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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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le secteur public employait 18,2 % de la populationéconomiquement active 5 .En Juillet 2008, le prix <strong>du</strong> baril de pétrole vénézuélienest parvenu à son zénith atteignant USD122,40. A partir de cette date, il a commencé à chuteret quatre mois plus tard, il valait la moitié de cettesomme, soit USD 63,49 6 .Ajustement et politiques socia<strong>les</strong>L’organisation des élections de gouverneurs et demaires en novembre 2008 et l’adoption d’un amendementconstitutionnel en février 2009, ont reporté ladiscussion sur <strong>les</strong> possib<strong>les</strong> conséquences de la criseéconomique mondiale au Venezuela. Après la périodeélectorale, le 21 mars 2009, le président Chávez aannoncé un train de mesures économiques :• Ré<strong>du</strong>ction des dépenses publiques.• Augmentation de l’impôt sur la valeur ajoutée.• Ré<strong>du</strong>ction des dépenses somptuaires et inuti<strong>les</strong>.• Promulgation d’une loi qui limiterait <strong>les</strong> salairesperçus par <strong>les</strong> hauts fonctionnaires de l’administrationpublique.La contraction des revenus <strong>du</strong> pétrole a entraîné leralentissement, la stagnation et, dans certains cas,le déclin des politiques socia<strong>les</strong> visant à ré<strong>du</strong>ire lapauvreté et <strong>les</strong> inégalités. Au-delà des annoncesofficiel<strong>les</strong> concernant le maintien des politiques socia<strong>les</strong>en dépit de la crise, l’augmentation de 20 %<strong>du</strong> salaire minimum est inférieure au taux d’inflationqui, seulement dans le secteur alimentaire, a atteint43 % en 2008 7 .Contrairement à la baisse importante enregistréeentre 2004 et 2006, la ré<strong>du</strong>ction des foyers vivantdans la pauvreté entre 2007 et 2009 n’a pas dépassé1,1 %. Les derniers chiffres officiels indiquent que26,4 % des foyers vénézuéliens demeurent incapab<strong>les</strong>de satisfaire leurs besoins fondamentaux.En outre, à l’exception <strong>du</strong> secteur de l’é<strong>du</strong>cation,<strong>les</strong> dépenses publiques en pourcentage <strong>du</strong> PIBont diminué depuis 2008 pour tous <strong>les</strong> secteurs de lasociété. Selon la Loi <strong>du</strong> budget de 2010, le montantalloué aux 13 « missions socia<strong>les</strong> » n’atteint pas4 % <strong>du</strong> total, bien que <strong>les</strong> ressources soient plusélevées en raison de postes budgétaires affectés parvoies extraordinaires, ce qui entrave la transparenceet le contrôle social de leur mise en œuvre. Pourrendre cette situation encore plus complexe, l’inflationré<strong>du</strong>it la capacité des plus pauvres à améliorerleur condition de vie. Selon la Banque centrale <strong>du</strong>Venezuela, l’inflation correspondant à l’année 2008était de 30,9 %, tandis que celle de 2009 était de5 Institut national de statistiques. Voir : .6 Ibid.7 Ibid.25,1 %, mais même ainsi, le pays affiche un des tauxd’inflation <strong>les</strong> plus élevés de la région 8 .De graves conséquencesLa crise de la politique sociale est particulièrementaiguë dans deux domaines : la santé et le logement.Depuis des années, Provea met <strong>les</strong> autorités en gardecontre la fragmentation <strong>du</strong> système de santé <strong>du</strong> payset la détérioration de la Misión Barrio Adentro. Bienque ces préoccupations aient été écartées par différentsporte–parole <strong>du</strong> Gouvernement, en septembre2009, le président Chavez a reconnu l’existence d’irrégularités: « Nous déclarons l’état d’urgence dansle domaine de la santé. Nous avons détecté 2000mo<strong>du</strong><strong>les</strong> de Barrio Adentro abandonnés, sans médecins.Une négligence de nous tous. Le phénomènes’est développé et des mesures ont été prises, maisnous n’avons pas pu résoudre le problème » 9 .Cette situation est aggravée par des problèmesde structures et d’équipements existant dansle réseau hospitalier <strong>du</strong> pays et par le manque deprofessionnels médicaux, ce qui a eu de différentesconséquences dramatiques tel<strong>les</strong> que le phénomènedénommé « ruleteo » (promenade en taxi) des femmesenceintes, qui avant d’accoucher doivent serendre dans plusieurs centres de santé pour localisercelui qui pourra <strong>les</strong> prendre en charge.La question <strong>du</strong> logement digne est l’une des plusgrandes faib<strong>les</strong>ses <strong>du</strong> Gouvernement de Chavez, quin’a jamais été en mesure pendant sa gestion, d’atteindreses propres objectifs. La pénurie de