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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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développement (PND) 2006-2010, État communautaire: développement pour tous ». En somme, lePND propose deux sources de financement pour laré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et l’accomplissement desOMD : des politiques d’aide focalisées et la croissanceéconomique des secteurs générateurs d’emplois12 .Le programme principal <strong>du</strong> Gouvernementnational dénommé « Famil<strong>les</strong> en action » proposeune subvention pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> sous le seuil dela pauvreté à condition que la mère puisse garantirl’assistance régulière de ses enfants à l’institutioné<strong>du</strong>cative où ils sont inscrits. Dans la pratique, <strong>les</strong>résultats de ce schéma n’ont pas été satisfaisants,notamment parce que des situations comme <strong>les</strong>suivantes persistent toujours : « le manque de ressourcespour la pleine disponibilité des conditionssuffisantes en infrastructure, quotas, programmeset enseignants ; barrières géographiques, socia<strong>les</strong> etéconomiques pour accéder aux espaces et au serviced’é<strong>du</strong>cation ; et attentats contre <strong>les</strong> communautésé<strong>du</strong>catives dans le cadre de la violence sociopolitiquecaractérisant le pays » 13 .D’autre part, « Famil<strong>les</strong> en action » repro<strong>du</strong>itune conception patriarcale de la famille où la fonctionde la femme est celle de s’occuper des enfants alorsque l’homme doit accéder au système pro<strong>du</strong>ctif pourpouvoir acquérir des biens et des services. À partirde ce Programme, « <strong>les</strong> femmes sont <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong>,devant fournir <strong>les</strong> soins essentiels à la familleet il ne permet pas d’avancer dans une approche depolitiques basées sur la pleine reconnaissance deleurs droits, amplement reconnus dans <strong>les</strong> traitésinternationaux » 14 .En somme, comme le programme n’est pas associéà des politiques favorisant l’augmentation de lapro<strong>du</strong>ctivité et la création d’emplois, <strong>les</strong> subventionsdeviennent des politiques à court terme n’ayant pasd’impact réel en termes <strong>du</strong> développement humain etne permettent pas d’accéder à l’é<strong>du</strong>cation de manièreplus équitable.La croissance économiqueLa première période de l’administration actuelle(2002-2006) a coïncidé avec l’approfondissement<strong>du</strong> cycle ascendant de l’économie internationale.Pendant cette période il y a eu plusieurs aspects quiont favorisé la croissance de l’économie, à savoir :entre autres, la relance de la demande sur <strong>les</strong> marchésinternationaux, l’augmentation des prix despro<strong>du</strong>its exportés (notamment le pétrole), l’augmentationde l’offre monétaire et la diminution des tauxd’intérêt.Cependant, cette croissance ne s’est pas tra<strong>du</strong>itepar une amélioration <strong>du</strong> niveau de vie des secteurs<strong>les</strong> plus pauvres de la société. Selon <strong>les</strong> experts,l’économie colombienne de nature spéculative enest la principale raison. En effet, le Gouvernementa donné la priorité à l’achat de Titres de la dettepublique émis par la Trésorerie de la nation (TESselon son sigle en espagnol) au secteur financier. Laconséquence en est que, d’une part, de nombreuxorganismes d’État négligent <strong>les</strong> « fonctions de leurmission car <strong>les</strong> ressources sont destinées à l’achatde TES » 15 et d’autre part, le secteur financier, quiprête de l’argent à l’État colombien, a obtenu desbénéfices importants ce qui implique une diminution<strong>du</strong> crédit destiné aux entreprises et aux famil<strong>les</strong>.La croissance économique de la période 2006-2010 a eu un motif additionnel : l’augmentation desdépenses publiques pour financer la guerre. Celaveut dire l’application <strong>du</strong> Keynesianisme militaireoù l’État augmente ses dépenses de défense pourfavoriser la croissance. Les conséquences de cettedémarche sont positives vis-à-vis de la macroéconomiemais il n’y a ni création d’emploi, ni ré<strong>du</strong>ction<strong>du</strong> fossé de la pauvreté.De plus, le Gouvernement a confronté l’absencede création d’emploi en changeant <strong>les</strong> régulationsléga<strong>les</strong> de l’embauche. Pour le pouvoir exécutif, lechômage structurel ne s’explique ni par la désin<strong>du</strong>strialisationni par <strong>les</strong> cyc<strong>les</strong> de l’économie internationaleà eux seuls, mais <strong>du</strong> fait qu’en Colombie <strong>les</strong>lois <strong>du</strong> travail octroient des garanties excessives auxtravailleurs décourageant <strong>les</strong> entreprises de créer denouveaux postes de travail avec des pleines garanties.Dans ce contexte, le Gouvernement a entreprisun programme de réforme <strong>du</strong> travail ayant rallongéla journée de travail diurne, ré<strong>du</strong>it le supplément decongé et limité <strong>les</strong> indemnités par licenciement sansmotif valable. Cependant, malgré ces mesures, letaux de chômage a augmenté en Colombie : en 2008il était de 11,3 %, en 2009 de 12 % et en janvier 2010il a augmenté à 14,6 % 16 .Le rôle de l’aide internationaleEn Colombie, la coopération internationale est baséesur la Déclaration de Paris. Cet accord vise, entreautres choses, à canaliser la plupart des aides pourle développement et la démocratie à travers <strong>les</strong> Étatsnationaux et à standardiser <strong>les</strong> procé<strong>du</strong>res sur lagestion des ressources 17 . Ainsi, l’Agence Présidentiellepour l’Action sociale et la coopération internationale(Action <strong>Social</strong>e) reçoit une grande partie desressources provenant des pays coopérants et <strong>les</strong>investit en phase avec la politique gouvernementale(Stratégie de renforcement de la démocratie et <strong>du</strong>développement économique, 2007-2013).Le cas le plus frappant est celui <strong>du</strong> G-24, legroupe des 24 pays ayant des programmes de coopérationpour le développement, la démocratie et <strong>les</strong>droits humains en Colombie. Cette instance, crééesous l’initiative <strong>du</strong> Gouvernement national, essaiede centraliser <strong>les</strong> ressources provenant notammentdes États-Unis et d’Europe pour <strong>les</strong> investir suivantle modèle actuel de développement, même avec <strong>les</strong>conséquences négatives découlant de son application(tel que mentionné ci-dessus).Comme résultat de ce qui précède, <strong>les</strong> initiativesde la société civile, dont la vision sur le développementet la démocratie diffèrent de celle <strong>du</strong> Gouvernement,ne sont plus financées, ce qui ré<strong>du</strong>it sensiblementla mise en œuvre de programmes pouvantreprésenter une alternative au modèle dominant. Demême, des agences de coopération indépendantes,appartenant à des pays <strong>du</strong> G-24, ont souffert uneré<strong>du</strong>ction significative de leurs ressources alors que<strong>les</strong> agences d’État <strong>les</strong> monopolisent dans leurs payset <strong>les</strong> envoient ensuite en Colombie à travers l’Action<strong>Social</strong>e. Dans de nombreux cas, ces coopérants ontdû quitter le pays ou adopter des stratégies de fusionou de consortium avec d’autres agences pour éviterle manque de fonds. Ceci limite le nombre d’initiativesadmissib<strong>les</strong> et continue à laisser de côté plusieurssecteurs de la population.Bien que l’objectif visant à canaliser la coopérationpour le développement à travers des plansnationaux de développement et des budgets n’étantpas en fonction des priorités des donateurs est digned’éloges, il y a toujours le besoin de soutenir le travailde promotion des organisations de la société civile,démarche essentielle pour que ces plans soient vraimentnationaux, inclusifs et efficaces. n12 Département national de planification, Plan Nacional deDesarrollo 2006 – 2010. Disponible sur : .13 Ibid. p. 102.14 Ibid. p. 200.15 Jorge Iván González, “Los banqueros se enriquecen mientrasque la indigencia aumenta”, à PCDHDD, ¿Continuidad odesembrujo?, Bogota, Colombie, décembre 2009, p. 20.Disponible sur : .16 Carmen Salcedo, “Evolución de la tasa de desempleo”,Portafolio, février 2009. Disponible sur : .17 Les conclusions de cette Déclaration ont visé larationalisation des activités, l’élimination de la multiplicationdes efforts, l’obligation de la planification, la définition desindicateurs et l’homogénéisation des procé<strong>du</strong>res de lagestion financière des ressources<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>89Colombie

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