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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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une forte concentration dans le secteur dit informel, à faiblerevenu et avec peu ou pas de protection sociale, <strong>les</strong> femmessont défavorisées pour faire face à la crise.Il est important de reconnaître <strong>les</strong> dimensions interdépendanteset polyfacétiques de la crise économiqueet financière pour comprendre son impact global sur <strong>les</strong>femmes et sur <strong>les</strong> relations des genres à l’heure actuelleet dans l’avenir. En général, on a ignoré <strong>les</strong> dimensions degenre de cette crise. Par exemple, en Europe, <strong>les</strong> prévisionsofficiel<strong>les</strong> des chiffres de chômage sont similaires pour<strong>les</strong> femmes et pour <strong>les</strong> hommes. Toutefois, ces estimationsne tiennent pas compte <strong>du</strong> fait que la proportion defemmes employées à temps partiel, un domaine qui restehors des statistiques de chômage, est excessive. En 2007,le pourcentage de femmes travaillant à temps partiel dansl’Union Européenne (UE) était de 31,2 %, c’est à dire, quatrefois plus élevé que celui des hommes 4 . Les femmes sontégalement <strong>les</strong> principaux fournisseurs de services publicset représentent jusqu’à deux tiers de la main d’œuvre dans<strong>les</strong> domaines de l’é<strong>du</strong>cation, de la santé et des servicessociaux ; par conséquent, le chômage des femmes risqued’augmenter de façon disproportionnée à cause de la ré<strong>du</strong>ctiondes dépenses <strong>du</strong> secteur public.Pour comprendre <strong>les</strong> effets des ré<strong>du</strong>ctions des dépensespubliques sur <strong>les</strong> femmes, à court et à long terme,il faudrait faire une analyse de l’impact de genre avant de<strong>les</strong> mettre en oeuvre. Les réponses des États à la crise sesont focalisées sur <strong>les</strong> secteurs dominés par la présencemasculine (par exemple, l’in<strong>du</strong>strie de l’automobile et <strong>les</strong>ecteur <strong>du</strong> bâtiment), mais <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions des dépensespubliques auront sans doute comme conséquence quedes services comme la prestation de soins retomberontsous la responsabilité des femmes, ce qui limitera encoredavantage leur capacité à participer pleinement à tous <strong>les</strong>aspects de la vie. De même, l’impact des ré<strong>du</strong>ctions desdépenses sur <strong>les</strong> services d’assistance fournis dans <strong>les</strong>milieux socioéconomiques <strong>les</strong> plus défavorisés se tra<strong>du</strong>irapar une plus grande dépendance des femmes tant au seindes famil<strong>les</strong> que dans la communauté en général.Partout dans le monde, <strong>les</strong> taux de chômage des femmessont en train d’augmenter en raison de conceptions degenre périmées et des ré<strong>du</strong>ctions des dépenses publiques,alors que, dans le même temps, la participation des femmesà l’économie informelle et au « travail bénévole » aaugmenté dans la mesure où <strong>les</strong> interventions d’assistancesociale ont été éliminées et on attend des femmes qu’el<strong>les</strong>remplissent ces vides.En<strong>jeu</strong>x mondiaux : aperçu généralEn Asie, en Afrique, en Europe, en Amérique Latine et auMoyen-Orient, <strong>les</strong> mouvements pour <strong>les</strong> droits des femmesont reconnu <strong>les</strong> effets positifs des accords internationauxsur la vie des femmes et des fil<strong>les</strong>. Toutefois, danscertaines régions on a remarqué une montée de l’extrémismereligieux et/ou le conservatisme de droite associésà la perpétuation et la diffusion de lois discriminatoires àl’égard des femmes. De nombreux États et partis politiquesmanipulent le droit des personnes à la diversité culturelle etreligieuse comme un prétexte pour violer <strong>les</strong> droits