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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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cient. Ceci est observable par la quantité moyenned’années de scolarisation de la population au delàde 15 ans, qui oscille entre 3,2 y 5,1 années pour<strong>les</strong> couches socia<strong>les</strong> ayant <strong>les</strong> revenus <strong>les</strong> plus bas 6 .Soixante pour cent des foyers <strong>les</strong> plus pauvresaccueillent 76 % des moins de 18 ans, c.-à-d., la plupartdes <strong>jeu</strong>nes <strong>du</strong> pays. Cela signifie que la plupartdes <strong>jeu</strong>nes qui habitent dans <strong>les</strong> foyers à moindrerevenu ont des niveaux de scolarité extrêmementbas. Si nous prenons en compte la forte corrélationexistante entre le niveau moyen d’études et lerevenu professionnel, la majorité de ces personnestravailleront dans des emplois précaires et informelstout au long des 50 ans de leur vie d’a<strong>du</strong>lte, ce qui <strong>les</strong>maintiendra sous le seuil de pauvreté.Selon le dernier« Rapport sur la pauvreté » de laBanque mondiale pour le Nicaragua, <strong>les</strong> personnesqui n’ont pas terminé le cycle secondaire, c.-à-d.,qui ont moins de 11 ans de scolarisation, sont trèscertainement condamnées à vivre sous le seuil depauvreté 7 . C’est lorsqu’el<strong>les</strong> atteignent 11 ans descolarité, avec le cycle secondaire complet, que leursalaire dépasse (à peine) le seuil de pauvreté.L’analyse de la structure <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travailmontre que 70 % des emplois sont précaires dans <strong>les</strong>ecteur informel. Aujourd’hui, <strong>les</strong> indépendants ou<strong>les</strong> personnes travaillant dans des petites unités économiquesindivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong> ou familia<strong>les</strong>, urbaines ou rura<strong>les</strong>,sans aucun accès aux ressources, constituent65 % des emplois. Ces petites structures occupent1 à 5 personnes et el<strong>les</strong> reflètent fréquemment lebesoin d’une grande partie des foyers à entreprendreavec leurs moyens, un type d’activité économiquepour survivre.Cette situation est le résultat d’un modèle de développementbasé sur <strong>les</strong> « avantages comparatifs »qui a prévalu dans le pays depuis deux décennies,dans lequel, même si la force de travail est comparativementabondante, elle est aussi très faiblementqualifiée, ce qui se tra<strong>du</strong>it par des salaires très bas.Voici donc le mécanisme fondamental à travers lequelopère la repro<strong>du</strong>ction intergénérationnelle de lapauvreté et des inégalités.La plus importante croissance de la populationen âge de travailler de l’histoire <strong>du</strong> Nicaragua constituel’opportunité démographique qui pourrait lui permettrede surmonter la pauvreté dans une périoderelativement courte. Mais cette opportunité n’estpas exploitée, en premier lieu, parce que la plupartdes <strong>jeu</strong>nes rentrent sur le marché <strong>du</strong> travail avec desniveaux de formation très bas, ce qui <strong>les</strong> condamneà avoir de mauvais jobs. En second lieu, parce queseulement 53 % de la population active intègre lemarché <strong>du</strong> travail. Le facteur déterminant de cela estla faible incorporation des femmes.Les répercussions de cette négligence vis-à-vis<strong>du</strong> bonus démographique vont au-delà des consé-6 Adital, “Nicaragua en la encrucijada de la ‘transicióndemográfica” (“Le Nicaragua à la croisée de la ‘transitiondémographique”), 3 novembre 2009. Disponible sur : .7 El Nuevo Diario, “7% del PIB a E<strong>du</strong>cación nos sacará de lapobreza” (“Un 7 % <strong>du</strong> PIB pour l’é<strong>du</strong>cation nous sortira de lapauvreté” ), 12 mars 2010. Disponible sur: .quences immédiates ou à moyen terme. Le Nicaraguan’est pas seulement en train de gâcher cetteopportunité, mais aussi en train de semer une futurecatastrophe sociodémographique.Du bonus au désavantage démographiqueAu Nicaragua, seulement 20 % de la force de travai<strong>les</strong>t inscrite à la Sécurité <strong>Social</strong>e. Ainsi, 80 % despersonnes actives qui arrive à l’âge de la retraite, nedispose d’aucune épargne. Ces personnes âgées dépendrontpour survivre de l’assistance de leur familleou de l’État. Cette dépendance pourrait s’accroître àcause <strong>du</strong> système de répartition appliqué par l’InstitutNicaraguayen de Sécurité <strong>Social</strong>e (INSS), où lepaiement des pensions est financé essentiellementpar <strong>les</strong> apports des affiliés actifs. Cependant, dans<strong>les</strong> prochaines années, le nombre de retraités et lemontant des pensions va augmenter jusqu’au pointoù <strong>les</strong> cotisations des affiliés actifs ne pourront plus<strong>les</strong> couvrir.Selon <strong>les</strong> informations disponib<strong>les</strong> (limitées), àpartir de 2016 environ, l’INSS ne sera plus capablede faire