12.07.2015 Views

Changeons les règles du jeu - Social Watch

Changeons les règles du jeu - Social Watch

Changeons les règles du jeu - Social Watch

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Système financierOn pourrait dire que le système financier actuel nefonctionne pas comme tel, <strong>du</strong> moment qu’il n’est pascapable de financer la pro<strong>du</strong>ction. La dérégulation néede la réforme de 1977 a remplacé le système bancairespécialisé par un modèle de banque universelle ce qui adonné un clair avantage aux banques commercia<strong>les</strong> sur<strong>les</strong> banques d’investissement, de développement, sur<strong>les</strong> banques coopératives et publiques. Ainsi, le créditest concentré sur le financement de la consommation,permettant aux banques d’assurer leurs bénéficespar des taux d’intérêt extrêmement élevés, bien desfois masqués dans <strong>les</strong> achats par cartes de crédit oude consommation. Malgré l’existence d’une liquiditébancaire élevée, <strong>les</strong> banques ne donnent pas <strong>les</strong> prêtsnécessaires à l’investissement pro<strong>du</strong>ctif. Dans ce sens,la Loi des entités financières promulguée pendant ladictature affecte le crédit des petits et moyens pro<strong>du</strong>cteurset entrave la redistribution ; sa réforme s’avèreindispensable pour soutenir le développement.Investissement direct étrangerEn Argentine, l’Investissement direct étranger (IDE)a joué un rôle très important pendant <strong>les</strong> années 90,période de l’essor des privatisations. Mais à vrai dire,plutôt que d’un processus authentique d’investissementsil s’agissait plutôt d’un changement de propriété.Pendant cette période, la transnationalisation de l’Argentinea augmenté considérablement <strong>du</strong> fait de la ventede nombreuses entreprises argentines à des capitauxétrangers.Ces capitaux contrôlent actuellement la plupart del’in<strong>du</strong>strie. Dernièrement, <strong>les</strong> IDE se sont concentrésdans <strong>les</strong> activités d’extraction tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> in<strong>du</strong>striespétrolières et minières et dans d’autres activités liéesaux pro<strong>du</strong>its primaires – comme la commercialisation<strong>du</strong> soja – toutes ayant un impact très ré<strong>du</strong>it sur l’emploi.Au lieu de faire l’objet de réinvestissements, <strong>les</strong>bénéfices sont envoyés aux maisons mères et, de plus,ce genre d’activités dégrade l’environnement et meten danger la population. Pour rectifier cette situationle pays a besoin de régulations bien plus strictes ainsique de nouveaux rapports avec le capital étranger permettantde promouvoir le développement au lieu de selimiter à exporter des pro<strong>du</strong>its primaires.Dette externe et flux de capitauxLe Gouvernement a ré<strong>du</strong>it le rapport dette-PIB de120 % à 40 % en moins de cinq ans ; malgré cela, <strong>les</strong>entier de l’endettement doit être évité de sorte de nepas hypothéquer <strong>les</strong> générations futures. Pour financerle développement il est nécessaire d’annuler <strong>les</strong> mécanismesen vertu desquels <strong>les</strong> capitaux pro<strong>du</strong>its dans lepays sont systématiquement envoyés à l’étranger, cequi vient dissocier la croissance de l’accumulation. Lesystème financier a contribué, en partie, à l’instabilité del’économie et à ses crises récurrentes et il a validé <strong>les</strong>fuites périodiques de capital 4 . Il est donc nécessaire dechanger de paradigme, de laisser de côté la « valorisationfinancière » et de mettre <strong>les</strong> finances au service dela pro<strong>du</strong>ction et <strong>du</strong> développement.Actuellement, le Gouvernement envisage la possibilitéd’utiliser une partie des réserves de la Banquecentrale pour créer un Fonds garantissant le paiementde la dette, alors que certains secteurs de l’oppositions’attendent à ce que cela soit fait en ré<strong>du</strong>isant <strong>les</strong> dépensespubliques. Alors que <strong>les</strong> actifs (comme <strong>les</strong> réserves)peuvent être utilisés pour solder <strong>les</strong> passifs, il y a deuxconsidérations importantes dont il faut tenir compte.D’une part, il faut d’abord déterminer la légalité et lalégitimité de ces passifs. Par exemple, <strong>les</strong> dettes privéesencourues lors de la dictature ont été étatisées et à cejour, il existe des arrêts judiciaires <strong>les</strong> ayant déclaréesilléga<strong>les</strong>. D’autre part, <strong>les</strong> règlements doivent être subordonnésà la stratégie de développement.Le budget national 2010 enregistre des dépensespubliques en santé de Ars 10,16 milliards (quelqueUSD 2,6 milliards) et en é<strong>du</strong>cation et culture d’un peumoins de USD 5 milliards, alors que pour payer <strong>les</strong> intérêtsde la dette publique, le chiffre est estimé à USD 6,8milliards environ 5 . Il est difficile de penser à favoriser ledéveloppement si <strong>les</strong> intérêts de la dette représententpresque le même investissement que celui prévu pour<strong>les</strong> secteurs de la