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le magazine du Beth Loubavitch - Hassidout

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E D I T O R I A L4n°10<strong>le</strong> <strong>magazine</strong> <strong>du</strong> <strong>Beth</strong> <strong>Loubavitch</strong>R e n c o n t R e s - t I c H R I - 5 7 6 9 - 0 9 / 2 0 0 85769 - Année <strong>du</strong> Rassemb<strong>le</strong>mentTrimestre après trimestre, nous nous efforçonsde faire de notre “ Rencontres ” un momentd’exception. Trimestre après trimestre,nous espérons tous en sortir plus riches,intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment, mora<strong>le</strong>ment et spirituel<strong>le</strong>ment.Cette fois-ci, c’est <strong>le</strong> temps luimêmequi nous ouvre des voiesd’exception. L’année qui commence,5769ème <strong>du</strong> nom, estgrande et bel<strong>le</strong>, non seu<strong>le</strong>mentde nos espoirs, comme cel<strong>le</strong>qui l’a précédée ou cel<strong>le</strong> qui lasuivra, mais bien de ce qu’el<strong>le</strong>est essentiel<strong>le</strong>ment : l’Année <strong>du</strong>Rassemb<strong>le</strong>ment.“ <strong>le</strong> commandement de“ Hakhel - Rassemb<strong>le</strong>ment ”garde sa va<strong>le</strong>ur mêmeen notre temps ”C’est comme une ancienne image aux cou<strong>le</strong>urstoujours vives qu’il nous faut regarder avec unémerveil<strong>le</strong>ment jamais démenti. A l’époque où<strong>le</strong> peup<strong>le</strong> juif demeurait sur sa terre et où <strong>le</strong>Temp<strong>le</strong> de Jérusa<strong>le</strong>m se dressait sur sa colline,l’année qui suivait cel<strong>le</strong> de Chemita – <strong>du</strong>repos des terres – portait un nom : Hakhel ou“ rassemb<strong>le</strong>ment ”.En effet, au début de cette année, pendant lafête de Souccot, tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> se réunissaitdans la cour <strong>du</strong> Temp<strong>le</strong>. Là, on avait dresséune estrade de bois, <strong>le</strong> roi y montait et y lisaitdes passages de la Torah. Tous <strong>le</strong>s présents àcette célébration, d’une so<strong>le</strong>nnité et d’une joieintenses, en retiraient une élévation infinie, lapure crainte de D.ieu au sens <strong>le</strong> plus profond<strong>du</strong> terme. Il est clair que cela <strong>le</strong>s accompagnaitensuite pendant toute l’année.Certes, un tel moment spirituelétait lié à l’existence <strong>du</strong>Temp<strong>le</strong> et semb<strong>le</strong> ne plus être,aujourd’hui, qu’un rappel historique.Pourtant, il faut al<strong>le</strong>r plusloin. Dans la mesure où il s’agitd’un commandement édictépar D.ieu, il a nécessairementune application éternel<strong>le</strong>, sauf àinstaurer une limitation impossib<strong>le</strong>à la Sagesse Divine.De ce fait, <strong>le</strong> commandement de “ Hakhel –Rassemb<strong>le</strong>ment ” garde sa va<strong>le</strong>ur même ennotre temps. Cel<strong>le</strong>-ci prend simp<strong>le</strong>ment unsens plus large. Se rassemb<strong>le</strong>r devient alorsun enjeu important, même si <strong>le</strong> roi n’est pasprésent et si nous ne sommes pas dans <strong>le</strong>Temp<strong>le</strong>, en terre d’Israël.Le rassemb<strong>le</strong>ment en question doit, commepour nos ancêtres, nous réunir autour de notrevolonté de nous lier à D.ieu. Cela nous amèneainsi à une véritab<strong>le</strong> plénitude, un rassemb<strong>le</strong>ment– intérieur celui-là – de toutes nos forcespour assumer la spiritualité que nous portonsen nous et ainsi donner à ce monde la liberté àlaquel<strong>le</strong> il aspire. Une liberté réel<strong>le</strong> et éternel<strong>le</strong>par la venue de Machia’h.Avec une bonne et douce année.Haim NisenbaumTrimestriel n° 10Septembre 2008 | Tichri 5769Artic<strong>le</strong>s et contenu réalisés parBETH LOUBAVITCH8 rue Lamartine 75009 ParisTél : 01 45 26 87 60Fax : 01 45 26 24 37Serveur Vocal : 01 44 52 02 52Web : www.loubavitch.frDirecteur de la publication :Rav Schmouel AzimovOnt collaboré à ce numéro :Chabta ï Coën, Nissan Dubov, SimonJacobson, Haïm Mellul, Na’houm Mendelson,Haïm Nisenbaum, Yanki Tauber, ElisabethBenhamou.Assistante de rédactionTéhila SamamaCrédits photosIlan Garzone - ilangarzone@free.fr,Israël Bar<strong>du</strong>go, Menachem Serraf,Fotolia, iStockphoto, Stock.xchng.Graphisme & Direction artistiqueeliesuzan@mac.com - 06 84 22 62 41PublicitésYoram Benhamou - 01 45 26 35 97© Tous droits réservés. Tous <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>sphotos présents dans ce <strong>magazine</strong> sont protégéespar <strong>le</strong>s lois en vigueur sur la propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>et ne peuvent êtres utilisés sous quelque forme quece soit, sans autorisation écrite de Rencontres.Rencontres est un supplément à la Sidra de la SemainePublication hebdomadaire éditée par “La Régie Lamartine”102 Av. des Champs-Elysées 75008 ParisDirecteur de la publication: Y. BenhamouImprimerie : Imprimerie de Chabrol189, rue d’Aubervilliers - 75018 ParisISSN 1762 - 5440Rencontres n° 9 tiré à 7 000 exemplaires| 09-2008 | 3


S O M M A I R E44<strong>Loubavitch</strong>en action : Boulogne34<strong>Loubavitch</strong>dans <strong>le</strong> mondePekin, Chine54Zoomsur ca<strong>le</strong>ndrier30dossier specialHakhelLe HakhelLe Rassemb<strong>le</strong>mentLettreL’année <strong>du</strong> grand rassemb<strong>le</strong>mentQuand s’applique la Mitsva<strong>du</strong> Hakhel ?Le lieu <strong>du</strong> HakhelLe dérou<strong>le</strong>ment <strong>du</strong> HakhelUne cérémonie prestigieuseHakhel et la révélation au SinaïPourquoi ammener <strong>le</strong>s enfants ?L’importance de s’occuperde l’é<strong>du</strong>cation des enfantsLa signification profonde <strong>du</strong> Hakhel[ 6 ]CommentaireRebel<strong>le</strong> au ©cœur pur[ 10]Lettres <strong>du</strong> RabbiLe Rabbi, un chapelier[ 50]Anniversaire 6 TichriTissée avec un fil d’or[ 62]ChroniqueRendez-vous avec<strong>le</strong> temps| 09-2008 | 5


C O M M E N T A I R E S U R L A T O R A HRebel<strong>le</strong> au coeur purDov Greenberg© StockXpertParmi <strong>le</strong>s milliers de Rabbis citésdans <strong>le</strong> Talmud, un seul d’entre euxest devenu hérétique. Son nom ?Elisha ben Avouya.Elisha fut, selon tous <strong>le</strong>s récits, l’undes Sages <strong>le</strong>s plus remarquab<strong>le</strong>s<strong>du</strong> Second Sièc<strong>le</strong>. Contemporain del’éminent Rabbi Akiva, il fut notamment<strong>le</strong> Maître de Rabbi Meïr quifigura par la suite parmi <strong>le</strong>s plusgrands érudits de sa génération.Il existe différentes opinions quant àl’origine de la défection d’Elisha benAvouya. Certains expliquent qu’ildevint captivé par la culture helléniste,d’autres qu’il fut tourmentépar <strong>le</strong> problème de théodicée oucomment justifier de la bonté deD-ieu en dépit <strong>du</strong> mal qui existedans <strong>le</strong> monde.Elisha s’éloigna tant et tant de latradition juive, que ses collèguescessèrent de faire référence neserait-ce qu’à son nom et <strong>le</strong> surnommèrent“ A’her - l’autre ”, <strong>le</strong>banni, <strong>le</strong> renégat. Seul son élève,Rabbi Meïr, resta loyal enversl’homme qui avait été son Maîtreauparavant, recherchant sa compagnieet confiant malgré tout qu’il serepentirait un jour.C’est dans ce contexte que sedérou<strong>le</strong> l’une des histoires <strong>le</strong>s plusémouvantes de la littérature rabbinique.C’est Chabbath, et Elisha ben Avouyaprofane publiquement <strong>le</strong> jour sainten se promenant à cheval. Marchantà ses côtés se trouve Rabbi Meïr.Professeur rebel<strong>le</strong> et fidè<strong>le</strong> discip<strong>le</strong>avancent tous deux <strong>le</strong> long dela route, débattant et discutant ausujet de la Loi juive.“ Reviens vers Moi, ô enfantégaré, sauf A’her… ”Soudain, <strong>le</strong> récit talmudiqueemprunte une nouvel<strong>le</strong> dimension,frisant l’ironie. En effet, Rabbi Meïr,<strong>le</strong> Juif pieux, fut tel<strong>le</strong>ment plongédans la conversation, qu’il ne vit pasqu’ils avaient atteint <strong>le</strong>s limites de lavil<strong>le</strong> au-delà desquel<strong>le</strong>s il est interditde marcher Chabbath. “ A’her ” <strong>le</strong>dissident <strong>le</strong> remarqua et s’exclama :“ Meïr, retourne sur tes pas ! J’aimesuré la distance que nous avonsparcourue grâce aux foulées de moncheval. Nous avons atteint la limite<strong>du</strong> domaine permis <strong>le</strong> Chabbath ;à partir d’ici, tu n’as plus <strong>le</strong> droitd’avancer. ”Meïr répondit : “ Toi aussi, fais marchearrière. ”Vraisemblab<strong>le</strong>ment, cette frontièreinvisib<strong>le</strong> représente davantage quela simp<strong>le</strong> délimitation géographiquede la vil<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> symbolise la ligneentre deux mondes: croyance ethérésie, Judaïsme et impiété. Elishaben Avouya, momentanément plussensib<strong>le</strong> à la sainteté <strong>du</strong> Chabbathque son élève, demanda à Meïr derebrousser chemin. Meïr, confortédans l’idée selon laquel<strong>le</strong> son professeurn’avait pas oublié son passé,saisit l’occasion et supplia Elisha derevenir en arrière, de retourner versson héritage.Et Elisha de répliquer, comme unesorte d’aveu pathétique sur sa tragédiepersonnel<strong>le</strong> :“ Je ne peux revenir ” dit-il. “ Unjour, je pris mon cheval. C’était YomKippour, qui cette année-là, tombaitun Chabbath. Tandis que je m’attardaiprès <strong>du</strong> Saint des Saints, j’entendisune voix Divine me disant :“ Reviens vers Moi, ô enfant égaré,sauf A’her… ”Ainsi, en conclut Elisha, D-ieu pardonnequiconque se repentant, à uneexception près: Elisha ben Avouya.“ Moi ”, déclama Elisha, “ chef defi<strong>le</strong> de la communauté juive, je l’aitrahie. Moi, qui connaissait tant etqui pourtant fauta tel<strong>le</strong>ment, j’aicommis beaucoup de tort. Pour moi,il n’y a pas de retour possib<strong>le</strong>. ”Tel fut son destin tragique. Selonde nombreux récits, il ne se repentitjamais.Quel message cette histoire contientel<strong>le</strong>? Devons-nous retenir qu’Elishaentendit effectivement la voix deD-ieu et l’interpréta correctement ?Cette voix cé<strong>le</strong>ste ne contredit-el<strong>le</strong>pas l’un des principes fondamentaux<strong>du</strong> judaïsme affirmant qu’il esttoujours possib<strong>le</strong> de se repentir ?6 | 09-2006 09-2008 || 09-2008 | 7


