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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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La question est de savoir si cette <strong>du</strong>alité peut êtrecombattue en donnant davantage de sécurité aux travailleurstemporaires et précaires ou en ré<strong>du</strong>isant lasécurité des nouveaux contrats permanents. La mesureprésentée abaisse le coût des licenciements des travailleurssous contrats à <strong>du</strong>rée déterminée et augmentecelui des contrats temporaires. La dévalorisation deslicenciements est une réponse à la demande persistante<strong>du</strong> patronat qui justifie le taux élevé d’emplois temporairespar <strong>les</strong> coûts élevés <strong>du</strong> recrutement pour <strong>les</strong> contratsà <strong>du</strong>rée déterminée.Les syndicats ont énormément critiqué la réforme,en faisant valoir qu’elle contribue à la détérioration desdroits des travailleurs et leur porte atteinte en élargissant<strong>les</strong> motifs de licenciement (et en ré<strong>du</strong>isant le coût) et enaugmentant la marge de manœuvre des employeurspour modifier unilatéralement certaines conditions. Enfin de compte, la réforme répond à la politique de libéralisation<strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail et contribuera sans aucundoute à augmenter la précarité de l’emploi.La stagnation de l’APDAu cours de la première législature, l’augmentation desfonds destinés à l’APD a été spectaculaire – ils sont passésde 0,23 % <strong>du</strong> revenu national brut (RNB) en 2004à 0,45 % en 2009 4 – et pour la première fois, il s’estretrouvé au dessus de la moyenne des pays de l’Unioneuropéenne. En outre, <strong>les</strong> consensus de base de l’agendainternational <strong>du</strong> développement ont été incorporésaux thèmes de coopération, tels que <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong>Millénaire pour le développement (OMD), la promotiond’un nouveau multilatéralisme actif et démocratiqueet <strong>les</strong> questions relatives au développement <strong>du</strong>rable, àl’égalité des sexes et à l’approche fondée sur <strong>les</strong> droitshumains 5 .C’est la première fois qu’un président de Gouvernementassume publiquement son engagement enversdes plans de lutte contre la pauvreté internationale, donnantainsi une visibilité et une importance aux politiquesde coopération sans précédent dans la démocratie espagnole.Cet engagement a tenté de s’associer aux revendicationshistoriques de la société civile en Espagne, enannonçant qu’à la fin de cette seconde législature, la part<strong>du</strong> RNB destinée par le pays à l’APD atteindrait 0,7 %. Endécembre 2007, une grande partie des revendicationsdes Organisations non gouvernementa<strong>les</strong> (ONG) ont étélargement satisfaites lorsque tous <strong>les</strong> partis politiquesprésents au parlement ont signé le pacte de l’État contrela pauvreté 6 .Toutefois, à partir de 2008, une stagnation a commencéà se pro<strong>du</strong>ire dans la croissance budgétaire, pro-4 Déclarations faites par le secrétaire d’État à la Coopérationinternationale, Soraya Rodriguez, à l’ouverture <strong>du</strong> V e Foruminternational sur la démocratie et la coopération qui s’esttenu à Cáceres, Estréma<strong>du</strong>re, en Juin 2010. Disponible sur <strong>les</strong>ite : .5 La profusion de documents programmatiques et politiques<strong>du</strong>rant cette période est remarquable. Il a fallu réélaborer desPlans directeurs généraux, des stratégies sectoriel<strong>les</strong> et desprogrammes spécifiques. Au début de cette législature l’ancienBureau de la planification et de l’évaluation a été remplacépar une Direction générale de la planification, beaucoup plusimportante et dotée de davantage de ressources.6 Voir : .bablement à cause de la réticence à améliorer le systèmede capacités professionnel<strong>les</strong> et la structure organiquede l’État responsable de la gestion des politiques decoopération.L’inertie de la coopération pour ledéveloppementL’impulsion de départ pour entreprendre <strong>les</strong> réformessemble s’être rapidement épuisée. Parmi <strong>les</strong> initiativesqui ont échoué, il faut mentionner la réforme de la Loide l’Agence espagnole de coopération internationalepour le développement 7 , qui aurait dû établir un nouveaumodèle de gestion adapté aux en<strong>jeu</strong>x d’une politiqueambitieuse et cohérente de coopération au développement.Cependant, nombre des secteurs appartenant à lapolitique et à l’administration sont encore peu enclins àcomprendre la politique de coopération dans une perspectivede construction des biens publics mondiaux,c’est-à-dire, indépendamment des intérêts nationauxreprésentés tant par <strong>les</strong> services diplomatiques à l’étrangerque par <strong>les</strong> techniciens commerciaux de l’État.La politique de coopération et l’agenda internationalde développement humain exigent une nouvellecarrière professionnelle dans l’administration de l’Étatet un nouveau discours portant sur le développementinternational qui abandonne la pensée traditionnellefondée sur la compétitivité ou sur la rivalité stratégiqueet diplomatique.Le rôle de l’Espagne dans le développementinternationalAvec plusieurs années de retard, en 2010, le Gouvernementa présenté un projet de loi pour réformer l’instrumentle plus controversé <strong>du</strong> système de coopérationinternationale : le Fonds d’aide au développement (FAD),qui essayait vainement de relier des subventions pourpromouvoir <strong>les</strong> exportations espagno<strong>les</strong> avec <strong>les</strong> objectifsd’aide au développement des pays bénéficiaires.Le FAD avait prévu une série de projets diffici<strong>les</strong> à défendredans le cadre de stratégies de développementlocal répondant exclusivement aux intérêts d’un petitgroupe d’exportateurs espagnols ; ces derniers, en faisant<strong>du</strong> lobbying, ont obtenu des aides publiques poursubventionner leurs projets et leurs ventes à l’étranger.Tout cela au détriment de l’augmentation de la detteextérieure des pays bénéficiaires, puisque l’instrumentse composait d’un fonds de crédit nécessitant des garantiessouveraines.Le Gouvernement, incapable d’imposer une visionqui soit en cohérence avec le programme de développementinternational, a présenté une solutionsalomonique, en créant un instrument remboursablepour <strong>les</strong> activités de coopération au développement–appelé FONPRODE – et un autre instrument de crédit,exclusivement pour subventionner <strong>les</strong> exportations desentreprises espagno<strong>les</strong> : le FIEM. Bien que l’UE interdise7 Adoptée dans une quasi absence de dialogue avec <strong>les</strong>partenaires sociaux à la fin de la législature, elle modifielégèrement le nom de l’organisme en ajoutant la lettre“D” de Développement et renforce en quelque sorte lerôle prédominant <strong>du</strong> service étranger dans <strong>les</strong> postessupérieurs. Dans l’organigramme elle se limite à intro<strong>du</strong>ireun département qui traiterait de transversalité, de prioritéspolitiques et de programmes opérationnels relatifs aunouveau programme de la qualité.ce type d’aides à l’exportation <strong>les</strong> considèrant comme dela concurrence déloyale pour <strong>les</strong> entreprises des autrespays de l’UE, l’accord d’Helsinki prévoit une exceptionqui exige que <strong>les</strong> pays bénéficiaires aient des niveauxde développement plus faib<strong>les</strong> et que <strong>les</strong> prêts accordéscomprennent certaines concessions 8 . En fait, il s’agitd’une supercherie visant à justifier le fait que chaquedonateur dispose d’outils qui privilégient des entreprisesexportatrices.Les organisations socia<strong>les</strong> espagno<strong>les</strong> ont uni leursforces pour élaborer des propositions destinées à limiterces nouveaux outils en vertu de critères de développement: certaines pour empêcher que ces prêts soientutilisés pour augmenter la dette extérieure des payspauvres très endettés–en violation des accords internationaux–etd’autres pour prévenir <strong>les</strong> transactions avecce type de fonds qui ne respectent pas <strong>les</strong> conventionsinternationa<strong>les</strong> en matière de droits <strong>du</strong> travail et droitsenvironnementaux ou qui subventionnent l’exportationd’armes et de matériel militaire et policier. La principalerésistance à l’intro<strong>du</strong>ction de ces propositions provient<strong>du</strong> secteur public et <strong>du</strong> Gouvernement.En ces temps de crise économique, le Gouvernementa per<strong>du</strong> une grande opportunité de réglementerle rôle des entreprises espagno<strong>les</strong> à l’étranger, en tantque contributeurs au développement international, et acédé à la vision axée sur l’amélioration de la compétitivitégrâce à la ré<strong>du</strong>ction des contraintes et des règlementations.Le retour de l’ancienne visionEn ce qui concerne <strong>les</strong> politiques de coopération, lastagnation signalée au cours des deux derniers exercicesbudgétaires 9 s’est aggravée avec l’annonce <strong>du</strong>Gouvernement d’une ré<strong>du</strong>ction de EUR 800 millionspendant <strong>les</strong> deux prochaines années ; il faudra aussiadmettre que pour que la part <strong>du</strong> RNB atteigne 0,7 % ilsera nécessaire d’attendre au moins jusqu’en 2015, si<strong>les</strong> conditions économiques s’améliorent.Au-delà des effets directs de la ré<strong>du</strong>ction budgétaire,<strong>les</strong> organisations socia<strong>les</strong> ont affirmé que cetteannonce forme un clivage dans le discours, et que l’onconsidère à nouveau <strong>les</strong> politiques de coopération commeune politique déficitaire et de subventions, c’est àdire, comme un luxe des époques de boom économiqueet d’essor de la croissance. Au lieu de considérer <strong>les</strong>politiques anti-cycliques comme la possibilité d’offrirdes alternatives en temps de ralentissement et de considérer<strong>les</strong> possibilités que la coopération offre pour transformerdes systèmes et des modè<strong>les</strong> de pro<strong>du</strong>ction, leGouvernement est revenu à l’orthodoxie néolibérale,selon laquelle il faut ré<strong>du</strong>ire le déficit et <strong>les</strong> dépenses publiquesen réponse aux demandes <strong>du</strong> marché plutôt qued’être à l’écoute des propositions et des revendicationsdes peup<strong>les</strong> souverains. n8 Le degré de concessionnalité d’un prêt est directementproportionnel aux avantages ma<strong>jeu</strong>rs ou mineurs qu’il offreà toute personne qui le contracte, par rapport à ceux que <strong>les</strong>prêts <strong>du</strong> marché offrent.9 Voir “La Reforma del Sistema de Cooperación español entiempos de crisis” (La réforme <strong>du</strong> système de coopérationespagnol en temps de crise), dans le rapport annuel de2008 de Plataforma 2015 y más. Disponible sur le site :.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 101 Espagne

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