12.07.2015 Views

Changeons les règles du jeu - Social Watch

Changeons les règles du jeu - Social Watch

Changeons les règles du jeu - Social Watch

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Le genre en temps de crise : un nouveau paradigme dedéveloppement est nécessaireMalgré certains progrès, la mise en œuvre des engagements pour l’égalité des sexes est encore loin. Les progrès inégaux vers<strong>les</strong> Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développement (OMD), qui ont tous des dimensions de genre, ainsi que la pauvreté et <strong>les</strong>inégalités croissantes, ne sont pas dûs seulement aux impacts et aux crises externes, mais à des déséquilibres structurels sousjacents.Les autorités pertinentes doivent repenser la macroéconomie et reconnaître que le développement économique dépendd’une ample économie des soins (care economy) dans laquelle la main d’œuvre est majoritairement féminine. Il est tempsd’appliquer un nouveau paradigme de développement offrant <strong>les</strong> mêmes droits et <strong>les</strong> mêmes chances à tous et à toutes. ONUFemmes, la nouvelle agence de l’ONU pour l’égalité des sexes, sera-t-elle capable de catalyser ce changement ?Groupe de genre de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 1En 1979, beaucoup de gouvernements <strong>du</strong> monde ontassumé des engagements juridiques pour <strong>les</strong> droits desfemmes en signant la Convention sur l’élimination de toutes<strong>les</strong> formes de discrimination à l’égard des femmes(CEDAW, en anglais). Seize ans plus tard, en 1995, la IV eConférence mondiale sur <strong>les</strong> femmes a adopté un pland’action global pour parvenir à l’égalité des sexes : la Plateformepour l’action de Beijing. En septembre 2010, <strong>les</strong> leaders<strong>du</strong> monde se sont réunis à New York lors <strong>du</strong> Sommetsur <strong>les</strong> OMD pour mesurer <strong>les</strong> progrès vers ces objectifs,qui comprennent la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et l’inégalité,et pour discuter des moyens d’accélérer ces progrès faceaux crises répétitives qui affectent le climat, <strong>les</strong> aliments,l’énergie, <strong>les</strong> finances et l’économie.Malgré certains progrès, <strong>les</strong> engagements pris à Beijinget par la CEDAW sont loin d’être pleinement en vigueur,et l’égalité des sexes n’est pas toujours une composantedes programmes de développement économique et social<strong>du</strong>rable. De toutes <strong>les</strong> perspectives, y compris cellede l’Index d’Equité de genre (IEG) de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, desprogrès urgents sont nécessaires dans ce domaine car <strong>les</strong>gouvernements souscrivent rapidement aux instrumentsinternationaux mais sont lents dans leur mise en œuvre.L’augmentation de la pauvreté et <strong>les</strong> progrès irréguliersdans la réalisation des OMD, qui ont tous des dimensionsde genre, ne sont pas seulement dûs aux impacts etaux crises externes, mais aussi aux déséquilibres structurelssous-jacents. En temps de crise, ce sont <strong>les</strong> femmesqui portent le poids de la diminution des fonds pour ledéveloppement, car el<strong>les</strong> doivent trouver <strong>les</strong> moyens denourrir et de soigner leurs enfants et autres personnes àcharge lorsque <strong>les</strong> revenus <strong>du</strong> foyer diminuent, et el<strong>les</strong>doivent réaliser davantage de travaux non rémunérés lorsque<strong>les</strong> aides socia<strong>les</strong> disparaissent. Les pauvres (et <strong>les</strong>femmes sont <strong>les</strong> plus pauvres parmi <strong>les</strong> pauvres) n’ont pasde réserve pour affronter la crise. Cependant, ces mêmespays qui ne trouvent pas d’argent pour le développementont mobilisé des milliards de dollars pour sauver des banqueset des entreprises.1 Cet article est le résultat <strong>du</strong> travail <strong>du</strong> <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> GenderWorking Group, basé sur l’information fournie par <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> 06, artic<strong>les</strong> occasionnels, l’heure de l’économie degenre (mars 2010). Il a été rédigé par Enrique Buchichio etAmir Hamed, <strong>du</strong> Secrétariat de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.À la recherche d’un nouveau paradigme dedéveloppementDes crises tel<strong>les</strong> que cel<strong>les</strong> qui ont affecté <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>itsalimentaires, <strong>les</strong> carburants et <strong>les</strong> finances ne sont pasneutres à l’égard <strong>du</strong> genre. Leurs impacts exacerbent <strong>les</strong>inégalités existantes et mettent en évidence <strong>les</strong> effets négatifssur <strong>les</strong> femmes et sur <strong>les</strong> économies qui en dépendent.Cependant, rares sont <strong>les</strong> mesures prises par <strong>les</strong> pays enréponse à la crise qui ont donné la priorité à l’emploi etaux moyens de subsistance des femmes. À moins qu’onne prenne des mesures spécifiques, <strong>les</strong> femmes