C O M M E N T A I R E S U R L A T O R A HD-ieu nous relève et nous laisserecommencer de nouveau.Poussons maintenant <strong>le</strong> raisonnementun peu plus loin. Le Talmudest une oeuvre d’une remarquab<strong>le</strong>finesse, dont il est fort possib<strong>le</strong> dene pas percevoir toutes <strong>le</strong>s subtilités.En voici un exemp<strong>le</strong> pertinentdans ce récit, concernant la sourceprofonde des actions rebel<strong>le</strong>sd’Elisha.“ Vous ne comprenez pas ” répliqua<strong>le</strong> professeur, “ je mange <strong>du</strong> porc <strong>le</strong>Chabbath. ”Le Rav demanda alors : “ Uniquement <strong>le</strong>Chabbath, pas pendant la semaine ? ”“ Particulièrement et sciemment <strong>le</strong>Chabbath ! ” se vanta <strong>le</strong> professeur.“ Ah, dans ce cas-là” dé<strong>du</strong>it <strong>le</strong> Rav,“ vous devriez venir au cours. Nousavons vraiment un point commun. ”“ Vous n’êtes pas prisonnier<strong>du</strong> passé ; vous pouvezprendre un nouveau départ ”En outre, si D-ieu ne voulait pasqu’Elisha revienne vers Lui, pourquois’être révélé à lui ? Et pourquoila voix cé<strong>le</strong>ste a-t-el<strong>le</strong> exprimé toutd’abord des paro<strong>le</strong>s stimulantescomme “ Reviens vers Moi, ô enfantégaré ”, pour finir par un terrib<strong>le</strong>décret, “ sauf A’her ” ?La c<strong>le</strong>f de cette péripétie <strong>du</strong> Talmudtient en fait dans la perception despropos divins. Vers qui ces termesétaient-ils dirigés ? Comment D-ieua-t-Il apostrophé <strong>le</strong> Sage vagabond ?Par son vrai nom, Elisha ben Avouya,ou bien A’her, son pseudonyme ?La réponse est la suivante : “ Reviensvers Moi, ô enfant égaré ” s’adressaitsans nul doute à Elisha benAvouya. La voix cé<strong>le</strong>ste <strong>le</strong> suppliaitainsi de faire marche arrière. Enrevanche, <strong>le</strong> “ sauf ”, si sévère, étaitdestiné à A’her. D-ieu cherchait àmettre Elisha au défi de se débarrasserde cet “ A’her ”, l’autre, cettepersonnalité étrangère, mais fausse.D-ieu était tout simp<strong>le</strong>ment en trainde lui signifier qu’il n’était pas cet“ A’her ” et que la source de sonconflit provenait <strong>du</strong> fait qu’il identifiaitson essence à A’her. Certes,l’être humain porte en son sein denombreuses contradictions; notrefoi rencontre parfois des crises existentiel<strong>le</strong>s.Car ainsi va la vie dansnotre monde diffici<strong>le</strong>. Le drame survientlorsque nous commençons àidentifier <strong>le</strong> mal que nous avonscommis avec notre essence ; quandnous substituons notre âme à l’identitéd’A’her.“ Reviens vers Moi, ô enfant égaré,sauf A’her… ” Le sens : “ Rapprochetoide Moi, mon enfant égaré, laisseA’her derrière ! Tu n’es pas “ A’her ”,arrête de te considérer comme tel.Tu es mon précieux enfant. ”Malheureusement, Elisha se fourvoyaen pensant qu’A’her et lui neformaient qu’une seu<strong>le</strong> et mêmepersonne. De fait, il ne parvintjamais à atteindre la paix intérieure.Cette même voix cé<strong>le</strong>ste, quis’adressa à Elisha ben Avouya àYom Kippour, interpel<strong>le</strong> chaque Juif<strong>le</strong> jour de Yom Kippour, comme poursignifier: “ Vous n’êtes pas prisonnier<strong>du</strong> passé ; vous pouvez prendreun nouveau départ. Revenez mesenfants. D-ieu n’abandonne jamaiset a confiance en Ses enfants. C’estce qui rend <strong>le</strong> Grand Pardon concevab<strong>le</strong>.La notion de repentir, ou Techouva,n’existerait pas si nous n’étions pasconvaincus que quels que soientnos méfaits, dès lors que nous noustournons vers D-ieu avec sincéritéet regret, une nouvel<strong>le</strong> chance nousest offerte. Les autres peuvent perdreconfiance en nous; nous-mêmespouvons douter, comme A’her l’afait. Pas D-ieu. Peu importe quenous trébuchions encore et encore,© iStockphotoPourquoi A’her choisit-il spécifiquementde parader à cheval dans<strong>le</strong> lieu <strong>le</strong> plus sacré, <strong>le</strong> Saint desSaints, <strong>le</strong> jour <strong>le</strong> plus sacré de l’année,Yom Kippour ? Pourquoi ne pasavoir choisi de faire ce que seraitaujourd’hui l’équiva<strong>le</strong>nt de s’asseoirà la terrasse d’un café de Tel Aviv ?Cette histoire nous éclaire en réalitésur bien des points.Le Rav Adin Even-Israël Steinsaltz,philosophe et Talmudiste de renom,dispense un cours de Talmudpour enseignants, à l’UniversitéHébraïque de Jérusa<strong>le</strong>m. Durantplusieurs années, un certain professeurrefusa d’y assister. Un jour,<strong>le</strong> Rav croisa ce professeur et luidemanda franchement:“ Pourquoi ne participez-vous pas àce cours ? Vos collègues viennent ;c’est dans votre bâtiment, juste enbas de l’escalier. ”Le professeur répondit : “ Oh non, cecours n’est pas fait pour moi. Nousn’avons rien en commun. ”Le Rav : “ Comment ça, nous n’avonsrien en commun ? ”“ Que vou<strong>le</strong>z-vous dire ? ” demandaperp<strong>le</strong>xe <strong>le</strong> professeur.Le Rav répondit: “C’est bien simp<strong>le</strong>.Je célèbre Chabbath et vouscélébrez Chabbath. Je <strong>le</strong> fais d’unefaçon conventionnel<strong>le</strong>. Votre méthodeà vous est un peu moins traditionnel<strong>le</strong>…”Suite à cette conversation, <strong>le</strong> professeurse rendit effectivement aucours de Talmud. Il y redécouvritquelques fragments oubliés de sonidentité juive.Enfant, ce professeur avait en effetsurvécu à l’Holocauste, témoin del’effroyab<strong>le</strong> destruction de la viejuive en Europe. Lorsqu’il arriva enIsraël, il décida de se débarrasser deson judaïsme. Il en voulait à D-ieuet comptait bien <strong>le</strong> Lui montrer.Aussi, il décida de manger <strong>du</strong> porc<strong>le</strong> Chabbath. Pourquoi <strong>le</strong> ChabbathReconnais ta véritab<strong>le</strong> personnalité,Elisha, reviens vers Moi, ô enfant égaré.spécia<strong>le</strong>ment? Il cherchait à “punir”D-ieu de la façon la plus douloureusepossib<strong>le</strong>. Il savait que manger <strong>du</strong>porc <strong>le</strong> mardi était déjà répréhensib<strong>le</strong>,mais <strong>le</strong> faire pendant Chabbath,c’était vraiment mauvais- parce que <strong>le</strong> Chabbath était unjour supposésaint.8 | 09-2006 09-2008 | | 09-2008 | 9


C O M M E N T A I R E S U R L A T O R A HAprès réf<strong>le</strong>xion, <strong>le</strong> professeur réalisaque son acte rebel<strong>le</strong> démontrait quelui aussi croyait en la Torah et aujudaïsme, et qu’il considérait toujours<strong>le</strong> Chabbath comme un joursacré. C’est pourquoi il mangeait<strong>du</strong> porc Chabbath. Pas parce que<strong>le</strong> Chabbath était un jour ordinaire,mais parce que justement, c’était unjour si particulier !C’est aussi ce qu’exprime <strong>le</strong> Talmuddans son texte : Pourquoi A’herchoisit-il spécifiquementde monter àcheval derrière <strong>le</strong>Saint des Saints,<strong>le</strong> jour <strong>le</strong> plussacré de l’année,Yom Kippour ? Sesactions prouvaientau contraire qu’ilcroyait toujoursen D-ieu… Ainsi,la voix cé<strong>le</strong>steimplorait <strong>le</strong>s profondeursde soncoeur. “ Reconnaista véritab<strong>le</strong> personnalité,Elisha,reviens vers Moi, ô enfant égaré. ”Il nous arrive malheureusementde rejeter D-ieu, mais Lui ne nousrejette jamais. Nous interprétonsparfois ses enfants rebel<strong>le</strong>s, tandisque D-ieu reste toujours NotrePère réceptif. Dans cette histoire<strong>du</strong> Talmud, l’appel de D-ieu àElisha ben Avouya incarne une véritémajestueuse et universel<strong>le</strong> de lacondition humaine. D-ieu ne baissejamais <strong>le</strong>s bras face à nous, car Il necesse de croire que même en ayantmal agi, nous pouvons réparer notreacte et nous é<strong>le</strong>ver bien au-delàpar la suite. Même per<strong>du</strong>, D-ieuespère que nous retrouverons notrechemin vers Lui. A travers cetteconscience, nous puisons cetteforce transcendante, apte à nousredresser lorsque nous faiblissonset à nous inspirer dans <strong>le</strong>s momentsde dépression, se fiant au potentielde notre âme plus que ce que nouscroyons en nous-mêmes.Le Général Israélien et Ministrede la Défense del’époque, MoshéDayan, se présentaitcommeun Juif profondémentlaïc. Le8 Juin 1967, aucours de la Guerredes Six Jours, <strong>le</strong>Mur Occidentalfut libéré. LorsqueDayan s’approcha<strong>du</strong> Kotel, des larmesne cessèrentde cou<strong>le</strong>r sur sonvisage.Un reporter Israélien lui demanda:“ Général Dayan, pourquoi p<strong>le</strong>urezvous? Vous sentez-vous encoreJuif ? Ce Mur ne représente rienpour vous ! ” Et Dayan de répondre:“ Hier, j’étais <strong>le</strong> Juif <strong>le</strong> pluslaïc d’Israël. Demain, je serai <strong>le</strong>Juif <strong>le</strong> plus laïc d’Israël. Maisaujourd’hui, je suis aussi saintque <strong>le</strong> Juif <strong>le</strong> plus pieux d’Israël. ”En ce jour <strong>le</strong> plus sacré de l’année,nous aussi, nous voilà saints. Cejour-là, notre âme nous interpel<strong>le</strong>,nous supplie de la nourrir, de larenforcer et de prendre un nouve<strong>le</strong>nvol.“ A partir d’ici, je suis prêt àchanger ma vie, opérer unchangement bénéfique ”Alors, osons ces quelques changements,commençons par quelquechose, n’importe quoi… Prenonsune Mitsva, quel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> soit, etdéterminons qu’à partir de ce pointlà,ce sera un nouveau départ. Ditesvous:“ A partir d’ici, je suis prêt àchanger ma vie, opérer un changementbénéfique, pour davantage despiritualité et plus de judaïsme. ”Car en ce jour sacré, si nous tendonsattentivement l’oreil<strong>le</strong>, nousentendrons la voix cé<strong>le</strong>ste nousinvitant subti<strong>le</strong>ment à revenir et àrentrer à la maison.Général Dayan, pourquoi p<strong>le</strong>urez-vous ?Vous sentez-vous encore Juif ?Ce Mur ne représente rien pour vous !D.G.10 | 09-2006 09-2008 |


