98Chili10056Sans justice fiscale il n’y a pas de développement <strong>du</strong>rable0Le Chili présente une des plus grandes inégalités en matière de distribution 719910098des revenus au niveau mondial et9762 dépend, de plus, de l’exportation 100 de matières premières, ce 100qui laisse le pays livré à la merci des fluctuations desmarchés internationaux. Cependant, la seule stratégie de développement <strong>du</strong> Gouvernement est celle de faciliter <strong>les</strong>conditions pour l’expansion <strong>du</strong> capital et de l’investissement pour l’exploitation des ressources naturel<strong>les</strong> y comprisIEG of Argentina = 72 BCI of Armenia = 94IEG of Armenia = 58<strong>les</strong> incitations fisca<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> sociétés minières privées, dans un système fiscal régressif. Un modèle permettant unedistribution de la richesse plus équitable exige, avant tout, une profonde modification de ce système fiscal injuste.100 100 100100 10010008610005Centro de Estudios Naciona<strong>les</strong> de Desarrollo Alternativo(CENDA)Hugo Fazio100L’économie <strong>du</strong> Chili a été frappée par des distorsionsde toutes sortes, en partie parce que <strong>les</strong> capitaux fi-Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 9895 Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 62Autonomisationnanciers sont autorisés à circuler librement. L’entrée0 11ou la sortie des capitaux a de fortes répercussions00sur l’activité économique, la balance des 56 paiements83100999796et <strong>les</strong> budgets qui, sous cette modalité de gestion,46100 100 70100100 100100 100100sont déterminés par <strong>les</strong> va-et-vient <strong>du</strong> marché et non Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpas par <strong>les</strong> stratégies et <strong>les</strong> politiques de développement.personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉ<strong>du</strong>cationCependant, pendant ces dernières années, leepublic = 65 secteur financier <strong>du</strong> Chili a été moins attrayant pour diminuant leurBCIdegréofdeChileparticipation= 98IEG of Central African Republic = 46suivant la variationIEG of Chile = 62En mai 2010, le Gouvernement australien a<strong>les</strong> investisseurs étrangers que celui d’autres paysdes prix des marchés internationaux. Le Chili annoncé la prochaine entrée en vigueur d’un im-de la région <strong>du</strong> fait de la ré<strong>du</strong>ction des taux d’intérêts a signé de nombreux accords commerciaux mais pôt de 40 % sur <strong>les</strong> bénéfices pour <strong>les</strong> entrepriseset de la rentabilité.cela n’a pas changé cette réalité. En 2009 <strong>les</strong> exportationsexploitant des ressources naturel<strong>les</strong> en Australie.Le pays n’a pas de politique de financement pour<strong>du</strong> secteur minier ont représenté 58,1 %, le Marius Kloppers, directeur exécutif de BHP Billitonle développement proprement 100 dite ; il a plutôt une sériecuivre représentant 52,4 100 % <strong>du</strong> total. Il s’agit d’une – la société qui exploite 100le plus grand gisement dede mesures visant à atteindre des objectifs spécifi-structure clairement déformée qu’il est nécessaire cuivre mondial au Chili – a dit que si cette mesureques, tels que le paiement des bénéfices de la sécurité de modifier 2 8173.