12.07.2015 Views

Changeons les règles du jeu - Social Watch

Changeons les règles du jeu - Social Watch

Changeons les règles du jeu - Social Watch

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Une faible marge pour l’ÉtatLes taux de croissance moyenne annuel de la pro<strong>du</strong>ctionde pétrole et de gaz pour la période 1997-2007 ontété de 4,6 % et 11,6 % respectivement, alors qu’entre2006 et 2007 ces taux ont été de 1,11 % et 3,73 %.Ces faib<strong>les</strong> taux de croissance de la pro<strong>du</strong>ction s’expliquentpar diverses raisons. D’après le diagnostic établidans la Stratégie bolivienne des hydrocarbures <strong>du</strong>Gouvernement actuel, il y a trois éléments qui attirentl’attention : la diminution des investissements destinésà l’exploitation et le développement des champspétrolifères, la capacité des usines de traitement deshydrocarbures et la caractéristique d’accumulation <strong>du</strong>secteur. Ces aspects montrent que le contrôle de lapro<strong>du</strong>ction continue entre <strong>les</strong> mains des compagniespétrolières.La première conclusion est que, en dépit de lacroissance significative des revenus de l’État grâceaux prix des matières premières, il n’y a pas eu demodifications <strong>du</strong> système fiscal, qui continue de fairepression sur la population. La deuxième conclusionest que le commerce <strong>du</strong> gaz continue de dépendredes investissements effectués par <strong>les</strong> compagniespétrolières dans le secteur, sans qu’el<strong>les</strong> aient l’obligationd’investir dans l’exploration et l’exploitation 7 envertu <strong>du</strong> cadre régulateur en vigueur après la réformede 2005.En ce qui concerne <strong>les</strong> dépenses, l’augmentationdes revenus fiscaux issus des bénéfices des hydrocarburesne s’est pas tra<strong>du</strong>ite en de plus grands flux d’investissementspublics dans <strong>les</strong> secteurs pro<strong>du</strong>ctifs.Les ressources issues de la vente des hydrocarburesont été essentiellement destinées à l’infrastructureroutière et, très faiblement, aux secteurs tels que l’agricultureou la manufacture 8 . Ceci est en rapport étroitavec la forme d’intégration commerciale de la Boliviedans <strong>les</strong> marchés dominants de la région : le pays estplutôt un pont intégrateur bi-océanique permettantle passage de marchandises entre <strong>les</strong> pays voisins,au lieu d’être un partenaire qui puisse promouvoir etcommercialiser sa pro<strong>du</strong>ction locale 9 .Les espoirs mis dans la conjoncture favorabledes prix pour favoriser <strong>les</strong> processus de transformation<strong>du</strong> modèle primaire d’exportation ont tendance às’évanouir face aux énormes en<strong>jeu</strong>x que doit affronterle pays. D’autant plus que <strong>les</strong> entreprises transnationa<strong>les</strong>continuent d’être <strong>les</strong> leaders des investissementsdans le secteur de l’extraction, laissant peu de margepour que l’État – incapable de renverser le processusd’appropriation des excédents – puisse envisager desprocessus de transformation <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>.7 “La crisis energética al ritmo de las petroleras”. ElObservador Nº 4. CEDLA/OBIE. Mars 2008.8 Juan Luis Espada, La renta de hidrocarburos en las finanzasprefectura<strong>les</strong>. Tendencias de los ingresos y gastos (1997-2007). CEDLA, 2009.9 Ceci en réponse à l’Initiative pour l’intégration del’infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA) et àl’investissement dans des projets routiers bi-océaniques.Crise et pression sur <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong>Selon certaines prévisions scientifiques 1 , lemonde pourrait atteindre le pic de pro<strong>du</strong>ction depétrole conventionnel avant 2020. Cette situationsuggère que <strong>les</strong> prix élevés de l’énergie persisteront,devenant ainsi un facteur de pressioninflationniste au niveau mondial et une stimulationpour le développement et la pro<strong>du</strong>ction depro<strong>du</strong>its de substitution, tels que <strong>les</strong> biocarburantsou d’autres substituts, tels que <strong>les</strong> mineraisénergétiques, l’énergie nucléaire