L E T T R E S D U R A B B IIl convient donc de se conformer à ce qui est la naturemême d’un Juif, c’est-à-dire à la pratique <strong>du</strong> Choul’hanArou’h. Dès lors, on est assuré de gagner sa vie, car D.ieuLui-même comb<strong>le</strong> <strong>le</strong>s besoins.(Discours <strong>du</strong> Rabbi, second jour de Soukkot 5731-1970)Torah et philosophieJe suis certain que vous avez connaissance des contactsqu’ont eu <strong>le</strong>s anciens Sages d’Israël avec ceux de la Grèceantique, des controverses qui <strong>le</strong>s opposaient, même sidifférentes sources n’en présentent qu’un compte-ren<strong>du</strong>spécifique. Nos Sages ont donc bien connu ces philosophesde la Grèce antique, <strong>le</strong>urs idées et <strong>le</strong>ur conceptionde la vie. Malgré cela, ils ont délivré <strong>le</strong>ur enseignement etils ont tiré <strong>le</strong>ur propre conclusion, basée sur la foi pure en<strong>le</strong> D.ieu unique, Qui s’est révélé sur <strong>le</strong> Sinaï.Leurs conceptions ont été adoptées par tous <strong>le</strong>s Juifs,avec la foi qui <strong>le</strong>ur a permis de <strong>le</strong>s mettre en pratiquedans <strong>le</strong>ur existence quotidienne, malgré <strong>le</strong>s difficultés,au point de risquer <strong>le</strong>ur vie, d’une manière effective.A la lumière de tout cela, il estsurprenant qu’un Juif, qui qu’ilsoit, veuil<strong>le</strong> analyser de nouveautous <strong>le</strong>s systèmes philosophiqueset <strong>le</strong>s théories afin de déterminerlui-même <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s sont vraies etquel<strong>le</strong> est <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur.En tout état de cause, comment un seul homme, ou mêmeun groupe de personnes, dans <strong>le</strong> court délai que représenteune vie, pourrait-il mener à bien une tel<strong>le</strong> recherche,à un niveau d’approfondissement satisfaisant, en ignorantqu’une succession de sages, au fil des générations, ontconsacré toute <strong>le</strong>ur vie à l’étude minutieuse de ces questionset sont parvenus, de manière unanime, à des conclusionssur <strong>le</strong> mode de vie juste qu’un Juif doit adopter ?Bien plus, l’histoire a montré qu’ils avaient raison.En effet, on a pu observer que <strong>le</strong>s Juifs ayant adopté cettevoie, à titre indivi<strong>du</strong>el ou bien au sein de communautés,ont survécu, y compris dans <strong>le</strong>s conditions <strong>le</strong>s plusdéfavorab<strong>le</strong>s, alors qu’en revanche, <strong>le</strong>s indivi<strong>du</strong>s et <strong>le</strong>sgroupes qui se sont écartés de cettevoie, n’ont été préservés que pendantune période relativement courte et, aufinal, ils ont réintégré l’assemblée descroyants ou bien ils ont tota<strong>le</strong>mentdisparu.Pour illustrer ce qui vient d’être dit,on pourrait prendre l’exemp<strong>le</strong> d’unhomme prétendant qu’il n’accepte pas<strong>le</strong>s conclusions d’un professeur, d’uningénieur, d’un médecin, qu’il préfèremener une étude fondamenta<strong>le</strong> desdifférents ouvrages publiés, jusqu’àdevenir lui-même la référence, dansce domaine, en dernière instance, afinde décider ce qu’il doit accepter et cequ’il doit refuser.Bien enten<strong>du</strong>, il n’y a pas lieu decommenter plus largement ce qui estbien évident. Pour conclure tout cela, en précisant qu’ilne s’agit pas pour moi d’un simp<strong>le</strong> discours, je souligneraiencore une fois la va<strong>le</strong>ur bien évidente de la Torah,il appartient à chaque Juif de faire de laTorah une expérience vécue au sens <strong>le</strong>plus simp<strong>le</strong> <strong>du</strong> termequi est appelée Torah de vérité et aussi Torah de vie,afin de nous rappe<strong>le</strong>r qu’el<strong>le</strong> est notre con<strong>du</strong>cteur etnotre guide véritab<strong>le</strong>, dans notre existence quotidienne.Il n’y a pas là la simp<strong>le</strong> expression d’une foi aveug<strong>le</strong>, maisun fait qui a été vérifié et qui s’est confirmé tout au longde notre longue histoire. De ce fait, il appartient à chaqueJuif de faire de la Torah une expérience vécue au sens <strong>le</strong>plus simp<strong>le</strong> <strong>du</strong> terme, en mettant en pratique <strong>le</strong>s Mitsvotdans l’existence quotidienne. C’est de cette façon quel’on peut comprendre <strong>le</strong>ur signification profonde et <strong>le</strong>urimportance.(Lettre <strong>du</strong> Rabbi à un homme de Brooklyn,5 Tévet 5735-1975, Kfar ‘Habad n°1100)Comment faire face à la dépression ?Tout homme qui médite admettra que sa vie doit avoir unsens, être liée à la diffusion de la bonté et <strong>du</strong> bien, dans <strong>le</strong>monde. Certes, toute bonne chose suppose généra<strong>le</strong>mentun effort, mais, pour autant, nul n’a <strong>le</strong> droit de se décourager,encore moins un homme jeune qui a de la vigueuret de l’énergie, caractéristiques de la jeunesse, même s’ilsemb<strong>le</strong> qu’un plus grand effort soit nécessaire.Je dis bien qu’il semb<strong>le</strong> car, dans la plupart des cas, <strong>le</strong>sdifficultés que l’on affronte sont, bien souvent, imaginairesou exagérées. Il n’y a aucune raison de se décourager,car la Torah de vérité donne l’assurance que D.ieuvient en aide à l’homme afin de surmonter <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>sl’empêchant d’atteindre <strong>le</strong> bien. L’un des aspects essentielsde cet objectif de la vie, surtout à notre époque etdans notre génération, est la diffusion de la moralité et dela justice au sein de la société dans laquel<strong>le</strong> on vit.En effet, il ne suffit pas qu’un homme en applique <strong>le</strong>sprincipes dans sa vie privée. Il en est redevab<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>mentenvers la société. Il doit agir activement pourson développement moral, en donnant l’exemp<strong>le</strong> et enl’enseignant. Si, en outre, il <strong>le</strong> fait avec un sourire etde la sincérité, il sera encore plus efficace. Il en résultequ’en se maintenant dans l’inaction et en se lamentantau-delà de la mesure sur la perte de quelqu’un qui setrouve dans l’autre monde, on n’agit pas dans <strong>le</strong> sensdécrit ci-dessus.Bien au contraire, si quelqu’un désire procurer unevéritab<strong>le</strong> satisfaction à l’âme de cette personne, il nepeut <strong>le</strong> faire que par des actions positives et concrètes,accomplies en l’honneur de cette âme se trouvant dans<strong>le</strong> monde de la Vérité.En conséquence, j’ai été surpris d’apprendre votre réaction: puisque vous vous permettez d’être tota<strong>le</strong>mentbrisé, vous vous réfugiez dans la passivité, l’absenced’initiative, alors que l’on attend clairement de vous unmode de vie plus actif et p<strong>le</strong>in de sens.Je suis certain que ce qui a été dit ci-dessus est suffisant,mais j’y ajouterai encore deux points fondamentaux. Toutd’abord, la vie et <strong>le</strong> comportement quotidien d’un Juif doiventêtre p<strong>le</strong>inement conformes à la Volonté <strong>du</strong> Créateur,c’est-à-dire à la voie de la Torah et des Mitsvot. Cel<strong>le</strong>s-cidoivent être accomplies pour el<strong>le</strong>s-mêmes et chacunerecè<strong>le</strong> une bénédiction cé<strong>le</strong>ste qui lui est propre. Unedes Mitsvot fondamenta<strong>le</strong>s et déterminantes, qui permetd’instaurer la plus grande harmonie entre <strong>le</strong> cœur et <strong>le</strong>cerveau, <strong>le</strong> sentiment et l’intel<strong>le</strong>ct, est cel<strong>le</strong> des Tefillinque l’on place, chaque matin de semaine, sur son brasgauche, face au cœur et sur la tête, où se trouve <strong>le</strong> cerveau.Je propose donc que <strong>le</strong>s Tefillin de votre fils soientvérifiées, afin d’établir <strong>le</strong>ur validité et qu’il <strong>le</strong>s mette scrupu<strong>le</strong>usementtous <strong>le</strong>s matins de semaine.En outre, il serait bon de commencer la journée en pré<strong>le</strong>vantune pièce pour la Tsédaka et en la plaçant dansun tronc, disposé à cet effet. Il y a, par ail<strong>le</strong>urs, un autrepoint.Quand on désire exercer une influence sur quelqu’un,on doit, tout d’abord, lui donner <strong>le</strong> bon exemp<strong>le</strong>. Vousmêmedevez donc faire un effort, dans toute la mesure<strong>du</strong> possib<strong>le</strong>, pour être une illustration de ce qui est ditdans cette <strong>le</strong>ttre. Il serait très bon éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>shommes, parmi <strong>le</strong>s autres membres de la famil<strong>le</strong>, portentaussi <strong>le</strong>s Tefillin, tous <strong>le</strong>s matins de semaine. Il va sansdire que chaque homme reçoit <strong>le</strong> moyen de commencerune nouvel<strong>le</strong> vie.Quel qu’ait été, au préalab<strong>le</strong>, son engagement par rapportau mode de vie juif, au quotidien, <strong>le</strong> présent établit clairementque tous ceux qui sont concernés doivent consentirà un effort supplémentaire pour la Torah et <strong>le</strong>s Mitsvot.Il est clair que tous disposent des forces et de la déterminationnécessaires pour vivre p<strong>le</strong>inement l’existence et <strong>le</strong>comportement que l’on attend de chaque Juif.(Lettre <strong>du</strong> Rabbi à une femme, 19 ‘Hechvan 5742-1982,Kfar ‘Habad n°1059)H.M.14 | 09-2008 | | 09-2008 | 15


© IStockphotosL e H a k h e lL e R a s s e m b l e m e n tdossier specialH A K H E LChabtaï Coen


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N TLettre <strong>du</strong> RabbiRassemb<strong>le</strong>r pensées, paro<strong>le</strong>s et actions.<strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s actions qu’il a eues, proférées et accomplies dans l’année qui s’achève ; et ceafin de se préparer pour Roche Hachana quand il accepte la souveraineté absolue <strong>du</strong> Créateurde l’Univers et Roi de l’Univers. Si une tel<strong>le</strong> préparation est requise n’importe quel<strong>le</strong> année, sansdistinction, el<strong>le</strong> l’est encore plus et doit se faire avec plus de dévotion et de ferveur en vue de l’annéede Hakhel. Car la signification de Hakhel, dans un sens spirituel, réside dans <strong>le</strong> fait qu’el<strong>le</strong> réclame<strong>du</strong> Juif qu’il rassemb<strong>le</strong> toutes ses pensées, ses paro<strong>le</strong>s et ses actions afin de <strong>le</strong>s orienter vers son“ <strong>Beth</strong> Hamikdache ” intérieur, et de <strong>le</strong>s y placer, avec la plus tota<strong>le</strong> soumission au commandement<strong>du</strong> Roi, à la Volonté divine.Par la grâce de D.ieu,Brooklyn, New York,Nous voici au seuil d’une année de Hakhel, la mitsvah spécia<strong>le</strong> qui était observéeune fois tous <strong>le</strong>s sept ans, l’année suivant cel<strong>le</strong> de Chemita, et qui requérait <strong>le</strong> rassemb<strong>le</strong>ment,Hakhel en hébreu, <strong>du</strong> peup<strong>le</strong>, hommes, femmes et enfants, au <strong>Beth</strong>-Hamikdache. On <strong>le</strong>s réunissaitdans <strong>le</strong> but de <strong>le</strong>s fortifier et de <strong>le</strong>s stimu<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>ur attachement à la Torah et aux Mitsvot avecYirat Chamayim (la crainte de D.ieu). Comme tout ce qui a trait à la Torah, Torat ‘Haïm (“ enseignementde la vie ”), <strong>le</strong> précepte de Hakhel se reflète, lui aussi, dans différents aspects de la viequotidienne. L’un de ces aspects fera l’objet de ce message à l’occasion de la présente périoded’examen de conscience, aboutissant à des conclusions et des résolutions qui sont <strong>le</strong>s conditionspréalab<strong>le</strong>s d’une année nouvel<strong>le</strong> et meil<strong>le</strong>ure sous tous <strong>le</strong>s rapports. Mais faisons d’abord quelquesremarques préliminaires.La vie humaine s’exprime dans trois formes généra<strong>le</strong>s d’activité : la pensée, la paro<strong>le</strong> et l’action.Une règ<strong>le</strong> admise veut que rien ne soit per<strong>du</strong> tota<strong>le</strong>ment. El<strong>le</strong> s’applique éga<strong>le</strong>ment à la pensée, àla paro<strong>le</strong> et à l’action humaines. Cela veut dire que <strong>le</strong>s pensées, <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s actions d’hier,d’avant-hier et des jours précédents ne disparaisstent pas sans laisser de traces. Leur influencedemeure, modelant <strong>le</strong>s choses d’aujourd’hui et de demain, comme cela apparaît dans <strong>le</strong>s résultatsmêmes, tant par rapport à l’homme concerné qu’à son entourage.Un autre point à souligner : à première vue, on pourrait croire qu’une action, <strong>du</strong> fait qu’el<strong>le</strong> appartientau passé, échappe au contrô<strong>le</strong> humain ; <strong>le</strong> passé étant <strong>le</strong> passé, nul ne peut l’annu<strong>le</strong>r ni <strong>le</strong> modifier.Or, il n’en est pas <strong>du</strong> tout ainsi. Car D.ieu a donné à l’homme un pouvoir divin , par <strong>le</strong> moyen de latechouvah, qui lui permet de modifier non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> cours de l’avenir, mais aussi <strong>le</strong> passé ; de <strong>le</strong>changer même au point de l’inverser tota<strong>le</strong>ment, si bien que “ des transgressions délibérées peuventfina<strong>le</strong>ment être considérées comme de simp<strong>le</strong>s fautes involontaires ” ; plus encore, el<strong>le</strong>s peuventêtre converties en actions positives.Un dernier point enfin : il est des choses qui, à certaines époques, sont exprimées avec plus devitalité et de sentiment qu’à d’autres. Ce qui nous amène à par<strong>le</strong>r de la signification spécia<strong>le</strong> <strong>du</strong>Hakhel de nos jours. Chaque année, au mois d’Eloul, un Juif est appelé à examiner <strong>le</strong>s pensées,Cette année, chaque juif doit entreprendre un «inventaire» spécial dans l’esprit de Hakhel, avec laferme détermination de :- Modifier <strong>le</strong>s pensées, <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s actions de la vie quotidienne qui ont besoin d’être modifiées ;- Corriger et améliorer cel<strong>le</strong>s qui sont perfectib<strong>le</strong>s ;- Enfin, insuff<strong>le</strong>r plus d’enthousiasme et de vitalité à cel<strong>le</strong>s qui, bien qu’accomplies parfaitementpar rapport au niveau spirituel des autres mois, ont besoin d’un surcroît de ferveur compte tenu dela présente période, à la veil<strong>le</strong> <strong>du</strong> «Couronnement» <strong>du</strong> Roi, quand toutes <strong>le</strong>s pensées, <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s et<strong>le</strong>s actions doivent être envisagées avec un degré différent d’exultation. Et ce au point de réaliserla révélation la plus tota<strong>le</strong> de la Divinité dans la vie personnel<strong>le</strong>, dans l’entourage et dans <strong>le</strong> mondedans son ensemb<strong>le</strong>, conformément aux termes de notre prière : “ Oh ! Etends Ton règne sur toutl’univers afin que chaque créature sache comprenne et déclare : l’Eternel, D.ieu d’Israël, est Roi etSa royauté s’étend à tout ! ”.Réfléchissant profondément à cette vérité que rien ne doit être considéré comme tota<strong>le</strong>ment per<strong>du</strong>,nous pouvons voir qu’il n’y a pas de raison de s’affliger et de désespérer, non seu<strong>le</strong>ment en fonctionde l’avenir, mais même <strong>du</strong> passé. Au contraire, avec l’assurance la plus grande que D.ieu veil<strong>le</strong> surchacun et soutient toute bonne intention et toute bonne action, nous pouvons nous engager dansnotre préparation indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong> pour la nouvel<strong>le</strong> année avec la plus tota<strong>le</strong> confiance. Et si certainsévénements de l’année écoulée sont cause d’un profond regret, nous avons, dans <strong>le</strong> même temps,la joie intense de savoir que <strong>le</strong> Tout- Puissant nous a dotés de la capacité de convertir <strong>le</strong>s transgressions,même délibérées, en actions positives. En outre, cela va de soi que ce que nous faisons dansla joie et la confiance s’accomplit avec une mesure plus grande de succès.D.ieu veuil<strong>le</strong> venir en aide à chacun, homme ou femme, au sein de notre peup<strong>le</strong> Israël, afin qu’ilspuissent tirer <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur parti de l’occasion favorab<strong>le</strong> qui se présente dans la joie et l’allégresse <strong>du</strong>cœur. Avec ma bénédiction de Ktiva Va’hatimah Tovah pour une bonne et heureuse année.M. Schneersondossier specialH A K H E L18 | 09-2008 || 09-2008 09-2007 | 19


