ADu monde macroscopi<strong>que</strong> au nanomonde, ou l’inverse…Afin de se représenter plus aisémentles dimensions des objetsmicro et nanoscopi<strong>que</strong>s*, il est prati<strong>que</strong>de procéder à des comparaisonset courant de faire correspondre différenteséchelles, par exemple celle dumonde du vivant, de la molécule àl’homme, et celle des objets manipulésou fabriqués par lui (figure). Cettecorrespondance entre “artificiel” et“naturel” permet, par exemple, de voir<strong>que</strong> des nanoparticules fabriquéesartificiellement sont plus petites <strong>que</strong>des globules rouges.Un autre mérite de cette juxtapositio<strong>ne</strong>st d’illustrer les deux grandes façons*Du grec nano qui signifie “tout petit”et est utilisé comme préfixe pour désig<strong>ne</strong>rle milliardième (10 -9 ) d’u<strong>ne</strong> unité. Enl’occurrence, le nanomètre (1 nm = 10 -9 m,soit un milliardième de mètre) est l’unitérei<strong>ne</strong> du monde des nanosciences et desnanotechnologies.Tranche de silicium de 300 mm réalisée par l’Alliance Crolles2, illustration de la démarchetop-down actuelle de la microélectroni<strong>que</strong>.Artechni<strong>que</strong>d’élaborer des objets ou des systèmesnanométri<strong>que</strong>s : la voie descendante(top-down) et la voie ascendante(bottom-up). Deux chemins mè<strong>ne</strong>nt e<strong>ne</strong>ffet au nanomonde : la fabricationmoléculaire, qui passe par la manipulationd’atomes individuels et laconstruction à partir de la base, etl’ultraminiaturisation, qui produit dessystèmes de plus en plus petits.<strong>La</strong> voie descendante est celle du mondeartificiel, qui part de matériaux macroscopi<strong>que</strong>s,ciselés par la main del’homme puis par ses instruments: c’estelle qu’a empruntée l’électroni<strong>que</strong>depuis plusieurs dizai<strong>ne</strong>s d’années,principalement avec le silicium commesubstrat, et ses “tranches” (wafers)comme entités manipulables. C’estd’ailleurs la microélectroni<strong>que</strong> qui alargement contribué à don<strong>ne</strong>r à cettevoie le nom anglais sous la<strong>que</strong>lle elleest connue. Mais il <strong>ne</strong> s’agit plus seulementd’adapter la miniaturisation dela filière silicium actuelle, mais ausside prendre en compte, pour s’en prémunirou les utiliser, les phénomè<strong>ne</strong>sphysi<strong>que</strong>s, quanti<strong>que</strong>s en particulier,qui apparaissent aux faibles dimensions.<strong>La</strong> voie ascendante <strong>peut</strong> permettre depasser outre ces limites physi<strong>que</strong>s etaussi de réduire les coûts de fabrication,en utilisant notamment l’autoassemblagedes composants. C’est elle<strong>que</strong> suit la vie en pratiquant l’assemblagede molécules pour créer des protéi<strong>ne</strong>s,enchaî<strong>ne</strong>ment d’acides aminés<strong>que</strong> des super-molécules, les acidesnucléi<strong>que</strong>s (ADN, ARN), savent faire produireau sein de cellules pour formerdes organismes, les faire fonction<strong>ne</strong>r etse reproduire tout en se complexifiant.Cette voie, dite “bottom-up”, vise à organiserla matière à partir de “bri<strong>que</strong>s debase”, dont les atomes eux-mêmes sontles plus petits constituants, à l’instardu monde vivant. <strong>La</strong> <strong>nanoélectroni<strong>que</strong></strong>du futur cherche à emprunter cette voied’assemblage pour aboutir à moindrecoût à la fabrication d’éléments fonction<strong>ne</strong>ls.Les nanosciences peuvent ainsi <strong>être</strong>définies comme l’ensemble des recherchesvisant à la compréhension despropriétés (physi<strong>que</strong>s, chimi<strong>que</strong>s etbiologi<strong>que</strong>s) des nano-objets ainsiqu’à leur fabrication et à leur assemblagepar auto-organisation.Les nanotechnologies regroupent l’ensembledes savoir-faire qui permettentde travailler à l’échelle moléculairepour organiser la matière afin deréaliser ces objets et matériaux, éventuellementjusqu’à l’échelle macroscopi<strong>que</strong>.
A(Suite)mondevivantmolécule<strong>que</strong>l<strong>que</strong>s Å<strong>CEA</strong>ADN3,4 nmM. Freeman/Photolinkvirus0,1 µmGeostockglobule rouge5µmD. R.cheveu 50 µm(diamètre)grain de pollen10 µm à 20 µmE. Pollard/PhotolinkIBM Researchpuce1mmE. Pollard/Photolinkfourmi1cmFrédéric Balle<strong>ne</strong>ggerpapillon5cmPat Powers and Cherryl Schaferhomme2mS. Wanke/Photolinkvoieascendante“bottom-up”0,1 nm1 nm10 nm 100 nm 1µm 10 µm 100 µm 1mm 1cm 10 cm 1mnanomonde10 -10 m 10 -9 m 10 -8 m 10 -7 m 10 -6 m 10 -5 m 10 -4 m 10 -3 m 10 -2 m 10 -1 mvoiedescendante“top-down”atome1 nmboîte quanti<strong>que</strong>5 nmA. Ponchet, CNRS/CEMESnanoparticule10 nmnanotransistor20 nm<strong>CEA</strong>/DRFMC/J.-M. Pénisson<strong>CEA</strong>-Letitransistor“Cooper”1µmintercon<strong>ne</strong>xionsde circuit intégré1-10 µm<strong>CEA</strong>-Leti<strong>CEA</strong>-Letimicrosystème10-100 µmTronicsArtechni<strong>que</strong>/<strong>CEA</strong>puce de carte1cmtélépho<strong>ne</strong>portable 10 cmD. Michon-Artechni<strong>que</strong>/<strong>CEA</strong>véhiculeindividuel 2 mPSA-Peugeot Citroënmondeartificiel