en général, préoccupés par le fait que l’assistancetechnique ne réponde pas aux besoins véritab<strong>les</strong>des pays en voie de développement et dans ce cas-là, lareddition des comptes est difficile.En réponse à une question parlementaire poséepar le député travailliste Leo Brincat, en juin 2008 11 , leministre a mentionné que la seule obligation pour Malteétait d’informer la Communauté Européenne <strong>du</strong> montantglobal de l’APD et à quelle part <strong>du</strong> PIB ce montantcorrespondait, afin de garantir que le pays respecte bien<strong>les</strong> engagements vis-à-vis des OMD.En 2009, Malte a promis de consacrer EUR 11millions à l’APD, soit une augmentation de 65 % par rapportà l’année précédente. Le Gouvernement a justifiéEUR 237.000 pour le financement de 80 % des projetsmenés par <strong>les</strong> ONG maltaises pour le développement 12 .Le ministre exige que <strong>les</strong> organismes de la société civilefinancent 20 % de leurs projets respectifs à partir defonds de sources alternatives. Ces fonds ont été remisà neuf ONG loca<strong>les</strong> qui con<strong>du</strong>iront des projets delutte contre la pauvreté en Afrique et un en Amérique <strong>du</strong>Sud. Deux dons ont été effectués : EUR 12.750 et EUR12.224, respectivement, à la Bethlehem University et àun hôpital de Jérusalem. Ces deux centres proposentdes services aux habitants de la région sans distinctionde race, de religion ou de nationalité.RecommandationsMalte doit tenir ses promesses vis-à-vis des pays pauvresde l’hémisphère sud. L’APD doit se concentrer surson action visant à éradiquer la pauvreté dans <strong>les</strong> pays<strong>les</strong> moins développés. Le Gouvernement devrait s’efforcerd’augmenter sa part dans l’aide au développementafin de respecter <strong>les</strong> objectifs de 2010 et 2015. Le paysdevrait élaborer une stratégie de développement avecdes objectifs visant à ré<strong>du</strong>ire la pauvreté comme critères10 C. Calleja, “Refugees get lion’s share of funds meant foroverseas aid”, Times of Malta, 18 octobre 2008. Disponib<strong>les</strong>ur : .11 L. Brincat, Parlement de Malte, 2008. Disponible sur : .12 “Overseas Development Aid 2009”, 3 novembre2009. Disponible sur : .APD per capita(EUR)**2004 7,8 0,18 19,92005 7,0 0,18 19,82006 6,8 0,15 17,2APD justifiée/transparente (EUR)2007 7,5 0,15 19,6 175.6182008 5,4 0,11 13,5 233.0002009 11,0 0,19 27,5 237.000*part de l’APD sur le PIB.**APD per capita dans <strong>les</strong> pays donateurs et récepteurs.Source : Eurostat.essentiels pour l’attribution de l’aide et qui concerneraprécisément la discrimination hommes-femmes, <strong>les</strong>engagements pour l’égalité des sexes et l’ autonomisationde la femme.Le chiffre de l’APD ne doit pas être gonflé en y ajoutant<strong>les</strong> frais d’hébergement des réfugiés. Le Gouvernementdevrait plutôt utiliser pleinement l’aide apportée parl’UE pour <strong>les</strong> réfugiés et demandeurs d’asile. Lors de savisite à Malte en 2009, Jacques Barrot – alors Commissaireeuropéen à la Justice – a répété que plus de EUR 126millions avaient été alloués à l’île pour <strong>les</strong> dépenses liéesaux questions d’asile, d’immigration et des frontièrespour la période 2007-2013. Barrot a fait part de sa désapprobationsur le fait que le pays n’avait dépensé que EUR18 millions. D’après <strong>les</strong> calculs publiés dans la presselocale, EUR 24,4 millions et EUR 32,5 millions ont étérespectivement attribués à Malte en 2007 et 2008, et EUR18 millions par an jusqu’en 2013 en plus d’autres aides etsubventions pour faire face aux situations qui pourraientsurgir. Cette aide devrait être utilisée en totalité 13 .Le Ministère des Affaires étrangères devrait établirdes critères et procé<strong>du</strong>res claires pour la sélection, <strong>les</strong>frais et l’évaluation des projets. Les consultations avec<strong>les</strong> gouvernements et la société civile des pays récepteurss’avèrent importantes pour que l’aide au développementsoit de qualité. Il convient d’établir un chronogrammecontraignant pour atteindre <strong>les</strong> objectifs établisà partir de véritab<strong>les</strong> sources d’aide et garantir qu’uneaugmentation <strong>du</strong>rable sur <strong>les</strong> budgets d’aide permetteaux pays récepteurs d’atteindre <strong>les</strong> objectifs dans <strong>les</strong>délais impartis. La transparence est un facteur très importantdans un pays démocratique. Les citoyens ont ledroit d’être informés quant à l’usage fait de l’argent deleurs impôts et ceci comprend une analyse claire deschiffres de l’APD. Ce sera donc un exemple de bonnegouvernance pour <strong>les</strong> pays récepteurs.L’ enseignement sur la citoyenneté globale et surle développement devrait être intégrée dans l’ é<strong>du</strong>cationdes étudiants maltais. Ceci devrait améliorer leur sensdes responsabilités pour l’éradication de la pauvreté auniveau mondial par l’enseignement des principes démocratiques,la promotion <strong>du</strong> respect par l’état de droit et<strong>les</strong> droits humains, la solidarité et l’union collective afinde tenter de renforcer l’alliance mondiale. Ceci permettraitde développer leur connexion avec leurs frères despays en voie de développement et améliorer l’efficacitéde la coopération pour le développement. n13 “Only EUR 18 million spent from EUR 126 million in EUmigration funds”, Malta Today, 18 mars 2009. Disponib<strong>les</strong>ur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 131 Malte


Maroc10054Aide insuffisante, progrès très lents099Les rapports officiels de suivi sur <strong>les</strong> OMD affirment que le pays a fait des progrès dans plusieurs des96973794100 100 74 cib<strong>les</strong> fixées 100et qu’il est 100 sur la bonne voie pour d’autres. 100 Cependant 100c’est là un point de vue purement 100quantitatif qui ne reflète pas le véritable développement humain de la société marocaine. Les problèmesrelatifs à la mise en oeuvre de la rare Aide publique au développement (APD) – en ce qui concerne <strong>les</strong>= 100 IEG of Canada = 74 BCI of Guatemala = 87 IEG of Guatemala = 51programmes é<strong>du</strong>catifs par exemple – empêchent de concrétiser <strong>les</strong> visées <strong>du</strong> Gouvernement et de lasociété civile pour éradiquer l’analphabétisme et obtenir l’accès universel au système.10008383 83100023100Espace Associatif100Suite à l’abandon des plans de développement etface à l’incohérence existant entre la gestion publiqueet l’engagement politique <strong>du</strong> Gouvernement,<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développementIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 88 IEG = 4586 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleRapports nationaux 132 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Autonomisation(OMD) sont la référence principale des citoyens et210 6des organisations de la société civile marocaines0099 qui exigent une meilleure application et davantage 983683 96298483de progrès. La Déclaration <strong>du</strong> millénaire inclut un100 100 100100 100100 100100mécanisme de suivi de sa mise en oeuvre, principalementAccouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpar des rapports réguliers des gouvernements personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationsur <strong>les</strong> avancées concernant la réalisation des OMD,= 92 IEG of Lebanon = 47élaborés grâce au soutien <strong>du</strong> Système de l’ONU. AuMaroc, <strong>les</strong> rapports <strong>du</strong> Haut commissaire au Planinsistent sur l’aspect quantitatif qui finit par repro<strong>du</strong>iredes clichés <strong>du</strong> genre : « Nous avons déjà atteintcertains objectifs et nous sommes sur la bonne voieen même tempsBCIqueoffinalementMoroccol’État= 88et <strong>les</strong> citoyensmarocains sont ceux qui supportent la ma<strong>jeu</strong>re partiede ce financement.« Aide de la Banque Mondiale »IEG of Morocco = 45pour <strong>les</strong> autres ». 100On ne s’explique pas pourquoi 100 la Banque mondiale1009910098Aide au développement : une partieminimum <strong>du</strong> budgetn/dLe Rapport national 2009 sur la réalisation des OMDsouligne que le Maroc, qui a souscrit la déclaration0de Paris sur l’efficacité de l’aide, a participé en 2008à la deuxième enquête n/d de suivi des indicateurs n/d effectuéesous l’égide <strong>du</strong> Groupe de travail en matière100 100d’efficacité de l’aide de l’OCDE et plus particulièrement<strong>du</strong> Comité d’aide au développement.Cette étude montre que l’Aide publique au développement(APD) que reçoit le Maroc – dont lasomme totale atteignait USD 2,2 milliards en 2007– représentait seulement 12,6 % <strong>du</strong> budget national(environ USD 18 milliards) 1 . Dans ce rapport laBanque mondiale figure comme étant le principalpartenaire financier, avec 18,8 % <strong>du</strong> montant total del’APD offerte au Maroc (USD 426 millions). L’Unioneuropéenne vient ensuite avec 13,6 % (USD 308millions), la Banque européenne d’investissementsavec 9,7 % (USD 221 millions). Le système de l’ONUcollabore seulement avec 1 % <strong>du</strong> montant total del’APD (USD 22,5 millions), suivi par <strong>les</strong> États-Unisavec 0,9 % (USD 20 millions) 2 .Les organisations de la société civile soulignentla très maigre participation de l’APD dans le financement<strong>du</strong> développement au Maroc. On constate1 Haut-Commissariat au Plan, Rapport national sur <strong>les</strong> OMD,Maroc, 2009.2 Ibid.figure en si bonne position parmi 94 <strong>les</strong> organisationsqui apportent leur aide au développement <strong>du</strong> Maroc.Il s’agit avant tout d’une banque et la plupart desfonds octroyés sont des emprunts – et non pas desdonations – qui devront être remboursés avec desLa crise profonde <strong>du</strong> système é<strong>du</strong>catif marocain –auquel on vient d’appliquer la énième réforme appeléePlan d’urgence (PU), d’un coût de USD 5,3milliards – met en doute l’efficacité de la Banquemondiale et discrédite son éternel discours sur labonne gouvernance des projets de développement.De nombreuses organisations de la société civileont critiqué l’énorme distribution de ressourcesdestinées à des projets de qualité douteuse, et pour42<strong>les</strong>quels <strong>les</strong> futures générations devront payer.0intérêts. De plus, une partie des rares donations decette institution et de nombreux autres organismesMise en question de la 0 destination de l’APDEn 2007 <strong>les</strong> Etats-Unis ont signé un accord avec99 99internationaux de crédit est réservée au financement le Maroc dans le cadre de la Millenium Challenge 9799100 100100 67100100d’analyses techniques destinées à préparer l’affectationCorporation (MCC) pour un montant de USD 697,5des prêts au développement.millions 4 , le plus important jamais souscrit jusqueParmi <strong>les</strong> projets de caractère social bénéficiant là par la MCC. Ces fonds avaient pour objectif l’augmentationde la pro<strong>du</strong>ctivité et l’amélioration des<strong>du</strong> soutien de la Banque BCI mondiale, of Slovak figurent Republic : = 98 IEG of Slovakia = 69• L’amélioration de la formation élémentaire des opportunités d’emploi dans <strong>les</strong> secteurs de meilleura<strong>du</strong>ltes, Alpha Maroc (USD 4,1 millions). potentiel. Une amélioration annuelle <strong>du</strong> PNB de USD118 millions était prévue et, selon le directeur général• L’appui à la reformulation de l’é<strong>du</strong>cation basidela MCC, John J. Danilovich, 600.000 famil<strong>les</strong> marocainesdevaient en être <strong>les</strong> bénéficiaires 5 .que (USD 80 millions).• L’amélioration de la qualité <strong>du</strong> système é<strong>du</strong>catif Plus de deux ans après sa mise en oeuvre, la•(USD 130,3 millions).La réforme de l’enseignement supérieur (USDdéputée Salua Karkri Belkeziz, de l’Union socialistedes forces populaires 6 , a dénoncé que seuls USD 5076 millions).millions avaient été déboursés. Le rythme de remise•des projets serait donc très en dessous des objectifsL’Initiative nationale pour le développement hufixés.Les députés remettent également en questionmain (INDH). Ce prêt a pour but de lutter contrela pauvreté, la vulnérabilité, la précarité et la4 On évalue la contribution <strong>du</strong> Gouvernement des États-Unismarginalisation, et de renforcer la capacité institutionnellepour le financement <strong>du</strong> programme aux alentours de USD(USD 100 millions). 3250 millions.5 Maghreb Arabe Presse, Conférence de presse à Washingtonle 15 septembre 2007.6 L’Union socialiste des forces populaires est un parti politique3 Banque mondiale, Bureau de Rabat, Revue Nawafid Magreb,numéro 6, décembre 2007.ayant une représentation au sein <strong>du</strong> Gouvernement marocaindepuis 1998.220 33100


<strong>les</strong> critères de sélection, d’organisation et de distributionterritoriale utilisés dans <strong>les</strong> projets clés.Lors des débats sur la structure de distributiondes dépenses de l’APD, des représentants de la sociétécivile ont mis sur le tapis quelques questionsdont il faut tenir compte au moment d’évaluer <strong>les</strong>politiques d’aide 7 :• Quel devrait être le niveau d’aide ?• Quel<strong>les</strong> devraient être leurs priorités ?• Quels procédés devrait-on appliquer pour leurmise en oeuvre?• Comment rendre le processus d’aide plusparticipatif, de sorte à assurer une meilleuregouvernance ?Manque de coordinationAu Maroc, l’APD manque de coordination et d’harmonisation.S’il est vrai qu’il y a une profusiond’agences, de fondations et d’autres structures pourle développement social avec des compétences similaires(entre autres, le ministère de Développementsocial, l’Agence de développement social, <strong>les</strong>Agences de développement <strong>du</strong> nord, <strong>du</strong> sud, de l’estet l’Agence de développement rural), <strong>les</strong> plans et <strong>les</strong>projets de la coopération internationale se chevauchent,ce qui nuit en particulier à l’efficacité de l’aideet à celle <strong>du</strong> développement en général. C’est pourquoia surgi l’idée de créer le « Groupe thématiqued’harmonisation des bâilleurs de fonds », un groupede coordination de l’aide intégrant une douzaine demembres.Cette structure de contrôle a pour objectifsprincipaux de : proposer des voies et des directionspour améliorer l’aide, publier un guide de bonnespratiques à l’usage des partenaires techniques etfinanciers qui opèrent dans le pays et formuler despropositions concrètes au Gouvernement afin d’optimiser<strong>les</strong> mécanismes de coordination de l’aide.Cependant, la place et le rôle réservés à la partie marocainene sont pas clairs, car cette partie semblene pas appartenir à la structure alors qu’elle devraitnaturellement diriger le groupe thématique.En même temps, le ministère de l’Économie etdes finances, en association avec le PNUD et avecle soutien financier de l’Espagne et de la France, aentrepris depuis 2008 d’élaborer une Carte des projetsde développement à travers un système d’informationgéographique. Ce projet prétend être « unebase de données qui assure la gestion intégrée desinformations concernant le développement, [et quipermette] à l’ensemble des partenaires d’accéderà moyen terme à des données complètes et fiab<strong>les</strong>sur <strong>les</strong> interventions réalisées dans le cadre de l’aidepublique au développement, ainsi qu’aux projetsstructuraux de développement au Maroc, offrantainsi une meilleure visibilité à l’aide que reçoit lepays » 8 . Le projet se définit comme étant un outil decommunication, de publication de l’information, detravail en équipe et de coordination.L’impact sur l’é<strong>du</strong>cationLe secteur é<strong>du</strong>catif à la réputation d’accaparer lama<strong>jeu</strong>re partie <strong>du</strong> budget et c’est également le secteurqui bénéficie davantage de la coopération internationaleet de l’APD 9 . Mais alors que <strong>les</strong> résultatsquantitatifs semblent être engagés sur la bonne voie,<strong>du</strong> point de vue qualitatif ils sont extrêmement insuffisants.Les analyses internationa<strong>les</strong> sur l’évaluationdes connaissances scolaires acquises mettent enévidence le faible rendement des élèves marocainsen sciences, en mathématiques et en lecture 10 .Par exemple, le score moyen des élèves marocainsde 4° année d’école en mathématiques a étéde 347 points, très en dessous de la moyenne internationalequi est de 495 points. Pour ce qui est desmathématiques, 61 % des élèves ne possèdent pas<strong>les</strong> compétences minimum établies par le TIMSS.En sciences, la moyenne des points obtenus par <strong>les</strong>élèves marocains a été de 304, chiffre assez inférieurégalement à la moyenne internationale qui est de489 points. Pour ce qui est des sciences, 66 % desélèves ne possèdent pas <strong>les</strong> compétences établiespar le TIMSS.Clairement préoccupé par la situation critiquede l’enseignement, le Gouvernement a décidé delui réserver une place prioritaire dans son agenda.Comme nous l’avons déjà signalé, la mise en oeuvre<strong>du</strong> PU a reçu un budget important. Parmi <strong>les</strong> effetspositifs de cette mise en oeuvre il faut signaler notammentla construction et la restauration de nombreuxétablissements scolaires dans le cadre del’INDH, et la participation de la société civile dans lagestion de l’é<strong>du</strong>cation préscolaire dans <strong>les</strong> régions<strong>les</strong> plus éloignées <strong>du</strong> pays. De plus, on procède àune intro<strong>du</strong>ction progressive des Technologies del’information et de la communication (TIC) dans lapratique é<strong>du</strong>cative. Dans le domaine de l’é<strong>du</strong>cationnon formelle il faut souligner la création d’un départementdédié aux TIC et à l’alphabétisation.Cependant, la réforme lancée par le plan nationald’é<strong>du</strong>cation et de formation a échoué, mettanten évidence diverses faib<strong>les</strong>ses persistantes. Pource qui est <strong>du</strong> PU, la fréquente utilisation <strong>du</strong> français(que toute la population ne domine pas) dans <strong>les</strong>documents techniques des projets <strong>du</strong> PU provoqueune certaine improvisation dans la mise en oeuvredes projets élaborés. Il existe aussi un manque derationalisation dans la gestion des ressources humaineset un manque d’enseignants dans beaucoupd’endroits, ce qui limite l’offre scolaire dans <strong>les</strong> zones<strong>les</strong> plus éloignées. Malgré <strong>les</strong> nombreux plansmis en route, le taux d’analphabétisme reste élevépar rapport à d’autres pays au niveau de développementcomparable, et <strong>les</strong> locaux adaptés aux coursd’alphabétisation sont en nombre insuffisant. Lesentraves économiques et <strong>les</strong> réticences socioculturel<strong>les</strong>concernant la formation des a<strong>du</strong>ltes sontnombreuses, et le contenu des programmes d’alphabétisationn’est pas adapté aux besoins spécifiquesdes différentes régions.ConclusionLes OMD au Maroc sont surtout un slogan lancérégulièrement au moment de rédiger et de publierdes rapports internationaux. Ensuite plus personnen’en parle, ni <strong>les</strong> autorités publiques ni la plupartdes organisations de la société civile. Quoi qu’il ensoit, la capacité des organisations de la société civiled’agir directement face aux donateurs de fonds restefaible. L’aide internationale, pourtant maigre, restemalgré tout un mécanisme de vigilance qui pousse<strong>les</strong> autorités publiques à se contrôler et à répondreaux exigences, ce qui est essentiel quant au principefondamental de la Déclaration de Paris : un développementvéritablement national. n7 Parmi <strong>les</strong> participants aux débats il y avait desorganisations de la société civile (AMSED, OMDH, AMDH,UAF, CARREFOUR, FLDDF, Transparency, UMT) et desprofesseurs d’université : Moussaoui Mohamed, Nadia Cebti,Maati Mounjib, Mustpha Bouhadou, Fatima Chahid, MeriemBenkhouya, Aziz Chaker, Abdellah Saaf, Saad Belghazi,Fillali Meknassi Saad, Khadija Ghamiri, Aicha Dariti, YoussefChiheb, Najia Zirari, Samira El Ghazi, Fatma Outaleb, AzizChaker, Ahmed Bencheich.8 Haut-Commissaire au Plan, op. cit.9 Voir ci-dessus <strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> signalant <strong>les</strong> montants des prêtsde la Banque mondiale destinés à soutenir <strong>les</strong> réformes del’é<strong>du</strong>cation, depuis l’alphabétisation jusqu’à l’enseignementsupérieur.10 TIMSS and Progress in International Reading Literacy Study(PIRLS) International Study Center. Voir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 133 Maroc


100Mexique100Progrès inégal073Suivant la version officielle, le Mexique se trouve sur la bonne92voie pour assurer 83 <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour947968 le développement (OMD) 100en 2015. 57Cependant, même si 100 on constate des progrès dans <strong>les</strong> secteurs de la santé,l’é<strong>du</strong>cation et la ré<strong>du</strong>ction de l’extrême pauvreté, il reste encore pas mal d’en<strong>jeu</strong>x à surmonter, à savoir l’inégalitéentre <strong>les</strong> régions qui, par exemple, met en évidence un District Fédéral ayant des taux de développement comparab<strong>les</strong>IEG of Germany = 78 BCI of Ghana = 77IEG of Ghana = 58à ceux des pays européens alors que <strong>les</strong> états <strong>du</strong> sud montrent des valeurs semblab<strong>les</strong> à cel<strong>les</strong> des régions <strong>les</strong> pluspauvres <strong>du</strong> monde. On a besoin d’une gestion publique adéquate, qui s’occupe des véritab<strong>les</strong> priorités.100 100 100100 100100081100011Equipo Pueblo 1Adhésion: Espace DESCAreli Sandoval Terán100Jusqu’au premier semestre 2010, l’information of-Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 96 96Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 61Autonomisationficielle sur l’accomplissement des 29 OMD au Mexique38n’était pas mise à jour ; le dernier Rapport des Progrèsdisponible correspondait à l’année 2006 2 . Sur00099 la base de l’Enquête sur la Population et le Logement979398992005 et d’autres enquêtes 50 de la même année concernant<strong>les</strong> revenus, <strong>les</strong> dépenses, l’emploi, la nutrition Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’à44100 100 100100 100100 100et la santé, le Gouvernement fédéral de l’époque soulignaitpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cation<strong>les</strong> progrès obtenus depuis 1990 sur <strong>les</strong>volets85IEG of Malta = 58suivants : ré<strong>du</strong>ction de l’extrême pauvreté, ré<strong>du</strong>ctionde l’analphabétisme, diminution de l’incidence <strong>du</strong>VIH/SIDA, <strong>du</strong> paludisme et de la tuberculose, ré<strong>du</strong>ctionde la mortalité maternelle, amélioration de l’égalitéentre <strong>les</strong> sexes à l’école, et l’accès des famil<strong>les</strong>aux services d’eau potable 100 et d’égouts.Le rapport signale que certains volets n’ont pasété abordés depuis des années. Par exemple, le manqued’attention vis-à-vis des aspects environnementauxdes politiques de développement et le manque43d’une politique sociale intégrale dont <strong>les</strong> programmesn’ont pas été articulés et qui ne prévoient pas0non plus d’actions de protection sociale, notamment82pour ré<strong>du</strong>ire le chômage et d’autres risques collectifs.Le rapport a mis également en évidence que la100 71100plus grande partie <strong>du</strong> budget et des programmesconcernait la population employée dans le secteurIEG of Slovenia = 65formel de l’économie et que l’exclusion sociale mettaiten risque la consolidation de la démocratie.Le rapport des Progrès 2006 contient aussil’évaluation de certains objectifs et d’indicateurssupplémentaires étant considérés plus appropriéset pertinents pour le Mexique en tant que pays aux100revenus moyens. Par exemple, en ce qui concernel’Objectif 1 qui vise à éradiquer l’extrême pauvreté etla faim, et sa Cible 1 de « ré<strong>du</strong>ire de moitié entre 1990et 2015 le nombre de personnes dont <strong>les</strong> revenusn’atteignent pas un dollar par jour 26 », le Gouvernementconsidère que le pays 0 est sur la bonne voie.Mais compte tenu de l’indicateur de la populationayant des revenusBCI ofperMexicocapita de= 96moins d’un dollarpar jour, une nouvelle cible a été ajoutée « au-delàdes Objectifs <strong>du</strong> millénaire », qui consiste à ré<strong>du</strong>irede moitié, entre 1990 et 2015 la proportion de personnesqui souffrent de pauvreté alimentaire, aussibien en milieu urbain que 100rural 3 .Inégalité72Un autre en<strong>jeu</strong>, l’un des plus importants pour le Mexique,est celui ayant trait à l’inégalité. Le Programmedes Nations Unies pour le développement (PNUD)0qui depuis 2002 a élaboré des rapports sur le Développementhumain au Mexique a enregistré d’énormesdifférences entre <strong>les</strong> régions et <strong>les</strong> 32 entités89100 52100fédératives <strong>du</strong> pays en matière de santé, d’é<strong>du</strong>cationet de revenu, bien que le Mexique occupe une placeparmi <strong>les</strong> pays de plus haut niveau suivant l’Indice dedéveloppement BCI humain of Senegal (IDH). = 71Le nord-ouest <strong>du</strong> pays est la zone où l’IDH est leplus élevé ; on trouve là par exemple l’État de NuevoLeón qui occupe la deuxième place de l’IHD pour leMexique et qui, avec le District Fédéral, s’approchede l’IDH de certains pays européens. D’autre part, la100région sud <strong>du</strong> pays présente 93 l’IDH le plus faible : ontrouve ici Chiapas, qui se trouve à la dernière place(32) et qui, avec Oaxaca, ne dépassent pas <strong>les</strong> indicesdes territoires occupés de Pa<strong>les</strong>tine. Parmi<strong>les</strong> causes de cette inégalité, le PNUD mentionne laprécarité de l’investissement 0 et <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> affrontéspar la gestion publique au niveau local freinantIEG of Mexico = 61L’inégalité régionale devient manifeste à partir <strong>du</strong>phénomène de la migration interne et externe. En fait,<strong>les</strong> différences régiona<strong>les</strong> sont tel<strong>les</strong> « qu’il y a deszones où l’on peut accéder à une meilleure conditionde vie que celle <strong>du</strong> lieu d’origine » 4 .PauvretéSi l’on considère le Rapport Exécutif pour le Diagnostic<strong>du</strong> Plan national de Développement 2007-2012préparé par le Conseil National d’Évaluation de la27Politique de Développement <strong>Social</strong> (CONEVAL) 5 ,0nous trouvons une situation similaire dans <strong>les</strong> entitésfédératives de Chiapas et Nuevo León. Le tableausuivant présente <strong>les</strong> estimations de l’incidence sur la61pauvreté alimentaire, sur la pauvreté des 76capacités etsur la pauvreté <strong>du</strong> patrimoine 6 pour <strong>les</strong> deux cas.Entre 2006 et 2009, le CONEVAL, dans le butIEG of Senegal = 55de faire une mesure plus appropriée vis-à-vis desdispositions de la Loi générale de développementsocial, a élaboré une nouvelle méthodologie de mesuremultidimensionnelle de la pauvreté en tenantcompte non seulement des critères concernant lerevenu mais aussi l’analyse <strong>du</strong> contexte de territoire100et de droits, déterminant ainsi de nouvel<strong>les</strong> lignes100100 100 1004 PNUD, Rapports sur le Développement 51 Humain au Mexique,2002, 2004 y 2006-2007. Disponib<strong>les</strong> sur : .5 CONEVAL. Rapport Exécutif de la Pauvreté au Mexique, Juin2007. Disponible sur : .06 La pauvreté des capacités a été définie par le CTMP comme79 l’exercice des droits et des libertés indivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong>. 90l’insuffisance 84 <strong>du</strong> revenu disponible pour acquérir 81 la valeur <strong>du</strong>100 100 6443100100 100panier 100alimentaire et effectuer <strong>les</strong> dépenses nécessaires 100 en1 Equipo Pueblo est un point focal de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> au Mexiquesanté et en é<strong>du</strong>cation, même en allouant la totalité des revenuset il fait partie de l’Espace DESC, groupe de référence pour3 Il faut souligner que la pauvreté alimentaire est l’un des trois <strong>du</strong> foyer à ces fins. La pauvreté <strong>du</strong> patrimoine a été définie<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.niveaux de pauvreté établis par le Comité technique pour la comme l’insuffisance <strong>du</strong> revenu disponible pour acheter le2 Cabinet de Développement IEG of <strong>Social</strong> Zambia et Humain, = 56Les Objectifs mesure de la pauvreté (CTMP) en l’an 2002, définie comme panier alimentaire, pour faire <strong>les</strong> dépenses nécessaires enBCI of Tanzania = 75IEG of Tanzania = 72de Développement <strong>du</strong> Millénaire au Mexique : Rapport de l’incapacité d’obtenir un panier alimentaire de base, même si matière de santé, d’ habillement, de logement, de transportprogrès 2006. Disponible sur : .on utilisait tous <strong>les</strong> revenus disponib<strong>les</strong> à acheter ces biensindispensab<strong>les</strong>.et d’é<strong>du</strong>cation, bien que la totalité des revenus <strong>du</strong> foyer soitdestinée exclusivement à acquérir ces biens et services.100100100Rapports nationaux 134 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010098


de bien-être et bien-être minimum et adoptant descritères spécifiques comme <strong>les</strong> indicateurs de carencesociale qui identifient des éléments essentielsde certains droits sociaux. Suivant cette nouvelleapproche, « une personne se trouve en situationde pauvreté multidimensionnelle lorsqu’au moinsun de ses droits pour le développement social n’estpas assuré et si ses revenus sont insuffisants pouracquérir <strong>les</strong> biens et <strong>les</strong> services nécessaires poursatisfaire ses besoins » 7 .Les chiffres <strong>du</strong> CONEVAL sur la pauvreté multidimensionnelleau niveau national et le comparatif entre<strong>les</strong> entités fédératives choisies pour illustrer l’inégalitéau Mexique sont présentés dans le tableau suivant.Stratégie de financement pour ledéveloppementFace au paysage social que nous venons de présenteret au contexte national et mondial de crise économiqueil s’avère également nécessaire que l’État mexicainse consacre à appliquer <strong>les</strong> ressources. Suivantl’analyse <strong>du</strong> Centre d’analyses et de recherche FUN-DAR sur le quatrième rapport trimestriel <strong>du</strong> Secrétariat<strong>du</strong> trésor et <strong>du</strong> crédit public pour l’exercice <strong>du</strong>budget 2009, le Gouvernement fédéral a connu unéchec au moment de canaliser des ressources demanière effective et efficace pour la relance de l’économieet la protection de la population, aussi bien lors<strong>du</strong> planning que lors de l’exécution. Ce rapport meten évidence que <strong>les</strong> ressources indispensab<strong>les</strong> pourla protection sociale ont diminué, alors que <strong>les</strong> dépensesqui favorisent la bureaucratie ont augmenté.La tendance à sous-exploiter <strong>les</strong> ressources dans dessecrétariats clés a continué jusqu’en décembre (avecdes sous-exploitations importantes dans des programmespour combattre la pauvreté et des projetsd’infrastructure) 8 . Voici quelques-unes des données<strong>les</strong> plus importantes de cette analyse :• Les dépenses en infrastructure pour le développementsocial ont diminué globalement de14,5 % en termes réels en comparaison avecl’an 2008 ; <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions en investissementsphysiques dans le volet de l’urbanisation, le logementet le développement régional (21,4 %)ainsi que celui de l’assistance sociale (56,7 %)sont à signaler spécialement.• Pendant le dernier trimestre 2009, <strong>les</strong> salairescontractuels à juridiction fédérale ont eu uneaugmentation annuelle de 4,1 % en termesnominaux, notamment dans <strong>les</strong> secteurs de lasouveraineté, l’ordre, la sécurité et la justice ;pendant le bimestre octobre-novembre 2009<strong>les</strong> rémunérations réel<strong>les</strong> par personne occupéedans le secteur des manufactures ont eu uneré<strong>du</strong>ction annuelle de 0,6 % : <strong>les</strong> salaires payésaux ouvriers et aux employés administratifs ontdiminué de 2,1 % et 0,8 % respectivement.7 Méthodologie de mesure multidimensionnelle de la pauvretéau Mexique. Disponible sur : .8 Analyse de FUNDAR sur le 4 ème rapport trimestriel de laSHCP : “Rapport sur la situation économique, <strong>les</strong> financespubliques et la dette publique, 2009”. Positionnement deFUNDAR nº 99, février 2010. Plus d’information sur : .TABLEAU 1. Pourcentages de population en situation de pauvreté (2005)Entité fédérative Pauvreté alimentaire Pauvreté de capacités Pauvreté <strong>du</strong> patrimoineNational 18,2 24,7 47,0Chiapas 47,0 55,9 75,7Nuevo León 3,6 7,2 27,5• Sur <strong>les</strong> 75 programmes de la description <strong>du</strong>progrès d’exécution budgétaire annuelle, seulement24 ont progressé de 100 % dans leursbudgets, alors que 23 programmes ont exécutéplus de 100 % des allocations origina<strong>les</strong>.Cela veut dire que seulement 32 % de tous <strong>les</strong>programmes prioritaires ont exécuté leurs budgetsà temps. Les 26 programmes restants ontexécuté moins de 90 % de leur budget original.Voici <strong>les</strong> programmes n’ayant pas été complétésau troisième trimestre 2009 : a) programmepour prolonger l’infrastructure d’irrigation avecseulement 33,2 % de progrès ; b) projets d’infrastructureéconomique d’eau potable, égoutset assainissement avec 39,5 % de progrès ; c)programme de soutien alimentaire administrépar Diconsa avec 69,6 % ; d) chemins rurauxavec 73,5 % ; e) le composant é<strong>du</strong>cation <strong>du</strong>Programme d’opportunités avec 79,5 % deprogrès ; f) prestation de soins à la santé auxdifférents niveaux avec 85,2 % ; g) programmed’eau potable, égouts et assainissement dans<strong>les</strong> zones urbaines avec 86,4 %.Cela signifie que des MXN 188.395 (USD 14.8 milliards)approuvés pour <strong>les</strong> principaux programmesSource : élaboration propre basée sur <strong>les</strong> estimations <strong>du</strong> CONEVAL suivant laII Enquête de la Population et le Logement 2005 et l’ENIGH 2005.TABLEAU 2. Pourcentages de pauvreté multidimensionnelle au Mexique (2008)Indicateurs d’incidencePauvreté multidimensionnellePourcentageNational Nuevo León ChiapasMillions depersonnesPourcentagePourcentagePopulation en situation de pauvreté multidimensionnelle 44,2 47,19 21,5 76,7Population en situation de pauvreté multidimensionnelle modérée 33,7 35,99 18,9 41,3Population en situation de pauvreté multidimensionnelle extrême 10,5 11,20 2,6 35,4Population vulnérable en raison de carences socia<strong>les</strong> 33,0 35,18 37,4 16,2Population vulnérable en raison des revenus 4,5 4,78 7,0 1,5Population non pauvre multidimensionnelle et non vulnérable 18,3 19,53 34,1 5,5Privation socialePopulation avec au moins une carence sociale 77,2 82,37 58,9 92,9Population avec au moins trois carences socia<strong>les</strong> 30,7 32,77 12,4 57,0Indicateurs de carences socia<strong>les</strong>Retard é<strong>du</strong>catif 21,7 23,16 14,9 37,8Accès aux services de santé 40,7 43,38 28,3 52,1Accès à la sécurité sociale 64,7 68,99 43,9 85,3Qualité et espaces <strong>du</strong> logement 17,5 18,62 8,2 38,2Accès aux services de base dans le logement 18,9 20,13 8,3 36,3Accès à l’alimentation 21,6 23,06 10,6 26,3Bien-êtrePopulation aux revenus au-dessous de la ligne <strong>du</strong> bienêtre 48,7 51,97 28,5 78,2Population aux revenus au-dessous de la ligne <strong>du</strong> bien-être16,5 17,64 6,2 47,9minimalSource : estimations <strong>du</strong> CONEVAL basées sur le Mo<strong>du</strong>le de Conditions Socioéconomiques (MCS) et l’ENIGH 2008.contre la pauvreté, USD 1.32 milliard n’ont pas étéutilisés. Le pire des exemp<strong>les</strong> pour ces ressourcessous-exécutées est celui <strong>du</strong> Programme de soutienalimentaire administré par Diconsa S.A. de C.V. (uneentreprise consacrée au développement social avecla participation majoritaire de l’État), le programmede soutien à l’emploi et le programme <strong>jeu</strong>ne entrepreneurrural et fonds des terres, où le sous-exercice aété de 30 %, 38 % et 56 % respectivement. Quant auxsous-exercices des secrétariats clés, il faut signaler leSecrétariat de la Santé qui n’est pas arrivé à dépenserUSD 784 millions (comparé avec le budget modifié aumois de décembre 2009) et le Secrétariat de Développementsocial qui a sous-exécuté USD 306 millions.Ces exemp<strong>les</strong> montrent non seulement unegestion publique déficiente au Mexique mais ils mettentégalement en relief que l’obligation de l’État d’allouerle maximum des ressources disponib<strong>les</strong> pourla mise en œuvre progressive des droits garantisdans le Pacte international des droits économiques,sociaux et culturels ne peut pas être considéréecomme respectée par la seule allocation d’un budgetpour le développement social et la lutte contre lapauvreté. Il faut aussi une gestion publique claireet transparente des fonds nécessaires aux besoinsvraiment prioritaires. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 135 Mexique


Népal100s/dLa nécessité d’un nouveau programme pour le développement0239737Après des94années d’agitation politique et de conflit armé, le Népal a un besoin urgent de bonne96100la = 87100 gouvernance. 100 Les récents 100 progrès dans la santé, l’é<strong>du</strong>cation 100 ainsi que 100dans d’autres secteurs n’enlèvent 100en rien le besoin d’établir un accord social qui mette l’importante responsabilité <strong>du</strong> développementgénéral entre <strong>les</strong> mains des citoyens. Les donateurs et le Gouvernement doivent accorder un niveauIEG of Guatemala = 51 BCI of Iraq = 88d’aide fixé au minimum pour <strong>les</strong> dix prochaines années. Il faudrait de plus renforcer le micro financementpour canaliser la croissance des flux d’envois de fonds vers des investissements pro<strong>du</strong>ctifs.100087s/ds/d80 801000100Rural Reconstruction Nepal (RRN)Abhas GhimireSarba Raj Khadka100Le Népal, un des pays <strong>les</strong> plus pauvres au monde, vitactuellement une transition sociopolitique tumultueuse.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 58 IEG = 51Enfants atteignantla cinquième annéed’école62Rapports nationaux 136 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>AutonomisationL’Assemblée Constituante, une des plus inclusives que le21pays ait eu, est en train de rédiger une nouvelle Constitution22qui va démanteler l’héritage historique de politiques000de développement exclusives et centralisées. L’instabilité9629 841995politique <strong>du</strong> pays est facilement perceptible : <strong>du</strong>rant <strong>les</strong> 20100 100 100100 1001005774 100dernières années, 19 gouvernements se sont succédés. Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àEn dépit <strong>du</strong> désordre régnant, le Népal a réalisé personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationd’énormes progrès dans des domaines tels que la santé,En dépit de sa politique instable et d’une décennie deconflit armé, le Népal a réalisé de grands progrès dans <strong>les</strong>ens des ODM. Avec la détermination et la focalisation nécessaireset l’assistance de ses partenaires pour le déve-= 88 IEG of Morocco = 45l’é<strong>du</strong>cation et l’égalité des sexes, grâce en grande partieà l’aide étrangère qui fournit le financement pour l’intégralitédes programmes de développement <strong>du</strong> pays. Engénéral, le progrès a été inégal. Traqué par l’instabilitépolitique et la dépression économique, il est peu probableque le pays atteigne <strong>les</strong> objectifs 100 prévus dans la Déclaration<strong>du</strong> Millénaire. La réussite minimale des Objectifs <strong>du</strong>millénaire pour le développement (OMD) et la garantie dela dignité et de justice pour tous auront besoin d’un financementsuffisant et programmé de la part des partenaires42au développement, ainsi que d’une bonne gouvernance0et <strong>du</strong> respect des droits humains.loppement, le paysBCIpourraitof Nepalêtre un=des58leaders mondiauxdans la réalisation des efforts pour parvenir aux objectifsde 2015. S’il maintient sa progression, il est probable quele Népal ré<strong>du</strong>ise sa pauvreté extrême de moitié pour 2015.Entre 1995–1996 et 2003–2004, la proportion de la populationqui vivait avec moins 100d’un dollar par jour et passéede 34 % à 24 %, et le taux de pauvreté 93 est passé de 42 % à31 % 1 . Cependant, <strong>du</strong>rant la même période, le coefficientde Gini mesurant le degré d’inégalité est passé de 34 à 41;le Rapport sur le développement humain 2009 l’a situé à47,3 2 . Cela signifie, paradoxalement, que le Népal a ré<strong>du</strong>it0son indice de pauvreté de moitié mais a, en même temps,IEG of Nepal = 51100410Le Consensus de Monterrey, qui est le résultat de multiplié par deux l’inégalité de ses revenus.99la Conférence internationale sur le financement 9797pour le La ré<strong>du</strong>ction de moitié de l’extrême 99 pauvreté100 100 67100100 10072développement célébrée en 2002 par l’ONU, donne la constitue seulement un des objectifs prévus par <strong>les</strong>priorité à la mobilisation de ressources financières nationa<strong>les</strong>OMD 1. Il est peu probable que l’objectif 1B soit obtenu,pour le développement et l’augmentation de l’Inves-c’est-à-dire le plein emploi pro<strong>du</strong>ctif pour tous, y com-tissement étranger direct (IED) et d’autres flux provenant pris <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes, et le discours nationalIEG of Thailand = 70de fonds privés, au lieu de privilégier la coopération financièreet technique internationale pour le développement.Cependant, au Népal, comme dans d’autres pays moinsdéveloppés, <strong>les</strong> ressources nationa<strong>les</strong> et <strong>les</strong> flux de capitauxprivés sont extrêmement limités et le Gouvernementaccorde invariablement moins d’importance auxdroits humains et à la dignité pour tous qu’à la croissanceéconomique. L’Aide publique au développement (APD)est habituellement utilisée pour un certain nombre deprojets et programmes limités, souvent ceux dont on peutévaluer l’avancement avec des résultats mesurab<strong>les</strong>. Lesdroits humains ne sont jamais prioritaires dans l’agenda<strong>du</strong> financement pour le développement.fera probablement omission de cette erreur. Au lieu decréer un terrain favorable pour l’implantation et le développementd’entreprises et d’in<strong>du</strong>stries qui puissentoffrir des emplois à la force de travail inutilisée <strong>du</strong> pays,le Gouvernement dépense son énergie à persuader <strong>les</strong>pays étrangers d’ouvrir leurs portes aux travailleursnépalais. A court terme, cela suit une logique économique: <strong>les</strong> envois de fonds des travailleurs à l’étrangerreprésentent déjà trois fois <strong>les</strong> sommes reçues par l’APDet sont perçus comme un facteur d’unification (faible)<strong>du</strong> pays. À long terme, cette stratégie laissera le payssans ressources humaines techniques qualifiées. Lesconséquences seraient désastreuses si <strong>les</strong> travailleursnépalais n’étaient plus nécessaires à l’étranger.ovak Republic = 98 IEG of Slovakia = 69 BCI of Thailand= 96La pauvreté diminue, l’inégalité augmente1 Bureau Central de Statistiques, Gouvernement <strong>du</strong> Népal, 2004.2 Human Development Report 2009 (Rapport sur leDéveloppement Humain 2009). Disponible en anglais sur :.L’augmentation de la dépense sociale dans <strong>les</strong> secteursde la santé et de l’é<strong>du</strong>cation <strong>du</strong>rant <strong>les</strong> quinze dernièresannées a engendré des progrès importants dansces deux secteurs. La proportion de fil<strong>les</strong> et de garçonsdans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> primaires est presque paritaire et 92 %des enfants vont à l’école, constituant en cela un recordsans précédent 3 . Cependant, le relief accidenté <strong>du</strong> payset la limitation de ses ressources font que l’insertion <strong>du</strong>10 % restant constitue un défi important. Des barrièressimilaires ont constitué un obstacle pour l’accès à la santérepro<strong>du</strong>ctive. Au Népal, une femme continue d’avoir 100fois plus de chance de mourir à cause d’une grossesseet de ses complications possib<strong>les</strong>, qu’une femme auRoyaume Uni. Le Programme « Aama » (Mère), 98cofinan-cé par le Département de développement international <strong>du</strong>100 100Royaume Uni (DfID, sigle en anglais pour « Departmentfor International Development » ) et le Gouvernementnépalais, offre des stimulants financiers jusqu’à 1.500roupies népalaises (USD 20) aux femmes qui accoucheraientdans un centre médical 4 . Bien que de nombreusesfemmes et famil<strong>les</strong> aient profité de cette initiative, leprogramme n’a pas ré<strong>du</strong>it significativement la quantitéde femmes qui meurent en couches. Un taux élevé depauvreté structurelle, le faible niveau d’é<strong>du</strong>cation, la diminutiondes centres médicaux, le mauvais état des routeset le plus important, la situation d’infériorité des femmesdans <strong>les</strong> sociétés rura<strong>les</strong>, constituent autant de facteursdéfavorisant <strong>les</strong> femmes, <strong>les</strong> empêchant d’obtenir dessoins maternels de la part de professionnels de santéqualifiés.440 551003 Ministère de l’É<strong>du</strong>cation, Statistics of Nepal (Statistiques <strong>du</strong>Népal), Katmandou 2008.4 Alison Buckler, “Dying for children” (Mourir pour <strong>les</strong>enfants), The Guardian, 21 novembre 2009. Disponible enanglais sur : .10097100


AOD et développementLe manque de prévisibilité de l’assistance au développementa ren<strong>du</strong> la tâche <strong>du</strong> Gouvernement difficile en cequi concerne la planification efficace sur le long terme.L’éradication de la pauvreté, la malnutrition et autresproblèmes sociaux demandent beaucoup de temps. Lesdonateurs et le Gouvernement doivent se mettre d’accordsur un mémoran<strong>du</strong>m d’aide à long terme qui engage losdonateurs à un certain niveau d’aide pour une périoded’au moins 10 ans. Cela permettrait au Gouvernementd’élaborer des programmes et des stratégies basées précisémentsur le type d’aide reçue et dans la manière dela réinvestir. L’efficacité de cette approche est indéniableau regard des progrès obtenus dans l’é<strong>du</strong>cation primaireet la santé maternelle, <strong>les</strong> deux secteurs dans <strong>les</strong>quels<strong>les</strong> engagements à long terme des partenaires pour ledéveloppement et <strong>les</strong> initiatives positives des acteurs del’État ont été complémentaires. La proportion <strong>du</strong> Budgetnational octroyée aux secteurs sociaux a augmenté de21 % en 1991 à environ 40 % dans l’actualité 5 .Bien que le conflit armé qui a <strong>du</strong>rée une décenniesoit fini, l’environnement politique reste instable. Unesécurisation plus importante reste essentielle pour promouvoirl’investissement étranger et ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> violationsgénéralisées des droits humains qui surviennentquotidiennement entre <strong>les</strong> citoyens. Même si le Népal sevante d’avoir une des économies <strong>les</strong> plus libéralisées <strong>du</strong>sud de l’Asie, <strong>les</strong> problèmes de sécurité et la corruptionrampante à quasi tous <strong>les</strong> niveaux <strong>du</strong> Gouvernementempêchent de recevoir un flux d’investissement étrangerdirect suffisant pour générer une croissance de l’emploi etdes connaissances techniques pour améliorer <strong>les</strong> moyensd’existence, pour stimuler la construction d’infrastructurecritique et pour offrir des emplois aux milliers de <strong>jeu</strong>nesqui sont actuellement à l’étranger à la recherche d’un travail.La plupart des personnes qui émigrent proviennentde secteurs socio-économiques faib<strong>les</strong> et possèdent unbas niveau d’é<strong>du</strong>cation et de qualifications. En général, ilsfinissent par réaliser des tâches impropres, dangereuseset dégradantes, dans des endroits où il y a peu ou aucunelégislation protégeant le travail. De graves violations desdroits humains ont été observées dans des zones où <strong>les</strong>travailleurs sont victimes de trafic transfrontalier : ils sontmaltraités et même convertis en esclaves. Un nombrestupéfiant de cadavres de travailleurs migrants népalaisse retrouvent abandonnés dans plusieurs morgues <strong>du</strong>Moyen Orient. Rien qu’en 2009, au moins 600 népalaissont décédés dans <strong>les</strong> États <strong>du</strong> Golfe et en Malaisie 6 .Le Plan d’Action Nationale des DroitsHumainsLa Déclaration Universelle des Droits de l’Homme n’apas uniquement consacré le droit à la vie, mais aussi ledroit à l’alimentation, l’é<strong>du</strong>cation, l’information, l’emploiet la sécurité sociale. Certains secteurs de la sociétéont été privés de ses droits fondamentaux ; l’État n’a paspris de mesures significatives pour faire face aux gravesviolations de ceux-ci. Historiquement <strong>les</strong> groupes margi-5 Commission de planification nationale, Gouvernement <strong>du</strong>Népal, National Development Strategy Paper 2009 (Documentde Stratégie nationale pour le développement 2009).6 Deepak Adhikari, “A Casket of Dreams” (Un coffret de rêves)The Kathman<strong>du</strong> Post, 20 février 2010. Disponible en anglaissur : .nalisés et opprimés, dont <strong>les</strong> femmes, ainsi que <strong>les</strong> dalitsdes castes inférieures et <strong>les</strong> nations indigènes ou janjatis,aspirent toujours à ces droits fondamentaux pour pouvoirmener une vie digne.Suite à un processus participatif qui a réalisé desconsultations à différents niveaux : de district, régional etnational avec des représentants d’organisations <strong>du</strong> Gouvernement,des ONG, des organisations pour <strong>les</strong> droitshumains et de la société civile, des professionnels <strong>du</strong>Droit, des responsab<strong>les</strong> des moyens de communication,des experts et des professionnels 7 , le Gouvernement aprésenté un Plan d’action national des Droits Humains(PANDH) en avril 2004. Comme il est d’usage avec la plupartde ce genre de déclaration et de document au Népal,le plan n’a pas été suivi d’effet en raison de la négligenceabsolue des gouvernements successifs.Perspectives pour le microfinancementLe microfinancement constitue une stratégie prometteusequi n’a pas encore été exploitée dans son ensemble.Le revenu des envois de fonds a encouragé un développementinclusif car plusieurs travailleurs migrantsqui proviennent des castes appelées « inférieures » etdes populations ayant le niveau d’é<strong>du</strong>cation le plus bas,n’avaient reçu, jusqu’ici, que très peu d’aide ou d’attention<strong>du</strong> Gouvernement. Leurs envois de fonds ont atteintmême <strong>les</strong> groupes <strong>les</strong> plus marginalisés des zones <strong>les</strong>plus lointaines. Cependant, le pays ne possède pas demoyens pouvant canaliser ces revenus vers un investissementpro<strong>du</strong>ctif 8 . Habituellement <strong>les</strong> banques se trouventdans <strong>les</strong> grandes vil<strong>les</strong>. Des coopératives ont été crééesdans <strong>les</strong> districts autour des vil<strong>les</strong> et dans certaines zonesrura<strong>les</strong>, mais <strong>les</strong> programmes de microfinancement sontrestés à la traîne. Jusqu’à ce jour, le droit aux servicesfinanciers inclusifs, comme l’épargne, semble ne pasavoir été satisfait.Sécurité énergétique et changementclimatiqueLa sécurité énergétique est une des autres matièresessentiel<strong>les</strong> au développement et <strong>les</strong> droits humainsn’ayant pas reçu une attention suffisante. Même si le Népalpossède un grand potentiel hydroélectrique estimé àquelques 83.000 mégawatts annuels 9 , la majorité de lapopulation manque de sécurité énergétique. Cela constituela barrière la plus importante pour le développementau sein de ces communautés. Une énergie accessiblereste essentielle pour chacun des OMD : par conséquentinvestir dans l’énergie reste une manière de <strong>les</strong> promouvoirtous en même temps.7 Gouvernement <strong>du</strong> Népal, National Human Rights Action Plan2004 (“Plan d’action national des droits humains 2004“).Disponible en anglais sur : .8 “Remittance has not been channelised into pro<strong>du</strong>ctivesectors” (“Les envois de Fonds n’ont pas été acheminésvers <strong>les</strong> secteurs pro<strong>du</strong>ctifs”), The Kathman<strong>du</strong> Post, 18juin 2010. Disponible en anglais sur : .9 Dilli Prasad Bhattarai, Nepal at the First and Second Crossroads:Opportunities for a Win/Win in the New DevelopmentContext (Le Népal à la première et deuxième croisée deschemins : <strong>les</strong> opportunités gagnant/gagnant dans le nouveaucontexte de développement”). Disponible en anglais sur :.La pro<strong>du</strong>ction insuffisante d’énergie affecte tous<strong>les</strong> aspects de la vie rurale. L’accès à l’électricité pourraitencourager <strong>les</strong> enfants à lire, permettrait une communicationplus facile entre <strong>les</strong> indivi<strong>du</strong>s et donnerait accès àtoutes <strong>les</strong> ressources disponib<strong>les</strong> à travers <strong>les</strong> technologiesrécentes, y compris <strong>les</strong> hôpitaux qui pourraientbénéficier d’équipement sûr et fiable. Cet accès pourraitmême ré<strong>du</strong>ire la déforestation. L’investissement dans dessources alternatives d’énergie pourrait fournir beaucoupd’énergie respectueuse de l’environnement, créer desmilliers “d’emplois verts” et développer <strong>les</strong> ressourceshumaines nécessaires pour construire une économieverte. Si le Népal matérialise son potentiel hydroélectrique,il pourrait répondre aux besoins énergétiques desa population et doter la région d’une source d’énergiepropre fiable.Le Népal est grandement vulnérable face aux ravages<strong>du</strong> changement climatique. Même si le pays n’estpas très large <strong>du</strong> nord au sud, il possède en longueur unrelief très varié, qui va <strong>du</strong> niveau de la mer jusqu’aux picsde l’Himalaya. En dépit de son insignifiante contributionaux gaz à effets de serre (GES), l’économie et <strong>les</strong> moyensd’existence de sa population pourraient sérieusementsouffrir <strong>du</strong> changement climatique. Le système agricoledépend en grande mesure des pluies ; une simple variationdans le cycle hydrologique pourrait constituerun coup <strong>du</strong>r pour l’économie <strong>du</strong> pays et <strong>les</strong> moyensd’existence indivi<strong>du</strong>els. Si l’un des 2000 lacs d’origineglaciaire <strong>du</strong> pays débordait, <strong>les</strong> inondations résultantespourraient provoquer une catastrophe en aval 10 . Pouréviter <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions dans d’autres programmes de développement,<strong>les</strong> donateurs doivent offrir une assistanceadditionnelle pour <strong>les</strong> nouveaux programmes qui aidentle pays à atténuer <strong>les</strong> changements climatiques et à s’yadapter. La <strong>du</strong>rabilité environnementale est interdépendantedes autres OMD. Un fonds pour le climat pourraitgarantir un progrès vers tous <strong>les</strong> objectifs et ré<strong>du</strong>irait enmême temps <strong>les</strong> risques à court terme provoqués par lechangement climatique.L’absence de bonne gouvernanceAussi longtemps que la corruption incontrôlée continueraà infiltrer tous <strong>les</strong> secteurs de la société, le pays aura peude chances d’arriver à un développement soutenable àlong terme, en dépit <strong>du</strong> modèle de développement qu’ilpoursuivra. Dans l’actualité, le Népal manque d’organismesde gouvernement locaux élus qui puissent jouer lerôle d’intermédiaire entre la population, le Gouvernementnational et <strong>les</strong> partenaires internationaux de développement.La frustration causée par l’inefficacité de l’État etle faible système de sécurité ont donné lieu à l’apparitionde plusieurs groupes criminels violents qui commettentdes assassinats et des vols à main armée, extorquant del’argent et générant un climat de terreur dans plusieurszones. L’État n’a pas été capable de <strong>les</strong> éradiquer ou decalmer <strong>les</strong> craintes de violence ethnique qui se développentdans certaines parties <strong>du</strong> pays. Les partis politiques,qu’ils fassent partie <strong>du</strong> Gouvernement ou de l’opposition,paraissent plus préoccupés par <strong>les</strong> bénéfices à obtenir,que par la mise en place de la gouvernance que la population<strong>du</strong> Népal souhaite et dont elle a besoin. n10 Madan Koirala, Ranjana Bhatta, Communities ChallengingClimate Change (“Les communautés défient le changementclimatique”), CRSC / NEFEJ, 2010. Disponible en anglaissur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 137 Népal