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N TL’année <strong>du</strong> GrandRassemb<strong>le</strong>mentLa consolidation <strong>du</strong> lien avec D.ieuLe Peup<strong>le</strong> Juif a reçu <strong>le</strong> commandement positif qui consiste àrassemb<strong>le</strong>r hommes, femmes et enfants, sur la Montagne deD.ieu, à Jérusa<strong>le</strong>m, la vil<strong>le</strong> sainte à la fin de l’année de Chemita,lors <strong>du</strong> pélérinage de Soukot, à l’époque où <strong>le</strong> Temp<strong>le</strong> existait.A cette occasion, on procédait à une <strong>le</strong>cture publique de la Torahen présence de tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> qui avait pour but de consolider <strong>le</strong>lien entre <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, D.ieu et Sa Torah.Les références TalmudiquesComment se passait la cérémonie <strong>du</strong> Hakhel ?A l’issue <strong>du</strong> premier jour de la fête, la huitième année, à l’issuede la septième année, on faisait au roi une estrade en bois dans<strong>le</strong> Parvis <strong>du</strong> Temp<strong>le</strong> sur laquel<strong>le</strong> il s’asseyait, comme il est dit :“ au terme de sept ans... ”. Le ‘Hazane de la synagogueprenait <strong>le</strong> Séfer (rou<strong>le</strong>au de la) Torah et <strong>le</strong> donnait au Présidentde la synagogue qui <strong>le</strong> passait au suppléant, <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> transmettaitau Kohen Gadol qui <strong>le</strong> remettait enfin au roi. Le roi, debout,<strong>le</strong> prenait, et assis, y lisait un passage. Le roi Agrippa se <strong>le</strong>vaitpour prendre <strong>le</strong> Séfer Torah et lisait debout, et <strong>le</strong>s Sages lui enfirent l’éloge.La <strong>le</strong>cture de la TorahLe roi lisait <strong>le</strong>s passages suivants <strong>du</strong> Deutéronome de “ Voici<strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s ” jusqu’à “ Chéma Israël ”, Chéma Israël , VehayaIm Chamoa, Asser Téasser, Ki Téhalé Lasser, Som Tassim -<strong>le</strong> passage <strong>du</strong> roi, <strong>le</strong>s “ bénédictions et malédictions ” jusqu’à lafin <strong>du</strong> passage.Les bénédictionsLe roi prononçait <strong>le</strong>s mêmes bénédictions que <strong>le</strong> Kohen Gadol<strong>le</strong> jour de Yom Kipour, à la seu<strong>le</strong> différence qu’il remplaçaitl’expression “ la bénédiction relative au pardon des fautes ” parune bénédiction relative aux fêtes.© Ilan GarzoneLes références BibliquesLa source biblique <strong>du</strong> commandement positif de célébrer <strong>le</strong> Hakhelse trouve dans <strong>le</strong> cinquième livre <strong>du</strong> Pentateuque, Deutéronome(Devarim, chapitre 31, versets 10, 11, 12, 13, dont voici <strong>le</strong> texteintégral : Et Moïse <strong>le</strong>ur ordonna ce qui suit : “A la fin de chaqueseptième année, lors de la fête des Tentes, alors que tout Israëlvient comparaître devant l’Eternel, ton D.ieu, dans l’endroit qu’Ilaura élu, tu feras <strong>le</strong>cture de cette Doctrine en présence de toutIsraël qui écoutera attentivement.Convoques-y <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> entier, hommes, femmes et enfants, ainsique l’étranger qui est dans tes murs, afin qu’ils entendent et s’instruisentet révèrent l’Eternel, votre D.ieu et s’appliquent à pratiquertoutes <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s de cette Doctrine ; et que <strong>le</strong>urs enfants,qui ne savent pas encore, entendent aussi, et qu’ils apprennent àrévérer l’Eternel, votre D.ieu, tant que vous vivrez sur <strong>le</strong> sol pourla possession <strong>du</strong>quel vous al<strong>le</strong>z passer <strong>le</strong> Jourdain. ”© Ilan Garzonedossier specialH A K H E L20 | 09-2008 || 09-2008 09-2007 | 21


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N TQuand s’appliquela Mitsvah <strong>du</strong> Hakhel ?Le premier HakhelLe devoir de s’acquitter de cette mitsvah vint à échéance aprèsl’obligation qu’eurent <strong>le</strong>s Israélites d’observer <strong>le</strong>s lois de laChemita, comme il est dit “ au bout de sept ans, au temps del’année de la Chemita ”.... et à l’installation<strong>du</strong> Peup<strong>le</strong> Juif sur sa TerreCertains codificateurs pensent que <strong>le</strong> Hakhel ne dépend pas dela Chemita, mais est étroitement lié à la résidence <strong>du</strong> peup<strong>le</strong> surla Terre Sainte. Dès lors, <strong>le</strong> verset “ au temps de la Chemita ”ne serait que l’indication de ne pas compter <strong>le</strong>s sept ans àpartir de <strong>le</strong>ur séjour dans <strong>le</strong>s plaines de Moav. Cette opinion estd’ail<strong>le</strong>urs partagée par <strong>le</strong> Séfer Ha’hinou’h (Rav Aaron Halévy) quidit en substance : “ la mitsvah <strong>du</strong> Hakhel est en vigueur lorsquetout Israël est sur sa Terre. ”En réalité, la supputation des sept années n’a pas commencéjuste après <strong>le</strong>s quarante ans passés dans <strong>le</strong> désert, c’est-àdireau moment où <strong>le</strong> passage biblique <strong>du</strong> Hakhel fut transmiseffectivement à Moché Rabénou dans <strong>le</strong>s plaines de Moav.En fait, il a fallu attendre <strong>le</strong>s sept années de conquête et <strong>le</strong>s septannées de partage de la Terre d’Israël pour entamer <strong>le</strong> calculdes sept années de Chemita, suivies par la célébration <strong>du</strong> premierHakhel, la huitième année. En d’autres termes, <strong>le</strong> premierHakhel dans l’histoire <strong>du</strong> Peup<strong>le</strong> Juif s’est donc déroulé la vingt etunième année qui a suivi l’entrée des Israélites en Terre Sainte.Le Hakhel est lié à la Chemita…Selon un avis, la mitsvah <strong>du</strong> Hakhel est dépendante de cel<strong>le</strong> dela Chemita. De ce fait, lorsque <strong>le</strong>s lois de la Chemita ne sont pasappliquées d’ordre toranique mais rabbinique, la loi <strong>du</strong> Hakheléga<strong>le</strong>ment relève d’une ordonnance rabbinique. En conséquence,à l’époque <strong>du</strong> Deuxième Temp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Hakhel n’était pas imposé parla loi biblique, et ce pour deux raisons :a) étant dépendant des cyc<strong>le</strong>s sabbatiques de sept ans, <strong>le</strong>sChemitot, <strong>le</strong> Hakhel fut supprimé <strong>du</strong> fait de la non-observancede la loi de la Chemita à cette époque.b) la Torah stipu<strong>le</strong> : « lorsque tout Israël viendra voir» cela signifieque <strong>le</strong> Hakhel devait se dérou<strong>le</strong>r en présence <strong>du</strong> Peup<strong>le</strong> Juifdans son intégralité.© StockXpert22 | 09-2008 || 09-2008 09-2007 | 23


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N TLe lieu <strong>du</strong> HakhelLe dérou<strong>le</strong>ment <strong>du</strong> HakhelLes Tanaïm (Rabbins de la michnah) discutent <strong>le</strong> fait de savoirsi <strong>le</strong> Hakhel avait lieu dans <strong>le</strong> Parvis des Femmes (Ezrate Nachim)ou dans <strong>le</strong> Parvis des Hommes (Ezrate Israël ).Qui lisait ?Une preuve <strong>du</strong> passage relatif au HakhelLe Talmud de Jérusa<strong>le</strong>mLe roi n’était pas assis mais s’appuyait sur un mur à cause del’interdiction de s’asseoir dans <strong>le</strong> Parvis <strong>du</strong> Temp<strong>le</strong>. En effet,seuls <strong>le</strong>s rois descendant de la lignée <strong>du</strong> Roi David avaient<strong>le</strong> droit de s’asseoir. La <strong>le</strong>cture de la Torah se faisait doncobligatoirement dans Ezrat Israël.Le Talmud de BabyloneLa <strong>le</strong>cture était faite dans <strong>le</strong> parvis réservé aux femmes et <strong>le</strong> roiétait assis et lisait. Tel<strong>le</strong> est aussi l’opinion <strong>du</strong> Rambam selon<strong>le</strong>quel “ On lisait dans Ezrat Nachim et <strong>le</strong> roi lisait assis ”.Ne pouvait-on célébrer <strong>le</strong> Hakhelqu’à Jérusa<strong>le</strong>m ?Hakhel était-il célébré uniquement dans Ezrat Nachim, situé dansl’enceinte <strong>du</strong> Temp<strong>le</strong>, ou pouvait-on <strong>le</strong> faire aussi dans un autreendroit de Jérusa<strong>le</strong>m ?Seu<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> Parvis ?En réalité, Hakhel devait nécessairement avoir lieu dans l’endroitmême où s’accomplissait la mitsvah de “ se présenter ”, commeil est écrit : “ Lorsque tout Israël viendra ”. Or, Ezrat Nachim étantcontigu à Ezrat Israël, Hakhel devait être donc célébré dans EzratNachim. En conséquence, <strong>le</strong>s autres endroits de Jérusa<strong>le</strong>m neconvenaient pas à la célébration <strong>du</strong> Hakhel <strong>du</strong> fait que l’on nepouvait pas y accomplir la mitsvah de “ se présenter ”.Une preuve à l’appui de cet argumentSi l’on pouvait célébrer Hakhel dans toute la vil<strong>le</strong> de Jérusa<strong>le</strong>m,comment expliquer que l’on repoussait Hakhel au <strong>le</strong>ndemainlorsqu’il tombait un Chabbat ? N’aurait-on pas pu faire la <strong>le</strong>cturedans un autre endroit de Jérusa<strong>le</strong>m, ou tout au moins, dansl’enceinte <strong>du</strong> Temp<strong>le</strong> qui, par son éten<strong>du</strong>e, pouvait contenir600 000 personnes, et qui, en outre, ne posait pas de problèmed’espace ? Par conséquent, force nous est de conclure que seul<strong>le</strong> Temp<strong>le</strong>, endroit saint par excel<strong>le</strong>nce, convenait au Hakhel.Le roi avait la mitsvah de faire entendre à tout Israël la <strong>le</strong>cturede la Torah. Dans <strong>le</strong>s termes de la michnah “ et <strong>le</strong> roi se <strong>le</strong>vait ,recevait <strong>le</strong> rou<strong>le</strong>au de la Torah et lisait assis ”. D’où la raison dela dénomination de cette <strong>le</strong>cture appelée “ Lecture <strong>du</strong> roi ”La sourceD’où sait-on que cette <strong>le</strong>cture incombait au roi, car, à priori, sadésignation n’apparaît pas explicitement dans <strong>le</strong> passage bibliquerelatif au Hakhel ?La nomination <strong>du</strong> roiA propos de la nomination d’un roi, la Torah dit : “ Tu nommerassur toi un roi que l’Éternel Ton D.ieu choisira... et lorsqu’ilsiégera sur <strong>le</strong> trône de son royaume, il consignera <strong>le</strong> MichnéTorah (c’est-à-dire <strong>le</strong> Deutéronome) sur un livre... ”Nos Sages disent : “ en fait, il ne s’agit ici que <strong>du</strong> Deutéronome”. Mais d’où sait-on que <strong>le</strong> roi a l’obligation d’écrire<strong>le</strong> reste de la Torah ? Du verset : “ pour observer toutes<strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s de cette Torah ”. Alors pourquoi préciser <strong>le</strong>“ Deutéronome ” ? En fait, cette précision fait allusion à l’obligation<strong>du</strong> roi de répéter, d’enseigner (car “ Michné ” signifie ”répétition ”et “ enseignement ”).D’où la preuve que <strong>le</strong> roi, lors <strong>du</strong> Hakhel, devait lire et enseignerla Torah. D’après une autre opinion, <strong>du</strong> fait que la Torah précise“ Michné Torah ”, cela signifie qu’à l’occasion <strong>du</strong> Hakhel, <strong>le</strong> roiavait l’obligation de ne lire que <strong>le</strong> “ Michné Torah ”. Le roi devaitécrire toute la Torah, mais lors <strong>du</strong> Hakhel, seul <strong>le</strong> Michné Torahdevait être lu.Dans <strong>le</strong> passage biblique relatif au Hakhel, il est écrit : “ tu lirascette Torah devant tout Israël ”. Le singulier <strong>du</strong> verbe impliqueque cette injonction ne s’adresse pas aux Kohanim et aux anciens<strong>du</strong> peup<strong>le</strong> cités dans ce passage, mais à Yeochouah (Josué), donton par<strong>le</strong> au début <strong>du</strong> texte, qui fut roi d’Israël.Une preuve <strong>du</strong> livre des prophètesUne autre source tirée des Prophètes est une preuve que seul <strong>le</strong>roi lisait la Torah. Il est dit dans Isaïe : “ Et <strong>le</strong> roi réunit tous <strong>le</strong>sanciens de (la tribu de) Yehoudah et de Jérusa<strong>le</strong>m, et <strong>le</strong> roi alladans la Maison de D.ieu... et lut : Sur l’ordre <strong>du</strong> roi, on convoquaauprès de lui tous <strong>le</strong>s anciens de Juda et de Jérusa<strong>le</strong>m.Le roi monta au Temp<strong>le</strong> de l’Eternel, accompagné de tous <strong>le</strong>sJudéens et de tous <strong>le</strong>s habitants de Jérusa<strong>le</strong>m, prêtres, prophèteset tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, petits et grands, et il <strong>le</strong>ur donna <strong>le</strong>cture detoutes <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s <strong>du</strong> Livre de l’Alliance, trouvé dans <strong>le</strong> Temp<strong>le</strong><strong>du</strong> Seigneur.Le roi se plaça sur l’estrade, et s’engagea par un pacte, devantl’Eternel, à marcher dans Ses voies, à observer Ses commandements,Ses lois et Ses statuts, de tout son cœur et de toute sonâme, afin d’accomplir <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s de cette alliance, inscrites dansce livre ”dossier specialH A K H E L24 | 09-2008 || 09-2008 09-2007 | 25


