12.07.2015 Views

Changeons les règles du jeu - Social Watch

Changeons les règles du jeu - Social Watch

Changeons les règles du jeu - Social Watch

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

la région. En ce qui concerne <strong>les</strong> revenus, le Gouvernementpoursuit ses efforts pour mobiliser <strong>les</strong>ressources internes afin de ré<strong>du</strong>ire la pauvreté ;l’assiette des impôts a été augmentée grâce à desréformes de la politique fiscale et à la modernisationde l’administration interne des impôts et des douanes.Cependant, l’efficacité mise dans la générationde revenus et la collecte des impôts n’ont pas suffipour garantir la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté.Le Gouvernement nécessite une politiquefiscale qui stabilise l’économie et qui établisse descontrô<strong>les</strong> sur le montant et la structure des impôtset des dépenses, et qui encourage à la fois la redistributionde la richesse. Il doit également garantir uneadjudication efficace des ressources publiques, ceciétant fondamental pour le développement économiqueet la transformation sociale à tous <strong>les</strong> niveaux.La génération de revenus ne doit pas se limiter àl’administration, au respect et au suivi <strong>du</strong> systèmefiscal. Les citoyens doivent exiger la transparenceet la justification des comptes sur l’utilisation desressources publiques destinées à l’amélioration desprestations des services publics. Le Tableau 1 reflètele degré d’asymétrie de la composition des revenus.La Loi relative au Fonds de développementdes circonscriptions : la cimentation desstructures de pouvoirOn a essayé plusieurs fois de dévier le noyau <strong>du</strong>pouvoir vers <strong>les</strong> bases. Ce mouvement adhère auconcept de subsidiarité pour justifier le glissementde pouvoir <strong>du</strong> Gouvernement central aux sphèresloca<strong>les</strong> de l’autorité publique. Cependant, la mise enœuvre de ce concept n’a pas eu le succès atten<strong>du</strong>. Ilen a été ainsi de l’intro<strong>du</strong>ction des fonds d’apport et,plus précisément des Fonds de développement descirconscriptions (CDF, d’après son sigle en anglais),établis par la Loi de CDF de 2003 2 . Cette législationpropose d’affirmer <strong>les</strong> droits, <strong>les</strong> rô<strong>les</strong> et <strong>les</strong> responsabilitésdes citoyens, notamment en ce quiconcerne <strong>les</strong> bases, la définition des priorités et lefinancement <strong>du</strong> développement. Au départ, elle étaitprévue et a été élaborée pour aborder <strong>les</strong> injusticeshistoriques ayant trait à la répartition des ressourcespar le Gouvernement central, surtout à l’époque desprésidents Jomo Kenyatta et Daniel Moi (de 1963à 2002), lorsque la distribution des ressources sebasait sur la loyauté au régime politique. À ses débutsen 2003, après la déroute <strong>du</strong> régime de Moi,le CDF fut acclamé pour l’audace que représentait leglissement de la planification des priorités de développement<strong>du</strong> Gouvernement central aux domainesdes circonscriptions loca<strong>les</strong>. Il est devenu un pilierfondamental <strong>du</strong> processus de réforme qui devait enprincipe contrôler la démocratie néo-libérale et renforcerla logique et <strong>les</strong> principes de la subsidiarité.Le CDF a été établi pour venir en aide aux sousrégionsdont le financement <strong>du</strong> développement avaitété fortement restreint comme mesure de répressionet pour contrôler le déséquilibre <strong>du</strong> développementrégional généré par la politique partisane. En dernierressort, il n’a fait que cimenter l’emprise des élitesgouvernantes sur <strong>les</strong> moyens de subsistance et sur2 Loi de CDF, Kenya Gazette Supplement No. 107.la vie de la communauté. Dans la plupart des cas,<strong>les</strong> fonds d’apport ont permis aux parlementaireschargés d’administrer ce fonds commun colosalde se convertir en membres <strong>du</strong> parlement à vie. Iléchoit aux parlamentaires, en tant que promoteursdes fonds, le pouvoir de nommer <strong>les</strong> Commissionsdes Fonds de développement des circonscriptions,ainsi que <strong>les</strong> commissaires comptab<strong>les</strong> 3 . Ce pouvoirabsolu sur la distribution des ressources au niveaudes bases, est un reflet <strong>du</strong> paradigme actuel de la démocratienéo-libérale, qui se fonde sur la préten<strong>du</strong>eefficacité des forces <strong>du</strong> marché 4 . Dans la pratique, ilgarantit aux parlamentaires la détention <strong>du</strong> pouvoiret <strong>les</strong> ressources pour maintenir une culture de parrainageet de clientélisme et, par extension, il perpétuela culture de parrainage des régimes précédents,qui refusaient à leurs adversaires politiques et auxzones de l’opposition <strong>les</strong> fonds de développementsi nécessaires.Los citoyens doivent