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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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Participation actionnaire critique : comment s’appuyer sur <strong>les</strong>finances pour promouvoir <strong>les</strong> droits humains et l’environnementDans plusieurs pays <strong>les</strong> organisations et <strong>les</strong> réseaux de la société civile ont commencé à acheter des actions d’entreprises accusées depro<strong>du</strong>ire des impacts sociaux et environnementaux négatifs, particulièrement dans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud, de façon à participer activementà la vie de l’entreprise. C’est une nouvelle sorte de plaidoyer et un nouvel outil de campagne : la participation actionnaire critique.La critique retombe sur <strong>les</strong> entreprises sélectionnées pour leur mauvaise gouvernance démocratique et leurs comportementspolémiques en matière de <strong>du</strong>rabilité et de procédés. Si <strong>les</strong> acteurs et <strong>les</strong> administrateurs financiers continuent à vouloir investirdans des entreprises non <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>, qui violent <strong>les</strong> droits humains et nuisent à l’environnement, jouant à une économie de casino,mettons-leur <strong>les</strong> choses au clair : nous ne voulons pas être leurs complices et nous ne <strong>les</strong> laisserons pas jouer avec nos jetons.Andrea BaranesCampagna per la Riforma della Banca Mondiale (CRBM)Mauro MeggiolaroFondazione Culturale Responsabilità EticaLe « Pioneer Fund », créé à Boston en 1928 est habituellementconsidéré comme étant le premier cas oùun investisseur institutionnel a pris en compte desparamètres non économiques dans ses stratégiesd’investissement. Le fonds a encouragé l’investissementqui s’aligne sur des croyances religieuses,excluant <strong>les</strong> « actions pécheresses » des entreprisesqui opéraient dans des secteurs tels que le tabac, le<strong>jeu</strong> et l’armement.À la fin des années 60 une nouvelle conceptiondes fonds éthiques surgit aux États-Unis au momentoù <strong>les</strong> droits civils d’abord, et <strong>les</strong> protestationscontre la guerre ensuite, commencèrent à se généraliser.En 1968, <strong>les</strong> étudiants de l’Université deCornell ont exigé au conseil de se défaire des actionsdes entreprises commerçant avec l’Afrique <strong>du</strong> Sud.Quelques années plus tard le « Pax World Fund » aété créé ; il excluait <strong>les</strong> entreprises impliquées dansla guerre <strong>du</strong> Vietnam.Les motifs excluant certains investissementsont été élargis et des critères sociaux ont commencéà intervenir. Plus important encore, c’est que dès lafin des années 60, non seulement certains secteursont été exclus tels que l’armement et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>x de hasard,mais également <strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> banquesqui participaient à ces activités. Plus tard, de nouveauxfacteurs ont commencé à être pris en compte,concrètement <strong>les</strong> comportements historiques desentreprises en matière de respect des droits humainset de l’environnement. Ceci s’est avéré une méthodeparticulièrement puissante de boycott des entreprisesqui faisaient commerce avec des régimes racistes(comme par exemple l’Afrique <strong>du</strong> Sud aux tempsde l’apartheid) ou avec des dictatures (comme cellede Pinochet au Chili).Boycott ou participationD’un point de vue historique, ces premiers cas ontrevêtu une énorme importance car ils ont mis enrelief le rôle que peuvent jouer <strong>les</strong> actionnaires pourinfluer sur le comportement d’une entreprise. Plusieurscas de désinvestissement et de boycott à desentreprises spécifiques, à des pays ou à des secteursont obtenu des résultats impressionnants. On saitfort bien, par exemple, que la campagne massivecontre des entreprises qui entretenaient des rapportséconomiques et commerciaux avec le régimede l’apartheid en Afrique <strong>du</strong> Sud a joué au moins uncertain rôle pour encourager un changement vers unsystème moderne et démocratique.Cependant, le désinvestissement en actionsd’une entreprise signifie couper tout lien avec elle etperdre à la fois toute possibilité d’intervenir éventuellementsur sa façon d’agir. Par contre, être actionnairesignifie posséder une partie de l’entreprise, fût-elleminime, et garder ainsi des liens et une participationactive dans la vie de celle-ci pour essayer de changerson