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N TUne cérémonieprestigieuseHakhel et larévélation au SinaïLes trompettesLe jour <strong>du</strong> Hakhel, <strong>le</strong>s Kohanim se postaient à tous <strong>le</strong>s carrefourset, trompettes en mains, sonnaient des sons longs et saccadésdans tout Jérusa<strong>le</strong>m pour rassemb<strong>le</strong>r <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>. Même un Kohenqui avait un défaut physique sonnait ce jour-là. Ainsi, Rabbi Tarfonetémoigna qu’il vit un Kohen estropié sonner de la trompette.D’un Kohen qui ne sonnait pas de la trompette, on disait :“ On dirait qu’il n’est pas Kohen ! ”. Les habitants de Jérusa<strong>le</strong>mgagnaient beaucoup d’argent ce jour-là car ils louaient chaquetrompette au prix d’un dinar en or.L’estradeOn apportait une grande estrade en bois que l’on plaçait au milieu<strong>du</strong> Parvis des Fernmes. On construisait cette estrade depuis laveil<strong>le</strong> de Yom Tov. El<strong>le</strong> était faite de plusieurs pièces qu’il suffisaitd’emboîter à ‘Hol Hamoëd. En cas d’impossibilité de la construireavant Yom Tov, on ne <strong>le</strong> faisait pas pendant ‘Hol Hamoëd, carmême en l’absence d’estrade, on pouvait faire la <strong>le</strong>cture.L’honneur au roiL’estrade placée, <strong>le</strong> roi y montait et s’asseyait et tout Israël venaitse rassemb<strong>le</strong>r autour de lui pour écouter sa <strong>le</strong>cture. La transmission<strong>du</strong> Séfer Torah, <strong>du</strong> chantre au président de la synagogue, <strong>du</strong>président au suppléant <strong>du</strong> Grand Prêtre, <strong>du</strong> suppléant <strong>du</strong> GrandPrêtre au Grand Prêtre qui <strong>le</strong> remettait enfin au roi, était unecérémonie faite en l’honneur <strong>du</strong> roi, devant une grande fou<strong>le</strong> caren ce jour, on tenait à faire ressortir la grandeur <strong>du</strong> roi dans toutesa sp<strong>le</strong>ndeur et sa sublimité.26 | 09-2008 |La <strong>le</strong>ctureLe roi, debout, reçoit <strong>le</strong> Séfer Torah <strong>du</strong> Grand Prêtre; s’i <strong>le</strong> désire,il s’assoit et fait la <strong>le</strong>cture. S’il lit debout, il est d’autant plus digned’éloges. Il ouvre <strong>le</strong> Séfer, jette un regard sur <strong>le</strong> passage qu’il valire, fait la bénédiction comme on en a l’habitude de <strong>le</strong> faire à lasynagogue avant la <strong>le</strong>cture de la Torah, puis il lit la totalité despassages prévus , referme <strong>le</strong> Séfer, fait la deuxième bénédictionqu’on a coutume de réciter à la synagogue après la <strong>le</strong>cture de laTorah et y rajoute sept bénédictions.Le Hakhel ressemb<strong>le</strong> au Don de la Torah auMont Sinaï. A ce propos, Rambam dit : “ ilsdoivent préparer <strong>le</strong>ur cœur et écouter attentivementavec une crainte révérencieuse, unejoie mêlée de crainte comme au jour où laTorah fut donnée ”. Même <strong>le</strong>sgrands érudits en Torah doiventécouter avec une intenseferveur. Celui qui serait dansl’impossibilité d’écouter dirigerases pensées vers cette<strong>le</strong>cture pour se renforcerdans la religion de vérité.“ et tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> vit<strong>le</strong>s voix... ”Lors <strong>du</strong> Hakhel, il faut seconsidérer comme recevantla Torah au Sinaï de la“ Bouche de D.ieu ”, <strong>le</strong> roin’étant qu’un délégué chargéde faire entendre <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>sde D.ieu. Des paro<strong>le</strong>s <strong>du</strong> Rambam, il ressort que <strong>le</strong> fondement dela mitsvah <strong>du</strong> Hakhel est de revivre de temps à autre l’expérience<strong>du</strong> Sinaï. L’apport nouveau de la révélation <strong>du</strong> Sinaï ne réside pasdans l’étude et l’observance des commandements de D.ieu, maisdans la visualisation de cette expérience unique dans l’histoire denotre peup<strong>le</strong>, comme il est dit : “ et tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> vit <strong>le</strong>s voix... ”,“ vous avez vu ” ; l’Eternel nous fait voir Sa Gloire.“ Je suis l’Eternel Ton D.ieu ”. Tel<strong>le</strong> est laraison d’être de la mitsvah <strong>du</strong> Hakhel quirevient tous <strong>le</strong>s sept ans.Cette visualisation de la Présence Divine devant aboutir à ce que“ Sa crainte soit sur vous afin que vous ne fautiez pas ”.Il est connu que la vue n’est pas comparab<strong>le</strong> à l’audition.L’audition présuppose une certaine distance, d’où la facultéauditive de n’entendre que la voix... “ Entendre ” signifie aussi“ comprendre ”, ce qui fait appel aux facultés intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s(<strong>le</strong> côté “ spirituel ” de l’homme). Par contre, la vue présupposeune certaine proximité avec l’objet matériel visualisé sur <strong>le</strong>que<strong>le</strong>l<strong>le</strong> exerce une prise au point que cet objet est authentifié et faitcorps avec <strong>le</strong> percepteur.“ Au Mont Sinaï ”, “ <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> a visualisé <strong>le</strong>s voix ”, il a vu ce quis’entend à tel<strong>le</strong> enseigne que chaque Juif a pu authentifier“ Je suis l’Eternel Ton D.ieu ”. Tel<strong>le</strong> est la raison d’être de lamitsvah <strong>du</strong> Hakhel qui revient tous <strong>le</strong>s sept ans. Se souvenir de lagrande élévation spirituel<strong>le</strong> que nous avons vécue au Mont Sinaïn’est pas suffisant. Le Hakhel nous a été donné afin que nous,hommes, femmes et enfants, fassions revivre cette expériencesublime comme si nous étions à nouveau au pied <strong>du</strong> Mont Sinaïà l’écoute de la Paro<strong>le</strong> <strong>du</strong> D.ieu vivant.dossier specialH A K H E L| 09-2008 09-2007 | 27


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N TL’unité <strong>du</strong> peup<strong>le</strong> juifLe Hakhel permet de rassemb<strong>le</strong>r <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> tout entier et d’enfaire une seu<strong>le</strong> assemblée. Israël devient une seu<strong>le</strong> et uniqueentité. Le but <strong>du</strong> Hakhel n’est pas essentiel<strong>le</strong>ment l’étude et lacompréhension, car, dans <strong>le</strong> domaine de l’intel<strong>le</strong>ct, on retrouvel’idée de pluralité dans la mesure où chacun assimi<strong>le</strong> selon sesfacultés intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s.La crainte est <strong>le</strong> dénominateur commun qui permet au peup<strong>le</strong>de passer d’une pluralité d’indivi<strong>du</strong>s à une unité et une cohésiontota<strong>le</strong>s, comme il est dit à propos de la révélation <strong>du</strong> Sinaï :“ comme un seul homme et un seul cœur ”. C’est aussi la raisonpour laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> roi lisait la Torah. Le roi inspire au peup<strong>le</strong> crainteet révérence qui ont pour effet d’annu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> “ moi ” de chaquejuif, <strong>le</strong> sentiment d’existence en tant qu’indivi<strong>du</strong> à part entière.Le roi est considéré comme <strong>le</strong> “ cœur ” <strong>du</strong> Peup<strong>le</strong> Juif, et à cetitre, l’unifie tota<strong>le</strong>ment pour en faire une entité indissociab<strong>le</strong>.D.ieu est <strong>le</strong> seul vrai propriétaire <strong>du</strong> monde,de l’homme, <strong>du</strong> champ et de toutce que renferme l’univers ”L’année de Chemita est en réalité une préparation à l’année <strong>du</strong>Hakhel. En effet, l’année de Chemita est une année de “ repospour Dieu ” ce qui implique deux idées :El<strong>le</strong> dévoi<strong>le</strong> la Royauté de D.ieu en ce sens que l’on réalise que“ tout appartient à D.ieu ”. Le fait que l’homme se repose, quela terre soit en jachère et que <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>its des champs soientaccessib<strong>le</strong>s à tous, cela montre ostensib<strong>le</strong>ment que D.ieu est <strong>le</strong>seul vrai propriétaire <strong>du</strong> monde, de l’homme, <strong>du</strong> champ et detout ce que renferme l’univers. Par conséquent, pendant l’annéede Chemita, <strong>le</strong>s Juifs ressentent davantage la crainte de D.ieu.Le fait même que <strong>le</strong>s agriculteurs observent une année de relâchefera “ qu’ils rechercheront D.ieu ”. L’année de Chemita fait tomber<strong>le</strong>s barrières qui existaient entre l’agriculteur qui possède unverger et celui qui possède un champ à tel point qu’une uniformisations’instaure parmi eux, et dès lors, une unité tota<strong>le</strong> s’opèreentre l’agriculteur et l’érudit. Tous sont préoccupés par une seu<strong>le</strong>chose : la quête de D.ieu.© Ilan GarzonePourquoi ammener<strong>le</strong>s enfants ?Pour quel<strong>le</strong> raison <strong>le</strong>s parents méritent-ils une récompense par <strong>le</strong>seul fait d’avoir amener au Hakhel <strong>le</strong>urs nourrissons qui ne sontmême pas en âge d’en saisir <strong>le</strong> sens ? Quel<strong>le</strong> est la raison d’êtreet l’objectif de cette participation ?Les heureux parentsLorsque Rabbi Yo’hanane ben Zakaï faisait l’éloge de ses élèves,il disait de Rabbi Yeochouah fils de ‘Hananiah : “ Heureuse cel<strong>le</strong>qui l’a enfanté ! ” En réalité, pourquoi la mère méritait-el<strong>le</strong> un teléloge ? Rabbi Dosa fils de Horkinas répond : “ Je me souviens desa mère qui amenait son berceau à la synagogue pour que sesoreil<strong>le</strong>s entendent des paro<strong>le</strong>s de Torah. De plus, il lui appliqua <strong>le</strong>verset : “ A qui donc veut il enseigner la science ? A qui inculquerdes <strong>le</strong>çons ? A des enfants qui viennent d’être sevrés, de quitter<strong>le</strong> sein ”. A ces enfants-là, D.ieu enseigne la Torah.Deux catégories d’enfantsLe verset : “ Et <strong>le</strong>urs enfants qui n’ont pas connu... ” se réfère enfait à deux sortes d’enfants :a) L’enfant qui n’a pas encore atteint l’âge de recevoir uneé<strong>du</strong>cation juive.Bien qu’il ne comprenne pas l’importance de l’événement <strong>du</strong>Hakhel, <strong>le</strong> fait même de voir ce rassemb<strong>le</strong>ment d’une multituded’hommes, de femmes et d’enfants et d’assister à la <strong>le</strong>cture dela Torah par <strong>le</strong> roi, laissera sur lui une empreinte indélébi<strong>le</strong> à tel<strong>le</strong>enseigne que lorsque cet enfant atteindra l’âge de bénéficierd’une é<strong>du</strong>cation toranique, <strong>le</strong>s parents auront alors davantagede facilité à lui faire accepter <strong>le</strong> joug divin, la crainte de D.ieu etl’observance des mitsvot. Il n’est pas de plus grande récompenseque cela. Voilà pourquoi il est important d’amener <strong>le</strong>s enfants àla synagogue.dossier specialH A K H E L28 | 09-2008 || 09-2008 09-2007 | 29