100NicaraguaLe temps (limité) <strong>du</strong> « bonus démographique »024Le Gouvernement ne profite pas de l’opportunité historique que le dénommé « bonus démographique » lui878346978142offre pour <strong>les</strong> deux prochaines 100 décennies. Étant donné 100que <strong>les</strong> enfants et <strong>les</strong> ado<strong>les</strong>cents constitueront unpourcentage de plus en plus important de la population totale, c’est le moment d’investir dans l’é<strong>du</strong>cation desprochaines générations, ce qui permettrait d’augmenter <strong>les</strong> niveaux de revenus per capita. Les plans pour leIEG of Suriname = 56BCI of Uganda = 69IEG of Uganda = 67développement doivent prioriser la dépense dans l’enseignement public et destiner à ce secteur au moins 7 %<strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it Intérieur Brut (PIB) <strong>du</strong>rant <strong>les</strong> 10 prochaines années pour pouvoir atteindre <strong>les</strong> objectifs essentiels.97100 100 100100 100100078100037100100Coordinadora Civil 1Adolfo Acevedo10052Le Nicaragua souffre d’énormes retards en ce quiconcerne le niveau d’enseignement de sa populationaussi bien en termes de couverture scolaire queIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 81 IEG = 52Enfants atteignant72 la cinquième annéed’écoleAutonomisationde qualité. De tous <strong>les</strong> enfants en âge scolaire, seul36086 % sont inscrits dans l’enseignement primaire,00et à peine 40 % des enfants inscrit en 1 ère année <strong>du</strong>9972primaire arrive à la dernière année de ce cycle 2 977497. Uniquement45 % des <strong>jeu</strong>nes en âge d’assister au cycle Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’à9999100 100 100100 100100 100100secondaire s’y inscrivent et à peine 44 % des inscrits personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationfinissent leurs études 3 . Si l’on considère que le niveauminimal pour dépasser IEG of le USA seuil de 74pauvreté est le cyclepopulation. LaBCIpopulationof nicaracguaen âge de= 81travailler avait latine, mais en quelques IEG of nicaragua décennies il a pratiquementsecondaire complet, il n’y a qu’une conclusion atteint un pourcentage de 56,5 % et <strong>les</strong> personnes éradiqué la pauvreté.possible : le Nicaragua ne prépare pas correctement de plus de 60 ans, 5,6 % <strong>du</strong> total de la population. Cependant, pour profiter <strong>du</strong> « bonus démographiquesa population pour la vie qu’elle devrait avoir. Cela veut dire qu’en 2005, pour chaque enfant de» il ne suffit pas seulement d’avoir une forteCela implique des conséquences très négatives moins de 15 ans, il y avait 1,53 personne en âge de croissance de la population en âge de travailler : ilpour le développement <strong>du</strong> 100pays en prenant compte travailler.100faut aussi qu’un important 100 pourcentage de cellecis’incorpore effectivement au marché <strong>du</strong> travail.particulièrement de la problématique démographique Le plus marquant dans ce 99 processus de changementactuelle. D’après le Recensement de la population dedémographique est la simultanéité de la Une des plus importantes restrictions pour cela est2005 4 la population en âge de travailler 52 (de 15 à 59 diminution de la population infantile et de l’énorme la faible intégration des femmes sur le marché <strong>du</strong>ans) est en train d’augmenter rapidement. Entre 1995 augmentation des personnes en âge de s’intégrer au travail, car el<strong>les</strong> se voient obligées à s’occuper de29et 2005, ce groupe de population a augmenté de manièremarché <strong>du</strong> travail.leur foyer et particulièrement des enfants. Seulementinédite de 29,2 % et a maintenu une croissance36,7 % des femmes en âge de travailler s’intégrer000annuelle de 2,6 %, 51sensiblement au dessus <strong>du</strong> 1,78 % Le « bonus démographique » et la ré<strong>du</strong>ction90 sur le marché <strong>du</strong> travail 5 . Cela signifie que <strong>les</strong> 63 %98 de la moyenne de la population totale. En 1990, 99 46 % de la pauvreté10090qui restent ne possèdent aucune source de98revenu,100 100 100100 100100 68100100des nicaraguayens avaient moins de 15 ans, 49,3 % On estime qu’en moyenne chaque année 118.000 ce qui limite leur autonomie et la faculté d’influenceravaient l’âge de travailler et seulement 4,8 % avaient <strong>jeu</strong>nes atteignent l’âge de travailler, ce qui représente l’économie familiale.or = 91atteint l’âge de la retraite. Il y avait 1,1 personne en âge la croissance la plus élevée de la population en âge de Mais ce « bonus démographique » dont <strong>les</strong> paysIEG of El Salvador = 68de travailler par enfant de moins de 15 ans.travailler dans l’histoire BCI of Cyprus <strong>du</strong> Nicaragua. = 96 IEG of Cyprus = 65Ce processus, <strong>du</strong> sud-est asiatique ont su profiter pour ré<strong>du</strong>ire leurCependant, aujourd’hui le pourcentage des connu comme « bonus »ou « dividende démographiquepauvreté sur un laps de temps relativement court etmoins de 15 ans s’est ré<strong>du</strong>it par rapport à la population» est observable aussi bien dans <strong>les</strong> zones qui leur a permis de se convertir en des pays avectotale, constituant une chute en termes absolus.urbaines que rura<strong>les</strong>, bien que dans ces dernières le des revenus per capita élevés, implique que <strong>les</strong> per-En 2005 cela représentait seulement 34,6 %, la processus soit un peu moins marqué.sonnes en âge de travailler reçoivent une formationEn termes macroéconomiques, si cette force adéquate pour pouvoir occuper des postes de travail1001001001 La Coordinadora Civil (Coordination Civile) réunit près de de travail bourgeonnante trouvait 99 des emplois hautementformels de haute pro<strong>du</strong>ctivité et bien rémunérés. Et600 Organisations non gouvernementa<strong>les</strong> (ONG), réseaux etpro<strong>du</strong>ctifs, il pourrait se pro<strong>du</strong>ire une accé-d’un autre côté, que le marché de l’emploi leur offreindivi<strong>du</strong>s dans tout le Nicaragua.n/dlération <strong>du</strong> rythme de la croissance économique. effectivement ces emplois.2 IPS, “A la caza del último analfabeto” (À la chasse au dernier Avec la croissance économique et la diminution <strong>du</strong>42analphabète), 20 juillet 2007. Disponible sur : .0ou per capita augmenterait 0 en générant – puisqu’il Au Nicaragua, <strong>les</strong> personnes 0 qui se trouvent déjà3 La Prensa, “Nicaragua con bajo acceso a e<strong>du</strong>cación0n/dy aurait de moins en moins d’enfants – la possibilitéd’augmenter l’investissement en enseignement 100 passe de l’intégrer, ont reçu, dans la plupart 97secundaria” (“Le Nicaragua avec un faible accès n/dactuellement sur le marché <strong>du</strong> travail ou qui sont enà99l’enseignement secondaire”), 14 mars 2010. Disponible sur :99des cas,55100.100 100100 100100 100100par enfant. Ainsi, on combinerait la possibilité de un niveau de formation extrêmement faible et défi-4 Institut national de statistiques et recensements (INEC), VIII stimuler la croissance économique et de ré<strong>du</strong>ire der = 77Censo de Población y IV de Vivienda ( “VIII Recensement de manière significative la pauvreté.la population et IV <strong>du</strong> logement” ), mai 2006. Disponible sur :5 La Prensa, “Nicaragua desperdicia sus mejores años”Un exemple BCI où of cette Italy politique = 96 a été appliquéeIEG of Italy = 64.10020100Rapports nationaux 138 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


cient. Ceci est observable par la quantité moyenned’années de scolarisation de la population au delàde 15 ans, qui oscille entre 3,2 y 5,1 années pour<strong>les</strong> couches socia<strong>les</strong> ayant <strong>les</strong> revenus <strong>les</strong> plus bas 6 .Soixante pour cent des foyers <strong>les</strong> plus pauvresaccueillent 76 % des moins de 18 ans, c.-à-d., la plupartdes <strong>jeu</strong>nes <strong>du</strong> pays. Cela signifie que la plupartdes <strong>jeu</strong>nes qui habitent dans <strong>les</strong> foyers à moindrerevenu ont des niveaux de scolarité extrêmementbas. Si nous prenons en compte la forte corrélationexistante entre le niveau moyen d’études et lerevenu professionnel, la majorité de ces personnestravailleront dans des emplois précaires et informelstout au long des 50 ans de leur vie d’a<strong>du</strong>lte, ce qui <strong>les</strong>maintiendra sous le seuil de pauvreté.Selon le dernier« Rapport sur la pauvreté » de laBanque mondiale pour le Nicaragua, <strong>les</strong> personnesqui n’ont pas terminé le cycle secondaire, c.-à-d.,qui ont moins de 11 ans de scolarisation, sont trèscertainement condamnées à vivre sous le seuil depauvreté 7 . C’est lorsqu’el<strong>les</strong> atteignent 11 ans descolarité, avec le cycle secondaire complet, que leursalaire dépasse (à peine) le seuil de pauvreté.L’analyse de la structure <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travailmontre que 70 % des emplois sont précaires dans <strong>les</strong>ecteur informel. Aujourd’hui, <strong>les</strong> indépendants ou<strong>les</strong> personnes travaillant dans des petites unités économiquesindivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong> ou familia<strong>les</strong>, urbaines ou rura<strong>les</strong>,sans aucun accès aux ressources, constituent65 % des emplois. Ces petites structures occupent1 à 5 personnes et el<strong>les</strong> reflètent fréquemment lebesoin d’une grande partie des foyers à entreprendreavec leurs moyens, un type d’activité économiquepour survivre.Cette situation est le résultat d’un modèle de développementbasé sur <strong>les</strong> « avantages comparatifs »qui a prévalu dans le pays depuis deux décennies,dans lequel, même si la force de travail est comparativementabondante, elle est aussi très faiblementqualifiée, ce qui se tra<strong>du</strong>it par des salaires très bas.Voici donc le mécanisme fondamental à travers lequelopère la repro<strong>du</strong>ction intergénérationnelle de lapauvreté et des inégalités.La plus importante croissance de la populationen âge de travailler de l’histoire <strong>du</strong> Nicaragua constituel’opportunité démographique qui pourrait lui permettrede surmonter la pauvreté dans une périoderelativement courte. Mais cette opportunité n’estpas exploitée, en premier lieu, parce que la plupartdes <strong>jeu</strong>nes rentrent sur le marché <strong>du</strong> travail avec desniveaux de formation très bas, ce qui <strong>les</strong> condamneà avoir de mauvais jobs. En second lieu, parce queseulement 53 % de la population active intègre lemarché <strong>du</strong> travail. Le facteur déterminant de cela estla faible incorporation des femmes.Les répercussions de cette négligence vis-à-vis<strong>du</strong> bonus démographique vont au-delà des consé-6 Adital, “Nicaragua en la encrucijada de la ‘transicióndemográfica” (“Le Nicaragua à la croisée de la ‘transitiondémographique”), 3 novembre 2009. Disponible sur : .7 El Nuevo Diario, “7% del PIB a E<strong>du</strong>cación nos sacará de lapobreza” (“Un 7 % <strong>du</strong> PIB pour l’é<strong>du</strong>cation nous sortira de lapauvreté” ), 12 mars 2010. Disponible sur: .quences immédiates ou à moyen terme. Le Nicaraguan’est pas seulement en train de gâcher cetteopportunité, mais aussi en train de semer une futurecatastrophe sociodémographique.Du bonus au désavantage démographiqueAu Nicaragua, seulement 20 % de la force de travai<strong>les</strong>t inscrite à la Sécurité <strong>Social</strong>e. Ainsi, 80 % despersonnes actives qui arrive à l’âge de la retraite, nedispose d’aucune épargne. Ces personnes âgées dépendrontpour survivre de l’assistance de leur familleou de l’État. Cette dépendance pourrait s’accroître àcause <strong>du</strong> système de répartition appliqué par l’InstitutNicaraguayen de Sécurité <strong>Social</strong>e (INSS), où lepaiement des pensions est financé essentiellementpar <strong>les</strong> apports des affiliés actifs. Cependant, dans<strong>les</strong> prochaines années, le nombre de retraités et lemontant des pensions va augmenter jusqu’au pointoù <strong>les</strong> cotisations des affiliés actifs ne pourront plus<strong>les</strong> couvrir.Selon <strong>les</strong> informations disponib<strong>les</strong> (limitées), àpartir de 2016 environ, l’INSS ne sera plus capablede faire face à ses obligations de paiement avec sesrevenus actuels, ce qui causera un déficit des paiementsqui ne fera qu’augmenter progressivement.L’INSS devra alors avoir recours aux réserves techniquesaccumulées pour faire face à ses engagements,mais on estime que ces réserves seront épuisées audébut des années 2020. Il a été proposé de « réformer<strong>les</strong> paramètres » mais dans le meilleur des casceci permettra à l’INSS d’assumer ses obligations<strong>du</strong>rant encore deux décennies.Dès lors, si la situation ne change pas, dans 25ou 30 ans, quand la phase de vieillissement de la populationaura commencé, <strong>les</strong> personnes qui seronten âge de prendre leur retraite vont dépendre de plusen plus des personnes actives – dont la quantité auracommencé à diminuer – pour survivre et couvrirleurs besoins.En même temps, la plupart des personnes enâge de travailler le feront, très probablement, dansdes emplois informels et précaires et seront donccondamnés à vivre dans la pauvreté. Dans ce cas,le « bonus démographique » se sera épuisé puisquele pourcentage des personnes actives, non seulement,ne continuera pas à augmenter par rapportaux non actives, mais le processus commencera às’inverser : le nombre de non actifs (principalement<strong>les</strong> personnes âgées) va augmenter de plus en pluspar rapport au nombre d’actifs. Cela provoquera unediminution progressive des revenus <strong>du</strong> travail parpersonne non active, ou ce qui revient au même,une diminution des revenus per capita des foyers,en raison de l’augmentation de la relation de dépendance,et la période de « bonus démographique »ouvrera la porte à une période de fort « désavantagedémographique »C’est le moment de changer l’avenirEn citant Jorge Campos, fonctionnaire <strong>du</strong> Fonds de lapopulation des Nations Unies au Nicaragua: « L’opportunitédémographique qui s’offre aujourd’hui ànous, sera unique et aura une <strong>du</strong>rée limitée. Pour enprofiter, il est impératif d’avoir dès maintenant, desflux d’investissement suffisants et bien dirigés. Il estégalement impératif d’établir des politiques publiquesadéquates pour garantir que <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes puissententrer sur le marché <strong>du</strong> travail et qu’ils le fassentavec un bon niveau d’enseignement, de formationet de santé. Si cela ne se fait pas à temps, c.-à- d.maintenant, l’opportunité se convertira en catastrophesociale en raison des taux élevés de chômage,d’insécurité urbaine et d’émigration massive qui vontcertainement s’intensifier » 8 .Il est nécessaire d’investir au moins l’équivalentde 7 % <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it interne brut (PIB) dans le systèmed’é<strong>du</strong>cation publique 9 , de manière à atteindreune série de buts fondamentaux dans le domaine del’enseignement :• 100% d’inscriptions en primaire.• Au moins 80 % de réussite <strong>du</strong> cycle primairecomplet.• Au moins 75 % d’inscriptions pour le cycle secondaire.• Atteindre un niveau moyen de scolarisation d’aumoins 9 ans.Pour atteindre un investissement public pour l’é<strong>du</strong>cationà hauteur de 7 % <strong>du</strong> PIB, il est nécessaire dedoubler l’actuel budget <strong>du</strong> ministère de l’É<strong>du</strong>cation,ou bien d’arriver à 6 % <strong>du</strong> PIB au minimum. Mais<strong>les</strong> projections budgétaires officiel<strong>les</strong> indiquent quele budget de ce ministère, qui a atteint 4 % <strong>du</strong> PIBen 2009 10 , ne va pas augmenter mais plutôt se ré<strong>du</strong>iredans <strong>les</strong> années qui viennent, pour atteindre3,55 % <strong>du</strong> PIB en 2013. Cette situation lamentab<strong>les</strong>e pro<strong>du</strong>ira à peine deux ans avant le délai pour l’accomplissementdes Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour leDéveloppement (ODM).Les OMD prévoyaient qu’en 2015 tous <strong>les</strong>enfants arriveraient à terminer le cycle complet del’é<strong>du</strong>cation primaire. A présent, ce délai est discutablemais il faut faire un gros effort d’investissementdans l’enseignement pour changer ce sort.Malheureusement, cette situation semble presqueinévitable vu que le pays ne fait pas le nécessairepour la changer.Etant donné que la proportion de <strong>jeu</strong>nes est entrain de diminuer, il n’y aura plus autant d’enfants etd’ado<strong>les</strong>cents en <strong>les</strong>quels investir pour qu’ils puissentsortir le pays de la pauvreté. Le moment d’investirdans la <strong>jeu</strong>nesse et de changer <strong>les</strong> perspectives defutur est là, sinon il sera trop tard. n8 Adital, op. cit.9 El Observador Económico, “Sociedad Civil demanda 7%del PIB para E<strong>du</strong>cación” (“La société civile demande 7 % <strong>du</strong>PIB pour l’E<strong>du</strong>cation”), 4 septembre 2009. Disponible sur :.10 Ibid.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 139 Nicaragua


Nigéria100La recherche d’investissements directs étrangers08Les Investissements directs étrangers 79 (IDE) au Nigéria se sont quelque peu améliorés, mais leur impact n’a pas3778969753encore atteint <strong>les</strong> plus démunis. 100 La législation relative à l’IDE 100devrait être complétée par des mécanismes destinés àassurer la transparence. Bien que le Gouvernement ait alloué des ressources – entre autres financières – pour luttercontre la pauvreté, la triste réalité est que, au cours des 15 dernières années, celle-ci n’a pas cessé de s’accroître à unIEG of India = 41 BCI of Indonesia = 90IEG of Indonesia = 55rythme accéléré. Certaines organisations de la société civile ont signalé que la quasi-totalité des projets centrés surla mise en œuvre des Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement (OMD) sont en retard.93100 100 100100 100100094100016Socio Economic Rights InitiativeRay OnyeguCentre for Peace and DevelopmentLuke ChukwuLegal Defence and Assistance Project (LEDAP)Women and Youths in AfricaJudith OgunniranNigérian Trade NetworkChris KakaCivil Society Coalition for Poverty EradicationDr. Dom OkoroLa Constitution de 1999 a marqué pour <strong>les</strong> Nigérians ledébut d’une nouvelle Ère démocratique car elle stipuleque « la sécurité et le bien-être <strong>du</strong> peuple devront être <strong>les</strong>objectifs principaux <strong>du</strong> Gouvernement » 1 . Le Gouvernementa également l’obligation de contrôler l’économie<strong>du</strong> pays pour assurer à chaque citoyen un maximumde bien-être, de liberté et de bonheur en se basant surla justice sociale et l’égalité des positions socia<strong>les</strong> etdes opportunités. Il doit également garantir un logementet une alimentation adéquate, un salaire minimumraisonnable, des pensions et des aides aux personnesâgées, un système d’allocation chômage et d’assurancemaladie et une assistance aux handicapés.Il est essentiel de disposer d’un financement adéquatpour le développement afin de respecter, protégeret mettre en œuvre <strong>les</strong> obligations liées aux droits del’Homme. Le Gouvernement <strong>du</strong> Nigeria, à travers saBanque centrale, a insisté sur ce point en déclarantque l’octroi de financement à différents secteurs del’économie favorise la croissance de l’économie dansson ensemble, ce qui à son tour contribue à accroîtrele développement et le bien-être à un rythme plus rapide2 . Le Gouvernement a également déclaré qu’il étaitnécessaire de soutenir <strong>les</strong> principes démocratiques,d’améliorer la sécurité des personnes et des biens, etde reconstruire et entretenir <strong>les</strong> infrastructures <strong>du</strong> pays100pour attirer <strong>les</strong> IDE.PauvretéLe Gouvernement a pris une série de mesures pourtenter de ré<strong>du</strong>ire la pauvreté. Le budget de 1997 a démontréune volonté claire de 0 conclure des accordsafin de promouvoir l’investissement ; c’est-à-dire, desaccords bilatéraux, régionaux et multilatéraux, avec74Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 61 IEG = 44Enfants atteignantla cinquième annéed’école618139100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ansdes gouvernementsBCIétrangersof Nigeriaet des= 61organisations privées.Le Nigéria est également un des pays qui en 2000s’est engagé pour atteindre <strong>les</strong> OMD d’ici à 2015.Toutefois, <strong>les</strong> mesures et programmes mis enœuvre ne semblent pas être suffisants pour épargner àce pays exportateur de pétrole 100 une histoire prolongéede besoins non satisfaits et de 93 pénuries. Selon l’ONU-HABITAT, le taux de pauvreté est passé de 46 % en 1996à 76 % en 2009 3 . La pauvreté a exacerbé le délit, la prostitution,le taux d’infection par le VIH/SIDA, le sentimentgénéral de frustration et la perte de confiance dans0l’économie. Pour la plupart des Nigérians la situationn’a pas changé et <strong>les</strong> sensations prédominantes restent100la peur, la dépression, le pessimisme, l’amertume 99 et le100 100manque d’estime de soi.Investissements directs étrangersRécemment encore BCI of l’économie Switzerland nigériane = 98 était principalementalimentée par <strong>les</strong> investissements intérieurs4 . Une enquête sur l’impact des IDE entre 1970et 2001 a révélé qu’autant <strong>les</strong> capitaux privés que <strong>les</strong>capitaux étrangers ont exercé peu d’impact sur lacroissance économique 5 . Le pays offre pourtant de100 99nombreux attraits dans le domaines des investissementsdans l’énergie et dans d’autres secteurs, et ilexiste un consensus croissant selon lequel <strong>les</strong> IDEsont indispensab<strong>les</strong> pour le développement de sonActivité économiqueAutonomisation47100 77 100006 Voir : .3 Onyebuchi Ezigbo, “MDGs – Poverty rate rises to 76 per7 Bolaji Owasanoye, “Sub-Saharan Africa and Development10098cent”, 100 All Africa.com, le 27 février 2009. Disponible 100 sur :Finance” dans Selected Essays on Development Finance 97100 100 58100 .100 100and 100 the Role of 72the Lawyer in International Debt Operations 1004 Risikat Oladoyin S. Dauda, “Trends, Behavioral Patterns and(Genève: UNITAR, juillet 1999), 193. Disponible sur :1 Gouvernement <strong>du</strong> Nigeria, Constitution of the FederalGrowth Implications of Foreign Private Capital Flows in Nigeria”, .org/ConstitutionOfTheFederalRepublicOfNigeria.htmIEG of Spain = 77 BCI of france= 995 A. Enisan Akinlo, “Foreign direct investment and growth 8 Dele Ogbodo, “FDI: IEG Nigeria’s of france Aggregate 72 Now $20bn”, This2 Voir le site web de la Banque centrale <strong>du</strong> Nigéria : .in Nigeria: An empirical investigation”, Journal of PolicyModeling 26, num 5 (juillet 2004): 627–39.Day, 1er mars 2010. Disponible sur : .01000É<strong>du</strong>cationIEG of Nigeria = 44énorme potentiel 6 . En 1965 le pays a proclamé des loisdestinées à internationaliser le marché de capitaux età lever <strong>les</strong> restrictions sur <strong>les</strong> IDE afin de promouvoirla libre entrée et sortie des capitaux, y compris dansle secteur pétrolier, qui autrefois étaient étroitementsurveillés, mais l’absence 100de mécanismes appropriéspour atteindre des procé<strong>du</strong>res transparentes a ralentil’afflux de ces investissements si nécessaires 7 .Les IDE sont principalement liés à l’expansion <strong>du</strong>commerce et à l’orientation exportatrice. À cet égard,le Nigéria souffre d’une limitation23sérieuse par rapport0à ses partenaires commerciaux plus développés, car ila une longue histoire de flux commerciaux et d’exportationnégatifs. Ses pro<strong>du</strong>its primaires, parmi 92<strong>les</strong>quels100 71100se trouve le pétrole, sont soumis à la volatilité des prixinternationaux. Un rapport récent publié dans un desjournaux nationaux soutient que <strong>les</strong> IDE ont augmentéIEG of Switzerland = 62de manière significative en 2008 – un afflux total decapitaux équivalent à 20.000 millions de dollars, selonle secrétaire exécutif de la Commission pour lapromotion des investissements au Nigéria 8 – mais cephénomène n’a pas encore eu un impact visible surl’économie. En plus, la crise économique de 2008 a100aggravé la fuite des capitaux. Il semble que la meilleureoption pour obtenir des capitaux privés pour le développementreste l’emprunt, plutôt 48 que <strong>les</strong> obligations,<strong>les</strong> portefeuil<strong>les</strong> d’investissement ou <strong>les</strong> IDE.98210090100100100Rapports nationaux 140 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010087


Faible coopération économiqueAu niveau régional, le Traité de la Communauté économiqueafricaine signé à Abuja en 1991 n’a pas dépasséle stade de la rhétorique. On s’attendait à ce que cetraité contribue à augmenter la participation africaine aucommerce mondial avec la création d’une Assembléedes chefs d’État et de gouvernement, d’un Conseil desministres, d’une Cour de justice, d’un Secrétariat généralet de sept commissions techniques spécialisées.Ces dernières étaient censées s’occuper des activitéséconomiques tel<strong>les</strong> que l’économie rurale et l’agriculture,<strong>les</strong> affaires monétaires et financières, le commerce,<strong>les</strong> douanes et l’immigration, l’in<strong>du</strong>strie, la science etla technologie, l’énergie, <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong> etl’environnement, <strong>les</strong> transports, <strong>les</strong> communicationset le tourisme, la santé, le travail et <strong>les</strong> affaires socia<strong>les</strong>,l’é<strong>du</strong>cation, la culture et <strong>les</strong> ressources humaines.Malheureusement, <strong>les</strong> idées louab<strong>les</strong> inclusesdans ce traité ne se sont pas encore matérialisées. Lacoopération économique régionale reste égalementfaible et divisée selon <strong>les</strong> lignes datant de l’époque coloniale.Par exemple, la Communauté économique desÉtats de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAS, selon l’acronymeanglais) n’a pas réussi à concrétiser tout ce qu’onattendait d’elle, en grande partie à cause de l’influencecoloniale anglophone ou francophone.Vers la réalisation des OMDLe Gouvernement a adopté une série de mesures pourmettre en œuvre <strong>les</strong> OMD. La première est la création<strong>du</strong> Bureau <strong>du</strong> conseiller présidentiel spécial pour <strong>les</strong>Objectifs <strong>du</strong> Millénaire (OSSAP-MDG, selon <strong>les</strong> sig<strong>les</strong>anglais). Une autre est l’exécution de projets spécifiquementconçus pour atteindre <strong>les</strong> Objectifs avec desfonds provenant des bénéfices de l’allégement de ladette (DRG, selon son acronyme anglais). Les fondsde DRG proviennent de l’allègement de la dette que legroupe des pays donateurs <strong>du</strong> Club de Paris a accordéau Nigéria en septembre 2005. Cette mesure représenteenviron 1 milliard de dollars par an d’économie sur <strong>les</strong>paiements de la dette, ce qui a permis au Gouvernementd’utiliser ces fonds pour couvrir <strong>les</strong> dépenses et <strong>les</strong>projets liés aux OMD au profit des plus pauvres.Les projets DRG couvrent <strong>les</strong> secteurs suivants :é<strong>du</strong>cation, <strong>jeu</strong>nesse, santé, défense, agriculture, ressourcesen eau, des réseaux de protection sociale, logement,environnement, questions relatives aux femmes,programme de subventions conditionnel<strong>les</strong> (CGS, selonle sigle en anglais) et « Quick Wins » (initiativesde résultats positifs rapides), entre autres. Ces projetssont menés conjointement par le Gouvernement fédéralet par d’autres agences fédéra<strong>les</strong>, tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong>gouvernements des états et <strong>les</strong> gouvernement locaux.Le CGS encourage le développement <strong>du</strong> bas vers lehaut, et pour cela il requiert la consultation préalabledes communautés loca<strong>les</strong> où <strong>les</strong> projets seront mis enœuvre afin d’identifier leurs besoins.En 2007, l’OSSAP-MDG a commencé à recourirà des consultants techniques indépendants et à desorganisations de la société civile pour la réalisation <strong>du</strong>suivi de la mise en œuvre des projets liés aux OMD.Selon le Bureau, le budget fédéral de 2008 a soutenuplus de 14.500 initiatives et programmes à travers <strong>les</strong>ministères pertinents <strong>du</strong> Gouvernement fédéral. LeCGS et Stepping Stone Nigeria (SSN, un organismed’aide sociale autorisé créé au Royaume-Uni dont lafonction consiste à protéger, sauver et transformer lavie des enfants vulnérab<strong>les</strong> et abandonnés <strong>du</strong> Delta<strong>du</strong> Nil) assurent la mise en œuvre de ces projets, nonseulement au niveau fédéral mais aussi aux niveauxnational et local.L’Initiative OPEN : suivi et évaluationL’initiative OPEN visant à fournir une vue d’ensembledes dépenses publiques dans la NEEDS (Stratégie nationaled’économie, autonomisation – empowerment– et développement, le document officiel <strong>du</strong> Nigériasur la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté), comprend :• Le Virtual Poverty Fund (VPF) <strong>du</strong> Nigeria, uneentité destinée à évaluer <strong>les</strong> dépenses budgétairespour la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et à contrôlerl’usage adéquat des fonds.• Un mécanisme destiné à contrôler <strong>les</strong> allocationsbudgétaires dans des secteurs clés pour atteindre<strong>les</strong> OMD et ré<strong>du</strong>ire la pauvreté.• Un processus plus large visant à renforcer la gestiondes dépenses publiques de manière à tirer partides ressources extérieures supplémentaires.• Des mesures visant à améliorer l’efficacité et l’efficiencedes allocations actuel<strong>les</strong> destinées aux ministères,aux départements et aux organismes.L’initiative OPEN comprend des activités de contrôleet d’évaluation qui sont réalisées de façon régulièredans le but d’évaluer le degré d’accomplissement desprojets et d’assurer leur conformité aux plans et leur<strong>du</strong>rabilité. En ce qui concerne <strong>les</strong> projets DRG de 2008pour atteindre <strong>les</strong> OMD, leurs buts sont <strong>les</strong> suivants :• Assurer la canalisation correcte des ressourcesallouées pour des projets et des programmesOMD.• Veiller au strict respect des plans d’applicationdes ministères, des départements et des organismespour <strong>les</strong> programmes OMD, en termesde couverture, de qualité, des pro<strong>du</strong>its et desrésultats au niveau local.• Démontrer aux Nigérians et à la communauté internationalela transparence de l’utilisation des ressourcespubliques, notamment des fonds DRG.Les données sont recueillies sur <strong>les</strong> sites des projetslors des visites effectuées par des ouvriers <strong>du</strong> bâtimentet par <strong>les</strong> bénéficiaires et <strong>les</strong> bénéficiaires potentielsdes programmes, tels que <strong>les</strong> enseignants, <strong>les</strong> membresde la communauté et <strong>les</strong> étudiants. Les donnéesrecueillies sont à la fois quantitatives et qualitatives etcomprennent, entre autres, <strong>les</strong> notes prises lors de lavisite des sites pendant <strong>les</strong> entretiens réalisés avec <strong>les</strong>travailleurs et <strong>les</strong> bénéficiaires. Les données quantitativescomprennent des informations sur la constructionde toilettes, le forage de puits pour l’alimentationen eau, <strong>les</strong> lits d’hôpital et autres équipements. Lesdonnées qualitatives fournissent des informationssur le fonctionnement des projets : par exemple, si unpuits d’eau fonctionne correctement ou si <strong>les</strong> toilettessont utilisées. Dans le cas des équipements pour <strong>les</strong>hôpitaux, il faut aussi préciser s’ils sont en bon état ets’ils peuvent être utilisés par le personnel qui travailledans <strong>les</strong> hôpitaux.Les réponses de la société civileLes organisations de la société civile au Nigeria se sontprofondément impliquées dans <strong>les</strong> questions de gouvernance.Plusieurs d’entre el<strong>les</strong> sont en charge <strong>du</strong>contrôle et de l’évaluation de l’assignation et de la gestiondes dépenses publiques. Par exemple, l’initiative deDroits socio-économiques s’est consacrée au contrôleet à l’évaluation des projets des OMD dans <strong>les</strong> six zonesgéopolitiques <strong>du</strong> pays. D’autres organisations exécutentdes tâches semblab<strong>les</strong> dans différentes parties <strong>du</strong>pays et dans différents secteurs d’activité. Les rapportscontenant des résultats qui ont été reçus montrent quela quasi-totalité des projets destinés à la réalisationdes OMD sont en retard et qu’il y a encore d’énormesobstac<strong>les</strong> à surmonter dans tous <strong>les</strong> secteurs.Dans le secteur de la santé il semble très difficiled’être en mesure d’atteindre <strong>les</strong> OMD car <strong>les</strong> projetsd’intervention, notamment le développement des compétencesdes travailleurs de la santé et la fournitured’équipements pour améliorer <strong>les</strong> Centres primairesde santé, n’ont pas été mis en oeuvre. Le dernier desdeux projets mentionnés pourrait contribuer significativementà améliorer l’état de santé des Nigérians,notamment dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> où <strong>les</strong> centres desoins primaires sont très mal équipés.Dans le secteur de l’enseignement, le degré dedétérioration de l’infrastructure des éco<strong>les</strong> que nousavons visitées est alarmant. Le mobilier des sal<strong>les</strong>de classe et des professeurs et <strong>les</strong> bâtiments scolairessont en général vétustes. Dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> qui nedisposent pas d’eau, l’hygiène est déplorable mêmequand on y trouve des toilettes. Par conséquent, pource secteur la préoccupation devrait aller au-delà <strong>du</strong>simple fait d’atteindre <strong>les</strong> OMD en termes de chiffres ;il faudrait aussi garantir que <strong>les</strong> élèves reçoivent unenseignement de qualité. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 141 Nigéria


Ouganda100Technologies de l’information et de la communication : une voie4747vers le développement ?0Le Gouvernement de l’Ouganda a mis en place une série de politiques lui permettant d’intégrer <strong>les</strong> Technologies98989956 de l’information et de la communication 100 71 (TIC) à sa gestion 100 <strong>du</strong> développement ainsi 63 qu’à divers domaines de la viesociale. Le Gouvernement espère que l’amélioration des services inspirera confiance aux investisseurs étrangersquant à la con<strong>du</strong>ite de leurs investissements et en même temps, améliorera la participation et le contrôle citoyenIEG of Paraguay = 67sur <strong>les</strong> affaires publiques. Cependant, BCI of pour Peru que = 88IEG of Peru = 70<strong>les</strong> conditions de vie des Ougandais s’améliorent, un effort doitaccompagner <strong>les</strong> stratégies de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et <strong>les</strong> investissements en développement humain.97100 100 100100 1001000951000100100Development Network of Indigenous Voluntary AssociationsLes réseaux de téléphonie mobile, <strong>les</strong> communicationsradia<strong>les</strong>, <strong>les</strong> 100 services d’informatique, de100Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009(DENIVA)David Obot100courrier électronique et d’internet, 78IEG = 67<strong>les</strong> services desAutonomisationmoyens de communication et l’accès au matérielL’Ouganda a montré un grand intérêt pour l’intégration pédagogique se sont améliorés dans <strong>les</strong> zones où il ydes TIC dans ses priorités de développement depuis le a une bonne infrastructure de télécommunications.37milieu des années 90. En même24temps, pendant plus Des travaux pour relier tout le pays sont en cours :0de dix ans, le pays a connu une forte croissance économique01500 km de fibre optique seront posés afin de relier0soutenue. Le budget 2009–2010 a montré toutes <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> importantes d’Ouganda entre el<strong>les</strong> et97 une croissance économique réelle de 9,4 % sur l’année avec le câble sous-marin d’Afrique de l’Est. 878346978142100 100 100100 100100 100fiscale 2008–2009, que l’on peut comparer au 10,2 % Les TIC incluent aussi d’autres avantages telsobtenu en 2007-2008. 1 . D’après <strong>les</strong> données officiel<strong>les</strong>, que de meilleures possibilités pour la Banque CentraleActivité économiqueÉ<strong>du</strong>cationd’épauler le Gouvernement en ce qui concernele Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB) a augmenté de 6,7 %IEG of Suriname = 56sur l’année fiscale 2008-2009, soit une diminution par <strong>les</strong> résultats économiques BCI of Uganda et le = contrôle 69IEG of Uganda = 67<strong>du</strong> secteur Alors que la politique de libéralisation a stimulérapport à l’année 2007-2008, où la croissance a été de financier, l’augmentation de l’utilisation des téléphones<strong>les</strong> investissements des TIC en Ouganda, <strong>les</strong> inves-8,3 % (voir graphique 1). De toutes façons, au vu deportab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> transactions monétaires et la tisseurs sont plus poussés à s’enrichir plutôt qu’àla crise économique mondiale, cette croissance a été surveillance <strong>du</strong> blanchiment d’argent et de la falsificationaméliorer la qualité des services. Ces affaires ontremarquable, et peut s’attribuer à la diversification desde chèques.principalement touché la téléphonie mobile, la télé-secteurs de l’exportation et des services 2 .vision et la radio. Les secteurs de l’é<strong>du</strong>cation et de100100100Malgré une forte croissance de la demande d’utilisationLes TIC et la prestation de services sociaux la santé n’ont pas encore obtenu de bénéfices liésdes TIC, favorisant le développement 52 économi-L’intégration des TIC dans <strong>les</strong> 72 services sociaux reste à la prolifération des TIC. La population contribueque soutenu de l’Ouganda, il est impératif d’apporter en insignifiante, surtout dans <strong>les</strong> secteurs de l’é<strong>du</strong>cationindirectement au financement de ces investissementcomplément à ces technologies, des plans, des stratégieset de la santé. La mise en place de programmes par le biais des exonérations d’impôts que le pays ac-et des programmes de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et pour l’enseignement primaire universel et l’enseignement20corde aux investisseurs, alors que le Gouvernementde promotion <strong>du</strong> développement 0 social.secondaire universel, 0 par exemple, ont eu doit encore faire face à l’intégration 0 des TIC danscomme résultat en Ouganda, une augmentation des la prestation de services. 36 L’absence de stratégie <strong>du</strong>99 Contexte des 72TIC97 inscriptions 74 dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> et une demande 97 importanteGouvernement pour aborder ce déséquilibre 99signifie100 100 100À un niveau mondial, <strong>les</strong> pays ont fait d’importants progrèsde ressources pour le matériel scolaire, <strong>les</strong>100 100100 100que <strong>les</strong> services fournis à la population continuerontpour l’intégration des TIC dans leurs priorités de infrastructures, <strong>les</strong> professeurs et la surveillance <strong>du</strong> d’être de mauvaise qualité.développement. L’Ouganda a énormément progressé secteur. L’inscription des garçons et des fil<strong>les</strong> danssuite à l’implantation IEG des of stratégies USA 74de TIC <strong>du</strong> pays. Les l’enseignement BCI primaire of nicaracgua est passée = 81 de 2,7 millions TIC, pauvretéIEGet gouvernanceof nicaraguaréussites incluent la création de la Commission des communicationsde l’Ouganda en 1997, la formulation d’unepolitique de TIC en 2003 et la création d’un ministère desTechnologies de l’information et de la communicationdûment qualifié en 2006. Le secteur des services inclusen 1997 à 7,6 millions d’élèves en 2003 4 .Dans le même temps, <strong>les</strong> circonscriptions encharge de la planification et de l’élaboration des budgetsdes secteurs <strong>les</strong> plus défavorisés ont donnépriorité aux TIC dans leurs plans de développementSi <strong>les</strong> TIC avaient des chances d’acquérir, de traiter,de sauvegarder et de récupérer de l’information, ainsique de la diffuser et de la publier, cela donnerait unavantage à ceux qui cherchent à ré<strong>du</strong>ire la pauvretéet recherchent une gouvernance responsable. Mal-100dans <strong>les</strong> TIC a augmenté de 31,2 % sur l’année fiscale2005–2006 à 33,3 % en 2006–2007, renversant ainsi la100local. Cependant, <strong>les</strong> investissements 99 pour équiper<strong>les</strong> éco<strong>les</strong> d’ordinateurs et de connexions internet100gré la volonté affichée <strong>du</strong> Gouvernement de garantirla diffusion des TIC vers la plupart des Ougandais,tendance des trois années fisca<strong>les</strong> précédentes au cours n’ont quasiment pas été pris en compte dans <strong>les</strong> deux grandes raisons empêchent certainement le52desquel<strong>les</strong> le secteur s’était enlisé 3 .budgets. Les tendances sont similaires pour le secteurpotentiel des TIC à catalyser <strong>les</strong> énergies créatives ende la santé. Une solution serait d’intégrer <strong>les</strong> TIC vue de la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté 29 et d’une meilleure1 Ministère des Finances, de la planification 0 et <strong>du</strong>dans <strong>les</strong> prestations de services 0 et d’assigner des gouvernance.0développement économique, Background to the Budget,51ressources substantiel<strong>les</strong> pour l’équipement et le La première raison est que <strong>les</strong> TIC sont peu intégréesaux stratégies de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté. 982009/2010, Kampala, 2009, 6. Disponible sur : .100 100 100100 100 La pauvreté 100 en 68 Ouganda est plus sévère au 100 sein de 1002 Ibid.la population rurale que dans la population urbaine.3 Commission des Communications de l’Ouganda, A4 Antonie de Kemp, Analysing the Effectiveness of SectorL’intervention limitée <strong>du</strong> Gouvernement dans la régulationdes prix IEG liée of Cyprus aux TIC = – 65 par exemple pourReview of The Postal and Telecommunications Sector,Support: Primary E<strong>du</strong>cation in Uganda and Zambia, NONIEor = 91 June 2006–June IEG 2007. of Disponible El Salvador sur : . <strong>les</strong> téléphones portab<strong>les</strong> – enracine la pauvreté et10010099100Rapports nationaux 142 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010099


provoque une fracture numérique de la population.Même le temps d’antenne à la radio, qui pourraitêtre utilisé par <strong>les</strong> plus défavorisés pour transmettreleurs revendications directement aux autorités et auxpreneurs de décisions, est très éloigné de ce que laplupart des habitants des zones rura<strong>les</strong> peuvent sepermettre. Le journal ougandais The Monitor a puobserver qu’alors que l’utilisation des téléphonesportab<strong>les</strong> a augmenté dans <strong>les</strong> différents groupes dela population, l’impôt de 12 % reste le plus élevé dela région (10 % actuellement au Kenya et en Tanzanie,3 % au Rwanda) 5 .Le fait d’intégrer <strong>les</strong> TIC aux stratégies de ré<strong>du</strong>ctionde la pauvreté augmenterait le flux d’informationentre la population, le Gouvernement et <strong>les</strong>autres parties intéressées, et ré<strong>du</strong>irait <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong>à la participation des personnes dans <strong>les</strong> activités deré<strong>du</strong>ction de la pauvreté.La deuxième limite est l’utilisation inappropriéedes TIC pour améliorer la gouvernance. Les TIC permettentde partager efficacement l’information, sansrestrictions. Plusieurs pays avancent à grands pasdans l’application de leurs systèmes de gouvernanceélectronique afin de simplifier la transparence, laresponsabilité et l’efficacité de la gouvernance. LeGouvernement ougandais souhaiterait transformerle pays en un leader africain dans l’utilisation desTIC pour la gouvernance électronique. Les TIC et lagouvernance électronique permettent de garantirl’efficacité de l’utilisation des ressources et l’améliorationde la gouvernance. D’immenses économiesseraient réalisées si <strong>les</strong> TIC étaient utilisées efficacement,par exemple pour consulter le public surdes thèmes d’importance nationale afin de respecterses droits démocratiques et pour suivre l’exercice<strong>du</strong> Gouvernement et de ceux qui y sont rattachés,dans tous <strong>les</strong> secteurs. L’intégration des politiques dedéveloppement des TIC créerait une base solide pourune gouvernance électronique efficace.TABLEAU 1. Taux de croissance <strong>du</strong> PIB, 2004/2005 - 2008/200910,81010,398,488,37646,6 6,36,9Croissance <strong>du</strong> PIB sur <strong>les</strong> prix <strong>du</strong> marchéCroissance <strong>du</strong> PIB sur le prix de base6,7202004/2005 2005/2006 2006/2007 2007/2008 2008/2009Source : Commission des Communications de l’Ouganda, 2009.TABLEAU 2. Contribution <strong>du</strong> transport et des communications au PIB76,26,85,86,765,2543,2 3,4332,522Contribution <strong>du</strong> transport et des communications au PIB1Contribution <strong>du</strong> secteur des communications au PIB02004/2005 2005/2006 2006/2007 2007/2008 2008/2009ConclusionLe Gouvernement a établi une politique afin d’adopteret d’appliquer <strong>les</strong> TIC dans ses priorités dans le butde garantir une meilleure prestation de services, unemeilleure rentabilité et plus d’efficacité dans l’économie; cela positionnerait le pays en tant que destinationpour <strong>les</strong> investisseurs et rendrait possiblela participation de la population à sa propre gouvernance.Un cadre politique a été ainsi constitué, afin delibéraliser le secteur qui a con<strong>du</strong>it à son expansion,avec un effet multiplicateur évident pour l’économieet <strong>les</strong> plus hauts niveaux d’interaction scientifique,pédagogique, politique, sociale et culturelle.Cependant, <strong>les</strong> avantages en matière de connaissanceet <strong>les</strong> avantages associatifs inhérents aux TICse situent toujours à un niveau très bas. L’Ougandapourra récolter <strong>les</strong> larges bénéfices de l’adoption etde l’application des TIC seulement en assumant lefait que leur entière mise en pratique doit prendre encompte <strong>les</strong> stratégies de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté,<strong>les</strong> investissements en développement humain, l’attributionde pouvoirs et la promotion d’une gouvernanceresponsable, transparente et efficace. nSource : Commission des Communications de l’Ouganda, 2009.5 The Daily Monitor, 4 mars 2009.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 143 Ouganda


PALESTINeLe mirage de la croissance économiqueLa situation économique et sociale semble s’améliorer dans <strong>les</strong> territoires pa<strong>les</strong>tiniens occupés grâce àune injection de fonds de donateurs en Cisjordanie, mais la situation générale continue d’être fragile.Ceci est particulièrement vrai pour la bande de Gaza où le siège et le blocus d’Israël se poursuivent,ce qui entrave <strong>les</strong> possibilités de développement et perpétue une crise humanitaire de plus en plusprofonde.Pa<strong>les</strong>tinian NGO NetworkAllam JarrarEn dépit <strong>du</strong> renouvellement de l’aide pour la Cisjordaniede la part des donateurs, qui a pro<strong>du</strong>it une augmentationapparente de la croissance économique, le Pro<strong>du</strong>itintérieur brut (PIB) réel des territoires pa<strong>les</strong>tiniensoccupés (TPO) ne s’est pas modifié et la situation économiqueet sociale reste fragile. Cela est spécialementvrai pour la bande de Gaza où la continuité <strong>du</strong> siège et<strong>du</strong> blocus israéliens entravent <strong>les</strong> possibilités d’emploiet de développement. Depuis que le siège a été imposéen juin 2007, le nombre de réfugiés qui vivent dansl’extrême pauvreté a triplé 1 . Selon l’ONU, 60,5 % desfoyers de la bande de Gaza manquent actuellement desécurité alimentaire 2 .Au troisième trimestre 2009, le taux de chômagedans <strong>les</strong> territoires pa<strong>les</strong>tiniens occupés est descen<strong>du</strong> à31,4 %, une légère baisse par rapport à la même périodeen 2008. Cependant, parmi <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes le chômage atteignait67 % 3 . Seulement une femme sur sept avait un emploi.Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) enmai 2008, au moins 70 % des famil<strong>les</strong> vivait avec moinsd’un dollar par jour. Au troisième trimestre 2008, 51 %des pa<strong>les</strong>tiniens vivait en dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté(56 % de la population de la bande de Gaza et 48 % enCisjordanie), dont 19 % dans l’extrême pauvreté.L’Organisation Internationale <strong>du</strong> Travail (OIT) attribuecette amélioration à un taux de croissance accéléréet à un taux d’emploi à peine plus élevé, bien qu’ilcontinue d’être exceptionnellement bas selon <strong>les</strong> normesinternationa<strong>les</strong> : environ 15 % tant à Gaza qu’enCisjordanie 4 . Selon le Bureau central de statistique dePa<strong>les</strong>tine, le taux de chômage en Cisjordanie est de1 Amnesty International, “Gaza asphyxiée : <strong>les</strong> conséquences<strong>du</strong> blocus israélien pour <strong>les</strong> pa<strong>les</strong>tiniens”, le 1 er juin 2010.Disponible sur : http://www.amnesty.org/fr/news-an<strong>du</strong>pdates/suffocating-gaza-israeli-blockades-effectspa<strong>les</strong>tinians-2010-06-01.2 FAO/PAM Socio-Economic and Food Security Survey Report2 – Gaza Strip, novembre 2009. Disponible sur : .3 IRIN News, “OPT: West Bank health and economy up abit, Gaza down”, le 18 mai 2010. Disponible sur : .4 Nouveau rapport de l’OIT sur la situation des travailleursdans <strong>les</strong> territoires arabes occupés, le 10 juin 2010.Disponible sur: .TABLEAU 1. Le marché <strong>du</strong> travail - Distribution en pourcentage de la populationdes plus de 15 ans dans le territoire pa<strong>les</strong>tinien par catégorie de travailleurs et parrégions (Normes de l’OIT), 2009Catégoriesdes travailleurs23 % et de plus de 50 % dans la bande de Gaza 5 . Le tauxde chômage à Gaza est l’un des plus élevés au monde.La bande de Gaza est aussi considérée commela zone <strong>du</strong> monde qui dépend le plus de l’assistance ;selon le Programme alimentaire mondial (PAM), plusde 80 % de la population dépend de l’aide alimentaire6 . Pendant la deuxième moitié de 2008, 33 %des foyers de Cisjordanie et 71 % de ceux de Gazaont reçu de l’aide alimentaire et <strong>les</strong> aliments ont représentéenviron la moitié de toutes <strong>les</strong> dépenses desfoyers. En mai 2008, l’ONU a calculé que 56 % deshabitants de Gaza et 25 % des cisjordaniens manquaientde sécurité alimentaire 7 . En même temps, àGaza la dénutrition chronique a augmenté <strong>du</strong>rant cesdernières années, atteignant 10,2 % 8 .Gaza et Cisjordanie : deux réalitésLe blocus israélien de la bande de Gaza, où vivent 1,5million de personnes, a provoqué depuis 2007 la fer-5 Voir : .6 “International aid agency: 80 percent of Gazans now rely onfood aid”, Haaretz, le 3 avril 2007.7 PAM, FAO et UNRWA, Joint rapid food security survey inthe Occupied Pa<strong>les</strong>tinian Territory, mai 2008. Disponib<strong>les</strong>ur : .8 FAO et PAM, Occupied Pa<strong>les</strong>tinian Territory–Foodsecurity and vulnerability analysis report, décembre2009. Disponible sur : .Territoirespa<strong>les</strong>tiniensmeture de 98 % des opérations in<strong>du</strong>striel<strong>les</strong> ainsi qu’ungrave manque de carburant, d’argent en espèces, degaz de cuisine et d’autres fournitures essentiel<strong>les</strong>.L’interdiction d’importer <strong>du</strong> matériel de constructiona ren<strong>du</strong> impossible la reconstruction de quelque6400 logements détruits ou sévèrement endommagéslors de l’opération militaire israélienne à Gaza en 2008-09 9 ainsi que la construction d’environ 7500 nouveauxlogements dont la population toujours croissante a besoin.Quelque 3500 famil<strong>les</strong> sont encore déplacées 10 .Le blocus et l’opération militaire israélienne ontdétruit l’infrastructure d’acheminement d’eau et d’assainissement: des barrages, des puits et des milliersde kilomètres de tuyaux, entre autres. Les problèmesde santé liés à l’eau sont monnaie courante. Gaza subitaussi une sévère crise électrique. Le réseau ne peutfournir que 70 % de la demande à cause <strong>du</strong> manque defonds nécessaires à l’achat de carburant pour l’usineélectrique et <strong>du</strong> manque de pièces de rechange, provoquantde multip<strong>les</strong> défaillances techniques 11 .D’autre part, l’économie de la Cisjordanie sembleêtre en train de se développer depuis le début del’année 2009, en partie grâce à l’affluence de fonds dedonateurs mais aussi grâce à l’allègement des restric-9 Voir : “Pauvres et emprisonnés”, Rapport social <strong>Watch</strong>2009 : Les gens d’abord. Disponible sur : 10 IRIN News, op. cit.11 Ibid.CisjordanieBande de GazaPlein emploi (travaille à temps complet : 35heures et plus par semaine)28,9 33,3 21,0Travaille moins que d’habitude (manque d’emploi) 1,7 2,0 1,0Travaille dans de mauvaises conditions ou pourun salaire insuffisant0,8 0,7 1,0N’a pas travaillé et cherche un emploi 10,2 7,8 14,5N’a pas travaillé et n’a pas cherché d’emploi pardécouragement3,3 3,2 3,4N’a pas travaillé : personnes âgées ou malades 6,1 6,2 5,9N’a pas travaillé : travail au foyer 27,7 27,0 28,8N’a pas travaillé : étudiants 21,3 19,8 24,4Total 100 100 100Source : Bureau central de statistique pa<strong>les</strong>tinien, mai 2010.Rapports nationaux 144 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Gaza : un blocus contre la santé des gensSelon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’économie instable, le chômageen hausse et le délabrement des services d’énergie, d’assainissement et desanté con<strong>du</strong>isent à une plus grand détériorarion des conditions de vie et de santéde la population de Gaza.Dans un communiqué de presse <strong>du</strong> 1 er juin 2010, l’OMS a réitéré sa demandepour qu’Israël permette le libre accès dans la bande de Gaza à l’approvisionnementmédical essentiel, tels que <strong>les</strong> équipements et médicaments, ainsi que davantagede liberté d’entrée et de sortie <strong>du</strong> territoire pour <strong>les</strong> personnes qui reçoivent uneformation médicale et pour <strong>les</strong> appareils médicaux devant être réparés 1 .Selon Tony Laurance, directeur <strong>du</strong> bureau de l’OMS de Gaza et de Cisjordanie,une centaine d’artic<strong>les</strong> d’équipements obtenus par l’OMS et d’autresorganisations humanitaires attendent depuis plus d’un an le permis d’entrée àGaza, parmi eux des appareils de tomographie, de radiographie, de fluoroscopie,des bombes d’infusion, des gaz pour la stérilisation des équipements médicaux,des batteries d’alimentation ininterrompue et des pièces de rechange pour <strong>les</strong>systèmes de soutien tels que <strong>les</strong> ascenseurs.« Il est impossible de maintenir un système d’assistance médicale sûr et efficacedans <strong>les</strong> conditions de siège existantes depuis juin 2007 » a protesté Laurance.« Il ne suffit pas simplement d’assurer des fournitures tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> médicamentset le matériel consommable. Il est nécessaire de disposer d’équipementsmédicaux et de pièces de rechange et de <strong>les</strong> maintenir en bon état ».Le blocus de Gaza affaiblit le système de santé, limite <strong>les</strong> fournitures médica<strong>les</strong>et la formation <strong>du</strong> personnel de santé et empêche que <strong>les</strong> personnes atteintesde graves problèmes de santé puissent circuler hors de la bande de Gaza pourrecevoir des traitements spécialisés.1 OMS, “Unimpeded access of medical supplies needed for Gaza,” Communiqué de presse<strong>du</strong> 1 er juin 2010. Disponible sur : .L’opération militaire israélienne de 2008–2009 a endommagé 15 des 27 hôpitauxsitués à Gaza et a endommagé ou détruit 43 centres de soins de santé sur<strong>les</strong> 110 existants. Aucun d’eux n’a été réparé ou reconstruit parce que le blocuscomporte l’interdiction d’importer <strong>du</strong> matériel de construction 2 . Il existe habituellementdes difficultés d’approvisionnement pour <strong>les</strong> médicaments essentielsde l’ordre de 15 à 20 % ; <strong>les</strong> pièces de rechange essentiel<strong>les</strong> pour de nombreuxappareils médicaux sont souvent introuvab<strong>les</strong> 3 .L’asphyxie <strong>du</strong> système de santé a interrompu la diminution continue <strong>du</strong>taux de mortalité infantile enregistrée pendant <strong>les</strong> dernières années. Il est mêmepossible que le taux ait augmenté à Gaza, où il est 30 % plus élevé qu’en Cisjordanie4 . Parmi <strong>les</strong> maladies infectieuses à déclaration obligatoire, <strong>les</strong> diarrhéesliquides aiguës avec émission de sang et l’hépatite virale sont <strong>les</strong> causes <strong>les</strong> plusimportantes de morbidité à Gaza.« Les journalistes me demandent souvent si je définis la crise à Gaza commehumanitaire et je réponds qu’elle est bien plus qu’humanitaire. Elle est beaucoupplus grave » , a déclaré Filippo Grandi, commissaire général de l’Office de secourset de travaux des Nations Unies pour <strong>les</strong> réfugiés de Pa<strong>les</strong>tine au Proche-Orient(UNRWA) 5 . « On peut faire face à une crise humanitaire avec des médicaments etdes aliments ; ici la situation est beaucoup plus grave. Il s’agit d’abord d’une crisede l’économie : <strong>les</strong> gens sont très pauvres. C’est une crise des institutions et desinfrastructures. Remettre cela en ordre prendra des années ». n2 IRIN News, “OPT: West Bank health and economy up a bit, Gaza down”, le 18 mai 2010.Disponible sur : .3 Ibid.4 Ibid.5 Ibid. Pour plus d’information sur le travail de l’UNRWA (OOPS) voir : .tions de mouvement et l’atmosphère plus sécuritairea augmenté la confiance des investisseurs et stimulél’activité économique. Le Fonds monétaire internationala fixé la croissance à 7 % en 2009 12 .Les services de santé en Cisjordanie se sontaussi amélioré au cours de l’année précédente, grâceà la diminution des restrictions de mouvement ainsiqu’aux efforts <strong>du</strong> ministère de la Santé pa<strong>les</strong>tinien etau soutien de donateurs et autres parties prenantes.Cependant, l’impact <strong>du</strong> « mur de séparation » israélienet l’accès limité aux hôpitaux de Jérusalem-Est, vers<strong>les</strong>quels le ministère de la Santé a dirigé 50% des casen 2009, continuent d’inquiéter (voir encadré) 13 .Mouvement et isolementLa restriction d’accès continue d’être le facteur qui limitele plus la croissance économique. En Cisjordanie,<strong>les</strong> fermetures sporadiques des postes-frontières et<strong>les</strong> conditions politiques instab<strong>les</strong> entravent toujoursle travail et ré<strong>du</strong>isent la pro<strong>du</strong>ctivité.Les restrictions d’accès et de déplacements enCisjordanie, même à Jérusalem-Est, comprennent entreautres, le mur de séparation, <strong>les</strong> postes de contrôleet d’autres obstac<strong>les</strong> physiques ainsi qu’un systèmede plus en plus sophistiqué de permis. Selon le Bureau12 “Signs of Hope Emerge in the West Bank”, New YorkTimes, le 16 Juillet 2009. Disponible sur : .13 IRIN News, op. cit.de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) del’ONU, le nombre de postes de contrôle et d’obstac<strong>les</strong>physiques a dépassé le chiffre de 620 au cours de l’année2009. Ces empêchements continuent d’asphyxierl’activité économique et d’endommager <strong>les</strong> réseauxsociaux ainsi que le bien-être de la population.Les actions des israéliens pour ré<strong>du</strong>ire le nombrede pa<strong>les</strong>tiniens qui vivent et travaillent à Jérusalem-Estl’isolent chaque fois plus <strong>du</strong> reste de la Cisjordanie.Les habitants arabes de Jérusalem-Est doivent faireface à beaucoup de formes de discrimination. En Israëlle chômage est beaucoup plus important parmi <strong>les</strong>citoyens arabes et le mécontentement augmente. Uneenquête récente de l’université d’Haïfa a montré que48 % des citoyens arabes d’Israël n’étaient pas satisfaitsde leur vie dans l’État d’Israël, par rapport à 35 %en 2003 14 . L’une des raisons est l’annonce de l’intention<strong>du</strong> Gouvernement israélien de continuer d’étendre <strong>les</strong>colonies à Jérusalem-Est, en dépit des protestationsdes organisations de la société civile 15 .Les en<strong>jeu</strong>x futursLa grave situation économique, sociale et humanitairedans <strong>les</strong> territoires pa<strong>les</strong>tiniens occupés lèse <strong>les</strong> droits14 Sawsan Ramahi, “Israel’s discrimination against its Arabcitizens”, Middle East Monitor, juin 2010. Disponible sur :.15 “Netanyahu : “Israel will keep building in Jerusalem” Haaretz,le 15 mars 2010. Disponible sur : .des citoyens jour après jour et anéantit toutes <strong>les</strong> chancesde progrès économique.Tandis que l’aide au développement économiqueet social est toujours indispensable, l’en<strong>jeu</strong> principalauquel la Pa<strong>les</strong>tine doit encore faire face est l’occupationisraélienne. C’est pour cette raison que l’objectifde n’importe quel soutien aux pa<strong>les</strong>tiniens, mise à partl’aide humanitaire, devrait être d’aider la communautépa<strong>les</strong>tinienne à réussir un développement national.L’en<strong>jeu</strong> est de commencer le processus en comptantsur des mécanismes qui assurent l’inclusion et laparticipation des pa<strong>les</strong>tiniens dans l’élaboration del’agenda de développement. La coopération entre <strong>les</strong>acteurs locaux et internationaux prendrait un nouvelangle rapprochant ainsi davantage leurs politiques desaspirations et des besoins des gens.Le processus de développement devrait comprendredes politiques économiques et socia<strong>les</strong> plus inclusiveset en même temps encourager le dialogue et lacompréhension entre <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> de la région. Un développementéconomique et social qui garantisse le bienêtre<strong>du</strong> peuple pa<strong>les</strong>tinien exige une solution politique<strong>du</strong> conflit fondée sur la création d’un État pa<strong>les</strong>tinienindépendant, démocratique et <strong>du</strong>rable, qui coexiste enpaix et en sécurité avec tous <strong>les</strong> pays voisins. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 145 Pa<strong>les</strong>tine


