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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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L’agriculture est un des secteurs <strong>les</strong> plus importantsde l’économie afghane, notamment la culture <strong>du</strong> pavot. Aucours des dernières décennies, cette source de revenus aété <strong>du</strong>rement touchée par la sécheresse. En raison de satechnologie obsolète et de son infrastructure d’irrigation trèsélémentaire, le secteur est obligé de subir la concurrence depro<strong>du</strong>its importés d’autres pays, comme l’Iran, le Pakistanet l’Ouzbékistan, où le développement technologique et plusavancé. En outre, étant donné que <strong>les</strong> installations pour <strong>les</strong>tockage et l’élaboration sont insuffisantes, <strong>les</strong> agriculteursdoivent vendre leurs pro<strong>du</strong>its rapidement et à bas prix.AideAprès l’effondrement <strong>du</strong> régime taliban en 2001, différentspays donateurs se sont engagés à fournir de l’aide à un niveauimportant, ce qui a déterminé la réhabilitation rapidede nombreux centres urbains et de nombreuses routes,ainsi que de petits projets d’infrastructure publique dans<strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>. Toutefois, cela n’a pas amélioré le niveaude vie des personnes pauvres vivant en zones rura<strong>les</strong>. Lesseuls investissements importants ont été réalisés dans dessecteurs à rendement élevé, comme le bâtiment et <strong>les</strong> télécommunications,dans <strong>les</strong>quels vers la fin de l’année 2008,un total de USD 1,3 milliard a été investi. 8L’aide internationale représente environ 90 % des dépensespubliques et joue un rôle important pour la paix etla stabilité <strong>du</strong> pays. Toutefois, jusqu’à présent l’aide a étéinsuffisante et a été utilisée sans tenir compte de certainscritères économiques et de manière inefficace. On estimeégalement que 40 % de l’aide a été reversée aux pays donateurssous la forme de profits pour <strong>les</strong> sociétés et de salairesdes consultants. En décembre 2007, le directeur d’une entreprisede construction privée basée à Kaboul déclarait quecertaines entreprises privées qui obtiennent des contratsdirects avec <strong>les</strong> principaux entrepreneurs conservent 50 %<strong>du</strong> budget avant de sous-traiter l’affaire en la confiant à uneentreprise locale. 9Les montants destinés à la reconstruction sont debeaucoup inférieurs aux dépenses militaires. Le coût <strong>du</strong>maintien d’un soldat américain en Afghanistan est d’environUSD 1 million par an 10 et, depuis 2001, l’Afghanistan adépensé près de 57 % des quelque USD 47 milliards d’aideprovenant des États-Unis pour former et équiper <strong>les</strong> forcesafghanes 11 .Peu de progrèsDepuis 2001, l’Afghanistan a réalisé des progrès importants,tels que la mise en place d’institutions démocratiques et deministères, l’amélioration des soins médicaux et de la vaccination,l’expansion de la scolarité primaire, la constructionde routes et d’infrastructures de transport, la croissanceéconomique et la formation des forces de sécurité nationa<strong>les</strong>.En outre, on constate de nombreux cas d’assistance correctementadministrée : par exemple, dans le secteur de l’é<strong>du</strong>-8 Ibid.9 Cité dans Matt Waldman, Falling Short: Aid Effectiveness inAfghanistan, ACBAR Advocacy Series (Kaboul : Agence decoordination pour l’aide humanitaire afghane, 2008), 29.Disponible sur : .10 Christopher Drew, “High Costs Weigh on Troop Debate forAfghan War”, The New York Times, 14 novembre 2009.11 Curt Tarnoff, “Afghanistan: U.S. Foreign Assistance”, CRSReport for Congress, 25 juin 2010.Information sur l’aide fournie à l’Afghanistan• Il y a un déficit d’aide de USD 10 milliards,ce qui représente 30 fois le budget nationalde l’é<strong>du</strong>cation; depuis 2001 <strong>les</strong> pays donateursse sont engagés à débourser USD 25milliards en aide, mais jusqu’à présent seulementUSD 15 milliards ont été versés.• On estime que 40 % de l’aide est récupéréepar <strong>les</strong> pays donateurs sous forme de profitpour <strong>les</strong> sociétés et de salaires de consultants; cela représente environ USD 6 milliardsdepuis 2001.• En grande mesure, en raison <strong>du</strong> manque decoordination et de communication, le Gouvernementne sait pas comment un tiers del’aide reçue depuis 2001 (équivalant à environUSD 5 milliards) a été dépensé.• L’armée américaine en Afghanistan dépenseenviron USD 100 millions par jour, alors que levolume moyen de l’aide allouée par l’ensembledes pays donateurs depuis 2001 équivautà seulement USD 7 millions par jour.