fondamentauxdes femmes, des fil<strong>les</strong>, des personnes porteusesde VIH/SIDA et des personnes aux orientations sexuel<strong>les</strong>4 Lobby européen des femmes, Les femmes et la criseéconomique : l’urgence d’une perspective de genre, 2010.Disponible sur : .différentes 5 . L’oppression politique des femmes et le refusde leurs droits sont renforcés par <strong>les</strong> conflits armés et lerecours excessif à la militarisation plutôt qu’au bien-êtrehumain comme moyen de garantir la sécurité.Des variantes de ce phénomène peuvent être observéesen Afrique et dans d’autres régions en développementoù la crise est arrivée par le biais de divers canaux de transmission.Il est également devenu nécessaire d’utiliser uneperspective de genre pour décoder <strong>les</strong> situations qui sepro<strong>du</strong>isent au sein des ménages, puisque <strong>les</strong> gens qui partagentun même toit entretiennent des relations de pouvoirasymétriques 6 . Par ailleurs, malgré <strong>les</strong> changements encours dans <strong>les</strong> rô<strong>les</strong> sociaux, la division <strong>du</strong> travail ménagerselon le genre est encore très rigide. Les limites que cettedivision <strong>du</strong> travail impose aux femmes et <strong>les</strong> hiérarchiessocia<strong>les</strong> fondées sur cette division déterminent une positiond’inégalité dans trois systèmes étroitement liés : lemarché <strong>du</strong> travail, le système de bien-être ou de prestationssocia<strong>les</strong> et le ménage.L’Amérique Latine et <strong>les</strong> Caraïbes : manquede politiques d’égalitéEn Amérique latine, <strong>les</strong> principaux impacts négatifs de lacrise économique mondiale sont la baisse des échangescommerciaux (autant en volume qu’en valeur), la diminutiondes envois de fonds et l’aggravation <strong>du</strong> chômage, ajoutésà une augmentation de la pauvreté. Plus de 2 millionsde personnes ont per<strong>du</strong> leur emploi en 2009 et, malgré<strong>les</strong> prévisions d’une croissance économique plus forteen 2010, il sera difficile de récupérer ces emplois per<strong>du</strong>s 7 .Cette situation est aggravée par <strong>les</strong> résultats d’un rapportde la Commission économique pour l’Amérique Latine et<strong>les</strong> Caraïbes (CEPAL) : en 2009, <strong>les</strong> exportations ont chutéde 24 % à la suite de la crise 8 .Pour l’instant, <strong>les</strong> réponses à la crise dans la régionont mis l’accent sur la stabilisation <strong>du</strong> secteur financier etsur des mesures visant à soutenir la demande, l’emploi etl’assistance aux populations vulnérab<strong>les</strong>. Cependant, trèspeu de mesures prises par <strong>les</strong> gouvernements d’AmériqueLatine et des Caraïbes tiennent compte des femmes, bienque la récession exerce davantage d’impact sur el<strong>les</strong> tant ence qui concerne le chômage qu’en termes d’emplois plusprécaires à faible pro<strong>du</strong>ctivité et faisant l’objet de moinsde protection sociale. Il est nécessaire que ces politiquesprennent en compte l’inégalité des sexes, car l’accumulation<strong>du</strong> profit est basée non seulement sur l’exploitation desressources naturel<strong>les</strong>, mais aussi sur la main-d’œuvre bonmarché, et la main-d’œuvre féminine est la moins chèrede toutes.Bien que cela ne soit pas formellement reconnu, leprocessus de pro<strong>du</strong>ction impose un double fardeau pour5 Voir, par exemple : <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, L’heure de l’économiede genre – Quinze ans après la IV e Conférence mondia<strong>les</strong>ur la femme, mars 2010. Disponible sur le site : .6 Équipe de recherche de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, Genre et pauvreté :un cas d’inégalités entrelacées, 2005. Disponible sur <strong>les</strong>ite : .7 OIT, 2009 Panorama <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail de l’AmériqueLatine et des Caraïbes, Genève, janvier 2010.8 CEPAL, Le commerce international en Amérique Latine etaux Caraïbes en 2009 : crise et récupération. Janvier 2010.Disponible sur le site : .