était mise en place, le taux effectif sur <strong>les</strong> bénéficessociale, mais cela reste toujours insuffisant.Il est donc évident que le Gouvernement devra de ses opérations en Australie augmenterait de 43 %Le Chili est l’un des 20 pays ayant la plus grande se pencher sur le cuivre pour obtenir des ressourcesà près de 57 % en 2013. Ce taux est trois fois pluspour le développement. Pour ce faire, il s’avère élevé que celui appliqué au Chili 3 .inégalité dans la distribution des revenus. Il existe un000 11chômage structurel et <strong>les</strong> petites entreprises souffrentnécessaire d’appliquer des politiques dont la prio-Une fois de plus, il semble urgent de réussir à ce<strong>les</strong> conséquences de l’ouverture de l’économie, rité est l’intérêt national. Depuis 2006, avec la seule que la rentabilité excessive obtenue par <strong>les</strong> consor-10092839479aggravée pendant <strong>les</strong> dernières années par une augmentationde la valeur de la monnaie pour le com-marchés internationaux a été extrêmement favorable a été utilisé pour estimer le paiement net aux trans-exception de l’année 2009, le prix <strong>du</strong> cuivre sur <strong>les</strong> tiums cuprifères privés reste dans le pays. Ce critère100 100 68100100 57100100 100merce extérieur. Les taux de pauvreté sont bien plus et on espère que cette tendance continuera en 2010. nationa<strong>les</strong> américaines lors de la nationalisation <strong>du</strong>élevés que ceux signalés par <strong>les</strong> statistiques officiel<strong>les</strong>; cela peut se vérifier dans des travaux publiés par Les incitations BCI fisca<strong>les</strong> of Ghana = 77IEG of Ghana = 58cuivre pendant le gouvernement de l’Unité Populaire,IEG of Germany = 78connu comme « doctrine Allende » Une mesure dele ministre de l’Économie actuel, Felipe Larraín 1 . Par Qui sont <strong>les</strong> récepteurs directs de ces énormes revenusce genre rapporterait d’énormes ressources pourconséquent, il est nécessaire d’avoir une stratégie de? Bien enten<strong>du</strong>, <strong>les</strong> sociétés d’exportation, le pays.développement économique et social effective, avec notamment privées et étrangères, qui contrôlent plusun financement adéquat.de 70 % de l’extraction <strong>du</strong> cuivre. Le reste est fourni L’utilisation des ressources100Haute dépendance des marchéspar l’entreprise d’État, Codelco. Les prix élevés de Le prix élevé <strong>du</strong> cuivre sur <strong>les</strong> marchés internationauxsignifie, en même temps, une augmentation100100ce métal ces dernières années 96représentent de grosAvant tout, le Chili est un pays exportateur de bénéfices pour ces consortiums privés.des revenus fiscaux <strong>du</strong> secteur 4 et l’affectation dematières premières. Suivant <strong>les</strong> chiffres des plus Cependant, bien que ces sociétés exploitent ces ressources en dit long sur la situation <strong>du</strong> pays.grandes entreprises d’exportation de 2009, on peut des gisements appartenant aux chiliens, l’impôt sur Les fonds perçus jusqu’au niveau 38 estimé <strong>du</strong> cours29vérifier une fois de plus que <strong>les</strong> ventes à l’étranger <strong>les</strong> revenus qu’el<strong>les</strong> paient est extrêmement ré<strong>du</strong>it, <strong>du</strong> cuivre, calculé à partir de son prix moyen d’iciconcernent notamment des 0matières premières ou 4 % environ, chiffre établi 0d’un commun accord avec dix ans, sont destinés aux 0 dépenses publiques. Lesdes pro<strong>du</strong>its à faible valeur ajoutée. Bien que <strong>les</strong> <strong>les</strong> consortiums privés. De plus, pendant des années,taxes sur <strong>les</strong> revenus ayant dépassé ce niveau ontl’invariabilité des taxes a été accordée, ce qui donné naissance à un 44excédent fiscal placé en actifs9997939899destinations des exportations 50 augmentent ainsi que100 100 100<strong>les</strong> entreprises dédiées à cette activité, <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its100 100signifie que le Gouvernement a renoncé à ses droits100 100financiers à l’étranger. Pendant l’administration desont essentiellement <strong>les</strong> mêmes, augmentant ou souverains.Michelle Bachelet ces fonds ont dépassé USD 20milliards et ont été utilisés exclusivement en 2009IEG of Malta = 58 BCI of Mexico = 962 Banque centrale, “Boletín mensual, abril de 2010”.IEG of Mexico = 61Disponible sur : . 4 Direction des Budgets.1 Felipe Larraín, “Cuatro millones de pobres. Actualizando lalínea de pobreza.” Disponible sur : .1003 El Mercurio, citation <strong>du</strong> The Financial Times, 03 mai 2010.43Rapports nationaux 84 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>100 100100