pauvresresteront en dehors <strong>du</strong> système et devront accepter desemplois précaires à faible pro<strong>du</strong>ctivité, avec de maigresrevenus et sans protection sociale. Parmi el<strong>les</strong> beaucoupdeviendront plus vulnérab<strong>les</strong> à la traite des personnes etaccepteront des travaux dangereux, voire illégaux.Il est essentiel d’établir des mesures pour protéger <strong>les</strong>femmes contre <strong>les</strong> pires effets des crises. Cependant, il y aaussi un grand besoin de politiques de développement socialqui assument le genre comme une étape décisive versune plus grande égalité et vers le bien-être des personnes.Comme on le voit dans <strong>les</strong> crises précédentes en Asie et enAmérique Latine, <strong>les</strong> indicateurs sociaux mettent le doublede temps pour sortir de la crise et ils doivent être suivis deprès, de même que la croissance économique qui n’estplus une mesure valable <strong>du</strong> bien-être humain et social.Nous avons besoin d’un changement de paradigme quidoit se refléter dans la pratique. Il ne s’agit pas de prendrecomme but la croissance et de formuler quelques politiquespour <strong>les</strong> femmes ou pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> pauvres, maisde concevoir et de mettre en œuvre un nouveau paradigmede développement avec <strong>les</strong> mêmes droits et <strong>les</strong> mêmeschances pour tous et pour toutes.Malgré <strong>les</strong> progrès dans <strong>les</strong> cadres politiques etjuridiques pour l’égalité de sexes, <strong>les</strong> mouvements desfemmes dans le monde entier ont été frustrés parce que<strong>les</strong> États n’ont pas mis en œuvre ces décisions et n’ont pasrespecté leurs engagements. Comme l’a signalé NorahMatovu Wing, directrice exécutive <strong>du</strong> Réseau de développementet de communication des femmes africaines(FEMNET) : « Le changement qui a eu lieu dans le statutpolitique, social et économique et pour la situation desfemmes africaines est indéniable. Toutefois, nous sommespréoccupées par le fait que jusqu’à présent seule une minoritéprofite de ces avantages » 2 . Les changements dans la2 African Women NGO Review Beijing +15, novembre 2009. Disponib<strong>les</strong>ur : .vie quotidienne des femmes sont rares, notamment pourcel<strong>les</strong> qui habitent en zones rura<strong>les</strong> et pour cel<strong>les</strong> qui sontobligées de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays oud’émigrer à l’étranger.Impacts de la crise économique sur le genreLa crise économique de 2008 et <strong>les</strong> plans ultérieurs derécupération au niveau national, régional et internationaln’ont pas pu reconnaître, comprendre, analyser et corrigerl’impact de la crise financière sur le genre. Le refus persistantde cet impact, ainsi que le manque d’inclusion desfemmes dans la recherche d’une solution, impliquent lerisque d’un retour à une stratégie de récupération « commed’habitude » qui dans le long terme aura des conséquencespréjudiciab<strong>les</strong> pour la réalité des femmes, des hommes etdes enfants ainsi que pour l’environnement.La crise économique actuelle est différente des récessionsprécédentes parce qu’il s’agit d’une récession quia eu et continuera à avoir un impact beaucoup plus grand,bien que différent, sur <strong>les</strong> femmes.Par rapport à des périodes précédentes de ralentissementéconomique, actuellement <strong>les</strong> femmes « représententla force la plus importante (et la moins reconnue) pourla croissance économique sur la planète », <strong>du</strong> moins selonThe Economist, qui a suggéré que pendant ces dernièresdécennies <strong>les</strong> femmes ont davantage contribué à l’expansionéconomique mondiale que <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologiesou <strong>les</strong> marchés émergents de la Chine et de l’Inde 3 . Toutefois,on ne tient pas compte de cette réalité. En outre,le nombre sans précédent de femmes présentes sur lemarché <strong>du</strong> travail implique que <strong>les</strong> femmes contribuentau revenu <strong>du</strong> ménage comme jamais el<strong>les</strong> ne l’avaient faitauparavant. Par conséquent, l’intégration des femmes aumarché <strong>du</strong> travail signifiera non seulement que la crise auraun plus grand impact direct sur <strong>les</strong> femmes el<strong>les</strong>-mêmesmais aussi sur <strong>les</strong> ménages, où <strong>les</strong> revenus seront considérablementaffectés par la perte d’emploi des femmes.Mais, ce qui est plus important encore, la situationéconomique des femmes au début de la récession n’était enaucune manière égale à celle des hommes. Dans des modè<strong>les</strong>de travail caractérisés par la séparation des marchésselon le genre, par l’écart salarial entre hommes et femmes,par des niveaux plus élevés d’emploi à temps partiel et par3 Ruth Sunderland, “ This mess was made by men. Now letthe women have their say”. The Observer, 1 er février 2009.Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>17Le genre en temps de crise

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!