96100100ParaguayLa croissance doit déboucher sur la justice sociale016Le Gouvernement actuel s’est fixé trois grands axes de travail : celui <strong>du</strong> développement social et humain,9753l’axe économique pro<strong>du</strong>ctif et l’axe politique institutionnel. Les recettes fisca<strong>les</strong> et <strong>les</strong> plans d’aide pour ledéveloppement signifient davantage de ressources pour répondre aux demandes socia<strong>les</strong> et à l’investissement eninfrastructure, ainsi qu’aux engagements de la dette extérieure. Les efforts pour atteindre <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaireIEG of Indonesia = 55pour le développement ( OMD) doivent être accompagnés de changements dans le modèle de développementpermettant une plus juste redistribution de la richesse et une plus grande protection des secteurs vulnérab<strong>les</strong>.100 100DECIDAMOS, Campaña por la Expresión CiudadanaMaría Magdalena Molinas Maldonado 1José Guillermo Monroy Peralta 100 2Depuis la fin de l’an 2000 le Gouvernement <strong>du</strong> Paraguaytravaille à la conception de sa Stratégie nationalede lutte contre la pauvreté. Fin 2003 il était parvenuIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 8987 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 67Autonomisationà sa concrétisation dans un document spécifique qui0 9fixait <strong>les</strong> plans et programmes pour la période 200300– 2008, même si la réalisation de ses objectifs est81829798prévue pour 2015. Son 47 objectif principal est la ré<strong>du</strong>ctionde l’incidence de l’extrême pauvreté de moitié Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’à56100 100 77 100100 100100 100pour 2015. Pour ce faire elle conçoit des outils de personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationpolitiques publiques et prévoit la création de réseauxIEG of Nigeria = 44de promotion et de protection sociale à travers neuf cultures principa<strong>les</strong>BCI oftel<strong>les</strong>Paraguayque le=soja,89sur l’expansionIEG of Paraguay = 67Dette et accroissementprogrammes portant sur l’extrême pauvreté, l’accèsdes secteurs <strong>du</strong> bâtiment public et privé, sur D’après <strong>les</strong> informations officiel<strong>les</strong> de la Banque cen-à l’eau potable, l’inscription à l’é<strong>du</strong>cation universelle l’accroissement de la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> cheptel et sur trale fin 2009 et en raison de la crise financière internationale,, la mortalité maternelle et infantile des moins de 5 un plus grand volume <strong>du</strong> commerce et <strong>du</strong> transport.le PIB a présenté un taux de croissanceans, et la diminution de la malnutrition des moins de Toutes ces activités ont été encouragées par le niveau négatif (-3,8 % ) par rapport à l’année précédente5 ans. Elle se propose aussi 100 de ré<strong>du</strong>ire l’analphabétismeimportant de liquidité financière 100 interne, par des prix bien que pour 2010 <strong>les</strong> 100 prévisions soient favorab<strong>les</strong>de 50 %, d’augmenter <strong>les</strong> choix de l’é<strong>du</strong>cation internationaux compétitifs, par 85 la récupération de (jusqu’à 6 % de croissance). Le PIB par habitant aprécoce et de parvenir à l’accès universel aux servicesmarchés extérieurs et surtout par la prévisibilité des également diminué pour arriver à -5,5 %. Le niveaude santé de repro<strong>du</strong>ction 3 .variab<strong>les</strong> nomina<strong>les</strong> principa<strong>les</strong>, grâce à la stabilité atteint en termes réels a été de USD 1.471 en 2009Récupération économique 23macroéconomique obtenue lors de la période récemmentécoulée, indispensable pour le calcul des coûtscontre USD 1.557 en 2008.24L’évolution négative de l’année 2009 a été influencée0Le Paraguay a connu un important processus de récupérationdes entreprises 6 .0par une demande extérieure inférieure, qui a0économique pendant la décennie 2000 Cette récupération économique s’est accrue diminué d’environ 20 % en termes constants, et dont9099 – 2010. Après plusieurs quinquennats de stagnation 92 parallèlement aux recettes fisca<strong>les</strong>, ce qui 97 a permis la valeur en dollars s’est 46 fortement ré<strong>du</strong>ite97en raison100 100 71100économique et de variations négatives <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it100 100à l’État de compter sur de plus grandes ressources100 100des prix extérieurs plus bas pour <strong>les</strong> principaux pro<strong>du</strong>itsintérieur brut (PIB), le pro<strong>du</strong>it réel a augmenté de pour prendre en charge <strong>les</strong> demandes socia<strong>les</strong> ded’exportation.façon consistante à partir de l’an 2000. Le taux moyen la population et l’investissement en infrastructures En 2009 le secteur agricole est tombé de 20,2 %100IEG of Switzerland = 62de croissance pendant la période 2003 – 2008 a été de4,8 % annuel, largement supérieur à la moyenne de lapériode 1995 – 2002, qui avait été de 0,85 % annuel 4 .Cependant, selon le ministre des Finances,Dionisio Borda, cet accroissement n’a pas été suffisantpour la création d’emplois décents, puisque100par exemple, le sous-emploi est passé de 24,2 %à 26,5 % entre 2004 et 2008. Ces contradictionsdémontrent l’existence d’une économie 48 à deux vitesses: formelle–informelle, mécanisée–artisanale,et qu’en temps d’essor la croissance économique necrée pas assez d’emploi et ne 0 ré<strong>du</strong>it pas non plus <strong>les</strong>ous-emploi 5 .La récupération de l’activité économique 97s’est100 100basée sur l’accroissement72de la pro<strong>du</strong>ction deséconomiques BCI et, en of même Suriname temps, = 91 de respecter <strong>les</strong>engagements de la dette extérieure.Le pays présente de nombreuses difficultés enraison de la faible compétitivité de l’économie provoquéepar le déficit de son infrastructure routière, lefaible niveau de son développement technologique et100 93sa main d’œuvre très peu scolarisée :• Seulement 6.700 kilomètres sur <strong>les</strong> 60.000kilomètres de routes <strong>du</strong> pays sont praticab<strong>les</strong>pendant toute l’année et à peine 100 kilomètressont goudronnés par an.0• La scolarité moyenne dans la population desplus 100 de 25 ans est de 7,5 ans.99• 90 100 % de la population des 19–25 ans <strong>du</strong> 100 quintileIEG of Suriname = 56à 16 % <strong>du</strong> PIB alors que le secteur commercial, avec18,1 % de participation, est passé au premier rangde l’activité économique, avant l’agriculture et l’in<strong>du</strong>strie.La dette extérieure <strong>du</strong> pays a atteint USD 2.270millions en septembre 2009 8 . La dette extérieure publique,en pourcentage <strong>du</strong> PIB, montre une tendance100à la diminution pour la sixième 52année consécutive, etelle est passée de 52,1 % en 2005 à 20,5 % estiméspour 2009. Ceci grâce aux amortissements qui ontdiminué peu à peu le solde de la dette 9 .0Investissement socialLe Gouvernement 72 actuel de Fernando Lugo 97 (2008 74100 100 100-2013) s’est fixé trois grands axes de travail : le développementsocial et humain, l’économie pro<strong>du</strong>ctiveet la politique institutionnelle, ainsi que trois étapes :le plus pauvre ne fréquente aucun centre d’enseignement(567.000 personnes).1 Professeure en Sciences socia<strong>les</strong> pour la FLACSO-Mexique,Spécialiste en politiques IEG socia<strong>les</strong>, of france suivi 72 et évaluation deprogrammes sociaux.• Le taux d’analphabétisme BCI of USA 97 atteint encore 5,4 %d’après <strong>les</strong> données de 2007 7 .le temps de la crise IEG (qui of USA implique 74 commencer par lebas), l’ajustement anticrise et le legs 2013, qui sera2 Docteur en Ciences Socia<strong>les</strong> pour la FLACSO-Argentine.constitué par des projets qui devront être consolidés10047100100100Rapports nationaux 146 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010087


en 2011, l’année <strong>du</strong> bicentenaire de l’indépendancenationale.Parmi <strong>les</strong> programmes ou projets mis en œuvresont inclus : la suite et l’expansion <strong>du</strong> Réseau de protectionsociale, l’Installation de couverture primairede la santé comme modèle prioritaire pour atteindre<strong>les</strong> secteurs <strong>les</strong> plus pauvres, le Programme decouverture intégrale pour enfants et ado<strong>les</strong>centssans abri et sans liens de famille, le Plan national desouveraineté, de sécurité alimentaire et nutritionnelle<strong>du</strong> Paraguay, le Plan d’action d’urgence pour <strong>les</strong> populationsindigènes, une politique de réforme agrairepermettant l’accès des paysans à des parcel<strong>les</strong>, ainsique la création <strong>du</strong> Réseau des droits de l’Homme <strong>du</strong>Pouvoir exécutif.Plusieurs analyses sur le budget, pro<strong>du</strong>ites pardes agences <strong>du</strong> Système des Nations Unies au Paraguay,prouvent que <strong>du</strong>rant <strong>les</strong> dernières années,l’investissement social s’est accru dans plusieursdomaines liés aux OMD. Par exemple, d’après <strong>les</strong>données de l’Organisation pour la coopération et ledéveloppement économique, en 2008 l’investissementsocial a été de PYG 7.089 millions (quelqueUSD 1.470 millions), équivalant à 48 % <strong>du</strong> Budgetgénéral de dépenses. Ceci est bien supérieur auxchiffres enregistrés en 2003, lorsqu’on avait inclusun peu plus de USD 550 millions destinés à l’investissementsocial, équivalant à 36 % <strong>du</strong> budget decette année-là.Financement pour le développementLa Coopération pour le développement comprendl’ensemble des actions des acteurs publics et privésdes pays ayant des revenus plus élevés afin depromouvoir dans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> sud, le progrès économiqueet social <strong>du</strong>rable et plus équilibré par rapportà ceux <strong>du</strong> nord.Dans le cas <strong>du</strong> Paraguay, l’information sur <strong>les</strong>formes de coopération pour le développement nese trouve ni systématisée ni publiée. Selon <strong>les</strong> documentsde l’UE, le long de la période 2000 – 2006cette organisation a apporté des fonds pour <strong>les</strong> processusde :• Modernisation de l’État et développement institutionnel(11,6 %).• Développement de la pro<strong>du</strong>ction et améliorationde la compétitivité et intégration dans leMarché commun <strong>du</strong> sud (42 %).• Développement social et ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté(46,4 %).Pendant la période 2007 -2013, l’UE apportera desfonds pour une valeur de près de USD 149 millions,destinés notamment à :• L’é<strong>du</strong>cation (primaire, secondaire et technique :81,2 %).• L’intégration régionale et internationale(18,8 %).Pour sa part, le Programme des Nations Unies pourle développement au Paraguay pour <strong>les</strong> années 2007– 2011 est axé sur trois zones de services et la stratégieaura pour base le conseil pour la conception despolitiques publiques et la mise en œuvre des servicesde développement 10 .L’Agence allemande pour la coopération techniqueagit depuis plus de 30 ans et elle est l’une desplus anciennes <strong>du</strong> pays. Lors de la dernière négociationbilatérale en octobre 2006, on a accordé lacoopération jusqu’en 2010 pour la Modernisationet décentralisation de l’État, y compris la ré<strong>du</strong>ctionde la pauvreté.L’aide de l’Agence des États-Unis pour le développementinternational (USAID, selon son acronymeen anglais) au Paraguay est canalisée à traversplusieurs institutions, y compris des institutionsprivées des États-Unis et <strong>du</strong> Paraguay et des ONGloca<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong>. Le Plan stratégique 2001– 2006 est centré sur :• La démocratie – l’institution des pratiques démocratiquesclé de gouvernance.• L’environnement – l’amélioration <strong>du</strong> maniement<strong>du</strong>rable des éco-régions à importancemondiale.• La santé – l’augmentation de l’utilisation volontairedes services de la santé de la repro<strong>du</strong>ction.• La croissance économique – l’augmentationde l’entrée des pauvres dans des zones sélectionnées.En coopération avec la Corporation En<strong>jeu</strong> <strong>du</strong> Millénaire,USAID encourage le Programme Umbral(Seuil) qui essaie de lutter contre la corruption enattaquant <strong>les</strong> racines <strong>du</strong> problème tel<strong>les</strong> que l’impunitéet l’informalité dans l’économie. Le programmea été approuvé par la Junte directive de la corporationen février 2006, avec des fonds de financement pourune valeur de quelque USD 35 millions.En novembre 2009 la Banque interaméricainede développement (BID) et l’Espagne ont approuvéun financement de USD 52 millions afin d’aider àélargir l’accès aux services d’eau potable et à l’assainissementdans de petites communautés rura<strong>les</strong> etindigènes. Les fonds en question comprennent undon de USD 40 millions <strong>du</strong> Fonds espagnol de coopérationpour l’eau et l’assainissement en AmériqueLatine et aux Caraïbes et un prêt de USD 12 millions<strong>du</strong> capital ordinaire <strong>du</strong> BID. La Banque prévoit unecoopération totale d’environ USD 1 milliard pendantla période de Lugo. Ces emprunts seront destinés audéveloppement des travaux routiers, à l’assistancesociale et aux infrastructures.ODM : analyses et en<strong>jeu</strong>xD’après <strong>les</strong> données de la Direction générale desstatistiques, enquêtes et recensements, en 2008,37,9 % de la population totale <strong>du</strong> pays vivait en situationde pauvreté et 19 % en situation d’extrêmepauvreté 11 . D’autre part la crise économique mondialede 2009 a provoqué l’arrivée de 300.000 autrespersonnes sous le seuil de pauvreté. Cela rend improbablel’objectif numéro 1 de ré<strong>du</strong>ire de moitiéle pourcentage des personnes vivant en situationd’extrême pauvreté.Quant aux objectifs numéro 2 et numéro 3, bienque le pays présente des niveaux d’équité assez élevésconcernant l’inscription dans l’enseignementprimaire et secondaire, des en<strong>jeu</strong>x liés à la couverture,à l’infrastructure et au décrochage sont encorebien réels.Le pays a besoin de la mise en place de politiqueset de programmes garantissant l’autonomisationdes femmes à travers l’exercice de leur qualitéde citoyennes et la participation dans des espaces deprise de décision. Il est urgent d’intégrer de manièretransversale la perspective de genre dans <strong>les</strong> politiquesconçues et mises en œuvre par l’État, ainsi quela disponibilité d’un budget en fonction des actionsnécessaires pour institutionnaliser ces questions.La ré<strong>du</strong>ction des taux de mortalité maternelleet infantile exige des politiques d’accès aux services,l’élargissement de la couverture, des soins pendant lagrossesse et la prise en charge de l’accouchement etde la période post-natale. Il est important de renforcerla conception, la collecte, le processus et la publicationopportune des données dans ce domaine.En ce qui concerne le VIH et le SIDA, bien quel’on fasse des efforts importants, des cas de discriminationet le manque d’accès aux médicamentsrétroviraux pour toute la population touchée sontencore d’actualité. En attendant, la <strong>du</strong>rabilité de l’environnementaussi bien que l’alliance globale pour ledéveloppement semble bien loin <strong>du</strong> but.En résumé, on pourrait affirmer qu’aux intentionsmanifestes et effectivement mises en pratiquepar le Gouvernement actuel – au moyen de plans etde programmes concrets – qui chercent à améliorerla situation sociale des paraguayens (<strong>les</strong> rapprochantainsi des OMD) il faudrait ajouter une plusgrande et plus efficace coordination pas seulemententre le Gouvernement et <strong>les</strong> pays donateurs, maisaussi avec <strong>les</strong> acteurs de la société civile. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 147 Paraguay


PérouPlus d’argent et toujours la même injustice socialeMalgré une forte hausse <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it Intérieur Brut (PIB) et une augmentation budgétaire <strong>du</strong> secteur public – le budget aété multiplié par deux en 20 ans – l’investissement social a chuté. A partir de 1990 l ’influence des institutions financièresinternationa<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong> ne s’est pas tra<strong>du</strong>ite par une baisse significative de l’extrême pauvreté et dela famine mais elle a servi de prétexte à l’inaction <strong>du</strong> Gouvernement dans ce domaine. La réforme fiscale, pourtant sinécessaire, n’a pas été effectuée, le système de sécurité sociale universel, financé par <strong>les</strong> impôts, n’a pas non plus été mis enplace. Les questions de l’égalité des sexes et de l’environnement n’ont pas été abordées lors de l’élaboration <strong>du</strong> budget.100Comité <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> au PérouCentro de Estudios para el Desarrollo y la Participación(CEDEP)100Héctor BéjarLes dépenses de l’État ont été multipliées par deuxIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 88 95Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 70Autonomisation4747ces 20 dernières années. Néanmoins, l’investissementpublic sur cette période a été insignifiant parce0que l’État, prétextant le lobbying des organismes financiers00internationaux, n’a pas fixé ses priorités en97989899fonction des besoins 56des secteurs <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>.Ces mêmes pressions ont généré des avantages Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’à100 100 100100 71100100 63100(manque de réglementation <strong>du</strong> travail et fiscale) dans personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationl’investissement privé, qui s’est développé <strong>du</strong>rant cettepériode. Cependant, <strong>les</strong> pressions exercées par <strong>les</strong>organismes multilatéraux d’aide sur l’État péruvien enéchange de ressources – c’est à dire, son engagementvers l’extérieur – ne devraient pas servir d’excuse aunon-respect d’autres obligations – inhérentes de parleur propre nature – pour 100 ce qui est d’apporter et degarantir le meilleur bien-être possible aux citoyens.Il est indispensable d’opérer un changement depolitique, une profonde réforme fiscale qui redistribuela richesse de façon beaucoup plus équitable, un24système de sécurité sociale universel, une plus forte0indépendance lors de la détermination des prioritésdes investissements publics et de l’utilisation de l’aideainsi qu’une prise de conscience 46 par l’ensemble97des100 100acteurs de l’importance d’inclure <strong>les</strong> questions environnementa<strong>les</strong>et d’égalité des sexes lors de l’élaborationdes budgets nationaux. Dans le cas contraire,IEG of Suriname = 56l’État ne sera même pas en mesure de ré<strong>du</strong>ire lapauvreté réelle et, par conséquent, il ne pourra pasdavantage remplir <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour ledéveloppement (OMD).qui interviennent localement 3 . Le reste est obtenupar diverses opérations de crédit. C’est-à-dire que,même si d’un point de vue comptable le budget estéquilibré, dans la pratique il présente un déficit permanentcouvert par des prêts externes et internes.La pression fiscale <strong>du</strong> pays est de 14 %, soitquatre points de moins que la moyenne latino-américaine.Parmi <strong>les</strong> principaux impôts, il y a ceux quitaxent le revenu, <strong>les</strong> importations, la pro<strong>du</strong>ction, laconsommation et <strong>les</strong> combustib<strong>les</strong>. Les revenusdes personnes physiques apportent plus de financementque ceux des personnes mora<strong>les</strong> et ceux de lapro<strong>du</strong>ction et la consommation rapportent plus que9783<strong>les</strong> impôts sur <strong>les</strong> revenus. Le patrimoine n’est pas100 100 100soumis à l’impôt. L’impôt sur le revenu couvre 20 %<strong>du</strong> budget <strong>du</strong> secteur public.Le décret législatif 662 de Promotion de l’In-IEG of Paraguay = 67compare à l’annéeBCI1990of Peru(USD= 8810 milliards). Néanmoins,cette augmentation des dépenses, présentéecomme investissement social, cache la réalité desfaits : l’État a pris en charge des dettes <strong>du</strong> système desécurité sociale qui auraient dû être prises en chargepar <strong>les</strong> Sociétés d’administration 100 des fonds de pension(AFP), qui ont seulement 78 récupéré <strong>les</strong> bénéfices(et pas le passif) <strong>du</strong> système antérieur. De plus, cecipermet à l’actuel Gouvernement <strong>du</strong> président AlanGarcía de présenter un chiffre de dépenses socia<strong>les</strong>supérieur à celui réellement investi, par exemple, dansIEG of Peru = 7010037<strong>les</strong> hôpitaux et éco<strong>les</strong>.00Douze pour cent <strong>du</strong> budget – à savoir un peu plusde USD 3 milliards – a été affecté au règlement 878142de la100dette extérieure 1 100et, d’après <strong>les</strong> informations transmisespar le ministère de l’Économie et des finances (MEF), unchiffre similaire a servi à régler <strong>les</strong> pensions. Le Gouvernementl’a lui même BCI of reconnu, Uganda ces = dernières 69 années leIEG of Uganda = 67vestissement Étranger et le décret 757, Loi Cadreremboursement de la dette a été supérieur à ce qui avait d’Investissement Privé – tous deux remontant àété budgété, et il a été effectué par des opérations de 1991 – garantissent aux entreprises :refinancement menées par le MEF, sans avis ni débat 2 . • Un régime fiscal spécial de l’Impôt sur le revenu.Le coût de l’ÉtatLes ressources• La libre disponibilité des devises.100100100Au Pérou, le manque de transparence est récurrent sur L’État péruvien a deux sources de financement : la • La libre remise des bénéfices, dividendes et<strong>les</strong> questions liées au budget car 52dans la pratique, lebudget est manipulé par des crédits supplémentairescollecte des impôts et <strong>les</strong> prêts 72 placés sur le marchéinternational et à l’intérieur <strong>du</strong> pays sous forme •autres recettes.L’utilisation d’un taux de change plus favorable.délivrés par le Congrès ce qui donne à l’Exécutif une d’« obligations souveraines ». En 2009, pour un budgetde USD 24,6 milliards, presque USD 21 milliards• Le droit d’embaucher 20des travailleurs selongrande liberté d’action et ce, indépendamment de cen’importe quelle modalité sans être affectés parqui a été approuvé dans la loi 0budgétaire. En raison <strong>du</strong> provenaient de plusieurs 0 impôts, parmi <strong>les</strong>quels0aucune loi, ygrand désordre régnant dans la gestion budgétaire, qui figurent <strong>les</strong> impôts municipaux et <strong>les</strong> taxes – des36compris dans des conditions quivont à l’encontre <strong>du</strong> cadre législatif.99 rend impossible 72 une évaluation efficace, <strong>les</strong> données 97 contributions 74 faites par <strong>les</strong> entreprises étrangères 9799100 100 100officiel<strong>les</strong> sont données à titre purement référentiel.100 100100 100Par exemple, d’après des chiffres officiels, en3 D’après le rapport de la Sociedad Nacional de Minería,1 Loi <strong>du</strong> secteur public pour l’année fiscale 2009.2009, le PIB <strong>du</strong> pays s’élevait à 411 milliards de PENPetróleo y Energía, “Mundo Minero”,, de mai 2007, pour2 Red Jubileo Perú, “Campaña por un Presupuesto conl’exercice fiscal 2006, USD 1,2 milliard a été généré par la(un peu plus de USD IEG 140 of milliards) USA 74 et le budget pourBCI of nicaracgua = 81derechos 2009” (“Campagne pour un Budget avec destaxe minière (50 IEG % de of l’impôt nicaragua sur le revenu). La taxe minièrecette même année était de USD 24,662 milliards, ce droits 2009”), document élaboré par l’économiste Armando et <strong>les</strong> droits sont ensuite redistribués par l’État entre <strong>les</strong> 22qui signifie une augmentation considérable si on la Mendoza. Lima, 2009.départements et régions et 1753 municipalités.10010010010010099100Rapports nationaux 148 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010099


Sous ce régime, 278 grandes entreprises ont ré<strong>du</strong>itdans certains cas jusqu’à 80 % <strong>du</strong> revenu imposable.Chaque année, l’État perd au moins USD 375 milliardsen raison des exonérations fisca<strong>les</strong> 4 .Capital per<strong>du</strong>Le Pérou est un exportateur contraint de capitaux. Cepays envoie chaque année à l’étranger en moyenneUSD 2,5 milliards au titre de la dette externe et USD3,2 milliards sous forme de remise de bénéfices.Le 30 septembre 2009, la totalité de la dettepublique péruvienne était de USD 31,3 millions, soitUSD 20,3 millions de dette externe et USD 11 milliardsde dette interne. Le Pérou a aussi des réservesimmobilisées pour USD 35,4 milliards. Depuis l’an2000, le Pérou a remis au Club de Paris, au Trésordes États-Unis et aux sièges des multinationa<strong>les</strong>actives dans le pays quelque USD 50 milliards. 5Investissement et espionnageL’investissement privé, d’après <strong>les</strong> données de laBanque centrale de réserve, atteint 16 % <strong>du</strong> PIB, l’investissementpublic quant à lui atteint à peine 2,8 %<strong>du</strong> PIB. Ajoutons à cela la lenteur extrême de l’exécutiondes dépenses publiques : par exemple, d’aprèsla Red Jubileo de Perú, un réseau péruvien d’organisationsnon-gouvernementa<strong>les</strong> spécialisées dans ladette publique, au mois d’octobre 2009 à peine 30 %des postes budgétaires avaient été éxécutés 6 .Investissement privéIl y a à l’heure actuelle dans le pays 45 contrats d’explorationet 19 d’exploitation de gaz et de pétrole enexécution, ils génèrent des investissements pour environUSD 4 milliards. D’autre part, un appel d’offrea été lancé pour adjuger 19 nouveaux lots dont 12 sesituent en Amazonie.La déforestation et l’empoisonnement des eauxet de l’air sont des faits quotidiens contre <strong>les</strong>quels sesoulèvent <strong>les</strong> populations andines et amazoniennes.L’investissement privé dans le pétrole, le gaz et l’in<strong>du</strong>strieminière a généré une forte corruption dans <strong>les</strong>ecteur gouvernemental caractérisée par des écoutesilléga<strong>les</strong> des communications téléphoniques et parInternet. Ces écoutes ont été pratiquées par certainesentreprises sur d’autres et sur l’État, par le versementde pots-de-vin à des juges et des fonctionnaires, pardes journalistes achetés, des commandos d’espionnageprivés, des forces de choc et l’exercice de pressionssur <strong>les</strong> opposants et la presse critique.4 Superintendencia Nacional de Administración Tributaria(Super-intendance Nationale de l’Administration Fiscale).“Estimación de los efectos de los convenios de estabilidadtributaria” (“Estimation des effets des accords de stabilitéfiscale”), septembre 2002.5 MEF, Portail de la Transparence Économique. Voir : (consulté le 15 avril2010).6 Armando Mendoza, Op. cit.Investissement socialD’après le MEF, la part de la dépense sociale s’estélevée en 2009 à 6 % <strong>du</strong> PIB 7 . D’après <strong>les</strong> donnéesde l’UNICEF pour ces dernières années, la part <strong>du</strong> PIBallouée à la dépense sociale publique est passée de7,9 % sur le budget <strong>du</strong> secteur public en l’an 2000à 9,2 % en 2005. Environ la moitié de la dépensepublique est destinée, d’une manière ou d’une autre,aux secteurs sociaux. Néanmoins, ces chiffres présentéspar <strong>les</strong> organismes internationaux prennenten considération <strong>les</strong> dépenses en retraites des fonctionnaires,dissimulant donc la réalité. La dépensesociale nette (dépense sociale non provisionnelle)est bien inférieure et elle atteint à peine 27 % <strong>du</strong> budget; elle a diminué en termes relatifs car pendant ladécennie 1990, elle atteignait 37 %.Conditionnement budgétaireLes organismes financiers internationaux conditionnentet gouvernent depuis de nombreuses années lapolitique sociale péruvienne. Le programme Juntos,créé en 2005, avait été proposé par le Fond monétaireinternational et la Banque mondiale comme une desconditions pour renouveler en 2008 leur soutien financierau pays 8 . Cette année, la Banque mondiale aapprouvé un prêt au Pérou de USD 330 milliards pourassurer le financement de la dépense sociale et desmesures contre-cycliques afin de faire face aux impactsde la crise financière. La Banque a indiqué qu’ils’agissait <strong>du</strong> second prêt programmé des réformesdes secteurs sociaux visant à soutenir des servicesen matière d’é<strong>du</strong>cation et de santé et <strong>les</strong> programmessociaux, entre autres le programme Juntos.Aujourd’hui, ces organismes sont favorab<strong>les</strong> à cequ’on appelle le budget par résultats. L’Article 13 de laLoi de Budget 2010 fixe le Budget par Résultats pour<strong>les</strong> points suivants :• Maladies non transmissib<strong>les</strong>, tuberculose, HIV, maladiesmétaxéniques et zoonose, qui seront placéssous la responsabilité <strong>du</strong> ministère de la Santé.• Résultats d’apprentissage dans l’enseignement primaireet l’é<strong>du</strong>cation de base alternative, placés sousla responsabilité <strong>du</strong> ministère de l’É<strong>du</strong>cation.• Travail infantile, placé sous la responsabilité <strong>du</strong> ministère<strong>du</strong> Travail.• Violence familiale, violence sexuelle et sécurité alimentaire,placées sous la responsabilité <strong>du</strong> ministèrede la Femme et <strong>du</strong> Développement social.• Développement <strong>du</strong>rable environnemental, placésous la responsabilité <strong>du</strong> ministère de l’Environnement.7 Direction <strong>du</strong> Budget <strong>du</strong> MEF.8 Le Programme National de Soutien Direct aux Plus Pauvres –Juntos – a été créé en 2005. Il s’adresse tout particulièrementaux famil<strong>les</strong> rura<strong>les</strong> pour lutter contre la dénutrition infantilechronique et l’extrême pauvreté, Une prime économiquemensuelle de USD 34 leur est directement versée.• Élargissement de l’assiette fiscale, placé sous laresponsabilité de la Superintendance nationale del’administration fiscale.InégalitéMême si le niveau de revenus des classes <strong>les</strong> pluspauvres de la société s’est amélioré, l’écart entre<strong>les</strong> revenus a augmenté. Alors que l’ouverture commercialeré<strong>du</strong>it <strong>les</strong> inégalités, l’ouverture financière– par <strong>les</strong> investissements étrangers directs – , associéeau progrès technologique, agirait en aggravantces inégalités. En effet, la rémunération des plusqualifiés augmenterait sans que <strong>les</strong> opportunitésd’avancement économique ne soient limitées. Pourle cas <strong>du</strong> Pérou, 35 % des revenus sont sur le déci<strong>les</strong>upérieur alors qu’à peine 1,6 % sont sur le décilele plus bas 9 .Paradoxalement, le manque de budget spécifiquea empêché l’application de la Loi sur l’Égalité desChances entre <strong>les</strong> Hommes et <strong>les</strong> Femmes 10 , dontl’objectif est de poser un cadre normatif adapté quigarantisse, par le budget, la justice de genre.Le problème environnementalAu Pérou, <strong>les</strong> conséquences <strong>les</strong> plus importantes <strong>du</strong>réchauffement climatique seront : le recul des glaciers,l’augmentation en fréquence et en intensité <strong>du</strong> phénomèneEl Niño et l’élévation <strong>du</strong> niveau de la mer.D’après le Conseil national de l’environnement,au cours des 22 à 35 dernières années, 22 % de lasurface des glaciers a été per<strong>du</strong>e (équivalant à 7 milliardsde m 3 ou à 10 ans de consommation d’eau dansla ville de Lima), avec des conséquences plus importantessur <strong>les</strong> petits glaciers et <strong>les</strong> moins élevés. Dansce sens, on pense qu’en 2025 <strong>les</strong> glaciers péruvienssitués en-dessous de 5500 mètres d’altitude aurontdisparu.Les spécialistes calculent que <strong>les</strong> dégâts sur l’environnementreprésentent un coût économique de3,9 % <strong>du</strong> PIB ; ces dégâts touchent principalement<strong>les</strong> plus pauvres.En 2006, une étude menée par la Banque Mondialea évalué le coût économique de la dégradationde l’environnement, de la ré<strong>du</strong>ction des ressourcesnaturel<strong>les</strong>, des catastrophes naturel<strong>les</strong> et des servicesenvironnementaux inadaptés : elle arrive à untotal de USD 2,8 milliards 11 . Néanmoins, entre 1999et 2005, <strong>les</strong> dépenses dirigées pour l’environnementont représenté à peine 0,01 % <strong>du</strong> PIB. Ce chiffredémontre qu’il n’y a pas de volonté politique pourarrêter ou même atténuer le rythme de dégradationexistant. n9 FMI. World Economic Outlook. 17 octobre 2007.10 Congrès de la République. Disponible sur : .11 Banque mondiale. Analyse environnementale <strong>du</strong> Pérou. Défispour un développement <strong>du</strong>rable. Mai 2007.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 149 Pérou


PologneAide au développement sans directives claires100082Après avoir été un pays récepteur d’aide pour le développement la Pologne 81 est devenue aujourd’hui878544pays donateur et participe 100 à la ré<strong>du</strong>ction de la brèche 100 <strong>du</strong> développement 100 mondial. Cependant, 100malgré son nouveau rôle sur la scène politique internationale, la Pologne doit encore faire face auxeffets secondaires de la transition vers une économie de marché. D’autre part, <strong>les</strong> répercussions deBCI of Kenya = 71IEG of Kenya = 59la crise financière mondiale se font sentir au niveau de l’économie nationale et, par conséquent, ausein des foyers.100011Network of East-West Women / NEWW-PolskaAgnieszka NowakIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009Monika Popow100100100ICB = 99 IEG = 7097 Enfants atteignantAutonomisationla cinquième annéeAu début de la transition économique de 1989, le Pro<strong>du</strong>it intérieurbrut (PIB) de la Pologne a brusquement 47 chuté et le taux45d’écolede pauvreté s’est élevé de façon significative. L’Office Nationalde Statistiques estime que le taux de pauvreté extrême en 20080est descen<strong>du</strong> à 5,6 %, alors qu’il était à 6,6 % en 2007. Le taux00de pauvreté relative était de 17,3 % en 2007 et de 17,6 % en98100999969962008. Le pourcentage de personnes vivant dans un logement100 100 63100100 100100 100et ayant un indice de consommation inférieur au seuil de la Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpauvreté était de 10,6 % en 2008 et de 14,6 % en 2007 1 .personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationCependant, <strong>les</strong> différences entre <strong>les</strong> groupes sociauxIEG of Peru = 70se creusent. Il est très probable que la diminution actuelledes revenus familiaux entraîne l’appauvrissement accru desclasses moyennes et ouvrières. L’exclusion sociale toujoursgrandissante se répercute sur le processus démocratique :seulement 25 % des Polonais considèrent qu’ils peuventavoir une influence sur l’État 100 ; 72 % affirment qu’une telleinfluence dépasse leurs capacités 2 .Les famil<strong>les</strong> pauvres, <strong>les</strong> mères célibataires, <strong>les</strong> enfantsorphelins, <strong>les</strong> personnes handicapées ou atteintes demaladies chroniques et <strong>les</strong> personnes 37âgées constituent <strong>les</strong>groupes de risque d’exclusion sociale <strong>les</strong> plus importants.0Étant donné que <strong>les</strong> mères de famille sont cel<strong>les</strong> qui assumentla plus grande responsabilité <strong>du</strong> soin des enfants, ainsi8183que des membres de leur famille, vieillards ou handicapés,100 100on peut considérer que la pauvreté affecte plus directement<strong>les</strong> femmes que <strong>les</strong> hommes 3 .Selon l’Office national de statistiques, le taux de chômageenregistré atteignait 8,5 % fin 2009 : 8,2 % chez <strong>les</strong>IEG of Uganda = 67hommes et 8,8 % chez <strong>les</strong> femmes 4 . Il convient d’ajouterque la Pologne manque de moyens efficaces pour stimulerl’embauche des femmes, particulièrement de cel<strong>les</strong> de plusde 50 ans, et d’une réglementation qui combatte la discriminationà l’égard des femmes sur le marché <strong>du</strong> travail,100comme par exemple le manque de disposition à leur offrirun travail en cas de maternité.cation est garantiBCIet <strong>les</strong>oftauxPolandd’alphabétisation= 99atteignentpratiquement 100 %. Parmi la population de plus de 16 ans,<strong>les</strong> femmes présentent un niveau é<strong>du</strong>catif plus élevé quecelui des hommes : 19,5 % des femmes a suivi des étudessecondaires et 9 % des études supérieures (contre 16,4 %et 14,8 % des hommes, respectivement) 1005 .Cela dit, le système é<strong>du</strong>catif 96 polonais reste cependantdiscriminatoire en fonction <strong>du</strong> sexe, surtout dans le secteurtertiaire. Les femmes constituent la moitié des élèves,parfois même plus, mais el<strong>les</strong> ne participent pas dans leprocessus des prises de décisions. Par ailleurs, <strong>les</strong> écarts0entre <strong>les</strong> sexes se creusent en ce qui concerne <strong>les</strong> salaires,<strong>les</strong> promotions, <strong>les</strong> conditions de travail et le niveau académique.Qui plus est, <strong>les</strong> études supérieures ne tiennent pas10099100 100compte de la problématique que pose l’équilibre entre lavie de famille et la carrière professionnelle. La discriminationdes femmes scientifiques est facilement discernablepuisque, malgré le fait que 65 % des diplômés soient desfemmes, leur participation aux études de plus haut niveaudiminue après l’obtention de la licence. Au niveau <strong>du</strong> doctorat,49 % des diplômées sont des femmes et le nombrede professeurs femmes aptes à enseigner en faculté atteint35 %. Pourtant, seulement 16 % d’entre el<strong>les</strong> obtient une100 94chaire 6 .La santéIEG of Poland = 70compte toujours pas sur <strong>les</strong> ressources nécessaires. Lespatients doivent payer certains services à part. Seul un petitnombre de personnes a <strong>les</strong> moyens de payer l’assurancemaladie, qui est chère, et la grande majorité de la populationn’a pas accès à un système de santé de bonne qualité.Il existe un grand déficit 100 en matière de droits sexuelset repro<strong>du</strong>ctifs en Pologne. L’accès limité aux contraceptifs,ainsi que le manque d’orientation en matière de planificationfamiliale et de soins qualifiés avant, pendant et après la grossessepour toutes <strong>les</strong> femmes, constituent une violation des45droits humains. Le pays a reçu plusieurs blâmes en ce sens0de la part des agences internationa<strong>les</strong>. Le Comité pour l’éliminationde la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW,97selon son sigle en anglais) a décidé que la Pologne devait64mettre en œuvre des mesures favorisant l’accès des femmesaux soins de santé et a recommandé de faire des recherchessur l’ampleur, <strong>les</strong> causes et <strong>les</strong> conséquences de l’avortementillégal et de ses effets sur la santé des femmes 7 .D’autre part, des services tels que l’assistance médicalependant l’accouchement ou l’anesthésie épi<strong>du</strong>ralelibre sans ordonnance médicale doivent être payées à partet comptant. Les femmes doivent assumer le coût élevéde l’accouchement si el<strong>les</strong> désirent que leur partenaire y100assiste, ou pour avoir droit à une anesthésie autre que l’habituelle,ce qui fait que l’écart entre <strong>les</strong> riches et <strong>les</strong> pauvres87100 100 100BCI of Uruguay = 98 IEG of Uruguay = 69se creuse encore plus. 48É<strong>du</strong>cationLe système sanitaire est financé par des fonds publics. Bien20La Pologne présente des niveaux de scolarisation élevés qu’il existe des organismes publics et privés qui coopèrent L’immigrationdans tout le système é<strong>du</strong>catif. 0L’accès universel à l’é<strong>du</strong>- avec l’État dans l’administration 0 des soins, le système ne Par rapport à d’autres pays de 0l’Union européenne, la Pologne36a une histoire relativement courte en matière d’immigration.54971 Office national de statistiques. Situation des ménages9999en 5 Office national de statistiques. Les revenus et <strong>les</strong> niveaux 99 de Pendant longtemps <strong>les</strong> politiques migratoires de la 98Pologne100 100 1002008 à la lumière de l’enquête sur <strong>les</strong> budgets des famil<strong>les</strong>. vie de 100 la population. Rapport élaboré à partir de l’enquête 100100 100se sont davantage centrées sur <strong>les</strong> sorties que sur <strong>les</strong> entréesUE-ECV de 2007 et 2008.2 Centre de recherches sur l’opinion publique.6 Andrea Rothe et al., Gender Budgeting as a Management 7 Agnieszka Nowak, “Women’s status in Poland: a permanent3 Fondation Feminoteka. La femme en Pologne pendant laStrategy for Gender Equality at Universities (Prévisionscrisis,” in Beijing and beyond: Putting gender economicstransition 1989-2009. IEG of nicaragua BCI of costa rica = 97 IEG of costa rica 67budgétaires concernant la parité en tant que stratégie deat the forefront (“La situation de la femme en Pologne : une4 Office national de statistiques. Le contrôle <strong>du</strong> marché <strong>du</strong>travail. Information trimestrielle sur le marché <strong>du</strong> travail.gestion pour l’égalité des sexes dans <strong>les</strong> universités),Munich, 2008, 22.crise permanente”), <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, 2010. Disponible sur :.Rapports nationaux 150 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010099


de migrants. Au cours de la période 1989-2004, <strong>les</strong> politiquessur l’immigration sont devenues plus réactives, au fur et àmesure qu’avançaient <strong>les</strong> préparatifs d’entrée au sein del’UE. On parlait de l’immigration surtout au sujet des droitshumains et de la protection des réfugiés, de la protectiondes frontières et <strong>du</strong> rapatriement des Polonais ethniques enprovenance des pays de l’ex-Union Soviétique, plus que <strong>du</strong>point de vue des politiques socia<strong>les</strong> ou économiques 8 .La Pologne étant un pays relativement pauvre, <strong>les</strong>autorités ont sous-estimé <strong>les</strong> problèmes de l’immigration.Du point de vue théorique la Pologne vise une politiqued’intégration basée sur <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> européens ; <strong>du</strong> pointde vue pratique, <strong>les</strong> étrangers qui arrivent à s’intégrer nedoivent leur réussite qu’à leur propre détermination et àleur façon d’agir 9 .L’incorporation à l’UE en mai 2004 a supposé l’inclusionde normes et de règlements de l’UE dans la législationnationale, et le développement de la capacité institutionnelledans ce domaine. En juin 2004, la Loi pour la promotion del’emploi et des institutions <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail est entrée envigueur. Cette loi spécifie qui peut bénéficier d’un permis detravail, d’un permis de séjour temporaire, de l’autorisationde « séjour toléré» ou bénéficier d’une « protection temporaire» . Malgré <strong>les</strong> remaniements institutionnels et législatifseffectués pour s’ajuster aux normes européennes, laPologne n’a pas encore élaboré une politique d’immigrationincluant l’intégration des étrangers. En revanche, <strong>les</strong> politiquesse sont centrées sur <strong>les</strong> réfugiés, sur le rapatriementdes Polonais ethniques et sur le cas des conjoints étrangersdes citoyens polonais 10 .Il n’existe pas de structures autorisant <strong>les</strong> immigrés àprendre part aux décisions politiques à quelque niveau quece soit. Il n’y a pas non plus d’organes consultatifs ni de partisd’immigrés. De plus, ni le Gouvernement, ni <strong>les</strong> partis politiques,ni <strong>les</strong> ONG, ni <strong>les</strong> migrants eux-mêmes n’analysentle sujet <strong>du</strong> droit de vote local pour <strong>les</strong> non ressortissants 11 .Jusqu’à ce jour, la participation civique active des immigrésse borne aux activités destinées à améliorer la situationsociale et économique des communautés d’immigrés et àpréserver leur identité ethnique, religieuse et culturelle.Aide au développementEn 2008 l’Aide publique au développement (APD) apportéepar la Pologne a atteint PLN 900 millions (USD 272,6millions), soit 0,08 % <strong>du</strong> PNB. En 2006 l’APD a atteint PLN922,2 millions (USD 279,3 millions), ce qui veut dire quele niveau de l’APD polonaise a baissé pour la première foisdepuis que la Pologne a intégré l’UE. En 2008 le pays n’apas pu garantir une augmentation constante des fondspour l’APD, alors que selon l’objectif prévu pour 2010, l’APDpolonaise doit atteindre 0,17 % <strong>du</strong> PNB et augmenter à0,33 % en 2015 12 .8 K. Iglicka, Poland: Waiting for immigrants. But do we reallywant them? (“La Pologne : en attendant <strong>les</strong> étrangers.Souhaitons-nous vraiment <strong>les</strong> recevoir ?”), Centro StudiDi Politica Internazionale. Disponible sur : .9 Ibíd.10 Voir : .11 Iglicka, op. cit.12 Groupe Zagranica, Polish Development Assistance 2008(“Aide polonaise au développement”). Rapport indépendantdes ONG. Disponible sur : .L’APD polonaise est composée d’aide multilatérale (offerteà travers <strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong>) et d’aide bilatérale(offerte sous forme directe à travers <strong>les</strong> institutions,<strong>les</strong> organisations et autres organismes polonais). L’aidemultilatérale repose sur des paiements versés sur le budgetde l’UE et de différentes organisations internationa<strong>les</strong>, ainsique sur des fonds tels que ceux des agences de l’ONU, <strong>du</strong>Fonds européen de développement (FED), de la Banquemondiale, <strong>du</strong> Fonds monétaire international (FMI), de la Banqueeuropéenne pour la reconstruction et le développement(BERD) et la Banque européenne d’investissement (BEI).L’aide bilatérale est coordonnée par le ministère des Affairesétrangères, mais elle comprend également des paiementseffectués par d’autres ministères polonais, tels que le ministère<strong>du</strong> Travail, ou celui de l’É<strong>du</strong>cation entre autres. Ces fondssont affectés à travers des projets cofinancés et dirigés pardes organismes de l’administration publique et des ONG 13 .Les canaux par <strong>les</strong>quels s’effectue l’aide étrangère dela Pologne consistent en : aide alimentaire, bourses, aidefinancière, aide technique et aide humanitaire. En 2006le pays a ratifié la Convention relative à l’aide alimentaire,bien que jusqu’à présent il n’ait offert aucune aide alimentaireà l’étranger dans le cadre de la coopération pour ledéveloppement.Une large part de l’APD polonaise est affectée auxbourses destinées aux étudiants de pays en développementet de pays en transition. Le programme de boursesK. Kalinowski, institué par le premier ministre KazimierzMarcinkiewicz en mars 2006, s’adresse aux étudiants deBiélorussie expulsés des universités biélorusses pour avoirdéfen<strong>du</strong> <strong>les</strong> valeurs démocratiques.Ce programme est mis en oeuvre en coopération avecle ministère de l’É<strong>du</strong>cation et des sciences et il est coordonnépar le Centre de recherches sur l’Europe de l’Est del’Université de Varsovie 14 . Selon <strong>les</strong> informations fourniesces dépenses constituent des APD. Or, el<strong>les</strong> ne remplissentpas <strong>les</strong> conditions requises par l’OCDE-CAD 15 .Le but de l’aide technique est d’offrir son appui aurenforcement des capacités des ressources humaines,et d’accroître la formation et la capacité technique et pro<strong>du</strong>ctivedes pays en développement. Ce genre d’aide revêtplusieurs modalités, comme par exemple le renforcementdes capacités, <strong>les</strong> délégations d’experts, <strong>les</strong> voyages d’études,<strong>les</strong> bourses d’autres activités qui sont réalisées dansle cadre de projets mis en œuvre par des organismes administratifs<strong>du</strong> Gouvernement, des gouvernements locauxet des ONG.L’aide humanitaire provient des réserves <strong>du</strong> budgetnational prévues à cette fin, qu’administre le Service deCoopération au développement <strong>du</strong> ministère des Affairesétrangères. Ces aides se basent sur <strong>les</strong> principes de Bonnespratiques pour l’action humanitaire et le Consensuseuropéen sur l’aide humanitaire. Les pays prioritaires desdonations humanitaires de la Pologne sont le Soudan, leTchad et l’Iraq. Simultanément, Varsovie coopère souventde façon directe avec des organisations humanitaires quifonctionnent au niveau local quand des catastrophes sepro<strong>du</strong>isent, ainsi qu’avec des ONG loca<strong>les</strong>.13 Voir : .14 Aide Polonaise. Voir : .15 Groupe Zagranica, Polish Development Assistance 2008(“Aide polonaise au développement”), op. cit.Depuis 2008 l’armée polonaise s’est employée à ladistribution d’aide au développement, surtout en Afghanistan.Selon certaines critiques émises par des ONG, « choisir<strong>les</strong> militaires comme acteurs de la mise en oeuvre des activitésd’aide ne contribue pas à l’efficacité de la coopérationau développement, qui dépend en grande partie de l’anglede vue, de la motivation et des objectifs des responsab<strong>les</strong>de la mise en oeuvre de cette aide » 16 .Les objectifs de l’APD polonaiseLes principaux objectifs de l’aide étrangère polonaisevisent la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et l’accomplissementdes autres Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement(OMD) dans <strong>les</strong> pays qui reçoivent l’aide de la Pologne,ainsi que la garantie de la démocratie, de l’État de droit, <strong>du</strong>développement de la société civile et <strong>du</strong> respect des droitshumains en Europe de l’Est.Les pays prioritaires recevant l’aide étrangère offertepar la Pologne sont l’Ukraine, la Moldavie, la Biélorussie,l’Afghanistan, l’Iraq, la Géorgie, l’Angola, le Vietnam etl’Autorité pa<strong>les</strong>tinienne. L’aide bilatérale offerte aux paysprioritaires s’adresse principalement aux Nouveaux ÉtatsIndépendants (NEI): l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan,le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan etl’Ouzbékistan.Les prémisses de l’APD polonaise sont conséquentesavec <strong>les</strong> OMD et <strong>les</strong> politiques de développement del’Union européenne. Parmi ses objectifs principaux figurent« l’aide à la croissance économique <strong>du</strong>rable, le respectdes droits humains, de la démocratie, de l’État de droit etde la bonne gouvernance, la promotion de la sécurité etde la stabilité mondia<strong>les</strong>, le transfert d’expérience dansle domaine de la transformation politique polonaise, ledéveloppement des ressources humaines, l’aide au développementde l’administration publique et des structuresloca<strong>les</strong>, la protection de l’environnement et la préventionde problèmes environnementaux, et l’offre d’une aide humanitaireet alimentaire d’urgence 17 ».La coopération de la Pologne pour le développementet la mise en oeuvre de ses programmes d’aide étrangèresont de nouveaux domaines de politique étrangère quin’ont pas encore été couverts par une législation intégrale.Par ailleurs, <strong>les</strong> données ne sont pas ventilées par sexe.Le procédé habituel <strong>du</strong> ministère des Affaires étrangèresconsiste à résumer <strong>les</strong> montants de l’aide étrangère polonaiseet à <strong>les</strong> annoncer par pays et non pas en fonction desactions spécifiques réalisées.L’aide étrangère polonaise n’est pas assez clairementdéfinie à la base. Une bonne coordination au niveau del’aide au développement doit absolument être garantie(conformément aux exigences requises par l’UE), ainsique la mise en place de mécanismes financiers efficaceset efficients, et la création d’un cadre institutionnel et légalprécis. Il est nécessaire de mettre en oeuvre et en pratiquedes solutions qui ont déjà fait leurs preuves dans d’autrespays développés afin d’assurer la continuité des politiquespolonaises de développement et l’aboutissement effectifdes objectifs tracés. n16 Ibid.17 Justification de la Loi relative à l’aide polonaise audéveloppement. Voir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 151 Pologne


PortugalIl faut améliorer et augmenter l’aide au développementLe Portugal a manifesté son intention de respecter <strong>les</strong> engagements internationaux assumés en matièred’Aide publique au développement (APD). Cependant, <strong>les</strong> effets de la crise économique mondiale mettent endoute leur accomplissement. Outre l’augmentation des volumes d’assistance, il est nécessaire d’améliorer latransparence des processus, de sélectionner <strong>les</strong> secteurs cible avec des critères plus humanitaires et de réussirà atteindre une plus grande prévisibilité à moyen et long terme. Pour ce faire, la société civile devra assumerun rôle plus actif et surtout plus constant pour surveiller <strong>les</strong> politiques officiel<strong>les</strong> d’aide au développement.100100<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Portugal; OikosJoão José Fernandes 1Catarina Cordas 2La Déclaration <strong>du</strong> Millénaire, signée en l’an 2000,a été suivie de plusieurs conférences internationa<strong>les</strong>plaidant en faveur de l’engagement envers l’aideinternationale, qu’il s’agisse de l’augmentation <strong>du</strong>montant de l’APD ou de sa qualité et de son efficacité,de manière à accroître le plus possible <strong>les</strong> effets depromotion d’un développement mondial plus justeet équitable. C’est ainsi que lors des conférences deMonterrey (2002) et de Doha (2008) sur le financement<strong>du</strong> développement, des Déclarations de Paris(2005) et <strong>du</strong> Programme d’Action d’Accra (2008),des engagements importants sur l’amélioration del’efficacité de l’aide ont été assumés.Dans <strong>les</strong> Grandes Options <strong>du</strong> Plan 2005-2009,le Gouvernement <strong>du</strong> Portugal a établi que l’un desobjectifs de la coopération portugaise serait celui de« respecter <strong>les</strong> engagements internationaux sur laquantité et la qualité de l’APD, car le contexte internationalactuel (...) exige <strong>du</strong> Portugal un grand dynamismeet efficacité, notamment pour pouvoir atteindre<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement »(OMD) 3 . Dans ce même sens, l’un des objectifs <strong>du</strong>Gouvernement établi par <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> Grandes Options<strong>du</strong> Plan 2010-2013 est celui « d’augmenter gra<strong>du</strong>ellementl’APD portugaise suivant <strong>les</strong> objectifs et lecalendrier établis dans le cadre européen de l’APD, etde renforcer la position négociatrice <strong>du</strong> Portugal dans<strong>les</strong> discussions multilatéra<strong>les</strong>, en mettant l’accent sur<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement àdévelopper tout au long de l’année 2010 » 4 .Cependant, <strong>les</strong> effets de la crise économiquemondiale au Portugal ont éloigné <strong>les</strong> possibilités <strong>du</strong>pays de respecter <strong>les</strong> engagements assumés en matièred’aide. La qualité de la coopération portugaisedevrait également faire l’objet d’une révision puisque,suivant la plainte déposée par la société civile,le pourcentage destiné par exemple à la promotion1 Directeur d’Oikos.2 Bénévole d’Oikos.3 Ministère des Finances, Grandes Options <strong>du</strong> Plan 2005-2009.Disponible en portugais sur : .4 Ministère des Finances, Grandes Options <strong>du</strong> Plan 2010-2013. Disponible en portugais sur : .Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100 99ICB = 99 IEG = 73Enfants atteignantla cinquième annéed’école99100100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong>personnel médical spécialiséSurvivance jusqu’àl’âge de 5 ansBCI of Portugal = 99des droits humains est trop faible. Une plus grandetransparence et prévisibilité ont aussi été réclaméesà l’APD à moyen et long terme.APD en chiffresMalgré <strong>les</strong> engagements 100 assumés, le Portugal n’a pasenregistré d’augmentations substantiel<strong>les</strong> <strong>du</strong> volumede l’aide entre <strong>les</strong> années 90 et 73la période 2005-2008(voir figure 1). Exception faite de l’année 2008, oùl’APD a représenté 0,27 % <strong>du</strong> Revenu national brut(RNB), ce pourcentage a varié entre 0,21 % et 0,23 %.0Les objectifs intermédiaires établis successivementpour 2006 (0,33 %) et pour 2009 (0,30 %) n’ont pasété atteints. En 2009, 36 l’APD a diminué de 15,7 93 % et100 100elle a représenté à peine 0,23 % <strong>du</strong> RNB.Dans le but de respecter ses engagements – uneAPD de 0,7 % <strong>du</strong> RNB en 2015 – le Portugal a établiun nouveau calendrier BCI of Yemen, prévoyant Rep. <strong>les</strong> = augmentations 67gra<strong>du</strong>el<strong>les</strong> de son aide, dont l’objectif intermédiaireest d’atteindre 0,34 % <strong>du</strong> RNB pour 2010 5 . Cependant,compte tenu de l’aggravation de la crise économiqueportugaise – avec des ré<strong>du</strong>ctions et des politiquesbudgétaires restrictives destinées à contrôler le100déficit des comptes publics – il s’avère pratiquementimpossible d’atteindre <strong>les</strong> objectifs proposés dansle nouveau programme pour s/d 2010. Pour la mêmeraison, il est peu probable que le Portugal puisseatteindre 0,7 % en 2015.Affectations/det distribution de l’APD74Bien que la plupart de l’APD soit octroyée de manière100 100bilatérale, depuis 2002 des efforts importants ont été5 Ministère des Finances, Rapport sur le Budget d’État pourBCI of Afghanistan = 02009. Disponible en portugais sur : .00Activité économique1000Autonomisation98100 69100É<strong>du</strong>cationIEG of Portugal = 73faits pour augmenter <strong>les</strong> contributions multilatéra<strong>les</strong>qui ont représenté 43 % <strong>du</strong> total de l’APD portugaiseentre 2005 et 2008, face à 27,4 % en 1990 et 34 %en 2000.La plupart de l’aide multilatérale est destinéeau Fonds européen de 100 développement (FED) et aubudget d’aide externe de la Commission européennequi finance <strong>les</strong> pays en développement n’étant pasconsidérés par le FED. Au cours des quatre dernièresannées, ces deux instruments ont reçu près de EUR450 millions (USD 576 millions) représentant une0 6moyenne annuelle de 33 % de l’APD <strong>du</strong> Portugal.L’APD bilatérale est principalement destinée34aux ex-colonies portugaises, <strong>les</strong> PALOP 6 et le Timor100 49 100Oriental. Bien que la plupart de ces pays se trouventen Afrique subsaharienne (sauf le Timor Oriental et leCap-Vert) et qu’ils soient qualifiés comme étant desIEG of Yemen = 67« pays moins avancés », des « états post-conflit » 7ou des « états insulaires », leurs liens historiques,linguistiques et culturels justifient ce choix.Le Gouvernement établit <strong>les</strong> priorités de sa politiqueexterne en tenant compte de la défense et del’affirmation de la langue et de la culture portugaises100raison pour laquelle il renforce son soutien aux payslusophones. Les secteurs où l’aide portugaise montreune tendance à la concentration s/d sont principalementl’é<strong>du</strong>cation, le soutien à la gouvernance 8 et à lacoopération technique mais peu d’accent est mis sur0s/d6 Les Pays Africains de langue officielle portugaise s/d (PALOP)est un groupe de pays formé par cinq anciennes coloniesportugaises 100 (l’Angola, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, 100 leMozambique et São Tomé & Principe).7 L’Angola, le Timor-Leste et la Guinée-Bissau ont connu deviolents conflits pendant <strong>les</strong> dix dernières années.8 Programmes de formation institutionnelle dans plusieurssecteurs de l’Administration Publique et d’autres organismesde l’État.53100100100100n/Rapports nationaux 152 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100100100


<strong>les</strong> services sociaux qui ont à peine dépassé 3,1 % <strong>du</strong>total de l’APD bilatérale entre 2007 y 2008 9 .La qualité de l’aideLe soutien au secteur pro<strong>du</strong>ctif est presque rési<strong>du</strong>elsi on le compare avec <strong>les</strong> composantes de la coopérationtechnique. De ce fait, certaines organisationsappartenant à la société civile considèrent que l’APD<strong>du</strong> Portugal manque toujours d’une orientation effectivevers l’éradication de la pauvreté. Le faibleinvestissement destiné au soutien de l’agricultureet de la pêche, secteurs fondamentaux pour la promotionde la sécurité alimentaire dans <strong>les</strong> pays envoie de développement, est un aspect spécialementnégatif. En grande partie, ce sont <strong>les</strong> Organisationsnon-gouvernementa<strong>les</strong> (ONG) qui mènent à bien ceteffort bien qu’el<strong>les</strong> ne reçoivent qu’une petite portionde l’APD bilatérale (1,9 % en 2008) 10 .Le poids des lignes de crédit dans l’APD bilatéraleest toujours critiqué par <strong>les</strong> ONG portugaises et parla Confédération européenne des ONG (CONCORD)à la coopération portugaise. À titre d’exemple, onpeut mentionner qu’en 2008, près de 25 % de l’APDbilatérale a été liée à la comptabilisation de EUR 66millions (USD 84,48 millions) d’une ligne de créditpour le Maroc. Finalement, un autre aspect critiqueest celui de l’aide conditionnée à l’obtention de bienset services de la part d’entreprises portugaises. Eneffet, l’aide conditionnée a augmenté de 17 % en2006 à 42 % en 2008. Cette augmentation est étroitementliée à la comptabilisation de la concessiondes lignes de crédit 11 .L’effort pour améliorer la programmation del’aide et l’ouverture croissante au dialogue entre <strong>les</strong>parties intéressées constitue un élément à mettre enrelief vis-à-vis de la coopération portugaise depuis2005. Cet effort a été mis en œuvre en particuliergrâce à la création <strong>du</strong> Forum de Coopération pour leDéveloppement et à la réalisation annuelle de journéesnationa<strong>les</strong> de coopération connues comme« Journées <strong>du</strong> Développement ». En effet, outrel’approbation d’une stratégie mondiale pour la coopérationportugaise 12 , plusieurs stratégies sectoriel<strong>les</strong>sont en voie de préparation (entre autres cel<strong>les</strong>concernant la santé, l’é<strong>du</strong>cation, l’égalité entre <strong>les</strong>sexes, la gouvernance et le développement rural).Certaines d’entre el<strong>les</strong> étaient déjà terminées vers lafin de 2009 ou début 2010. Il faut signaler égalementl’approbation de la Stratégie nationale d’é<strong>du</strong>cationpour le développement, en novembre 2009.Il reste pourtant encore un long chemin à parcourirdans le domaine de la programmation etde la prévisibilité. Parmi <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> faib<strong>les</strong>sesde la coopération portugaise on peut mentionnerl’absence absolue d’une stratégie d’orientation enmatière d’aide humanitaire, ainsi que la faible prévisibilitéde l’aide à moyen et long terme. Trouver9 Institut Portugais d’Aide au Développement. Voir : .10 Ibid.11 Ibid.12 Décision nº 196/2005, disponible sur : .TABLEAU 1. APD <strong>du</strong> Portugal exprimée en pourcentage <strong>du</strong> RNB0,800,700,600,500,400,300,200,1000,24 0,25 0,260,21 0,21APD / RNBTABLEAU 2. APD bilatérale et multilatéraleune solution à ces deux faib<strong>les</strong>ses n’est pas seulementune question d’augmentation des ressourcesmais aussi de définition claire de l’architectureinstitutionnelle. Juridiquement, la coordination dela coopération portugaise correspond au ministèredes Affaires étrangères et de la coopération, àtravers le Secrétariat d’État à la coopération et del’Institut portugais de soutien au développement.Pourtant, en matière de prévisibilité de l’aide, ladécision dépend fondamentalement <strong>du</strong> ministèredes Finances, alors qu’en matière d’aide humanitaire,le ministère de l’Administration interne et dela protection civile jouent un rôle de plus en plusimportant.Pour finir, l’augmentation de la transparence estune exigence de la société civile vis-à-vis de l’APDportugaise. Le fait de souscrire à l’Initiative internationalede transparence pour l’aide devrait être unedémarche importante. Il est essentiel de clarifier <strong>les</strong>critères de comptabilisation de l’APD et de fixer undélai pour disposer de données ventilées, notammentpour ce qui est des questions controverséescomme par exemple la comptabilisation des dépensesdes Forces Armées dans des missions de paix,<strong>les</strong> coûts et <strong>les</strong> critères des missions humanitairesde la Protection Civile, <strong>les</strong> dépenses des universitésportugaises pour le soutien aux étudiants en provenancede pays lusophones, la comptabilisation dela concession de lignes de crédit avec l’aide liée etAPD % / INB Objectifs APD % / RNB0,330,220,300,270,231990 1995 2000 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2015Sources : Comité d’Aide au Développement et Institut Portugais d’Aide au Développement (IPAD).2005 2006 2007 2008APD Multilatérale 42% 47% 43% 40%Nations unies 3% 3% 3% 2%Commission européenne 34% 31% 30% 26%Fmi, banque Mondiale et omc 3% 4% 4% 7%Banques régiona<strong>les</strong> de développement 1% 8% 4% 4%Autres institutions multilatéra<strong>les</strong> 1% 1% 2% 1%APD Bilatérale 58% 53% 57% 60%PALOP et Timor Oriental 74% 75% 61% 49%Autres 26% 25% 39% 51%0,340,40l’ajout de mesures de soutien financier pour la luttecontre le changement climatique.Le rôle de la société civilePendant <strong>les</strong> cinq dernières années on a réalisé etsoutenu des campagnes de mobilisation en rapportavec <strong>les</strong> OMD et l’éradication de la pauvreté mondiale– entre el<strong>les</strong>, la campagne « Pauvreté Zéro » 13 , coordonnéepar l’ONG Oikos, ou la campagne « Objectif2015 » de l’ONU. Cependant, selon la Plate-formedes ONG portugaises de développement 14 , le Portugaln’a pas de « culture d’aide régulière ». Celaveut dire par exemple que, lors d’une catastrophenaturelle, <strong>les</strong> citoyens portugais subissent une forteréaction émotive et solidaire, mais dans le quotidiendes ONG de développement et d’autres mouvementsde la société civile organisés en fonction de l’éradicationde la pauvreté extrême dans le monde, laparticipation des citoyens est rare et peu claire. n13 Voir : .14 Voir : .0,460,70Source : IPAD.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 153 Portugal