pour financer le déficit fiscal. Ce déficit est dû, d’unepart, à l’augmentation des dépenses publiques visantà contrecarrer la récession qui a atteint l’économie<strong>du</strong> Chili vers mi-2008, et d’autre part, à la diminutiondes revenus suite à la chute des niveaux de l’activitééconomique 5 .En mars 2010, <strong>les</strong> fonds souverains <strong>du</strong> paysplacés à l’étranger atteignaient USD 14,5 milliards.De ce total, USD 3,4 milliards étaient spécifiquementdestinés au Fonds de réserve pour <strong>les</strong> retraites. Lereste, c’est-à-dire USD 11,1 milliards, étaient placésdans le Fonds de stabilisation économique et social(FEES selon son sigle en espagnol) prêts à être utilisés.Le Chili a été frappé par un tremblement de terreet par un raz de marée vers la fin <strong>du</strong> mois de févrieret dès lors le pays fait face à une grave situation d’urgencemais, jusqu’à présent, <strong>les</strong> fonds n’ont pas étéutilisés bien qu’ils dépassent USD 8,4 milliards (pourquatre ans) somme estimée par le Gouvernementpour réparer <strong>les</strong> dommages provoqués par le séisme.Si l’on prend comme référence le calcul officieldes nécessités publiques, <strong>les</strong> ressources existantesdans le FEES seraient suffisantes 6 .Cette conclusion est encore plus évidente sil’on considère que <strong>les</strong> ressources ont été cumuléesen ligne, grâce à la Loi Réservée <strong>du</strong> Cuivre, (bien que10 % des ventes réalisées par Codelco sont destinéesà l’achat d’armements) et au surplus que leprix élevé <strong>du</strong> cuivre a généré, supérieur au niveaudes dépenses allouées dans la loi <strong>du</strong> budget annuel 7 .Si le cours <strong>du</strong> cuivre se maintient à un niveau élevé,ceci pro<strong>du</strong>ira des revenus de plusieurs milliards dedollars n’ayant pas été pris en compte lors de l’élaboration<strong>du</strong> budget 2010.Un système fiscal régressifQuel est le chemin choisi par le Gouvernement deSebastián Piñera ? On a encouragé un paiement« volontaire » sur <strong>les</strong> taxes ré<strong>du</strong>ites payées par<strong>les</strong> sociétés cuprifères déjà favorisées par le mécanismed’invariabilité fiscale pendant deux ans,suivant leur résultat opérationnel. Ce plan octroieun prix aux entreprises qui y ont adhéré en prolongeantl’invariabilité jusqu’à l’année 2025 ce quisignifie prolonger dans le temps la violation de lasouveraineté.Bien enten<strong>du</strong>, de cette manière on ne financepas le développement : au contraire, on ne fait quecontinuer le pillage des ressources naturel<strong>les</strong> étantdonné que <strong>les</strong> entreprises étrangères envoient dansleurs pays un pourcentage élevé de leurs bénéfices.