face à ses obligations de paiement avec sesrevenus actuels, ce qui causera un déficit des paiementsqui ne fera qu’augmenter progressivement.L’INSS devra alors avoir recours aux réserves techniquesaccumulées pour faire face à ses engagements,mais on estime que ces réserves seront épuisées audébut des années 2020. Il a été proposé de « réformer<strong>les</strong> paramètres » mais dans le meilleur des casceci permettra à l’INSS d’assumer ses obligations<strong>du</strong>rant encore deux décennies.Dès lors, si la situation ne change pas, dans 25ou 30 ans, quand la phase de vieillissement de la populationaura commencé, <strong>les</strong> personnes qui seronten âge de prendre leur retraite vont dépendre de plusen plus des personnes actives – dont la quantité auracommencé à diminuer – pour survivre et couvrirleurs besoins.En même temps, la plupart des personnes enâge de travailler le feront, très probablement, dansdes emplois informels et précaires et seront donccondamnés à vivre dans la pauvreté. Dans ce cas,le « bonus démographique » se sera épuisé puisquele pourcentage des personnes actives, non seulement,ne continuera pas à augmenter par rapportaux non actives, mais le processus commencera às’inverser : le nombre de non actifs (principalement<strong>les</strong> personnes âgées) va augmenter de plus en pluspar rapport au nombre d’actifs. Cela provoquera unediminution progressive des revenus <strong>du</strong> travail parpersonne non active, ou ce qui revient au même,une diminution des revenus per capita des foyers,en raison de l’augmentation de la relation de dépendance,et la période de « bonus démographique »ouvrera la porte à une période de fort « désavantagedémographique »C’est le moment de changer l’avenirEn citant Jorge Campos, fonctionnaire <strong>du</strong> Fonds de lapopulation des Nations Unies au Nicaragua: « L’opportunitédémographique qui s’offre aujourd’hui ànous, sera unique et aura une <strong>du</strong>rée limitée. Pour enprofiter, il est impératif d’avoir dès maintenant, desflux d’investissement suffisants et bien dirigés. Il estégalement impératif d’établir des politiques publiquesadéquates pour garantir que <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes puissententrer sur le marché <strong>du</strong> travail et qu’ils le fassentavec un bon niveau d’enseignement, de formationet de santé. Si cela ne se fait pas à temps, c.-à- d.maintenant, l’opportunité se convertira en catastrophesociale en raison des taux élevés de chômage,d’insécurité urbaine et d’émigration massive qui vontcertainement s’intensifier » 8 .Il est nécessaire d’investir au moins l’équivalentde 7 % <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it interne brut (PIB) dans le systèmed’é<strong>du</strong>cation publique 9 , de manière à atteindreune série de buts fondamentaux dans le domaine del’enseignement :• 100% d’inscriptions en primaire.• Au moins 80 % de réussite <strong>du</strong> cycle primairecomplet.• Au moins 75 % d’inscriptions pour le cycle secondaire.• Atteindre un niveau moyen de scolarisation d’aumoins 9 ans.Pour atteindre un investissement public pour l’é<strong>du</strong>cationà hauteur de 7 % <strong>du</strong> PIB, il est nécessaire dedoubler l’actuel budget <strong>du</strong> ministère de l’É<strong>du</strong>cation,ou bien d’arriver à 6 % <strong>du</strong> PIB au minimum. Mais<strong>les</strong> projections budgétaires officiel<strong>les</strong> indiquent quele budget de ce ministère, qui a atteint 4 % <strong>du</strong> PIBen 2009 10 , ne va pas augmenter mais plutôt se ré<strong>du</strong>iredans <strong>les</strong> années qui viennent, pour atteindre3,55 % <strong>du</strong> PIB en 2013. Cette situation lamentab<strong>les</strong>e pro<strong>du</strong>ira à peine deux ans avant le délai pour l’accomplissementdes Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour leDéveloppement (ODM).Les OMD prévoyaient qu’en 2015 tous <strong>les</strong>enfants arriveraient à terminer le cycle complet del’é<strong>du</strong>cation primaire. A présent, ce délai est discutablemais il faut faire un gros effort d’investissementdans l’enseignement pour changer ce sort.Malheureusement, cette situation semble presqueinévitable vu que le pays ne fait pas le nécessairepour la changer.Etant donné que la proportion de <strong>jeu</strong>nes est entrain de diminuer, il n’y aura plus autant d’enfants etd’ado<strong>les</strong>cents en <strong>les</strong>quels investir pour qu’ils puissentsortir le pays de la pauvreté. Le moment d’investirdans la <strong>jeu</strong>nesse et de changer <strong>les</strong> perspectives defutur est là, sinon il sera trop tard. n8 Adital, op. cit.9 El Observador Económico, “Sociedad Civil demanda 7%del PIB para E<strong>du</strong>cación” (“La société civile demande 7 % <strong>du</strong>PIB pour l’E<strong>du</strong>cation”), 4 septembre 2009. Disponible sur :.10 Ibid.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 139 Nicaragua

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