comportement social en général.Le rôle des marchés financiersCette idée acquiert chaque fois plus d’importancedans le contexte des marchés financiers modernes.La portée et le rôle des finances se sont énormémentaccrus ces dernières années, comme on peut le voirdans la dite « financiarisation » de l’économie mondiale.En dehors de quelques exceptions, la plupartdes actions des entreprises actuel<strong>les</strong> qui cotisent enbourse appartiennent aux fonds d’investissement,aux fonds de pensions et à des investissements institutionnelsdivers. Par conséquent, pour satisfaire<strong>les</strong> demandes et <strong>les</strong> attentes de ces institutions, lavaleur quotidienne des actions de l’entreprise devientl’objectif principal de leurs directeurs, se substituantlentement mais sûrement à l’objectif à long terme <strong>du</strong>développement <strong>du</strong>rable. Les options d’achat sur <strong>les</strong>actions et d’autres bénéfices pour la haute directionont augmenté drastiquement cette tendance.En termes plus généraux, « l’intérêt des actionnaires» est en train de remplacer rapidement« l’intérêt des parties prenantes ». Certaines despires conséquences des finances modernes, dontl’excessive volatilité et la spéculation, pourraient êtreliées en partie à ce changement. En même temps,l’énorme pouvoir <strong>du</strong> monde financier pourrait servirà défier le comportement social et environnementaldes entreprises indivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong>.Les principes de la participationactionnaire critiqueDans divers pays, <strong>les</strong> organisations et <strong>les</strong> réseauxde la société civile ont commencé à mettre en placeun nouveau plaidoyer et un nouvel outil pour fairecampagne : la « participation actionnaire critique ».L’idée est toute simple : acheter quelques actionsdes entreprises accusées d’avoir un impact socialet environnemental négatif, particulièrement en cequi concerne leurs investissements dans <strong>les</strong> pays<strong>du</strong> Sud, afin de participer activement à la vie desentreprises. En général, <strong>les</strong> entreprises sont choisiesen fonction de leurs comportements historiques négatifsau niveau social, environnemental et <strong>du</strong> nonrespect des droits humains, pour leur impact polémiquesur <strong>les</strong> processus de développement locaux etnationaux, pour leur manque de transparence et leurfaible gouvernance démocratique, ainsi que pourl’absence totale de reddition des comptes.La participation actionnaire critique vise au minimumun triple but :Premièrement, elle offre la possibilité de faireentendre directement la voix des communautés<strong>du</strong> Sud et des organisations internationa<strong>les</strong> de lasociété civile aux directoires et aux actionnaires del’entreprise. Trop de projets menés par des entreprisestransnationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Nord pro<strong>du</strong>isent un impactnégatif sur la vie et sur <strong>les</strong> droits fondamentaux desgroupes locaux dans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> Sud. Ceux-ci n’ontpas la possibilité de faire entendre leur voix dans lepays où l’entreprise mère a son siège. L’initiative departicipation actionnaire critique peut donc être unoutil efficace pour tenter de faire parvenir cette voixjusqu’aux directoires, administrateurs et actionnairesde l’entreprise. Du point de vue de la campagne etétant donné le rôle principal des marchés financierset de la valeur des actions, la démarche directe entant qu’actionnaire attirera davantage l’attention del’entreprise. Ceci est particulièrement vrai pour <strong>les</strong>hautes sphères de la direction, dont <strong>les</strong> revenus annuelsdépendent chaque fois plus des options d’achatsur <strong>les</strong> actions et des autres bénéfices directementliés au comportement de l’entreprise sur le marchédes valeurs. Ce genre d’engagement peut servir, parconséquent, à mettre en évidence la stratégie socialeet environnementale de l’entreprise afin d´amoindrir<strong>les</strong> principa<strong>les</strong> répercussions négatives sur le développementet d´encourager un dialogue plus actifentre la compagnie et tous <strong>les</strong> actionnaires.Deuxièmement, en ce qui concerne la culturefinancière générale, la participation actionnaire critiqueest un instrument de « démocratie économique »<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>25Participation actionnaire critique

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