À son tour, le groupe économique national impliquédans le secteur minier cuprifère (Luksic) utilise unepartie de ses revenus extras pour se développer auniveau international 8 .C’est pour cette raison que le Chili a besoin deréformer profondément son système fiscal régressifbasé notamment sur des impôts indirects qui, commedans le cas de la TVA (la principale source desrevenus fiscaux), sont payés de manière indistinctepar toute la population. Dans le but de créer desconditions appropriées pour financer une politiquenationale de développement, cette réforme devraitviser à retenir dans le pays <strong>les</strong> bénéfices excessifsdes grandes entreprises cuprifères (mettant fin àl’invariabilité fiscale) et à réorganiser la fiscalité desactionnaires des grandes entreprises de sorte à éviter<strong>les</strong> évasions indirectes permises par le systèmesous forme de crédits accordés lors <strong>du</strong> paiementd’impôts sur <strong>les</strong> bénéfices et de ré<strong>du</strong>ctions sur <strong>les</strong>impôts personnels.La dimension <strong>du</strong> problème et la réponse <strong>du</strong>GouvernementLes chiffres de la balance des paiements montrentl’ampleur des ressources envoyées chaque année àl’étranger. Depuis 2004, USD 93,9 milliards ont étéenvoyés à l’étranger au titre de bénéfices des Investissementsdirects étrangers (IDE). Naturellement,<strong>les</strong> montants annuels sont variab<strong>les</strong> en fonctiondes prix <strong>du</strong> marché international pour <strong>les</strong> matièrespremières exportées. Ces montants ont atteintdes niveaux sans précédents pendant 2006 et 2007lorsque le cours <strong>du</strong> cuivre a augmenté considérablement.En 2007, le montant envoyé à l’étrangera atteint un chiffre record de USD 23 milliards. Toutcela montre que le Chili a le potentiel pour financerune politique nationale de développement, pourvuqu’elle soit étroitement liée à des politiques socia<strong>les</strong>adéquates capab<strong>les</strong> de pro<strong>du</strong>ire des transformationsde fond.Cependant, Sebastián Piñera a donné uneorientation différente à son Gouvernement. LaurenceGolborne, ministre des Mines, a manifestéque le principal souci de l’administration est d’augmenterl’investissement dans le secteur, même sicela signifie affaiblir <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> conditionsd’exploitation des ressources et conserver <strong>les</strong>taxes à un niveau faible. « Nous faisons face, dit-il,à un en<strong>jeu</strong> gigantesque. Le plan d’investissementspour l’activité minière est de USD 45 milliards.Aujourd’hui, la pro<strong>du</strong>ction de cuivre a atteint 5,4TABLEAU 1. Prix <strong>du</strong> cuivre raffiné à laBourse des Métaux de Londres – 2005-2010 (En dollars la livre)AnnéePrix2005 1,6692006 3,0492007 3,2292008 3,1552009 2,3362010 3,600Source : Bloomberg.TABLEAU 2. Bénéfice IDE, 2004-2009(En millions de dollars)AnnéeMontant2004 8,2312005 11,4162006 19,9132007 22,8322008 17,4192009 14,0882004-2009 93,900Source : Banque centrale, balance des paiementsmillions de tonnes et en 2020 nous allons pro<strong>du</strong>ire7,5 millions de tonnes. C’est-à-dire une augmentationde la pro<strong>du</strong>ction de 50 % » 9 Le problème.c’est que si le cadre légal ne change pas, cela nesignifierait qu’une augmentation <strong>du</strong> pillage à uneplus grande échelle des ressources nationa<strong>les</strong> de lapart <strong>du</strong> secteur privé.Le ministre Golborne ne prévoit pas la mêmecroissance de l’investissement dans le secteur minierprovenant de la société minière de l’État. D’après leGouvernement, face à l’alternative de la capitalisationd’une partie des excédents de Codelco pour financerses plans d’investissement, la première priorité estla reconstruction et cette société peut obtenir desressources soit par la voie de l’endettement, soit parla vente d’actifs superflus. Le Chili a besoin d’unepolitique nationale <strong>du</strong> cuivre, notamment à traversCodelco, qui doit assumer son rôle central dans unestratégie nationale de développement adéquate. n5 Ibid.6 Ibid.7 Loi Réservée <strong>du</strong> Cuivre et direction des budgets.8 Voir : Hugo Fazio , “La crisis mundial modifica el mapa de laextrema riqueza”, Cenda 2010.9 La Tercera, 8 mai 2010.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>85Chili