être impliquésNe pas impliquer <strong>les</strong> citoyens dans la mobilisationet la distribution des ressources dans <strong>les</strong> sphèresloca<strong>les</strong> risque d’avoir des retombées négatives sur<strong>les</strong> systèmes de subsistance des communautés auniveau des foyers. Les parlementaires sont connuspour leur propension à affecter des ressources,comme <strong>les</strong> fonds de développement pour l’infraestructure,à leurs propres régions et à leurs bastionspolitiques, et pour avoir transféré des fonds destinésaux bourses d’étude à leurs propres supporters politiques5 . Les Commissions des CDF ont la charged’administrer le fonds commun, mais el<strong>les</strong> se composentde parents et d’amis. Par exemple, l’enquêtepour la transparence internationale dans la provincecôtière a démontré que 73 % des personnes enquêtéesn’avaient aucune idée de la façon dont ces fondsétaient gérés. Cette même enquête révèle que 60 %des habitants de la zone attribuent leur manque departicipation aux projets <strong>du</strong> CDF à leur affiliation politique6 . En sept ans d’affectation de fonds, et malgréune croissance économique de 6 % 7 pendant <strong>les</strong>cinq premières années qui ont suivi l’époque de Moi,la pauvreté a non seulement augmenté, mais el<strong>les</strong>’est également approfondie et a empiré ces dernierstemps : plus de 56 % de la population de Kenya vit endessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté, ce qui constitue uneforte augmentation par rapport au 42 % de l’année2007 8 .La décentralisation des ressources sans unedécentralisation <strong>du</strong> pouvoir de décision sur l’usageréservé à ces ressources, c’est là une simple prolon-3 Ibid.4 Corinne Kumar. South Wind, Towards A New PoliticalImaginary (Vent <strong>du</strong> sud; vers un nouvel imaginaire politique)in Dialogue and Difference, (Londres; Palgrave Macmillan,2005).5 George Ochieng, CDF <strong>Social</strong> Audit Report-Nyanza (RapportCDF d’audit social-Nyanza), 2009.6 Pwani Coalition on Good Governance (Coalition Pwani surla bonne gouvernance), Citizen’s Monitoring Report 2010(Rapport de suivi des citoyens 2010).7 Discours sur le budget <strong>du</strong> ministre de l’Économie, 2007. Voirsur : (visité le 20 février 2010).8 Voir sur : .TABLEAU 1. Composition des revenusordinaires 2008-200926,1%Taxe sur lavaleur ajoutée14,2%Impôts à laconsommation8,7%7,1%RetenuesDroit àde l´aidel´importation35,9%Impôt surle revenu7,9%D´autresimpôtsSource : Ministère de l’Économie, Statistiquesbudgétaires 2008/2009.gation <strong>du</strong> paradigme actuel <strong>du</strong> développement dansdes pays comme le Kenya et ceux <strong>du</strong> Sud globalqui fait douter de l’existence d’un intérêt véritablepour que <strong>les</strong> communautés gagnent en autonomieet contrôlent leur propre destin.Les politiques des partenaires occidentaux quisoumettent le financement de l’aide au développementà la réforme démocratique, n’édifient pasde nouvel<strong>les</strong> structures de pouvoir qui pourraientdéboucher sur l’utilisation équitable et efficace desressources destinées à améliorer la vie des communautés.De fait, cette sorte de financement <strong>du</strong>développement, notamment quand il se canalise àtravers <strong>les</strong> organisations de la société civile d’encouragementau développement local, est lié à unparadigme d’aide qui, dans presque tous <strong>les</strong> cas,n’est qu’une tentative d’évasion <strong>du</strong> pouvoir vers descompagnies et des gouvernements étrangers.Il faut remodeler le paradigme actuel <strong>du</strong> FdDpour qu’il défie la logique centralisatrice <strong>du</strong> pouvoiret qu’il le décentralise vers <strong>les</strong> communautés et<strong>les</strong> collectifs. La logique centralisatrice <strong>du</strong> conceptde la démocratie libérale dérive implicitement versla marginalisation et l’oppression des majorités. Ilfaut un nouveau paradigme qui aspire à créer unmonde favorisant l’épanouissement des indivi<strong>du</strong>set des collectifs, au lieu d’un monde de profits et derendements.Ce nouveau paradigme <strong>du</strong> FdD devra être établià partir d’un débat populaire qui fera intervenir <strong>les</strong> valeursd’équité et de dignité. Il faudra demander à tous<strong>les</strong> hommes, <strong>les</strong> femmes, <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes et <strong>les</strong> enfants decontribuer à cette démarche et d’aider à définir <strong>les</strong>objectifs <strong>du</strong> développement. Le nouveau paradigmeissu de ce processus peut générer des niveaux depouvoir décentralisé qui inclueront une nouvelle logiquede développement basée sur <strong>les</strong> besoins decroissance sociale de tous <strong>les</strong> citoyens. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 125 Kenya

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!