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N Tb) L’enfant en âge de recevoir une é<strong>du</strong>cation.Les enfants de cette catégorie doivent être amenés au Hakhelpour “ qu’ils écoutent et posent des questions, et <strong>le</strong>s parents <strong>le</strong>sguideront et <strong>le</strong>s é<strong>du</strong>queront dans ce sens ”. La Torah poursuit :“ <strong>du</strong>rant tous <strong>le</strong>s jours que vous vivrez sur terre ”, cela signifiequ’il faut ancrer à jamais chez <strong>le</strong>s enfants la crainte de D.ieu,car, é<strong>du</strong>qués ainsi depuis <strong>le</strong>ur jeune âge, la crainte de D.ieu <strong>le</strong>simprégnera pour toute la <strong>du</strong>rée de <strong>le</strong>ur vie.Une é<strong>du</strong>cation précoceL’importancede s’occuperde l’é<strong>du</strong>cationdes enfantsSi l’enfant, depuis l’âge tendre, est é<strong>du</strong>qué dans la foi en D.ieuet dans l’observance des mitsvot, il ne s’en détournera pas plustard et ne se reposera pas sur son intelligence. Il saura que,même s’il n’est pas encore parvenu à saisir toute la profondeurde la Torah, cette lacune ne pourra, en aucun cas, affaiblir sa foidans <strong>le</strong> D.ieu unique, puisqu’el<strong>le</strong> aura été ancrée en lui depuistrès longtemps. Le principe est de savoir que tout effort, fût-ilminime, investi très tôt dans l’é<strong>du</strong>cation des enfants s’avérerafructueux dans l’avenir.L’absence d’é<strong>du</strong>cation depuis l’enfance<strong>le</strong>ur enseigner la Torah avant même l’âge de recevoir uneé<strong>du</strong>cation juive obligatoire (treize ans).Une pierre précieuse© Ilan GarzonePlus important encore que d’écouterla Torah directement de D.ieuLe roi est <strong>le</strong> délégué <strong>du</strong> Roi des Rois, Dieu, et par conséquent,celui qui écoute la <strong>le</strong>cture faite par <strong>le</strong> roi est considéré comme s’ill’écoutait <strong>du</strong> Tout-Puissant Lui-même. C’est pour cette raison que<strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong>s femmes viennent, respectivement, apprendreet écouter la Paro<strong>le</strong> de Dieu de la Bouche <strong>du</strong> Tout-Puissant, laTorah à laquel<strong>le</strong> “ rien au monde ne peut être comparé ”.Si, très tôt, on laisse l’enfant prendre de mauvaises habitudesen lui donnant la possibilité de donner libre cours à sa nature,dès lors qu’il atteindra l’âge a<strong>du</strong>lte et que son intelligence serap<strong>le</strong>inement développée, il sera alors enclin à suivre ses habitudes.En tout état de cause, il lui sera diffici<strong>le</strong> de se défaire de l’é<strong>du</strong>cationbonne ou mauvaise, qu’il aura reçue, comme il est dit :“ é<strong>du</strong>que l’enfant selon son chemin, car même lorsqu’il vieillira,il ne pourra s’en détourner ”. Il est dès lors évident, que quel<strong>le</strong>que soit l’é<strong>du</strong>cation que l’on aura donnée à l’enfant, el<strong>le</strong> laisserasur lui une marque indélébi<strong>le</strong>.Conclusiona) Imprégner l’enfant, dès son plus jeune âge, des <strong>le</strong>ttres de laTorah et de la prière, <strong>le</strong> préparera à mener une vie sainte enaccord avec <strong>le</strong>s idéaux de la Torah.b) Il est judicieux d’amener <strong>le</strong>s enfants à la synagogue, dans <strong>le</strong>slieux où évoluent ceux qui chérissent la pratique des mitsvot,de <strong>le</strong>ur inculquer <strong>le</strong>s vertus fondamenta<strong>le</strong>s <strong>du</strong> Judaïsme, deA ce propos, nos Sages ont conseillé au père d’enseigner :“ Chéma Israël ”, et “ Torah Tsivah Lanou Moché MorachahKéhilat Yaacov ”, la Torah que nous a enseignée Moïse notreMaître est l’héritage de la Communauté de Jacob , à son fils dèsqu’il sait par<strong>le</strong>r. Cette é<strong>du</strong>cation précoce facilitera la tâche desparents au moment où ils devront effectivement préparer <strong>le</strong>ursenfants à <strong>le</strong>urs obligations religieuses.Le Talmud nous rapporte une anecdote concernant RabbiYo’hanane, fils de Broka et de Rabbi Eliézer fils de ‘Hismah, quiallèrent rendre visite à Rabbi Yeochouah à Pékihine. Celui-ci<strong>le</strong>ur demanda : «quel commentaire nouveau a-t-on enseignéaujourd’hui au <strong>Beth</strong> Hamidrache (maison d’étude) ? Ils lui répondirent: “ Nous ne sommes que tes élèves et nous buvons tousdeux de ton eau ! (de ton enseignement) ”.Il <strong>le</strong>ur rétorqua : “ Qu’à cela ne tienne ! Pointde <strong>Beth</strong> Hamidrache sans commentaire nouveau.Qui devait commenter cette semaineet de quoi a-t-on parlé aujourd’hui ? ” Ilsrépondirent : “ <strong>du</strong> passage de Hakhel ”.“ Et qu’a-t-il expliqué à ce ‘sujet ? ”poursuit-il. “ Rassemb<strong>le</strong> <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>,hommes, femmes et enfants. Si <strong>le</strong>s hommes viennent apprendre,<strong>le</strong>s femmes écouter, <strong>le</strong>s enfants, pour quel<strong>le</strong> raison viennent-ils ?Pour récompenser ceux qui <strong>le</strong>s ont amenés ”. Alors, RabbiYeochouah s’exclama : “ Vous avez une pierre précieuse et vousvou<strong>le</strong>z me la cacher ! ”Arrivé à ce degré de spiritualité si intense, quel<strong>le</strong> importance peutavoir l’apport des enfants et la récompense promise à ceux qui<strong>le</strong>s amènent ? En fait, dans la suite des versets bibliques, nousapprenons que même ceux qui ne saisissent pas <strong>le</strong> sens de la<strong>le</strong>cture <strong>du</strong> roi “ écouteront et apprendront à craindre D.ieu tous<strong>le</strong>s jours ”.Leur présence dans <strong>le</strong> Temp<strong>le</strong>, au milieu de l’assemblée de tous<strong>le</strong>s Juifs exercera une si grande influence qu’au fil <strong>du</strong> temps,ces enfants sauront craindre D.ieu. La Torah nous dévoi<strong>le</strong> ici savéritab<strong>le</strong> pensée : é<strong>du</strong>quer des enfants dans l’étude et la craintede Dieu est bien plus important que d’écouter la Torah de D.ieuLui-même, et grand est <strong>le</strong> mérite de ceux qui détiennent unefonction dans l’é<strong>du</strong>cation juive fondée sur des bases saintes,mérite incommensurab<strong>le</strong> qui amène <strong>le</strong>s enfants à “ écouter,apprendre et à craindre D.ieu. ”.dossier specialH A K H E L30 | 09-2008 || 09-2008 09-2007 | 31


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N TSavoir sacrifier son confort personnel“ Pourquoi <strong>le</strong>s enfants venaient-ils ? ” demandent nos Sages.Si après tout, ils vont faire <strong>du</strong> bruit et déranger <strong>le</strong>s a<strong>du</strong>ltes quiécoutent, ne vaudrait-il pas mieux <strong>le</strong>s laisser à la maison ?A cela <strong>le</strong> Talmud répond clairement : “ pour récompenser ceuxqui <strong>le</strong>s amènent ”. Autrement dit, il est préférab<strong>le</strong> que l’attentiondes parents soit dispersée pourvu que <strong>le</strong>s enfants viennent puiserde l’inspiration dans <strong>le</strong> service de Dieu et que <strong>le</strong>urs oreil<strong>le</strong>sperçoivent <strong>le</strong>s saintes paro<strong>le</strong>s de la Torah. Il résultera un profitspirituel extraordinaire pour <strong>le</strong>s parents qui auront sacrifié <strong>le</strong>urconfort personnel pour faire bénéficier <strong>le</strong>urs enfants <strong>du</strong> Hakhel.Les enfants, la santé et la subsistanceLorsque <strong>le</strong>s parents auront à cœur d’insuff<strong>le</strong>r à <strong>le</strong>urs enfants lacrainte de D.ieu en <strong>le</strong>s amenant dès <strong>le</strong>ur plus jeune âge au <strong>Beth</strong>Hamikdache dont l’équiva<strong>le</strong>nt actuel est représenté par la synagogue,ils mériteront alors d’abondantes bénédictions pour <strong>le</strong>s“ enfants, la santé et la subsistance quotidienne ”.En effet, la bénédiction pour <strong>le</strong>s enfants est englobée dansl’expression de nos Sages “ récompense pour ceux qui <strong>le</strong>s ontamenés ”, cel<strong>le</strong> pour la santé dans <strong>le</strong> verset “ tous <strong>le</strong>s jours devotre vie sur la terre ”, et enfin cel<strong>le</strong> pour la subsistance dans lasuite <strong>du</strong> verset “ sur la terre dont, en traversant <strong>le</strong> Jourdain, vousal<strong>le</strong>z prendre possession ”, allusion bien évidemment à la Terred’Israël “ ruisselante de lait et de miel ”.ils mériteront alorsd’abondantes bénédictionspour <strong>le</strong>s enfants, la santéet la subsistancequotidienne© Ilan Garzone32 | 09-2008 || 09-2008 09-2007 | 33


D O S S I E R S P E C I A L R A S S E M B L E M E N TLa significationprofonde <strong>du</strong> HakhelLes heureux parentsCe qui distingue <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> d’Israël, c’est la Torah. Par el<strong>le</strong>, noussommes séparés de tous <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s de la terre, par el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>,notre peup<strong>le</strong> bénéficiera <strong>du</strong> monde futur. Il est donc essentiel quepériodiquement nous soyons tous rassemblés pour entendre <strong>le</strong>message <strong>du</strong> Livre, il est important que ce message soit enten<strong>du</strong>par tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, hommes, femmes et enfants.La conscéquence extraordinnaireIls se demanderont alors quel est <strong>le</strong> sens de cet immenserassemb<strong>le</strong>ment et réaliseront que c’est la Torah qui est notretrésor <strong>le</strong> plus précieux, notre gloire et notre honneur. Ils apprendrontà l’apprécier, à l’aimer et voudront connaître Celui qui nousl’a donnée, Le craindre et L’aimer comme il est dit dans <strong>le</strong> texte :“ qu’ils apprennent à révérer l’Eternel. ”Rassemb<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s Juifs pour servir D.ieuTel est l’ordre chronologique des événements liés au Hakhel :<strong>le</strong>s Kohanim (prêtres) se tenaient à l’extérieur de Jérusa<strong>le</strong>m,et, au son de trompettes d’or, ils invitaient tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> à serassemb<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> Temp<strong>le</strong> pour célébrer <strong>le</strong> Hakhel. Si l’on voyaitun Kohen sans trompette, on disait : “ Ce n’est certainement pasun Kohen ! ”L’éternité de la Torah et des MitsvotBien que <strong>le</strong> Hakhel ne soit plus en vigueur de nos jours, noussavons cependant que même <strong>le</strong>s mitsvot liées à un temps et unlieu précis restent éternel<strong>le</strong>s. Par conséquent, Hakhel recè<strong>le</strong> unesignification spirituel<strong>le</strong> valab<strong>le</strong> dans chaque génération et en touslieux. Il nous faut donc dégager un enseignement concret <strong>du</strong>Hakhel. En fait, chaque juif est considéré comme un “ Kohen ”,comme il est écrit : “ vous serez pour Moi une nation de prêtres ”.Or, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d’un Kohen est précisément de “ se tenir devant D.ieupour Le servir ”.En d’autres termes, cela signifie qu’un Juif doit garder à l’espritque son rô<strong>le</strong> est, à l’instar d’un Kohen, de se tenir à l’extérieur(c’est-à-dire dans la rue) et sonner des trompettes d’or pourrassemb<strong>le</strong>r des Juifs, de <strong>le</strong>s prendre en charge jusqu’à ce qu’ilsparviennent à “ pratiquer toutes <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s de cette Torah ”.Ce faisant, chaque Juif réalise la fonction de Kohen de “ se tenirdebout et de servir D.ieu ”.Hakhel : La raison domine <strong>le</strong> cœurLe moment fort de Hakhel était la <strong>le</strong>cture de la Torah faite par <strong>le</strong>roi. Cette <strong>le</strong>cture avait la qualité inhérente d’inspirer au peup<strong>le</strong>entier la crainte de D.ieu. Pareil<strong>le</strong>ment, chaque juif, indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong>ment,possède un “ roi ”, à savoir son intelligence, sa raison,qui doivent dominer <strong>le</strong> cœur et tous <strong>le</strong>s membres <strong>du</strong> corps et <strong>le</strong>sinciter à “ observer et pratiquer toutes <strong>le</strong>s mitsvot de la Torah ”.Réaliser son Hakhel indivi<strong>du</strong>elIl existe une manière de réaliser <strong>le</strong> Hakhel dans notre servicedivin. En fait, il s’agit de “ rassemb<strong>le</strong>r ” toutes nos pensées,paro<strong>le</strong>s et actions afin de <strong>le</strong>s intro<strong>du</strong>ire dans <strong>le</strong> “ Temp<strong>le</strong> ”miniature qui git au fond de nous, et s’efforcer, avec abnégationabsolue et tota<strong>le</strong>, d’obéir aux paro<strong>le</strong>s <strong>du</strong> Roi, D.ieu.Réaliser <strong>le</strong> Hakhel dans l’étudeEn matière d’étude et de connaissance de la Torah, il nous fautéga<strong>le</strong>ment rassemb<strong>le</strong>r, unifier <strong>le</strong>s quatre parties qui la composentà savoir : <strong>le</strong> pchat (sens littéral), <strong>le</strong> remez (sens allusif), <strong>le</strong> drouch(sens homélitique), et <strong>le</strong> sod (sens ésotérique).Il est donc important d’étudier ces quatre niveaux d’interprétationjusqu’à <strong>le</strong>s unir et en faire une seu<strong>le</strong> et unique entité.Chabtaï Coen34 | 09-2008 |© Ilan Garzone


