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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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car son honneur peut être sauvé grâce au mariage, évitantainsi un probable « crime d’honneur » de la part dela famille ou de la communauté. Cependant, dans <strong>les</strong>faits, cela institutionnalise la honte et le déshonneurliés au viol, et compromet encore davantage la vie et lasécurité de la victime.Homicide avec des circonstances atténuantesLes crimes d’honneur sont commis pour plusieurs raisonstel<strong>les</strong> que l’a<strong>du</strong>ltère, le refus d’ épouser l’hommechoisi par la famille, la tentative d’épouser quelqu’unque la famille n’approuve pas, <strong>les</strong> relations sexuel<strong>les</strong>prénupcia<strong>les</strong>, le fait d’être victime de viol, voire le soupçond’avoir commis un de ces faits. Les meurtres sont<strong>les</strong> plus fréquents mais il y a aussi d’autres formes deviolences tel<strong>les</strong> que la mutilation.Le Code pénal d’Iraq traite <strong>les</strong> meurtres d’honneurde manière différente des autres homicides. Les loispermettant des peines atténuées pour <strong>les</strong> crimes d’honneuront été suspen<strong>du</strong>es dans la région <strong>du</strong> Kurdistan en2000 mais el<strong>les</strong> sont toujours en vigueur dans le restede l’Iraq. L’Ordre Nº 6 <strong>du</strong> RCC <strong>du</strong> mois de janvier 2001 aélargi la catégorie des crimes d’honneur en permettant<strong>les</strong> peines atténuées pour l’homicide de la femme oud’une parente proche lorsqu’il a trait à l’honneur. Selonl’article 130 <strong>du</strong> Code pénal, ces peines atténuéespeuvent être seulement d’un an (si la peine complèteavait été de mort), ou de six mois (si la peine complèteavait été l’emprisonnement à vie). Ceci est contradictoireavec l’illégitimité de la coutume et sert à l’imposercomme une forme de peine extrajudiciaire, ceci étantinterdit par la Constitution.Le comité de la CEDAW a manifesté son grandsouci pour <strong>les</strong> crimes d’honneur en Iraq 9 . Les femmesactivistes iraquiennes, en coordination avec plusieursparties intéressées (nationa<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong>) mènentune campagne afin de modifier la loi et plaidentpour que le parlement abroge la loi sur <strong>les</strong> « crimesd’honneur » de manière à ce que <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong> soientjugés pour homicide. D’énormes doutes planent surla réalisation de cette réforme, compte tenu de la faib<strong>les</strong>se<strong>du</strong> Gouvernement et <strong>du</strong> conservatisme régnantau parlement.Bien d’autres délits sont impunisIl y a d’autres délits de violence envers la femme pour<strong>les</strong>quels la législation actuelle ne protège pas la victime.Au contraire, dans la plupart des cas <strong>les</strong> auteurs restentimpunis ou reçoivent des peines atténuées, entreautres :• Enlèvements et séquestrations. Selon l’article 423<strong>du</strong> Code pénal d’Iraq, l’enlèvement d’une femmerequiert une peine maximale de 15 ans d’emprisonnement; cependant, tout comme dans <strong>les</strong> casde viol ou de tentative de viol, l’auteur <strong>du</strong> délit seraexempté de peine s’il épouse la victime.• Violence domestique. Selon l’article 41 <strong>du</strong> Code,le mari a le droit de punir sa femme ; bien que laloi indique que cette punition soit permise « danscertaines limites établies par la loi ou la coutume »,9 Comité de CEDAW, “Summary record of the 468 th meeting”,CEDAW/C/SR/468, le 14 juin 2000. Disponible sur : (vu le 7 juillet 2010).<strong>les</strong> limites léga<strong>les</strong> n’ont pas été déterminées et <strong>les</strong>limites coutumières sont très vagues.• Traite de personnes et prostitution. Bien que laConstitution interdise la traite des femmes et des<strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong>, et que la prostitution soit un délit,<strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> forcées à se prostituern’ont que très peu ou aucune ressources.D’ailleurs <strong>les</strong> délits de traite de personnes ne sontpas énumérés dans <strong>les</strong> statistiques sur <strong>les</strong> délits<strong>du</strong> ministère de l’Intérieur et ne sont pas inclusdans la formation policière.• Mutilation génitale féminine (FGC d’après sonsigle en anglais). Bien que ce ne soit pas une pratiquecommune dans le sud de l’Iraq, des rapportsprécisent que la mutilation génitale féminine arecommencé dans le nord. Il n’y a pas de lois précisescontre cette pratique et même si le ministèrede la Santé affirme que <strong>les</strong> médecins ne sont pasautorisés à pratiquer ces interventions, il n’y a pasde mécanismes légaux pour faire respecter cetteinterdiction.• Violence pour des motifs religieux et des pratiquestriba<strong>les</strong>. Un rapport d’ ABA/ILDP de 2006 indiquaitqu’au milieu des tensions chaque fois plus sectairesen Iraq, <strong>les</strong> groupes extrémistes sunnites etchiites exigeaient que <strong>les</strong> femmes portent le voileislamique pour éviter des con<strong>du</strong>ites « immora<strong>les</strong> »ou « anti – islamiques » au risque de devoir faireface à des conséquences violentes 10 . Dans la villede Basra, la deuxième en population en Iraq, 133femmes ont été assassinées et mutilées en 2007et leurs corps trouvés dans des poubel<strong>les</strong> accompagnésde messages d’avertissement contre « lenon-respect des enseignements de l’Islam 11 ».