• Plus de la moitié de l’aide est conditionnée àl’achat de biens et de services provenant <strong>du</strong>pays donateur.cation ou dans des projets de développement rural basés sur<strong>les</strong> communautés (dans le cadre <strong>du</strong> Programme national desolidarité qui a énormément changé la vie des Afghans).Cependant, la plupart des Afghans en<strong>du</strong>rent encoredes privations et des millions d’habitants vivent dans uneextrême pauvreté. Une grande partie de l’assistance a étésubordonnée aux priorités des pays donateurs plutôt qued’être adaptée aux besoins des Afghans. Beaucoup trop deprojets sont conçus pour obtenir des résultats rapides etvisib<strong>les</strong> et non pas pour parvenir à la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong>rable de lapauvreté ou au développement de compétences.La quatrième partie de l’aide à l’Afghanistan a été affectéeà l’assistance technique dans le but de renforcer <strong>les</strong> compétencesdes membres <strong>du</strong> Gouvernement, mais une bonnepartie de cette assistance a été gaspillée ou a eu un impactlimité. Trop souvent, la conception et l’exécution des plansnégligent l’importance <strong>du</strong> renforcement de compétences etde la situation et <strong>les</strong> droits des femmes. Le gros de l’aide sedirige vers Kaboul et vers d’autres centres urbains plutôtque vers <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> où vivent plus des trois quarts desAfghans et où elle serait pourtant plus nécessaire. Certainssecteurs, comme l’agriculture, ont reçu un soutien insuffisant,car ils n’ont pas été considérés comme prioritaires.En outre, selon l’Enquête de suivi de la Déclarationde Paris, plus de la moitié de l’assistance fournie à l’Afghanistanest conditionnée. Les pays donateurs exigent quel’Afghanistan leur achète des services ou des ressources,privant ainsi l’économie afghane d’une aide précieuse etaugmentant le coût des projets. Les pays donateurs nerédigent que rarement–voire jamais–de rapports publicsétablissant leurs objectifs et il y a peu de preuves de leursréalisations 12 .12 Matt Waldman, op. cit., 9.• Plus des deux tiers de l’aide sont canalisés àl’extérieur <strong>du</strong> Gouvernement.• Selon <strong>les</strong> derniers chiffres de l’Organisationde coopération et de développementéconomiques (OCDE), moins de 40 % del’assistance technique est coordonnée avecle Gouvernement et seulement un tiers destravaux d’analyse ou d’évaluation des donateursse fait de façon conjointe.• Les marges de bénéfice des entreprises internationa<strong>les</strong>et afghanes dans <strong>les</strong> contratsde reconstruction sont souvent de 20 % etpeuvent atteindre 50 %.• Les consultants étrangers qui travaillentpour <strong>les</strong> cabinets de conseil privés àtemps plein coûtent entre USD 250.000 etUSD 500.000 par an.Source : Matt Waldman, Falling Short: Aid Effectiveness inAfghanistan, ACBAR Advocacy Series (Kaboul : Agence decoordination pour l’aide humanitaire afghane, 2008).L’espace humanitaireEn Afghanistan, <strong>les</strong> travailleurs humanitaires ne possèdentpas d’espace où ils puissent apporter de l’aide, notammentdans <strong>les</strong> zones contrôlées par <strong>les</strong> groupes d’oppositionarmés.Après la chute <strong>du</strong> régime taliban, la plupart des donateursa estimé que le conflit en Afghanistan était terminé etle Bureau des Nations Unies pour la coordination de l’assistancehumanitaire (UNOCHA) a été officiellement fermé.L’UNAMA a pris en charge <strong>les</strong> activités humanitaires jusqu’àce que récemment le contrôle ait été repris par l’UNOCHA. Laplupart des pays donateurs et des organisations humanitaires(à l’exception <strong>du</strong> Comité international de la Croix-Rouge)n’ont pas <strong>les</strong> moyens de négocier l’accès avec l’autre partieen conflit.Les talibans considèrent <strong>les</strong> organismes d’aide commedes organismes progouvernementaux, ce qui fait que <strong>les</strong> ONGont <strong>du</strong> mal à accéder aux zones qui ne sont pas contrôléespar le Gouvernement. Il n’y a pas de consensus entre <strong>les</strong> paysdonateurs, <strong>les</strong> ONG et la société en général sur <strong>les</strong> besoinsvéritab<strong>les</strong> en matière d’aide humanitaire. Dans de nombreuxcas, l’insistance des forces militaires pour travailler en collaborationavec <strong>les</strong> ONG a déterminé la militarisation, réelle ouperçue comme telle, de l’assistance 13 . La quasi-totalité desdonateurs est formée par des parties belligérantes ; il n’y apas de place pour l’humanitarisme et l’OTAN lui-même décrit<strong>les</strong> ONG comme des organismes ayant un « pouvoir faible »et comme des agents progouvernementaux. n13 Sippi Azarbaijani-Moghaddam, Mirwais Wardak, IdreesZaman et Annabel Taylor, Afghan Hearts, Afghan Minds:Exploring Afghan Perceptions of Civil-Military Relations(British and Irish Agencies Afghanistan Group, 2008).Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>59Afghanistan

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