A N N I V E R S A I R E 6 T I C H R ITissée avec un fil d’orNa’houm MendelsonLes premières années de son mariage à Rabbi LéviIts’hak, un jeune érudit qui étudiait la Torah jour et nuit,sans se préoccuper de soucis financiers, furent parmi<strong>le</strong>s plus heureuses de sa vie© iStockphotoUne femme d’exception !La Rabbanit ‘Hanna est née àRomanovka en 1880. Son père <strong>le</strong>brillant ‘Hassid Rabbi Méir ChlomoYanovsky était <strong>le</strong> Rav de Nikolayev,une vil<strong>le</strong> plongéedans l’étude et unsty<strong>le</strong> de vie basésur <strong>le</strong>s profondeursde la ‘<strong>Hassidout</strong>.C’était <strong>le</strong> fils deRabbi Israël LeibYanovsky qui avaitété Roch Yechivaà Romavovka. Lamère de Reb MéirChlomo, la RabbanitBaila Rivka était lafil<strong>le</strong> <strong>du</strong> grand Maîtreet ‘Hassid <strong>du</strong> Tséma’h Tsédék,Rabbi Avraham David Lavout.Rabbi Israël Leib disparut <strong>du</strong> vivantde son beau-père, R. AvrahamLavout, qui se chargea lui mêmede l’é<strong>du</strong>cation de son petit-fils. A sadisparition, il laissa une <strong>le</strong>ttre adresséeaux instances communautairesde Nikolayev, <strong>le</strong>ur recommandantLa Rabbanit ‘Hanna dans sa jeunesseRabbi Méir Chlomo Yanovskyde nommer son petit-fils pour luisuccéder.‘Hassid <strong>du</strong> Rabbi Maarach et plus tard<strong>du</strong> Rabbi Rachab, Reb Méir Chlomopossédait une vaste connaissancedans <strong>le</strong> Talmud et la‘<strong>Hassidout</strong> et étaitdoté d’un caractèreraffiné et spirituel.C’est d’une lignéesi nob<strong>le</strong> et éminenteque naquit laRabbanit ‘Hanna.El<strong>le</strong> passa sa jeunessedans la maisonfamilia<strong>le</strong> et yreçut une é<strong>du</strong>cationincomparab<strong>le</strong>. Lespremières annéesde son mariage à Rabbi Lévi Its’hak,un jeune érudit qui étudiait la Torahjour et nuit, sans se préoccuper desoucis financiers, furent parmi <strong>le</strong>splus heureuses de sa vie.Ses trois enfantsEt puis, lorsque son mari devint <strong>le</strong>grand Rabbin de Yekatrinaslav, vil<strong>le</strong>à la population juive importante, laRabbanit ’Hanna jouit d’une positionhonorab<strong>le</strong> au sein de la communauté.C’est en ces jours qu’el<strong>le</strong> é<strong>le</strong>vases trois fils : <strong>le</strong> Rabbi MenahemMendel, Reb Israël Arié Leib et RebBerel. El<strong>le</strong> ressentait une joie et unplaisir profonds en regardant sesenfants diligents et brillants grandirdans la Torah et la crainte de D.El<strong>le</strong> reconnut en particulier la grandeur<strong>du</strong> Rabbi Menahem Mendel,son aîné, et cela, dès son plustendre âge. La Rabbanit avait l’habitudede se laver <strong>le</strong>s mains avantde nourrir son enfant, <strong>le</strong> futur guided’Israël. Plus tard, el<strong>le</strong> devait remarquer: “ Je ne peux vous dire qu’unechose, il est un Saint depuis saconception et depuis sa naissance.Un jour, tandis qu’une assembléede dix hommes était réunie pour laprière <strong>du</strong> soir chez Reb Lévi Its’hak,l’enfant de deux ans et demi sautahors de son petit lit et joignit <strong>le</strong>shommes dans <strong>le</strong>ur prière !Ce faux semblant de vie idylliqueétait, même en ces temps de paixrelative, parsemé de défis. La nominationmême de RebLévi Its’hak à sonposte ne fut pas sanscontroverse.La communauté quiavait été un peu prospèredans <strong>le</strong> passé,était à présent matériel<strong>le</strong>mentet spirituel<strong>le</strong>mentbrisée.Plusieurs explosionset pogroms antisémitesavaient dévasté<strong>le</strong>s propriétés et commercesjuifs, coûtantla vie de centainesd’âmes pieuses. Pendant ce temps,<strong>le</strong> Tsar Nicolas n’entreprit absolumentaucune action pour protégerla communauté juive, qui continuaà être en butte aux attaques malveillantes.Ces temps troublés amenèrent aveceux <strong>le</strong> grave danger de l’assimilation.L’éloignement <strong>du</strong> judaïsmeprit des proportions inquiétantes,tout particulièrement au sein dela jeunesse, dont <strong>le</strong>s membres seReb Levi Its’hak, père <strong>du</strong> Rabbi38 | 09-2006 09-2008 || 09-2008 | 39


A N N I V E R S A I R E 6 T I C H R IL’appartement de Reb Lévi Its’hak à Yekatrinoslavconvertissaient fréquemment pourpouvoir accéder à l’université, interditeaux Juifs.C’est sur <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s de Rabbi LéviIts’hak que reposait la responsabilitéd’enrayer ce courant dangereux.Les ‘Hassidim savaient qu’ils pouvaientcompter sur ses qualitésextraordinaires de dirigeant.Une tempête vio<strong>le</strong>nteLes vents étrangers qui soufflaientdéjà depuis longtemps se transformèrenten une tempête vio<strong>le</strong>nte.La Russie communiste était née,faisant naître une ère de sévéritéenvers <strong>le</strong> Peup<strong>le</strong> Juif et en particulier,Rabbi Lévi Its’hak, qui subit de nombreusesconspirations.Le gouvernement, irrité par sonrefrain incessant sur <strong>le</strong> judaïsme et<strong>le</strong> poids de son influence, résolut delui faire en<strong>le</strong>ver son poste.La synagogue de Reb Lévi Its’hak à YekatrinoslavReb Lévi Its’hak fut convoqué àCharkov, où on lui ordonna de signerune déclaration statuant que <strong>le</strong> gouvernementne s’opposait pas à lareligion. Il refusa catégoriquementet depuis lors, fut personnel<strong>le</strong>mentpersécuté dans un esprit de vengeanceincessante jusqu’au jour oùil fut fina<strong>le</strong>ment arrêté.Mais Rabbi Lévi Its’hak,téméraire, persista dans son travail,construisant des Mikvés, assurantl’é<strong>du</strong>cation d’enfants Juifs ou lafabrication de Matsot pour Pessa’h.Il remplit toutes <strong>le</strong>s fonctions de sonposte sans concéder <strong>le</strong> moindrecompromis face à toute l’opposition.La manière dont ces épreuvesaffectèrent la vie de la Rabbanit‘Hanna n’est pas rappelée pour laprospérité. Il nous reste à imaginerla formidab<strong>le</strong> force intérieure dontel<strong>le</strong> témoigna pour traverser cesépreuves au côté de son mari.Le courage de la Rabbanit‘Hanna resp<strong>le</strong>ndit dans salutte pour présenter unecontenance calme, gaie,même pendant ces périodesde souffrance.là où d’autres femmes se seraienteffondrées, la Rabbanit ‘Hanna ne défaillitjamais, se renforçant sans cesse dansces heures <strong>le</strong>s plus noires.Le pire était encore à venir...Une nuit, après avoir fouillé la maisonpendant trois heures, dont pas unlivre ne fut oublié, <strong>le</strong> NKVD arrêtaRabbi Lévi Its’hak. Quand el<strong>le</strong>demanda où on <strong>le</strong> con<strong>du</strong>isait, onrépondit à Rabbanit ‘Hanna de seprésenter <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain au commissariat.Mais là-bas, <strong>le</strong>s cruelsofficiers <strong>du</strong> NKVD ne cessaientde répondre qu’iln’était pas là!Malgré des allées et venuesrépétées à la recherched’une quelconque information,là où d’autresfemmes se seraient effondrées,Rabbanit ‘Hanna nedéfaillit jamais, se renforçantsans cesse dans cesheures <strong>le</strong>s plus noires.Soudain, des nouvel<strong>le</strong>s arrivèrentqui réjouirent son cœur. Son marise trouvait à la prison loca<strong>le</strong> et el<strong>le</strong>avait l’autorisation de lui apporter del’argent et de la nourriture . Par lasuite , Rabbi Lévi Its’hak fut transféréà la prison de Kiev avec descriminels en<strong>du</strong>rcis, destinés à êtreses compagnons de cellu<strong>le</strong>.La Rabbanit dans <strong>le</strong>s années 50Le crime : activitécontre-révolutionnaire !De quel crime <strong>le</strong> Rav s’était-ilren<strong>du</strong> coupab<strong>le</strong> ? Le NKVD l’avaitdénommé : “ activité contre-révolutionnaire”. La punition pour soncrime était la sentence de mort.Mais <strong>le</strong> Rav ne pouvait être impliquépuisqu’il ne plaidait coupab<strong>le</strong>.L’autre sentence possib<strong>le</strong> était l’exil,destinée à lui en<strong>le</strong>ver ses capacitésd’action.Pendant ce temps, la Rabbanit‘Hanna s’efforça d’alléger <strong>le</strong> pluspossib<strong>le</strong> la peine de son mari. RabbiLévi Its’hak devait être transféré àMoscou pour son procès. El<strong>le</strong> supplia<strong>le</strong>s autorités de lui faciliter <strong>le</strong>voyage, expliquant qu’il était âgéde plus de soixante-dix ans et qu’ilsouffrait <strong>du</strong> cœur. Ils lui promirentqu’il voyageraient calmement.Quand el<strong>le</strong> demanda si el<strong>le</strong> pourraitlui envoyer de la nourriture, ils la rassurèrenten luidisant qu’il avaitconsommé toutela nourriturequ’el<strong>le</strong> lui avaitenvoyée depuisson arrestationet qu’il était ensi bonne santé,qu’el<strong>le</strong> aurait <strong>du</strong>mal à <strong>le</strong> reconnaître!Néanmoins, lorsque la date <strong>du</strong> transfertde Rav Lévi Its’hak arriva, on luidemanda de préparer à mangerpour <strong>le</strong> voyage,car depuis <strong>le</strong> débutde son emprisonnement, ses lèvresn’avaient touché aucun aliment.Puis <strong>le</strong> verdict tomba : cinq ansd’exil en Asie orienta<strong>le</strong>!Chiki, en République <strong>du</strong> Kazakhstanétait la destination éloignée etinconnue qui lui avait été assignée.Le sol était constitué de boue quine séchait jamais. Des moustiquesvenus des marécages voisinsemplissaient l’air. Des cabanes moisiesétaient toujours humidifiées par<strong>le</strong>s pluies torrentiel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s délugesqui accablaient la région.Des conditions de vieinsupportab<strong>le</strong>sUn so<strong>le</strong>il brûlant, allié à des conditionsclimatiques épouvantab<strong>le</strong>s,favorisait la propagation de maladies.C’est avec la plus grande difficultéque Rabbi Lévi Its’hak put trouverun abri. Les minuscu<strong>le</strong>s rationsde pain qui étaient distribuées à delongues fi<strong>le</strong>s d’indivi<strong>du</strong>s affamésétaient censées suffire pour troisjours. Mais d’ordinaire, el<strong>le</strong>s ne suffisaientqu’àêtre distribuéesauxp r e m i e r svenus.Rabbi LéviIts’hak trouva<strong>du</strong> réconfortdansson Talithet ses Tefilin et <strong>le</strong>s quelques livresque la fidè<strong>le</strong> Rabbanit lui avaitenvoyés. Combien il chérit ces objetsqui lui avaient manqué pendant prèsd’un an !la Rabbanit ‘Hannafabriqua une encreà base de jus d’herbesdifférentes qu’el<strong>le</strong>avait rassemblées40 | 09-2006 09-2008 | | 09-2008 | 41