• Violence envers <strong>les</strong> femmes détenues. Bien quela couverture de la presse sur <strong>les</strong> abus contre <strong>les</strong>prisonniers à Abou Ghriba se soit centrée sur latorture, <strong>les</strong> abus sexuels et le traitement humiliantenvers <strong>les</strong> hommes iraquien, différentes sourcesindiquent que <strong>les</strong> femmes prisonnières ont subiun traitement similaire, voire des viols. D’après unrapport de Humans Rights <strong>Watch</strong>, le secret qui aentouré l’isolement des femmes « a été le résultatd’un complot entre <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> et <strong>les</strong> forcesd’occupation » : <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> craignaient la stigmatisationsociale et la Force multinationale en Iraqcraignait d’être condamnée par <strong>les</strong> groupes desdroits humains et la colère des iraquiens 12 . D’aprèsle Département d’État des États-Unis, la police iraquiennea également participé aux abus contre<strong>les</strong> femmes tels que des menaces, intimidations,coups et applications de décharges électriques 13 .10 ABA/ILDP, op. cit.11 MADRE, “Who is Killing the Women of Basra?”, le 9 juillet2008. Disponible sur : .12 Human Rights <strong>Watch</strong>, “Climate of Fear: Sexual Violenceand Ab<strong>du</strong>ction of Women and Girls in Baghdad”, Iraq,15(7), juillet 2003. Disponible sur : .13 Département d’État des États–Unis, Iraq Country Report onHuman Rights Practices 2005, le 8 mars 2006. Disponib<strong>les</strong>ur : .De nouvel<strong>les</strong> chancesDans <strong>les</strong> sociétés post-conflit comme l’Iraq, la « justicepour <strong>les</strong> femmes » est en grande partie toujours uneillusion, bien que l’on fasse quelques progrès. Le motsignifie beaucoup plus que justice dans <strong>les</strong> tribunauxpour <strong>les</strong> délits contre <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> ; ilcomprend le traitement équitable et la participation de lafemme dans la négociation des conventions de la paix,la planification et la mise en pratique des opérations depaix, la création et l’administration <strong>du</strong> nouveau Gouvernement(y compris <strong>les</strong> organismes et institutionsprenant en charge <strong>les</strong> besoins des femmes et des <strong>jeu</strong>nesfil<strong>les</strong>), le fait de leur donner accès à tout le spectre deschances é<strong>du</strong>catives, la participation à la revitalisation età l’accroissement de l’économie, et la promotion d’uneculture encourageant <strong>les</strong> talents, <strong>les</strong> capacités et le bienêtredes femmes et des <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong>.Les crises peuvent servir à faire tomber <strong>les</strong> barrièressocia<strong>les</strong> et <strong>les</strong> coutumes des patriarches traditionnels,en fournissant des ouvertures pour la constructiond’une société plus juste et équitable dans laquelle<strong>les</strong> droits de la femme seront protégés et l’égalité dessexes sera la norme dans un cadre institutionnel etsocial. Il faut profiter de ces possibilités non seulementpour promouvoir la réinsertion sociale mais aussi pourencourager et soutenir <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> structures institutionnel<strong>les</strong>,la législation et sa mise en œuvre afin deprotéger <strong>les</strong> droits politiques, économiques, sociauxet culturels.RecommandationsL’ONU, <strong>les</strong> pays donateurs et <strong>les</strong> agences internationa<strong>les</strong>peuvent donner un appui aux femmes iraquiennesdes manières suivantes, suggérées à la communautéinternationale :• Négocier avec le Gouvernement d’Iraq pour qu’ilrespecte ses engagements et devoirs quant auxaffaires des droits humains et qu’il autonomise <strong>les</strong>femmes pour qu’el<strong>les</strong> participent aux processus<strong>du</strong> pouvoir politique, de la consolidation de la paixet de la réconciliation nationale.• Donner priorité à l’aide financière pour la formationen égalité des sexes aux ministères de l’Intérieuret de la Justice, à l’Institut judiciaire, dans <strong>les</strong>universités et facultés de droit et <strong>les</strong> ONG.• Offrir une formation sur <strong>les</strong> connaissances juridiquesaux organisations de la société civile iraquienne,spécialement sur la Résolution 1325 <strong>du</strong>Conseil de la sécurité de l’ONU (S/RES/1325) etsur <strong>les</strong> manoeuvres électora<strong>les</strong> et la collecte defonds, ateliers, conférences et campagnes dans<strong>les</strong> médias.• Nommer un consultant en questions d’égalité dessexes dans <strong>les</strong> missions diplomatiques en Iraqpour faire un suivi des engagements nationaux etinternationaux dans le pays.• Fournir de l’aide d’urgence aux refugiés iraquiensen Jordanie et en Syrie, où la plupart sont des femmeset des enfants, et fournir des mesures d’asilepour ceux qui ont présenté une demande d’asiledans des pays d’Europe et d’Amérique <strong>du</strong> nord. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 121 Iraq

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