santé, de l’é<strong>du</strong>cation et de la culture.Au lieu de continuer à espérer que l’investissementpro<strong>du</strong>ctif provienne de la confiance des investisseursétrangers et locaux, c’est l’État qui devrait promouvoirla création de nouvel<strong>les</strong> conditions pour <strong>les</strong> affaires pro<strong>du</strong>ctives,en investissant dans <strong>les</strong> secteurs stratégiquespour le développement économique. Dans ce sens,la création d’une nouvelle Banque de développementpourrait être un instrument idoine pour canaliser <strong>les</strong>ressources provenant des cotisations de la sécuritésociale tel que le Brésil l’a déjà fait en créant avec succèsla Banque nationale de développement <strong>du</strong> Brésil 6 .4 Comme par exemple lors des hyperinflations de 1989-1990,de la crise de 2001 et de l’actuel échec <strong>du</strong> compte financier,depuis le début de la crise internationale de 2007.5 Ministère de l’Économie et finances publiques, donnéesofficiel<strong>les</strong> <strong>du</strong> Budget 2010. Disponible sur : .6 La Banque nationale de développement (BNDES) a étécréée pour encourager l’in<strong>du</strong>strialisation substitutive desimportations et elle a été responsable de la formulation etde l’exécution de la politique in<strong>du</strong>strielle <strong>du</strong> Brésil. Mêmelors de l’étape libérale des années 90 la BNDES représentait25 % <strong>du</strong> crédit total offert par le système bancaire. En2002, ce pourcentage a atteint un de ses plus hauts niveaux(33 %), jouant parfaitement son rôle « anticyclique ».Source : Claudio Golonbek et Emiliano Sevilla, “Un estudiode caso sobre Banca de Desarrollo y Agencias de Fomento”.Centre d’économie et finances pour le développement del’Argentine, Document de Travail nº 20, mai 2008. Disponib<strong>les</strong>ur : .Il faut signaler également l’importance de la miseen marche de la Banque <strong>du</strong> Sud 7 qui encourage le développementet l’intégration régionale de l’Amérique latineen proposant de nouvel<strong>les</strong> alternatives de financementbasées sur des principes d’équité, d’égalité et de justicesociale.L’économie argentine actuelle est concentrée sur<strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its primaires, avec une proportion élevée decapitaux étrangers ; par conséquent c’est le dollar américainqui opère comme réserve de valeur et c’est autour<strong>du</strong> dollar que s’organisent <strong>les</strong> relations économiques.Pour que le pays puisse se développer il faudrait modifierprioritairement la structure pro<strong>du</strong>ctive, la nationalitédes principaux capitaux, le degré de concentration desmoyens de pro<strong>du</strong>ction et, dans ce cadre, démantelerla structure néolibérale de la Banque centrale, discuterde son autonomie et modifier sa Charte Constitutive.Un organisme gouvernemental qui définit le taux dechange, la politique monétaire et financière ne peut pasignorer la volonté populaire et son seul objectif ne peutpas être uniquement celui de préserver la valeur de lamonnaie, sans tenir compte des conditions structurel<strong>les</strong>qui définissent cette valeur.Réflexions fina<strong>les</strong>Les facteurs analysés sont étroitement liés à la pauvretéet aux déficiences des indices de développementhumain ainsi qu’à l’échec dans l’accomplissement desObjectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD).D’autre part, il ne faut pas perdre de vue que l’égalitédes sexes constitue une condition fondamentale pour<strong>les</strong> processus de développement et de démocratisation.Favoriser le rôle économique des femmes en leurpermettant d’accéder aux opportunités économiqueset é<strong>du</strong>catives, en leur donnant l’autonomie nécessairepour profiter de ces opportunités serait un progrès permettantd’atteindre plusieurs des Objectifs <strong>du</strong> millénairepour le développement. Il ne s’agit pas seulement depromouvoir l’égalité des sexes mais aussi d’améliorerla santé maternelle, de ré<strong>du</strong>ire la mortalité infantile etd’avancer vers l’éradication de la pauvreté.Malgré ces considérations, <strong>les</strong> droits humains desfemmes argentines n’ont pas encore été considéréscomme un objectif de développement ; il n’existe encoreaucun programme intégral orienté vers la priseen compte de l’égalité des sexes. Pour que le Droit audéveloppement des peup<strong>les</strong> basé sur <strong>les</strong> principes de laCharte des Nations Unies et proclamé par la Déclarationde l’assemblée générale de 1986 sur le Droit au développementdevienne effectif, la société civile devra exigerla mise en œuvre d’actions politiques et de stratégiesurgentes garantissant des conditions de vie dignes etpermettant le développement personnel dans un cadrede développement <strong>du</strong>rable. n7 Créée en 2009 sous l’initiative <strong>du</strong> président <strong>du</strong> VenezuelaHugo Chávez, intégrée par l’Argentine, la Bolivie, le Brésil,l’Équateur, l’Uruguay et le Venezuela.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>63Argentine

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!