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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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a été d’établir des « standards légaux mondiaux », un ensemblede règ<strong>les</strong> pensées pour régler <strong>les</strong> finances, limiter<strong>les</strong> activités spéculatives et aider à la récupération mondialeaprès la crise. Jusqu’ à présent, cette proposition – dont lecontenu est encore en cours de rédaction – n’a pas reçusuffisamment d’appui international et n’a pas con<strong>du</strong>it nonplus à des mesures importantes pour avoir une réglementationplus rigide des marchés financiers.Dans le cadre de l’initiative de l’Aide pour le commercede l’UE, développée en 2007 avec la Stratégie conjointed’aide pour le commerce, <strong>les</strong> programmes d’aide de l’Italien’incluent toujours pas une stratégie spécifique pour lecommerce. Le rapport Aid for Trade Monitoring Report2009 11 de la Commission européenne souligne que l’aideau commerce fait partie des stratégies d’assistance dansmoins de 25 % des pays associés de l’Italie. Il règne aussiune grande inquiétude à l’égard de la qualité, de la quantitéet des objectifs des programmes.La plus grande partie de l’aide au commerce est destinéeà l’infrastructure, laquelle, avec le développement descapacités, a concentré 76 % des dépenses tota<strong>les</strong> pendantla période 2002-2006. L’Italie est à la tête de la promotion del’investissement dans des projets d’infrastructure de la partd’entreprises privées avec des programmes d’aide bilatérauxet multilatéraux, surtout avec la Banque européenned’investissement. Celle-ci finance des projets controversésdans des pays africains, tels que des barrages (Gigel Gibeen Ethiopie et Bujagali en Ouganda) et des activités extractives(République démocratique <strong>du</strong> Congo et Zambie) sansparamètres clairs <strong>du</strong> point de vue social, environnementalet <strong>du</strong> développement.Dans <strong>les</strong> grandes lignes, on ne voit pas encore clairementsi, après la crise financière, <strong>les</strong> fusions et acquisitionsrécentes qui affectent <strong>les</strong> entreprises multinationa<strong>les</strong>italiennes, le Gouvernement est prêt à revoir <strong>les</strong> traitésd’investissements bilatéraux qui ont eu de graves conséquencespour <strong>les</strong> pays en développement ces dernièresannées. En même temps, le Gouvernement n’assume pasun leadership clair dans la promotion de standards plusélevés pour <strong>les</strong> organismes de crédit à l’exportation quisoutiennent <strong>les</strong> investissements des entreprises italiennesdans le monde entier, souvent avec des conséquencesnégatives pour le Sud.Violation des droits de l’Homme à l’étrangerDans son rapport sur l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> pétrole dans le Delta <strong>du</strong>Niger 12 , Amnesty International a documenté l’impact desactivités d’exploration et de pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> pétrole menéespar <strong>les</strong> entreprises pétrolières multinationa<strong>les</strong> sur la populationlocale et sur l’environnement. L’une des entreprises<strong>les</strong> plus actives au Nigéria est l’italienne Eni, présente dans77 pays et qui constitue le 5 e groupe pétrolier le plus grand<strong>du</strong> monde après Exxon Mobil, BP, la Royal Dutch PetroleumShell et Total.L’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> pétrole dans le Delta implique le Gouvernementnigérian et <strong>les</strong> entreprises subventionnéescontrôlées par <strong>les</strong> multinationa<strong>les</strong> comme Eni, Shell etTotal, ainsi que des entreprises loca<strong>les</strong>. Les immenseschamps de pétrole pro<strong>du</strong>isent des milliards de dollars debénéfices pour le pays, mais la plupart des gens qui ha-11 Disponible sur : .12 Amnesty International, Nigeria : Petroleum, pollution andpoverty in the Niger Delta, Londres, 2009.bitent <strong>les</strong> régions d’extraction vivent dans la pauvreté. Lapollution et <strong>les</strong> dommages à l’environnement ont un fortimpact sur la terre, l’eau et l’air, violant <strong>les</strong> droits humainsde la population <strong>du</strong> Delta. Amnesty soutient que <strong>les</strong> entreprisesd’extraction opérant dans le Delta, dont Eni, doivententamer des activités de nettoyage, consulter <strong>les</strong> communautésloca<strong>les</strong> et <strong>les</strong> maintenir informées des résultats. Lesentreprises doivent également rendre publiques toutes <strong>les</strong>informations liées à l’impact de leurs activités sur <strong>les</strong> droitshumains, dont une évaluation de l’impact environnementalou tout autre étude réalisée sur <strong>les</strong> effets de leurs opérationssur <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong>.Un coup d’œil sur <strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> Millénairepour le développement (OMD) : la sociétécivile en actionOMD 3 : Un manque d’initiatives en matière d’égalité dessexes. L’analyse pertinente des rapports et des documentsde planification par la société civile est très importantedans le domaine des politiques pour l’égalité des sexes, oùprévaut l’imprécision, le manque d’information et ou l’onne communique pas <strong>les</strong> mesures adoptées, <strong>les</strong> résultatset <strong>les</strong> stratégies. Un bon exemple en a été la préparation <strong>du</strong>dossier pour Pékin+15 et la Convention sur l’élimination detoutes <strong>les</strong> formes de discrimination à l’égard des femmes(sigle en anglais : CEDAW). Malgré sa précision concernantle respect des engagements mondiaux par l’Italie, elle avaitde grosses lacunes en matière de consultation auprès de lasociété civile et de transparence des processus. Le