<strong>les</strong> femmes : au sein <strong>du</strong> ménage (ou travail « bénévole »)et dans des emplois mal rémunérés pour augmenter <strong>les</strong>revenus. Au cours des dernières décennies, <strong>les</strong> salaires ontdiminué dans la plupart des pays de la région, notammentà cause de l’entrée de davantage de femmes sur le marché<strong>du</strong> travail.Lors de la X e Conférence régionale sur <strong>les</strong> femmesd’Amérique Latine et des Caraïbes, tenue en août 2007,33 gouvernements ont accordé le Consensus de Quitoexigeant l’adoption de toutes <strong>les</strong> mesures d’action positiveet de tous <strong>les</strong> mécanismes nécessaires, y compris desréformes législatives et des mesures budgétaires, pourassurer la participation et <strong>les</strong> droits des femmes 9 . L’incapacitéà mettre en œuvre <strong>les</strong> engagements pris à Quitomontre <strong>les</strong> lacunes des politiques d’égalité des sexes, liéesà la faib<strong>les</strong>se des États, pour adopter et mettre en œuvre desmécanismes de promotion de la femme et à la prévalencede politiques de « bien-être » biaisées, plus proches de lacharité que des droits humains.Lors de la récente XI e Conférence régionale sur <strong>les</strong>femmes d’Amérique latine et des Caraïbes, qui s’est tenueen juillet 2010 à Brasilia (Brésil), la CEPAL a présenté undocument analysant <strong>les</strong> réalisations en matière d’égalitédes sexes et <strong>les</strong> en<strong>jeu</strong>x auxquels <strong>les</strong> femmes de la régiondoivent encore faire face 10 . Cet organisme propose unnouveau pacte social pour redistribuer la charge de travailtotale (travail rémunéré et non rémunéré) entre <strong>les</strong> hommeset <strong>les</strong> femmes, afin de faciliter l’accès des femmes aumarché <strong>du</strong> travail 11 .La région africaine : une goutte dans l’océanMalgré <strong>les</strong> progrès dans la législation axée sur l’égalité dessexes et le processus judiciaire, <strong>les</strong> femmes africaines ontexprimé leur désillusion à l’égard de leurs gouvernements,qui ont souscrit aux instruments des droits humains et ontsoutenu rapidement différentes politiques internationa<strong>les</strong>et régiona<strong>les</strong>, mais qui sont extrêmement lents à respecterleurs engagements.Le Rapport parallèle des ONG africaines sur Beijing+15 a constaté que « <strong>les</strong> mesures concrètes prises au coursdes cinq dernières années représentent une goutte d’eaudans l’océan par rapport aux nombreuses promesses faitespar <strong>les</strong> gouvernements africains sur <strong>les</strong> questions fondamenta<strong>les</strong>de l’égalité des sexes, de l’équité et de l’autonomisationdes femmes. En bref, <strong>les</strong> dirigeants africains sont entrain de trahir <strong>les</strong> attentes des femmes africaines » 12 .Bien qu’aujourd’hui, <strong>les</strong> politiques d’État reflètentcertains éléments des cadres d’« égalité des sexes », engénéral el<strong>les</strong> ne parviennent pas à aborder <strong>les</strong> questionsrelatives à l’autonomisation des femmes et, en particulier,à la santé et aux droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs.9 “Latin American and Caribbean countries approve Quitoconsensus”, 14 août 2007. Disponible sur le site : .10 CEPAL, Quel État et pour quelle égalité ? juillet 2010.Disponible sur : .11 Pour davantage de détails sur cette région, voir : <strong>Social</strong><strong>Watch</strong>, “ L’Amérique Latine et <strong>les</strong> Caraïbes : il n’y a pasde solution à la crise sans politiques de genre”, 2010.Disponible sur : .12 FEMNET, “The Africa Women’s Regional Shadow Report onBeijing + 15”, 10. Disponible sur : .Rapports thématiques 18 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>

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