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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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face à la malnutrition 8 , ce qui signifie que l’Érythrée ale deuxième pourcentage plus élevé en malnutrition aumonde, après la République Démocratique <strong>du</strong> Congo, quise trouve impliquée dans des luttes intestines. Un symptômeen est la croissance éloquente <strong>du</strong> nombre d’enfantsmendiants dans <strong>les</strong> rues d’Asmara, la capitale 9 . Malgréces rapports si inquiétants, le Gouvernement n’a jamaisadmis l’urgence de la crise. Le président Isaïas Afwerkia nié à plusieurs reprises que la faim menace le pays eta affirmé qu’il n’existait pas de pénurie alimentaire. Ladernière affirmation de la sorte a été prononcée pendantune séance informative avec de hauts fonctionnaires le8 mars 2010 10 . Le Gouvernement a également refusél’autorisation à des groupes humanitaires qui souhaitaientvisiter <strong>les</strong> zones <strong>les</strong> plus gravement touchées parla famine.Baisse des recettes et dépenses militairesexcessivesIl n’y a pas de budget national publié de manière officielle,ce qui rend difficile le suivi de la structure des recettes etdes dépenses <strong>du</strong> Gouvernement. Cependant quelquessources indiquent que <strong>les</strong> envois de fonds arrivent àconstituer un tiers de l’économie nationale 11 . Le pays al’une des plus grandes diasporas <strong>du</strong> monde entier enproportion à sa population : on dit que plus d’un milliond’érythréens, sur un total de près de quatre millions,se trouvent hors <strong>du</strong> pays. Il y a trois sortes principa<strong>les</strong>d’envois de fonds provenant de la diaspora érythréenne :l’argent que l’on envoie à des parents restés au pays, celuique le Gouvernement collecte officiellement à traversl’impôt de 2 % sur <strong>les</strong> revenus, et celui que l’on collecte entant que soutien pour des « projets de développement »,« défense nationale », « fond des martyrs » et autres motifs.L’argent de ces deux dernières catégories est collectédans <strong>les</strong> ambassades de l’Érythrée dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> <strong>les</strong> plusimportantes <strong>du</strong> monde entier. Autrefois, on se servait desinstitutions financières appartenant au Gouvernementpour <strong>les</strong> envois de fonds à des parents. Cependant, enraison de la surévaluation persistante de la monnaie nationale,le nakfa, beaucoup d’érythréens utilisent maintenantdes formes alternatives d’envois, ce qui a provoquédes pertes considérab<strong>les</strong> de devises pour <strong>les</strong> recettes <strong>du</strong>Gouvernement. De plus, en raison de l’augmentation de larépression politique, <strong>les</strong> envois de fonds des deux autrescatégories ont connu une chute importante.Comme il s’agit de l’un des Gouvernements <strong>les</strong> plushermétiques <strong>du</strong> monde entier, la population de l’Érythréene sait ni comment ni en quoi l’argent est dépensé.Cependant, il existe des rapports qui indiquent que lepays affiche l’un des niveaux de dépenses militaires<strong>les</strong> plus élevés. Dans son rapport annuel de 2009, le8 Eritrea: Africa’s Version of North Korea?, dans The ChristianScience Monitor, 2009. Disponible sur : (consulté le 9 novembre 2009).9 N. Hirt, Dreams Don’t Come True in Eritrea: Anomie and FamilyDisintegration Due to the Structural Militarization of Society,Documents de travail de GIGA, 119/2010, janvier 2010, 13, 26.10 Ministère de l’ Information Raising Pro<strong>du</strong>ctivity Guarantee ofNational Objectives and Vision: President Isaias, Shabait.comNews, le 8 mars 2010. Disponible sur : (vu le 8 mars 2010).11 The Christian Science Monitor, op. citCentre international de Bonn pour la conversion (BICCselon son sigle en anglais), a placé l’Érythrée comme lepays le plus militarisé, alors que l’Institut internationaldes études stratégiques (IISS en anglais) l’a placée audeuxième rang 12 . Un autre rapport signale que l’Érythréea une armée composée de 600.000 effectifs, y compris<strong>les</strong> divisions professionnel<strong>les</strong> et la réserve 13 . Toutes <strong>les</strong>deux se trouvent en mobilisation permanente depuis ledébut des conflits frontaliers avec l’Éthiopie entre 1998et 2000, entraînant des niveaux plus élevés de dépensesmilitaires, au détriment de la récupération économiqueet <strong>du</strong> développement social. Le BICC rapporte que 20 %<strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it intérieur brut (PIB) de l’Érythrée est consacréaux dépenses militaires, alors que Solidarité chrétiennemondiale (CSW en anglais) et l’organisation pour <strong>les</strong>droits humains Human Right Concern–Eritrea (HRC-E) indiquent que le pourcentage est de 25 % <strong>du</strong> PIB 14 .Etant donné la minuscule économie de l’Érythrée et ladimension de sa population, ses dépenses militaires et lepourcentage de son recrutement sont exorbitants.L’isolement international s’accroîtLes pays en voie de développement qui peuvent aborderefficacement <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> développement économiquesans compter sur la coopération internationale sont peunombreux. Cependant l’Érythrée a établi de mauvais rapportsavec la communauté internationale. Les dix dernièresannées, <strong>les</strong> médias internationaux et des observateursont fait référence au pays en des termes tels que « le coinsolitaire de la planète» , « la prison en plein air », « laCorée <strong>du</strong> nord