République centrafricaineObstac<strong>les</strong> multip<strong>les</strong>, rythme lent10097100560Après la mise en oeuvre <strong>du</strong> Document de stratégie de 98 ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté (DSRP) des progrès99ont étéenregistrés, cependant leur 100 lenteur et la situation critique 100 de départ rendent 100 <strong>les</strong> Objectifs 62 <strong>du</strong> millénaire pour 100 ledéveloppement (OMD) diffici<strong>les</strong> à atteindre dans <strong>les</strong> délais impartis. Le processus de relance économique, dela santé, de la sécurité et de la gouvernance qui grâce à la pacification politique, aux mesures gouvernementa<strong>les</strong>BCI of Argentina = 98IEG of Argentina = 72et à l’aide internationale est en train de s’effectuer, se heurte à d’innombrab<strong>les</strong> difficultés structurel<strong>les</strong>. De plus,<strong>les</strong> programmes visant à ré<strong>du</strong>ire la pauvreté doivent respecter l’engagement pris envers l’environnement.99 1000100NGO GAPAFOTPastor Rodonne Siribi ClotaireLa République Centrafricaine (RCA) souffre de sousdéveloppementdans tous <strong>les</strong> domaines malgré sonénorme potentiel économique, car il s’agit d’un payspossédant d’abondantes ressources minéra<strong>les</strong>, unriche réseau hydrografique propice à l’agriculture, àl’élevage et à la pêche, et comptant sur plus de 6 millionsd’hectares de forêt humide au sud <strong>du</strong> territoire, qui abritentune infinité de richesses naturel<strong>les</strong> exploitab<strong>les</strong>.Pendant des années, en raison des conflitspolitiques et armés qui ont mis en pièces le tissusocioéconomique <strong>du</strong> pays, le chômage et la pauvretése sont aggravés, l’infrastructure s’est affaiblie et auniveau économique <strong>les</strong> activités informel<strong>les</strong> et précairesse sont généralisées. Dans ce contexte, si l’onn’obtient pas une amélioration sensible et <strong>du</strong>rable dela situation économique, sociale 100 et en termes de sécurité,il semble difficile que la RCA puisse atteindre<strong>les</strong> OMD dans un délai raisonnable.76Après la rébellion <strong>du</strong> genéral François Bozizéen mars 2003, des élections présidentiel<strong>les</strong> ont étéconvoquées en 2005, à l’issue desquel<strong>les</strong> Bozizé a0obtenu la victoire et la reconnaissance internationale.Cette normalisation 79 politique – quoique partielle encore<strong>du</strong> fait que des groupes armés continuent à10099100 100 100occuper une partie <strong>du</strong> territoire – a entraîné avec elleune très lente reprise économique, impulsée par leGouvernement et soutenue par la communauté internationale1 . Le DSRP est l’emblème de ce processusqui compte depuis le début sur une large base desoutien puisqu’il a été élaboré après de nombreusesconsultations faites à tous <strong>les</strong> experts impliqués 2 .Vers la ré<strong>du</strong>ction de la pauvretéLe DSRP a quatre objectifs principaux :• Rétablissement de la sécurité, consolidation dela paix et prévention des conflits.1 Le Consensus de Monterrey de 2002 a adopté un cadresuivant lequel <strong>les</strong> pays de bas revenus qui s’engageraient à lastabilité économique et à la bonne gouvernance recevraientde plus grands montants d’aide au développement.2 Le Document stratégique de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté (DSRP)a été élaboré par le ministère de l’Économie, de la planificationet de la coopération internationale. Il a été adopté enseptembre 2007 et présenté à la communauté internationaleun mois plus tard, lors d’une table ronde des pays donateursorganisée à Bruxel<strong>les</strong>, Belgique. Disponible sur : . [en français].Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 65 IEG = 46Enfants atteignantla cinquième annéed’école590100 53100Accouchements assurés par <strong>du</strong>personnel médical spécialiséSurvivance jusqu’àl’âge de 5 ansActivité économiqueAutonomisation100 70100É<strong>du</strong>cation• Promotion BCI de of la bonne Central gouvernance African Republic et de l’État = 65 selon lequel IEG le pays of occupait Central le African 179 e rang Republic en 2009 = sur 46•de droit.Relance et diversification de l’économie.un ensemble de 182 pays 3 . En effet, même si <strong>les</strong> effortsfournis (campagne de vaccination, distributionde médicaments et suivi) ont permis de ré<strong>du</strong>ire légèrementle taux de maladie et de mortalité des enfants,• Développement <strong>du</strong> capital humain par l’améliorationde l’accès de la population aux services100la situation sanitaire des 100mères reste préoccupante.sociaux basiques, en particulier 97 à l’é<strong>du</strong>cation etLe taux de prévalence <strong>du</strong> VIH/sida dans le pays étaità la santé, afin de ré<strong>du</strong>ire la mortalité maternelle,de 6,2 % en 2006, ce qui le 73 situait parmi <strong>les</strong> pluscelle des bébés et des enfants, et pour encouragerla lutte contre la pandémie <strong>du</strong> VIH/sida.touchés d’Afrique.La situation de l’é<strong>du</strong>cation dans le pays estSituation économiquealarmante : le taux d’analphabétisme est de 51,4 % 4 .00Un enfant centrafricain a seulement 40 % de possibilitésd’accéder à l’enseignement primaire, à peineSelon <strong>les</strong> données de la Note économique et sociale2008 de la Direction Générale de Politiques 30 % des femmes sont scolarisées, alors que le10010094100 100100 68100et Stratégies, l’économie nationale a maintenu une pourcentage atteint 50 % chez <strong>les</strong> hommes. La situationcroissance relativement faible par rapport à 2007. LePro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB) en volume, est passé de est encore plus grave en milieu rural, oùseulement 15 % des femmes et 40 % des hommesIEG of Finland = 84XOF 798.900 millions BCI of Germany (soit environ = USD 99 1,6 milliard)en 2007 à XOF 912 milliards (USD 1,7 milliard) en2008, le taux de croissance diminuant de 3,7 % à2,2 % sur cette période.Quant à la situation monétaire, <strong>les</strong> actifs extérieursIEG of Germany = 78sont scolarisés 5 .Selon <strong>les</strong> résultats <strong>du</strong> Recensement généralde la population et <strong>du</strong> logement 2003, plus desdeux tiers de la population centrafricaine (67,2 %,soit 2,6 millions d’habitants) vivent en dessous <strong>du</strong>nets ont régressé (USD 62,72 millions en seuil national de pauvreté, la situation étant pire en1001002008, contre USD 63,23 millions en 2007), mais au zone rurale (72 % des habitants) qu’en zone urbaine91cours de l’année 2008, le crédit interne et la masse (60 % des habitants). Cette pauvreté des conditionsmonétaire ont augmenté.Les difficultés d’approvisionnement en électricité,le ralentissement des principa<strong>les</strong> exportations(bois et diamants) et une 0certaine ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> pouvoird’achat <strong>du</strong>e à l’augmentation de l’inflation ontde vie est liée aux difficultés pour satisfaire <strong>les</strong> besoinsessentiels tels que l’accès à l’eau potable, à un2903 PNUD, Rapport sur le Développement Humain 2009:République Centrafricaine. Disponible sur : . 100 100s’est établie à 7 %, dépassant le taux prévu <strong>du</strong> fait del’évolution des prix alimentaires et <strong>du</strong> combustible.834 PNUD, Rapport sur le Développement Humain 2009.Disponible sur : .Situation sociale BCI of Malta = 97 IEG of Malta = 58La précarité de la situation sociale est reflétée dans<strong>les</strong> indicateurs de l’Indice de développement humain,1005 PNUD, Rapport sur le Développement humain 2007-2008. Disponible sur : .0115610010010093100Rapports nationaux 154 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010096


logement décent, à l’assainissement, aux sourcesd’énergie pour cuisiner, aux centres de soins et desanté et aux revenus, entre autres.Dans ce contexte, <strong>les</strong> femmes souffrent deuxfois plus : non seulement elle subissent <strong>les</strong> conséquencesd’une précarité généralisée dans <strong>les</strong> conditionsde vie, mais el<strong>les</strong> sont en plus discriminéeset traitées sans équité dans pratiquement tous <strong>les</strong>aspects de leur vie. El<strong>les</strong> sont représentées à l’excèsdans le secteur agro-pastoral (80,8 %) – le secteurdominant de l’économie centrafricaine – et sousreprésentéesdans le commerce (10 %).Les indicateurs <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail montrentun niveau d’activité élevé, un chômage pratiquementinexistant (environ 2 %) et une très nette prédominance<strong>du</strong> secteur informel. Huit personnes sur dixâgées de 15 ans ou plus sont présentes sur le marché<strong>du</strong> travail. Ce niveau de chômage si faible ne signifiepas que le pays soit en train de créer des postes detravail décent. De fait, 64 nouveaux postes de travailsur 100 sont créés dans le domaine de la petite agricultureextensive et 26 dans le secteur informel deszones urbaines. Finalement, le secteur formel (publicet privé) représente 10 % des emplois. La situation<strong>du</strong> travail peu pro<strong>du</strong>ctif constitue un facteur aggravantde la pauvreté.Financement et detteLe financement des actions de développementconstitue un des plus grands en<strong>jeu</strong>x auquel doit faireface la stratégie de reconstruction que souhaite mettreen marche le Gouvernement pour atteindre <strong>les</strong>OMD. Ainsi, depuis 2006, le gouvernement a adoptéune dynamique orientée vers le réengagement detous ses partenaires de coopération au développementà travers la rédaction d’un Document-cadrede politique économique et sociale (DCPES, selonson sigle en français) qui sert de base d’interventionpour <strong>les</strong> arriérés <strong>du</strong> remboursement de la dette face àcertains partenaires multilatéraux comme la Banquemondiale, la Banque africaine de développement(BAD) et l’UE, et des partenaires bilatéraux tels quela France et la Chine, entre autres.Le pays a déjà obtenu l’annulation de USD 9,9millions et la renégociation de USD 26,2 millionsaccordée par le Club de Paris. En octobre 2008, laFrance avait concédé une ré<strong>du</strong>ction de USD 48 millionspour ouvrir la voie à d’autres ré<strong>du</strong>ctions de ladette. Cette décision a permis au pays de voir provisoirementsa dette allégée de 90 % <strong>du</strong> service de sadette multilatérale, permettant le service régulier dela dette restante et de bénéficer de nouveaux prêtsaccordés à des taux d’intérêt subventionnés par desbanques de développement.En 2009, la Banque mondiale a destiné USD 70millions aux secteurs pro<strong>du</strong>ctifs et à la création d’infraestructure,y compris le secteur énergétique. LeFMI, de son côté, a affecté USD 50 millions destinésà l’aide budgétaire et à la balance des paiements. Ilfaut ajouter à cela <strong>les</strong> financements <strong>du</strong> ProgrammeFast Track 6 en faveur de l’É<strong>du</strong>cation nationale, pourun montant de USD 34 millions, comprenant laconstruction de nouveaux établissements scolaires,la formation des enseignants et diverses dotations enmatériel didactique.Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, USD16 millions ont été affectés – financement accordéconjointement par la BAD et la Banque mondiale – àun programme de développement communautaireet de soutien aux groupes vulnérab<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> cinqpréfectures. Ce programme facilitera <strong>les</strong> différentesactivités des ONG, de même que cel<strong>les</strong> de la populationcivile.La régularité des salaires et l’apurement destrois arriérés de salaires, y compris le paiement despensions et des bourses en 2009, totalisent environUSD 60 millions. C’est un signe encourageant pourl’économie nationale qui permet d’établir <strong>les</strong> basespour une meilleure distribution des revenus, créantainsi un impact positif dans de nombreux foyers.AideAprès la suspension de l’aide entre mars 2003 et juillet2005, en septembre 2007 la République Centrafricainea adhéré à la Déclaration de Paris. Le dispositifinstitutionnel mis en marche s’est aligné sur <strong>les</strong> principesde la Déclaration et une nouvelle planificationéconomique a été élaborée à moyen terme. Celle-ci aréuni des bailleurs de fonds à travers le DCPES – quiconstitue une première esquisse <strong>du</strong> plan d’actions surtrois ans (2006-2008) – et le DSRP (2008-2010).La signature <strong>du</strong> 10 e accord sur <strong>les</strong> Fonds européensde développement 7 en juin 2008 a mis fin auxconcertations prolongées entre l’État et la sociétécivile, d’un côté, et la Commission européenne (CE)de l’autre. Dans le cadre de la programmation de l’accord,la politique d’intervention de la CE continueraà s’intégrer pleinement dans la stratégie gouvernementalede la lutte contre la pauvreté et à répondreaux grands principes de la coopération pour le développementque soutient l’UE.Les principaux domaines d’intervention choisissont:• Gouvernance démocratique, rétablissementéconomique et financier, avec environ 53 %des ressources tota<strong>les</strong>, c’est-à-dire EUR 72,5millions.• Infrastructures et fin de l’isolement, avec prèsde 14 % des ressources, soit environ EUR 19,5millions.6 Programme d’alphabétisation auquel participent cinqministères et qui a le soutien <strong>du</strong> Gouvernement français, del’UNESCO et de la Banque mondiale. Disponible sur : . [enfrancés].7 Disponible sur : . [en français].• Soutien budgétaire, près de 25 % des ressources,soit EUR 34 millions.• Un fonds de EUR 11 millions, qui équivaut àprès de 14 % des ressources, réservé à d’autresactions ciblant avant tout la mise en oeuvre deprogrammes et de projets spécifiques.Lors de la révision <strong>du</strong> DSRP effectuée en novembre2008, <strong>les</strong> ressources mobilisées se sont élevéesglobalement à USD 840 millions au lieu des USD 96millions prévus. La partie de ces ressources correspondantà la période 2008-2010 est de USD 755millions, soit 56,5 % des besoins définis lors de latable ronde.OMD – En<strong>jeu</strong>x et problèmesLe pays devra vaincre une série d’obstac<strong>les</strong> qui s’interposentdans son avancée vers la réalisation desOMD. L’un des plus sérieux est l’augmentation <strong>du</strong>volume et de l’efficacité de l’aide extérieure. Il esturgent de mettre en marche une stratégie dans cesens, conformément aux recommandations de laDéclaration de Paris, qui mettent particulièrementl’accent sur :• L’amélioration <strong>du</strong> cadre national de formationet de programmation des politiques qui s’inscriventdans la ligne établie par <strong>les</strong> OMD baséesur l’évaluation des besoins et de l’élaborationde stratégies globa<strong>les</strong> et sectoriel<strong>les</strong>.• L’amélioration <strong>du</strong> cadre macroéconomiqueet budgétaire et <strong>les</strong> capacités de gestion desressources publiques (gestion ciblée sur <strong>les</strong>résultats, l’élaboration et la mise en route <strong>du</strong>Cadre de dépenses à moyen terme et <strong>du</strong> Cadrede dépenses sectoriel<strong>les</strong> à moyen terme).• La coordination et l’équilibre de l’aide.L’accélération de la croissance pour ré<strong>du</strong>ire la pauvretépourrait se heurter à certaines contraintesstructurel<strong>les</strong> importantes : le déficit en main d’oeuvrequalifiée –dû à l’inadéquation entre l’é<strong>du</strong>cation, laformation et l’emploi – et le difficile accès des opérateurséconomiques aux crédits bancaires classiques,compte tenu de la nature et des conditions <strong>du</strong> créditqui leur sont offerts, corrélativement avec la fragilité<strong>du</strong> système bancaire et la place encore marginalequ’occupe le microfinancement, empêchant <strong>les</strong> gensd’obtenir des fonds de façon immédiate.Finalement, <strong>les</strong> ambitions et <strong>les</strong> priorités financièrespeuvent mener le pays à un développementendogène, qui suppose l’exploitation et la gestionde ses ressources naturel<strong>les</strong>. Il est indispensabledonc qu’en ce qui concerne la lutte contre la pauvretél’accent soit mis sur <strong>les</strong> politiques, <strong>les</strong> stratégieset l’engagement en termes d’environnementet d’écologie. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 155République centrafricaine


République de MoldavieDes moments critiquesLa situation politique et économique de la Moldavie connaît aujourd’hui un moment critique et définira <strong>les</strong> tendances dedéveloppement à long terme. Actuellement, le progrès vers la réalisation des Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement(OMD) se trouve menacé en raison de l’impact de la crise économique. Sur <strong>les</strong> 28 objectifs nationaux fixés par laRépublique de Moldavie, six d’entre eux ne seront sans doute pas atteints en 2015. Les efforts réalisés pour renforcer laparticipation de la société civile dans <strong>les</strong> politiques de développement ont été considérablement efficaces et ont augmenté<strong>les</strong> possibilités de dégager des analyses et des diagnostics indépendants des principa<strong>les</strong> tendances nationa<strong>les</strong>.Partnership for Development CentreSi à première vue la performance économique dela Moldavie pendant <strong>les</strong> dernières années paraît assezréussie – avec un taux de croissance moyen <strong>du</strong>PIB de 5 % entre 2006 et 2008 et des indicateursmonétaires et fiscaux contrôlés – cette croissances’est principalement fondée sur la consommation,surtout celle de marchandises importées, et elle aété alimentée par <strong>les</strong> envois de fonds de l’étrangerqui ont représenté 30 % <strong>du</strong> PIB en 2008 (parmi <strong>les</strong>plus élevées au monde), enregistrant des taux decroissance à deux chiffres pendant la plus grandepartie de la décennie 1 . La crise économique mondialea cependant eu un impact énorme et abrupt sur l’économie<strong>du</strong> pays. En 2009, <strong>les</strong> rentrées de fonds ontchuté de 27 %, reflétant l’effondrement de l’activitééconomique dans <strong>les</strong> pays qui accueillaient un grandnombre de travailleurs temporaires moldaves 2 .La Moldavie a été l’un des pays d’Europe centraleet orientale avec la plus faible capacité pour attirerl’investissement direct étranger. Les entreprisesfragi<strong>les</strong> <strong>du</strong> secteur privé ne génèrent aujourd’hui que65 % <strong>du</strong> PIB. Il s’agit d’un pourcentage très bas parrapport aux contributions <strong>du</strong> secteur privé dans <strong>les</strong>pays d’Europe en transition : 70 % <strong>du</strong> PIB en Lettonie,Roumanie et Slovénie, 75 % en Bulgarie, Croatie,Lituanie, Pologne et au Kirghizstan, et 80 % en Républiquetchèque, Estonie, Hongrie et Slovaquie 3 .L’Investissement direct étranger (IDE)L’IDE a joué un rôle important à long terme dans la croissanceéconomique <strong>du</strong> pays. La participation d’entrepriseset d’initiatives étrangères dans le PIB a augmentéde 1 % en 1995 à environ 19 % en 2008, et beaucoupde secteurs, dont <strong>les</strong> télécommunications mobi<strong>les</strong>, ontété mis en route ou sauvés <strong>du</strong> collapsus – comme dansle cas de la pro<strong>du</strong>ction et de la distribution d’énergie –grâce à des entreprises de capital étranger. Par ailleurs,en 2004-2008, <strong>les</strong> secteurs dont <strong>les</strong> recettes ont connula plus grande croissance ont été ceux bénéficiant d’uneparticipation d’IED relativement haute ou très haute.Malgré tout, <strong>les</strong> entreprises étrangères jouent encoreIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9689 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 74010098100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong>personnel médical spécialiséSurvivance jusqu’àl’âge de 5 ansBCI of Moldavia = 95,7un rôle assez modeste dans la création d’emplois pourla population moldave (même si ce rôle ne cesse d’augmenter,passant de 9,3 % en 2004 à 14,3 % en 2008).En 2005-2008, l’IDE a augmenté et s’est diversifié.Alors qu’à la fin de 2005 il se concentrait engrande partie sur l’in<strong>du</strong>strie manufacturière, l’électricité,le gaz et l’eau, ainsi que sur le commerce de groset de détail, la réparation de véhicu<strong>les</strong> motorisés, <strong>les</strong>motocyclettes, l’électroménager et <strong>les</strong> biens à usagepersonnel, vers la fin de 2008 la proportion a augmentédans <strong>les</strong> activités financières, <strong>les</strong> opérationsde valeurs, <strong>les</strong> activités de location et <strong>les</strong> affairesdes entreprises. Il faut cependant signaler que cesinvestissements n’ont pas été attribués aux secteurspro<strong>du</strong>isant des biens d’exportation et des services.En fait, seul 16,8 % des réserves tota<strong>les</strong> est destiné àla fabrication, ce qui met en évidence que l’IDE joueun rôle à peine modéré dans le développement de lacompétitivité <strong>du</strong> pays sur le plan international.Selon l’Expert-Group (un think tank moldave indépendant),pour augmenter le volume d’IDE dansl’économie nationale, le Gouvernement doit poursuivrela privatisation d’entreprises d’État et mettre en placedes réformes pour développer la ressource la plusprécieuse <strong>du</strong> pays : le capital humain. De même, il doitlever l’interdiction aux étrangers d’acheter des terresagrico<strong>les</strong> et simplifier l’obtention de terres non cultivéesainsi qu’éliminer <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> bureaucratiquesà la construction et à la création de parcs in<strong>du</strong>striels,surtout dans l’in<strong>du</strong>strie des boissons et des aliments.1000Autonomisation100 7210098Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationLa dette et l’assistance internationaleL’aide publique au développement (APD) par tête enMoldavie a constamment augmenté – de 18,2 % en1995 à 33,7 % en 2000 et à 269,2 % en 2007. Uneanalyse de la <strong>du</strong>rabilité de la dette réalisée au débutde 2008 a conclu que la perspective pour la dette ex-IEG of Moldova = 74térieure de la Moldavie est favorable, avec un risquefaible de surendettement, et a qualifié la Moldaviecomme un pays à « endettement bas ». Compte tenucependant de la volonté exprimée par <strong>les</strong> pays endéveloppement associés lors de la réunion <strong>du</strong> Groupeconsultatif en mars 2010 de consacrer environUSD 2,6 milliards (pour financer le développement,la moitié en subventions et le reste en prêts avec desconditions favorab<strong>les</strong>) afin de soutenir la Moldaviependant la période 2011-2013, la dette extérieure <strong>du</strong>pays augmentera considérablement.Il faut signaler, en outre, que l’assistance internationalene s’est pas toujours tra<strong>du</strong>ite en unemeilleure efficacité 4 . Par ailleurs, la concession deprêts à des conditions non préférentiel<strong>les</strong> au débutde la transition a fait considérablement augmenterla dette extérieure : en 2000, la dette extérieure bruteavait atteint 133 % <strong>du</strong> PIB, alors que la dette extérieurepublique se situait à 60,4 % 5 .Dans <strong>les</strong> années 2000, la Moldavie avait atteintune dette extérieure très élevée dépassant 100 % <strong>du</strong>PIB. Ceci était dû en grande partie au déclin économiquede la décennie antérieure et à la dépréciationsignificative <strong>du</strong> taux de change. Alors que la valeurnominale de la dette extérieure est restée pratiquementstable pendant cette période, la forte croissanceéconomique alliée à une appréciation réelle <strong>du</strong>taux de change, a contribué à situer le taux de réservede la dette extérieure par rapport au PIB à 56 % à partirde 2005 6 . Après avoir atteint un plafond en 2006, le521 Gouvernement de la Moldavie, Rethink Moldova, Rapport<strong>du</strong> Groupe consultatif à Bruxel<strong>les</strong>, mars 2010. Disponib<strong>les</strong>ur : .2 Ibid.3 Voir : .4 Voir : .5 Ibid.6 Voir : .Rapports nationaux 156 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


service de la dette extérieure s’est significativementré<strong>du</strong>it en 2007. La prestation de services de la detteextérieure et de garantie publique de la dette a chutéd’environ 10 % dans <strong>les</strong> revenus <strong>du</strong> secteur public,bien en-dessous de 5 % en 2007 7 .Selon une étude récente <strong>du</strong> FMI, la dette extérieurebrute de la Moldavie en 2010 représente78,6 % <strong>du</strong> PIB et l’on s’attend à ce qu’elle atteigne85,9 % <strong>du</strong> PIB en 2012. Elle est structurée de la façonsuivante 8 :• La proportion de la dette publique a diminuépendant <strong>les</strong> cinq dernières années, atteignant25,4 % en 2009. Étant donné que la dette extérieurea été contractée auprès des Institutionsfinancières internationa<strong>les</strong> (IFI) à des conditionsfavorab<strong>les</strong>, en dessous des taux d’intérêt<strong>du</strong> marché, il n’y a pas de pression par rapportau budget au service de cette dette.• La dette à long terme augmente, ce qui représenteun niveau de confiance plus élevé dans le pays.• La dette extérieure bancaire est contractéeauprès des maisons-mères et des IFI. Ellepourrait augmenter encore plus car le capitalétranger est moins cher et peut aider à ré<strong>du</strong>irele coût des prêts à l’économie.Tous ces facteurs sont relativement stab<strong>les</strong> et bénéficientd’un long délai, ils peuvent même ne pas avoird’échéance. Toutefois, le danger concernant la detteextérieure vient de la dette à court terme car elle peutquitter le pays très rapidement. Dans <strong>les</strong> dernièresannées, le Gouvernement a fait des efforts soutenuspour solder la dette extérieure brute ainsi que la detteextérieure publique en <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>isant respectivementà 67,5 % et à 12,9 % en 2008. D’autre part, à causede la crise financière mondiale, l’augmentation <strong>du</strong>niveau brut de la dette extérieure a été beaucoupplus élevé dans certains pays développés qu’en Moldavie(Luxembourg 3,733 % <strong>du</strong> PIB, Irlande 881 %et Royaume Uni 338 %) 9 .Pendant <strong>les</strong> neufs premiers mois de 2009, <strong>les</strong>revenus budgétaires ont chuté de plus de 10 % parrapport à 2008, surtout en raison d’une ré<strong>du</strong>ctiondes recettes de la TVA, des revenus non fiscaux etdes impôts douaniers. Une série d’augmentationsdes salaires et de pensions promulguées par le Gouvernementprécédent a épuisé encore davantage<strong>les</strong> ressources budgétaires déjà limitées. Le déficitfiscal est passé de 1 % <strong>du</strong> PIB en 2008 à environ 6 %<strong>du</strong> PIB entre janvier et septembre 2009, et il a étéfinancé principalement par une ré<strong>du</strong>ction des soldesaccumulés précédemment dans la comptabilité budgétaireet par le fort endettement intérieur 10 .Les OMD en dangerPour la Moldavie, pays en transition, la créationd’associations pour le développement est cruciale,pour obtenir une augmentation <strong>du</strong> niveau de vie7 Voir : .8 Voir : .9 Ibid.10 Rethink Moldova, op. cit.de la population et pour l’intégration <strong>du</strong> pays dansl’Union Européenne 11 . Mais cela implique une coopérationconstante entre <strong>les</strong> différents pays dans lebut d’atteindre <strong>les</strong> sept premiers OMD et d’obtenirdes progrès dans des domaines importants qui nesont encore pas couverts par <strong>les</strong> OMD comme lecommerce extérieur, le transport et l’infrastructuredes communications.L’agenda des OMD, qui paraissait être à portéede main en 2007, se voit actuellement menacéen raison de la récession économique. Sur <strong>les</strong> 28objectifs nationaux fixés par le gouvernement, sixd’entre eux – concernant l’é<strong>du</strong>cation, le VIH / SIDA,l’accès à l’eau et à l’assainissement... – ont une faibleprobabilité d’être atteints avant 2015 12 .Les OMD tra<strong>du</strong>isent <strong>les</strong> problèmes nationaux<strong>les</strong> plus urgents en objectifs concrets et mesurab<strong>les</strong>de développement ; la question de l’égalité dessexes, qui est au cœur des OMD, traverse tous cesobjectifs 13 . Même si l’é<strong>du</strong>cation, la santé publique etla protection sociale sont <strong>les</strong> secteurs qui absorbentla plus grande partie des dépenses publiques en Moldavie,cel<strong>les</strong>-ci sont loin d’être optima<strong>les</strong>. Selon leGouvernement, « l’optimisation des établissementsé<strong>du</strong>catifs augmenterait l’efficacité des dépensesdans le domaine de l’é<strong>du</strong>cation. De même, on pourrafaire des économies grâce à la réforme sanitaire,bien que <strong>les</strong> coûts initiaux pour la modernisation <strong>du</strong>système hospitalier soient élevés. En ce qui concernela protection sociale, l’en<strong>jeu</strong> est d’apporter une assistancesociale à ceux qui en ont le plus besoin et quisont restés en marge <strong>du</strong> vieux système de 13 programmesdifférents d’assistance sociale. En 2007,la Moldavie a assigné 1,8 % <strong>du</strong> PIB aux programmesd’assistance sociale et en moyenne 8 % <strong>du</strong> PIB àl’é<strong>du</strong>cation pour <strong>les</strong> 26 pays en transition » 14 .L’égalité des sexesDepuis 2006, l’égalité des sexes est un sujet de préoccupationspécial pour le Gouvernement et il a étéabordé par la signature d’une série de documentsinternationaux, par la ratification des traités et parun engagement formel à réaliser <strong>les</strong> OMD. Le gouvernementa déclaré en 2010 à propos d’une séried’actions mises en place : « On a adopté la Loi surl’égalité des sexes et la Loi sur la prévention et la luttecontre la violence domestique ; on a mis en place laCommission gouvernementale pour l’égalité entrefemmes et hommes et le Département des politiquespour garantir l’égalité des genres et la prévention dela violence ; on a adopté le Programme national pourgarantir l’égalité des sexes (PNGIG) 2010-2015 etle Plan d’action pour l’application <strong>du</strong> PNGIG pour2010-2012 ; on a développé et diffusé des statistiquesde genre (plus de 250 indicateurs séparés pargenre) » 15 . Il existe cependant beaucoup d’obstac<strong>les</strong>à l’obtention des résultats désirés :11 Ibid.12 Ibid.13 Rapport national de la République de Moldavie sur l’applicationdes Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement.14 Rethink Moldova, op. cit.15 Voir : .• Même si la proportion de sièges occupés pardes femmes au parlement a atteint 30 %, il y atrès peu de possibilités pour la participation desfemmes sur le marché <strong>du</strong> travail.• La conciliation de la vie personnelle et de lavie professionnelle est un vrai en<strong>jeu</strong>, car 97 %<strong>du</strong> soin des enfants reste à la charge des femmes.• Les femmes sont majoritairement employéesdans <strong>les</strong> secteurs à bas salaires (é<strong>du</strong>cation,santé, assistance sociale) et occupent des positionsinférieures quels que soient <strong>les</strong> domainesde compétence.• La proportion de femmes employées à leurcompte est en augmentation.• Le nombre de femmes qui ont abandonné laforce de travail est en augmentation 16 .Le développement et la société civilePASOS (Policy Association for an Open Society) asouligné que la situation actuelle en Moldavie estcritique et qu’elle est en train de créer une scène favorablepour le développement <strong>du</strong> pays à long terme.Le processus de renforcement de la société civiledans <strong>les</strong> politiques de développement a progressé demanière satisfaisante, en augmentant la capacité decelle-ci de pro<strong>du</strong>ire des analyses et des diagnosticsindépendants concernant <strong>les</strong> diverses tendancesnationa<strong>les</strong> 17 . Malgré le besoin d’améliorer encoreplus la qualité de la contribution apportée par <strong>les</strong>ONG et de rendre plus consistants leurs intrants etplus réalistes leurs recommandations, il existe déjàde nombreux exemp<strong>les</strong> de participation de la sociétécivile dans la vie publique qui incluent des changementsdans <strong>les</strong> domaines <strong>les</strong> plus problématiquesde la société.Les plus gros obstac<strong>les</strong> se situent surtout dansle domaine des droits de l’Homme, de la justice et <strong>du</strong>développement économique, ainsi que dans tout cequi a trait à la corruption et à la liberté de la presse.En 2009, de nombreuses organisations de la sociétécivile ont été très actives et ont souvent été proactivesdans toutes ces sphères. Au début de 2010,un Conseil national de participation composé de 30ONG nationa<strong>les</strong> a été créé afin de faciliter le dialogueentre le Gouvernement et la société civile sur diversesquestions politiques. Étant donné toutefois que<strong>les</strong> ONG abordent en général ces problèmes à traversle prisme de leur propres missions, il existe unetendance à couvrir un spectre plus étroit qui aboutitau manque d’une vision holistique 18 . Il faut espérerqu’une telle vision se concrétisera rapidement. n16 Présentation nationale volontaire dans la réalisation desOMD, Gouvernement de la République de Moldavie,ECOSOC, New York, 2010.17 Valeriu Prohnitchi, Alex Oprunenco, Moldova 2009 : Stateof the Country Report, PASOS, 8 avril 2010. Disponible sur :.18 Ibid.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 157 République de Moldavie


88100République tchèquePlus de restrictions à l’État de Bien-être018Début 2009, le Gouvernement tchèque a reconnu que le pays 95 n’allait pas échapper aux effets de la crise financière 955554mondiale, situation qu’il 100 avait essayé 66 de transmettre au 100 préalable aux citoyens. 66 Cependant, <strong>les</strong> mesures pourprotéger la population la plus vulnérable des effets nocifs n’ont pas été prises. Sur la scène politique on perçoitune augmentation flagrante de la corruption alors que la société est profondément atteinte par l’inégalité, laIEG of Benin = 42 BCI of Bolivia = 83IEG of Bolivia = 66discrimination, le racisme et la ségrégation. L’exportation d’armes est en hausse, en contradiction avec <strong>les</strong> objectifsde la politique extérieure officielle de soutien aux droits humains, au développement et à l’assistance humanitaire.100 100 100100 10010008810003897100Ecumenical Academy PragueTomáš Tožička - ed.Economy and Society TrustPetr GočevGender Studies, o.p.s.Linda SokačováFórum 50%Marcela AdamusováGender & Sociologie SOÚ AV ČRZuzana UhdeEuropean Contact GroupHana VíznerováADEPTTsSaša UhlováNesehnutíMilan ŠtefanecLa chute <strong>du</strong> taux d’inflation <strong>du</strong>e à la crise financièremondiale a été la seule nouvelle économique positivepour la République Tchèque en 2009. En unan, le chômage a augmenté de deux tiers 1 alors quele Pro<strong>du</strong>it interne brut (PIB) 100 a diminué de 4,1 % 2 .Bien que ces résultats diffèrent sensiblement desprévisions optimistes <strong>du</strong> Gouvernement (le budget2009 prévoyait une augmentation <strong>du</strong> PIB de 4,8 %),ils auraient été pires (étant donnée la dépendance desexportations de l’in<strong>du</strong>strie automobile) sans le programmeallemand par lequel <strong>les</strong> gens reçoivent une0 8compensation pour l’achat d’une nouvelle voiture si3778l’ancienne est jetée à la ferraille..100 100Cependant, il est possible que la diminutiongra<strong>du</strong>elle des paquets d’incitation fiscale des paysde l’Union Européenne (UE) en 2010 provoque lachute tardive de l’économie tchèque. Vers la fin 2009,le chômage a atteint 9,2 % (539 000 personnesd’après l’Office tchèque des statistiques). L’Officea aussi enregistré une faible diminution <strong>du</strong> nombrede personnes qui « ne cherchaient pas un emploi demanière active », mais qui en accepteraient un. Àla fin de l’année, il y avait 173 000 personnes danscette catégorie totalisant ainsi 712 000 personnesau chômage. En même temps, l’office de l’emploi n’aenregistré que 31 000 postes vacants. La diffusiond’une émission de la télévision publique tchèque intitulée« N’abandonne pas ! » où <strong>les</strong> gens rivalisaientpour un emploi a été significative.1 Office tchèque des statistiques, “Nejvyšší meziroční pok<strong>les</strong>zaměstnanosti od roku 1999”, 5 février 2010. Disponible sur :.2 Office tchèque des statistiques, “Meziroční pok<strong>les</strong> HDP za 4.čtvrtletí byl upřesněn na 3,1%,” 11 mars 2010. Disponib<strong>les</strong>ur : .Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 98 95IEG = 68Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleDémantèlement BCI de of l’État Czech de Republic Bien-être= 98Les partis de droite au Gouvernement utilisent la crisepour ré<strong>du</strong>ire davantage l’État de Bien-être, aggravantde ce fait la chute des dépenses des consommateurset donc, la crise. On a approuvé une augmentationde la Taxe sur la valeur 100 ajoutée (TVA) pour <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>itsde consommation de base 94 de 5 % à 9 %, cequi entraînera l’augmentation des aliments de base,des médicaments, <strong>du</strong> bâtiment et de l’énergie quireprésentent la plupart des dépenses des personnesà faib<strong>les</strong> revenus. L’impôt sur le revenu a été ré<strong>du</strong>it0comme une compensation partielle. Cependant, legroupe des 79hauts revenus – ceux qui gagnent quatre96fois plus que la moyenne ou même plus – bénéficient100 100de ré<strong>du</strong>ctions d’impôts bien plus significatives. Deplus, l’impôt sur <strong>les</strong> bénefices diminuerait à 19 %en 2010. Cela veut dire que <strong>les</strong> impôts commerciauxauraient une diminution BCI of Indonesia de 26 % depuis = 90 1993.Il y a aussi une campagne pour privatiser <strong>les</strong>ystème des retraites. Les médias de droite ontconvaincu le public que la solution au problème <strong>du</strong>vieillissement de la population sera le financementdes pensions par des fonds financiers (sans pourtant100de fondement dans la théorie économique). D’autrepart, <strong>les</strong> solutions offertes par <strong>les</strong> sociaux-démocratesvisent plutôt le potentiel anticyclique 61 des impôtsprogressifs et la redistribution en faveur des personnesà faib<strong>les</strong> revenus. Aucun des partis ayant unereprésentation parlementaire 0 ne propose de restreindrel’évasion générale d’impôts, alors que le site Web<strong>du</strong> ministère de l’In<strong>du</strong>strie et <strong>du</strong> commerce8139propose100 100toujours l’ « optimisation des impôts » à travers <strong>les</strong>paradis fiscaux et <strong>les</strong> centres financiers à l‘étranger 3 .Suivant la revue Ekonom, début 2009, quelque 7 000entreprises avaient un domicile fictif dans des para-Autonomisation100 1009779100 100100 64100100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationIEG of Czech Republic = 68dis fiscaux et l’évasion d’impôts atteignait environCZK 23 000 millions (près de USD 1,1 milliard) 4 .Il existe un scepticisme croissant <strong>du</strong> publicvis-à-vis de la politique en raison <strong>du</strong> haut niveau decorruption. Le pays est tombé <strong>du</strong> 45 ème au 52 ème rangdans la période 2008-2009 100 selon l’Indice de perceptionde la corruption de Transparence internationaleet il occupe le 22 ème rang sur 27 états membres del’UE. D’après le directeur de Transparence internationalede la République Tchèque, « il n’y a pas destratégie anti-corruption, le 16 Gouvernement précédentfaisait semblant d’en avoir une mais il a ouvert0<strong>les</strong> portes pour que <strong>les</strong> intérêts privés puissent pesersur la prise de décisions politiques » 5 . 975393100 100 1000Inégalité des sexesLa Chambre des députés a actuellement 22 % deIEG of India = 41 IEG of Indonesia = 55femmes. Après <strong>les</strong> élections <strong>du</strong> Parlement Européenen 2009, la représentation des femmes parmi<strong>les</strong> eurodéputés tchèques s’est ré<strong>du</strong>ite à 18 %. Lespartis politiques ne considèrent pas la disproportionde la représentation masculine et féminine auniveau des postes de prise de décision comme un100problème important. De plus, il manque des programmesd’é<strong>du</strong>cation et de motivation ainsi que desincitations pour chercher systématiquement plus defemmes pour des postes électifs.Avec l’adoption longuement retardée de la dite“loi anti-discrimination” 0 en 92009, la RépubliqueTchèque a été le dernier membre de l’UE – et l’un474 Adam 100Junek, “Vyhnáni do ráje” (Expelled into 77Paradise),100Ekonom, 12 mars 2009. Disponible sur : .5 Benjamin Cunningham, “Czech Republic ranks amongBCI of Nigeria = 61 IEG of Nigeria = 44Europe’s most corrupt”, The Prague Post, 25 novembre2009. Disponible sur : .czech-republic-ranks-among-europes-most-corrupt.html>.10004310082Rapports nationaux 158 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>10093100


des derniers pays européens en général – à interdirela discrimination de race, origine ethnique, nationalité,genre, orientation sexuelle, âge, handicap,croyances, religion et d’opinion, notamment pouraccéder à l’emploi, l’é<strong>du</strong>cation, <strong>les</strong> soins médicauxou d’autres services ou bénéfices sociaux. Le retardpour approuver cette loi révèle <strong>les</strong> attitudes ancréeschez <strong>les</strong> représentants politiques tchèques vis-à-visde l’égalité des sexes.Discrimination contre <strong>les</strong> immigrants,notamment <strong>les</strong> femmesPendant <strong>les</strong> deux dernières décennies la RépubliqueTchèque a subi un changement important dansle secteur de l’immigration et de l’intégration. Lenombre de citoyens étrangers ainsi que celui despersonnes qui veulent résider dans le pays à longterme ou de façon permanente, s’est accru. Les statistiquesofficiel<strong>les</strong> montrent que 436.116 étrangersont été enregistrés jusqu’au 31 octobre 2009 dont178.223 étaient des femmes 6 . On estime que 30.000étrangers vivent en République Tchèque sans permisde résidence 7 .L’un des problèmes constants signalé par <strong>les</strong>ONG a trait à l’accès des étrangers aux soins médicaux.Selon la législation en vigueur, seuls ceuxayant droit à la résidence permanente ou temporelleet ayant un emploi peuvent accéder au service publicde soins médicaux. D’autres étrangers, y compris <strong>les</strong>travailleurs indépendants, sont obligés de s’assurerauprès des compagnies d’assurances commercia<strong>les</strong>et doivent payer une somme élevée, en un seul versement,pour avoir le droit à une gamme de soinsmédicaux bien plus restreinte. À partir de janvier2010 <strong>les</strong> membres dépendants de la famille, au casd’unification familiale ou d’union de coup<strong>les</strong> mixtes,doivent aussi payer cette somme. Cependant, <strong>les</strong>compagnies d’assurance ne garantissent pas la couvertureet certains étrangers (par ex. <strong>les</strong> personnesâgées, <strong>les</strong> nouveaux nés, <strong>les</strong> femmes enceintes) nesont pas assurés.Ces barrières institutionnel<strong>les</strong> lèsent notamment<strong>les</strong> femmes. Les femmes immigrantes fontface à plusieurs formes de discrimination (genre,ethnie, nationalité, âge, position sociale, niveau é<strong>du</strong>catif,etc.) notamment dans le marché <strong>du</strong> travail maisaussi pour accéder à l’é<strong>du</strong>cation, aux institutions desoins aux enfants et à l’information. Les possibilitésde travail des femmes immigrantes sont limitéesprincipalement au marché <strong>du</strong> travail secondaire (travauxinférieurs, sans formation et mal rémunérés)ou à l’économie informelle (protection des droits<strong>du</strong> travail insuffisante, travaux sans contrat, etc.). Ily a actuellement une tendance marquée à restreindrel’entrée des étrangers, même si cela signifie unediscrimination indirecte des citoyens tchèques demariages mixtes.Racisme et ségrégationEn 2009, dans la banlieue d’Opava, des agresseursinconnus ont lancé des bouteil<strong>les</strong> incendiaires à l’intérieurde la maison d’une famille rom où dormaientplusieurs personnes, y compris des enfants. Aprèsune enquête intense qui a <strong>du</strong>ré plusieurs mois, quatrehommes, tous des sympathisants d’un mouvementd’extrême droite, accusés de tentative d’homicidepour des motifs racistes, ont été emprisonnés. Cecas représente un progrès parce que, à différenced’autres attaques précédentes et probablement enraison de la diffusion massive dans <strong>les</strong> médias, <strong>les</strong>actes ont été typifiés comme tentative d’homicide 8 .La diffusion dans <strong>les</strong> médias peut égalementavoir contribué à la croissance présumée de l’activitécriminelle liée aux extrémistes. D’après le ministèrede l’Intérieur, cette catégorie d’actes a augmenté de10 % (de 169 en 2008 à 186 en 2009). Le nombred’accusés s’est accru de 16 % environ (de 163 en2008 à 189 en 2009). Cependant, cette croissanceapparente peut découler <strong>du</strong> fait que <strong>les</strong> tribunauxsoient plutôt enclins à typifier <strong>les</strong> cas d’agressionscomme étant motivés par le racisme.Selon une enquête ordonnée par le ministèrede l’É<strong>du</strong>cation en 2009, un enfant rom sur quatred’âge scolaire est considéré comme handicapé mentalléger. Suivant l’arrêté <strong>du</strong> Tribunal européen desdroits humains de Strasbourg, <strong>les</strong> anciennes « éco<strong>les</strong>spécia<strong>les</strong> » ont été rebaptisées comme « éco<strong>les</strong>pratiques » mais el<strong>les</strong> n’ont essentiellement aucunedifférence. Les intentions de modification de cet étatde choses se heurtent non seulement aux préjugés,notamment des directeurs, des enseignants et despsychologues, mais aussi à des intérêts purementfinanciers puisque l’é<strong>du</strong>cation spéciale est subventionnée.La ségrégation existe aussi dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>primaires norma<strong>les</strong> et certains directeurs admettent,ouvertement, qu’ils n’inscrivent pas d’enfantsroms en raison de la pression exercée par <strong>les</strong> parentsd’enfants non roms qui refusent que leurs enfantsétudient avec des enfants roms. Voilà pourquoi ilexiste des éco<strong>les</strong> « roms » et des éco<strong>les</strong> « tchèques» séparées dans certaines régions.En 2004, le Centre européen des droits des roms(CEDR) a publié une information sur le soupçon del’existence de la stérilisation forcée de femmes romsen République Tchèque ; depuis lors, <strong>les</strong> organisationsde la société civile contrôlent cette question.En 2009 un cas de stérilisation forcée ayant eu lieuen 2007 a été ren<strong>du</strong> public : une femme a été forcéed’accepter la procé<strong>du</strong>re par un assistant social sousmenace de loger ses enfants plus âgés dans un foyerd’accueil.Armes au lieu de développementEn 2009 un nouveau projet de loi sur la coopérationpour le développement a été discuté avec <strong>les</strong> repré-sentants de la plateforme nationale des organisationspour le développement. Alors que cela facilitela transparence de la structure des activités de développement,l’administration des subventions pour lacoopération bilatérale est toujours caractérisée par lemanque de transparence et <strong>les</strong> critères de sélectionpeu clairs. La ré<strong>du</strong>ction des fonds pour le développementest un autre problème sérieux. L’Aide publiqueau développement (APD) a atteint USD 249 millionsen 2008 mais elle est passée à USD 224 millions en2009. Ce ne fut qu’aux dépens d’une chute <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>itnational brut (PNB) que la relation de 0,12 % entrel’APD el le PNB a été maintenue ; le pays ne sera enmesure de répondre à la promesse de l’UE d’augmenterl’Aide publique au développement (APD) à0,33 % <strong>du</strong> PNB en 2015.Une diminution précédente de la pro<strong>du</strong>ctiond’armes a été motivée par le désir de ré<strong>du</strong>ire le commerced’armes, considéré anti-éthique, et l’on s’attendaità une ré<strong>du</strong>ction de presque 90 % jusqu’en1992 avec un programme de reconversion de l’in<strong>du</strong>strie.Après l’établissement d’une RépubliqueTchèque indépendante, le programme a été gra<strong>du</strong>ellementaboli pour des raisons économiques et unefourniture obsolète est fréquemment cédée à despays infestés par des conflits internes, (par exemple :l’Afghanistan et l’Iran), à des pays soupçonnés deréexporter <strong>du</strong> matériel militaire et à des pays ayantdes conflits armés (comme la Géorgie).Les exportations léga<strong>les</strong> d’armes ne sont possib<strong>les</strong>qu’avec le consentement <strong>du</strong> ministère del’In<strong>du</strong>strie et <strong>du</strong> commerce, dépendant des déclarationsd’autres ministères. Dans de nombreux cas,la politique d’exportation d’armes est l’antithèse desobjectifs de la politique extérieure officielle : soutenir<strong>les</strong> droits humains, le développement et l’aidehumanitaire. Dernièrement, le pays a envoyé des armesdans des pays qui violent <strong>les</strong> droits humains demanière impitoyable,dans des régions où <strong>les</strong> armessont ven<strong>du</strong>es aux deux factions des conflits armés(Liban, Israël, Syrie) ou dans des pays où el<strong>les</strong> sontle facteur fondamental pour déclencher le conflit(comme la guerre de l’Ossétie <strong>du</strong> Sud en 2008).Les exportations léga<strong>les</strong> de matériel militaireaugmentent constamment et el<strong>les</strong> ont atteint unplafond sans précédent de EUR 189,6 millions(USD 260,8 millions environ). Vers mi-2009, malgré<strong>les</strong> protestations des ONG tchèques et internationa<strong>les</strong>ainsi que de certaines autorités, le Parlementa approuvé un amendement à la loi de commerceextérieur qui diminue <strong>les</strong> droits de contrôle desautorités sur <strong>les</strong> exportations d’armes et qui permetaux entreprises non autorisées de négocier destransactions d’armements. Suivant František Janda,d’Amnesty International, <strong>les</strong> exportations d’armestchèques autorisées sont faites « sans aucune transparence» 9 . n6 Office tchèque des statistiques, Foreigners: by type ofresidence, sex and citizenship, 31 octobre 2009. Disponib<strong>les</strong>ur : .7 Office tchèque des statistiques, Foreigners in the CR 2008.Annual Report (Praga: Scientia, 2008).8 Ministère de l‘Intérieur, “Problematika extremismu na územíCR v roce 2009” (La problématique de l’extrémisme en RC en2009). Disponible sur : .9 Markéta Hulpachová, “Arms export law raises concern”,The Prague Post, 21 mai 2009. Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 159 République tchèque


100République-Unie de Tanzanie43OMD: une croisade en rupture de fonds0Les efforts 82 <strong>du</strong> Gouvernement pour améliorer la vie des Tanzaniens sont restés vains <strong>du</strong> fait notamment <strong>du</strong> manque8971 d’engagement envers <strong>les</strong> stratégies, 100 tant 52 à l’échelle nationale 100 qu’internationale : le déboursement 61 de l’Aide 76 publiqueau développement (APD) prend souvent <strong>du</strong> retard et n’accompagne pas le processus budgétaire national de laTanzanie. L’accroissement de la dette externe de la Tanzanie freinera la croissance économique dont la stabilité estIEG of Slovenia = 65BCI of Senegal = 71IEG of Senegal = 55tant appréciée. Bien que <strong>les</strong> indicateurs économiques soient encourageants, <strong>les</strong> indicateurs sociaux – surtout ceuxqui concernent l’égalité des sexes – révèlent que pour atteindre <strong>les</strong> OMD <strong>les</strong> efforts doivent être accrus.100100 100 100100 10010007210002785SAHRiNGON Tanzania ChapterArmando SwenyaMartina M. Kabisama 100Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 75 93Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 72AutonomisationLa Tanzanie a adopté différentes politiques destinéesà ré<strong>du</strong>ire la pauvreté, dont la Vision 2025 <strong>du</strong> Développementde Tanzanie (pour le continent), Vision 202026(pour Zanzibar), ainsi que <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire0pour le développement (OMD). Pour <strong>les</strong> appliquer, le00Gouvernement a annoncé la Stratégie nationale de79908481croissance et de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté destinée100 100 6443100100 100100 100non seulement à favoriser la croissance et à ré<strong>du</strong>ire la Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpauvreté mais aussi à accroître le bien-être, la qualité personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationde vie, la gouvernance et la vérification des comptes.IEG of Zambia = 56Cependant <strong>les</strong> efforts <strong>du</strong> Gouvernement pour améliorerla vie des Tanzaniens sont restés vains, puisquela ma<strong>jeu</strong>re partie de la population survit avec moinsd’un dollar par jour.Limites de la croissance économique100Le taux de croissance économique de la Tanzanieest passé de 4,1 % en 1998 à 7,4 % en 2008 ; pourn/d2009 on prévoyait une chute à 5 % compte tenu dela crise économique mondiale, avant de remontergra<strong>du</strong>ellement à 7,5 % pour 2012 1 . Au cours des cinq0dernières années, le taux moyen de croissance économiqueannuelle a été de l’ordre de 7 %, dépassantn/dn/ddepuis l’an 2000 la croissance des intrants travail et100capital (tous <strong>les</strong> deux en dessous de 2 %) 2 100, ce quidénote un meilleur usage de ces ressources grâceaux réformes et à la technologie.La Tanzanie figure au 151ème rang des 182pays classés dans l’Indicateur de développementhumain (IDH), avec un Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB)par habitant d’environ USD 1.150, mais seulementUSD 430 en termes nominaux. Bien que l’agriculturereprésente à peine 24 % <strong>du</strong> PIB, 75 % de la populationsoit employée dans ce secteur 3 .100La Tanzanie a appliqué une politique agricole révolutionnaire,appelée « Kilimo Kwanza » (L’agricul-ture d’abord), encourageantBCI of Tanzania<strong>les</strong> méthodes= 75modernesde pro<strong>du</strong>ction. Cependant, malgré <strong>les</strong> efforts réalisésdepuis 1967 destinés à propager l’arrosage, jusqu’àprésent seul 1 % des 29 millions d’hectares de terrecultivable est arrosé. Un deuxième frein concerne<strong>les</strong> ressources qui malgré 100 la politique Kilmo Kwanza98se sont maintenues à 6,5 % <strong>du</strong> budget total de 9,5billions de shillings tanzaniens (USD 6,4 milliards)en 2009/ 2010 4 .IEG of Tanzania = 72Simultanément le taux d’inflation est rapidementmonté à 12,2 % 7 à mesure que <strong>les</strong> prix des pro<strong>du</strong>itsimportés augmentaient en raison de la chute dela valeur <strong>du</strong> taux de change des shillings à l’étrangeren 2008 et en décembre 2009. On prévoyait que letaux d’inflation pour 2009 100 resterait très en dessousde 10 %, bien que ce taux soit supérieur à l’objectifde 7 % aligné sur la baisse des prix des denrées alimentaires.Selon le FMI, la Banque centrale est raisonnable-Inflation et dettes entravent la croissance ment indépendante et son but principal a été de juguler6économique00l’inflation. Cependant <strong>les</strong> effets de la hausse des taux74L’équilibre fiscal de La Tanzanie s’inscrit dans des d’intérêt sur le volume de crédit, en particulier pour le99marges jugées 88 acceptab<strong>les</strong>, bien que son obtentionsecteur privé, sont sérieusement34pris en compte. 98 Le 88100 dépende intimement de l’aide des donateurs.100 100100 100crédit au secteur privé est parti d’une base très faible –100La dette publique se situe autour de 25 % <strong>du</strong> PIB et de 9 % <strong>du</strong> PIB en 2003 – mais il a atteint presque 20 %an = 0on la considère soutenable à la suite des annulations en 2008. Étant donné l’ampleur de la dette, SAHRiNdela dette effectuées BCI of en Bahrain l’an 2000 = 95 IEG of Bahrain = 46dans le cadre <strong>du</strong> GON recommande au Gouvernement de ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong>programme Initiative pour la ré<strong>du</strong>ction de la dette frais ordinaires au minimum afin de compter sur unedes pays pauvres très endettés 5 .base fiable pour la croissance économique.Le budget affecté aux frais ordinaires et au développementa lui-même posé des problèmes. Pour En<strong>jeu</strong>x pour l’APD et <strong>les</strong> OMDl’année fiscale 2009, le Gouvernement a affecté USD La Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, ratifiéepar <strong>les</strong> pays en développement et <strong>les</strong> partenaires1001006,4 milliards, parmi <strong>les</strong>quels 83 USD 4,5 milliards ontété destinés aux frais ordinaires et USD 1,9 milliard donneurs en 2005, reconnaît que l’efficacité de l’aide54aux frais de développement, dont USD 1,3 milliard – demande un engagement au niveau mondial pour78 % – dépendent de l’aide externe 6 .accroître l’aide au développement et elle insiste surl’urgence d’une recherche commune 23 afin de trouver1 République-Unie de Tanzanie, Poverty and Human00Development Report, Dar es Salaam, 2009. Disponible<strong>les</strong> moyens <strong>les</strong> plus efficaces 0 de canaliser l’aide poursur : .économiques Mustafa Haidi Mkulo, lors de la présentation9697Malgré l’engagement 37 pris envers la Déclaration 94des recettes et des frais prévus pour l’année fiscale 2009/10.100 2 Leenderl 100 Coljin, “Country 74 Report – Tanzania,”Service de 100100 100100 100100Dodoma, le 11 juin 2009, 73. Disponible sur :de Paris, la dette externe de la Tanzanie représenteRecherche économique, Rabobank Pays-Bas, février 2009.Disponible sur : .= 100 IEG of Canada = 743 L’IDH a augmenté de 1,15 annuel seulement entre5 Ministère des BCI Finances of Guatemala et des affaires économiques, = 87 IEG of Guatemala = 517 Office national de statistiques et Banque de Tanzanie. Voir :1990 (0,436) et 2007/9 (0,530). PNUD, Rapport sur leEconomic Survey 2008, Dar es Salaam, 2009.développement humain 2009, 71, 72, 81 y 130.6 Ibid. 73, 74.(consulté le 16 mars 2010).10051100Rapports nationaux 160 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010086


accroissement d’environ USD 500 millions par anaprès l’annulation de la dette externe en 2000 8 . Leremboursement de la dette n’a progressé que de1 % à 2 % <strong>du</strong> montant total de la dette à long termealors qu’il existe d’importants arriérés de capital etd’intérêts qui, même s’ils diminuent, dépassent <strong>les</strong>USD 1,2 milliard, avec des pays non intégrés dansl’OCDE tels que la Chine et <strong>les</strong> pays arabes.On a souvent loué <strong>les</strong> progrès effectués parla Tanzanie pour améliorer sa gestion de l’aide, ellegarde néanmoins bon nombre de caractéristiquesd’un pays typiquement dépendant de l’APD. Le budgetpour l’année fiscale 2008-2009 révèle que l’aidereprésente environ 35 % de son budget. Pendantl’année fiscale 2007-2008, l’APD pour la Tanzanie aété de USD 2 milliards 9 . Cette somme comprend desdonations, un allègement de la dette et des prêts.La gestion de l’aide en Tanzanie s’appuie sur laStratégie d’assistance conjointe (JAST, d’après <strong>les</strong>sig<strong>les</strong> en anglais), mise en oeuvre par le Gouvernementet ses partenaires donateurs. L’aide perçuepour le développement à travers la JAST revêt troismodalités phares : l’Aide budgétaire globale (ABG),<strong>les</strong> Fonds communs (FC) et le financement direct deprojets, la modalité préférée étant l’ABG. Cependant,une grande partie de l’aide continue à être apportéeà travers la modalité de financement de projets, quidans bien des cas sont hors budget. Les donateurssont enjoints à s’écarter des projets pour se redirigervers des programmes établis à travers <strong>les</strong> JAST.Un rapport <strong>du</strong> ministère des Finances et desaffaires économiques de 2008 indiquait que l’ABGet le FC maintenaient de bons résultats, alors que lefinancement de projets continue à poser des défis,y compris l’incapacité des ministères sectoriels àjustifier <strong>les</strong> dépenses effectuées des fonds de projets,<strong>les</strong> retards et <strong>les</strong> irrégularités dans le financement,puisque <strong>les</strong> déboursements de fonds dépendent de laprogression de la mise en œuvre de plusieurs actionspréalab<strong>les</strong>, des exigences requises de procédé et desévaluations des performances de l’année en cours.De plus, il n’y a pas de sanctions pour <strong>les</strong> donateurslorsque ceux-ci ne tiennent pas leur promessede soutien aux pays en développement. Cette situationenfreint le principe de responsabilité mutuelle,l’un des cinq principes de la Déclaration de Paris.SAHRiNGON Tanzanie recommande aux donateursd’offrir leur aide à l’APG parce qu’il est plusfacile par cette voie de maintenir <strong>les</strong> déboursementsface aux circonstances politiques fluctuantes. Parexemple, le Royaume Uni a retenu £ 10 millions(USD 14,3 millions) de son déboursement de l’annéefiscale 2002 quand l’intention de la Tanzanie d’acheterun système de contrôle de trafic aérien de USD 40millions à des fins militaires a été révélée 10 .TABLEAU 1. Tendance de la Tanzanie pour l’application des OMDObjectif <strong>du</strong> Millénairepour le développementPourcentage de la population endessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté etdes premières nécessitésTaux net de scolarisation dansle PrimaireTaux de mortalité des enfants demoins de cinq ans (pour 1.000nés vivants)Taux de mortalité infantile (pour100.000 nés vivants)Taux d’accouchements assistéspar un personnel de santé qualifiéTaux de mortalité maternelle(pour 100.000 nés vivants)La diminution de l’aide extérieure représenteun autre problème. La Tanzanie doit recevoir USD 4milliards en 2010 pour pouvoir atteindre <strong>les</strong> OMD 11 .Cependant, pour réaliser cet objectif le Gouvernementdoit accepter <strong>les</strong> strictes conditions imposéespour l’aide par le FMI et la Banque Mondiale. Lesdonateurs bilatéraux fournissent des ressourcesd’aide pour l’application des OMD à travers des programmessectoriels.Egalité des sexes : de sévères contrastesUne révision des lois, des stratégies et des politiquesafin de promouvoir <strong>les</strong> OMD et de <strong>les</strong> aligner sur<strong>les</strong> principes d’égalité des sexes s’est tra<strong>du</strong>ite pardes lois sur <strong>les</strong> terres qui reconnaissent l’égalité desdroits entre <strong>les</strong> hommes et <strong>les</strong> femmes 12 , des lois<strong>du</strong> travail qui interdisent la discrimination contre <strong>les</strong>femmes sur <strong>les</strong> lieux de travail, des lois qui déclarentla mutilation génitale féminine comme étant criminelleet des politiques d’action positive destinées àaccroître le nombre de femmes impliquées dans lapolitique et la prise de décisions 13 .Cependant, différents facteurs empêchent encorela femme d’exercer ses droits humains. Unesérie de lois discriminatoires subsiste toujours, dontla Déclaration de Loi coutumière de 1963 qui, entreautres, interdit aux veuves d’hériter des terres de leurmari défunt ; et <strong>les</strong> lois sur le mariage qui permettentle mariage des fil<strong>les</strong> de moins de 15 ans 14 .La violence à l’encontre des femmes est unautre problème. L’article 1 de la Déclaration desNations Unies sur l’Élimination de la violence àl’égard des femmes (1993) la définit comme désignant« tous <strong>les</strong> actes de violence dirigés contrele sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux1990 2000 2008 2015 RéalisableRéel Atten<strong>du</strong>[pour 2015]39 36 33,64 25,0 19,5Difficilementréalisable54,2 58,7 97,2 87,2 100 Réalisable191 153 112 99,6 64 Réalisable115 99 68 59,6 38 Réalisable43,9 35,8 63 77,1 90529 - 578 244 133DifficilementréalisableDifficilementréalisablePrévalence <strong>du</strong> VIH, 15-24 ans 6 - 2,5