et <strong>les</strong> sourcesd’énergie renouvelable.Dans ce scénario complexe, <strong>les</strong> réponsesface à la crise économique internationale nepeuvent pas se centrer seulement sur <strong>les</strong> conséquencesimmédiates de la récession et sur<strong>les</strong> caractéristiques de la reprise. Les réponsesdevraient plutôt surgir de l’analyse des conséquences<strong>du</strong> maintien d’un modèle de pro<strong>du</strong>ctionqui, à longue échéance, aura comme résultatune surexploitation <strong>du</strong> travail et la consolidationdes bénéfices entre <strong>les</strong> mains des monopo<strong>les</strong>transnationaux qui dominent l’exploitation desressources naturel<strong>les</strong>.Si on observe le parcours des Investissementsdirects étrangers (IDE) en Bolivie, malgréun comportement variable pendant la dernièredécennie, il est évident qu’il existe une concentrationdans <strong>les</strong> secteurs de l’extraction : <strong>les</strong> hydrocarbureset l’in<strong>du</strong>strie minière. Les informationsstatistiques officiel<strong>les</strong> montrent que, pendant2008, <strong>les</strong> deux secteurs ont concentré plus de75 % <strong>du</strong> flux des IDE 2 , avec une plus grande par-1 UK Energy Research Centre, “Global Oil Depletion. Anassessment of the evidence for a near-term peak inglobal oil pro<strong>du</strong>ction”. Août 2009.2 Institut national de statistiques. Investissements directsétrangers 1996-2001. Banque centrale de Bolivie, 2002-2008.ConclusionsOn a vu que l’augmentation des revenus fiscaux a été lerésultat d’une conjoncture extraordinaire de prix internationauxélevés des matières premières. Ceci ne permetpas de projeter de façon <strong>du</strong>rable le développement<strong>du</strong> pays, car il dépend plus que jamais des revenus issusdes taxes sur <strong>les</strong> activités primaires d’exportation,contrôlées par <strong>les</strong> entreprises transnationa<strong>les</strong>. Cesentreprises ont administré <strong>les</strong> flux d’investissementsen fonction des tendances des prix internationaux etdes conditions que l’État bolivien a établies dans lecadre de la régulation de leurs activités. nticipation de l’in<strong>du</strong>strie minière en raison, d’unepart, de l’augmentation des prix internationaux et,d’autre part, de la stagnation de l’investissementdans <strong>les</strong> secteurs pétrolier et gazier.L’IDE dans ces secteurs a montré, en contrepartie,une augmentation des versements desdividendes des actions, d’autres participations<strong>du</strong> capital et des « désinvestissements » 3 , spécialementà partir de 2004, car c’est à partir decette date que ces paiements ont dépassé ceuxde l’IDE brut. Le pic le plus élevé enregistré pourle versement de bénéfices vers l’extérieur par <strong>les</strong>entreprises transnationa<strong>les</strong> s’est pro<strong>du</strong>it en 2005,quand il a dépassé 201 % l’IDE brut 4 .En raison de ce genre d’activités (essentiellementorientées vers l’exportation), l’IDE n’a pasamélioré <strong>les</strong> conditions dans le pays, car il y a euun flux d’argent sortant de Bolivie supérieur à celuiqui est entré à ce titre. De même, ce qui rentredans <strong>les</strong> caisses de l’État au niveau fiscal et desbénéfices des activités d’extraction (pétrolierset gaziers principalement) s’est estompé dansl’investissement public pour des projets régionaux– tel que le projet d’intégration bi-océanique– au lieu d’être utilisé dans des investissementsqui aient des effets significatifs pour l’économiedes ménages. n3 Le désinvestissement est « un investissement en sensinverse (…) c’est une sorte de restitution <strong>du</strong> capital aubailleur et/ou créancier <strong>du</strong> capital de l’investissementdirect » FMI. Guide pour la compilation statistique de laBalance de paiements. Tra<strong>du</strong>ction et composition de ladirection <strong>du</strong> bureau linguistique <strong>du</strong> FMI, Washington, 1995.4 Efraín Huanca, “Generación y uso del excedenteeconómico en Bolivia, 1988-2008”. CEDLA. Mimeo.Décembre 2009 (Préliminaire).<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>75Bolivie

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!