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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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Le rôle de l’Aide publique audéveloppementSelon <strong>les</strong> données de l’Organisation de coopérationet de développement économiques (OCDE),<strong>les</strong> montants de l’Aide publique au développement(APD) envoyée au Cameroun – à travers la Banquemondiale, le PNUD et l’OCDE – ont fluctué au coursdes cinq dernières années, se situant entre 5 % et10 % <strong>du</strong> budget national 8 . On peut dire que le paysn’est pas fortement dépendant de ces ressources, sil’on tient compte <strong>du</strong> fait que le pourcentage moyenpour <strong>les</strong> pays récepteurs qui adhèrent à la Déclarationde Paris est de 12 %.La France et l’Union européenne sont, de loin,<strong>les</strong> principaux donateurs parmi <strong>les</strong> 13 qui interviennentau Cameroun. Le Fonds européen de développementde l’UE pour 2008-2013 a été de EUR 239millions, alors que le volume de l’aide de la Francea considérablement augmenté grâce au Contrat dedésendettement et de développement (C2D) signéen juin 2006 à Yaoundé pour un montant de EUR500 millions et qui consiste en un refinancement dela France sous forme de subventions de la totalité deses crédits de l’APD sur la période 2006-2010.Après une très longue période pendant laquelle<strong>les</strong> donateurs et le gouvernement travaillaient chacunde leur côté, <strong>les</strong> choses ont progressivement changéau Cameroun, en particulier grâce au programme demise en oeuvre de la Déclaration de Paris. Pour cefaire, le Gouvernement a établi, en vue d’améliorerl’efficacité de l’aide, un mécanisme de dialogue quiréunit deux fois par an autour <strong>du</strong> Secrétaire général<strong>du</strong> ministère de l’Économie, de la planification et del’aménagement <strong>du</strong> territoire, l’ensemble des membres<strong>du</strong> Comité des donateurs, <strong>les</strong> parlementaireset la société civile.C’est dans le cadre de ce mécanisme que leGouvernement et ses partenaires définissent le rôlede l’aide au développement, l’emploi et la vision <strong>du</strong>Cameroun 2035. Les débats mentionnent également<strong>les</strong> réformes que le Gouvernement doit entreprendrepour améliorer l’efficacité de l’aide.L’OCDE a présenté en 2008 une évaluation de lasituation de l’aide au Cameroun a travers une étudequi s’appuie sur <strong>les</strong> indicateurs de la Déclaration deParis. Au vu de cette analyse, on constate qu’il fautaméliorer le leadership <strong>du</strong> Gouvernement en matièrede développement, alors que <strong>les</strong> donateurs doiventréussir à ce que <strong>les</strong> accords passés dans <strong>les</strong> bureauxde l’OCDE se reflètent dans une gestion plus harmonieuselorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des projetscommuns et d’assumer la responsabilité mutuelledes résultats.Quoi qu’il en soit, <strong>les</strong> projets d’investissementpublic ont obtenu des résultats visib<strong>les</strong>, par exemple,la construction d’infrastructures dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>de Yaoundé et de Douala et des routes transnationa<strong>les</strong>Cameroun-Gabon-RCA. Selon une étude del’Agence allemande de coopération technique (GTZ,selon le sigle allemand), le pays limite sa capacité8 AFRODAD. Une évaluation critique de la gestion de l’aideet de l’harmonisation des donateurs. Le cas <strong>du</strong> Cameroun(2007). Disponible sur : .de réception de l’aide bien souvent par manque decoordination et de consensus entre le Gouvernementet ses partenaires techniques et financiers quant à cequi est des priorités. Qui plus est, des groupes de lasociété civile accusent <strong>les</strong> fonctionnaires publics dene plus être motivés et d’être corrompus, incompétentset incapab<strong>les</strong> de mettre en oeuvre <strong>les</strong> ambitieuxprogrammes et projets de développement, malgrél’APD reçue.Les principaux problèmesL’égalité des sexesLes indicateurs montrent que la scolarisation desfil<strong>les</strong> s’est améliorée, notamment pour ce qui estde l’é<strong>du</strong>cation primaire, où le rapport fil<strong>les</strong>/garçonsest passé de 0,83 à 0,89 entre 2001 et 2007. Simultanémentune baisse a été enregistrée dans l’enseignementsecondaire sur la même période, où il estpassé de 0,93 à 0,86. Comme indiqué plus haut,l’analphabétisme est plus élevé chez <strong>les</strong> femmesque chez <strong>les</strong> hommes. D’autre part, l’alphabétisationdes femmes de 15 à 24 ans s’est maintenue stable àenviron 0,88 9 .Si l’on tient compte <strong>du</strong> fait que plus de 55 % dela population économiquement active