Sénégal100Plus de défis que de progrès29100961003800099Le Sénégal 97 doit faire face 93à des en<strong>jeu</strong>x de toutes sortes 98 qui mettent en danger la réalisation des Objectifs 995044<strong>du</strong> millénaire pour le développement 100 (OMD) d’ici 100 à 2015. La pauvreté est croissante et affecte plusde 60 % des Sénégalais. Les systèmes de santé et d’é<strong>du</strong>cation et <strong>les</strong> services publics ne peuvent pasIEG of Malta =répondre58aux besoins de la population. Malgré certains progrès, l’égalité des sexes dans <strong>les</strong> domainesBCI of Mexico = 96IEG of Mexico = 61é<strong>du</strong>catif, professionnel, économique et politique est encore loin d’être atteinte. En l’absence d’unchangement structurel profond, la réalisation des OMD restera un objectif très lointain.100 100 100100 100<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Sénégal 1Seydou Ndiaye100Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 71 IEG = 55Enfants atteignant72 la cinquième annéed’écoleAutonomisationLe Sénégal n’échappe pas à la crise qui affecte la nouvelleéconomie mondiale multipolaire. La pauvreté y est en43augmentation ; selon <strong>les</strong> chiffres <strong>du</strong> PNUD, en 2005,2752,5 % 2 de la population sénégalaise était pauvre, et en0002009 le pourcentage était de 60,3 % 3 . A cela s’ajoutentd’autres en<strong>jeu</strong>x liés au changement climatique, à la1008289100 sécurité 100 alimentaire, 71 à la pandémie <strong>du</strong> VIH/sida 100 et aux 100 52100100 6176problèmes de gouvernance. Cette réalité sape <strong>les</strong> efforts Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’à100visant à la réalisation des OMD et si le Gouvernement personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationne parvient pas à IEG établir of un Slovenia nouveau = modèle 65 de développementfondé sur l’efficience économique, l’équité En ce qui concerne <strong>les</strong> finances publiques, malgré nement en eau <strong>du</strong> milieu rural et urbain et <strong>les</strong> secteurs deBCI of Senegal = 71IEG of Senegal = 55sociale et la <strong>du</strong>rabilité de l’environnement, ces objectifs <strong>les</strong> réformes établies il reste une dette intérieure incontrôléel’assainissement 6 .qui rend difficile l’activité économique et augmente <strong>les</strong>ne pourront pas être atteints.craintes des agents économiques sur la capacité financièrede l’État à honorer ses engagements.Le secteur agricole regroupe plus de 60 % des Sénéga-Le secteur agricole et sa dépendanceL’aide et <strong>les</strong> finances publiquesSelon la révision annuelle de 100 2009, <strong>les</strong> résultats de l’application<strong>du</strong> deuxième Document de stratégie de ré<strong>du</strong>ction la mise en œuvre d’un mécanisme institutionnel de type familial 7 . Il est fortement atteint par la baisse desL’État a adopté une 100série de mesures, y compris lais et dans 90 % des cas 100il est formé d’exploitations de93de la pauvreté (DSRP-2) 4 , modèle régissant tous <strong>les</strong> investissementssuivi en collaboration avec des partenaires financiers prix des pro<strong>du</strong>its d’exportation, par <strong>les</strong> difficultés pouréconomiques et sociaux <strong>du</strong> Gouverne-et techniques et avec la société civile pour accomplir <strong>les</strong> accéder aux terres (notamment 51pour <strong>les</strong> femmes) et auxment (qui à travers lui prétend obtenir le soutien des pays engagements internationaux et améliorer <strong>les</strong> conditions intrants nécessaires, à l’endettement croissant de la po-26donateurs), sont moyens. Le pays a également élaboré0plusieurs politiques et programmes, tels que la Stratégiepour la gestion des ressources de l’Aide publique au0développement (APD) encadrées dans le DSRP-2.pulation rurale et à la dégradation des sols. A tout cela0s’ajoutent <strong>les</strong> campagnes répétées de commercialisationde croissance accélérée, qui vise à engendrer une plus Selon le rapport de suivi des OMD <strong>du</strong> mois d’avril qui laissent une grande partie de la récolte dans <strong>les</strong> mains8579908481grande pro<strong>du</strong>ctivité et à faire <strong>du</strong> Sénégal un pays émergentdoté d’une base économique et sociale solide avec l’aide budgétaire) de projets de développement financés agriculteurs ne cesse de diminuer et cela <strong>les</strong> maintient2010, le montant des recettes (sans tenir compte de des spéculateurs et autres intermédiaires. Le revenu des100 100 6443100100 100100 100un taux de croissance de 7 à 8 %, ou comme la Stratégie par des ressources externes a été d’un peu plus de FCFA enfermés dans un cercle vicieux de pauvreté, endettementet famine dont il est très difficile de sortir.nationale pour l’équité et l’égalité des sexes.258 milliards (environ USD 489 millions). En outre, unIEG of Zambia = 56financement à BCI hauteur of Tanzania de USD 35 = millions 75IEG of Tanzania = 72sera versé Outre son expansion, la pauvreté se féminise etdans le cadre de l’initiative en faveur des Pays pauvres affecte essentiellement la population rurale 8 . On estimetrès endettés qui sera suivi par un autre versement de qu’environ 60 % de la population totale <strong>du</strong> Sénégal vitUSD 47 millions. En ce qui concerne le volume des aides dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> et qu’entre 78 % et 80 % de cettebudgétaires sectoriel<strong>les</strong>, il était de USD 107 millions en population est pauvre 9 . D’autre part, une grande majorité2009, représentant une baisse de près de 30 % par rap-de femmes travaillent dans l’agriculture (à peine 11 %1 Organisations membres : Association culturelled’autopromotion é<strong>du</strong>cative et sociale (ACAPES), Action<strong>jeu</strong>nesse et environnement (AJE), Enda Graf Sahel, Coalitionafricaine des <strong>jeu</strong>nes contre la faim (AYCAH) Sénégal,Associations nationa<strong>les</strong> de handicapés physiques <strong>du</strong> Sénégal(ANDMS), Union Démocratique 100 d’enseignants (UDEN),Syndicat des professeurs <strong>du</strong> Sénégal (SYPROS). SeydouNdiaye est le coordinateur <strong>du</strong> réseau.2 PNUD, Evaluation of the National Humann/dDevelopmentReport System (2006). Disponible sur : .3 PNUD, Rapport sur le développement humain 2009.Disponible sur : .4 Disponible sur : .10098port à 2008. Les envois de fonds reçus en 2007 ont atteintenviron USD 865 millions ; c’est-à-dire, trois fois plusque le montant des investissements directs étrangers.En 2008 <strong>les</strong> envois de fonds ont augmenté de 7,2 % parrapport à une moyenne de plus de 20 % au cours destrois dernières décennies, 0 et cela a considérablementcontribué à ré<strong>du</strong>ire la pauvreté 5 .99En 2009, le volume brut de l’APD prévu était de100 100USD 489 millions, dont 256 millions sous la forme deprêts et 233 millions sous la forme de subventions. Cetteaide a été répartie entre <strong>les</strong> secteurs sociaux (la santé,l’é<strong>du</strong>cation et la nutrition), <strong>les</strong> secteurs de l’approvision-100<strong>du</strong> secteur salarié non agricole est représenté par desfemmes) 10 . Cette situation se manifeste par des privations<strong>du</strong>es au faible revenu, à la baisse de la consommationintérieure, aux difficultés croissantes pour accéder066 Conseil d’ONG de soutien au développement (CONGAD),742009, L’eau, la vie et le développement humain et Rapport88 34national sur l’accès à l’eau et à l’assainissement.9888100 100 1001007 Cellule de suivi <strong>du</strong> programme de lutte contre la pauvreté,Enquête peuple 200.n = 0BCI of Bahrain = 958 Gouvernement <strong>du</strong> Sénégal, op. cit.IEG of Bahrain = 469 Ibid.10 Global Gender Gap Report 2009. Disponible sur : .100100Rapports nationaux 162 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010083


au crédit et à une baisse progressive de la couverture desservices de base. Parallèlement, le faible revenu (ajoutéau fait que, selon des consultants indépendants, Dakarse classe parmi <strong>les</strong> 32 vil<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus chères <strong>du</strong> monde) 11et l’insécurité alimentaire, entravent la gestion <strong>du</strong>rable etrationnelle des ressources naturel<strong>les</strong>.Le financement <strong>du</strong> développement souffre de faib<strong>les</strong>sesstructurel<strong>les</strong> qui affectent la prestation de services,notamment l’éclairage public, l’assainissement etla collecte et le traitement des déchets ménagers. Cettesituation et l’aggravation <strong>du</strong> risque climatique ont déterminéque <strong>les</strong> inondations et l’érosion de la côte affectentdes milliers de personnes et causent des décès, des déplacementsde population, la destruction de logementset autres infrastructures, la perte de récoltes et des problèmesde santé.É<strong>du</strong>cation : de multip<strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>xGrâce à la mise en œuvre de la phase II <strong>du</strong> programmedécennal d’E<strong>du</strong>cation et de formation 2005-2008 et aulancement de la phase III, le secteur a réalisé des progrèsen ce qui concerne l’accès à l’é<strong>du</strong>cation, mais ils resteencore de nombreuses difficultés relatives à la qualitéet la gestion.La persistance des retards dans la construction etl’équipement des sal<strong>les</strong> de classe, la nécessité de recourirà des abris « provisoires » (en 2009 plus de 15 % del’enseignement primaire se trouvait dans cette situationprécaire) qui deviennent souvent définitifs (environ 49 %des éco<strong>les</strong> n’ont pas accès à l’eau courante) et <strong>les</strong> tauxd’abandons et de redoublements encore très élevés (11,5et 7,7 %, respectivement, dans l’enseignement primaire)exercent un impact très négatif sur la qualité de l’é<strong>du</strong>cation.Le taux d’achèvement des études primaires n’atteintpas 60 %, selon <strong>les</strong> données officiel<strong>les</strong> 12 . L’enseignementsupérieur ne possède qu’une offre limitée de formationprofessionnelle et souffre de problèmes d’insertion pour<strong>les</strong> diplômés, des faib<strong>les</strong> niveaux d’efficacité interne etexterne et <strong>du</strong> dépassement de la capacité de ses d’installations.En ce qui concerne l’alphabétisation et l’é<strong>du</strong>cationdes <strong>jeu</strong>nes de plus de 15 ans, le Gouvernement estimeque la quantité totale d’analphabètes est de 3,5 millions.Les programmes de 2009 ne couvraient que 77.000 personnesdans une population cible de 92.000 personnes.Avec un rythme de 100.000 personnes par an, il faudraattendre 35 ans pour répondre aux besoins é<strong>du</strong>catifs des3,5 millions de personnes concernées 13 .L’évolution des dépenses dans le domaine de l’é<strong>du</strong>cationest soutenue par quatre sources principa<strong>les</strong> definancement : l’État, <strong>les</strong> ménages, <strong>les</strong> collectivités loca<strong>les</strong>et <strong>les</strong> partenaires financiers étrangers ; on constate quele flux de ressources pendant la période 2003-2008 aaugmenté à plus <strong>du</strong> double, puisqu’il est passé de USD344 millions à environ USD 793 millions ; c’est-à-dire, de3,6 % à 4,8 % <strong>du</strong> PIB. Cependant, on constate égalementune augmentation de la pression sur la contribution desménages à l’é<strong>du</strong>cation, qui est passée de 22,7 % en 2003à 24,2 % en 2009, tandis que la contribution de l’État aucours de la même période a décru, passant de 73,5 %11 Voir : .12 Rapport national sur la situation de l’é<strong>du</strong>cation (ME/DPRE-2009).13 Ibid.à 69,2 %. Cela montre une tendance à la commercialisationde l’é<strong>du</strong>cation, avec <strong>les</strong> problèmes d’équité quecela implique.Accès à l’eau et à l’assainissementLes principaux obstac<strong>les</strong> pour accéder à l’eau comprennent<strong>les</strong> prix <strong>du</strong> raccordement au réseau et <strong>du</strong> service (àfacturation bimestrielle), l’absence de réseaux dans <strong>les</strong>quartiers (notamment <strong>les</strong> quartiers périphériques) et lemanque d’information sur <strong>les</strong> programmes sociaux deraccordement.Bien qu’il y ait eu des progrès significatifs dans leréseau d’assainissement, <strong>les</strong> résultats ne sont pas encoresatisfaisants. Dans <strong>les</strong> zones urbaines, seulement6 centres sur 21 ont un réseau collectif. Dans le milieurural, 31,3 % des personnes ne possèdent aucun systèmed’assainissement et l’accès aux latrines amélioréesest encore onéreux 14 .Une analyse <strong>du</strong> cadre institutionnel de la distributiond’eau et d’assainissement en milieu urbain a étécommencé et on craint une augmentation <strong>du</strong> prix de l’eausi on ne tient pas compte des opinions des syndicats detravailleurs et des consommateurs dans le processusde réforme.La santéSelon l’UNICEF, la mortalité maternelle a diminué pendantla période 2005-2008 (de 980 à 400 pour 100.000accouchements), mais elle reste encore très élevée 15 .Les deux principaux problèmes auxquels est confrontéle Sénégal sont le faible taux d’accouchements assistéspar un personnel qualifié (52 % selon l’UNICEF) et le paludisme,qui est responsable d’un très grand nombre dedécès 16 . Dans un pays où <strong>les</strong> femmes en âge de procréerreprésentent 49 % de la population totale de femmes 17 ily a seulement 125 gynécologues (la plupart travaillantprincipalement dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>).La pandémie de VIH/SIDA est de type concentré,avec un taux de prévalence faible dans la populationgénérale (0,7 %). La maladie s’est progressivement féminisée: on est passé de quatre hommes infectés pourune femme en 1996 à deux femmes pour chaque hommeen 2005.La situation des femmesBien qu’on soit loin de l’égalité des sexes, il y a eu desprogrès en ce qui concerne l’accès des femmes à l’é<strong>du</strong>cation,aux forces armées et à la police. Quoi qu’il ensoit, l’accès des femmes aux postes de haut niveau, àl’acquisition de terres et au marché <strong>du</strong> travail reste limité ;<strong>les</strong> femmes constituent une partie importante <strong>du</strong> secteurde travail informel (41 %) tout en représentant seulement17 % <strong>du</strong> secteur formel 18 .De toutes manières, même si el<strong>les</strong> constituent52 % de la population, <strong>les</strong> femmes sont sous-représen-14 CONGAD, 2009, op. cit.15 Voir : .16 Ibid.17 United States Agency International Development, “FamilyPlanning : Senegal has only 125 gynecologists”. Disponib<strong>les</strong>ur : .18 Sigrid Colnerud Granström, “The Informal Sector and FormalCompetitiveness in Senegal”, Minor Field Studies No. 194,Université de Lund, 2009. Disponible sur : .tées en politique, avec 23 % à l’Assemblée nationale,10 % dans le Gouvernement central, 13 % dans <strong>les</strong>conseils régionaux, 20 % dans <strong>les</strong> conseils municipauxet 27 % dans <strong>les</strong> conseils ruraux. En revanche, le paysa eu une femme Premier ministre. Avec l’annonce <strong>du</strong>projet de loi sur la parité aux postes de responsab<strong>les</strong>élus, l’État est apparemment en train de commencer lamise en œuvre des réformes juridiques et réglementairesdans l’esprit des principes énoncés dans la nouvelleConstitution de 2001.Un lent progrès vers <strong>les</strong> OMDIl y a peu d’espoir d’atteindre l’OMD 3 (« promouvoirl’égalité entre <strong>les</strong> sexes et l’autonomisation des femmes») d’ici à 2015 si aucune mesure structurelle etpragmatique n’est prise et si le Gouvernement n’assignepas de ressources dans le cadre de l’élaboration <strong>du</strong> documentde référence de la politique économique et sociale2011-2015 (DSRP-3). Il est également peu probable d’atteindre<strong>les</strong> OMD liés à la santé (objectifs 4, 5 et 6).Selon la Banque mondiale, le Sénégal est en voied’atteindre deux objectifs : l’OMD 2 relatif à l’é<strong>du</strong>cationpour tous et l’OMD 7 concernant la protection de l’environnement19 . Dans le but de promouvoir le secteur del’é<strong>du</strong>cation, la société civile se mobilise autour de :• La nécessité de promouvoir des réformes en profondeur<strong>du</strong> système et de recentrer le projet é<strong>du</strong>catifafin de l’adapter aux besoins de la communauté etde l’économie.• L’urgence de compter sur une bonne gouvernanceet une gestion axée sur des actions qui institutionnalisentla reddition de comptes dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>,l’administration scolaire et le système é<strong>du</strong>catif engénéral.• La pacification <strong>du</strong> climat social et de l’environnement<strong>du</strong> système é<strong>du</strong>catif par le respect des engagementspris envers <strong>les</strong> acteurs (élèves, étudiantset enseignants) de la part <strong>du</strong> Gouvernement, enmettant l’accent sur l’importance d’éradiquer laviolence contre <strong>les</strong> fil<strong>les</strong>.• L’amélioration de la contribution <strong>du</strong> Gouvernementà l’é<strong>du</strong>cation publique.• Le développement d’un partenariat dynamique permettantd’atteindre un consensus et la mobilisationdes citoyens en faveur de l’é<strong>du</strong>cation.• La construction d’un consensus national sur <strong>les</strong>actions et <strong>les</strong> ressources pour améliorer la qualitéde l’é<strong>du</strong>cation et de la formation (concernant,entre autres, la gestion des ressources humaines,la conclusion des programmes d’étude à tous <strong>les</strong>niveaux et l’intro<strong>du</strong>ction des langues nationa<strong>les</strong>).• Le renforcement de l’action synergique entre sesdifférents membres (ONG, syndicats, associationsd’étudiants et de parents d’élèves, associationscommunautaires de base) pour une meilleurecontribution au suivi des politiques avec des propositionsmieux fondées. n19 International Development Association and InternationalMonetary Fund, “Heavily Indebted Poor Countries(HIPC) Initiative and Multilateral Debt Relief Initiative(MDRI) – Status of Implementation,” 15 septembre 2009,page. 34. Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 163 Sénégal


Serbie100Pas de stratégies pour affronter l’insécurité économique et sociale090Les serbes affrontent une insécurité économique et sociale 99 de plus en plus importante <strong>du</strong>e au manque d’emplois 9836décents, à l’augmentation 100 <strong>du</strong> chômage, aux niveaux élevés 100 de corruption et 100à un état de droit déficient. Le 100 flux del’investissement étranger direct s’est ralenti en raison de la crise financière mondiale. L’économie devient donc deplus en plus fragile et instable. Les mesures pour combattre la crise se basent sur la demande de nouveaux prêts auxBCI of Lebanon = 92 IEG of Lebanon = 47institutions financières internationa<strong>les</strong> et sur la ré<strong>du</strong>ction des dépenses publiques destinées à l’é<strong>du</strong>cation, la santé et<strong>les</strong> pensions avec, par conséquent, le risque de voir de plus en plus de personnes en situation de pauvreté.88 8810006100Association Technology and SocietyMirjana Dokmanovic, PhDDanica Drakulic, PhDLa crise financière et économique mondiale a frappé deplein fouet l’économie serbe déjà très fragile et instable.Les faib<strong>les</strong> niveaux d’investissement et d’exportation,l’augmentation <strong>du</strong> chômage et le manque de liquidité sesont convertis en ses principaux problèmes. Bien quepour arriver à la stabilité macroéconomique et à unecroissance de 5 % il soit nécessaire d’investir entre USD5 et 7 milliards, en 2009 l’Investissement étranger direct(IED) a été de seulement USD 1 milliard et demi. La partcorrespondant à l’IED dans le Pro<strong>du</strong>it interne brut (PIB)a été de 3,9 % et l’on a enregistré une importante diminutionde 25,2 % en ce qui concerne la demande interne 1 .Les principaux obstac<strong>les</strong> auxquels doit faire face l’IEDsont <strong>les</strong> risques élevés d’investissement, la corruptionet la faib<strong>les</strong>se des institutions ainsi que le manque deressources financières internationa<strong>les</strong>.La ré<strong>du</strong>ction de l’activité économique en 2009 aété de 12,1 % (in<strong>du</strong>strie), de 25,1 % (ingénierie civile),de 12,3 % (ventes au public) et de 8 % (tourisme). Lacommercialisation de la monnaie étrangère s’est ré<strong>du</strong>iteaussi bien en ce qui concerne <strong>les</strong> exportations (19,7 %)que pour <strong>les</strong> importations (28 %). La situation a engendrétoutefois un aspect positif car le déficit <strong>du</strong> commerceextérieur a diminué, il a atteint USD 7 milliards (39,9 %de moins qu’en 2008) 2 et <strong>les</strong> exportations ont dépassé<strong>les</strong> importations de 53,4 % 3 . La dette <strong>du</strong> commerce extérieura constitué 70,4 % <strong>du</strong> PIB 4 , le déficit budgétairea atteint 3,2 % <strong>du</strong> PIB et la dette publique s’est monté à31,3 % <strong>du</strong> PIB 5 . Le montant des transactions a diminuéde 41,9 % par rapport à 2008 à la Bourse de Belgrade.Le taux de chômage a été d’environ 15 %, une augmentationde presque 2 points de pourcentage par rapportà 2008.Le ralentissement économique a été légèrementfreiné pendant le second semestre 2009, dû à certaines1 Banque nationale de la République Serbe, Report on Inflation(“Rapport sur l’inflation”), 2009.2 Ministère de l’Économie, Bulletin of Public Finances(“Bulletin sur <strong>les</strong> Finances Publiques”), 2009.3 Ministère de l’Économie, Analysis of Macroeconomicand Fiscal Trends in 2009 (“Analyse des tendancesmacroéconomiques et fisca<strong>les</strong> en 2009”). Disponible sur :(consulté le 25 mars 2010).4 Banque nationale, op. cit.5 Ministère de l’Économie, Bulletin of Public Finances(“Bulletin sur <strong>les</strong> Finances Publiques”), op. cit.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010Le haut niveau d’endettement des entreprises ainsiICB = 98100que le manque de crédit 100 à faible taux pour stimuler l’exportationse font ressentir sur <strong>les</strong> activités économiques.97Enfants atteignantd’écoleété inférieures de 10 % par rapport s/d à la même périodela cinquième annéeLes recettes budgétaires <strong>du</strong> début de l’année 2010 onten 2009. Les recettes courantes ont diminué de 7, 8 %alors que <strong>les</strong> recettes fisca<strong>les</strong> ont diminué de 7, 8 % et <strong>les</strong>00non-fisca<strong>les</strong> de 8,1 %. Les importantes recettes provenantdes impôts, s/d99 à l’exception des impôts s/dindirects, ont9999diminué par rapport à 2008, alors que la croissance des100 100100 100100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’à recettes nomina<strong>les</strong> provenant des impôts indirects a étépersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans de 22,4 % et <strong>les</strong> contributions socia<strong>les</strong> de 1,9 % 7 .Le Gouvernement a annoncé récemment la miseen place d’un nouveau paquet de mesures pour luttercontre la crise, ce que beaucoup considèrent comme unpetit <strong>jeu</strong> politique en vue des élections imminentes. Ainsi,<strong>les</strong> Serbes ont été contraints d’écouter <strong>les</strong> affirmationscontradictoires <strong>du</strong> Premier ministre Mirko Cvetkovic, quien octobre 2009 a déclaré que la Serbie était sortie de lacrise 8 et qui a annoncé six mois plus tard qu’il n’y avaitaucune preuve pour confirmer cette déclaration 9 .mesures économiquesBCI of Serbiaet monétaires= 98imposées par leGouvernement, dont :• La ré<strong>du</strong>ction de la dépense publique à travers le geldes pensions et des salaires <strong>du</strong> secteur public.• Un accord de réserve de crédit avec le FMI à hauteurde USD 3,85 milliards.• Le soutien financier de la Banque mondiale, de laBanque européenne pour la reconstruction et ledéveloppement et de l’Union européenne, en plus<strong>du</strong> soutien de la Russie et de la Chine concernantdes projets d’infrastructure.• Une augmentation <strong>du</strong> déficit fiscal de 3 % à 4,5 %<strong>du</strong> PIB, approuvée par le FMI en octobre 2009 etconvenue dans le cadre budgétaire 0macroécono-mique de la Serbie pour 2010.• Une seconde quote-part de crédit <strong>du</strong> FMI pour unmontant de USD 470 millions pour consolider <strong>les</strong>réserves de devises étrangères et la stabilité destaux de change.• Les mesures établies pour augmenter la liquiditééconomique.En 2009, <strong>les</strong> banques ont approuvée un crédit de EUR 1milliard, environ USD 1,3 milliard à cette époque, dontUSD 1,15 milliard a été destiné à la liquidité et le reste àla subvention <strong>du</strong> crédit à la consommation. Ces mesuresde relance ont freiné la chute de la pro<strong>du</strong>ction in<strong>du</strong>strielleet <strong>du</strong> commerce extérieur. Cependant l’économie serbecontinue à ne pas attirer d’investisseurs. La Banque nationalede Serbie estime que le degré d’ouverture del’économie se situe à 6, 3 6 . La Serbie se trouve en 93 èmeposition sur 134 pays selon l’Indice de compétitivitéglobale <strong>du</strong> Forum économique mondial.6 Ibid.La croissance de la pauvretéSelon le ministère <strong>du</strong> Travail et de la politique sociale,la quantité de pauvres a augmenté en 2009; il existepresque 700.000 personnes vivant en dessous <strong>du</strong> seuilde pauvreté dont 160.000 sont bénéficiaires d’aide sociale10 . Cependant, le nombre réel de personnes vivant11dans la pauvreté est encore plus élevé, il atteindrait60 % 11 , car <strong>les</strong> données officiel<strong>les</strong> ne prennent pas encompte des indicateurs tels que la disponibilité et l’accèsaux services de santé, <strong>les</strong> soins de la petite enfance,l’é<strong>du</strong>cation et l’emploi décent.7 Ministère de l’Économie, Bulletin of Public Finances(“Bulletin des finances publiques”), op. cit.8 Economist Media Group, Cvetkovic: Serbia at the End of theEconomic Crisis (“Cvetkovic: La Serbie à la fin de la criseéconomique”), EMportal, 16 octobre 2009. Disponible sur : (consulté le 10mars 2010).9 Economist Media Group, Cvetkovic: There is No ReliableEvidence about Coming out of the Crisis (Cvetkovic :il n’existe pas de preuves fiab<strong>les</strong> que la crise soit finie)Emporta, le 9 mars 2010. Disponible sur : (consulté le 10 mars 2010).10 Voir : .11 Aleksandar Rodic, Life on Soup from Thrown Out Vegetable(La vie basée sur de la soupe faite de légumes jetés) BlicOnline, 28 février 2010. Disponible sur : (consulté le 28 février 2010).Rapports nationaux 164 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Les enfants sont <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>. En octobre2009, Le ministère <strong>du</strong> Travail et de la politique sociale, leBureau d’assistance technique et d’échange d’information(TAIEX, en anglais) de la Commission européenne,l’UNICEF et le Parlement serbe ont organisé à Belgradeune conférence sur <strong>les</strong> enfants et la pauvreté, <strong>du</strong>rantlaquelle il a été mis en relief l’importance <strong>du</strong> contrôledes effets de la crise sur l’enfance et <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> et dela poursuite des réformes des politiques socia<strong>les</strong> 12 . Ladiminution des moyens de subsistance est souventaccompagnée par l’augmentation de la violence à l’encontredes femmes, des enfants, une diminution de lafréquentation scolaire et une baisse dans la qualité dessoins pour <strong>les</strong> enfants. Le Moniteur des Objectifs <strong>du</strong>Millénaire pour le Développement (ODM) pour la Serbiesouligne l’approfondissement <strong>du</strong> clivage é<strong>du</strong>catif existantentre <strong>les</strong> garçons et <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> des différents groupessocio-économiques et ethniques, ce qui révèle <strong>les</strong> carences<strong>du</strong> système é<strong>du</strong>catif actuel concernant l’implémentationd’une é<strong>du</strong>cation inclusive.L’augmentation de la pauvreté a été l’un des principauxsujets <strong>du</strong> débat entre <strong>les</strong> fonctionnaires <strong>du</strong> Gouvernementet <strong>les</strong> représentants des entreprises lors <strong>du</strong>Forum des Entreprises en mars 2010. Bien que tousfussent d’accord sur le fait que l’éradication de la pauvretédépend surtout des politiques économiques <strong>du</strong>Gouvernement, aucune proposition spécifique n’a étéfaite dans ce sens, hormis l’annonce de la nouvelle loide Sécurité sociale qui devra être adoptée en 2010 et quidevra augmenter le niveau de l’aide sociale ainsi que laquantité de ses bénéficiaires 13 .La hausse <strong>du</strong> chômage, <strong>les</strong> grèves et <strong>les</strong>protestationsLes ONG qui travaillent dans le domaine des droits humains,comme le Centre pour <strong>les</strong> droits humains deBelgrade, mettent en garde sur la détérioration des droitséconomiques et sociaux et sur le fait que <strong>les</strong> groupes vulnérab<strong>les</strong>– comme <strong>les</strong> Roms, <strong>les</strong> enfants, <strong>les</strong> personneshandicapées et <strong>les</strong> femmes – se trouvent particulièrementen danger 14 .Face aux difficultés pour surmonter <strong>les</strong> effets de lacrise, plusieurs entreprises ont fait faillite ou ont tenté deré<strong>du</strong>ire leurs coûts à travers, par exemple, la ré<strong>du</strong>ctiondes salaires et des bénéfices des travailleurs. Les entreprisesont ré<strong>du</strong>it <strong>les</strong> salaires (en faisant la promesse qu’ilne s’agissait que d’une mesure temporaire) ou bien, el<strong>les</strong>ont cessé de payer <strong>les</strong> contributions pour <strong>les</strong> pensions.Plus de 133.000 serbes ont per<strong>du</strong> leurs emplois en 2009et début 2010. On estime qu’en 2010 plus de 100.000travailleurs – quelque 450 personnes par jour – per-12 Economist Media Group, Number of Poor is Increasing,Children Particularly at Risk (La quantité de pauvres est enaugmentation, <strong>les</strong> enfants sont particulièrement en situationde risque), EMportal, 19 octobre 2009. Disponible sur : (consulté le 10 mars 2010).13 B92, How to Decrease Poverty in Serbia (Commentré<strong>du</strong>ire la pauvreté en Serbie) B92 Online, 11 mars2010. Disponible sur : (consulté le 11 mars 2010).14 Centre pour <strong>les</strong> droits humains de Belgrade, Human Rightsin Serbia 2009: Legal Provisions and Practice Compared toInternational Human Rights Standards (Droits Humains enSerbie 2009 : Dispositions et pratiques léga<strong>les</strong> comparées auxstandards internationaux de droits humains) Belgrade, 2010.dront leurs postes de travail 15 , alors que la possibilité deretrouver un emploi dans l’économie informelle se ré<strong>du</strong>itégalement à cause des effets négatifs de la crise économiquedans <strong>les</strong> domaines <strong>du</strong> bâtiment et l’agriculture 16 .En mars 2010, le salaire minimum était de USD 1,16 de l’heure, montant qui n’a pas augmenté depuis plusd’un an car l’Association des employeurs a refusé d’accepter<strong>les</strong> réclamations des syndicats. Face au manquede dialogue social, des milliers de travailleurs ont entreprisdes grèves en 2009 et début 2010. L’indifférence <strong>du</strong>Gouvernement et <strong>du</strong> patronat <strong>les</strong> a poussé à adopter,parfois, des formes extrêmes de protestation tel<strong>les</strong> quedes grèves de la faim et des barrages qui ont bloqué <strong>les</strong>routes et <strong>les</strong> chemins de fer. En juillet 2009, pour ré<strong>du</strong>ire<strong>les</strong> licenciements, un projet de loi a été approuvé pourréformer la loi sur le travail. Le projet prévoit que <strong>les</strong> patronspeuvent octroyer à leurs employés plus de 45 joursde congé payé par an. Cependant cette mesure n’a pasencore donné de résultats. Les syndicats préviennentque le seul moyen dont ils disposent pour provoquer deschangements positifs est l’organisation de grèves.Les accords de crédits et <strong>les</strong> services publicsLa ré<strong>du</strong>ction des dépenses publiques, essentiellementsur <strong>les</strong> pensions et <strong>les</strong> salaires, reste un sujet central dans<strong>les</strong> négociations entre <strong>les</strong> fonctionnaires serbes et <strong>les</strong> institutionsfinancières internationa<strong>les</strong> (IFI) 17 . Albert Jaeger,Chef de mission <strong>du</strong> FMI en Serbie, a dit que cet organismede prêt exige que le Gouvernement présente des plansprécis pour implémenter des ré<strong>du</strong>ctions dans <strong>les</strong> dépensespubliques, « qu’ils devaient réaliser une réformede l’administration de l’État, <strong>du</strong> système de pensions, del’é<strong>du</strong>cation et des services de santé », s’ils souhaitaientreprendre <strong>les</strong> accords de crédit de manière satisfaisante 18 .Le Gouvernement a rejeté la proposition <strong>du</strong> FMI d’augmenter<strong>les</strong> taxes à la valeur ajoutée (TVA) et de ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong>pensions et <strong>les</strong> salaires publics. Au lieu de cela il a proposéd’entreprendre une réforme <strong>du</strong> secteur public.En août 2009, suite à l’évaluation <strong>du</strong> programmeréalisée par le FMI, le Gouvernement a adopté le Plande prise en charge sociale basé sur des « réformes » ,qui consistent en réalité à diminuer le budget de santéet d’é<strong>du</strong>cation ainsi que la quantité d’employés. Le planprévoit de ré<strong>du</strong>ire la quantité d’enseignants, de classeset d’éco<strong>les</strong> primaires, et la fermeture d’éco<strong>les</strong> spécia<strong>les</strong>pour enfants handicapés. Le résultat de cette« réforme » consistera en l’élimination de 11.000 classes15 B92, Fight for Working Places (La lutte pour <strong>les</strong> emplois),B92 Online, le 29 mars 2010. Disponible sur : (consulté le 29 mars 2010).16 I. Radisavljevic, Army of Poor is Increasing (L’armée depauvres augmente) Blic Online, le 28 mars 2010. Disponib<strong>les</strong>ur : (consulté le 28 mars 2010).17 Economist Media Group, Jelasic: Re<strong>du</strong>ction of publicexpenditure – main topics of talks with IMF (Jelasic : Laré<strong>du</strong>ction de la dépense publique – principaux sujetsde conversation avec le FMI) EMportal, 12 février 2010.Disponible sur : (consulté le 20 février 2010).18 I. Jovanovic, IMF tells Serbia to slash spending (Le FMIdemande à la Serbie de ré<strong>du</strong>ire ses dépenses) SETimes.com ,le9 septembre 2009. Disponible sur : (consulté le 20 septembre 2009).sur <strong>les</strong> 90.000 actuel<strong>les</strong>, rendant plus difficile l’accés àl’école primaire en zone rurale et pour <strong>les</strong> enfants handicapés.De manière similaire, la « réforme » <strong>du</strong> systèmede santé se basera sur la ré<strong>du</strong>ction de la quantité de travailleursdans ce secteur, sur la révision des subventionset sur la fermeture de plusieurs institutions prestatairesde soins de santé, tout cela dans le but « d’économiser »de l’argent sur le budget.Les lois sont en train d’être modifiées et adaptées enaccord avec <strong>les</strong> politiques dirigées par l’IFI, supprimantainsi des droits qui avaient été acquis. La nouvelle Loiserbe sur l’Emploi, approuvée en mai 2009, a suppriméle droit des femmes perdant leur emploi pendant leurgrossesse à recevoir des indemnités de chômage pendantplus d’un mois. De plus, la loi a établi des conditionsplus strictes pour accéder à des indemnités de chômagesi l’employé perd son travail pendant une période d’arrêtmaladie. La grossesse est considérée comme une « maladie», dès lors, elle n’est pas exclue de ces conditions 19 .La crise économique mondiale n’est responsablequ’en partie des nombreux licenciements ayant eulieu. Selon <strong>les</strong> syndicats et <strong>les</strong> économistes, <strong>les</strong> pertesd’emplois se doivent aussi aux politiques économiquesirresponsab<strong>les</strong> ainsi qu’aux mauvais modè<strong>les</strong> de privatisation20 . Les médias ont informé sur de nombreux cas deprivatisations douteuses. La Direction pour la Prévention<strong>du</strong> blanchiment d’argent estime que plus de USD 2 milliardssont blanchis par an à travers, principalement, laprivatisation de sociétés 21 . Plus de 1.700 cas de privatisationsdouteuses on été enregistrées, mais jusqu’à présent,seulement l’une d’elle a été annulée. D’un autre côté,la corruption se maintient de manière généralisée. Uneenquête de 2009 démontre que l’é<strong>du</strong>cation, la santé et <strong>les</strong>ystème judiciaire sont perçus comme <strong>les</strong> domaines <strong>les</strong>plus corrompus, et qu’une personne sur cinq a dû payerpour obtenir des soins de santé (soi-disant gratuits) 22 .La stratégie macroéconomique <strong>du</strong> Gouvernementsouhaite diminuer le déficit fiscal structurel à travers larestriction des pensions et des salaires publics, alorsque l’investissement en infrastructure approuvé par leFMI augmente 23 . Cependant, il persiste un manque devision ou de stratégie intégrale et multisectorielle sur lafaçon de protéger <strong>les</strong> droits économiques et sociaux dela population assurant aux serbes des emplois décentset des moyens de vie dignes. n19 J. Popadic, Law In<strong>du</strong>ces White Plague (La loi pro<strong>du</strong>it le fléaublanc) Politika, le 14 août 2009. Disponible sur : (consulté le 20 août 2009).20 Union des Syndicats Indépendants de Serbie, Privatizationin the Republic of Serbia 2002–2009 (La privatisation enRépublique de Serbie 2002-2009), Belgrade; et EconomistMedia Groups, 58 layoffs an hour in Serbia <strong>du</strong>ring 2009(58 licenciements par heure en Serbie en 2009”), EMportal,30 mars 2010. Disponible sur : (consulté le 30 mars 2010).21 T.N. Djakovic, Mafioso Launders billions of euros throughprivatization (“Un mafieux blanchit des milliards grâce àla privatisation”) Blic Online, 4 mars 2010. Disponible sur:(consulté le 4 mars 2010).22 Centre pour <strong>les</strong> droits humains de Belgrade, op. cit.23 Economist Media Group, Serbia will pull 180 billion eurosfrom the IMF on 6 April (“La Serbie obtiendra 180 milliardsd’euros <strong>du</strong> FMI le 6 avril”), EMportal, le 1 avril 2010.Disponible sur: (consulté le 1 avril 2010).<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 165 Serbie


100SlovaquieLe tigre boîteux069936Le taux de 98 chômage de la Slovaquie a atteint 12,9 % en janvier962010 en raison des impacts 29 négatifs tant 84 de la crise100= 92100 financière mondiale 100 que des 100 mesures inefficaces adoptées en 100 réponse par le Gouvernement. 100 Bien que le pays ait 100 obtenude bons résultats par rapport à quelques Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD), quelques disparitéset questions en suspens subsistent, tel<strong>les</strong> que l’égalité des sexes et l’aide au développement. En même temps le climatIEG of Lebanon = 47 BCI of Morocco = 88 IEG of Morocco = 45social et politique est plongé dans la corruption, la subornation et le copinage. La coalition gouvernementale appliquela « tyrannie de la majorité » en réprimant l’opposition politique et en incitant à la discrimination et à l’intolérance.10008683 831000211009910098Slovak Political InstituteFaculty of Economics, Technical University of KošiceDaniel Klimovský100En juillet 2009 dans un article paru dans n/d le Financial Timeson lisait : « Le royaume de la Slovaquie commeétant le plus grand tigre économique de l’Europe centraleest terminé car <strong>les</strong> exportations ont brusquement0chuté, le chômage n/da augmenté et le déficit n/d s’est accru,obligeant le pays à jouer de nouveau un rôle qu’il croyait100 100avoir abandonné : celui d’un des retardataires de l’Europecentrale 1 ».En août 2008 le taux de chômage était de 9,9 % maisil a sauté à 12,9 % en janvier 2010 en raison des impactsnégatifs aussi bien de la crise financière mondiale que del’inefficacité des mesures adoptées par le Gouvernement.Au début de l’année, le nombre des chômeurs inscritsétait de 346.379, ce qui signifie une augmentation deplus de 100.000 personnes par rapport à janvier 2009 2 .D’autre part le marché <strong>du</strong> travail lutte encore contre lechômage de longue <strong>du</strong>rée, problème existant depuis ledébut des années 90.Le déficit budgétaire de l’État a été faible <strong>les</strong> annéesprécédentes (1,9 % <strong>du</strong> PIB en 2007 et 2,2 % en 2008)mais le ministère des Finances a déclaré qu’il estimait quele déficit actuel arriverait à 5.5 % <strong>du</strong> PIB en 2010.La crise financière mondiale a mis en relief la dépendancede l’économie slovaque envers l’in<strong>du</strong>strie automobile.Tout comme <strong>les</strong> autres gouvernements de l’UnionEuropéenne (UE) , le Gouvernement a annoncé des «primes à la casse » en mars et avril 2009 afin de réactiverl’in<strong>du</strong>strie automobile locale et de ra<strong>jeu</strong>nir le parcde voitures particulières en Slovaquie. On a destiné plusde EUR 55 millions à ce projet subventionnant l’achat de44.200 nouvel<strong>les</strong> voitures. Pendant le premier semestre2009 <strong>les</strong> ventes ont augmenté de 18,4 % par rapport àla même période en 2008. Selon quelques experts, leprojet n’a eu cependant qu’un petit impact sur l’in<strong>du</strong>strieautomobile locale 3 (et près de 5.000 primes n’ont pasété utilisées).1 Jan Cienski, “A victim of its own success”, Financial Times,28 juilliet 2009. Disponible sur : .2 Zuzana Vilikovská, “Slovak unemployment rate grows to12.89 percent in January”, The Slovak Spectator, le 18 février2010.3 Jana Liptáková, “Car-scrapping bonus boosts car sa<strong>les</strong> inSlovakia”, The Slovak Spectator, le 13 juillet 2009. Disponib<strong>les</strong>ur : (vu le 12 mars 2010).Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9894 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 69L’économie slovaque dépend <strong>du</strong> commerce international,raison pour laquelle elle ne pourra être relancéeque lorsque l’Europe Occidentale, et en particulier l’Allemagne,reprendra sa croissance 4 .ODM : disparités et questions en suspensLa Slovaquie est membre de l’UE et de l’Organisation deCoopération et de Développement Économiques (OCDE),et d’après quelques indicateurs elle se trouve parmi <strong>les</strong>pays très développés par rapport aux ODM. Les tauxde mortalité maternelle (6 sur 100.000 naissances) etde mortalité des moins de cinq ans (8 sur 1.000) sonttrès faib<strong>les</strong> 5 , le pays a une faible incidence <strong>du</strong> VIH et <strong>du</strong>SIDA (110 cas selon AIDSGame) 6 , et l’é<strong>du</strong>cation de baseest obligatoire jusqu’à l’âge de dix ans. Cependant il y aencore trois objectifs à atteindre : promouvoir l’égalitéentre <strong>les</strong> sexes et l’autonomisation des femmes (objectifnuméro 3), garantir la préservation de l’environnement(objectif numéro 7), et encourager un partenariat mondialpour le développement (objectif numéro 8).Quant à l’objectif numéro 3, la constitution interdittoute forme de discrimination entre <strong>les</strong> sexes. Il y a 29femmes au parlement, sur un total de 150 sièges 7 , 36entre <strong>les</strong> 70 magistrats de la Cour de cassation et 2 dansun cabinet de 16 membres. Environ 20 % des mairessont des femmes bien que <strong>les</strong> huit directeurs des unitésterritoria<strong>les</strong> supérieures soient des hommes. PlusieursONG et des programmes financés par le Gouvernementoffrent des refuges et des services-conseils aux victimes4 Jan Cienski, op. cit5 UNICEF, “At a glance: Slovakia”. Disponible sur : .6 Voir : .7 Ce rapport a été terminé le 15 mars, c’est-à-dire quelquesmois avant <strong>les</strong> élections parlementaires de 2010.0Autonomisation99 999799100 100100 67100100Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationBCI of Slovak Republic = 98 IEG of Slovakia = 69de viol. La prostitution, sur laquelle il n’y a pas de donnéesfiab<strong>les</strong>, est légale, mais l’installation de maisons closesest interdite, tout comme la propagation intentionnelledes Maladies sexuellement transmissib<strong>les</strong> (MST) et latraite des blanches 8 .Cependant, la violence domestique contre <strong>les</strong> femmesconstitue un problème grave. Elle est condamnée parla loi, mais des études récentes montrent qu’une femmesur cinq a subi quelque type de violence domestique (bienque davantage de données fiab<strong>les</strong> soient nécessaires à cesujet). Un autre problème est constitué par l’inégalité surle lieu de travail : <strong>les</strong> salaires des femmes sont souvent25 % plus faib<strong>les</strong> que ceux de leurs collègues hommes.Quant à l’objectif numéro 7, début 2010 le Gouvernementa approuvé la clôture <strong>du</strong> ministère de l’Environnementcomme mesure pour épargner des ressources économiques.Plusieurs experts ont critiqué cette décisionparce qu’elle avait été mal planifiée et par <strong>les</strong> dommagespotentiels qu’elle comporte envers la protection environnementale.Actuellement il y a des preuves évidentes deproblèmes potentiels dans un proche avenir (tels que desinondations fréquentes dans <strong>les</strong> campagnes, diminutionde forêts – planifiées ou accidentel<strong>les</strong> – pertes et contaminationdes nappes phréatiques).Concernant l’objectif numéro 8, le 4 mars 2009 leGouvernement a approuvé la Stratégie à moyen termepour l’aide officielle au développement 2009–2013 9 . Lesnouveaux pays où des programmes sont mis en œuvre220 3310008 Département d’État des États-Unis, 2004 : Bureau ofDemocracy, Human Rights, and Labor, “2009 Human RightsReport: Slovakia”, en 2009 Country Reports on HumanRights Practices. Disponible sur : (consulté le 13 mars 2010).9 Slovak Aid, “Medium-Term Strategy for Official DevelopmentAssistance of the Slovak Republic for the years 2009-2013”.Disponible sur : .42Rapports nationaux 166 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


sont l’Afghanistan, le Kenya et la Serbie, alors que <strong>les</strong>pays n’en étant qu’au stade de projet sont l’Albanie, laBiélorussie, la Bosnie-Herzégovine, l’Éthiopie, la Géorgie,le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Macédoine, la Moldavie,la Mongolie, le Soudan, le Tadjikistan, l’Ukraine,l’Ouzbékistan et le Vietnam. Le document définit avecune plus grande précision cette aide comme un apportà la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et de la faim dans <strong>les</strong> paysen développement par le biais de l’aide humanitaire et audéveloppement, aide qui doit être correctement cibléeet efficace.Lors de sa réunion <strong>du</strong> 25 août 2009, le comité <strong>du</strong>projet Slovak Aid a approuvé 26 projets, à savoir : quatredestinés au Kenya et à la Serbie ; trois à l’Afghanistan,le Soudan et l’Ukraine ; deux à la Géorgie, la Mongolieet le Vietnam ; et un à la Biélorussie, le Kirghizstan et laMoldavie. Un budget total de EUR 4,33 millions a étédestiné à ces projets, chiffre inférieur à celui approuvé parle gouvernement dans le plan de mai 2009 10 ,.Corruption, subornation et copinageL’Indicateur de perception de la corruption (IPC) s’est lentementamélioré mais <strong>du</strong>rablement depuis 2000. Pourtanten 2009 <strong>les</strong> soupçons de liens entre <strong>les</strong> structuresactuel<strong>les</strong> <strong>du</strong> gouvernement et <strong>les</strong> cas de corruption et decopinage se sont généralisé, et la Slovaquie est tombée <strong>du</strong>52 ème rang au 56 ème rang parmi <strong>les</strong> pays classés selon cetindicateur 11 . Le premier ministre Róbert Fico et le ministrede l’Intérieur Robert Kaliňák ont allégué que la directricede Transparency International Slovensko, Emília Beblavá,était l’épouse d’un membre <strong>du</strong> parti de l’opposition (enmême temps sous-secrétaire <strong>du</strong> Ministère <strong>du</strong> Travail, desaffaires socia<strong>les</strong> et de la famille <strong>du</strong> Gouvernement précédent)et que <strong>les</strong> données n’étaient donc pas fiab<strong>les</strong>.Pour sa part Transparency International Slovakiaa invoqué cinq raisons pour expliquer cette chute : deuxpartis sur <strong>les</strong> trois qui forment la coalition de Gouvernementsont dirigés par des politiciens qui ne peuventjustifier ni leur situation économique ni leur patrimoine ;<strong>les</strong> contrats publics (aussi bien régionaux que nationaux)sont signés en général de manière non transparente ; <strong>les</strong>mécanismes de contrôle autonomes sont insuffisants ;il y a des pô<strong>les</strong> dans le système judiciaire ; des attaquespolitiques ont été faites (spécialement de la part des plushauts représentants de la coalition de gouvernement)contre des militants sociaux et des journalistes, suiviesd’obstac<strong>les</strong> pour avoir accès aux informations 12 .Il y a eu en outre une vague de scanda<strong>les</strong> de corruption13 depuis 2009. Par exemple, le scandale <strong>du</strong> « tableaud’affichage » : un appel à des candidats pour signer uncontrat de plus de EUR 100 millions qui n’a été publié que10 Slovak Aid, “National Program for Slovak OfficialDevelopment Assistance for 2009”. Disponible sur : .11 Transparency International, “CPI 2009 Table”, enCorruption Perceptions Index 2009. Disponible sur : (vu le 13 mars 2010)12 Transparency International Slovensko, “Index vnímaniakorupcie 2009: Rekordný pád Slovenska v najcitovanejšomsvetovom rebríčku o korupcii”. Disponible sur : (vu le 13 mars 2010).13 Beata Balogová, “A year of crisis and scandal”, The SlovakSpectator, le 21 décembre 2009. Disponible sur : .sur un tableau d’affichage placé à l’intérieur <strong>du</strong> ministère<strong>du</strong> Bâtiment et <strong>du</strong> développement régional, dans unezone à laquelle normalement le public n’a pas accès. Unscandale a éclaté plus tard compromettant le ministèrede l’Environnement. Il s’agissait de la vente d’autorisationsd’émission de carbone à une entreprise étrangèreinconnue, créée juste quelques mois avant l’appel d’offrepublic et dont le domicile social se situait dans un garagefermé 14 . Il y a eu aussi un cas de financement d’origineincertaine destiné au parti d’opposition, l’Union démocratiqueet chrétienne slovaque (SDKÚ), qui a con<strong>du</strong>it à ladémission <strong>du</strong> dirigeant de l’opposition et ancien Premierministre Mikuláš Dzurinda 15 .Des doutes ont également surgi par rapport à l’indépendance<strong>du</strong> système judiciaire quand, l’année dernière,15 juges ont publié une lettre dans laquelle ils dénonçaientun abus des procédés disciplinaires contre certains jugesqui avaient critiqué l’ancien ministre de la Justice et actuelprésident de la Cour de cassation, Štefan Harabín 16 . Enoutre, 105 juges avaient signé auparavant une pétitioncomportant cinq points pour entamer un débat profondsur l’état des affaires <strong>du</strong> système judiciaire dans le pays.Ces évènements ont donné lieu à de grands débatsau sein de la population slovaque et dans <strong>les</strong> média, alorsque la coalition de gouvernement continue d’agir avec lamême « tyrannie de la majorité » appliquée en 2007 et2008 17 pour opprimer l’opposition et <strong>les</strong> dissidents encomptant sur <strong>les</strong> moyens de l’État 18 .Autoritarisme, discrimination et xénophobieL’un des groupes d’experts <strong>les</strong> plus respectés en Slovaquie,l’ Inštitút pre Verejné Otázky (Institut pour <strong>les</strong>affaires publiques) a déclaré que la qualité de la démocratieslovaque était tombée de 2,9 points (sa qualificationmoyenne en 2008) à 3,3 points (sa qualificationmoyenne en 2009). La meilleure qualification serait de1,0 et la pire de 5,0. La plus grande détérioration a étédécelée concernant l’indépendance des média et desinstitutions démocratiques 19 .La loi de la presse, sanctionnée en 2008 et conçuepour freiner la liberté de la presse, a provoqué une grandecontroverse. Cette loi, condamnée aussi bien par Reporterssans frontières que par l’Organisation pour la Sécuritéet la coopération en Europe (OSCE), ignore la divisiondes pouvoirs. L’article numéro 6 donne au gouvernementun contrôle direct sur <strong>les</strong> médias à propos d’une série14 Ibíd.15 Beata Balogová, “Old scandal spells new trouble for SDKÚ”,The Slovak Spectator, le 1er février 2010. Disponible sur :.16 Beata Balogová, “Harabin cries foul”, The Slovak Spectator,le 12avril 2010. Disponible sur : .17 Daniel Klimovský, “Slovakia: More development aid, thoughdiscrimination remains”, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Informe 2008, 182–3;et “Slovakia: Revising the plans”, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Rapport2009, 148–49.18 Miroslav Kollár, “Volebná kampaň: Nástup nových médií,”en G. Mesežnikov, O. Európske a prezidentské vol’by 2009(Bratislava: Inštitút pre verejné otázky, 2009), 195–206.19 Inštitút pre verejné otázky, “IVO Barometer : Kvalitademokracie v štvrtom štvrt’roku 2009: mierny pok<strong>les</strong> na3,4”. Disponible sur : (vu le 10 2010).d’affaires délicates. Le droit de réponse automatiquepour quiconque croirait à tort ou à raison, que quelqu’unl’a diffamé ou insulté, et de grosses amendes pour nepas avoir publié ces réponses ont déjà limité la liberté dela presse. Plusieurs politiciens de première ligne se sontdéjà servis de cet instrument ces derniers mois, raisonpour laquelle on le considère un obstacle important pourle journalisme d’investigation. 20La discrimination contre <strong>les</strong> minorités est uneautre tendance qui inquiète. Selon le dernier recensement(2001) il y a près de 90.000 roms en Slovaquie,bien que <strong>les</strong> experts estiment que le chiffre réel se trouveentre 350.000 et 500.000. Le Rapport sur <strong>les</strong> Droits del’homme 2009 <strong>du</strong> Département d’État des États-Unissignale que la discrimination généralisée contre <strong>les</strong> romsa été constatée dans <strong>les</strong> secteurs de l’emploi, l’é<strong>du</strong>cation,<strong>les</strong> services de la santé, le logement et <strong>les</strong> emprunts.Beaucoup de leurs campements manquent d’infrastructureformelle, d’accès à l’eau potable et à des systèmesd’assainissement adéquats 21 . Les enfants roms sontinscrits de façon disproportionnée dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> « spécia<strong>les</strong>» pour handicapés mentaux, malgré des tests quidiagnostiquent souvent qu’ils rentrent dans <strong>les</strong> rangs decapacité intellectuelle standard. Même si la prostitutionenfantine est interdite, elle continue de constituer unproblème dans <strong>les</strong> campements, où <strong>les</strong> roms vivent dans<strong>les</strong> pires conditions.Simultanément la violence xénophobe des skinheadset des groupes néo-nazis contre <strong>les</strong> roms, <strong>les</strong>membres d’autres minorités et <strong>les</strong> étrangers continue.Quelques dirigeants politiques soutiennent indirectementces actions. Ján Slota, co-fondateur et président <strong>du</strong>Parti national slovaque – qui fait partie de la coalition deGouvernement – attaque à plusieurs reprises <strong>les</strong> roms 22ainsi que <strong>les</strong> gays et <strong>les</strong> <strong>les</strong>biennes (il <strong>les</strong> dénomine« malades et scandaleux » ) ; il a récemment cataloguéd’« imbéci<strong>les</strong> » des étudiants qui protestaient contre unemodification à la loi de l’é<strong>du</strong>cation.De même en 2009, plusieurs groupes et associationsultra nationalistes (par exemple Slovenskápospolisost´[Fraternité Slovaque]) ont organisé maintesmanifestations, réunions et défilés dans tout le pays(spécialement dans l’est, où vit une grande partie desroms) pour diffuser leurs messages d’intolérance contreplusieurs minorités ethniques, religieuses et sexuel<strong>les</strong>.Pourtant, c’est la coalition de gouvernement qui encouragesans cesse cette atmosphère nationaliste. Parexemple elle a sanctionné au parlement une polémiquemodification à la Loi de la langue de l’État (qui a donnélieu à l’intervention <strong>du</strong> Haut commissaire pour <strong>les</strong> minoritésnationa<strong>les</strong> de l’OSCE). Le Gouvernement a égalementsanctionné une modification à la Loi de l’é<strong>du</strong>cation quiétablit entre autres qu’il est obligatoire de jouer l’hymnenational slovaque une fois par semaine dans tous <strong>les</strong>instituts d’enseignement publics. n20 Reporters sans frontières, “World Report 2009 – Slovakia,1 May 2009”. Disponible sur : (vu le 5 juillet 2009).21 Tomáš Želinský, “Porovnanie alternatívnych prístupov k odha<strong>du</strong>indivi<strong>du</strong>álneho blahobytu domácností ohrozených rizikomchudoby”, Ekonomický časopis, vol. 58, no. 3, 251-270.22 Roma Press Agency, “Slovak MP Ján Slota insulted Romapeople on the International day of the Romas”, communiquéde presse, le 8 avril 2010. Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 167 Slovaquie