logementsatteint trois millions de foyers, un calcul qui inclut<strong>les</strong> maisons devant être déplacées parce qu’el<strong>les</strong> setrouvent dans des zones à haut risque. Au cours des10 dernières années, selon <strong>les</strong> données officiel<strong>les</strong>,un total de 300.939 logements a été construit, ce quiplace Hugo Chavez au deuxième rang des présidentsdémocratiques qui, depuis 1958, ont fait construire lemoins de maisons au cours de son mandat.Le rôle de la société civileDiverses organisations qui observent la situationdes droits de l’Homme ont mis <strong>les</strong> autorités en gardecontre le manque de planification, à moyen et longterme, permettant aux politiques socia<strong>les</strong> d’être <strong>du</strong>rab<strong>les</strong>indépendamment des périodes de revenuspétroliers élevés. À leur tour, d’autres chercheursont démontré que la vulnérabilité de l’économie vénézuélienneface aux fluctuations <strong>du</strong> prix <strong>du</strong> pétro<strong>les</strong>ur le marché international est restée intacte au fil <strong>du</strong>temps. Par conséquent, le modèle de développementpromu par le président Chavez, la consolidation <strong>du</strong>secteur de l’économie exportateur de pro<strong>du</strong>its pri-8 Banque Centrale <strong>du</strong> Venezuela. Voir : .9 « Chávez admet la fermeture de mo<strong>du</strong><strong>les</strong> de Barrio Adentroet il déclare l’état d’urgence dans le domaine de la santé », LaCl@se.info. Disponible sur : .maires, possède essentiellement <strong>les</strong> mêmes caractéristiquesque <strong>les</strong> projets promus dans le passé 10 .L’année 2008 a été l’année <strong>du</strong> plus grand nombrede mobilisations populaires de la décennie avec2.893 manifestations, soit une augmentation de64,09 % par rapport à l’année précédente. Sur cetotal, 67,30 % étaient motivées par la revendicationde droits économiques, sociaux et culturels, troisdes principa<strong>les</strong> revendications étant <strong>les</strong> conditionsde travail (33,97 %), le logement (20,34 %) et lasécurité personnelle (12,34 %). Par ordre d’importance<strong>les</strong> principaux mécanismes de protestation ontété <strong>les</strong> barrages de rues, <strong>les</strong> rassemblements, <strong>les</strong>manifestations et l’occupation des lieux de travail.Dans cette période une manifestation sur quinze a étéréprimée, entravée ou interdite par <strong>les</strong> organismesde sécurité de l’État.En outre, sept manifestants ont été tués, cinqparmi eux abattus par la police ou par des militaires.Face à la perte de patience des autorités en ce quiconcerne la mobilisation populaire, le processus decriminalisation de la protestation s’est accru. Depuis2005 au moins 2.240 cas ont été enregistrés de personnesqui ont dû se présenter en justice pour avoirparticipé à une action revendicative. Un cas emblématiqueest celui <strong>du</strong> dirigeant syndical Ruben Gonzalez,qui, depuis septembre 2009, est privé de libertépour avoir participé à une occupation paralysant <strong>les</strong>activités de la compagnie Ferrominera, propriétéde l’État, située dans l’état de Bolivar, pour exigerl’exécution d’une convention collective 11 .ConclusionLe modèle de développement promu par le GouvernementChavez n’a pas réussi à échapper à ladépendance historique dont fait preuve l’économievénézuélienne envers <strong>les</strong> prix internationaux <strong>du</strong>pétrole. Les programmes sociaux ont souffert descaprices de cette variable dont la dimension échappetotalement aux intentions et aux politiques de l’État.Cette situation a déterminé que <strong>les</strong> indicateurssociaux montrent une évolution positive pendant <strong>les</strong>périodes de boom commercial et stagnent ou mêmereculent, lorsque ces tendances sont inversées, ceque <strong>les</strong> organisations de la société civile et diversspécialistes dénoncent depuis un certain temps.Ainsi, pour <strong>les</strong> Vénézuéliens, la lutte contre lapauvreté, pour l’accès aux soins de santé, à l’é<strong>du</strong>cationet surtout au logement adéquat a fortementdépen<strong>du</strong> des courbes internationa<strong>les</strong> de l’offre et dela demande de pétrole brut, d’une part, et d’autre part<strong>du</strong> manque de prévision et <strong>du</strong> manque de politiquesanticycliques appropriées. n10 Margarita López Maya et Luis Lander. « El socialismorentista de Venezuela ante la caída de los precios petrolerosinternaciona<strong>les</strong> ». Cuadernos del Cendes, 67 mai-août 2009.11 Voir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 181 Venezuela

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