travaille dansle secteur agricole informel 10 , un projet de développement<strong>du</strong>rable ne peut pas éviter de considérer <strong>les</strong>besoins de ce secteur économique qui est en pluscelui où la pauvreté est la plus répan<strong>du</strong>e. Cependant,la considération d’égalité hommes/femmes reste encoretrès dépendante de la féminisation des emplois :la participation féminine dans le secteur non agricolea à peine progressé, passant de 21 % en 2006 à 22 %en 2009 11 , une évolution minime qui s’explique par lalenteur <strong>du</strong> changement de mentalité sur la questionde l’égalité des sexes. L’accès aux moyens de pro<strong>du</strong>ctiontels que la terre, le crédit et autres technologiesest plus difficile pour la femme 12 .La représentation des femmes au sein des instancesde décision (entre autres, la haute administration,la représentation nationale et <strong>les</strong> collectivitésterritoria<strong>les</strong> décentralisées) reste extraordinairementfaible. Les femmes occupent à peine 12,5 % desministères et seulement 13,9 % des sièges parlementaires,soit 24 députées sur 180 pour la législature2007/2012, un recul par rapport à la législature1988/1992, où le pourcentage était de 14,4 % 13 .Le Cameroun a atteint 51 points dans l’Indicateurde l’Égalité de genre 2009 de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>,qui mesure l’écart entre <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> hommessur la base de différents indicateurs dont la valeurmaximum (équité complète) est 100, ce qui le situeen deçà de la moyenne régionale subsaharienne qui9 DSCE, p. 13. Disponible en français sur : .10 Backiny-Yetna, Prosper, “Secteur informel, fiscalité et équité :l’exemple <strong>du</strong> Cameroun”, The African Statistical Journal, vol.9, novembre 2009.11 Forum Économique Mondial, Global Gender Gap Report.12 DSCE, op. cit.13 Union interparlementaire, base de données Women inParliaments. Disponible sur : .est de 55 points et révèle une régression sévère depuis2004 14 .Conformément à ces données, et au-delà desdiscours <strong>du</strong> Gouvernement en faveur de l’équité entrehommes et femmes, la société civile exige desactions plus concrètes qui combattent l’inégalitédans <strong>les</strong> domaines où elle subsiste. Pour ce faire il aproposé une loi qui définisse <strong>les</strong> dispositifs institutionnelset standard servant à mesurer l’évolution dela situation en matière d’égalité des sexes dans tous<strong>les</strong> secteurs lors de la mise en oeuvre <strong>du</strong> DSCE et desautres plans vers 2035. Les éléments principaux decette proposition sont <strong>les</strong> suivants :• Définition de quotas de parité homme/femme,<strong>jeu</strong>ne/a<strong>du</strong>lte et des personnes handicapées ;• Identification des institutions, existantes oubonnes à créer, qui remplissent des fonctionsde supervision, de direction, de mise en oeuvre,de contrôle, de suivi et de sanction.SantéLes statistiques de l’UNICEF pour 2008 situent letaux de mortalité des enfants de moins de cinq ans à131 pour mille enfants nés vivants 15 , ce qui indiqueune amélioration, très éloignée cependant de la cibleprévue pour 2015. Cette amélioration a été possiblegrâce à une augmentation de la couverture de la vaccinationcontre la rougeole – 64,8 % à 78,8 % –, lapromotion de l’allaitement maternel et la lutte contre<strong>les</strong> maladies infanti<strong>les</strong> et <strong>les</strong> carences alimentaires.Entre 1998 et 2004 la mortalité maternelle avaitaugmenté de 430 à 669 pour 100 000 accouchements.Pour satisfaire aux OMD dans cette matièrele chiffre ne devrait pas dépasser 350 morts pour 100000 naissances 16 .ConclusionMême si la grande majorité des OMD ne pourra pasêtre atteinte pour 2015, le Cameroun se convertira enun pays émergent avant le délai prévu dans le DSCE.Il devra pour cela, entre autres, modifier profondémentsa gouvernance économique et financière etmettre l’accent sur la valorisation des compétencesdes hommes, des femmes, des <strong>jeu</strong>nes, des a<strong>du</strong>lteset des personnes handicapées sans aucune sorte dediscrimination.Pour que <strong>les</strong> programmes de développementpuissent être mis en marche de façon plus efficace etqu’ils pro<strong>du</strong>isent de bons résultats il est indispensableque <strong>les</strong> fonds soient mieux gérés, ce qui requiertune plus grande coordination entre le Gouvernementet ses partenaires techniques et financiers de l’extérieur.Cela devrait commencer par l’élaborationconjointe d’une liste de priorités. n14 Disponible sur : .15 UNICEF 2008. Disponible sur: .16 DSCE, op.cit.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>81Cameroun

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