Slovénie10091Les OMD : un objectif très lointain100290Si la Slovénie veut survivre 100sur la nouvelle scène internationale, 99 il faut qu’elle fasse des changements 97 dans <strong>les</strong>50paradigmes sociaux, politiques 100 et économiques. En ce qui concerne 100 l’aide au 100 développement, le pays ne possède 100 pasde stratégie de coopération pour le développement ni de système pour évaluer l’efficacité de l’aide. Il sera difficile quela Slovénie puisse maintenir ses engagements dans le contexte actuel où <strong>les</strong> compressions budgétaires se pro<strong>du</strong>isentBCI of Malta = 97IEG of Malta = 58dans presque tous <strong>les</strong> secteurs. Malgré le succès documenté de leurs projets communautaires, <strong>les</strong> organisations dela société civile sont encore considérées comme des acteurs mineurs dans l’arène <strong>du</strong> développement.0100939Društvo HumanitasRene Suša100En 2007, l’élection à la présidence de l’ancien Secrétairegénéral adjoint aux affaires politiques 53 des NationsIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9896 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 65AutonomisationUnies, M. Danilo Türk, semblait indiquer que la Slovénie43commençait à comprendre l’importance de la0dimension internationale, notamment de la coopération00internationale, pour avoir atteint certains des objectifs1009810010082<strong>les</strong> plus ambitieux de l’actualité. Pourtant, trois ans plus100 100 69100100 100100 71100tard, cet espoir est virtuellement épuisé. Les problèmes Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àmondiaux occupent une position extrêmement secondairepersonnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationdans l’agenda politique, la Slovénie nerespecteIEG of Portugal = 73et son incorporationBCI ofà l’UESloveniaont eu un=impact98<strong>du</strong>rable surla politique d’aide étrangère de la Slovénie. Même si <strong>les</strong>chiffres ne sont toujours pas très encourageants–en2009, le pays a consacré 0,15 % <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieurbrut (PIB) à l’Aide publique au développement (APD) 2– on perçoit clairement une 100 tendance positive au coursde ces dernières années (Figure 931).Par rapport à 2003, le montant de l’APD en 2008a augmenté et représente plus <strong>du</strong> double. Il est à noterqu’une partie considérable de l’APD est constituée decontributions au budget de l’UE : 18,57 millions d’eurosIEG of Slovenia = 6510026en 2007 300Vraisemblablement, la Slovénie atteindra l’objectifciblé de 0,17% <strong>du</strong> PIB en 2010 et de 0,33% 85<strong>du</strong> PIB en100 471002015, selon <strong>les</strong> engagements pris dans le cadre <strong>du</strong>64Consensus de Monterrey et <strong>du</strong> Consensus européenpour le développement. Ces objectifs sont égalementinclus dans la Résolution BCI of Zambia sur la = coopération 75 internationaleIEG of Zambia = 56pour le développement jusqu’à 2015 (adoptéepar l’Assemblée nationale le 11 Juillet 2008) et la Loide Coopération internationale pour le développement 4 .Toutefois, cet engagement sera difficile à maintenirdans le contexte actuel, vu <strong>les</strong> compressions budgétaireseffectuées dans pratiquement tous <strong>les</strong> secteurs.100100pas ses engagements internationaux et le manque desensibilisation <strong>du</strong> public sur ces questions, y comprissur <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement(OMD), est alarmant, surtout chez <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes.La période de « crise » a prouvé que s’il veut survivredans le nouvelle scène 100 mondiale, le pays doit réaliserdes changements radicaux de paradigmes sociaux,politiques et économiques. Une équipe d’experts dansde différentes disciplines (notamment, l’économie, laphilosophie et la protection de l’environnement), encollaboration avec l’ancien médiateur de la république0 6et membre <strong>du</strong> Cabinet, a préparé un document au titreprovocateur : « Où va-t-on après la crise ? » 1 , qui réclamaitprécisément un changement de ce type. Alors34100 49 100que l’article a attiré tout l’intérêt des médias et obtenul’approbation <strong>du</strong> Premier ministre et d’une proportionconsidérable de la population, il a été presque complètementignoré lors de la préparation d’une nouvelle stra-IEG of Yemen = 67tégie de développement pour la période 2010-2013.Les paro<strong>les</strong> et <strong>les</strong> actions provenant d’une mêmesource fonctionnent rarement en tandem dans lasphère politique de Slovénie, et c’est précisément pourcela que la concrétisation des OMD est si difficile à100imaginer. Il semble que le pays n’a tout simplementpas compris qu’il fait partie d’un monde plus vaste etinterconnecté.s/d1 Matjaž Hanžek et al, Kam po krizi (Liubliana, 7 décembre2009). Disponible sur : www.kpv.gov.si/fileadmin/kpv.gov.si/pageuploads/datoteke_dinamika/2009_12/drugo/24dec2009_kam_po_krizi_SLO.pdf> (saisi le 3 mai2010).n/d2 Aleš Verdir, “Challenges of international developmentpolicies”, (En<strong>jeu</strong>x des politiques internationa<strong>les</strong> dedéveloppement) présenté dans un débat public, ministère0des Affaires étrangères (MAE), Liubliana, 16 avril 2010.3 MAE, Proračunn/dEU za programme razvojne pomoči.Disponible sur : (entré le 26 avril 2010).4 Uradni list št.73, Resolucija o mednarodnem razvojnemINGLES BCI of Afghanistan = 0sodelovanju do 2015 (18 juillet 2008). Disponible sur : (saisi le26 avril 2010).Le montant des aides est aussi important que saqualité. Des experts d’Aid<strong>Watch</strong> et de l’Inštitut Ekvilibestiment qu’entre 13 et 20% de l’APD est artificiellementgonflé 5 . Les principa<strong>les</strong> critiques sur la qualitéde l’APD se référent au manque de transparence dans<strong>les</strong> processus de prise de décisions, au faible niveaud’inclusion des acteurs de la société civile dans <strong>les</strong> paysbénéficiaires et à l’absence de projets à long terme, notammenten ce qui concerne <strong>les</strong> ONG (réaliser des projetssur deux ans n’a été possible qu’en 2010). En outre,le mécanisme destiné à surveiller l’impact de l’APD estinsuffisant et la Slovénie ne possède pas encore de planstratégique pour la coopération au développement. À9379l’exception de certaines affiliations politiques et historiques,<strong>les</strong> critères de sélection des pays et des groupes100 100 100cib<strong>les</strong> sont pratiquement inexistants.Eva Marn, présidente de SLOGA (plate-forme del’ONG slovène), met en exergue plusieurs lacunes importantesdans la coopération pour le développement enSlovénie. Elle signale que ce domaine est relativementnouveau dans la politique slovène et que depuis le débutil a été abordé selon une perspective peu professionnelle.Il n’existe aucune agence de coopération au développement,et ce sont des diplomates au ministère desAffaires étrangères (MAE) et non pas des spécialistes <strong>du</strong>développement qui se consacrent n/dà ce sujet 6 . Pendantce temps, <strong>les</strong> diplomates se succèdent et aucun systèmen’est établi pour mesurer l’efficacité de l’aide.Coopération pour le développement : pas destratégie0Alors que l’aide multilatérale 0 a lieu principalement74s/dEn 2004, la Slovénie s’est engagée à fournir s/d une assistanceinternationale. Le fait d’avoir été promue à la74n/dà travers l’UE et <strong>les</strong> institutions des Nations n/d Unies, l’aidebilatérale est essentiellement axée sur <strong>les</strong> pays des Bal-100 100 100catégorie de bailleurs de fonds par la Banque mondiale100 1001005 Ekvilib Inštitut, Slovenija – Aid<strong>Watch</strong> poročilo in priporočila2009: Uradna razvojna pomoč Slovenije, Liubliana, 2009.Disponible sur : (saisi le 26 avril 2010).6 Eva Marn, communication personnelle, 2 mai 2010.10010088100Rapports nationaux 168 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100100100


kans et le sud-est de l’Europe. La Slovénie a négociédes accords avec l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, laMacédoine, la Moldavie, le Monténégro, la Serbie etl’Ukraine et actuellement elle est en train d’élaborer unaccord avec la République <strong>du</strong> Kosovo 7 .Projets de développement et société civileEn 2008 la Slovénie a été témoin <strong>du</strong> premier appelpublic pour présenter des propositions de projets dedéveloppement gérés par des ONG. Huit projets ont étésélectionnés pour une valeur totale de EUR 100.000.On a procédé à un appel similaire en 2009 avec 14projets approuvés pour un total de EUR 265.000 8 . Pourla période 2010-2011, EUR 789.868 ont été versés pour33 projets d’ONG. La plupart des activités (12 d’entre el<strong>les</strong>)auront lieu en Afrique sub-saharienne, neuf projetsauront lieu dans la région occidentale des Balkans, troisen Ukraine et en Moldavie et deux dans d’autres régions<strong>du</strong> monde. Le MAE a également prêté son soutien àsix projets d’é<strong>du</strong>cation globale en Slovénie 9 . C’est lapremière fois qu’un appel de ce type a été lancé dansdes régions hors d’Europe.Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, en2006, une Loi sur la coopération pour le développementet une résolution ultérieure ont été adoptées,mais n’ont pas encore été mises en œuvre. Bien quela société civile, représentée par SLOGA, était d’abordpartiellement impliquée dans le processus, à l’heureactuelle ce n’est plus le cas. Une des conséquencesde cette situation est que la situation des ONG n’estpas précisément définie, comme ne l’est pas non plusl’éligibilité pour le financement, qui souvent n’est pasencore appliquée de façon transparente, sujet qui aégalement été soulevé par <strong>les</strong> experts de l’Organisationpour la coopération et le développement économique10 . En outre, le financement pour le développementn’est pas placé sous la même autorité et il n’y a pas detrésorerie disponible pour arriver aux chiffres promis.Les ONG slovènes travaillant sur <strong>les</strong> questions de développementse sont également plaintes et ont signaléque le MAE ne tient pas ses engagements quand ils’agit de lancer des appels pour présenter des propositions,signer des accords et verser des fonds à temps.Cette absence de réponse entrave un grand nombrede projets.Les projets des ONG soutenus par le MAE représententmoins de 2% de toute l’APD slovène, ce quimontre que <strong>les</strong> ONG sont encore considérées commedes acteurs secondaires dans <strong>les</strong> questions de développement,malgré le succès documenté de leurs projetscommunautaires.7 MAE, Mednarodno razvojno sodelovanje in humanitarnapomoč ,2009, op cit.8 MAE, Izjava za javnost o rezultatih javnega razpisa zasofinanciranje mednarodnih razvojnih in humanitarnihprojektov nevladnih organizacij v 2010 in 2011 (2010).Disponible sur : (saisi le 27 avril 2010).9 MAE, “Rezultati javnega razpisa za sofinanciranjemednarodnih razvojnih in humanitarnih projektov nevladnihorganizacij v 2010 in 2011”, 2010. Disponible sur : (saisi le 27 avril 2010).10 Ekvilib Inštitut, op. cit.TABLEAU 1. APD de la SlovénieFonds consacrés aux APD en millions d’euros504030201000,002002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 20092002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009OMD: une perception très limitéeLa Slovénie n’a pas de stratégie claire dans le domaine del’é<strong>du</strong>cation pour le développement et <strong>les</strong> questions internationa<strong>les</strong>ne sont pas bien intégrées dans <strong>les</strong> programmeset dans le calendrier scolaire. Tandis que <strong>les</strong> ONGet d’autres acteurs clés (<strong>les</strong> enseignants, <strong>les</strong> directeurset <strong>les</strong> experts) participent activement dans ce domaine,leurs efforts ne sont pas coordonnés. Il est difficile deréussir à inclure ces questions lorsque l’attention estcentrée sur des sujets académiques et que l’on ne peutpas compter sur le soutien des institutions compétentes,notamment le ministère de l’E<strong>du</strong>cation et des sports 11En 1994, la Conférence des Nations Unies sur lecommerce et le développement a recommandé qu’aumoins 3 % de l’APD soit consacré à l’é<strong>du</strong>cation sur <strong>les</strong>questions globa<strong>les</strong>. La Slovénie est loin derrière, avec environ0,13 % (EUR 60.000) consacré à cet objectif, ce quiest particulièrement préoccupant en raison des récentesconclusions d’une enquête auprès des <strong>jeu</strong>nes (15-24ans) menée par <strong>les</strong> ONG Društvo Humanitas et ZavodVoluntariat sur <strong>les</strong> OMD 12 . Les résultats ont montré que83 % des <strong>jeu</strong>nes n’ont jamais enten<strong>du</strong> parler des OMD, cequi situe la Slovénie très près de la moyenne européennede 82%. Ces résultats sont très décevants parce qu’ils’agit d’une population qui est encore à l’intérieur <strong>du</strong> processusé<strong>du</strong>catif. Plus des deux tiers des participants ausondage ont également répon<strong>du</strong> négativement lorsqu’onleur a demandé si <strong>les</strong> OMD seraient atteints en 2015 13 .Les chercheurs ont souligné le manque considérablede communication entre <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes, <strong>les</strong> ONG et leGouvernement. L’intérêt potentiel des <strong>jeu</strong>nes à coopéreravec <strong>les</strong> ONG sur <strong>les</strong> questions de développement communesdemeure inexploité. Les faib<strong>les</strong> taux d’inclusiondes <strong>jeu</strong>nes dans <strong>les</strong> projets et le travail des ONG représententdes obstac<strong>les</strong> importants à la généralisation del’intérêt et à la contribution populaire à la concrétisationdes OMD.Selon l’expert en é<strong>du</strong>cation au développementFranci Iskra – de Društvo Humanitas – une meilleurecommunication entre tous <strong>les</strong> niveaux (gouvernement,ONG et la population <strong>jeu</strong>ne) pourrait promouvoir un progrèssignificatif au moins en ce qui concerne la connaissancebasique des OMD 14 . Les fonds des ONG slovènes11 Johannes Krause, “DE <strong>Watch</strong>, Annex I – Country profi<strong>les</strong>,”document inédit, 2010.12 Maja Dolinar in Franci Iskra, “A.W.A.R.E. Grid Local reportSlovenia,” document inédit, 2010.13 Ibid.14 Franci Iskra, communication personnelle, 2 mai 2010.0,150,100,05APD en % <strong>du</strong> PIBSource : Ministère des Affaires étrangères 15 , SLOGA 16 .sont limités et leur personnel est insuffisant pour faireface à ce problème de manière efficace. Un autre facteurlimitant est la fragmentation des ONG, qui se spécialisentgénéralement dans un ou deux domaines. Leursactivités sont très diverses et dans de nombreux cas necontribuent qu’indirectement à la réalisation des OMD.Le Gouvernement a aussi des problèmes semblab<strong>les</strong>à ceux <strong>du</strong> secteur des ONG dans la mesure où chaquesection travaille dans son domaine sans adopter uneapproche intégrée.Une autre question essentielle qui se pose est lacohérence des politiques. Cette dernière laisse beaucoupà désirer, pas seulement au niveau de l’UE, où leterme est devenu un mot à la mode, mais aussi à l’échellenationale. Cela est particulièrement évident si l’on considèrela réalisation de l’objectif 7 : assurer la <strong>du</strong>rabilitéenvironnementale. Selon le Dr Dušan Plut, un experten protection de l’environnement, <strong>les</strong> niveaux actuelsd’émission de gaz à effet de serre et d’épuisement desressources naturel<strong>les</strong> 15 en Slovénie sont entre deux etquatre fois supérieurs à ceux considérés comme acceptab<strong>les</strong>au niveau international. En général, le payscontinue à accroître sa pression sur l’environnement etson développement économique est partiellement basésur l’épuisement <strong>du</strong> capital environnemental. Cependant,malgré <strong>les</strong> avertissements répétés des principaux spécialistesde l’environnement, des ONG et des évaluateursexternes, le pays continue à opter pour des technologiesobsolètes qui sont coûteuses et d’un point de vue énergétique,inefficaces.Par exemple, une nouvelle centrale thermiquefonctionnant au charbon est actuellement prioritaire surl’agenda politique comme un des piliers des nouvel<strong>les</strong>sources d’énergie en Slovénie ; ce projet controverséest présenté comme une solution « amicale envers l’environnement». Ceci est très préoccupant étant donnéque le pays a déjà reçu de sérieux avertissements et dessanctions économiques en raison de l’augmentationdes émissions de CO 2et <strong>du</strong> manquement aux accordsde Kyoto. Le coût total des sanctions est estimé à EUR80 millions, c’est-à-dire environ le double <strong>du</strong> montant del’APD slovène 16 . n15 Dušan Plut, Trajnostni razvoj med mavrico teorij in skromnoprakso (2010). Disponible sur : (saisi le 2 mai2010).16 Keith Mi<strong>les</strong>, “Osemdeset milijonov je evrov težka obdavčitevSlovenije ni pravična”, Finance 150, 2009. Disponible sur :.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 169 Slovénie


Somalie100n/dÀ la merci des pirates10073100s/dn/d0n/dÉtant l’un des pays <strong>les</strong> moins développés <strong>du</strong> monde, 90 la Somalie dépend de l’assistance internationale.s/d96100 100 L’aide est cependant 100 rare 100 et insuffisante en raison de 100la crise économique 100 mondiale. Par ailleurs, 100 <strong>les</strong>donateurs sont peu disposés à se confronter aux groupes armés de la région ainsi qu’aux autoritésnationa<strong>les</strong>. Les ressources obtenues par le biais de la piraterie sont presque aussi importantes que cel<strong>les</strong>8 BCI of Myanmar = 77provenant de la Commission européenne (CE). Dans une société sans égalité des sexes comme laSomalie, ce sont <strong>les</strong> femmes qui subissent <strong>les</strong> pires effets de la guerre et de la pauvreté.069 s/d690100Somali Organisation for CommunityDevelopment Activities (SOCDA) hébérgeantIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Européenne (UE) et le Programme des Nations Uniesle Secrétariat de la coalition SW 100Somalia100pour le développement 100 (PNUD) ont lancé un projetICB = 57Ali Mahamoud OsobleEnfants atteignant d’urbanisation de trois ans et de USD 8 millions destinéà toutes <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> et villages de la Somalie, centréla cinquième année59 d’éco<strong>les</strong>/dAprès 20 ans de conflits internes, la Somalie est régiesur l’infrastructure, <strong>les</strong> services de base, l’aménage-par une logique belliqueuse. Plusieurs groupesment et la conception en zones urbaines.22armés s’affrontent entre eux et se sont emparés <strong>du</strong>En raison de la dégradation de la situation000pays depuis le début de 1991. Les nombreuses tentativesde la communauté internationale pour établird’aide, le Programme alimentaire mondial (PAM) ahumanitaire et de la forte augmentation <strong>du</strong> besoins/ds/d9580la paix entre ces groupes n’ont pas eu de résultats33lancé un projet opérationnel spécial en février 2005100 1005774 100100 100100 100100clairs et la violence et la pauvreté ont continué à se Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’à afin de réhabiliter <strong>les</strong> ports de Mogadiscio et de Kismayopropager. À cause de cette situation chaotique, cela personnel médical spécialisél’âge de 5 anset d’éliminer <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> réseaux rou-58fait déjà plusieurs années que l’on n’effectue pas detiers <strong>du</strong> Bas Juba, <strong>du</strong> Moyen Juba et des régions deIEG of Nepal = 51mesures internationa<strong>les</strong> de la pauvreté, mais l’on profiter des aspectsBCI ofpositifsSomalia<strong>du</strong> commerce= 57mondial, Bay et de Bakol, pour faciliter la distribution de l’aideestime que plus de 43 % de la population vit dans <strong>du</strong> transfert de technologies, <strong>du</strong> flux de capitaux ou alimentaire d’urgence dans le sud de la Somalie. Enl’extrême pauvreté, avec des revenus inférieurs à des programmes universellement accordés comme mars 2008, le PMA a prolongé le projet d’un an grâceUSD 1,00 par jour 1 .<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement à l’accord d’environ USD 13 millions.L’insécurité, l’instabilité et le manque d’un Gouvernement(OMD). Le manque d’investissement et d’attention a En décembre 2004, le raz de marée qui s’estcentral n’ont pas 100 permis aux Somaliens surtout touché l’infrastructure, 100 le secteur pro<strong>du</strong>ctif, abattu sur <strong>les</strong> pays de l’Asie 100 <strong>du</strong> Sud-est a atteint <strong>les</strong>de profiter des richesses de leurs ressources naturel<strong>les</strong>la santé, l’é<strong>du</strong>cation et l’égalité 87des sexes.côtes somaliennes. L’UNICEF et le Bureau pour laet ont complètement paralysé de nombreuxcoordination des affaires humanitaires de l’ONU (si-secteurs. L’économie est en grande partie portée par L’infrastructure, l’aide et la piraterie gle anglais : OCHA) ont annoncé qu’ils accorderaientdes activités indivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong> et la plupart 4144des gens s’en La guerre civile a causé la dévastation totale de l’infrastructureplus de USD 1,5 million pour la réinstallation et lasortent avec des moyens de survie tels que le ramassagephysique <strong>du</strong> pays. Si l’ONU a annoncé reconstruction <strong>du</strong> tronçon côtier le plus affecté, auet la vente de bois ou la mendicité. Beaucoup de00qu’en 2007 elle consacrerait USD 253 millions à la0Nord-est <strong>du</strong> pays, qui a subi de graves dégâts engens se privent simplement de repas. Ainsi la Somalieest progressivement devenue un bénéficiaire 98 net montant a été destiné à des programmes 98 alimen-de vie.98reconstruction de la Somalie, plus de 55 % de ce termes d’approvisionnement en eau et de moyens87 8799100 100 72100100 100100 61100100de l’assistance, surtout de l’assistance humanitaire. taires et de réinstallation pour faire face à la grande Les revenus économiques de la piraterie obtenusD’autre part, <strong>les</strong> donateurs internationaux sont peu famine et à l’une des pires situations de déplacementavec <strong>les</strong> rançons joueraient apparemment un= 96disposés à traiter avec <strong>les</strong> groupes qui contrôlent de personnes en Afrique. Ces deux opérations ont rôle clé dans le développement <strong>du</strong> pays. Les vil<strong>les</strong> seIEG of Thailand = 70<strong>les</strong> diverses régions et restreignent également le absorbé la quasi BCI totalité of Venezuela, des fonds. RB = 91IEG of Venezuela = 68sont éten<strong>du</strong>es et on a le sentiment actuellement queIversement de fonds aux autorités somaliennes en La capitale <strong>du</strong> pays, Mogadiscio, a connu <strong>les</strong> piresl’accélération de la construction d’immeub<strong>les</strong> neufsraison <strong>du</strong> manque de transparence et l’inexistenceconséquences de la guerre. Pendant <strong>les</strong> conflits, dans tout le pays – y compris à Mogadiscio – estd’une reddition des comptes.<strong>les</strong> services publics – l’électricité, l’eau, le traitement essentiellement financée par <strong>les</strong> pirates.Les nombreuses crises qui frappent le monde des eaux usées, <strong>les</strong> télécommunications et le réseauont en outre un effet direct sur la population. Comme routier – ainsi que <strong>les</strong> systèmes bancaires ont été Le secteur pro<strong>du</strong>ctif<strong>les</strong> principaux donateurs ont consacré leurs ressourcescomplètement détruits. Après deux décennies de L’agriculture est le secteur le plus saillant de l’éco-à étayer <strong>les</strong> entreprises affaiblies dans leur propre chaos, <strong>les</strong> services téléphoniques et <strong>les</strong> systèmes nomie et représente 60 % <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieur brutpays, l’Aide publique au développement (APD) s’est d’eau et d’électricité seraient <strong>les</strong> seuls à se rétablir (PIB). Les cultures principa<strong>les</strong> sont le sorgo, le sucreré<strong>du</strong>ite. Le manque de politiques en matière de sécuritégrâce à de lourds investissements <strong>du</strong> secteur privé. et le maïs 2 . Cependant, il n’y a quasiment pas d’in-alimentaire et de souveraineté a ren<strong>du</strong> la Somalie On a cependant plus investi dans <strong>les</strong> télécommunivestissementsdans ce secteur, et le pays craint sansextrêmement vulnérable aux effets des techniques cations que dans l’eau et l’électricité réunies. Dans cesse la famine et le manque de nourriture, surtoutagrico<strong>les</strong> déficientes, <strong>du</strong> faible investissement dans <strong>les</strong> régions <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> pays, l’investissement et le lorsqu’il est en proie à la sécheresse. On prévoit toutefoisle secteur pro<strong>du</strong>ctif et <strong>du</strong> changement climatique. financement restent rares et se fondent sur <strong>les</strong> bénéficespour 2010 une bien meilleure pro<strong>du</strong>ction agri-Ce climat délétère ne permet pas aux Somaliens deet la rentabilité.cole dans le sud <strong>du</strong> pays en raison des précipitationsLa plupart des fonds – à part ceux de la Commissionqui ont été plus intenses ces sept dernières années.européenne – se concentrent dans la région1 PNUD Somalie, “Progress in achievement of MDGs in<strong>du</strong> centre-sud et sont destinés à des projets d’approvisionnementen eau des régions affectées par de la Somalie”). Voir sur : .660 77Rapports nationaux 170 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


Environ 50 % de la population est nomade etse consacre à l’élevage, qui représente <strong>les</strong> deux tiersde la valeur économique de la pro<strong>du</strong>ction agricole et<strong>les</strong> deux tiers <strong>du</strong> revenu provenant des exportations.Les Somaliens se consacrent aussi à la pêche pour laconsommation mais pas à grande échelle 3 .Jusqu’à l’heure actuelle, on n’a pas réalisé d’investissementssignificatifs dans le secteur pro<strong>du</strong>ctif.Cependant, <strong>du</strong>rant la période de pèlerinage de 2009,l’Arabie Saoudite a levé l’interdiction d’importer <strong>du</strong>bétail de Somalie qui avait cours depuis 9 ans. Selon<strong>les</strong> commerçants locaux, sur le marché de Burao,dans la région de Togdheer, au nord <strong>du</strong> pays, <strong>les</strong>ventes se sont multiplié par dix ces derniers temps.Ces investissements ont apporté un soulagementsurtout pour <strong>les</strong> bergers et <strong>les</strong> Somaliens en généralet constituent un bon auspice pour <strong>les</strong> perspectivescommercia<strong>les</strong> dans le nord <strong>du</strong> pays.Par ailleurs, en mars 2010, la Banque islamiquede développement et le Fonds international de développementagricole (FIDA) ont signé un accord pourconstituer un fonds commun de USD 1,5 milliardpour la mise en place de projets de développementen Afrique et en Asie. Il reste à voir quels en seront <strong>les</strong>effets sur le secteur agricole somalien.Les services de santéPendant le régime militaire de Siad Barre (1969-1991), la situation de la santé s’est améliorée et ily a eu une augmentation <strong>du</strong> personnel médical etdes installations sanitaires, bien que cela n’ait passuffi à couvrir <strong>les</strong> besoins des Somaliens. La chute<strong>du</strong> régime en janvier 1991 a donné lieu à une dégradationde la situation sanitaire. Si la variole avaitdéjà été quasiment éliminée, <strong>les</strong> épidémies sporadiquesde rougeole ont eu des effets dévastateurs. Laprévalence élevée de maladies a reflété l’instabilitéambiante, la malnutrition et l’insuffisance des soinsmédicaux.Dans <strong>les</strong> années 90, la santé publique s’est dégradéeet le Gouvernement a cessé de prêter dessoins de santé gratuits ; la santé privée s’est généraliséedans <strong>les</strong> plus grandes vil<strong>les</strong>. Heureusement,certaines organisations médica<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong>sont arrivées dans <strong>les</strong> régions <strong>du</strong> sud, y compris Mogadiscio.L’organisation Médecins sans frontières(MSF) et le Comité International de la Croix-Rouge(CICR) par exemple ont fait venir par exemple desmédecins de différents pays et ont distribué desmédicaments gratuitement aux personnes qui enavaient besoin. Dans <strong>les</strong> grands hôpitaux, ils ontégalement engagé <strong>du</strong> personnel soignant et infirmiersomalien pour travailler aux côtés des méde-3 Ibid.cins étrangers. Bien que MSF et le CICR aient dûensuite abandonner le pays en raison de l’insécuritéambiante, ces médecins somaliens ont continué deprêter une assistance médicale gratuite.L’é<strong>du</strong>cationAu milieu <strong>du</strong> chaos qui a suivi la chute <strong>du</strong> présidentBarre, le secteur de l’é<strong>du</strong>cation s’est effondré. EnSomalie, l’é<strong>du</strong>cation et <strong>les</strong> opportunités d’apprentissageen classe sont limitées. Même si le pays a connuune augmentation significative <strong>du</strong> nombre d’éco<strong>les</strong>et <strong>du</strong> taux d’inscription, il existe toujours d’énormesdisparités dans la qualité et l’accès à l’é<strong>du</strong>cationprimaire dans de nombreuses régions, <strong>du</strong>es à lasituation anarchique.La plupart des éco<strong>les</strong> se concentrent dans <strong>les</strong>vil<strong>les</strong> principa<strong>les</strong> et leurs alentours et sont financéespar <strong>les</strong> parents et <strong>les</strong> communautés. Selon l’Enquêtesur <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> primaires en Somalie 2003-2004, « ilexiste 1.172 éco<strong>les</strong> en fonctionnement, avec un totalde plus de 285.574 enfants inscrits (fil<strong>les</strong> et garçons),ce qui représente un taux de 19,9 % d’inscriptionbrute. Ceci place la Somalie parmi <strong>les</strong> pays avecle taux d’inscription le plus faible <strong>du</strong> monde » 4 . Il aété impossible de recueillir des informations danscertaines régions inaccessib<strong>les</strong> à cause des inondationset de l’insécurité.Sur une population d’un peu plus de huit millions,environ un million d’enfants ne vont pas àl’école, et selon l’UE 5 la plupart d’entre eux sont desfil<strong>les</strong>. Cette réalité a prévalu pendant de nombreusesannées et a causé des disparités de genre dans ledomaine de l’alphabétisation des a<strong>du</strong>ltes. Seul unquart des femmes (25,8 %) est alphabétisé alors quela proportion est de 49,7 % pour <strong>les</strong> hommes 6 .Le Réseau d’é<strong>du</strong>cation scolaire privée de Somalie(en anglais : FPENS), un réseau d’institutionsé<strong>du</strong>catives fondé à Mogadiscio en 1999, travailleaujourd’hui assidûment pour rétablir <strong>les</strong> installationsé<strong>du</strong>catives et pour fournir <strong>les</strong> services é<strong>du</strong>catifs donton a tant besoin. En 2007, il a atteint le nombre de150 éco<strong>les</strong> affiliées, soit plus de 90.000 élèves 7 . L’ob-4 UNICEF, Somalia: E<strong>du</strong>cation (“Somalie : l’é<strong>du</strong>cation”). Voirsur : .5 Union européenne , The EU marks International Women’sDay on 8 March 2010, recognizing the essential roleof Somali women in peace and development (“L’UEcommémore la Journée internationale de la femme le 8mars 2010 et reconnaît le rôle fondamental de la femmesomalienne pour la paix et le développement”), communiquéde presse. Voir sur : .6 Index Mundi, Somalia Literacy (“Alphabétisation enSomalie”). Voir sur : .7 Lee Cassanelli y Farah Sheikh Abdikadir, Somalia: E<strong>du</strong>cationin Transition (“La Somalie : une é<strong>du</strong>cation en transition”),dans Bildhaan: An International Journal of Somali Studies,Vol. 7, 2007.Voir sur : .jectif de la FPENS est d’aider au transfert de savoirfaire,de connaissances et d’information entre <strong>les</strong>organisations membres.C’est la femme qui souffre le plusEn Somalie c’est la femme qui souffre le plus descatastrophes naturel<strong>les</strong>, ainsi que de cel<strong>les</strong> causéespar <strong>les</strong> êtres humains. La discrimination de genre estprofondément ancrée dans la société et l’insécuritérésultant de plus de 20 ans de guerre civile n’a faitqu’aggraver davantage la situation des femmes dansun milieu dominé par <strong>les</strong> hommes. Dans cette sociétébrisée par la guerre, <strong>les</strong> hommes ont recours auxarmes pour obtenir le contrôle de la scène politique.Ce même pouvoir est employé pour exclure <strong>les</strong> femmesdes postes ouvrant à la prise de décisions. Dansce contexte, la violence contre <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> fil<strong>les</strong>est devenu un gros outil de pouvoir politique.Plus encore, <strong>les</strong> rivalités autour des ressourceset <strong>du</strong> pouvoir font pencher la balance en défaveurdes femmes, qui ont chaque fois moins d’accès auxcapitaux, y compris la propriété foncière et le bétailqui ont une très grande valeur dans <strong>les</strong> communautésagrico<strong>les</strong> et de bergers nomades. Le fait deconsacrer plus d’argent à l’armement et aux milicesa des conséquences directes sur <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong>autres groupes vulnérab<strong>les</strong>. Cel<strong>les</strong>-ci ne participentpresque pas aux actions militaires mais par le faitmême d’être des civils désarmés, el<strong>les</strong> subissentdes massacres, des b<strong>les</strong>sures, des viols, des déplacementset d’autres types d’abus qui <strong>les</strong> frappentphysiquement et moralement.ConclusionDe nos jours, des millions de Somaliens restent enlisésdans la pauvreté et il est fort improbable que lepays puisse tirer profit des ambitieux programmesinternationaux et régionaux, tels que ceux de l’OMD,le Plan d’action de Bruxel<strong>les</strong>, la Nouvelle alliance pourle développement en Afrique et <strong>les</strong> Accords d’allianceéconomique, qui pourraient contribuer à améliorerla situation. La plupart des maigres fonds accordéspour la construction et <strong>les</strong> services de base trouventsans doute leur origine dans <strong>les</strong> catastrophes naturel<strong>les</strong>,<strong>les</strong> initiatives de la Commission européenne,<strong>les</strong> bénéfices générés par <strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> revenusde la piraterie. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 171 Somalie


Suisse61Une APD qui stagne et une pauvreté non résolue1000En juin 2010, après deux ans d’obstac<strong>les</strong>, le Gouvernement 81 suisse a finalement présenté une proposition visant à3947accroître son APD. Les pressions 100 internationa<strong>les</strong> ont contraint 100 ce paradis 100 fiscal à faire quelques concessions 77 100 : <strong>les</strong>ecret bancaire commence à disparaître. Toutefois, le manque de disposition de la Suisse à fournir des informationsconcernant <strong>les</strong> délits fiscaux demeure pratiquement le même. Bien que l’État soit d’accord avec l’ouverture desBCI of Nigeria = 61IEG of Nigeria = 44frontières à des fins commercia<strong>les</strong>, il continue à mettre des barrières pour freiner l’immigration provenant de paysnon européens. Le Conseil fédéral a élaboré une loi qui prévoit le gel et le rapatriement des actifs volés.1000910082Alliance Sud – Swiss Alliance of Development OrganisationsJusqu’à présent la Suisse a relativement bien résisté à la criseéconomique actuelle. Il est vrai que le Pro<strong>du</strong>it intérieur brut(PIB) a diminué de 1,5 % en 2009 et que d’ici à la fin de l’année2010, le taux de chômage officiel pourrait augmenter etatteindre 4,5 % ou 5 %, un pourcentage élevé pour <strong>les</strong> standardsde la Suisse. Toutefois, en comparaison avec l’Unioneuropéenne, où le chômage est de 10 %, et avec <strong>les</strong> pays <strong>les</strong>plus pauvres <strong>du</strong> Sud <strong>du</strong> monde, ce petit pays situé au cœurde l’Europe n’a pas trop de soucis à se faire dans ce domaine.La Suisse a préservé sa capacité de résistance en dépit de lafaible envergure de ses programmes de relance économique(un total de CHF 2,5 milliards/ EUR 1,7 milliard) par rapportà ceux des autres pays in<strong>du</strong>strialisés. En effet, une économiefortement orientée vers <strong>les</strong> exportations a permis au paysde s’appuyer sur des plans de relance mis en place par sesprincipaux partenaires commerciaux.Les perspectives pour l’année prochaine ne s’avèrentpas plus mauvaises. L’économie 100 a expérimenté une croissancedepuis septembre et on s’attend à une croissancetotale de 1,4 % pour l’année 2010. Malgré 74 la crise financière,en 2009 le budget présentait un excédent de CHF 2,7 milliards(EUR 1,8 milliard). Le Gouvernement majoritaire dedroite continue à appliquer une politique d’austérité rigide. Au0début de l’année, le Gouvernement a décidé d’appliquer uneré<strong>du</strong>ction radicale des dépenses publiques de l’ordre de CHF5 milliards (EUR 1 milliard) par an entre 2011 et 2013. 98 Les intentionsde ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> prestations socia<strong>les</strong> ont engendré une100 58100forte réaction contre la politique gouvernementale avec troisquarts des votants qui ont rejeté <strong>les</strong> compressions <strong>du</strong> régimede retraite lors d’un référen<strong>du</strong>m lancé par <strong>les</strong> syndicats débutmars. Cette défaite est un indicateur de la forte oppositionque vont engendrer <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions des services sociaux prévuespar le Gouvernement et par la majorité parlementairede centre-droite, comme cel<strong>les</strong> concernant l’assurance-chômageet l’âge de la retraite pour <strong>les</strong> femmes.100La stagnation de l’APDDès le début, le Gouvernement suisse a donné un solideappui verbal à la Déclaration <strong>du</strong> millénaire et aux Objectifs <strong>du</strong>millénaire pour le développement (OMD), 25 mais ce soutienne s’est jamais tra<strong>du</strong>it par des actions 0 concrètes. Dans unetentative pour augmenter l’engagement envers <strong>les</strong> OMD,en mai 2008 une alliance composée de plus de 70 ONG54100 62 100et de différents syndicats et organismes de protection del’environnement, a déposé une demande signée par plusde 200.000 personnes exigeant que le Gouvernement augmentel’APD à 0,7 % <strong>du</strong> RNB.Cette quantité exceptionnelle de signatures a eu unerépercussion : vers la fin de 2008, le Parlement a approuvéIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9893 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 6210099100 100Accouchements assurés par <strong>du</strong>personnel médical spécialiséSurvivance jusqu’àl’âge de 5 ansune augmentationBCIdeofl’APDSwitzerlandà au moins 0,5= 98% <strong>du</strong> RNB d’ici à2015. Toutefois, jusqu’à l’heure actuelle, le Gouvernement arefusé de fournir le crédit nécessaire en invoquant la situationéconomique instable. Au printemps 2011, le Parlementprendra une décision finale. Pour atteindre le chiffre de0,5 % le pays devrait ajouter 100 environ 99 CHF 2 milliards (EUR1,5 milliard) à l’APD d’ici à 2015.Officiellement, l’APD suisse a atteint 0,47 % <strong>du</strong> RNBen 2009. Toutefois, une grande partie de cette assistance estune « aide fantôme » (allocations surévaluées erronémentclassées comme aides ou qui ne contribuent nullement à0aider la population pauvre). Les dépenses destinées auxdemandeurs d’asile qui se trouvent déjà en Suisse et <strong>les</strong>100assignations nomina<strong>les</strong> de la dette bilatérale déjà 100soldée100 100depuis longtemps représentaient 22 % <strong>du</strong> total. En excluantces catégories, l’augmentation de l’APD équivaudrait en faità environ 0,36 % <strong>du</strong> RNB.Dans le même temps, il existe une tendance croissanteà exploiter l’aide au développement dans le domaine de la politiqueextérieure. Le Secrétariat d’État aux Affaires économiques,le second membre le plus important de la coopérationpublique au développement après l’Agence suisse pour ledéveloppement et la coopération (SDC), est en train d’abandonner<strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moins développés 87 pour se concentrer sur100<strong>les</strong> pays à revenu moyen, comme la Colombie, l’Indonésie etl’Afrique <strong>du</strong> Sud, auxquels la Suisse a manifesté son intérêtpour développer <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong>.En outre, il est probable que l’argent destiné à financer<strong>les</strong> politiques sur le changement 0 climatique dans le sud proviennede l’APD et non pas d’autres financements. Lors de laConférence sur le climat tenue à Copenhague en décembre 98100 1002009, la Suisse s’est engagée à allouer un total de CHF 150millions (EUR 100 millions) pour l’adaptation et la protectiondes pays <strong>du</strong> Sud, entre 2010 et 2012. Il n’est pas clair d’oùviendront ces fonds. La SDC et <strong>les</strong> ONG pour le développementinsistent sur le fait que le financement des politiques climatiquesne devrait pas interférer avec l’objectif de ré<strong>du</strong>ire laActivité économiqueAutonomisation92100 71100É<strong>du</strong>cationIEG of Switzerland = 62pauvreté ; c’est-à-dire, qu’il ne devrait pas provenir de l’APD. Ilreste à voir si ces positions réussiront à s’imposer.Outre <strong>les</strong> problèmes dûs à l’insuffisance de l’APD, lemanque de cohérence de la politique suisse en ce qui concerne<strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud représente un autre point d’achoppement.Comme décrit ci-dessous, 100 dans le domaine des politiquesrelatives au secteur financier et commercial et à l’immigration,la Suisse est en train de compromettre <strong>les</strong> objectifs explicites48de son travail pour contribuer au développement, c’est-à-dire,lutter contre la pauvreté et promouvoir <strong>les</strong> droits de l’Homme.La Suisse possède <strong>les</strong> mécanismes nécessaires pour mettreen œuvre des politiques cohérentes. Cependant, comme0l’indique son refus d’augmenter l’APD, le Gouvernement n’apas la volonté politique de le faire. La seule solution serait 97 d’intro<strong>du</strong>ireun mécanisme d’évaluation de toutes <strong>les</strong> décisions72gouvernementa<strong>les</strong>, <strong>les</strong> lois et <strong>les</strong> politiques sectoriel<strong>les</strong> afind’établir quels sont leurs effets sur le développement. Unemesure qui est très loin de se concrétiser.100100 100 100Des politiques commercia<strong>les</strong> agressivesLors de la Conférence ministérielle de l’OMC tenue à HongKong en 2005, la Suisse s’est manifestée fermement à faveur<strong>du</strong> libre accès au marché pour <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus pauvres et, en100avril 2007 la Suisse a permis le libre accès au marché pour <strong>les</strong>pro<strong>du</strong>its des pays <strong>les</strong> moins avancés (PMA). Tous <strong>les</strong> tarifsdouaniers et <strong>les</strong> quotas ont été officiellement 52 supprimés, ensoutenant ainsi l’initiative de l’UE : « Tout sauf des armes ».Cependant, tel que l’a démontré Alliance Sud, il reste encoredes taxes douanières occultes 0 1 . Ces impôts sont perçussur toutes <strong>les</strong> importations de sucre, de riz, de café et d’hui<strong>les</strong>94comestib<strong>les</strong>, même cel<strong>les</strong> 51 provenant des PMA, grâce 99 à une100 100 100taxe appelée « contribution au fonds de garantie » qui financedes réserves alimentaires pour assurer que le pays soit suffisammentapprovisionné en cas de guerre, de catastrophes76 IEG of Eritrea = 47 BCI of El Salvador = 91 IEG of El Salvador = 680IEG of Spain = 77 BCI of france= 99 IEG of france 7287 871001 Voir : .02310010010010090Rapports nationaux 172 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010073


naturel<strong>les</strong> ou autres crises. Alliance Sud a dénoncé cette violation<strong>du</strong> principe de libre accès au marché et a exigé l’abolitionimmédiate de cette taxe. Il est incompréhensible que <strong>les</strong> PMA,comme l’Éthiopie, le Bangladesh et le Cap-Vert, soient responsab<strong>les</strong><strong>du</strong> financement indirect des stocks d’urgence d’undes pays <strong>les</strong> plus riches <strong>du</strong> monde. Cette taxe occulte permetde collecter environ CHF 12 millions par an ; son annulationn’entraînerait pas de problème financier.La politique commerciale bilatérale <strong>du</strong> pays en ce quiconcerne <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud a des conséquences plus graves.La Suisse fait partie de l’Association européenne de libreéchange(EFTA, selon le sigle en anglais) qui inclut égalementla Norvège, l’Islande et le Liechtenstein, et c’est la force motricequi encourage <strong>les</strong> accords de libre-échange avec <strong>les</strong> paystiers. En outre, la Suisse tente en permanence d’ajouter desdispositions qui vont au-delà des règ<strong>les</strong> de l’OMC pour protéger<strong>les</strong> droits de propriété intellectuelle et pour l’accès auxmarchés des pro<strong>du</strong>its in<strong>du</strong>striels et des services financiers,des acquisitions publiques et des investissements.Ces dispositions peuvent avoir des effets très négatifssur <strong>les</strong> pays partenaires, y compris sur le droit à la santé, lapolitique in<strong>du</strong>strielle et <strong>les</strong> droits de l’Homme. Par exemple,la Suisse exige l’extension de la protection des brevets et desdroits de propriété exclusifs sur <strong>les</strong> résultats des recherchespour favoriser ses laboratoires pharmaceutiques et ses compagniesagroalimentaires (Novartis, Roche, Syngenta, etc.).Ces restrictions déterminent qu’il soit extrêmement difficilepour <strong>les</strong> pays pauvres de pro<strong>du</strong>ire des médicaments génériqueset de fournir des médicaments à bas prix à leurs habitants.El<strong>les</strong> peuvent également affecter la sécurité alimentairesi <strong>les</strong> agriculteurs perdent la possibilité d’accéder librementaux semences. Dans <strong>les</strong> négociations en cours sur un accordde libre-échange avec l’Inde, la Suisse a l’intention d’obtenirdes ré<strong>du</strong>ctions draconiennes dans <strong>les</strong> taxes douanières in<strong>du</strong>striel<strong>les</strong>,ce qui augmenterait la possibilité pour ses sociétésd’accéder au marché. Cette attitude ne tient pas comptede l’importance des droits de douane pour <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud,autant comme source de financement pour le développementque comme instrument de politique in<strong>du</strong>strielle.En 2009, la Suisse est devenue le premier pays développéqui a ratifié un accord de libre-échange avec la Colombie.Jusqu’à présent, la Norvège et <strong>les</strong> États-Unis avaient refuséde ratifier des accords similaires en raison des antécédentsquestionnab<strong>les</strong> de la Colombie concernant <strong>les</strong> droits del’Homme. Le Gouvernement suisse a réussi à vaincre desobjections similaires provenant de son propre Parlement, ensignalant que <strong>les</strong> accords commerciaux ne devraient pas êtreliés aux droits de l’Homme ni aux normes environnementa<strong>les</strong>: le commerce passe avant l’éthique.Les investissements directs étrangersfavorisent peu <strong>les</strong> pays pauvresLes opposants à l’augmentation de l’APD invoquent souventle fait que <strong>les</strong> investissements directs suisses dans leSud contribuent à la création d’emplois et, par conséquent,sont plus importants que l’aide au développement pour ledéveloppement <strong>du</strong>rable. À vrai dire, <strong>les</strong> pays pauvres ne sontbénéficiés que marginalement. Les Investissements directsétrangers (IDE) suisses sont exceptionnellement élevés : <strong>les</strong>investissements nouveaux ont totalisé EUR 45,2 milliardsen 2007 et EUR 37 milliards en 2008 2 , mais <strong>les</strong> pays nonin<strong>du</strong>strialisés n’ont reçu que EUR 9,7 milliards en 2007 et EUR2 Banque nationale suisse : Direktinvestitionen 2008, Berne,décembre 2008, A3.8,3 milliards en 2008, et seulement 3 % <strong>du</strong> total de 2008 à étédirigé vers <strong>les</strong> pays moins développés ou à faible revenu 3 .La ségrégation dans <strong>les</strong> politiques migratoiresBien que la Suisse défende l’ouverture des frontières pour lecommerce des biens et des services, en ce qui concerne lacirculation des personnes, le pays s’isole de l’immigrationprovenant des pays non européens. Seuls <strong>les</strong> migrants hautementqualifiés peuvent s’attendre à obtenir un permis detravail dans ce prospère pays alpin. Les immigrants moinsqualifiés provenant de pays en voie de développement ouqui n’appartiennent pas à l’UE ont peu de possibilités detravailler légalement en Suisse. De cette façon, la Suissen’offre pas de possibilités aux migrants qui pourraientcontribuer au développement de leurs pays d’origine (parle biais d’envois de fonds ou l’acquisition de compétences).Cette politique d’immigration très restrictive a con<strong>du</strong>it à unesituation dans laquelle des dizaines de milliers de personnesvivent et travaillent illégalement. On a estimé que ces migrants,souvent appelés <strong>les</strong> sans-papiers, sont entre 90.000et 180.000 personnes. Au printemps 2010, le Parlementa finalement décidé que <strong>les</strong> enfants des sans-papiers nonseulement pourraient aller à l’école (ils étaient déjà autorisésà le faire) mais pourraient aussi recevoir une formationprofessionnelle. Toutefois, cette autorisation ne leur donnepas droit à un statut civil, et leurs parents courent toujours lerisque d’être rapatriés.Dans ce cadre, le mandat reçu par la SDC de la part <strong>du</strong>ministre des Affaires étrangères pour la rédaction d’un nouveauprogramme d’immigration dans le but, entre autres, defaire cesser l’immigration « indésirable » provenant de paysnon européens, est particulièrement regrettable. La directive<strong>du</strong> ministre a provoqué une gêne considérable, même au sein<strong>du</strong> Comité d’aide au développement de l’OCDE (CAD). Lors <strong>du</strong>dernier Examen par <strong>les</strong> pairs réalisé en Suisse (2009), il a étédéclaré que le pays « doit veiller à ce que sa contribution audéveloppement ne soit pas au service d’une politique d’immigrationqui sous-estime <strong>les</strong> besoins <strong>du</strong> développement » 4 .Un paradis fiscal déchuUn facteur positif est que le célèbre principe des banquessuisses de refuser la divulgation de renseignements auxautorités fisca<strong>les</strong> étrangères s’est vu considérablement affaiblien 2009. La nouvelle volonté de permettre une plusgrande transparence dans l’échange d’information et decontribuer aux efforts visant à lutter contre l’évasion fiscaleest une concession à la pression internationale. Malgré cesréformes, la Suisse n’a pas encore modifié sa politique d’informationsur <strong>les</strong> questions fisca<strong>les</strong> concernant <strong>les</strong> pays envoie de développement.Des estimations prudentes suggèrent que <strong>les</strong> banquessuisses gèrent au moins USD 360 milliards en actifs privésnon imposab<strong>les</strong> provenant des pays en voie de développement.Pour <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud, <strong>les</strong> recettes fisca<strong>les</strong> qui pourraientdécouler de l’intérêt portant sur ces biens, ainsi que<strong>les</strong> impôts sur des revenus qui ont quitté le pays illégalementet ont été secrètement déposés dans des banques suisses,seraient une contribution importante au financement pour ledéveloppement et la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté. La protection3 Agence suisse pour le développement et la coopération,Entwicklungshilfe der Schweiz, Statistiken 2008, Berne,novembre 2008, 7.4 OCDE CAD, Examen par <strong>les</strong> pairs de la Suisse, Paris, 2009,43. Disponible sur : .que la Suisse confère aux évadés fiscaux des pays en voiede développement est en flagrante contradiction avec <strong>les</strong>OMD établis par l’ONU et avec l’engagement proclamé àaider <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus pauvres à mobiliser leurs ressourcesnationa<strong>les</strong>.Début mars 2009, lorsque l’OCDE l’a inclus dans la listenoire des paradis fiscaux non coopératifs, le pays a couru lerisque de souffrir des sanctions économiques de la part <strong>du</strong>G-20. Pour éviter cela, le Gouvernement a agi rapidement eta retiré ses objections à l’article 26 sur le Modèle de conventionfiscale (DTC selon <strong>les</strong> sig<strong>les</strong> en anglais) de l’OCDE afind’éluder la double imposition et a annoncé qu’il était prêtà fournir une assistance administrative en cas de fraudefiscale et même dans des cas d’évasion fiscale simple. LaSuisse a également entamé des négociations avec plusieurspays de l’OCDE afin d’examiner et d’adapter <strong>les</strong> accordsexistants. Les nouveaux protoco<strong>les</strong> ne permettent pas encorel’échange automatique d’information. Pour obtenir desrenseignements bancaires sur des personnes soupçonnéesd’évasion fiscale en Suisse, <strong>les</strong> autorités étrangères doiventprésenter des arguments solides et fournir le nom <strong>du</strong> suspectet des informations détaillées sur le compte.Jusqu’à présent, la Suisse a négocié seulement la révisiondes conventions et a convenu de fournir une assistanceinternationale en cas d’évasion fiscale simple avec des paysde l’OCDE et avec le Kazakhstan. Il a été rapporté que, unefois que le Gouvernement Kazakh a annoncé son intentionde mettre la Suisse sur sa propre liste noire des paradisfiscaux et d’interdire ses investissements dans le pays, lademande de négociation a été traitée très rapidement. Ce casreprésente une exception notable. Les rapports stratégiques<strong>du</strong> Conseil fédéral sur la nouvelle politique financière mettenten exergue le fait que dans la renégociation <strong>du</strong> DTC il fautdonner la priorité aux pays de l’OCDE. Pour l’instant, <strong>les</strong> banquessuisses poursuivent leurs activités comme d’habitudeà l’égard des biens qui ont bénéficié d’une évasion fiscaledans <strong>les</strong> pays en voie de développement.Toutefois, au cours de la Conférence des Nations Uniessur le Financement pour le développement tenue à Doha fin2008, la Suisse a signalé sa volonté d’offrir aux pays en voie dedéveloppement un accord en matière d’impôts sur l’épargnesemblable à celui présenté à l’UE. En vertu de cet accord, laSuisse imposerait une taxe sur <strong>les</strong> revenus des investissementsétrangers et transférerait une partie des revenus obtenusau pays d’origine. Au printemps 2009, le Conseil fédéral aréitéré l’offre, mais il a précisé que c’était aux gouvernementsdes pays en développement de faire le prochain pas.Avances concernant <strong>les</strong> biens volésIl est réconfortant de savoir que fin 2009, le Conseil fédéral acommencé à rédiger une loi sur le gel et le rapatriement desbiens volés. Le projet de loi établit des procé<strong>du</strong>res pour empêcher<strong>les</strong> dirigeants étrangers et leurs alliés d’avoir accès à desbiens acquis illégalement et pour que ceux-ci puissent êtreren<strong>du</strong>s aux populations des pays concernés. Toutefois, certainesorganisations de la société civile, y compris Alliance Sud,ont déclaré que <strong>les</strong> conditions établies pour la récupération etla restitution de biens étrangers volés sont trop restrictives.Dans le cas de la restitution, ce sont <strong>les</strong> autorités <strong>du</strong> paysimpliqué qui doivent en faire la demande ; cette procé<strong>du</strong>re nepeut pas être engagée par la Suisse ni par <strong>les</strong> organisationsde la société civile. Le projet est actuellement en phase deconsultation mais il faut espérer qu’il sera consolidé avantson approbation. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 173 Suisse


7381100SurinameLes grands en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> futur09Aujourd’hui le pays dépend82en grande partie de l’assistance extérieure par le biais des relations d’aide bilatéra<strong>les</strong> ou97984756des institutions 77 multilatéra<strong>les</strong> 100 de financement. S’il y a eu une 100 croissance économique au cours de la dernière décennie,cette croissance a eu des effets contraires pour le développement car <strong>les</strong> inégalités se sont accentuées dans une sociétédéjà vulnérable. Avec un index de pauvreté supérieur à 60 %, le pays est confronté à des problèmes tels que : leIEG of Nigeria = 44 BCI of Paraguay = 89IEG of Paraguay = 67logement, l’accès aux soins, l’é<strong>du</strong>cation, <strong>les</strong> inégalités des sexes. Pour atteindre une croissance et un développement<strong>du</strong>rab<strong>les</strong>, le pays doit arriver à un équilibre entre <strong>les</strong> intérêts des groupes ethniques et ceux de toute la nation.100 100 100100 100100087100047100Institut pour <strong>les</strong> Finances PubliquesDr. Satja Jabar100Le Suriname, une petite économie avec 517.000habitants et une superficie de 164.000 km 21 , a gardéIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 91 IEG = 5685 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleAutonomisationdepuis l’époque coloniale une double structure de23pro<strong>du</strong>ction : d’un côté, des pro<strong>du</strong>its agrico<strong>les</strong> de240faible valeur et des matières premières pro<strong>du</strong>ites par00<strong>les</strong> entreprises loca<strong>les</strong>, et de l’autre, des pro<strong>du</strong>its de90999297haute valeur provenant de l’in<strong>du</strong>strie minière, tels4697100 100 71100100 100100 100que la bauxite, l’or et récemment le pétrole, gérés par Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àdes multinationa<strong>les</strong> étrangères. Le Gouvernement a personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationdonc peu d’influence sur le 85 % des revenus issus100IEG of Switzerland = 62des exportations. Le pétrole a été et continue d’êtrela seule expérience nationale économiquement réussie,même si <strong>les</strong> télécommunications et le tourismeont récemment apporté une contribution de plus enplus importante au revenu national.Depuis son indépendance 100 en 1975, le Surinamea reçu ou emprunté des millions de dollars américainspar le biais des relations d’aide bilatéra<strong>les</strong> ou48<strong>les</strong> institutions financières multilatéra<strong>les</strong> comme laBanque interaméricaine de développement (BID).L’aide hollandaise a par exemple représenté près de0USD100 millions par an depuis l’indépendance, saufpendant <strong>les</strong> périodes de gouvernement militaire, etle total de l’assistance de la Commission européenne 97100 72100(CE) depuis 1975 est estimé à USD 203 millions. Cetargent, auquel s’ajoutent <strong>les</strong> dépenses <strong>du</strong> budgetnational, s’est tra<strong>du</strong>it par une forte croissance économiquependant <strong>les</strong> cinq dernières années.Cette croissance a eu toutefois des effetscontraires sur le développement, étant donné qu’ellea accentué <strong>les</strong> inégalités au sein d’une société quiétait déjà vulnérable. Le Suriname se trouve au 97 èmerang sur 182 pays selon l’Indice de développement100humain (IDH) 2009 <strong>du</strong> PNUD, avec un IDH de 0,769.Il occupe en outre le 46 ème rang sur 135 pays selonl’Indicateur de pauvreté humaine 52 (IPH), avec unevaleur de 10,1 %. Son rapport sur l’évolution desobjectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement (OMD)2005 signale qu’en 1999-20000plus de 60 % de lapopulation vivait en dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté 2 .Le GouvernementBCI of Surinameemploie=environ9140 % dela population active, devenant l’employeur le plusimportant <strong>du</strong> pays. Ceci exerce une énorme pressionsur ses finances, étant donné que <strong>les</strong> salairesreprésentent une moyenne de 80 % des dépensesordinaires, laissant peu 100 de marge 93 pour d’autres dépensescomme <strong>les</strong> télécommunications, la formationet <strong>les</strong> transports 3 . Il existe un legs historiquede l’État qui nomme des fonctionnaires publics afind’établir sa légitimité et son pouvoir, et la restructuration<strong>du</strong> Gouvernement a été une priorité politique0pendant des décennies. Le secteur privé est en généralpetit et faible ; il est composé à 90 % de petites100entreprises familia<strong>les</strong> qui emploient entre une 99 et dix100personnes 4 100.IEG of Suriname = 56formation professionnelle des maîtres, des professeurspeu compétents et une mauvaise qualité dessystèmes d’examen et de sélection 6 .Le secteur de la santé au Suriname doit faireface aujourd’hui à de graves difficultés. Plus de 30 %de la population n’a pas 100d’assurance maladie ou decouverture médicale 7 . Ceci a obligé le ministère de laSanté à concevoir un plan d’assurance 52 maladie généralqui est encore en discussion. L’accès à l’eau età l’assainissement est aussi inégalitaire. La pollutionpar le mercure liée aux activités d’extraction d’or à0petite échelle dans l’intérieur <strong>du</strong> pays, l’emploi excessifde pesticides sur <strong>les</strong> terres agrico<strong>les</strong> des zones72rura<strong>les</strong> côtières et la pratique généralisée <strong>du</strong> 9774rejet des100 100 100eaux usées dans <strong>les</strong> rues et <strong>les</strong> canaux représententune grave menace pour la qualité de l’eau potable.Des en<strong>jeu</strong>x sociaux partoutLe logement est un autre en<strong>jeu</strong> ma<strong>jeu</strong>r. CertainesIEG of france 72 Le Suriname est BCI confronté of USA à 97 de nombreux problèmessituations IEG sont of comparab<strong>les</strong> USA 74 aux bidonvil<strong>les</strong>sociaux, dont l’accès inégal à l’é<strong>du</strong>cation, surtout d’Amérique latine, avec des gens habitant des logementsdans <strong>les</strong> zones <strong>les</strong> plus pauvres. La faible préparationillégaux situés sur des terres qui ne leurdes maîtres et la mauvaise qualité des éco<strong>les</strong> et des appartiennent pas. Dans ces zones il n’y a pas d’eauressources d’apprentissage ne contribuent pas à courante ni d’installations sanitaires ou électriques,combattre l’inefficacité <strong>du</strong> système d’enseignement et le manque d’opportunités d’emploi entraîne un100100primaire, où plus de 40 % des 87élèves prennent sept taux élevé de criminalité. Les estimations pour l’annéeans ou plus pour achever un cycle de six ans et où2008 montrent un déficit de 30.000 logementsseulement 50 % d’entre eux réussissent l’examen sur un total estimé de 120.000 52foyers au niveau nationalfinal. Ceci en dépit <strong>du</strong> fait qu’environ 6,5 % <strong>du</strong> PIB8 . Cela signifie que 25 % des foyers manquentet 15 % des dépenses ordinaires <strong>du</strong> Gouvernement d’un logement approprié.sont consacrés à l’é<strong>du</strong>cation 0 5 . Cette inefficacité est0<strong>du</strong>e au manque d’aides pour un apprentissage de 6 VVOB (Association 51 flamande pour la coopération au8798qualité, à des plans d’études ca<strong>du</strong>cs, avec une faible développement et à l’assistance), Une é<strong>du</strong>cation pour le51999899100 100 100100 100Développement, 100 “Surinam : Building the Ship of E<strong>du</strong>cational 100Reform.” Disponible sur : .2 Gouvernement <strong>du</strong> Suriname et Équipe de l’ONU dans le pays,4 Iwan Poerschke, “Quick Scan of Small Entrepreneurs in 7 Organisation panaméricaine de la santé (OPS), Health in theIEG of El Salvador = 68Surinam MDG Baseline Report 2005. Disponible sur : .5 Ministère des Finances, Bureau central de comptabilité,divers rapports budgétaires.8 Felipe Morris, “Surinam Housing Market Study,” BID, le 14août 2008.10010010010090Rapports nationaux 174 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100100


Tableau 1. Surinam, indicateurs sélectionnés 2002–2008Une dépendance vis-à-vis de l’aideextérieure au développementLa BID gère deux programmes de prêts dans le pays(20 % de prêts, 80 % de dons) pour augmenter l’offrede logements. Avec le premier programme, leProgramme de logement pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> à faib<strong>les</strong>revenus, environ 1.155 logements neufs et 2.512rénovations ont été financés, y compris une subventionpour <strong>les</strong> prestataires. Ce programme favorisait<strong>les</strong> femmes car environ 60 % des foyers de Paramaribo,capitale <strong>du</strong> pays, sont à la charge de femmes 9 . Ily avait cependant un facteur contraignant : beaucoupde gens ne disposaient pas d’un titre de propriété<strong>du</strong> terrain sur lequel allaient être construits <strong>les</strong> nouveauxlogements. La BID a aussi mis au point avecle Gouvernement un programme à long terme pouraméliorer l’é<strong>du</strong>cation.Le pays donateur le plus important, <strong>les</strong> Pays-Bas, a financé un programme de microcrédits. Sonbut est de stimuler l’initiative micro-entrepreneurialeet d’inciter <strong>les</strong> femmes à présenter des demandes.Plus de USD 123 millions sont également investisen infrastructures physiques, comme l’améliorationdes routes, l’é<strong>du</strong>cation, le renforcement de lacapacité entrepreneuriale, l’information et le registre<strong>du</strong> cadastre.2004 2005 2006 2007 2008*PIB réel (millions USD, prix <strong>du</strong> marché) 1.929 2.014 2.091 2.200 2.313PNB par tête en USD 2.815 3.429 4.033 4.675 5.790Source : Bureau général des statistiques, publications diverses.Tableau 2. Revenus réels <strong>du</strong> Gouvernement 2006-2008 (millions USD)2006 % 2007 % 2008 % 2009 %1. Impôts 458 71,6% 571 67,1% 630 72,5% 631 61%2. Revenus non fiscaux 123 19,2% 144 16,9% 146 16,8% 210 20%3. Dons 59 9,2% 136 16,0% 93 10,7% 198 19%Source : ministère des Finances 2010.Comme cela apparaît ci-dessous, on attendaitque l’assistance des donateurs joue un rôle important(19 %) dans le total des revenus <strong>du</strong> Gouvernementen 2009. Le Plan pluriannuel de développement2006-2011 <strong>du</strong> Suriname prévoit que 50% de sonfinancement proviendra de l’Investissement directétranger (IDE) 10 . Les revenus <strong>du</strong> pays devront toutefoisaugmenter pour que l’on puisse accéder à undéveloppement et à une croissance indépendants.L’assiette fiscale doit être élargie par l’intro<strong>du</strong>ction,par exemple, d’un impôt sur le patrimoine, ce qui n’apas été fait pour des raisons politiques.Égalité des sexesLa question de l’égalité des sexes mériterait plus d’attentionde la part <strong>du</strong> Gouvernement mais il n’existeaucune politique nationale d’action dans le domaine.Dans une déclaration auprès de la Commission dela condition de la femme de l’ONU, le ministre del’Intérieur Maurits Hassankhan a reconnu qu’il existaitencore beaucoup de défis à relever concernantl’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes :« Outre l’insuffisance des ressources financières,nous devons aussi faire face à des en<strong>jeu</strong>x concernantl’incapacité des fonctionnaires <strong>du</strong> Gouvernement etde la société civile, y compris <strong>les</strong> ONG. Le manque dedonnées détaillées et d’analyses limite la conceptionet la mise en place de politiques orientées vers l’améliorationde la situation et des droits des femmes,et limite en outre notre propre capacité à mesurer<strong>les</strong> progrès faits dans l’assignation des ressources<strong>du</strong> pays » 11 .Les en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> futurLe Suriname est confronté à quatre en<strong>jeu</strong>x ma<strong>jeu</strong>rs.Le premier est sa dépendance vis-à-vis des donateurspour <strong>les</strong> projets de développement car l’assistanceofficielle pour le développement ne continuerapas éternellement. Le second relève <strong>du</strong> fait qu’environ80 % <strong>du</strong> revenu des exportations provient despro<strong>du</strong>its miniers (pétrole, or, bauxite et alumine), quisont des ressources non renouvelab<strong>les</strong>. La planificationpour le futur devra donc inclure le développementde pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>.Le troisième en<strong>jeu</strong> est le renforcement institutionnel.Au sein <strong>du</strong> Gouvernement il y a toujours euplusieurs institutions faib<strong>les</strong> ou inexistantes. Sousla pression des relations internationa<strong>les</strong>, des institutionsmultilatéra<strong>les</strong> comme le FMI et la BID et deson principal donateur, <strong>les</strong> Pays-Bas, le Surinames’est vu contraint d’adopter l’approche <strong>du</strong> « marchélibre» pour la croissance et le développement. Celaexige la mise en place de plusieurs mécanismes etinstitutions pour la création et le contrôle <strong>du</strong> marchéet pour le règlement de la concurrence qui, ou bienne sont pas en place aujourd’hui, ou bien sont trèsfaib<strong>les</strong>.Le quatrième en<strong>jeu</strong>, enfin, est de trouver unéquilibre entre <strong>les</strong> intérêts des groupes ethniqueset ceux de la nation prise dans son ensemble. Àpeu d’exceptions près, <strong>les</strong> partis politiques se sontlongtemps fondés sur l’ethnicité, et la politique aété utilisée pour fournir aux membres d’un groupeethnique en particulier des emplois, des revenus,des terres, des cartes d’assurance maladie et l’accèsà d’autres facteurs de pro<strong>du</strong>ction. Cette concurrenceethnique est un obstacle dans le chemin vers unegestion efficace et effective <strong>du</strong> Gouvernement et dela gouvernance. n9 Bureau général des statistiques, Enquêtes sur le budget desfoyers.10 Département d’État des États-Unis, “2009 InvestmentClimate Statement – Surinam”. Disponible sur : .11 New York, le 27 février 2008.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 175 Suriname


