Repères sur l’innovation au Japon<strong>ANRT</strong> – 19 septembre 2002CONCLUSIONHenri MARTREPrésident du Comité Japon du MEDEF International,Président de la SFJTILe Japon veut affirmer sa place parmi les grandes puissances et mène une politiquetechnologique et industrielle ambitieuse. Il souhaite ardemment tourner la page de laSeconde guerre mondiale et s’ouvrir sur le monde, pour sortir de sa relation exclusiveavec « le grand protecteur américain ». Deux pays se sont distingués par leurindépendance après les événements du 11 septembre : l’Allemagne et… le Japon.Celui-ci aspire ainsi à reprendre son autonomie dans le domaine de la défense. Lasituation en Chine ne fait que l’y inciter davantage.Au cours des dernières années, le Japon a fait le constat de la chute de sa compétitivitéet dressé une stratégie en conséquence, consistant essentiellement à restructurer le tissuindustriel traditionnel, de manière à ce que l’ensemble des entreprises japonaises, et passeulement les plus brillantes d’entre elles, retrouvent un avantage concurrentiel sur lemarché mondial. Le Japon a par ailleurs décidé de développer ses relations avec leszones à bas salaires situées à proximité, en particulier la Chine. Ce programmegouvernemental se heurte bien entendu à une difficulté majeure : restructurations etdélocalisations ne peuvent aller sans une forte augmentation du taux de chômage, d’oùle scepticisme important qui a accompagné l’annonce de cette stratégie en deux axes,d’autant que les troubles sociaux et la perspective de la hausse du chômage n’ont faitque fragiliser la consommation, au détriment de l’économie.Des réformes sont donc en cours, mais elles sont ralenties par la crainte de déstabiliserle système social. L’expérience Renault-Nissan a été suivie par la communauté desentreprises japonaises avec beaucoup d’intérêt. Sa réussite est une indication pour leschefs d’entreprise qu’une restructuration n’est pas forcément vouée à l’échec dans leurpays.En matière d’innovation, l’avance de certains secteurs de l’économie japonaise estréelle, tels l’informatique, l’automobile, l’électronique ou la photographie, mais d’autresrencontrent plus de difficultés, comme les grands systèmes d’information, domaine danslequel les Français sont bien meilleurs.Le Japon consacre une grande partie de ses ressources à la R&D. Les financements dela recherche provenaient principalement des entreprises quand les frontières japonaisesétaient fermées : elles vendaient très cher leurs produits sur le marché intérieur, lesconfortables marges ainsi dégagées leur permettant de financer la R&D. Depuisl’ouverture de ses frontières, le Japon a été obligé de rétablir un certain équilibre entreles prix pratiqués à l’intérieur et à l’extérieur du pays. C’est alors qu’en 1995, laquestion du financement de la R&D s’est posée de manière délicate : la décision a étéprise de le faire porter non plus sur le consommateur mais sur le contribuable, par unfinancement public. Et les crédits de recherche ont été augmentés de manièreimportante. Ceci démontrant au passage la souplesse et la réactivité du systèmejaponais.24
Repères sur l’innovation au Japon<strong>ANRT</strong> – 19 septembre 2002Une des singularités du système de recherche japonais est la circulation de l’information.La solidarité de la collectivité japonaise est absolument admirable et fort productive.A propos de la coopération avec la France, il a été brillamment démontré qu’elle esttout à fait possible mais difficile, étant donné la différence des cultures en présence.Mais les exemples de synergies franco-japonaises ayant conduit à des réussites notablesne sont pas rares. L’intérêt de nos deux pays est donc bien de les rechercher.Les Français, on l’a vu, ont une capacité d’adaptation considérable : tous lesintervenants ont expliqué combien ils ont dû revoir leur mode de communication pours’adapter à leurs interlocuteurs japonais. Nous avons pu noter, à cet égard, le déficitd’image des Français au Japon. Un effort important mériterait d’être fait afin d’améliorerl’image de notre pays : il s’agit de faire comprendre aux Japonais qu’ils ont tout intérêt àtravailler avec un pays dont le niveau technologique est à peu près comparable au leur.L’alliance raisonnée entre les entreprises françaises et les entreprises japonaisesconstitue, en effet, une chance inespérée de combattre à armes égales la puissanceaméricaine. Ensemble, nous pouvons, c’est certain, être les meilleurs !25