rapportsur le CEDAW, en particulier, n’a pas apporté de réponsesaux questions pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le Comité <strong>du</strong> CEDAW avaitexprimé son inquiétude dans le rapport de 2005, à savoirla santé des femmes immigrantes, la persistance desstéréotypes de genre dans <strong>les</strong> médias et la participationpolitique inadéquate des femmes au niveau local et national.Le dernier rapport manque d’une vision stratégique etd’une politique systématique pour promouvoir l’égalité deschances et le transfert de pouvoir aux femmes ; il énumèredes mesures, des lois et des données sans agenda clair etil montre très peu de progrès concrets dans des sujets quidemandent un plus grand engagement institutionnel.En novembre 2009, <strong>les</strong> ministres de l’Égalité deschances et des Politiques socia<strong>les</strong> ont présenté le plan Italie2020 : Programme d’actions pour l’inclusion de la femmedans le marché <strong>du</strong> travail. La plus grande partie de cesactions est fondée sur des emplois à mi-temps, concevantque la conciliation <strong>du</strong> travail et <strong>les</strong> responsabilités ménagèresdoivent continuer d’être assurées majoritairement si cen’est exclusivement par <strong>les</strong> femmes.OMD 7 : Un référen<strong>du</strong>m sur l’eau publique. Le droit àl’eau potable est couvert par plusieurs engagements internationaux.L’OMD 7 réclame la ré<strong>du</strong>ction de la proportion depersonnes qui n’ont pas d’accès <strong>du</strong>rable à l’eau potable et àl’assainissement de base. La Commission économique pourl’Europe des Nations Unies encourage dans sa Conventionsur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontièreset des lacs internationaux, la participation publique dans <strong>les</strong>processus de prise de décisions importantes 13 , et la Directivecadresur l’eau de l’UE établit que « l’eau n’est pas un pro<strong>du</strong>itcommercial comme n’importe quel autre, mais un héritagequi doit être protégé, défen<strong>du</strong> et traité comme tel » 14 .13 Disponible sur : .14 Disponible sur : .Pendant 15 ans, l’Italie a vécu un processus gra<strong>du</strong>elde privatisation de la gestion des services intégrés deseaux (SIA), soit sous la forme d’initiatives autonomes desautorités loca<strong>les</strong>, soit comme de lois nationa<strong>les</strong> qui ont faitpression dans ce sens. La moitié de la population italiennereçoit aujourd’hui des services fournis par des entreprisesmixtes (publiques et privées) et l’autre moitié, par desentreprises complètement publiques. Des vil<strong>les</strong> commeArezzo et Aprilia, où a débuté la participation d’associésprivés, ont connu une augmentation exponentielle des prixet une ré<strong>du</strong>ction remarquable de l’investissement. Lorsde la dernière décennie, <strong>les</strong> prix ont augmenté de 62 %(par rapport à une inflation de 25 %) et l’investissement achuté des deux tiers, de EUR 2 milliards à EUR 0,7 milliard.On prévoit une augmentation de près de 20 % de l’eauprivatisée dans <strong>les</strong> dix prochaines années.En réaction aux effets catastrophiques en termes sociauxet environnementaux, et par rapport au droit à l’eauen Italie et dans le monde, un important mouvement italienqui rassemble des centaines d’organisations, associationset comités nationaux et locaux s’est développé pendantla dernière décennie. En 2007, plus de 400.000 signaturesont été réunies pour soutenir la loi proposée par <strong>les</strong>citoyens – non retenue par le Parlement – qui conçoit unnouveau modèle de gestion publique des services intégrésde l’eau. Au cœur se trouve la participation démocratiquedes citoyens plus que la maximisation des bénéfices. Parla suite, une campagne lancée en 2010 a recueilli plus d’unmillion de signatures en faveur d’un référen<strong>du</strong>m en 2011sur la gestion publique et participative de l’eau en tant quebien commun.Parallèlement aux mouvements de la société civile,beaucoup d’autorités loca<strong>les</strong> sont en train de prendre desmesures. La région des Pouil<strong>les</strong>, par exemple, a adoptéune résolution contre la privatisation de l’AQP, le plus grandaque<strong>du</strong>c européen, et a conçu la future gestion des SIA parl’établissement d’une loi sur la gestion publique.ConclusionLa crise financière actuelle a provoqué de fortes ré<strong>du</strong>ctionsdans le secteur de la coopération pour le développement.La proposition italienne de « standards légaux mondiaux »n’a reçu jusqu’à maintenant qu’une attention ré<strong>du</strong>ite et laréforme nécessaire <strong>du</strong> secteur financier s’est vue retardée.Au fur et à mesure que le pays s’appauvrit, qu’il devientplus xénophobe 15 et que <strong>les</strong> immigrants – surtout la populationrom – subissent des discriminations et des violencescontinues, <strong>les</strong> organisations de la société civile essayent dedéfendre <strong>les</strong> droits constitutionnels violés, tels que la libertéde la presse et l’indépendance <strong>du</strong> système judiciaire.Si la coopération italienne ne respecte pas <strong>les</strong> recommandationsde l’OCDE, sa contribution aux OMD sera presqueinsignifiante voire contrepro<strong>du</strong>ctive car elle ralentiral’action européenne et le leadership mondial. Le premierobjectif de l’OMD 8 – « répondre aux besoins spécifiquesdes pays <strong>les</strong> moins développés, des pays sans accès à lamer et des petits États insulaires en développement » –exige surtout une augmentation considérable de l’APD.En raison des politiques italiennes, cet objectif paraît trèsloin d’être atteint. n15 Grazia Naletto, éd., Rapporto sul razzismo in Italia,Roma :Manifestolibri, 2009.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 123 Italie

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