100Thaïlande62Il faut repenser le développement in<strong>du</strong>striel0219629 Le jugement 84 <strong>du</strong> Tribunal administratif 19 suprême de la Thaïlande, qui confirme l’injonction provisoire95100= 88100 d’un tribunal 100 inférieur suspendant 100 le travail de 65 des 10076 projets in<strong>du</strong>striels 10057<strong>du</strong> parc in<strong>du</strong>striel 74 Map 100 TaPhut pour des raisons environnementa<strong>les</strong>, soutient le droit constitutionnel des personnes à la sécurité età la santé en soulignant que <strong>les</strong> agences de l’État n’ont pas délivré <strong>les</strong> permis appropriés. La ThaïlandeIEG of Morocco = 45 BCI of Nepal = 58 IEG of Nepal = 51doit repenser entièrement sa politique de développement in<strong>du</strong>striel pour faire face aux problèmeséconomiques et pour créer des emplois sans nuire à la santé des personnes ni à l’environnement.1000100022100<strong>Social</strong> Agenda Working GroupChulalongkorn <strong>Social</strong> Research InstituteRanee Hassarungsee 100Suntaree KiatiprajukIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9693Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 70Après la découverte de gaz naturel dans le Golfe de Thaïlande42en 1973, le parc in<strong>du</strong>striel Map Ta Phut (MTP IE) a été inclusdans le Programme de développement de la Côte Est (sigle0anglais : ESB). L’ESB – qui comprend <strong>les</strong> provinces de Chachoengsao,0de Chon Buri et de Rayong, près de Bangkok99979799– a été considéré comme l’une des questions prioritaires <strong>du</strong>100 100 67100100 100Cinquième Plan national de développement économique et Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àsocial (1982-1986). Ce plan intégral destiné à combattre le personnel médical spécialisél’âge de 5 anshaut niveau de chômage 1 marqué le moment où la Thaïlandeovak Republic a commencé = 98 IEG of Slovakia = 69à modifier sa stratégie de développement économiquedont des raffineriesBCIdeofpétrole,Thailand=des installations96chimiquespassant de la substitution des importations à une et pétrochimiques ainsi que des décharges et des centres dein<strong>du</strong>strialisation orientée vers <strong>les</strong> exportations.traitement des déchets dangereux équipés de plus de 200Le MTP IE, propriété de l’État et créé en 1981, est composécheminées qui rejettent des polluants toxiques en directionde deux parties principa<strong>les</strong> : le parc in<strong>du</strong>striel et le port de 25 communautés voisines.in<strong>du</strong>striel. Sa construction a commencé en 1987 et s’est Aujourd’hui, la province est un centre de développementterminée en 1990. Dans un premier temps, il a été dit quein<strong>du</strong>striel et possède le Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB)l’investissement total était de THB 370 milliards (USD 11,4 par habitant le plus élevé <strong>du</strong> pays, soit huit fois supérieur àmilliards) et qu’il générait environ 11.500 emplois. Il a commencéla moyenne nationale. Mais cette concentration <strong>du</strong> dévelop-avec une superficie totale de 672 hectares et s’est pement économique a con<strong>du</strong>it à une distribution inégale deséten<strong>du</strong> par la suite sur environ 1.200 hectares en raison de revenus entre <strong>les</strong> différents groupes de la population, ce quil’expansion de l’in<strong>du</strong>strie pétrochimique.empêche le public de la province de bénéficier des niveauxCes dernières années, l’agglomération rapide d’in<strong>du</strong>striesde développement plus élevés qu’on ne prévoyait.a contribué à une augmentation de l’emploi et des reve-nus dans l’ESB. Selon le Conseil national de développement Des défis permanents pour la santé deéconomique et social <strong>les</strong> investissements directs ont créé l’humanité et de l’environnementenviron 460.000 emplois dans la région entre 1995 et 2000. Plus de vingt années de développement in<strong>du</strong>striel ont transforméPourtant en pleine crise économique asiatique (1997-1999),la région – abritant autrefois des petites communautéson a signalé que même si Bangkok avait per<strong>du</strong> 120.000 d’agriculteurs et de pêcheurs – en le lieu le plus dangereux <strong>du</strong>emplois, <strong>les</strong> zones proches de l’ESB en avaient créé 57.000 pays à cause de ses pro<strong>du</strong>its toxiques. L’in<strong>du</strong>strialisation rapidenouveaux.a provoqué la dégradation des ressources naturel<strong>les</strong> etPour le reste de la Thaïlande et pour le public international,des changements dans la structure sociale et économique,le MTP IE a été présenté comme le modèle de suivis de nombreux problèmes sociaux, socioéconomiques,développement in<strong>du</strong>striel le plus remarquable <strong>du</strong> monde, environnementaux et sanitaires. On a vu apparaître des casdoté d’équipements standardisés et d’une technologie de de pollution accumulée, des problèmes environnementauxpointe pour la gestion environnementale de l’eau, de l’air et des maladies mystérieuses, tous étroitement liés <strong>les</strong> unset des déchets toxiques. Mais <strong>les</strong> communautés affectées aux autres. Ils affectent profondément la population localemontrent que Mab Ta Phut est la zone la plus gravement qui manque de moyens pour négocier avec <strong>les</strong> in<strong>du</strong>striespolluée, avec le nombre de patients atteints de maladies liées puissantes ou <strong>les</strong> agences administratives 3 .au développement in<strong>du</strong>striel le plus élevé <strong>du</strong> pays 2 . Le MTP Parmi <strong>les</strong> principaux effets sur l’environnement et laIE abrite actuellement plus de 90 établissements in<strong>du</strong>striels, santé des personnes on trouve :Activité économiqueAutonomisation98100 72100É<strong>du</strong>cationIEG of Thailand = 701. La pollution de l’air : cela fait plus de 10 ans que <strong>les</strong>habitants de Map Ta Phut subissent différentes formes depollution, surtout celle de l’air, causée par des composés organiquesvolatils. Depuis longtemps plus de 200 cheminéeset de torches à gaz de l’MTP IE rejettent dans l’air de grandesquantités de polluants se propageant ensuite vers <strong>les</strong> communautésvoisines. De nombreuses études ont montré <strong>les</strong>liens entre l’exposition des résidents aux polluants commele benzène, le styrène et le xylène et l’augmentation des maladiesdes systèmes respiratoire, nerveux, repro<strong>du</strong>ctif etmusculaire ainsi que des troub<strong>les</strong> mentaux 4 .En 1997, le cas de pollution dans l’école Panphittayakarnde Map Ta Phut a attiré l’attention <strong>du</strong> monde entier. Quelquemille élèves et professeurs sont tombés malades après avoirrespiré des émissions toxiques et ont dû être hospitaliséspour des troub<strong>les</strong> respiratoires, des céphalées, des irritationsnasa<strong>les</strong> et des nausées. En 2005, le ministère de l’É<strong>du</strong>cationa approuvé le déplacement de l’école à cinq kilomètres deson lieu d’origine 5 . Dès lors, la zone est considérée commel’exemple le plus évident et le plus grave <strong>du</strong> pays concernant<strong>les</strong> effets indésirab<strong>les</strong> d’une in<strong>du</strong>strialisation non <strong>du</strong>rable 6 .Une étude menée en 2005 par l’organisation américaine GlobalCommunity Monitor a montré que <strong>les</strong> toxiques cancérigènesrejetés dans l’air par le MTP IE, comme le benzène, lechlorure de vinyle et le chloroforme dépassaient de 60 à 3.000fois <strong>les</strong> standards de sécurité des pays développés.2. La pollution de l’eau : de nos jours, tous <strong>les</strong> foyersde Mab Ta Phut et <strong>du</strong> district Muang de Rayong doiventacheter l’eau qu’ils consomment car l’eau des étangs n’estplus utilisable. Ceux-ci sont contaminés par des pro<strong>du</strong>itschimiques provenant <strong>du</strong> déversement de déchets toxiques440 55100041971001 Penchom Saetang, “In<strong>du</strong>strial Pollution in Thailand : A Case ofEastern Seaboard Development and Japanese Aid and Investment”,Campaign for Alternative In<strong>du</strong>stry Network, mai 2006.2 “Failed pollution re<strong>du</strong>ction plan, no time to delay Mab Ta Phutcontrol”, ASTV Manager Daily, 16 mars 2009.3 “Thailand’s Air : Poison Cocktail, Exposing UnsustainableIn<strong>du</strong>stries and the Case for Community Right to Know andPrevention”, Campaign for Alternative In<strong>du</strong>stry Network,greenpeace Southeast Asia et Global Community Monitor,octobre 2005.4 Ibid.5 UNESCO–Bangkok programme on Ethics and ClimateChange Asia and the Pacific, “Representation and whodecides,” 28 novembre 2009.6 “Thailand’s Air: Poison Cocktail”, op. cit.Rapports nationaux 176 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


que la pluie a jeté dans <strong>les</strong> rivières puis dans la mer 7 . Ona détecté que <strong>les</strong> ressources hydriques dans la zone quientoure le parc in<strong>du</strong>striel sont contaminées par des élémentsmétalliques. L’analyse d’échantillons d’eau de 25 étangspublics de la commune de Map Ta Phut a montré de hautsniveaux de substances toxiques représentant un réel danger.Le cadmium était six fois plus élevé que le niveau autorisé, 10fois plus pour le zinc, 34 fois plus pour le manganèse, 47 foisplus pour le plomb, 151 fois plus pour le fer 8 .Le rapport <strong>du</strong> Bureau de la santé publique de Rayong aconfirmé que la pollution par le fer, le plomb, le manganèseet le chlorure dépassait <strong>les</strong> standards de potabilité dans denombreuses sources d’eau souterraines. Seu<strong>les</strong> deux communautésont accès à un réseau public d’eau, alors que vingtdeuxdoivent assumer des coûts très élevés pour se procurerde l’eau potable. Les fruiticulteurs se plaignent également dece que <strong>les</strong> pluies acides nuisent aux arbres fruitiers 9 .3. Le déversement illégal de déchets dangereux etl’érosion de la côte : Mme Penchom Saetang, de l’EcologicalAlert and Recovery – Thailand, a signalé qu’à partir de1998 tous <strong>les</strong> ans des déversements illégaux et une érosioncontinue de la zone côtière se sont pro<strong>du</strong>its : « Les habitantsde la région ont réclamé plusieurs fois l’arrêt des agrandissements<strong>du</strong> parc in<strong>du</strong>striel mais l’In<strong>du</strong>strial Estate Authorityof Thailand (IEAT) <strong>les</strong> a ignorés » 10 .Elle a ajouté qu’à partir de 1999 le Bureau des politiqueset de la gestion des ressources naturel<strong>les</strong> et de l’environnementavait averti que la pollution atmosphérique àMab Ta Phut avait dépassé la capacité de charge de la zone etque l’on ne devait plus y faire d’investissements. Les misesen garde se fondaient sur une étude détaillée de la capacitéde charge de pro<strong>du</strong>its polluants de la zone. L’IEAT, toutefois,n’a pas accepté l’étude, la taxant de discutable et a proposéle développement d’un modèle conjoint alors que le secteurin<strong>du</strong>striel insistait pour élargir ses activités, ignorant le refusdes personnes affectées 11 .4. L’impact sur la santé : selon des informations obtenuesentre 2003 et 2005, le nombre de personnes de Mab TaPhut atteintes de maladies respiratoires, de maladies de peauet d’autres maladies liées à l’exercice d’un métier exposé à lapollution dépasse celui des autres zones de la province deRayong. En outre, dans le district Muang de Rayong, <strong>les</strong> tauxd’incidence de tous <strong>les</strong> types de cancer et de leucémie sontplus élevés que dans <strong>les</strong> autres districts de la province 12 .Selon l’Institut national <strong>du</strong> cancer, l’incidence <strong>du</strong> cancerà Rayong, où se trouve le parc in<strong>du</strong>striel Map Ta Phut,est de 182,45 cas pour 100.000 personnes, alors que lamoyenne nationale est de 122,6. Le taux de leucémie estégalement élevé : six cas toutes <strong>les</strong> 100.000 personnes,alors que la moyenne nationale est environ de 3,55. Le Bureaude santé publique de Rayong a informé que le taux demalformations à la naissance, de handicaps et d’anomalieschromosomiques a considérablement augmenté entre 19977 “Lessons learnt by local people are important for decidingthe future development direction of society”, WatershedCommunity Voices Vol. 7, novembre 2001 – février 2002.8 UNESCO Bangkok programme, op. cit.9 “Thailand’s Air”, op. cit.10 Malini Hariharan, “Thailand’s Map Ta Phut crisis–the NGOside of the story”, ICIS, 2010.11 “Uprooting Mab Ta Phut”, Thai Post, 14 mars 2009.12 Jugement <strong>du</strong> Tribunal administratif de Rayong (2009), citédans Kanuengnij Sribua-iam, “Judicial proce<strong>du</strong>re, environmentand health : <strong>les</strong>sons learned from the Mab Ta Phut case”.et 2001, de 48,2 toutes <strong>les</strong> 100.000 personnes à 163,8 : uneaugmentation de 300 % 13 .Les actions <strong>du</strong> Gouvernement : négligenceet échec completDepuis 2007, <strong>les</strong> conditions environnementa<strong>les</strong> et de santéà Mab Ta Phut se sont radicalement détériorées. Des Organisationsnon gouvernementa<strong>les</strong> (ONG) et des groupescommunautaires locaux ont demandé vainement au Gouvernementque Mab Ta Phut soit déclarée comme zone decontrôle de la pollution.Le 1 er octobre 2008, 27 personnes représentant <strong>les</strong>habitants de 11 communautés proches <strong>du</strong> parc in<strong>du</strong>strielde Rayong ont entamé un procès auprès <strong>du</strong> Tribunal administratifde Rayong contre le Conseil national de l’environnement(NEB), con<strong>du</strong>it par le Premier ministre. El<strong>les</strong> ontallégué que le fait de ne pas déclarer Mab Ta Phut et <strong>les</strong> zonesvoisines comme des zones de contrôle de la pollution étaitune violation des procé<strong>du</strong>res léga<strong>les</strong>.Le jugement <strong>du</strong> Tribunal administratif de Rayong <strong>du</strong> 3mars 2009 a déclaré que tous <strong>les</strong> documents signalaient quela pollution à Mab Ta Phut pro<strong>du</strong>isait des effets défavorab<strong>les</strong>sur la santé des personnes et sur l’environnement. Le Tribunala également admis que la pollution dans la communede Mab Ta Phut est encore tellement grave qu’elle pourraitnuire à la santé des personnes et à la qualité de l’environnement.Même si après 2007 on a établi des commissionsde travail ad hoc pour aborder <strong>les</strong> problèmes de Rayong, lapollution s’est intensifiée. Et pourtant, le NEB n’a pas désignéla commune de Mab Ta Phut comme zone de contrôle de lapollution sous prétexte que toutes <strong>les</strong> usines de la régioncollaborent déjà avec <strong>les</strong> plans de ré<strong>du</strong>ction et d’éliminationde la pollution. Le Tribunal a ordonné que dans un délai de60 jours le NEB ré<strong>du</strong>ise la pollution des in<strong>du</strong>stries de Map TaPhut In<strong>du</strong>strial Estates et déclare <strong>les</strong> zones environnantes <strong>du</strong>parc in<strong>du</strong>striel comme “zone de contrôle de la pollution”.Le 11 mai 2009, le NEB a annoncé que <strong>les</strong> projets deMap Ta Phut pouvaient se poursuivre bien que, conformémentà la disposition judiciaire, Map Ta Phut ait été déclarée“zone de contrôle de la pollution” dans la Royal Gazette<strong>du</strong> 30 avril 2009. En dépit des sentences précédentes quiordonnaient au Gouvernement de travailler pour protégerl’environnement, le NEB a maintenant permis que tous <strong>les</strong>plans d’investissement dans la zone, y compris ceux quisont en voie d’obtenir des études d’impact environnemental,se poursuivent normalement afin d’éviter l’interruption desinvestissements.Des actions léga<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> droits despersonnesLes actions <strong>du</strong> Gouvernement thaïlandais permettant etencourageant <strong>les</strong> activités des usines de Mab Ta Phut pourpromouvoir la croissance économique à l’encontre des habitantsde la région et de l’environnement sont contraires auxprincipes de précaution et de développement <strong>du</strong>rable.En septembre 2009, une injonction provisoire d’untribunal administratif a suspen<strong>du</strong> 76 projets in<strong>du</strong>striels àMab Ta Phut pour motif de risques environnementaux. Cemandat est apparu suite à des plaintes des habitants et degroupes environnementalistes qui alléguaient que <strong>les</strong> agencesde l’État – dont le NEB, <strong>les</strong> ministères de l’In<strong>du</strong>strie, del’Énergie, des Ressources naturel<strong>les</strong> et de l’Environnement,13 “Rayong awaiting its day in court”, Bangkok Post, 29novembre 2009.et l’IEAT – n’avaient pas délivré <strong>les</strong> permis de fonctionnementappropriés. Le 2 décembre 2009, le Tribunal administratifsuprême a décidé que 11 des 76 projets pouvaient continuerde fonctionner et que 65 d’entre eux devraient être suspen<strong>du</strong>sen attendant de remplir <strong>les</strong> exigences concernantl’environnement et la santé stipulées dans l’article 67 de laConstitution de 2007.Le jugement <strong>du</strong> Tribunal a clairement exprimé lanégligence <strong>du</strong> ministère des Ressources naturel<strong>les</strong> et del’environnement : « Les droit des personnes sont protégésconformément à l’article 67 de la Constitution. Le faitqu’il n’existe encore pas de lois établissant <strong>les</strong> normes, <strong>les</strong>conditions et <strong>les</strong> façons d’exercer ces droits n’est pas uneraison pour qu’une agence de l’État dénie cette protection.De cette façon, avant de mettre en pratique n’importe quelprojet ou activité qui puisse constituer une menace gravepour la qualité de l’environnement, <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong>et la santé, on doit respecter ce qui est prévu par l’article67 : c’est-à-dire, fournir une étude ou une évaluation desimpacts sur la santé des personnes de la communauté oùsera implanté le projet » 14 .Conclusions et recommandationsLa situation difficile des habitants de Mab Ta Phut est égalementconfirmée par <strong>les</strong> résultats d’une évaluation de lagouvernance environnementale réalisée par le Thailand EnvironmentInstitute et la Thailand Environmental GovernanceCoalition (TAI Thailand), qui a montré que le Gouvernementavait constamment encouragé <strong>les</strong> opérations des in<strong>du</strong>striesde Mab Ta Phut à l’encontre de la santé des communautéset de l’environnement.En 2007 a commencé l’étude de gouvernance environnementalepour évaluer le Plan directeur de développementde l’in<strong>du</strong>strie pétrochimique (Phase III), le Plan d’actionpour la ré<strong>du</strong>ction de la pollution de la province de Rayong etle Plan de la ville de Mab Ta Phut. La méthodologie <strong>du</strong> TAI,fondée sur des indicateurs, a été utilisée pour étudier l’accèsde la population à l’information, sa participation dans la prisede décision et son accès à la justice. L’évaluation a concluqu’aucun des trois plans en question n’arrivait à mettre enpratique le droit de participation publique 15.Mme Penchom Saetang, qui a passé plus de dix ans àétudier et à documenter <strong>les</strong> problèmes de pollution de MabTa Phut, a signalé que pour le moment le développementin<strong>du</strong>striel de la Thaïlande s’est fait de manière non <strong>du</strong>rable,nocive et polluante. Il n’a pas pris en compte le développementdes ressources humaines, la distribution égalitaire desbénéfices <strong>du</strong> développement et <strong>les</strong> effets négatifs des activitésde développement in<strong>du</strong>striel 16 . Mme Penchom Saetang aajouté que la Thaïlande est désormais entre <strong>les</strong> mains de cesin<strong>du</strong>stries dont <strong>les</strong> opérations sont strictement contrôléesdans leur propres pays ce qui <strong>les</strong> pousse à délocaliser leursactivités polluantes vers d’autres nations.Les in<strong>du</strong>stries lourdes des pays qui doivent ré<strong>du</strong>ireleurs émissions de gaz à effet de serre se déplaceront vers<strong>les</strong> pays qui ne se servent pas de la totalité de leurs quotasd’émissions. Le temps est venu pour la Thaïlande de penserà une nouvelle stratégie de développement in<strong>du</strong>striel quipuisse relever <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x économiques et créer des emploissans nuire aux ressources naturel<strong>les</strong> ni à l’environnement. n14 “Despite in<strong>du</strong>strial fallout, the court’s Mab Ta Phut verdict iswelcome”, Bangkok Post, 3 décembre 2009.15 UNESCO Bangkok program, op. cit.16 Entretien, 6 mars 2010.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 177 Thaïlande


100Uruguay1009747Il est nécessaire d’affiner <strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong>10045980L’Uruguay a affronté la crise 100 financière mondiale de 2008 dans de meilleures conditions qu’ à d’autres moments de son9999699663 histoire. Son économie a continué 100 à croître et ses indices de 100 pauvreté et d’indigence se sont sensiblement améliorés,grâce à des politiques socia<strong>les</strong> qui ont su profiter <strong>du</strong> moment, en subordonnant <strong>les</strong> orientations macroéconomiquesaux nécessités socia<strong>les</strong>. Toutefois, il reste des défis à relever tels que <strong>les</strong> pourcentages élevés de pauvreté et d’indigenceIEG of Peru = 70BCI of Poland = 99IEG of Poland = 70au sein des afrodescendants et la féminisation croissante <strong>du</strong> rôle de chef de ménage dans <strong>les</strong> foyers <strong>les</strong> plus défavorisés.Les inégalités des sexes et/ou de race doivent prendre une place intégrale dans <strong>les</strong> politiques économiques.100 100 100100 10000Centro Interdisciplinario de Estudios sobre el Desarrollo –Uruguay (CIEDUR)Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009Alma Espino100100100ICB = 98 96IEG = 69Enfants atteignantAutonomisationla cinquième annéed’écoleBien qu’el<strong>les</strong> paraissent évidentes, <strong>les</strong> principa<strong>les</strong>questions à se poser pour instaurer 37des politiques économiques45devraient être: quel est l’objectif de l’activité0économique ? Quel est le rôle des inégalités socia<strong>les</strong>00et de genre dans le modèle de croissance et <strong>les</strong> modes8781831009997de consommation actuels ? Si l’objectif de l’économie100 100 100100 100100 64100consiste à procurer et conserver une vie digne, il faut Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpenser à une économie au service des personnes, c’està-dire,personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationun développement centré sur <strong>les</strong> personnes.IlIEG of Uganda = 67est clair que le marché n’est pas capable de connaîtreet d’évaluer la diversité des besoins et des intérêts de lacommunauté et de combler <strong>les</strong> fossés qui se creusentdans différents domaines de la vie courante. 1 .Les politiques macroéconomiques doivents’intégrer correctement aux 100 autres domaines de lapolitique économique et sociale, en s’insérant dansune stratégie de développement plus large et encontribuant ainsi directement à la croissance sur lelong terme. La macroéconomie a une dimension sociale: il faut donc établir de solides bases d’un point200de vue <strong>du</strong> développement humain, de la justice et del’équité 2 36. C’est pour cela que <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> despolitiques économiques doivent prendre en compte 99100 100<strong>les</strong> implications socia<strong>les</strong> et de genre des politiquesmacros. Cela veut dire qu’il ne faut pas laisser desquestions tel<strong>les</strong> que l’inégalité des sexes et/ou derace dépendre exclusivement des politiques socia<strong>les</strong>pour amortir et compenser <strong>les</strong> effets négatifs despolitiques économiques.La région et la criseOn a souligné que l’Amérique latine se trouvait, de100manière globale, dans de meilleures conditionsqu’au préalable pour faire face à la crise de 2008.BCI of Uruguay = 98 IEG of Uruguay = 69Bien que cela soit vrai dans la mesure ou nos paysprésentent une série de traits similaires, ils possèdentnéanmoins d’importantes spécificités. Dansce sens, <strong>les</strong> différents canaux de transmissions dela crise font varier son importance relative et parconséquent ses impacts. 100 L’Uruguay, 94 tout commed’autres économies de la région, a traversé une étapede croissance économique et d’amélioration de sesindicateurs sociaux.L’économie uruguayenne a maintenu sa croissancejusqu’en 2008, ce qui s’est tra<strong>du</strong>it par une augmentationde 8,9 % <strong>du</strong> PIB cette année-là. Cette crois-0sance se doit à l’expansion de la demande interne99(consommation et investissement) et de la demande 99100 100externe. Cependant, sous l’influence de la crise économiqueet financière internationale, certains signesde décélération se sont manifestés fin 2008. Mais en2009 le PIB a augmenté de 2,9 %. Selon l’Institut del’économie, entre 2005 et 2009 la croissance a atteintun taux cumulatif annuel de 6,1 %.Les canaux de transmission de la crise dans <strong>les</strong>économies de la région se sont tra<strong>du</strong>its par une diminutionde la demande externe, qui s’est exprimée100par la baisse des importations 99provenantes des paystations, même s’il y a eu une décélération pendant <strong>les</strong>derniers mois de l’année. Cela a creusé le déficit <strong>du</strong>compte courant en 2008 à hauteur de 3,5 % <strong>du</strong> PIB,à cause fondamentalement <strong>du</strong> déficit commercialélevé 3 . En 2009, <strong>les</strong> exportations en dollars ont chutéde 8 % bien qu’el<strong>les</strong> aient 100 augmenté en terme devolume physique. De toutes manières, ce sont <strong>les</strong>exportations qui ont eu le plus d’incidence sur lacroissance. L’investissement 48privé, de son côté, areculé et le secteur public s’est maintenu stable. Leflux touristique a augmenté en 2008 après plusieurs0années de diminution et en 2009 <strong>les</strong> devises liées àce secteur ont 54 atteint USD 1,3 milliard, soit 19 % deplus que l’année précédente qui avait générée 98 USD1,05 milliard 4 .Les endettements externes, aussi bien brutsque nets, ont continué à diminuer en 2008 et ontreprésenté respectivement 37,3 % et 14,1 % <strong>du</strong> PIB.Ceci est dû à ce que le pays a continué à cumulerdes réserves qui ont atteint USD 2,2 milliards cetteannée-là 5 .Le comportement général <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travailen 2009 a été globalement positif. La création d’em-97100 100 100IEG of nicaragua BCI of costa rica = 97 IEG of costa rica 67100plois a contribué à la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> chômage, alorsque la population active s’est maintenue presque aumême niveau qu’en 2008. Ces résultats indiquent quedéveloppés, la chute <strong>du</strong> tourisme et des prix des matièrespremières, la diminution des envois de fonds1 Alma Espino, Rapport sur la Conférence de Doha sur le29financement pour le développement ainsi que <strong>les</strong> conclusionsdes uruguayens émigrés et par le recul des flux del’investissement étranger. Dans le cas de l’Uruguay, lade manière générale la crise internationale n’a pas eu29d’impact direct sur le marché <strong>du</strong> travail uruguayende la réunion sur la crise mondiale 0 convoquée par le Président chute des principaux pro<strong>du</strong>its 0 d’exportation a eu un fort <strong>du</strong>rant la période 2008-2009. 0 Cependant, si l’on regardede plus près, on voit que certains secteurs dede l’Assemblée Générale (26–29 mai 2009). Communicationimpact et, en dépit de la diversification des destinationsréalisée lors <strong>du</strong> séminaire “Analyse de la crise économique10090et financière selon une perspective de genre–impact sur98 de ses exportations, la diminution de la demande 100 s’est l’activité économique, tels que ceux qui dépendent 98100 la pauvreté 100 et le travail 68 des femmes”. UNIFEM-CEPAL- 100100 100répercutée sur le fonctionnement <strong>du</strong> secteur externe.100davantage <strong>du</strong> marché 68100externe, ont eu <strong>du</strong> mal à garderINSTRAW-SER-Instituto de las Mujeres. Mexique, juillet 2009leurs travailleurs fin 2008 et début 2009. Ceci s’ob-2 José Antonio Ocampo et Rob Vos, “Policy space and the Forces et faib<strong>les</strong>seschanging paradigm IEG in con<strong>du</strong>cting of Cyprus macroeconomic = 65 policiesAu cours des deux INGLES derniers BCI mois of Cyprus de l’année = 96 2008, la 3 Institut de l’économie, IEG of 2009. Cyprus = 65in developing countries” dans New financing trends in LatinAmerica: a bumpy road towards stability. BIS Papers, 36. tendance à la hausse des exportations s’est inversée 4 Institut de l’économie, 2010.Février 2008.et <strong>les</strong> importations ont plus augmenté que <strong>les</strong> expor-5 Institut de l’économie, 2009.Rapports nationaux 178 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010099


serve par la chute <strong>du</strong> taux d’emploi dans l’in<strong>du</strong>strieet par la croissance des inscriptions enregistréesà l’assurance chômage de la Banque de Prévision<strong>Social</strong>e <strong>du</strong>rant <strong>les</strong> derniers mois de 2008 6 .Les mesures <strong>du</strong> GouvernementAfin d’essayer de faire face aux changements de lascène internationale, la politique économique a dûsubir quelques modifications <strong>du</strong>rant <strong>les</strong> quatre derniersmois de l’année 2008. De manière particulière,la gestion <strong>du</strong> taux d’intérêt comme objectif opérationnelde la politique monétaire a été abandonnéeen faveur d’une plus grande attention au contrôlede l’évolution <strong>du</strong> type de change, afin que celui-ci setransforme en « stabilisateur automatique » <strong>du</strong> systèmeet qu’il contribue à amortir le choc externe 7 .En décembre 2008, comme dans le reste deséconomies de la région, des politiques anticrise ontété mises en place, et l’on a annoncé la création depaquets de mesures visant à octroyer des liquiditésaux entreprises, à améliorer leur capacité d’exportationet à augmenter la viabilité de nouveaux investissements.L’expansion des dépenses et la diminution<strong>du</strong> recouvrement des impôts ont élevé le déficit fiscalà 1,7 % <strong>du</strong> PIB en 2009, mais en 2010 une améliorationa commencé à se faire sentir 8 . Comme dans laplupart des économies, le secteur public a eu un rôleprépondérant dans la croissance de l’investissementet de la consommation ; en dépit des époques où sesrecettes ont diminué, le Gouvernement a maintenu lerythme de croissance des dépenses publiques.L’engagement envers l’éradication de lapauvretéLa période à laquelle on fait référence montre égalementl’amélioration d’autres indicateurs tels que celuide l’évolution de la pauvreté mesurée selon le revenu.L’indigence ou pauvreté extrême est passé de 1,2 %<strong>du</strong> total des foyers uruguayens à 0,8 % en 2008 9 ,pourcentage qui se maintient en 2009 10 . Cependant,il est important de souligner que <strong>les</strong> foyers indigentsdirigés par une femme constituent 1 % alors queceux qui ont un chef de famille masculin représentent0,7 %. Même si ces chiffres reflètent en moyenneune amélioration, il faut noter qu’ils confirment lechangement de tendance observé depuis 2005, c’està-direune plus grande incidence de l’indigence dans<strong>les</strong> foyers dirigés par des femmes. Il faut prendre encompte que <strong>les</strong> foyers dans l’indigence sont généralementassociés à une structure familiale monoparentaleayant plusieurs enfants (dans <strong>les</strong> étapesinitia<strong>les</strong> <strong>du</strong> cycle de vie familiale) et un nombre ré<strong>du</strong>itde sources de revenu. En conséquence, ces foyerssont socio-démographiquement vulnérab<strong>les</strong>, ils ontplusieurs personnes à charge, disposent de peu desources de revenu et sont souvent maintenus pardes femmes 11 .En ce qui concerne l’incidence de la pauvreté,on observe une chute de l’indicateur aussi bien pour<strong>les</strong> foyers que pour <strong>les</strong> personnes, toutes régions del’Uruguay confon<strong>du</strong>es. Tout au long de l’année 2009et dans l’ensemble <strong>du</strong> pays, <strong>les</strong> foyers pauvres sontestimés, selon l’Institut de l’économie, à 14,3 % cequi signifie une ré<strong>du</strong>ction de 3,6 points par rapport à2006 12 . En ce qui concerne <strong>les</strong> indivi<strong>du</strong>s, la pauvretéa atteint en 2009, 20,9 % dans tout le pays 13 .Les processus de pauvreté et d’indigence affectentde manière différente <strong>les</strong> personnes selon leurâge, sexe et race. L’incidence de la pauvreté selonla catégorie d’âge continue à se concentrer sur <strong>les</strong>mineurs, principalement sur <strong>les</strong> moins de 6 ans 14 .La tendance de l’incidence de la pauvreté estdécroissante aussi bien au sein des foyers dirigés pardes hommes que dans ceux où <strong>les</strong> femmes sont chefde famille, passant de 23,3 % à 13,2 % en 2003 et2008 respectivement chez <strong>les</strong> hommes, et de 17,2 %à 14,5 % chez <strong>les</strong> femmes. Comme on peut l’observer,dans ce cas aussi l’incidence est plus importantechez <strong>les</strong> femmes mais il faut souligner que latendance s’inverse à nouveau : même si entre 2003et 2006 l’incidence était plus significative dans <strong>les</strong>foyers dirigés par des hommes, en 2007 <strong>les</strong> chiffressont similaires (16,9 % et 16,6 % respectivement), en2008 la situation s’inverse (13,2 % et 14,5 % respectivement),: l’incidence est alors plus élevée dans <strong>les</strong>foyers dirigés par des femmes 15 . Ces pourcentagessont en 2009, de 13,9 % et 14,8 % respectivement,selon <strong>les</strong> estimations de l’Institut de l’économie.D’un autre côté, il faut souligner que <strong>les</strong> clivages<strong>les</strong> plus profonds ont été observés auprès des populationsafrodescendantes. Leur niveau d’incidencede la pauvreté dans tout le pays est pratiquementmultiplié par deux par rapport aux blancs. En 2008,la pauvreté chez <strong>les</strong> blancs était de 19,4 % alors quechez <strong>les</strong> afrodescendants, elle était de 43,1 %. Ensomme, presque la moitié des personnes qui sedéclarent afrodescendantes vivent sous le seuil depauvreté. Il est alors évident que la race constitue undes facteurs pouvant expliquer l’inégalité sociale.La diminution de la pauvreté est <strong>du</strong>e à la croissancede l’emploi et des revenus des foyers alorsque l’on constate une amélioration de la distribution<strong>du</strong> revenu en 2008. En ce qui concerne l’indigence,<strong>les</strong> raisons de sa diminution résident probablementdans <strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong>, en particulier <strong>les</strong> allocationsfamilia<strong>les</strong> qui ont été spécifiquement assignéesà cette population.Macroéconomie et inégalitésCette révision de certaines des caractéristiques dela situation économique et sociale <strong>du</strong> pays, bienque brève et incomplète, met en relief la nécessitéde considérer <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x à relever au moment detenir <strong>les</strong> engagements pris. Même si d’importantsefforts ont été faits pour développer <strong>les</strong> politiquessocia<strong>les</strong> qui recherchent l’équité et luttent contre lapauvreté,– avec déjà quelques succès obtenus –, <strong>les</strong>résultats donnent l’alerte sur certains aspects.Bien que <strong>les</strong> indicateurs témoignent des progrèsréalisés dans le domaine de l’égalité des sexes,celle-ci continue à présenter des défis énormes et leplus important est peut être celui de la représentationdans <strong>les</strong> sphères de décisions politiques et économiques16 . Dans ce domaine il y a eu également un recul,si l’on compare la présence des femmes dans le Gouvernementprécédent par rapport à l’actuel qui a prisses fonctions en 2010. A cela s’ajoute la nouvelle etlamentable tendance à la féminisation des chefs defamille en situation de pauvreté et d’indigence. n6 Institut de sécurité sociale.7 Institut de l’économie, 2009.8 Institut de l’économie, 2010.9 La ligne de pauvreté a été créée par l’Institut national destatistique (INE) basée sur l’Enquête nationale des dépenseset des revenus des foyers en 2005-2006.10 Les données pour 2009 sont le résultat des estimationsde l’Institut de l’économie, FCEyA, UDELAR, basées sur letraitement des micro-données de l’Enquête continue desfoyers en 2009.11 INE, 2009.12 Ibid.13 Institut de l’économie, 2010.14 INE, 2009.15 Ibid.16 Programme des Nations Unies pour le Développement,2008.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 179 Uruguay


100VenezuelaUne nouvelle façon de commettre <strong>les</strong> mêmes erreurs022Après une période de boom économique entre 2004 et 2008 <strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong> <strong>du</strong> Gouvernement ont958033100 10057amélioré 74 <strong>les</strong> 100 indicateurs et 100<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour 100 le développement 100 ont commencé à faire partie 100 del’ordre <strong>du</strong> jour officiel et <strong>du</strong> débat public. Aujourd’hui, la crise financière internationale et l’augmentation desconflits sociaux résultant de l’affaiblissement des programmes sociaux menacent <strong>les</strong> progrès réalisés. C’est58 IEG of Nepal = 51 BCI of Somalia = 57ce que l’on pouvait attendre d’un modèle de développement qui, en répétant <strong>les</strong> anciennes erreurs, n’a pasdéveloppé de politiques anticycliques et paie maintenant très cher <strong>les</strong> conséquences de la crise mondiale.100059s/d1000s/ds/d100Programa Venezolano de E<strong>du</strong>cación-Acción en DerechosHumanos (Provea)Rafael Uzcategui100Jusqu’en 2008, le Gouvernement Chávez se vantaitdes progrès réalisés pour atteindre <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong>Millénaire pour le développement (OMD), avec enpremier lieu <strong>les</strong> résultats ayant trait à l’éradication del’extrême pauvreté 1 .Entre 2004 et 2006, <strong>les</strong> chiffres officiels ontestimé à 20% la diminution <strong>du</strong> nombre de famil<strong>les</strong>pauvres dans le pays. Pour le premier semestre de2007, <strong>les</strong> estimations de l’Institut national de statisti-1 Pour un suivi complet des résultats dans <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong>Millénaire pour le développement par le Gouvernementvénézuélien, voir sur : .Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 91 IEG = 6887 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleAutonomisationEn 1999, après l’élection d’Hugo Chavez à la Présidence,un processus visant à modifier la Constitution4144à travers un projet national décidé par la majorité a0été entrepris. En raison des larges garanties offertes00en matière de droits sociaux, cette nouvelle Constitutiona suscité de grandes attentes et a popularisé87 8799989898la100 100 72100100 100100 61100100question des droits de l’Homme dans <strong>les</strong> différents Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àsecteurs de la population.personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cation= 96Dans le mêmeIEGtemps,of Thailand hausse= 70soutenue desprix internationaux <strong>du</strong> pétrole – principal moteur de ques ont montréBCIqueof Venezuela,le pourcentageRBde=la91IEG of Venezuela = 68population système é<strong>du</strong>catif de 684.782 élèves. Des résultatsIl’économie vénézuélienne – au cours de la période vivant dans l’extrême pauvreté était de 9,4 % 2 . En similaires se retrouvent dans <strong>les</strong> niveaux supérieurs2004-2008, a permis au Gouvernement d’obtenir termes de population, <strong>les</strong> chiffres officiels indiquent de l’enseignement. En 2005, le nombre de personnesdes résultats positifs sur plusieurs indicateurs. Deux qu’entre 1999 et 2009, 4.324.075 personnes ontinscrites dans <strong>les</strong> missions é<strong>du</strong>catives atteignaitans plus tard, cependant, la situation a commencé à réussi à sortir de la pauvreté.quatre millions.s’inverser et cela pour deux raisons principa<strong>les</strong>.Ces progrès ont été reconnus par des organismesEn outre, la politique de santé, appelée BarrioTout d’abord, après la ratification pour uninternationaux comme la Commission écono-Adentro (Au sein <strong>du</strong> quartier), a permis d’avancerdeuxième mandat présidentiel de Chavez, le Gouvernementmique pour l’Amérique latine et <strong>les</strong> Caraïbes, pour vers l’objectif visé de ré<strong>du</strong>ire des deux tiers le tauxa tenté de modifier la Constitution par laquelle le taux de pauvreté au Venezuela avait chuté de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Ainsi,référen<strong>du</strong>m – en décembre 2007 – bien que la de 49,4 % en 1999 à 28,5 % en 2007 3 . Dans son la mortalité infantile est passée de 25 en 1990 à 14,2proposition ait été rejetée. Depuis lors, différentes rapport annuel de 2009, Provea indique que cette pour mille naissances en 2007. Ces missions ontorganisations des droits humains ont donné l’alerte baisse est en partie <strong>du</strong>e aux efforts réalisés dans permis d’augmenter en très peu de temps <strong>les</strong> soinssur l’adoption de diverses lois, règlements et actes le domaine <strong>du</strong> développement de plans sociaux médicaux directs, avec la participation de 14.345administratifs qui sont contraires à la Constitution pour la distribution d’aliments à bas prix, tels que professionnels et la construction de mo<strong>du</strong><strong>les</strong> deadoptée en 1999.la Mission Mercal, dont la couverture mensuelle soins de santé dans tout le pays. Concernant <strong>les</strong>Ensuite, la baisse des prix <strong>du</strong> pétrole et la crise estimée pour 2008 atteignait une moyenne de 13 soins pour <strong>les</strong> personnes vivant avec VIH/ sida, <strong>les</strong>financière internationale ont eu un impact négatif sur millions de personnes, environ 45 % de la populationregistres ont montré une augmentation de la dis-<strong>les</strong> politiques socia<strong>les</strong> visant à ré<strong>du</strong>ire la pauvreté,<strong>du</strong> pays 4 .tribution gratuite de médicaments, passant de 335sans qu’il existe de réponse <strong>du</strong> Gouvernement aux En termes d’égalité entre <strong>les</strong> sexes et d’é<strong>du</strong>cation,patients traités en 1999 à 21.779 en 2007.une augmentation <strong>du</strong> pourcentage d’élèves prisrevendications populaires, augmentant ainsi considérablement<strong>les</strong> conflits sociaux.en charge par le système é<strong>du</strong>catif a été enregistrée, Bénéfices financés par <strong>les</strong> hydrocarburesBaisse de la pauvretépassant de 31,25 % pour la période 1990 -1998 à A partir de 2004, l’économie <strong>du</strong> Venezuela a connu47,56 % entre 1999 et 2006. En ce sens, le taux netde scolarisation dans l’enseignement de base estpassé de 84,7 % en 1999–2000 à 93,6 % entre 2006et 2007, ce qui équivaut à l’incorporation dans le660 772 Ministerio del Poder Popular para la Comunicación eInformación (Ministère <strong>du</strong> pouvoir populaire pour lacommunication et l’information), le Venezuela se distinguepour la mise en oeuvre des critères visant à atteindre <strong>les</strong>Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement (2008).3 Commission économique pour l’Amérique latine et <strong>les</strong>Caraïbes, Panorama <strong>Social</strong> de América Latina–2008.Disponible sur : .4 Provea, Informe anual 2009. Disponible sur : .100une situation d’abondance tout à fait inconnue lorsdes trois décennies précédentes. Depuis lors, <strong>les</strong>prix <strong>du</strong> pétrole ont atteint des sommets historiquessur <strong>les</strong> marchés internationaux jusqu’en 2008, dateà laquelle ils ont atteint des records. En conséquencede ce boom le Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB)au Venezuela a vécu quatre années consécutivesde croissance, <strong>les</strong> réserves internationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> paysse sont consolidées et la balance des paiementsest devenue excédentaire. La hausse des recettesfisca<strong>les</strong> d’origine pétrolière a permis de financerd’importants programmes d’investissement publicet des politiques socia<strong>les</strong> appelées missions. L’Étata pu se développer dans différents domaines, telsque la création d’emplois. On estime qu’en 2008,Rapports nationaux 180 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>


le secteur public employait 18,2 % de la populationéconomiquement active 5 .En Juillet 2008, le prix <strong>du</strong> baril de pétrole vénézuélienest parvenu à son zénith atteignant USD122,40. A partir de cette date, il a commencé à chuteret quatre mois plus tard, il valait la moitié de cettesomme, soit USD 63,49 6 .Ajustement et politiques socia<strong>les</strong>L’organisation des élections de gouverneurs et demaires en novembre 2008 et l’adoption d’un amendementconstitutionnel en février 2009, ont reporté ladiscussion sur <strong>les</strong> possib<strong>les</strong> conséquences de la criseéconomique mondiale au Venezuela. Après la périodeélectorale, le 21 mars 2009, le président Chávez aannoncé un train de mesures économiques :• Ré<strong>du</strong>ction des dépenses publiques.• Augmentation de l’impôt sur la valeur ajoutée.• Ré<strong>du</strong>ction des dépenses somptuaires et inuti<strong>les</strong>.• Promulgation d’une loi qui limiterait <strong>les</strong> salairesperçus par <strong>les</strong> hauts fonctionnaires de l’administrationpublique.La contraction des revenus <strong>du</strong> pétrole a entraîné leralentissement, la stagnation et, dans certains cas,le déclin des politiques socia<strong>les</strong> visant à ré<strong>du</strong>ire lapauvreté et <strong>les</strong> inégalités. Au-delà des annoncesofficiel<strong>les</strong> concernant le maintien des politiques socia<strong>les</strong>en dépit de la crise, l’augmentation de 20 %<strong>du</strong> salaire minimum est inférieure au taux d’inflationqui, seulement dans le secteur alimentaire, a atteint43 % en 2008 7 .Contrairement à la baisse importante enregistréeentre 2004 et 2006, la ré<strong>du</strong>ction des foyers vivantdans la pauvreté entre 2007 et 2009 n’a pas dépassé1,1 %. Les derniers chiffres officiels indiquent que26,4 % des foyers vénézuéliens demeurent incapab<strong>les</strong>de satisfaire leurs besoins fondamentaux.En outre, à l’exception <strong>du</strong> secteur de l’é<strong>du</strong>cation,<strong>les</strong> dépenses publiques en pourcentage <strong>du</strong> PIBont diminué depuis 2008 pour tous <strong>les</strong> secteurs de lasociété. Selon la Loi <strong>du</strong> budget de 2010, le montantalloué aux 13 « missions socia<strong>les</strong> » n’atteint pas4 % <strong>du</strong> total, bien que <strong>les</strong> ressources soient plusélevées en raison de postes budgétaires affectés parvoies extraordinaires, ce qui entrave la transparenceet le contrôle social de leur mise en œuvre. Pourrendre cette situation encore plus complexe, l’inflationré<strong>du</strong>it la capacité des plus pauvres à améliorerleur condition de vie. Selon la Banque centrale <strong>du</strong>Venezuela, l’inflation correspondant à l’année 2008était de 30,9 %, tandis que celle de 2009 était de5 Institut national de statistiques. Voir : .6 Ibid.7 Ibid.25,1 %, mais même ainsi, le pays affiche un des tauxd’inflation <strong>les</strong> plus élevés de la région 8 .De graves conséquencesLa crise de la politique sociale est particulièrementaiguë dans deux domaines : la santé et le logement.Depuis des années, Provea met <strong>les</strong> autorités en gardecontre la fragmentation <strong>du</strong> système de santé <strong>du</strong> payset la détérioration de la Misión Barrio Adentro. Bienque ces préoccupations aient été écartées par différentsporte–parole <strong>du</strong> Gouvernement, en septembre2009, le président Chavez a reconnu l’existence d’irrégularités: « Nous déclarons l’état d’urgence dansle domaine de la santé. Nous avons détecté 2000mo<strong>du</strong><strong>les</strong> de Barrio Adentro abandonnés, sans médecins.Une négligence de nous tous. Le phénomènes’est développé et des mesures ont été prises, maisnous n’avons pas pu résoudre le problème » 9 .Cette situation est aggravée par des problèmesde structures et d’équipements existant dansle réseau hospitalier <strong>du</strong> pays et par le manque deprofessionnels médicaux, ce qui a eu de différentesconséquences dramatiques tel<strong>les</strong> que le phénomènedénommé « ruleteo » (promenade en taxi) des femmesenceintes, qui avant d’accoucher doivent serendre dans plusieurs centres de santé pour localisercelui qui pourra <strong>les</strong> prendre en charge.La question <strong>du</strong> logement digne est l’une des plusgrandes faib<strong>les</strong>ses <strong>du</strong> Gouvernement de Chavez, quin’a jamais été en mesure pendant sa gestion, d’atteindreses propres objectifs. La pénurie de logementsatteint trois millions de foyers, un calcul qui inclut<strong>les</strong> maisons devant être déplacées parce qu’el<strong>les</strong> setrouvent dans des zones à haut risque. Au cours des10 dernières années, selon <strong>les</strong> données officiel<strong>les</strong>,un total de 300.939 logements a été construit, ce quiplace Hugo Chavez au deuxième rang des présidentsdémocratiques qui, depuis 1958, ont fait construire lemoins de maisons au cours de son mandat.Le rôle de la société civileDiverses organisations qui observent la situationdes droits de l’Homme ont mis <strong>les</strong> autorités en gardecontre le manque de planification, à moyen et longterme, permettant aux politiques socia<strong>les</strong> d’être <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>indépendamment des périodes de revenuspétroliers élevés. À leur tour, d’autres chercheursont démontré que la vulnérabilité de l’économie vénézuélienneface aux fluctuations <strong>du</strong> prix <strong>du</strong> pétro<strong>les</strong>ur le marché international est restée intacte au fil <strong>du</strong>temps. Par conséquent, le modèle de développementpromu par le président Chavez, la consolidation <strong>du</strong>secteur de l’économie exportateur de pro<strong>du</strong>its pri-8 Banque Centrale <strong>du</strong> Venezuela. Voir : .9 « Chávez admet la fermeture de mo<strong>du</strong><strong>les</strong> de Barrio Adentroet il déclare l’état d’urgence dans le domaine de la santé », LaCl@se.info. Disponible sur : .maires, possède essentiellement <strong>les</strong> mêmes caractéristiquesque <strong>les</strong> projets promus dans le passé 10 .L’année 2008 a été l’année <strong>du</strong> plus grand nombrede mobilisations populaires de la décennie avec2.893 manifestations, soit une augmentation de64,09 % par rapport à l’année précédente. Sur cetotal, 67,30 % étaient motivées par la revendicationde droits économiques, sociaux et culturels, troisdes principa<strong>les</strong> revendications étant <strong>les</strong> conditionsde travail (33,97 %), le logement (20,34 %) et lasécurité personnelle (12,34 %). Par ordre d’importance<strong>les</strong> principaux mécanismes de protestation ontété <strong>les</strong> barrages de rues, <strong>les</strong> rassemblements, <strong>les</strong>manifestations et l’occupation des lieux de travail.Dans cette période une manifestation sur quinze a étéréprimée, entravée ou interdite par <strong>les</strong> organismesde sécurité de l’État.En outre, sept manifestants ont été tués, cinqparmi eux abattus par la police ou par des militaires.Face à la perte de patience des autorités en ce quiconcerne la mobilisation populaire, le processus decriminalisation de la protestation s’est accru. Depuis2005 au moins 2.240 cas ont été enregistrés de personnesqui ont dû se présenter en justice pour avoirparticipé à une action revendicative. Un cas emblématiqueest celui <strong>du</strong> dirigeant syndical Ruben Gonzalez,qui, depuis septembre 2009, est privé de libertépour avoir participé à une occupation paralysant <strong>les</strong>activités de la compagnie Ferrominera, propriétéde l’État, située dans l’état de Bolivar, pour exigerl’exécution d’une convention collective 11 .ConclusionLe modèle de développement promu par le GouvernementChavez n’a pas réussi à échapper à ladépendance historique dont fait preuve l’économievénézuélienne envers <strong>les</strong> prix internationaux <strong>du</strong>pétrole. Les programmes sociaux ont souffert descaprices de cette variable dont la dimension échappetotalement aux intentions et aux politiques de l’État.Cette situation a déterminé que <strong>les</strong> indicateurssociaux montrent une évolution positive pendant <strong>les</strong>périodes de boom commercial et stagnent ou mêmereculent, lorsque ces tendances sont inversées, ceque <strong>les</strong> organisations de la société civile et diversspécialistes dénoncent depuis un certain temps.Ainsi, pour <strong>les</strong> Vénézuéliens, la lutte contre lapauvreté, pour l’accès aux soins de santé, à l’é<strong>du</strong>cationet surtout au logement adéquat a fortementdépen<strong>du</strong> des courbes internationa<strong>les</strong> de l’offre et dela demande de pétrole brut, d’une part, et d’autre part<strong>du</strong> manque de prévision et <strong>du</strong> manque de politiquesanticycliques appropriées. n10 Margarita López Maya et Luis Lander. « El socialismorentista de Venezuela ante la caída de los precios petrolerosinternaciona<strong>les</strong> ». Cuadernos del Cendes, 67 mai-août 2009.11 Voir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 181 Venezuela


