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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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Étant donné <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> de responsabilité historiquedifférentiels, le coût de l’adaptation est perçucomme une dette que le monde in<strong>du</strong>strialisé doitassumer puisqu’il en est le ma<strong>jeu</strong>r responsable. Lesdettes ne peuvent pas se solder par des emprunts, nimême par des subventions ; le concept va au-delà <strong>du</strong>soi-disant rapport « donneur-récepteur » ou « sponsor-client». Par ailleurs, le financement est offertaux pays qui remplissent déjà toutes <strong>les</strong> conditionspour recevoir des prêts soup<strong>les</strong> des banques multilatéra<strong>les</strong>de développement (BMD), c’est-à-dire que<strong>les</strong> pays participants doivent, pour avoir accès auxprêts, remplir <strong>les</strong> conditions requises établies par<strong>les</strong> BMD. Ces institutions n’ont aucune crédibilitéauprès de l’administration de ces fonds étant donnéleurs mauvais procédés en matière de protectionsociale et environnementale, leur manque de gouvernancedémocratique ou d’engagement enversla transparence et la reddition des comptes, et <strong>les</strong>prêts significatifs effectués en ce moment et par lepassé aux hydrocarbures 17 . Les BMD sont des outilsde type néo-colonial ; <strong>les</strong> légitimer en tant qu’entitésopérationnel<strong>les</strong> <strong>du</strong> financement climatique reviendraità remodeler sans plus <strong>les</strong> politiques d’aide despays développés.La « mort » de KyotoÀ la suite des résultats frustrants de la Conférencede Copenhague, une nouvelle polarisation a surgi àpropos de la diplomatie sur le climat. D’autre part,l’Accord n’apporte pas davantage de clarté sur lafaçon dont se déroulera le processus des négociations.En ce qui concerne le Plan d’Action de Bali,adopté pendant la CoP 13 en décembre 2007, <strong>les</strong>négociations suivent deux voies différentes: celle del’AWG-LCA, qui négocie l’augmentation des actionsvisant à garantir la pleine exécution, efficace et soutenuede la Convention, et celle de l’AWG-KP, qui apour tâche de fixer <strong>les</strong> objectifs de ré<strong>du</strong>ction pour lapériode d’engagements postérieure à 2012, au momentoù des analyses scientifiques exigent que desré<strong>du</strong>ctions décisives d’au moins 25 % à 40 % soienteffectuées d’ici à 2020. Seul le Protocole de Kyotostipule une période d’engagements comprise entre2008 et 2012 et fixe des objectifs communs et indivi<strong>du</strong>elsjuridiquement contraignants pour <strong>les</strong> Partiesfigurant en Annexe I, variant d’un pays à l’autre, pourré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> émissions de GES.Presque tous <strong>les</strong> pays développés se sont unispour élever leur voix dans l’espoir de démantelerle Protocole de Kyoto, de regrouper <strong>les</strong> deux voiesen une seule et de pro<strong>du</strong>ire un résultat légal qui garantissel’inclusion des pays en développement <strong>les</strong>plus avancés. Les États-Unis, par exemple, n’ont pasl’intention de ratifier le Protocole ni d’accepter unaccord juridiquement contraignant. Ils préfèrent, aulieu de cela, un « accord d’exécution » de bas en hautqui, sur la base d’un ensemble de décisions claires etconformes à la CCNUCC, formalise et renforce <strong>les</strong> stipulationsactuel<strong>les</strong> de la Convention sur le Changementclimatique concernant <strong>les</strong> engagements pourré<strong>du</strong>ire l’émission de GES volontaires, non juridique-17 ActionAid, Cereal Offenders, Rapport politique, juillet 2008.Le financement climatique et <strong>les</strong> OMDIan PercyLa somme de USD 30 milliards destinée aufinancement « nouveau et additionnel » préconiséepar l’Accord de Copenhague est loind’être garantie. Ce chiffre reflète sans doute <strong>les</strong>priorités de l’ONU et l’engagement pris en cequi concerne l’atténuation et l’adaptation pourle changement climatique, mais <strong>les</strong> tendanceshistoriques ne sont pas encourageantes. Lespays développés donneurs ne sont pas en voied’atteindre l’objectif <strong>du</strong> 0,7% <strong>du</strong> Revenu nationalbrut (RNB) de l’APD d’ici à 2015. Il existedéjà des rapports de la société civile finlandaise,par exemple, dénonçant le fait que le financementclimatique est prélevé sur le budget <strong>du</strong>développement 1 . La situation est similaire dansla plupart des pays qui ont contracté ces engagements.D’autre part, l’organisation BetterAidinforme que l’on prévoit que <strong>les</strong> aides collectéesdevraient diminuer de plus de USD 2 milliardslorsque <strong>les</strong> fonds climatiques pour <strong>les</strong> pays