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“ Les souvenirs d'un gruyérien ” par Joseph Jaquet, d ... - pharisa.ch

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“ <strong>Les</strong> <strong>souvenirs</strong> d’un gruyérien ” <strong>par</strong> <strong>Joseph</strong> <strong>Jaquet</strong>, d’Estavannens, volume I, 1822-1871 Page 83versement., on me dit que la dette était éteinte. Qui en avait acquitté le solde? Je n'ai pu l'apprendre que beaucoup plus tard.Il m'a été dit, en 1887, que l'Etat avait payé la dette, probablement au moyen des deniers publics.J'ai déjà dit que j'étais membre du comité conservateur établi à Fribourg; je dus, en raison de cette circonstance, m'occuper<strong>d'un</strong>e manière spéciale des élections. J'y mis le zèle que j’avais l’habitude de mettre en toutes <strong>ch</strong>oses, et pus assezexactement connaître les mesures et les moyens employés <strong>par</strong> les conservateurs. Je crois devoir consigner ici que je n'aipas eu l'occasion de constater des actes de pression ni de fraude de leur <strong>par</strong>t, et que les sacrifices qu'ils ont faits n'ont eud'autre emploi, à ma connaissance, que celui de mettre les électeurs en mesure d'exercer leurs droits sans s'imposer desdépenses au-dessus de leurs ressources.<strong>Les</strong> radicaux, sans être certains <strong>d'un</strong>e victoire complète, croyaient l'emporter au moins dans les districts du Lac, de laGruyère et de la Broye. Ils comptaient en outre faire passer quelques-uns de leurs candidats dans le district de la Sarine, etavoir ainsi des <strong>ch</strong>ances d'obtenir une majorité au grand conseil. Quant aux conservateurs, ils eurent assez de prudence pourne pas se montrer exclusifs. Dans le district de la Sarine, ils portaient sur leur liste deux des principaux <strong>ch</strong>efs du <strong>par</strong>ti radical,ceux-là même qui, pendant les plus mauvais jours, avaient joué le principal rôle, Julien S<strong>ch</strong>aller et André Castella.Dans la Gruyère, les conservateurs offrirent une candidature à M. Lucien Geinoz, préfet du district, et à M. Romain Dupaquier,de Vuadens, professant l'un et l’autre des opinions radicales. Au nombre des délégués, <strong>ch</strong>argés de leur faire cetteoffre, se trouvait le capitaine Jean-<strong>Joseph</strong> Caille, d'Estavanens, nommé depuis inspecteur du bétail dans sa commune etgagné au <strong>par</strong>ti conservateur intransigeant. MM. Geinoz et Dupaquier refusèrent la candidature conservatrice. Je ne connaispas le motif de leur refus. A-t-il eu lieu pour ne pas être redevables de leur élection au <strong>par</strong>ti conservateur, ou <strong>par</strong>ce qu'ilscroyaient leur élection assurée sans le concours de ce <strong>par</strong>ti?Enfin le 7 décembre, jour des élections, arriva; elles se firent avec plus d'ordre et de calme qu'on ne l'avait supposé. A Fribourg,où je me trouvais alors et où je fis <strong>par</strong>tie du bureau, les opérations eurent lieu assez régulièrement. Je n'eus pasl'occasion de constater des fraudes ni des actes de violence graves. Comme membre du bureau, j'assistai à la votation et. audépouillement jusqu'à l'a<strong>ch</strong>èvement des opérations, qui se prolongèrent assez avant dans la soirée. Le résultat fut unevictoire pour le <strong>par</strong>ti conservateur, qui obtint la majorité dans la capitale du canton. C'était un succès inespéré.Le dépouillement des votes se fit dans la salle du grand conseil. <strong>Les</strong> tribunes étaient garnies de spectateurs des deux <strong>par</strong>tis,qui attendaient le résultat avec une fiévreuse anxiété. Le <strong>par</strong>ti radical comptait un grand nombre de ses adhérents <strong>par</strong>mi lesspectateurs, et, dans ce nombre, bien des individus dont l’attitude avait quelque <strong>ch</strong>ose de menaçant. Cependant; ils ne selivrèrent à aucun désordre, et se bornèrent, <strong>par</strong> un murmure sourd, mais prolongé, à faire connaître l'impression que produisaitsur eux l'é<strong>ch</strong>ec subi.La victoire du <strong>par</strong>ti conservateur dans le canton fut complète. Ses candidats, <strong>ch</strong>oisis en grande <strong>par</strong>tie <strong>par</strong>mi les hommesd'opinions modérées, obtinrent d'importantes majorités dans tous les districts. Las de subir les vexations du radicalisme, lepeuple fribourgeois s'était rendu en masse au scrutin, et avait voté avec un ensemble qui témoignait de son désir de secouerle joug qui l'opprimait. <strong>Les</strong> urnes, contenant les bulletins de rote, avaient été escortées, presque <strong>par</strong>tout, jusqu'au <strong>ch</strong>ef-lieude district, et soigneusement gardées <strong>par</strong> des citoyens courageux et bien décidés à ne pas permettre de fraudes.Des actes de violence eurent lieu toutefois sur différents points, spécialement dans le district de la Gruyère. A La-Ro<strong>ch</strong>e, l’undes lieux de votation, des menaces furent proférées contre les conservateurs, en <strong>par</strong>ticulier contre les scrutateurs de ce<strong>par</strong>ti, notamment contre M. le commandant <strong>Joseph</strong> Repond, de Villardvollard, homme considéré et jouissant <strong>d'un</strong>e légitimeinfluence dans sa contrée.A Avry-devant-Pont, les radicaux firent pis: des actes de violence eurent lieu; plusieurs conservateurs reçurent des coups;L’un d'eux fut enfermé dans des latrines et y fut maltraité. Au nombre des radicaux qui se livrèrent à ces actes de violence,j'ai entendu citer un citoyen, nommé plus tard syndic <strong>par</strong> le gouvernement ultra-conservateur de 1881, puis élu député en1886, alors que le <strong>par</strong>ti gouvernemental criait plus fort. que jamais: “ Pas de radicaux ! ” On m'a aussi nommé un Individud'E<strong>ch</strong>arIens.A la campagne, le dépouillement se fit avec moins de célérité que dans la capitale. Dans le district de la Gruyère, lerésulta ne fut connu que dans l’après-midi du lendemain ou le surlendemain de l’élection.Quelques renseignements sur les hommes politiques, originaires de la Gruyère, qui, sous le régime radical, ont joué un rôlepolitique, me semblent trouver ici leur place.Le Dr. F.-Marcelin Bussard, de GruyèresF.-Marcelin Bussard, de Gruyères, issu <strong>d'un</strong>e famille pauvre, commença ses études au collège des Jésuites à Fribourg etles a<strong>ch</strong>eva en Allemagne, d'où il revint avec le titre de docteur. Il joua un rôle politique important de 1830 à 1853, époque de

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