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“ Les souvenirs d'un gruyérien ” par Joseph Jaquet, d ... - pharisa.ch

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“ <strong>Les</strong> <strong>souvenirs</strong> d’un gruyérien ” <strong>par</strong> <strong>Joseph</strong> <strong>Jaquet</strong>, d’Estavannens, volume I, 1822-1871 Page 67déclina son mandat, circonstance que l'autorité laissa d'abord ignorer du public. Il importait, en effet, au régime radical de nepas faire connaître ce refus avant l'élection <strong>d'un</strong> député au conseil national, en remplacement du défunt docteur Bussard,élection pour laquelle les radicaux posaient encore la candidature du même Fracbeboud.Le canton de Fribourg était alors divisé en deux arrondissements électoraux fédéraux, Le 21me, que représentait M.Bussard, était formé des districts de la Gruyère, de la Glâne, de la Veveyse et du 5 ème cercle de justice de paix du district dela Sarine (Le Mouret). Par arrêté du 8 juin, les électeurs des communes du district de la Gruyère, ceux de la commune deRueyres-Treyfayes, qui faisait alors <strong>par</strong>tie du district de la Glâne, et ceux des communes de Semsales, de La-Rougève, deProgens, de Châtel-St-Denis, d'Attalens, de Bossonnens, de Granges et de Remaufens furent convoqués à Bulle; ceux desautres cqmmunes des districts de la Glâne et de la Veveyse, à Romont; et ceux de la justice de paix du 5ème cercle dudistrict de la Sarine au Mouret.Connaissant les dispositions des électeurs du district de la Glâne et de la justice de paix du Mouret, les radicaux ne comptaitguère emporter cette élection; mais ils avaient le plus grand intérêt à constater dans le district .de la Gruyère une majoritéqui leur é<strong>ch</strong>appait, et spécialement à faire croire que les libéraux-conservateurs s'étaient à tort attribué la majorité du 1 ermai. Une abstention complète des conservateurs dans la Gruyère, et les communes du district de la Veveyse qui devaientvoter à Bulle, pouvait donner lieu à des illusions en leur faveur. <strong>Les</strong> craintes et le découragement, qui existaient <strong>par</strong>mi .lesconservateurs qui s’étaient rendus à Bulle pour l'élection du 1er mai; l'absence de bon nombre d'électeurs de cescommunes, soit pour la fabrication des fromages dans les pays voisins, soit pour la garde des troupeaux sur nosmontagnes, étaient des circonstances qui rendaient possible, à Bulle du moins, une majorité radicale. M. Perrier, préfet deChâtel, personnage influent, disait qu’il la fallait à tout prix. <strong>Les</strong> radicaux le répétaient, et, pour l’obtenir, ils employaient lesmenaces, l'intimidation, <strong>ch</strong>er<strong>ch</strong>aient <strong>par</strong> toute sorte de moyens à circonvenir et à corrompre les électeurs.L’édile de Bulle, membre du conseil communal, ainsi que plusieurs radicaux avertirent différents propriétaires de maisons,situées près de la place électorale, qu'ils devaient fermer leurs portes au moment de l'élection, afin que personne ne put yentrer. Du côté où devaient se placer les conservateurs, on ferma toutes les issues.Le contre-maître de la société Corboz et Cie, qui travaillait à la construction de la route de la Tour-de-Trême, dit à différentsindividus qu'il engageait à voter avec les radicaux: “Cette fois nous tiendrons les. conservateurs; il n'en restera point; lesissues de leur côté seront barricadées; on placera le canon devant la <strong>ch</strong>apelle des capucins d'où on les mitraillera, tandisqu'avec les armes, que l'on a déposées au <strong>ch</strong>âteau et au corps de garde, on tuera les fuyards. Quant â nous, radicaux,nous ne courrons aucun risque, car nous serons placés le long des maisons du rang du milieu. ”Passant la veille de l'élection, samedi 25 juin, devant l'auberge des XIII cantons à Bulle, j'entendis des gens me crier enpatois : “ Tu reviendras demain, n'est-ce pas? Oh! pour toi, ça ira mal. ” Bien d'autres menaces encore, que je ne cite pas,furent proférées.On annonçait que les radicaux de St-Martin et. de Grattava<strong>ch</strong>e, qui quoique ces communes ne fissent point <strong>par</strong>tie du cerclede la Montagne, étaient venus voter à Bulle le 1er mai, y reviendraient. En effet, .treize radicaux de la seconde de ceslocalités y vinrent le 26 juin.Dans la grande <strong>par</strong>oisse d'Attalens, les radicaux offraient de l’argent aux conservateurs: aux uns pour qu'ils vinssent voteravec eux ; à d’autres, qu'ils supposaient plus difficiles à gagner, pour qu’ils s’abstinssent. Ils firent de <strong>par</strong>eilles offres dansplusieurs autres localités. Dans une commune des environs de Bulle, ils proposèrent de l'argent à un conservateur pauvre,qu'ils avaient tellement maltraité le 1er mai que l'on désespéra longtemps qu’il se rétablit. Au moment où ces offres luiétaient faites, il était encore dans l'impossibilité de se livrer à des travaux pénibles. On espérait que son dénuement et sonétat l'obligeraient à accepter.<strong>Les</strong> demandes de remboursement, .les poursuites juridiques se multipliaient contre les conservateurs de la <strong>par</strong>t desradicaux qui disposaient non seulement des biens de l'Etat, mais aussi des biens des couvents et du clergé séculier.Lorsque le débiteur sollicitait un terme, on le lui accordait à condition qu'il votât pour candidat radical. Ceux qui ne prenaientpas cet engagement étaient poursuivis sans trève ni répit. M. le notaire Toffel, homme d’une grande modération, qui avaitune nombreuse clientèle et de nombreux rapports avec les populations, m’a dit avoir à ce sujet plus de cinquante preuvesverbales et un grand nombre de preuves écrites.Le conseil fédéral refusa d'envoyer, pour l'élection du 26 juin, les commissaires qui lui avaient été demandés; il invitacependant le gouvernement de Fribourg à lui faire connaître quelles mesures il avait prises pour la sûreté des électeurs.Celui-ci répondit avoir pris les mesures nécessaires et assura que tout se passerait avec ordre.<strong>Les</strong> électeurs conservateurs, qui étaient encore sous l'impression des scènes sanglantes du 1er mai et n'avaient pasconfiance dans les assurances données <strong>par</strong> les gouvernants, éprouvaient une vive répugnance à se rendre à Bulle pour unenouvelle élection. <strong>Les</strong> bruits sinistres, intentionnellement répandus, augmentaient encore les craintes. Quelques hommes

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