derevenus moyens commenceront à grignoter lebudget destiné à l’aide 2 .1 Better Aid. Disponible sur : .2 Ibid.ment contraignants et recouvrant toute l’économie,et informer sur <strong>les</strong> émissions. Cette conception de« l’engagement et la révision » contredit ouvertementle Protocole de Kyoto et laisse toute liberté d’actionaux pays pour décider <strong>du</strong> genre d’objectifs à adopteret de la manière de <strong>les</strong> réaliser. Alors que l’optique deKyoto prévoit la réalisation de certains objectifs surdes périodes déterminées, ainsi que des évaluationssur la façon de <strong>les</strong> réaliser, le processus exigé dansl’Accord de Copenhague, quant à lui, ressemble auxnégociations faites dans le cadre de l’ Organisationmondiale <strong>du</strong> commerce (OMC), où régulièrement,au bout de quelques années, <strong>les</strong> pays assument denouveaux engagements pour ré<strong>du</strong>ire leurs barrièrescommercia<strong>les</strong> 18 .Le Protocole de Kyoto, qui a établi une coalitionmondiale entre <strong>les</strong> politiques, <strong>les</strong> experts, <strong>les</strong> fonctionnaires,<strong>les</strong> organisations de la société civile et<strong>les</strong> gens <strong>du</strong> monde entier, décrivait un point de vueintégré visant à affronter <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x <strong>du</strong> changementclimatique. Aujourd’hui, l´approche sélective desoptions préférab<strong>les</strong> qu’adoptent <strong>les</strong> pays développésrappelle la phrase de l’administration Bush: « Kyoto18 Harro van Asselt, Copenhagen chaos? Post-2012 climatechange policy and international law, Amsterdam Law Forum,2(2), 2010.Les Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement(OMD) étant loin d’être réalisés, le développementreste très en retrait par rapport àd’autres objectifs un peu partout dans le monde.Le manque de financement pour le développementest souvent signalé comme étant la causede la lenteur des avancées dans la réalisation desobjectifs. Vu <strong>les</strong> tendances actuel<strong>les</strong>, on peut facilementimaginer une chute soudaine de l’APDdestinée aux activités non climatiques. Les leaderspolitiques, surtout au sein de l’Organisation decoopération et de développement économiques(OCDE), sont soumis à des pressions chaque foisplus fortes leur demandant de prouver que l’aidequ’ils offrent donne des résultats. Les cib<strong>les</strong> dedéveloppement <strong>les</strong> moins quantitatives courentvraiment le risque d’être reléguées à un deuxièmeplan en faveur des stratégies vérifiab<strong>les</strong> d’atténuationet d’adaptation au changement climatique.Pendant la 16 e Conférence des Parties àCancun <strong>les</strong> grands axes <strong>du</strong> financement climatiquedevront être établis, afin de garantirque <strong>les</strong> donneurs et <strong>les</strong> pays en développementne perdent pas de vue <strong>les</strong> engagements liés audéveloppement. En l’absence de qualificationsvérifiab<strong>les</strong> et concises concernant <strong>les</strong> fonds« nouveaux et additionnels », l’é<strong>du</strong>cation etcertaines autres priorités de développementrisquent de devoir jouer un rôle secondaire faceaux parcs éoliens et aux projets de biomasse. nest mort » 19 . À l’époque, l’affirmation avait été trèscritiquée dans <strong>les</strong> pays <strong>du</strong> monde entier ; à présent,ces mêmes pays doivent faire des efforts pour que leProtocole de Kyoto continue à fonctionner jusqu’à laphase suivante.Le chemin qui mène à CancunLors de la CoP 15 de Copenhague et de la CoP 13de Bali, <strong>les</strong> pays parties ont formé trois blocs denégociation : (a) l’Union Européenne (UE), (b) <strong>les</strong>États-Unis, avec le soutien <strong>du</strong> Canada et <strong>du</strong> Japon,(c) le G77 et la Chine. Ce dernier groupe est le plusimportant puisqu’il rassemble 132 nations, y comprisdes pays en développement, PMA, et l’Alliancedes petits États insulaires (AOSIS, en anglais). C’estla plateforme de presque tous <strong>les</strong> pays ne figurantpas en Annexe I qui, en termes historiques, ne sontpas responsab<strong>les</strong> de la crise climatique actuelle. Cependant,étant donné <strong>les</strong> disparités existant entre euxquant à la comparabilité économique et la croissance<strong>du</strong> PIB, c’est également le groupe le plus hétérogèneet pratiquement pris dans le sillage des intérêts despays en développement <strong>les</strong> plus avancés (le Chine, leBrésil, l’Inde et l’Afrique <strong>du</strong> Sud).19 Dick Thompson, “Why U.S. Environmentalists Pin Hopes onEurope?” Time, 26 mars 2001.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>23Climat planétaire : l’effondrement de Copenhague

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