de l’Afrique », « l’État insulaire et paria», et « le centre d’attention pour <strong>les</strong> pires motifs » 15 . Cesdescriptions sont essentiellement <strong>du</strong>es à la rigidité de laculture politique <strong>du</strong> Gouvernement et au niveau alarmantdes violations des droits humains, ainsi qu’à sa tentativearchaïque et vaine de se débrouiller tout seul en matièreéconomique.Dans des milieux régionaux et internationaux, laréputation de l’Érythrée s’est irrémédiablement ternieà cause <strong>du</strong> rôle destructif qu’elle a joué dans presquetous <strong>les</strong> conflits surgis dans la Corne de l’Afrique. Cetterégion instable a subi <strong>les</strong> ravages permanents de la guerreconventionnelle, des guérillas, des coups d’État et des révolutions.Depuis son indépendance en 1991, l’Érythrée afait la guerre à tous ses voisins <strong>les</strong> plus proches – Djibouti,l’Éthiopie et le Soudan – ainsi qu’une guerre par procurationavec la Somalie, un pays avec lequel l’Érythrée nepartage même pas de frontière. Le pays a également euun conflit armé avec le Yémen.12 BICC, Global Militarization Index (GMI), 2009.Disponible sur : (consulté le9 décembre 2009); IISS, The Military Balance: The AnnualAssessment of Global Military Capabilities and DefenceEconomies, Londres, 2009. Disponible sur : (visité le 9 décembre 2009).13 Bertelsmann Stiftung, op. cit., 4, 13.14 CSW y HRC–E, Stakeholder Report on the Human RightsSituation in Eritrea. Submitted to the Universal PeriodicReview of the UN Human Rights Council, avril 2009, 7.15 N. Myers, Africa’s North Korea: Inside Eritrea’s Open-AirPrison, en Foreign Policy, juillet–août 2010. Disponible sur : (consulté le 8 juillet 2010).R. Reid, Traumatic Transitions: Open Season on the EritreanState, en African Affairs, 105 (2006), 638À cause de l’hostilité de ses leaders, l’Érythrée a étéexclue de façon notoire des forums régionaux et internationaux<strong>les</strong> plus importants, depuis l’Autorité intergouvernementalepour le développement (IGAD en anglais)– l’organisation régionale qui réunit <strong>les</strong> pays de la Cornede l’Afrique – jusqu’à l’Union africaine (UA) et l’ONU. En2009, le degré d’indignation de la communauté internationaleenvers le Gouvernement en raison de ses activitésdéstabilisantes dans la région de la Corne de l’Afrique aentraîné l’adoption de mesures punitives strictes de lapart <strong>du</strong> Conseil de sécurité de l’ONU contre <strong>les</strong> leadersmilitaires et politiques. La Résolution 1907 a imposé unnouveau régime de sanctions comprenant l’embargo desarmes, des restrictions de voyages et le gel des actifs. 16 .Les deux dernières catégories concernent <strong>les</strong> plus hautsfonctionnaires et <strong>les</strong> institutions financières qu’ils contrôlentdirectement ou indirectement.La Résolution 1907 a été créée à l’IGAD et a été adoptéepar l’UA ; c’est la première fois que l’UA a formellementutilisé une résolution de l’ONU contre l’un de ses propresÉtats membres. Le Gouvernement a réagi à travers unecampagne de désinformation qui comprend la manipulationdes communautés de la diaspora pour qu’el<strong>les</strong>organisent des « protestations massives » contre cetterésolution dans <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> vil<strong>les</strong> <strong>du</strong> monde entier. Onestime que la résolution peut toucher l’ IDE puisqu’ellecontient des clauses portant sur le flux de capitaux descompagnies et des citoyens étrangers.Les futurs en<strong>jeu</strong>xOn n’accorde plus d’autorisation officielle pour des voyagesni pour des recherches à des chercheurs indépendantsdans le pays, notamment en matière des droits humains etde développement politique. Par conséquent il est toujoursextrêmement difficile d’évaluer <strong>les</strong> progrès et <strong>les</strong> reculsdans la réalisation des OMD, ainsi que de transmettre uneimage complète de la situation réelle <strong>du</strong> pays. Malgré desrestrictions aussi strictes, il y a encore plusieurs rapportsfiab<strong>les</strong> élaborés par des chercheurs et des centres de recherchesindépendants. Beaucoup d’entre eux représententl’Érythrée comme un État virtuellement en situationd’échec et comme un pays au bord de la rupture 17 .Le plus grand en<strong>jeu</strong> est le manque de volonté politiquede la part <strong>du</strong> Gouvernement pour faciliter la démocratisation,respecter <strong>les</strong> droits humains et libéraliser l’économie.Comme lors des années précédentes, la performance<strong>du</strong> Gouvernement par rapport à ses engagementset à ses obligations internationa<strong>les</strong> quant à l’éradicationde la pauvreté, l’égalité des sexes et la promotion desdroits humains, a été extrêmement mauvaise. L’Érythréesouffre de la répression <strong>du</strong> parti officiel, le Front populairepour la démocratie et la justice et de ses politiqueséconomiques déficientes, ainsi que <strong>du</strong> degré toujoursplus grand d’isolement international. Sans une transitionpolitique pacifique vers la démocratie, ces en<strong>jeu</strong>xreprésenteront toujours des obstac<strong>les</strong> énormes pour laréalisation des objectifs de récupération économique etde développement social de l’Érythrée. n16 Nations Unies, UN Doc S/RES/1907,le 23 décembre 2009.Disponible sur : (consulté le 3 juin 2010).17 Le Fonds pour la paix, Index des États faillis, 2010.Disponible sur : (consulté le 8 juillet 2010).<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>99Érythrée

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