YémenLe pétrole ne suffit pas10099100530Si le Yémen ne révise pas sa99politique, il n’atteindra pas <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le développement (OMD)10098en 2015. La dépendance excessive 100 de l’exportation <strong>du</strong> pétrole 100 et la faib<strong>les</strong>se 100 <strong>du</strong> reste 69de son système de pro<strong>du</strong>ction 100a donné lieu à une économie incapable de répondre de façon adéquate même aux besoins alimentaires de lapopulation. Il est indispensable de diversifier la pro<strong>du</strong>ction agricole, en tenant compte des effets sur l’environnementBCI of Portugal = 99IEG of Portugal = 73et de protéger et rendre plus compétitifs <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its nationaux. Sur le plan politique, des politiques plus soutenuessur la dimension de genre permettant l’intégration réelle des femmes dans la société doivent être approuvées.0100100Human Rights Information and Empowerment CentreArafat Abdallatif ArrafidsLe Yémen occupe le 140 ème rang sur 182 selon l’indicateur<strong>du</strong> développement humain créé (IDH) par leProgramme des Nations Unies pour le développement(PNUD). Presque 45 % de la population vit avecmoins de USD 2 par jour 1 . L’augmentation <strong>du</strong> chômagea entraîné la stagnation <strong>du</strong> niveau <strong>du</strong> revenupar habitant. Son économie se fonde principalementsur le pétrole, alors que <strong>les</strong> autres secteurs n’ontconnu qu’un développement modeste.Le pays doit faire face à de sérieuses difficultésà cause d’une diminution importante dans la pro<strong>du</strong>ctionde pétrole. La participation de cette pro<strong>du</strong>ctiondans le budget général de l’Etat est exceptionnellementélevée. Au regard de cette situation, si <strong>les</strong>autorités <strong>du</strong> Yémen ne prennent pas <strong>les</strong> mesuresnécessaires pour stopper rapidement la chute del’économie, l’État sera incapable de faire face à sesobligations dans <strong>les</strong> prochaines années.Panorama de la situation actuelleLe carburant de la dépendanceSelon <strong>les</strong> statistiques officiel<strong>les</strong>, le pétrole représente35 % de la pro<strong>du</strong>ction intérieure totale, 70 %<strong>du</strong> budget de l’État et 90 % de toutes <strong>les</strong> exportations<strong>du</strong> Yémen 2 . La participation des autres secteurs pro<strong>du</strong>ctifscomme la pêche, le tourisme et <strong>les</strong> in<strong>du</strong>striesmanufacturières ne représente pas plus de 10 % desexportations. Les données officiel<strong>les</strong> montrent que<strong>les</strong> exportations de pétrole ont baissé, entre 2007 et2008, de 17,42 millions à 9,46 millions de barils depétrole, ce qui signifie en termes économiques, USD522 millions en moins de revenus pour ce secteur.Selon un rapport de la Banque centrale <strong>du</strong> Yémen,<strong>les</strong> revenus de l’exportation de pétrole brut <strong>du</strong>pays ont enregistré, en 2009, une chute record deUSD 803 millions. Ceci a coïncidé, d’après la Banque,avec la diminution de la partie <strong>du</strong> Gouvernementdans la pro<strong>du</strong>ction de pétrole brut pendant la périodejanvier–juillet :15 millions de barils en 2009 faceà 27,3 millions de barils dans la même période de1 Programme des Nations Unies pour le développement(PNUD), Rapports sur le développement humain 2009.Disponible sur : http://hdr.undp.org/en/media/HDR_2009_FR_Complete.pdf2 Rapports gouvernementaux et parlementaires de l’année2007-2008.2008. Le rapport met aussi en relation cette diminutionavec l’importante chute 100 des prix internationauxà cause de la crise internationale : de USD 114,6 lebaril en 2008 à USD 53,7 en 2009. 73Autres secteursLes secteurs économiques alternatifs au pétrole,0comme l’agriculture et l’in<strong>du</strong>strie, ont diminué leurpart <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieur brut, de 43 % en 1990 àmoins de 18 % en 2005 36 3 93. Le taux de chômage est100 100passé de 16,7 % en 2007 à 35 % en 2008.Les données officiel<strong>les</strong> montrent que la force detravail <strong>du</strong> secteur agricole est aux alentours de 54 %,mais la dégradationBCI of Yemen,des solsRep.et la progression= 67dela désertification menacent de détériorer <strong>les</strong> conditionsde vie des travailleurs 4 . La culture <strong>du</strong> qat – uneplante stimulante qui demande plus de vingt millionsd’heures de travail par jour et consomme un quartde la force de travail – 100 occupe plus de la moitié dela surface cultivée et absorbe d’énormes quantitésd’eau souterraine, dans un des pays qui manque leplus d’eau dans le monde (voir s/d plus bas).La situation de la femme0Bien que <strong>les</strong> femmes aient réussi à se faire uneplace en tant s/d que décisionnaires dans <strong>les</strong> différents74organismes <strong>du</strong> Gouvernement et des partis, el<strong>les</strong>100 100continuent à être reléguées au second plan et <strong>les</strong>décisions continuent à être prises par <strong>les</strong> hommes,comme le montrent <strong>les</strong> données suivantes 5 :BCI of Afghanistan = 0• En 1990 le droit des femmes à voter, à être candidateset à assumer la fonction publique a étéreconnu pour la première fois.• En 2001, 2003 et 2006 il n’y a pas eu de femmesmembres de la Commission supérieureélectorale. 100100• Le taux de femmes inscrites sur le registre électorala augmenté de 15 % en 1993 à 37 % en1997 et à 46 % en 2006.• Le nombre de candidates aux élections parle-0mentaires est descen<strong>du</strong> de 42 en 1993 à 21 en1997 et à 11 en 2003.10099Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009IEG = 30Activité économiqueAutonomisation34100 49 100É<strong>du</strong>cationIEG of Yemen = 67• Lors des plébiscites pour la réforme de laConstitution en 2001 la participation des femmesa été de 30 %.• Lors des élections des Conseils de gouvernementde 2001 il y a eu 120 candidates contre23.892 candidats. 100 Pour <strong>les</strong> Conseils des directions108 femmes se sont présentées alors quele nombre d’hommes a été de 21.924.s/d• Il n’y a eu que deux femmes élues pour <strong>les</strong> législaturesde 1993 et 1997 (0,7 % ) et une seulepour celle de 2003 (0,30% ) .s/d• Parmi <strong>les</strong> 111 membres <strong>du</strong> Conseil s/d consultatifseulement deux femmes ont été désignées.100 100Conflits armésEn plus de nombreuses pertes de vies humaines etd’infrastructure, ces affrontements ont provoqué– d’après des données officiel<strong>les</strong> – le déplacementd’environ 200.000 personnes. En dépit de l’accord entrele Gouvernement et le groupe Al Huti <strong>du</strong> 11 février2010 qui a mis fin à six mois de guerre au Sa’dah, <strong>les</strong>combats ont continué de façon sporadique. La paix100sociale est constamment menacée par <strong>les</strong> désordrescausés par le groupe sécessionniste Mouvement <strong>du</strong>Sud dans <strong>les</strong> provinces <strong>du</strong> sud, 54par <strong>les</strong> affrontementspour <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong>, par <strong>les</strong> conflits tribauxet par l’expansion de l’organisation Al-Qaeda.0Le Yémen et <strong>les</strong> OMD100 100 E<strong>du</strong>cation 100 741003 Ibid.Le pays possède un taux d’analphabétisme de58,9 % et un taux de scolarisation dans le primaire et4 Organisme central <strong>du</strong> recensement, Rapport <strong>du</strong> recensement2008. BCI of Canada = 100 le secondaire d’à IEG peine of Canada 56,6 %. = C’est 74 à dire que 2,95 Commission nationale de la femme <strong>du</strong> Yémen, Rapport sur lasituation de la femme au Yémen 2008.millions d’enfants et de <strong>jeu</strong>nes se trouvent exclus<strong>du</strong> système é<strong>du</strong>catif parmi <strong>les</strong>quels 1,9 million sont1000696100n/100100100Rapports nationaux 182 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>10090100


des fil<strong>les</strong> 6 . Les statistiques officiel<strong>les</strong> montrent quele nombre d’éco<strong>les</strong> est de 14.632 mais 20 % d’entreel<strong>les</strong> ont été fermées ou sont des constructions précaires.Il y a plus de 100 élèves par classe.Les travailleurs de l’é<strong>du</strong>cation représentent54 % de l’appareil administratif de l’État ; cependant,<strong>les</strong> rapports statistiques montrent que 78,8 % desdirecteurs d’éco<strong>les</strong> ne possèdent pas de formationuniversitaire et que 4,4 % ne possède aucune qualificationscolaire. Selon le recensement é<strong>du</strong>catif de2003, <strong>les</strong> femmes représentent 17,5 % <strong>du</strong> total desenseignants dans le primaire. Le revenu d’un enseignantavec formation universitaire ne dépasse pasUSD 150 par mois, l’obligeant à rechercher d’autresemplois pour améliorer son niveau de vie.Le Gouvernement affirme qu’il destine 17 %<strong>du</strong> budget général au secteur de l’é<strong>du</strong>cation, alorsque <strong>les</strong> dépenses dans le secteur de la défense et lasécurité dépassent 26 %.SantéD’après un rapport officiel <strong>du</strong> ministère de la Santé,l’accomplissement des buts fixés dans <strong>les</strong> OMD en cequi concerne la santé parait très lointain.Le rapport signale que le budget destiné au secteurde la santé diminue, ce qui entraîne une diminutionde la couverture en matière de santé pour <strong>les</strong>populations <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>. Selon le document,il n’y a pas de critères spécifiques en ce qui concernel’infrastructure, <strong>les</strong> fonctionnaires, <strong>les</strong> services, <strong>les</strong>médicaments, <strong>les</strong> équipements et <strong>les</strong> dépenses defonctionnement. Le nombre de lits dans <strong>les</strong> hôpitauxet <strong>les</strong> centres de santé ne dépasse pas 14.000, c’est àdire un lit pour 1600 personnes. Il y a 7300 médecins,à peine 1 pour 3000 habitants. Les bénéficiaires desservices de santé ne sont pas satisfaits <strong>du</strong> service et<strong>les</strong> prestataires de service ne sont pas satisfaits <strong>du</strong>ministère en raison des bas salaires, <strong>du</strong> manque destimulation et des mauvaises conditions de travail.Par ailleurs le Yémen se trouve parmi <strong>les</strong> payssouffrant de la plus grande pénurie d’eau <strong>du</strong> monde– avec seulement 125 mètres cubes disponib<strong>les</strong> parhabitant par an – et ses réserves souterraines s’épuisentrapidement. Selon des rapports parlementaires,la contamination de l’eau est la source principalede maladies et d’épidémies qui touchent 75 % de lapopulation. Une étude de la Banque mondiale montreque <strong>les</strong> problèmes d’eau s’aggravent dans le milieurural où vit 81 % de la population 7 . Trente quatre pourcent des habitants <strong>du</strong> Yémen boivent de l’eau sanstraitement, de puits et de sources sans protection,de petites citernes, de réservoirs mobi<strong>les</strong> et des eauxsuperficiel<strong>les</strong>. Soixante pour cent de la population vitdans des zones infestées par le paludisme.6 Organisme central <strong>du</strong> recensement, op. cit.7 « La Guerre de l’eau au Yémen », Yemen Times, le12 aout 2009. Disponible sur : .Travail et protection socialeLa constitution et <strong>les</strong> lois <strong>du</strong> travail et <strong>du</strong> service civils’alignent sur <strong>les</strong> conventions internationa<strong>les</strong> garantissantà chaque citoyen le droit naturel au travail et ledroit à un niveau de vie digne grâce à un salaire juste.Cependant, pendant <strong>les</strong> dernières années, <strong>les</strong> politiquespubliques se sont éloignées de ce principe. Lasécurité sociale couvre tous <strong>les</strong> fonctionnaires gouvernementauxmais seulement 70.000 travailleurs<strong>du</strong> secteur privé en conséquence de quoi plus de 4millions de personnes de la population économiquementactive se trouvent sans couverture sociale.Jusqu’à présent il n’existe pas d’assurance maladie.L’augmentation de la pauvreté a déterminé queplus de 500.000 enfants de 6 à 14 ans désertent <strong>les</strong>ecteur scolaire et que la plupart d’entre eux aidentleurs parents dans <strong>les</strong> tâches d’agriculture et de pâturage.D’autres vivent de la mendicité ou sont transportésillégalement dans <strong>les</strong> pays voisins pour <strong>les</strong>faire mendier ou <strong>les</strong> employer comme domestiques.Effets des accords commerciauxEn 1985 le Yémen a complètement libéralisé soncommerce suivant <strong>les</strong> indications <strong>du</strong> Fonds monétaireinternational et de la Banque mondiale. Le Yémena alors diminué ses tarifs douaniers – à un minimumde 5 % et un maximum de 25 % – lésant la compétitivitédes pro<strong>du</strong>its nationaux face aux importations.Le commerce agricole est en déficit permanent, enconséquence de quoi le pays doit recourir aux importationspour couvrir <strong>les</strong> besoins alimentaires dela population. Les importations d’aliments représentent33 % <strong>du</strong> total des importations et sont une lourdecharge pour la balance commerciale et la balance depaiements.Le secteur in<strong>du</strong>striel qui se caractérise par sagrande faib<strong>les</strong>se et par le manque de fermeté dansl’intégration aux deux niveaux, vertical et horizontal,continue d’avoir une participation marginale dansla formation de la pro<strong>du</strong>ction nationale et dans l’occupationde la main d’œuvre. L’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> Yémenfonde sa pro<strong>du</strong>ction in<strong>du</strong>strielle sur l’importation dematière première et intermédiaire. Malgré cette situation,le pays aspire à entrer dans l’Organisation mondiale<strong>du</strong> commerce fin 2010, en dépit d’être considérépar l’organisation comme non qualifié pour le faire.Le rôle des organisations de la sociétécivileSelon <strong>les</strong> données <strong>du</strong> ministère des Affaires socia<strong>les</strong>et <strong>du</strong> travail, il y a presque 7000 organisations civi<strong>les</strong>: plus de 75 % d’el<strong>les</strong> se consacrent à la charité,distribuent de l’aide et pourvoient différents servicesaux famil<strong>les</strong> pauvres. Le nombre d’organisationsconsacrées aux droits de l’Homme est faible et, deplus, el<strong>les</strong> travaillent en relation avec <strong>les</strong> droits del’Homme en général. C’est ainsi que la même organisationplaide pour <strong>les</strong> droits de la femme, des enfants,pour <strong>les</strong> droits civils, politiques et économiques.En dépit de cela, de nombreux cyc<strong>les</strong> de formationont été organisés sous forme de stages,conférences, activités et discussions sur différentsproblèmes dans le domaine des droits de l’homme.Les organisations de la société civile ont aussi établides alliances et des réseaux dans le but d’encourageret de faire pression afin d’améliorer certains aspectsde la vie politique, civile, sociale, économique et intellectuelle<strong>du</strong> pays.Bien que leurs actions n’aient pas eu une granderépercussion publique – étant circonscrites aux secteursintellectuels – el<strong>les</strong> ont influé sur <strong>les</strong> centres dedécision de l’État, tels que le parlement et le Gouvernementcentral qui ont commencé à exposer et discutercertains problèmes dénoncés par la société civile.De grands changements ne se sont pas pro<strong>du</strong>its,mais certains pas ont été faits en ce qui concerne <strong>les</strong>femmes et <strong>les</strong> enfants, <strong>les</strong> personnes handicapéeset la promulgation de lois sur la transparence et lecombat contre la corruption.ConclusionsLe Yémen devrait prendre des mesures urgentes visantà modifier radicalement sa forme de pro<strong>du</strong>ctionet de distribution de la richesse s’il veut atteindre undéveloppement <strong>du</strong>rable et commencer à s’approcherdes buts fixés par <strong>les</strong> OMD. Pour cela le rôlede l’État est fondamental. Certains experts économiquesont conseillé aux autorités <strong>du</strong> Yémen, d’unepart de ré<strong>du</strong>ire progressivement la dépendance <strong>du</strong>pays des revenus pétroliers – entre 10 % et 12 % – etd’autre part de diversifier <strong>les</strong> sources de revenusvers d’autres secteurs, avec une participation noninférieure à 10 %.Il est donc essentiel de diversifier la pro<strong>du</strong>ctionagricole en évaluant et contrôlant <strong>les</strong> effets surl’environnement, le plus important d’entre eux étantl’épuisement des faib<strong>les</strong> réserves d’eau douce. Cettestimulation de l’agriculture n’est pas réalisable si onne protège pas d’abord, par des mesures fisca<strong>les</strong>,<strong>les</strong> pro<strong>du</strong>cteurs nationaux pour qu’ils puissent êtrecompétitifs dans <strong>les</strong> mêmes conditions en relationaux importations.Parallèlement, il faut appliquer des politiques degenre plus soutenues visant à une intégration réelledes femmes dans <strong>les</strong> secteurs de l’é<strong>du</strong>cation, de lapolitique et de l’économie <strong>du</strong> pays. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 183 Yémen


Zambie100100100965343L’Investissement direct étranger et le respect des droits fondamentaux0009Women for ChangeLucy MuyoyetaDepuis <strong>les</strong> années 90, l’Investissement direct étranger (IDE) a renforcé son rôle dans l’économie <strong>du</strong>981001008269 pays, revitalisant l’in<strong>du</strong>strie 100 <strong>du</strong> cuivre et encourageant 100 la pro<strong>du</strong>ction et l’exportation 71 de pro<strong>du</strong>its et deservices non traditionnels. Cependant cet investissement n’a pas été utilisé de manière efficace pourIEG of Portugalpromouvoir= 73le développement ni pour ré<strong>du</strong>ire la pauvreté. Bien au contraire, il contribue à l’érosionBCI of Slovenia = 98IEG of Slovenia = 65des droits des personnes, parmi eux <strong>les</strong> droits au développement, à l’alimentation, à l’é<strong>du</strong>cation, à unenvironnement propre et à la participation de la femme dans la prise de décisions politiques.100100 100 100100 100100Actuellement 63 % de la population vit dans des zonesrura<strong>les</strong> ; <strong>les</strong> gens gagnent majoritairement leur vie grâceIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 7593 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 56Autonomisationà l’agriculture. La pauvreté est bien plus grande dans26<strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> : 83 % des 0habitants 6 (5,9 millions de00personnes) sont pauvres et 71 % sont extrêmementpauvres 1 . Beaucoup de personnes parmi <strong>les</strong> plus pauvresvivent dans des ménages dirigés par une femme. En93348579100 100 49 100100 47100100 641002000 19,5 % des ménages ruraux (1.241.500) avaient Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àune femme comme chef de famille 2 .personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationMalgré le besoin urgent d’aborder ces questions,IEG of Yemen = 67on a négligé le secteur agricole. En réalité l’intro<strong>du</strong>ction l’économie s’estBCIlibéralisée,of Zambiapendant= 75IEG of Zambia = 56<strong>les</strong> années 90, ces 2003 et 2008, 45 % des enfants de moins de cinq ansdes politiques économiques libéra<strong>les</strong> a obligé <strong>les</strong> petitsagriculteurs à retourner à l’agriculture de subsistance ;beaucoup d’entre eux doivent faire un grand effort pourservices ont été suspen<strong>du</strong>s et des maladies apparuesdans des pays voisins ont traversé <strong>les</strong> frontières et sesont propagées dans de grandes zones <strong>du</strong> pays, causantsouffrait d’un retard léger ou grave dans la croissance. Lamalnutrition des enfants a des effets à long terme et elleaffecte souvent la capacité d’apprentissage de l’enfant.satisfaire leurs besoins alimentaires. Ils font face à la mort de presque la moitié <strong>du</strong> bétail. Cela a touché <strong>les</strong>d’énormes problèmes de pro<strong>du</strong>ction et de commercialisation.D’autre part, l’intro<strong>du</strong>ction de politiques de mardaientdes troupeaux, car beaucoup de fermiers dépen-femmespetits pro<strong>du</strong>cteurs agrico<strong>les</strong> autant que ceux qui possé-Chances inéga<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> et <strong>les</strong>100100100ché dans l’acquisition de terres met en danger leur capacitéà garder leurs parcel<strong>les</strong>. Les grandes entreprisess/dachètent d’immenses éten<strong>du</strong>es de terre pour pro<strong>du</strong>iredes biocarburants ainsi que pour l’exploitation minièredent des animaux de trait pour préparer le sol aux cultureset de leur fumier comme engrais. n/d Beaucoup d’entreeux souffrent donc d’insécurité alimentaire chronique.C’est ainsi que la hausse <strong>du</strong> prix <strong>du</strong> maïs et d’autresL’inscription des petites fil<strong>les</strong> et des garçons à l’écolen/dprimaire s’est améliorée, car en 2002 l’enseignement debase gratuit a été institué. Depuis lors le taux de décrochagescolaire est demeuré stable et proche de 1,0 %.000et pour l’agriculture. Les pays riches ayant peu de ressourcesagrico<strong>les</strong> ou un plus grand besoin d’importer, aux zambiens n/d qui souffraient déjà d’insécurité alimen-entre 2003 et 2006 4 n/dpro<strong>du</strong>its de base en 2007 et 2008 a porté un coup <strong>du</strong>r Cependant celui de l’enseignement secondaire a chutés/ds/dn/d. Les mesures de promotion des74 74comme l’Arabie Saoudite et la Chine, achètent d’énormestaire, aussi bien dans <strong>les</strong> zones urbaines que dans <strong>les</strong> femmes dans quelques universités et éco<strong>les</strong> norma<strong>les</strong>100 éten<strong>du</strong>es de terre dans d’autres pays pour garantir100 100l’approvisionnement alimentaire dans une période demarchés volatils. Le Rapporteur spécial de l’ONU surle Droit à l’alimentation a identifié <strong>les</strong> investissementstransnationaux à grande échelle comme l’une des nouvel<strong>les</strong>tendances issue de la crise alimentaire mondialeen 2008 et qui n’a pas été abordée de façon adéquate parla communauté internationale ; il a également mentionné100 100zones rura<strong>les</strong> isolées connaissant la pénurie d’aliments.En juin 2008 le taux annuel d’inflation des aliments estmonté à 15,6 %, ce qui révèle un contraste frappant parrapport à l’année INGLES précédente, BCI lorsque of Afghanistan le taux avait = été 0 de4,8 %. En 2010 le taux d’inflation a montré une décélérationde 10,2 % au mois de mars à 9,2 % au mois d’avril,d’après le Bureau Central des Statistiques 3 .Une série de facteurs contribue à l’insécurité alimentaireont contribué à augmenter le chiffre d’inscriptions100 100dans l’enseignement supérieur. Pourtant dans tous <strong>les</strong>niveaux <strong>du</strong> système é<strong>du</strong>catif le taux de décrochage desfemmes est toujours plus élevé que celui des hommes.Dans <strong>les</strong> cours, entre <strong>les</strong> niveaux 1 et 9 , le taux de décrochageest de 3 % contre 2,1 % pour celui des hommes.Entre le dixième et le douzième, il est de 1,98 % contre1,25 % pour <strong>les</strong> hommes 5 .des ménages, parmi <strong>les</strong>quels se trouvent le Ce que ces chiffres ne montrent pas, c’est le nom-la Zambie comme l’un des pays devant faire l’objet d’une100100100grande attention. Par conséquent pour la plupart des niveau de leurs revenus, l’âge, 100 l’é<strong>du</strong>cation, le sexe, la bre d’enfants qui restent hors <strong>du</strong> système scolaire, estimészambiens pauvres, le régime foncier est en danger. taille et la structure <strong>du</strong> foyer, <strong>les</strong> contraintes de travailà 1,2 million fin 2010. Il y a beaucoup d’enfantsInsécurité alimentaire54pour cause de mauvaise santé et <strong>les</strong> effets <strong>du</strong> VIH et <strong>du</strong> qui, sans être orphelins, appartiennent 54 à des famil<strong>les</strong>Sida, <strong>les</strong> niveaux de pro<strong>du</strong>ction, <strong>les</strong> prix des aliments et touchées par le VIH et par le Sida et ne peuvent pas aller99Depuis <strong>les</strong> années 90 la négligence à l’égard de l’agriculturea mené également à la propagation 0 des maladies <strong>du</strong>bétail. Auparavant, le Gouvernement garantissait la prisede mesures de prévention tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> bains antiparasitaires96la distance des marchés.L’insécurité alimentaire 0 constitue un précurseurimportant 100 de la malnutrition. Un indicateur clé <strong>du</strong> manqued’accès à une nutrition adéquate est la prévalence99à l’école. Les chiffres ne laissent pas voir non plus laqualité de l’enseignement 0que <strong>les</strong> enfants inscrits reçoivent.En Zambie le VIH et le Sida ont eu de gravesconséquences sur l’é<strong>du</strong>cation. Le nombre d’orphelins 96100 pour protéger 74 le bétail contre <strong>les</strong> maladies. Lorsque100 100100 100100 74100d’enfants (de moins de cinq ans) ayant un poids inférieurau poids normal. En 1991 le taux de prévalence était de4 UNDP, Zambia – Millennium Development Goals Progress22 % ; en 2007 il était tombé à 14,5 %. Cependant entre1 IFAD, Rural poverty in Zambia. Disponible sur : .5 Ibid.1001001008810083100Rapports nationaux 184 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 10010090


est monté en flèche au cours de la dernière décennie. En1966 on a estimé à 400.000 le nombre d’orphelins enâge scolaire qui n’allaient pas à l’école. En 1988 ce chiffreavait doublé. Ces enfants ne pouvaient pas se permettred’aller à l’école en raison de leur pauvreté ou <strong>du</strong> besoinde soigner leurs parents ou leurs tuteurs malades, ouparce qu’ils devaient remplir des activités leur assurantdes revenus ou encore en raison d’un mariage précoce(notamment pour <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong>).La qualité de l’é<strong>du</strong>cation en Zambie a été compromiseà cause de la pénurie d’enseignants, spécialementdans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>, et de l’existance d’une infrastructure,d’un équipement et de matériel é<strong>du</strong>catif peu adéquats,ainsi que <strong>du</strong> harcèlement sexuel et de la violencecontre <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>.Sur le plan politique, <strong>les</strong> attitudes patriarca<strong>les</strong> quicontinuent de bafouer <strong>les</strong> droits des femmes dans tous<strong>les</strong> domaines ont empêché que la Zambie réussisseà s’approcher <strong>du</strong> but établi dans <strong>les</strong> protoco<strong>les</strong> de laCommunauté de développement de l’Afrique australeet de l’Union africaine : la représentation paritaire desfemmes dans la prise des décisions. Le pourcentage desfemmes qui exercent une poste électif dans le Parlementnational et dans le Gouvernement local a augmenté,mais très lentement. En 1991 seulement 6 % des représentantslégislatifs étaient des femmes. Le pourcentageest monté à 12 % en 1996. Il est resté à ce niveau en2001 et a légèrement augmenté à 14 % en 2006 après <strong>les</strong>dernières élections. Le pourcentage des femmes éluesconseillères est toujours de 7 % seulement.L’Investissement direct étrangerLe Gouvernement augmente <strong>les</strong> revenus pour financer ledéveloppement de trois sources généra<strong>les</strong> : <strong>les</strong> revenusnationaux, l’Aide publique au développement (APD) et<strong>les</strong> emprunts nationaux et internationaux. Les revenusnationaux proviennent de diverses taxes tel<strong>les</strong> que lataxe sur <strong>les</strong> revenus des entreprises, la taxe de redevancesur l’exploitation minière, <strong>les</strong> taxes douanières et sur<strong>les</strong> activités économiques qui découlent de l’Investissementdirect étranger (IDE). Depuis 2004, excepté 2006,plus de 70 % des recettes <strong>du</strong> Gouvernement provenaientdes revenus nationaux. Cela coïncide avec la périodependant laquelle le flux d’investissements en Zambies’est notamment accru.On considère que l’IDE est une contribution importanteau développement apportant capital, technologie,connaissances en gestion, postes de travail et accès àde nouveaux marchés. Bien des gouvernements, dontcelui de la Zambie, ont développé des politiques pourinciter l’IDE.En 2002 <strong>les</strong> nouveaux investissements arrivés enZambie ont atteint USD 121,7 millions. Par la suite leurflux a considérablement augmenté atteignant USD 334millions en 2004 6 . La plupart de cet argent est acheminévers le tourisme, le secteur manufacturier, le bâtiment,<strong>les</strong> télécommunications et l’exploitation minière. LaChine est l’investisseur à plus forte croissance 7 mais6 Conférence des Nations Unies sur le Commerce et leDéveloppement (UNCTAD), Investment Policy Review –Zambia, New York et Genève, 2006. Disponible sur : .7 Peter Kragelund, “Opening the black box of China-Africa relations:the magnitude and composition of Chinese investments inZambia,” Danish Institute of International Studies, 2008.<strong>les</strong> capitaux provenant <strong>du</strong> Canada et <strong>du</strong> Royaume Unirestent <strong>les</strong> plus importants.La Zambie offre un milieu très libéral pour <strong>les</strong>investissements. Actuellement la loi de l’Agence pourle développement de la Zambie de 2006 règlementel’IDE et n’établit pas d’exigences de contenu local, detransfert de technologie, d’équité, d’emploi ni d’usage desous-traitance, bien qu’on encourage <strong>les</strong> investisseursétrangers à s’engager avec un certain degré de participationlocale. La loi permet aux investisseurs le libreretour dans leur pays d’origine de tout investissementde capital, gain, dividendes, intérêts et émoluments. Ellepermet également que <strong>les</strong> citoyens étrangers renvoientà l’étranger <strong>les</strong> salaires gagnés dans le pays.A partir des années 90 l’IDE a joué un rôle de plusen plus important dans l’économie zambienne en contribuantà une plus grande arrivée de capitaux et d’investissementstout en revitalisant l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> cuivre et enaugmentant la pro<strong>du</strong>ction et l’exportation de pro<strong>du</strong>its etde services non traditionnels. Cependant la Zambie nes’est pas servie de l’IDE de manière efficace pour promouvoirle développement et ré<strong>du</strong>ire la pauvreté 8 . L’undes objectifs <strong>du</strong> Gouvernement en incitant l’IDE a étéla diversification de l’économie pour ré<strong>du</strong>ire la grandedépendance des exportations de cuivre. Pourtant le cuivredomine toujours, en partie à cause de la majorationconsidérable <strong>du</strong> prix <strong>du</strong> minerai sur le marché mondialdepuis 2004. Pour l’instant l’IDE n’a pas eu non plusd’effets sensib<strong>les</strong> sur la pauvreté. L’incidence de ceux quivivent dans l’extrême pauvreté est à peine descen<strong>du</strong>e de58 % en 1991 à 51 % en 2006. Ces chiffres ont connudes fluctuations considérab<strong>les</strong> pendant <strong>les</strong> années intermédiaires.Le progrès économique s’est vu limité par l’échec<strong>du</strong> Gouvernement à se centrer sur la capacité <strong>du</strong> secteurprivé national et sur <strong>les</strong> facteurs freinant son développement.Ceci a con<strong>du</strong>it à la désin<strong>du</strong>strialisation de certainssecteurs de l’économie, ce qui a ré<strong>du</strong>it <strong>les</strong> possibilitésdes entreprises nationa<strong>les</strong> de se mettre en rapport avecdes investisseurs étrangers. En outre, <strong>les</strong> politiques libéra<strong>les</strong>d’investissement n’exigent pas que <strong>les</strong> entreprisesétrangères se mettent en rapport avec des pro<strong>du</strong>cteursou des fournisseurs locaux et ne <strong>les</strong> incitent pas nonplus à le faire.L’IDE n’a pas eu l’effet multiplicateur souhaité chez<strong>les</strong> acteurs nationaux. De plus, <strong>les</strong> incitations fisca<strong>les</strong> auxinvestisseurs étrangers gênent la gestion des acteursnationaux. La faib<strong>les</strong>se <strong>du</strong> secteur privé national ré<strong>du</strong>itconsidérablement <strong>les</strong> bénéfices éventuels de l’IDE par<strong>les</strong> connexions et <strong>les</strong> retombées. Un secteur privé nationalfort attirerait davantage l’IDE faisant voir l’existenced’un milieu économique favorisant l’investissement.Loi Économique des citoyensEn 2006 le Gouvernement a approuvé la Loi Economiquedes citoyens et a établi par la suite un Comitéd’Autonomisation économique des citoyens (CEEC enanglais) ayant la faculté d’encourager une participationlarge, significative et effective des citoyens dansl’économie contribuant ainsi à une économie <strong>du</strong>rable.Il reste encore à voir quels sont la performance etl’impact de cet effort pour renforcer <strong>les</strong> capacités <strong>du</strong>secteur privé national.8 UNCTAD, Investment Policy Review – Zambia, 2006, op cit.• Quelques études sur l’exploitation minière <strong>du</strong> cuivre(le principal bénéficiaire de l’IDE) dévoilent <strong>les</strong>raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’augmentation de l’IDEn’a pas été un outil plus important dans le développementou dans la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté.Entre autres 9 :• La signature d’Accords de développement unilatéraux.Gardés secrets en général, ces accordslibèrent <strong>les</strong> entreprises qui investissent de différentesobligations parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le paiement dela plupart des taxes et l’application de nombreuseslois nationa<strong>les</strong>, par exemple cel<strong>les</strong> portant sur lapollution. Ils assurent également la protection dela prochaine période législative jusqu’à la fin de la« Période de stabilité » de 15 à 20 ans.• Précarisation de la main d’œuvre. On a créé denouveaux postes de travail, mais leur qualité s’estconsidérablement détériorée. On estime que 45 %de la main d’œuvre existant dans <strong>les</strong> mines n’a paspu obtenir d’emploi permanent générant le droit à laretraite. La plupart des travailleurs ont des contratsà <strong>du</strong>rée déterminée dans des conditions bien moinsavantageuses que cel<strong>les</strong> des emplois réguliers.• Pollution. Quelques investisseurs n’ont pas suivi<strong>les</strong> lois nationa<strong>les</strong> qui leur sont encore appliquées.Les périodes de mauvaise gestion de l’environnementont nui à la santé de la population locale. Lestrois problèmes <strong>les</strong> plus fréquents et <strong>les</strong> plus gravessont <strong>les</strong> émissions de dioxyde de soufre provenantdes fonderies, <strong>les</strong> effluents contenant des métauxlourds qui sont déversés dans l’eau potable, etl’obstruction des rivières par des sédiments.ConclusionsL’une des principa<strong>les</strong> raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’IDE necontribue pas autant qu’il le devrait au développement<strong>du</strong>rable est le caractère ré<strong>du</strong>it des recettes fisca<strong>les</strong> <strong>du</strong>Gouvernement. Un détail <strong>du</strong> budget pour 2010 montreque <strong>les</strong> plus grandes contributions sur le revenu sontle Pay as you earn (taxe sur <strong>les</strong> salaires) de 19 % et laTaxe sur la valeur ajoutée de 18 % 10 . La taxe sur <strong>les</strong> revenusdes entreprises contribue avec 8 % et la taxe deredevance sur l’exploitation minière, avec 2 %. Lorsque<strong>les</strong> prix des métaux sont montés en flèche après 2004,on a établi une taxe sur <strong>les</strong> bénéfices extraordinaires en2007 ; cependant, après de fortes pressions des propriétairesd’exploitations minières, cette taxe a été abrogéeen 2009. Elle aurait pu rapporter bien plus au fisc.Les incitations pour attirer l’IDE se centrent demanière exagérée sur l’économie. Le Gouvernementn’investit pas en formation de la main d’œuvre en soutenantdes secteurs tels que l’é<strong>du</strong>cation et la santé, ce quiré<strong>du</strong>irait bien davantage la pauvreté. D’autre part, selon<strong>les</strong> politiques actuel<strong>les</strong>, l’IDE diminue dans <strong>les</strong> faits <strong>les</strong>droits des gens, par exemple le droit à l’alimentation età un environnement propre et sans <strong>les</strong> efforts conjointsdes garants de ces droits, il fera peu ou rien <strong>du</strong> tout enfaveur des droits des femmes. n9 Alistair Fraser and John Lungu, “For whom the windfalls?Winners and losers in the privatization of Zambia’s CopperMines”. Disponible sur : .10 Deloitte and Touche, 2009, Zambia Budget 2010–Keeping theright balance.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 185 Zambie


APPENDICE


Déclaration <strong>du</strong> MillénaireRésolution adoptée par l’Assemblée générale[sans renvoi à une grande commission (A/55/L.2)]L’Assemblée généraleAdopte la Déclaration suivante :55/2. Déclaration <strong>du</strong> MillénaireI. Valeurs et principes1. Nous, chefs d’État et de gouvernement, nous sommesrassemblés au Siège de l’Organisation des Nations Unies àNew York, <strong>du</strong> 6 au 8 septembre 2000, à l’aube d’un nouveaumillénaire, pour réaffirmer notre foi dans l’Organisation etdans sa Charte, fondements indispensab<strong>les</strong> d’un monde pluspacifique, plus prospère et plus juste.2. Nous reconnaissons que, en plus des responsabilités propresque nous devons assumer à l’égard de nos sociétésrespectives, nous sommes collectivement tenus de défendre,au niveau mondial, <strong>les</strong> principes de la dignité humaine,de l’égalité et de l’équité. En tant que dirigeants, nous avonsdonc des devoirs à l’égard de tous <strong>les</strong> citoyens <strong>du</strong> monde, enparticulier <strong>les</strong> personnes <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>, et tout spécialement<strong>les</strong> enfants, à qui l’avenir appartient.3. Nous réaffirmons notre attachement aux buts et principesénoncés dans la Charte des Nations Unies, qui ont une valeuréternelle et universelle. En fait, leur pertinence et leur importanceen tant que source d’inspiration se sont accrues avecla multiplication des liens et le renforcement de l’interdépendanceentre <strong>les</strong> nations et <strong>les</strong> peup<strong>les</strong>.4. Nous sommes résolus à instaurer une paix juste et <strong>du</strong>rabledans le monde entier conformément aux buts et aux principesinscrits dans la Charte. Nous réaffirmons notre volontéde tout faire pour assurer l’égalité souveraine de tous <strong>les</strong>États, le respect de leur intégrité territoriale et de leur indépendancepolitique, le règlement des différends par des voiespacifiques et conformément aux principes de la justice et <strong>du</strong>droit international, le droit à l’autodétermination des peup<strong>les</strong>qui sont encore sous domination coloniale ou sous occupationétrangère, la non-ingérence dans <strong>les</strong> affaires intérieuresdes États, le respect des droits de l’homme et des libertésfondamenta<strong>les</strong>, le respect de l’égalité des droits de tous,sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religionet une coopération internationale en vue <strong>du</strong> règlement desproblèmes internationaux à caractère économique, social,culturel ou humanitaire.5. Nous sommes convaincus que le principal défi que nousdevons relever aujourd’hui est de faire en sorte que la mondialisationdevienne une force positive pour l’humanité toutentière. Car, si elle offre des possibilités immenses, à l’heureactuelle ses bienfaits sont très inégalement répartis, de mêmeque <strong>les</strong> charges qu’elle impose. Nous reconnaissons que <strong>les</strong>pays en développement et <strong>les</strong> pays en transition doiventsurmonter des difficultés particulières pour faire face à cedéfi ma<strong>jeu</strong>r. La mondialisation ne sera donc profitable à tous,de façon équitable, que si un effort important et soutenu estconsenti pour bâtir un avenir commun fondé sur la conditionque nous partageons en tant qu’êtres humains, dans toutesa diversité. Cet effort doit pro<strong>du</strong>ire des politiques et des mesures,à l’échelon mondial, qui correspondent aux besoinsdes pays en développement et des pays en transition et sontformulées et appliquées avec leur participation effective.6. Nous estimons que certaines valeurs fondamenta<strong>les</strong> doiventsous-tendre <strong>les</strong> relations internationa<strong>les</strong> au XXIe siècle, àsavoir:• L’égalité. Aucune personne, aucune nation ne doit être privéedes bienfaits <strong>du</strong> développement. L’égalité des droits et deschances des femmes et des hommes doit être assurée.• La solidarité. Les problèmes mondiaux doivent être gérésmultilatéralement et de telle façon que <strong>les</strong> coûts et <strong>les</strong> chargessoient justement répartis conformément aux principesfondamentaux de l’équité et de la justice sociale. Ceux quisouffrent ou qui sont particulièrement défavorisés méritentune aide de la part des privilégiés.• La tolérance. Les êtres humains doivent se respecter mutuellementdans toute la diversité de leurs croyances, de leurscultures et de leurs langues. Les différences qui existent ausein des sociétés et entre <strong>les</strong> sociétés ne devraient pas êtreredoutées ni réprimées, mais vénérées en tant que bien précieuxde l’humanité. Il faudrait promouvoir activement uneculture de paix et le dialogue entre toutes <strong>les</strong> civilisations.• Le respect de la nature. Il convient de faire preuve de prudencedans la gestion de toutes <strong>les</strong> espèces vivantes et detoutes <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong>, conformément aux préceptes<strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. C’est à cette condition que<strong>les</strong> richesses incommensurab<strong>les</strong> que la nature nous offrepourront être préservées et léguées à nos descendants. Lesmodes de pro<strong>du</strong>ction et de consommation qui ne sont pasviab<strong>les</strong> à l’heure actuelle doivent être modifiés, dans l’intérêtde notre bien-être futur et dans celui de nos descendants.• Le partage des responsabilités. La responsabilité de la gestion,à l’échelle mondiale, <strong>du</strong> développement économiqueet social, ainsi que des menaces qui pèsent sur la paix etla sécurité internationa<strong>les</strong>, doit être partagée entre toutes<strong>les</strong> nations <strong>du</strong> monde et devrait être exercée dans un cadremultilatéral. Étant l’organisation la plus universelle et la plusreprésentative qui existe dans .7. Pour tra<strong>du</strong>ire ces valeurs communes en actes, nous avonsdéfini des objectifs auxquels nous attachons une importanceparticulière.II. Paix, sécurité et désarmement8. Nous n’épargnerons aucun effort pour délivrer nos peup<strong>les</strong><strong>du</strong> fléau de la guerre, qu’il s’agisse des guerres civi<strong>les</strong> ou desguerres entre États, qui ont coûté la vie à plus de cinq millionsde personnes au cours de la dernière décennie. Nous nousefforcerons également d’éliminer <strong>les</strong> dangers posés par <strong>les</strong>armes de destruction massive.9. Nous décidons par conséquent :• De mieux faire respecter la primauté <strong>du</strong> droit dans <strong>les</strong> affairestant internationa<strong>les</strong> que nationa<strong>les</strong>, et en particulier de veillerà ce que <strong>les</strong> États Membres appliquent <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> et <strong>les</strong> décisionsde la Cour internationale de Justice, conformémentà la Charte des Nations Unies, dans <strong>les</strong> litiges auxquels ilssont parties.• D’accroître l’efficacité de l'Organisation des Nations Uniesdans le maintien de la paix et de la sécurité, en lui donnant <strong>les</strong>moyens et <strong>les</strong> outils dont elle a besoin pour mieux assurerla prévention des conflits, le règlement pacifique des différends,le maintien de la paix, la consolidation de la paix et lareconstruction après <strong>les</strong> conflits. À ce sujet, nous prenonsacte <strong>du</strong> rapport <strong>du</strong> Groupe d’étude sur <strong>les</strong> opérations depaix de l'Organisation des Nations Unies, dont nous prionsl’Assemblée générale d’examiner promptement <strong>les</strong> recommandations.• De renforcer la coopération entre l'Organisation des NationsUnies et <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> conformément auxdispositions <strong>du</strong> Chapitre VIII de la Charte.• De faire appliquer par <strong>les</strong> États parties <strong>les</strong> traités conclusdans des domaines tels que la maîtrise des armements et ledésarmement, ainsi que le droit international humanitaire etle droit relatif aux droits de l’homme, et de demander à tous<strong>les</strong> États d’envisager de signer et de ratifier le Statut de Romede la Cour pénale internationale.• De prendre des mesures concertées pour lutter contre le terrorismeinternational et d’adhérer dès que possible à toutes<strong>les</strong> conventions internationa<strong>les</strong> pertinentes.• De redoubler d’efforts dans l’accomplissement de notre engagementà lutter contre le problème mondial de la drogue.• D’intensifier la lutte que nous menons contre la criminalitétransnationale dans toutes ses dimensions, y compris latraite des êtres humains, leur acheminement clandestin àtravers <strong>les</strong> frontières et le blanchiment de l’argent sale.• De ré<strong>du</strong>ire autant que possible <strong>les</strong> effets néfastes que <strong>les</strong>sanctions économiques imposées par l'Organisation desNations Unies peuvent avoir sur <strong>les</strong> populations innocentes,de soumettre <strong>les</strong> régimes de sanctions à des examens périodiqueset d’éliminer <strong>les</strong> effets préjudiciab<strong>les</strong> des sanctionssur <strong>les</strong> tiers.• De travailler à l’élimination des armes de destruction massive,notamment <strong>les</strong> armes nucléaires, et de n’écarter aucunesolution possible pour parvenir à cet objectif, notamment en<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 188ce qui concerne la convocation éventuelle d’une conférenceinternationale pour définir <strong>les</strong> moyens d’éliminer <strong>les</strong> dangersnucléaires.• De prendre des mesures concertées pour mettre fin au traficd’armes légères, notamment en rendant <strong>les</strong> transferts d’armesplus transparents et en encourageant l’adoption de mesuresde désarmement au niveau régional, compte tenu detoutes <strong>les</strong> recommandations de la prochaine Conférence desNations Unies sur le commerce illicite des armes légères.• D’inviter tous <strong>les</strong> États à envisager d’adhérer à la Conventionsur l’interdiction de l’emploi, <strong>du</strong> stockage, de la pro<strong>du</strong>ction et<strong>du</strong> transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction,ainsi qu’au Protocole modifié relatif aux mines se rapportantà la Convention sur <strong>les</strong> armes classiques.10. Nous demandons instamment à tous <strong>les</strong> États Membresd’observer la trêve olympique, indivi<strong>du</strong>ellement et collectivement,dans le présent et à l’avenir, et de soutenir <strong>les</strong> effortsque le Comité international olympique déploie pour promouvoirla paix et la compréhension entre <strong>les</strong> hommes par <strong>les</strong>port et l’idéal olympique.III. Développement et élimination de la pauvreté11. Nous ne ménagerons aucun effort pour délivrer nos semblab<strong>les</strong>– hommes, femmes et enfants – de la misère, phénomèneabject et déshumanisant qui touche actuellement plusd’un milliard de personnes. Nous sommes résolus à faire<strong>du</strong> droit au développement une réalité pour tous et à mettrel’humanité entière à l’abri <strong>du</strong> besoin.12. En conséquence, nous décidons de créer – aux niveaux tantnational que mondial – un climat propice au développementet à l’élimination de la pauvreté.13. La réalisation de ces objectifs suppose, entre autres, unebonne gouvernance dans chaque pays. Elle suppose aussiune bonne gouvernance sur le plan international, et la transparencedes systèmes financier, monétaire et commercial.Nous sommes résolus à mettre en place un système commercialet financier multilatéral ouvert, équitable, fondé surle droit, prévisible et non discriminatoire.14. Nous sommes préoccupés par <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> auxquels seheurtent <strong>les</strong> pays en développement dans la mobilisation desressources nécessaires pour financer leur développement<strong>du</strong>rable. Nous ferons donc tout pour assurer le succès dela Réunion intergouvernementale de haut niveau chargéed'examiner la question <strong>du</strong> financement <strong>du</strong> développement àl'échelon intergouvernemental, qui doit se tenir en 2001.15. Nous nous engageons également à prendre en compte <strong>les</strong>besoins particuliers des pays <strong>les</strong> moins avancés. À cet égard,nous nous félicitons de la convocation en mai 2001 de la troisièmeConférence des Nations Unies sur <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moinsavancés et nous nous efforcerons d’en assurer le succès.Nous demandons aux pays in<strong>du</strong>strialisés :• D’adopter, de préférence avant la Conférence, une politiqued’admission en franchise et hors quota pour la quasi-totalitédes pro<strong>du</strong>its exportés par <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moins avancés.• D’appliquer sans plus de retard le programme renforcé d’allégementde la dette des pays pauvres très endettés et deconvenir d’annuler toutes <strong>les</strong> dettes publiques bilatéra<strong>les</strong>contractées par ces pays s’ils démontrent en contrepartieleur volonté de lutter contre la pauvreté.• D’accorder une aide au développement plus généreuse, notammentaux pays qui font un effort sincère pour appliquerleurs ressources à la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté.16. Nous sommes également résolus à appréhender de façonglobale et effective le problème de la dette des pays à faiblerevenu et à revenu intermédiaire, grâce à diverses mesuresd’ordre national et international propres à rendre leur endettementviable à long terme.17. Nous décidons également de répondre aux besoins particuliersdes petits États insulaires en développement en appliquant,rapidement et intégralement le Programme d’actionde la Barbade et <strong>les</strong> conclusions de la vingt-deuxième sessionextraordinaire de l’Assemblée générale. Nous demandonsinstamment à la communauté internationale de veiller à ceque, dans la mise au point d’un indice de vulnérabilité, <strong>les</strong>


esoins particuliers des petits États insulaires en développementsoient pris en compte.18. Nous sommes conscients des besoins et problèmes particuliersdes pays en développement sans littoral, et demandonsinstamment aux donateurs tant bilatéraux que multilatérauxd’accroître leur aide financière et technique à ce groupe depays pour <strong>les</strong> aider à satisfaire leurs besoins particuliers dedéveloppement et à surmonter <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> géographiquesen améliorant leurs systèmes de transport en transit.19. Nous décidons également :• De ré<strong>du</strong>ire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la populationmondiale dont le revenu est inférieur à un dollar par jouret celle des personnes qui souffrent de la faim et de ré<strong>du</strong>ire demoitié, d’ici à la même date, la proportion des personnes quin’ont pas accès à l’eau potable ou qui n’ont pas <strong>les</strong> moyensde s’en procurer.• Que, d’ici à la même date, <strong>les</strong> enfants partout dans le monde,garçons et fil<strong>les</strong>, seront en mesure d’achever un cycle completd’études primaires et que <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> et <strong>les</strong> garçons aurontà égalité accès à tous <strong>les</strong> niveaux d’é<strong>du</strong>cation.• Que, à ce moment, nous aurons ré<strong>du</strong>it de trois quarts lamortalité maternelle et de deux tiers la mortalité des enfantsde moins de 5 ans par rapport aux taux actuels.• Que, d’ici là, nous aurons arrêté la propagation <strong>du</strong> VIH/sida,et commencé à inverser la tendance actuelle, et que nousaurons maîtrisé le fléau <strong>du</strong> paludisme et des autres grandesmaladies qui affligent l’humanité.• D’apporter une assistance spéciale aux orphelins <strong>du</strong> VIH/sida.• Que, d’ici à 2020, nous aurons réussi à améliorer sensiblementla vie d’au moins 100 millions d’habitants de taudis,conformément à l’initiative « Vil<strong>les</strong> sans taudis ni bidonvil<strong>les</strong>».20. Nous décidons en outre :• De promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation desfemmes, en tant que moyen efficace de combattre la pauvreté,la faim et la maladie, et de promouvoir un développementréellement <strong>du</strong>rable.• De formuler et d’appliquer des stratégies qui donnent aux<strong>jeu</strong>nes partout dans le monde une chance réelle de trouverun travail décent et utile.• D’encourager l’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique à rendre <strong>les</strong> médicamentsessentiels plus largement disponib<strong>les</strong> et abordab<strong>les</strong>pour tous ceux qui en ont besoin dans <strong>les</strong> pays endéveloppement.• D’établir des partenariats solides avec le secteur privé et <strong>les</strong>organisations de la société civile en vue de promouvoir ledéveloppement et d’éliminer la pauvreté.• De faire en sorte que <strong>les</strong> avantages des nouvel<strong>les</strong> technologies,en particulier des technologies de l’information et de lacommunication, soient accordés à tous, conformément auxrecommandations contenues dans la Déclaration ministérielle<strong>du</strong> Conseil économique et social de 2000.IV. Protéger notre environnement commun21. Nous ne devons épargner aucun effort pour éviter à l’ensemblede l’humanité, et surtout à nos enfants et petits-enfants,d’avoir à vivre sur une planète irrémédiablement dégradéepar <strong>les</strong> activités humaines et dont <strong>les</strong> ressources ne peuventplus répondre à leurs besoins.22. Nous réaffirmons notre soutien aux principes <strong>du</strong> développement<strong>du</strong>rable énoncés dans Action 21, qui ont été adoptéslors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnementet le développement.23. Nous décidons, par conséquent, d’adopter dans toutes nosactions ayant trait à l’environnement une nouvelle éthique deconservation et de sauvegarde, et convenons de commencerpar prendre <strong>les</strong> mesures suivantes :• Ne ménager aucun effort pour que le Protocole de Kyotoentre en vigueur de préférence avant le dixième anniversairede la Conférence des Nations Unies sur l’environnement etle développement en 2002, et commencer à appliquer <strong>les</strong>ré<strong>du</strong>ctions prescrites des émissions des gaz à effet de serre.• Intensifier notre action commune pour la gestion, la préservationet le développement <strong>du</strong>rable de tous <strong>les</strong> types de forêt.• Insister sur l’application intégrale de la Convention sur ladiversité biologique et de la Convention des Nations Uniessur la lutte contre la désertification dans <strong>les</strong> pays gravementtouchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulieren Afrique.• Mettre fin à l’exploitation irrationnelle des ressources en eau,en formulant des stratégies de gestion de l’eau aux niveauxrégional, national et local, permettant notamment d’assureraussi bien un accès équitable qu’un approvisionnementadéquat.• Intensifier la coopération en vue de ré<strong>du</strong>ire le nombre et<strong>les</strong> effets des catastrophes naturel<strong>les</strong> et des catastrophes<strong>du</strong>es à l’homme.• Assurer le libre accès à l’information relative au génomehumain.V. Droits de l’homme, démocratie et bonne gouvernance24. Nous n’épargnerons aucun effort pour promouvoir la démocratieet renforcer l’état de droit, ainsi que le respect de tous<strong>les</strong> droits de l’homme et libertés fondamenta<strong>les</strong> reconnus surle plan international, y compris le droit au développement.25. Nous décidons par conséquent :• De respecter et de faire appliquer intégralement la Déclarationuniverselle des droits de l’homme.• De chercher à assurer, dans tous <strong>les</strong> pays, la promotion et laprotection intégrale des droits civils et des droits politiques,économiques, sociaux et culturels de chacun.• De renforcer, dans tous <strong>les</strong> pays, <strong>les</strong> capacités nécessairespour appliquer <strong>les</strong> principes et pratiques de la démocratieet <strong>du</strong> respect des droits de l’homme, y compris <strong>les</strong> droitsdes minorités.• De lutter contre toutes <strong>les</strong> formes de violence contre <strong>les</strong> femmeset d’appliquer la Convention pour l’élimination de toutes<strong>les</strong> formes de discrimination à l’égard des femmes.• De prendre des mesures pour assurer le respect et la protectiondes droits fondamentaux des migrants, des travailleursmigrants et de leur famille, pour mettre fin aux actes de racismeet de xénophobie dont le nombre ne cesse de croîtredans de nombreuses sociétés et pour promouvoir une plusgrande harmonie et une plus grande tolérance dans toutes<strong>les</strong> sociétés.• De travailler ensemble à l’adoption dans tous <strong>les</strong> pays deprocessus politiques plus égalitaires, qui permettent la participationeffective de tous <strong>les</strong> citoyens à la vie politique.• D’assurer le droit des médias de jouer leur rôle essentiel et ledroit <strong>du</strong> public à l’information.VI. Protéger <strong>les</strong> groupes vulnérab<strong>les</strong>26. Nous n’épargnerons aucun effort pour faire en sorte que<strong>les</strong> enfants et toutes <strong>les</strong> populations civi<strong>les</strong> qui souffrent defaçon disproportionnée des conséquences des catastrophesnaturel<strong>les</strong>, d’actes de génocide, des conflits armés et autressituations d’urgence humanitaire bénéficient de l’assistanceet de la protection requises pour pouvoir reprendre au plusvite une vie normale.Nous décidons par conséquent :• D’élargir et de renforcer la protection des civils dans <strong>les</strong>situations d’urgence complexes, conformément au droitinternational humanitaire.• De renforcer la coopération internationale, y compris enpartageant le fardeau des pays qui accueillent des réfugiéset en coordonnant l’assistance humanitaire, d’aider tous<strong>les</strong> réfugiés et toutes <strong>les</strong> personnes déplacées à rentrer volontairementchez eux, en toute sécurité et dignité, et à seréinsérer harmonieusement dans la société à laquelle ilsappartiennent.• D’encourager la ratification et la mise en œuvre intégrale dela Convention relative aux droits de l’enfant, ainsi que de sesprotoco<strong>les</strong> facultatifs concernant l'implication d’enfants dans<strong>les</strong> conflits armés et la vente d’enfants, la prostitution desenfants et la pornographie mettant en scène des enfants.VII. Répondre aux besoins spéciaux de l’Afrique27. Nous soutiendrons la consolidation de la démocratie enAfrique et aiderons <strong>les</strong> Africains dans la lutte qu’ils mènentpour instaurer une paix et un développement <strong>du</strong>rab<strong>les</strong> etéliminer la pauvreté, afin d’intégrer le continent africain dansl’économie mondiale.28. Nous décidons par conséquent :• D’appuyer pleinement <strong>les</strong> structures politiques et institutionnel<strong>les</strong>des démocraties naissantes en Afrique.• D’encourager et de soutenir <strong>les</strong> mécanismes régionaux etsous-régionaux de prévention des conflits et de promotionde la stabilité politique, et d’assurer un financement régulieraux opérations de maintien de la paix menées sur le continent.• De prendre des mesures spécia<strong>les</strong> pour relever <strong>les</strong> défisque sont l’élimination de la pauvreté et la réalisation <strong>du</strong> développement<strong>du</strong>rable en Afrique, y compris l’annulation dela dette, l’amélioration de l’accès aux marchés, l’accroissementde l’aide publique au développement et des flux d’investissementétrangers directs, ainsi que des transferts detechnologie.• D’aider l’Afrique à se doter des capacités voulues pour freinerla propagation de la pandémie <strong>du</strong> VIH/sida et d’autresmaladies infectieuses.VIII. Renforcer l’Organisation des Nations Unies29. Nous n’épargnerons aucun effort pour faire de l’Organisationdes Nations Unies un instrument plus efficace aux fins de laréalisation des objectifs prioritaires suivants: la lutte pour ledéveloppement de tous <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> <strong>du</strong> monde, la lutte contrela pauvreté, l’ignorance et la maladie, la lutte contre l’injustice,la lutte contre la violence, la terreur et la criminalité et lalutte contre la dégradation et la destruction de notre planète.30. Nous décidons par conséquent :• De réaffirmer le rôle central de l’Assemblée générale en tantque principal organe délibérant et représentatif de l’Organisationdes Nations Unies, et de lui permettre de s’en acquitterefficacement.• De redoubler d’efforts pour réformer <strong>les</strong> procé<strong>du</strong>res <strong>du</strong>Conseil de sécurité sous tous leurs aspects.• De renforcer encore le Conseil économique et social, en faisantfond sur ses récents succès, afin qu’il puisse être enmesure de remplir le rôle qui lui est confié dans la Charte.• De renforcer la Cour internationale de Justice, afin d’assurerla justice et le régime <strong>du</strong> droit dans <strong>les</strong> affaires internationa<strong>les</strong>.• D’encourager des consultations et une coordination régulièresentre <strong>les</strong> principaux organes des Nations Unies dansl’exercice de leurs fonctions.• De faire en sorte que l’Organisation dispose, en temps vouluet de façon prévisible, des ressources nécessaires pour s’acquitterde ses mandats.• D’inviter instamment le Secrétariat à utiliser au mieux cesressources, conformément aux règ<strong>les</strong> et procé<strong>du</strong>res clairementétablies par l’Assemblée générale, dans l’intérêt de tous<strong>les</strong> États Membres, en adoptant <strong>les</strong> meilleures méthodes degestion, en utilisant <strong>les</strong> meilleures technologies disponib<strong>les</strong>et en concentrant ses efforts sur <strong>les</strong> activités qui reflètent <strong>les</strong>priorités dont sont convenus <strong>les</strong> États Membres.• De favoriser le respect de la Convention sur la sécurité <strong>du</strong>personnel des Nations Unies et <strong>du</strong> personnel associé.• De garantir une plus grande cohérence des politiques etd’améliorer la coopération entre l’Organisation des NationsUnies, ses organismes, <strong>les</strong> institutions de Bretton Woodset l’Organisation mondiale <strong>du</strong> commerce, ainsi que d’autresorganismes multilatéraux, afin de suivre une démarche pleinementcoordonnée vis-à-vis des problèmes de paix et dedéveloppement.• De renforcer davantage la coopération entre l’Organisationdes Nations Unies et <strong>les</strong> parlements nationaux, représentéspar leur organisation mondiale, l’Union interparlementaire,dans divers domaines, notamment la paix et la sécurité, ledéveloppement économique et social, le droit internationalet <strong>les</strong> droits de l’homme, la démocratie et la parité entre <strong>les</strong>sexes.• De donner au secteur privé, aux organisations non gouvernementa<strong>les</strong>et à la société civile en général la possibilité decontribuer davantage à la réalisation des objectifs et programmesde l’Organisation.31. Nous demandons à l’Assemblée générale d’examiner defaçon régulière <strong>les</strong> progrès accomplis dans la mise en œuvredes dispositions de la présente Déclaration et prions le Secrétairegénéral de faire publier des rapports périodiques, pourexamen par l’Assemblée générale et suite à donner.32. Nous réaffirmons solennellement, en cette occasion historique,que l’Organisation des Nations Unies est le lieu derassemblement indispensable de l’humanité tout entière oùnous nous efforçons de concrétiser nos aspirations universel<strong>les</strong>à la paix, à la coopération et au développement. Nousnous engageons donc à accorder un soutien indéfectible à laréalisation de ces objectifs communs et nous nous déclaronsrésolus à <strong>les</strong> atteindre.8 e séance plénière8 septembre 2000<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 189Déclaration <strong>du</strong> Millénaire


OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENTLes huit objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement, qui vont de ré<strong>du</strong>ire de moitié l’extrême pauvreté à enrayer la propagation <strong>du</strong> VIH/SIDA et assurerl’é<strong>du</strong>cation primaire universelle pour 2015, constituent un plan accordé par toutes <strong>les</strong> nations <strong>du</strong> monde et toutes <strong>les</strong> institutions de développement plusimportantes au niveau mondial. Les objectifs ont relancé des efforts sans précédent pour aider <strong>les</strong> plus pauvres <strong>du</strong> monde.OBJECTIF 1: Ré<strong>du</strong>ire l'extrême pauvreté et la faimCible 1.ACible 1.BCible 1.CRé<strong>du</strong>ire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jourAssurer le plein-emploi et la possibilité pour chacun, y compris <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes, de trouver un travail décent etpro<strong>du</strong>ctifRé<strong>du</strong>ire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faimOBJECTIF 2: Assurer l’é<strong>du</strong>cation primaire pour tousCible 2.AD’ici à 2015, donner à tous <strong>les</strong> enfants, garçons et fil<strong>les</strong>, partout dans le monde, <strong>les</strong> moyens d’achever un cycle completd’études primairesOBJECTIF 3: Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmesCible 3.AÉliminer <strong>les</strong> disparités entre <strong>les</strong> sexes dans <strong>les</strong> enseignements primaire et secondaire d’ici à 2005, si possible, et à tous<strong>les</strong> niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tardOBJECTIF 4: Ré<strong>du</strong>ire la mortalité infantile et post-infantileCible 4.ARé<strong>du</strong>ire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ansOBJECTIF 5: Améliorer la santé maternelleCible 5.A Ré<strong>du</strong>ire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelleCible 5.B Rendre l’accès à la médecine procréative universelle d’ici à 2015OBJECTIF 6: Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladiesCible 6.ACible 6.BCible 6.CD’ici à 2015, avoir enrayé la propagation <strong>du</strong> VIH/sida et avoir commencé à inverser la tendance actuelleD’ici à 2010, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux traitements contre le VIH/sidaD’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres maladies graves et commencer à inverser la tendance actuelleOBJECTIF 7: Préserver l’environnementCible 7.A Intégrer <strong>les</strong> principes <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable dans <strong>les</strong> politiques et programmes nationaux et inverser la tendanceactuelle à la déperdition des ressources naturel<strong>les</strong>Cible 7.B Ré<strong>du</strong>ire l’appauvrissement de la diversité biologique et en ramener le taux à un niveau sensiblement plus bas d’ici à 2010Cible 7.C Ré<strong>du</strong>ire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas d’accès à un approvisionnement en eaupotable ni à des services d’assainissement de baseCible 7.D Améliorer sensiblement, d’ici à 2020, <strong>les</strong> conditions de vie de 100 millions d’habitants des taudisOBJECTIF 8: Mettre en place un partenariat pour le développementCible 8.ACible 8.BCible 8.CCible 8.DCible 8.ERépondre aux besoins particuliers des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développementPoursuivre la mise en place d’un système commercial et financier ouvert, réglementé, prévisible et non discriminatoireTraiter globalement le problème de la dette des pays en développementEn coopération avec l’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique, rendre <strong>les</strong> médicaments essentiels disponib<strong>les</strong> et abordab<strong>les</strong> dans <strong>les</strong>pays en développementEn coopération avec le secteur privé, faire en sorte que <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies, en particulier <strong>les</strong> technologies del’information et de la communication, soient à la portée de tousSource : <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 190


S O C I A L W A T C H R A P P O R T 2 0 1 0IRAQ : Il faut non seulement encourager la réinsertionsociale <strong>du</strong> pays mais aussi stimuler et soutenir <strong>les</strong>nouvel<strong>les</strong> structures institutionnel<strong>les</strong>, la législation et samise en œuvre pour la protection des droits politiques,économiques, sociaux et culturels de la femme.ÉTATS-UNIS : La pire crise économique depuis 1929a accéléré l’érosion des progrès si difficilementacquis dans <strong>les</strong> domaines des droits de l’homme, del’opportunité économique et de la justice sociale.BOLIVIE : [En raison <strong>du</strong>] modèle extractif (…) laquantité d’argent sortant <strong>du</strong> pays est supérieure àcelle qui y rentre.SOMALIE : Les ressources obtenues par le biais de lapiraterie sont presque aussi importantes que cel<strong>les</strong>provenant de la Commission européenne.ITALIE : Le financement pour le développement aégalement subi une sévère ré<strong>du</strong>ction et aujourd’hui l’Italie ne tient pas ses engagements internationaux.MEXIQUE : ... <strong>les</strong> états <strong>du</strong> sud montrent des valeurs semblab<strong>les</strong>à cel<strong>les</strong> des régions <strong>les</strong> plus pauvres <strong>du</strong> monde.NOUVELLE DONNE SOCIALE : Seule la transformationtotale de la société, centrée sur une nouvelle logique,peut mener à un monde où la priorité serait desatisfaire <strong>les</strong> besoins des êtres humains et non pas<strong>les</strong> profits des entreprises.TANZANIE : … le déboursement de l’Aide publiqueau développement (APD) prend souvent <strong>du</strong> retard etn’accompagne pas le processus budgétaire national.BANGLADESH : Même si la pollution émise est faible,le pays est en même temps une grande victime <strong>du</strong>réchauffement de la planète.CHANGEMENT CLIMATIQUE : … [combattre la criseclimatique] requiert la participation efficace, transparenteet responsable de toutes <strong>les</strong> parties impliquées –gouvernements, organisations de la société civile etinstitutions financières – agissant de façon globale.SLOVÉNIE : … si la Slovénie veut survivre sur la nouvel<strong>les</strong>cène internationale, il faut qu’elle fasse des changementsdans <strong>les</strong> paradigmes sociaux, politiques et économiques.CROATIE : Tenter de ré<strong>du</strong>ire l’inégalité et la pauvretéalors que l’on adopte des recettes néolibéra<strong>les</strong> semblenon seulement être peu réaliste mais aussi imprudent.Cette publication est financée parl´Union Européenne et Oxfam Novib.AFGHANISTAN : Les ressources disponib<strong>les</strong> ne devraient pasêtre employées à des fins politiques et militaires mais pourcréer un espace humanitaire permettant le développement.NÉPAL : … travailleurs sont victimes de trafictransfrontalier : ils sont maltraités et même convertis enesclaves (…) Rien qu’en 2009, au moins 600 népalaissont décédés dans <strong>les</strong> États <strong>du</strong> Golfe et de la Malaisie.PARTICIPATION ACTIONNAIRE CRITIQUE : Si <strong>les</strong> acteurs et <strong>les</strong>administrateurs financiers continuent à vouloir investir dansdes entreprises non <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>(…) mettons-leur <strong>les</strong> chosesau clair : nous ne voulons pas être leurs complices.GENRE : Il est temps d’appliquer un nouveau paradigmede développement offrant <strong>les</strong> mêmes droits et <strong>les</strong>mêmes chances à tous et à toutes.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> est un réseau international des organisations de citoyens engagés dans la lutte pour éradiquerla pauvreté et ses causes, mettre fin à toute forme de discrimination et racisme ainsi que pour assurer unerépartition équitable de la richesse ainsi que le respect des droits de l’homme. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> s’engage àassurer la justice sociale, économique et en matière de genre, et souligne le droit de toutes <strong>les</strong> populationsà ne pas vivre dans la pauvreté.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> exige des gouvernements, <strong>du</strong> système des Nations Unies et des organisations internationa<strong>les</strong>qu’ils soient responsab<strong>les</strong> de la réalisation des engagements nationaux, régionaux et internationaux en vuede l’élimination de la pauvreté.

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