A N N I V E R S A I R E 6 T I C H R ICette année-là, après Pourim, laRabbanit ‘Hanna se joignit à sonmari volontairement à l’exil deson mari. En route, el<strong>le</strong> s’arrêta àMoscou et tenta à nouveau d’obtenirla libération de son mari, mais envain. Malgré toutes <strong>le</strong>s difficultésque représentait <strong>le</strong> transit de cesobjets, el<strong>le</strong> emporta avec el<strong>le</strong> <strong>du</strong> vinet des Matsot pour Pessa’h.Pendant cet exil douloureux, commentRabbi Lévi Its’hak allait-il préserver<strong>le</strong>s rapides idées de Torahqui couraient dans son esprit? Iln’y avait ni encre ni papier pournoter ses découvertes. Aussi, laRabbanit ‘Hanna fabriqua une encreà base de jus d’herbes différentesqu’el<strong>le</strong> avait rassemblées. En guisede papier, Rabbi Lévi Its’hak se servaitdes marges des quelques livresqu’il possédait. Il fallait restreindre<strong>le</strong>s innombrab<strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xions dans <strong>le</strong>peu d’espace dont il possédait.Aussi écrivit-il de manière trèscondensée, se servant de beaucoupd’allusions. Pratiquement toutce que nous savonsaujourd’hui del’étude et de laprofondeur dans laconnaissance dela Torah de RabbiLévi Its’hak vientde ce qu’il écrivitpendant ces cinqannées d’exil, avecl’encre improviséepar la Rabbanit‘Hanna. Car, despages innombrab<strong>le</strong>s, des écrits deRabbi Lévi Its’hak qui remplissaientsa bibliothèque de Yekatrinistov, iln’en reste rien.Rabbi Lévi Its’hak espéra contacterpar téléphone ses fils.Malheureusement, ses espoirss’effondrèrent...Les Nazis, lors de <strong>le</strong>ur invasion dela vil<strong>le</strong>, détruisirent complètementla communauté ainsi que ses bibliothèquesinestimab<strong>le</strong>s.La sérieuse maladie dont Rabbi LéviIts’hak succomba par la suite pritracine pendant cet exil. En 1944,après avoir accompli toute sapeine , Rabbi Lévi Its’hak espérase réinstal<strong>le</strong>r dans une vil<strong>le</strong> voisineet contacter par téléphone ses fils.Malheureusement, ses espoirss’effondrèrent lorsqu’il fut décrétéqu’aucun prisonnier ne pourraitchanger de résidence jusqu’à la finde la guerre.Grâce à Rabbanit‘Hanna et à soninitiative à vouloirpartager l’épreuvede son mari et luipermettre d’exposerla Torah auxgénérations futures,nous avons <strong>le</strong>mérite d’avoir unmince aperçu de lagrandeur de RabbiLévi Its’hak et debénéficier de sa sagesse.L’espoir d’une libérationLes ‘Hassidim travaillèrentinlassab<strong>le</strong>ment pardes moyens clandestinspour obtenir des documentsnécessaires à lalibération <strong>du</strong> Rav et soninstallation dans unevil<strong>le</strong>, Alma Ata. A AlmaAta, malgré sa gravemaladie, Rabbi LéviYits’hak reprit son combatcontre l’assimilationet l’antisémitisme. Bienque tout ce monde l’honorât etveillât à tous ses besoins, ce futsa dévouée Rabbanit qui s’occupapersonnel<strong>le</strong>ment de lui, lorsque samaladie progressa. Le 20 Av, l’âmepure de Rabbi Lévi Yits’hak quittace monde.Commença alors une nouvel<strong>le</strong> périodede souffrance pour la Rabbanit‘Hanna. El<strong>le</strong> restait <strong>le</strong> cœur brisé,sans famil<strong>le</strong> et sans aucune nouvel<strong>le</strong>de ses fils. Malgré <strong>le</strong>s soinsque lui témoignèrent <strong>le</strong>s élèvesde son mari, el<strong>le</strong> se sentit isoléedans un pays malveillant, entouréede millions d’ennemis prêts àdétruire toute personne au nom deSchneersohn.Les ‘Hassidim décidèrent qu’el<strong>le</strong>devrait quitter ce pays <strong>le</strong> plus vitepossib<strong>le</strong>. Pour préparer son départ,la Rabbanit ‘Hanna retourna illéga<strong>le</strong>mentà Moscou en 5706 (1946)et attendit plusieurs mois un visa.Ceux-là mêmes qui l’aidaient,vivaient dans la crainte perpétuel<strong>le</strong>pour <strong>le</strong>ur propre vie. Chaque jour,el<strong>le</strong> changeait de demeure. El<strong>le</strong> nepouvait passer deux nuits dans <strong>le</strong>même endroit. Fina<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong> putobtenir un faux passeport.De la tristesse à la joieMais même pendant ces périodesdiffici<strong>le</strong>s, personne n’entendit laRabbanit se plaindre. Son visagen’était pas triste, ses yeux n’exprimaientpas l’amertume. Sa dou<strong>le</strong>urétait cachée dans son cœur tue àtout <strong>le</strong> monde. El<strong>le</strong> ne p<strong>le</strong>ura mêmepas à la disparition de son mari,parce qu’il lui avait enjoint à ne pasp<strong>le</strong>urer. Seu<strong>le</strong>s ses lèvres prononcèrentsi<strong>le</strong>ncieusement une prièreintérieure : “ mes lèvres bougeaient,mais on n’entendait pas ma voix ”.Fina<strong>le</strong>ment, l’année 5707 vit une finà ses tribulations. El<strong>le</strong> put se réjouird’être réunie à son fils, <strong>le</strong> Rabbi.El<strong>le</strong> put voir avec ses propres yeuxla grandeur et l’éclat de son filscomme “ <strong>le</strong>ader ” d’Israël et el<strong>le</strong> putjouir pendant dix-sept années glorieusesd’un bonheur de mère.Après la prière de Chabbat et YomTov, la Rabbanit ‘Hanna rentraitdans <strong>le</strong> bureau des Ye’hidout <strong>du</strong>Rabbi pour dire “ Gout Chabbes ”.Quand el<strong>le</strong> se bougeait vers laporte, <strong>le</strong> Rabbi l’escortait. Toujoursà la porte, il la regardait, jusqu’à cequ’el<strong>le</strong> tourne <strong>le</strong> coin de la rue et nesoit plus visib<strong>le</strong>. En voyant ce respectet cette fierté mutuels, la relationsi cha<strong>le</strong>ureuse entre cette mèreet son fils exceptionnel, quelqu’unpouvait-il rester insensib<strong>le</strong> ?Le respect d’un fisQu’il p<strong>le</strong>uve ou qu’il fasse beau, quece soit la semaine ou Chabbat, <strong>le</strong>Rabbi rendait visite chaque jour à samère, malgré son emploi <strong>du</strong> tempssurchargé. Cette visite était pourel<strong>le</strong> <strong>le</strong> moment <strong>le</strong> plus important desa journée. Revêtue de ses habits deChabbat, la Rabbanit ‘Hanna attendaitla visite non simp<strong>le</strong>ment de sonfils, mais de la royauté.Vous ne savez pas queltrésor vous possédez !El<strong>le</strong> suivait tous <strong>le</strong>s projets <strong>du</strong> Rabbiet <strong>le</strong>s progrès de ses “ chlou’him ”,ses envoyés, avec <strong>le</strong> plus grandintérêt. “ Vous ne savez pas queltrésor vous possédez ” disait-el<strong>le</strong>aux ‘Hassidim avec une appréciationprofonde. En parlant de sonadmirab<strong>le</strong> fils, el<strong>le</strong> ne laissa jamaissoupçonner la moindre trace devanité, mais seu<strong>le</strong>ment une véritab<strong>le</strong>humilité dans ses remerciements àDieu… Le chant de ‘Hanna. Commeun fil d’or, <strong>le</strong> chant de ‘Hanna futtissé tout au long de sa vie. El<strong>le</strong>accepta <strong>le</strong>s années diffici<strong>le</strong>s comme<strong>le</strong>s années heureuses et ne cessade remercier Dieu.Nombreux sont ceux qui se rappel<strong>le</strong>ntde Rabbanit ‘Hanna commed’une femme sympathique, personnel<strong>le</strong>mentintéressée par <strong>le</strong>s gens et<strong>le</strong>urs problèmes. Beaucoup lui ontLe chant de ‘Hanna.Comme un fil d’or,<strong>le</strong> chant de ‘Hanna futtissé tout au longde sa vie42 | 09-2006 09-2008 || 09-2008 | 43


A N N I V E R S A I R E 6 T I C H R IComme la ‘Hannah <strong>du</strong> Tana’hqui dédia son fils Chmouël au servicede Dieu, la Rabbanit ‘Hanna offritau Peup<strong>le</strong> d’Israëldéversé <strong>le</strong>s angoisses de <strong>le</strong>ur cœuret ont accepté son sage conseil.Pour <strong>le</strong>s jeunes et <strong>le</strong>s moins jeunes,<strong>le</strong>s privilégiés et <strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s,el<strong>le</strong> témoignait d’un souci materneld’une Ahavat Israël avec son gentilsourire et sa voix douce qui mettaienttout de suite à l’aise.Le soucis des autresAvec un intérêt amical, el<strong>le</strong> s’inquiétaitdes soucis de chacun. “ As-turéussi ton examen ? ” demandaitel<strong>le</strong>à la lycéenne, “ Comment vont<strong>le</strong>s petits ? ” à une jeune maman.Aux enfants, qu’el<strong>le</strong> aimait toutparticulièrement, el<strong>le</strong> demandait :“ Qu’apprends-tu en ‘Houmach ? ”,puis el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s récompensait d’unesucrerie. Ou bien el<strong>le</strong> souriait etfrappait des mains pendant qu’unpetit garçon dansait.Bien qu’el<strong>le</strong> fût si attentive auxautres, el<strong>le</strong> ne manifestait aucunsouci pour el<strong>le</strong>-même. Malgré <strong>le</strong>smalheurs qu’el<strong>le</strong> avait subis, el<strong>le</strong>était une personne toujours satisfaiteet ne se plaignait jamais. El<strong>le</strong> secon<strong>du</strong>isait toujours avec dignité etne laissait jamais apparaître aucunsigne de tristesse.Même lorsque Rabbanit ‘Hanna étaitfatiguée ou ne se sentait pas bien,el<strong>le</strong> prenait soin de <strong>le</strong> cacher àson fils, s’habillant comme toujoursavec élégance et se comportantcomme si tout allait bien. En cetteépoque où l’on ne recherche que<strong>le</strong> bien-être personnel, ne peutonapprendre d’el<strong>le</strong>, <strong>le</strong> souci desautres, tout au long de sa vie ?Car je l’ai destiné à Hachempour toujoursEn cela, el<strong>le</strong> symbolisait la grandeurel<strong>le</strong>-même. Sa bel<strong>le</strong> stature allait depair avec une âme magnifique d’oùel<strong>le</strong> s’irradiait. “ Toute la gloire de laprincesse réside à l’intérieure… ”.El<strong>le</strong> était l’exemp<strong>le</strong>, même de sonnom : (‘Hallah, Niddah, Hadlakathaner), l’essence de la femme juive.Mais par-dessus tout, el<strong>le</strong> étaitla mère de la Royauté. Avec sasagesse, el<strong>le</strong> avait non seu<strong>le</strong>mentconstruit son propre petit Temp<strong>le</strong>,mais dévoué son fils au sanctuaireuniversel <strong>du</strong> Peup<strong>le</strong> d’Israël.“ Car je l’ai destiné à Hachem pourtoujours ”. Comme la ‘Hannah <strong>du</strong>Tana’h qui dédia son fils Chmouëlau service de Dieu, la Rabbanit‘Hanna offrit au Peup<strong>le</strong> d’Israël un<strong>le</strong>ader d’une grande clairvoyance,destiné à disséminer <strong>le</strong>s butsde Dieu et accueillir notre justeMachia’h maintenant.N.M.44 | 09-2006 09-2008 |


L O U B A V I T C H D A N S L E M O N D EUn Rabbin sur la Grande Murail<strong>le</strong>Na’houm MendelsonCombien coûtentdes ‘Halot à Pékin ?Posez donc cette question au touriste qui a trouvé l’adresse <strong>du</strong><strong>Beth</strong> ‘Habad de Pékin sur <strong>le</strong> site Internet <strong>le</strong> plus consulté par <strong>le</strong>stouristes juifs <strong>du</strong> monde entier www.chabad.org , il vous répondraprobab<strong>le</strong>ment : “ Rien ! ” Seu<strong>le</strong> la bonne humeur est exigée à latab<strong>le</strong> de Chabbath de Shimon Frieundlich, ce rabbin extraordinairedont la générosité n’a d’égal que sa cha<strong>le</strong>ur.Certes, lorsqu’un homme d’affaires choisit d’offrir un Sefer Torahpour la Synagogue de Shimon Frieundlich en échange de quelques‘Halot chaudes livrées à son hôtel, <strong>le</strong> prix pourrait semb<strong>le</strong>rexorbitant! Cher payé? “ Non ! répond l’homme en question.“ Devant cette débauche de dynamisme et de dévouement, je n’aipas hésité une seconde…Il m’a contacté avec une tel<strong>le</strong> rapidité et <strong>le</strong> sourire aux lèvres, j’aitout de suite compris que la tâche de cet homme était à la hauteurde son abnégation. Je voulais à mon tour lui venir en aide,c’est ce que j’ai fait dans la plus grande simplicité ! ”Pékin, Chine“ Seu<strong>le</strong> la bonne humeur est exigée à la tab<strong>le</strong>de Chabbath de Shimon Frieundlich”Au fait, comment en est-il arrivé là ? Que fait un rabbin àPékin, une vil<strong>le</strong> de 18 millions d’habitants, aussi grande que laNormandie, dont la communauté juive n’est composée que deressortissants étrangers ? Pour la petite histoire, un membre dela communauté de Pékin s’est marié à Paris <strong>du</strong>rant <strong>le</strong> mois dejuil<strong>le</strong>t… C’est à cette occasion que <strong>le</strong> rabbin Frieundlich, qui a fait<strong>le</strong> voyage pour assister à l’événement, nous a reçu dans un petithôtel parisien afin de répondre à nos questions.© Israël Bar<strong>du</strong>go © Fotolia46 | 09-2008 | | 09-2008 | 47


L O U B A V I T C H D A N S L E M O N D ERencontres ‘Habad :Combien de juifs comptela République Populairede Chine ?Shimon Frieundlich : Il est diffici<strong>le</strong> d’avoir une estimation trèsprécise, mais selon nos informations, il y aurait environ 1500 juifsà Pékin; près de 1000 juifs à Shanghai, puis quelques centainesdans <strong>le</strong>s autres grandes métropo<strong>le</strong>s. Ce n’est pas beaucoup parrapport aux grandes vil<strong>le</strong>s d’Europe ou des Etats-Unis, mais celane rend pas pour autant notre mission plus petite… L’importancede venir en aide à chaque Juif, tant au niveau spirituel que matériel,ne se mesure pas uniquement en quantité mais aussi etprincipa<strong>le</strong>ment, en terme de qualité.R.H. : C’est vrai! Mais pourquoi et comment avez-vous débuté àPékin ?surtout pour un Mikvé. Quant auniveau de cacherout <strong>du</strong> Mikvé, i<strong>le</strong>st irréprochab<strong>le</strong> avec ses deuxbassins, pour satisfaire toutes<strong>le</strong>s opinions. Nous gardons toujourspour objectif d’apporter desprestations é<strong>le</strong>vées en termes dequalité et d’hygiène, afin que cesoit attractif pour <strong>le</strong> plus grandnombre.Ce n’est pas tout ! Nous avons aussiun restaurant Cacher. Et chez nous,pas de Pasta ou de Pizza italienne,c’est un vrai restaurant chinoisR.H. : Comment s’organisent <strong>le</strong>s Chabbath dans une vil<strong>le</strong> si hétéroclite?S.F. : Actuel<strong>le</strong>ment, nous avons entre 80 et 120 personnes quiviennent chaque Chabbath à la synagogue. On y trouve desPékinois, mais aussi de nombreux visiteurs, des touristes etdes hommes d’affaires <strong>du</strong> monde entier. Israéliens, Français,Sud-Africains, Anglais… certains Chabbath, on dénombre 30nationalités différentes dans notre Minyan !R.H. : Mais comment tout ce monde atterrit-il chez vous ?S.F. : Il suffit de taper “jewish beijing” ou “chabad beijing” surn’important quel moteur de recherche pour tomber sur notreadresse. Certains nous trouvent directement sur <strong>le</strong> site www.chabad.org,car aujourd’hui, la plupart des touristes se renseignent etcherchent un centre ‘Habad sur <strong>le</strong>ur lieu de destination. En fait,c’est plutôt diffici<strong>le</strong> de ne pas nous trouver !R.H. : Dans quel climat évoluent <strong>le</strong>s Juifs en Chine ? Ressentezvousparfois une certaine hostilité ?S.F. : Pékin est la vil<strong>le</strong> la plus sûre au monde! Nous n’avons pasd’antisémitisme et je n’ai jamais enten<strong>du</strong> une seu<strong>le</strong> remarquenégative depuis mon premier jour en Chine. C’est un endroitoù l’on vous respecte beaucoup, marcher avec une Kippa dans<strong>le</strong>s rues de Pékin ne vous attire que des regards admiratifs. Defaçon généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s Chinois admirent beaucoup <strong>le</strong>s Juifs: chezeux, lorsqu’on dit « intelligent comme un Juif » c’est un véritab<strong>le</strong>compliment, contrairement à d’autres pays où cette expressionest plutôt utilisée dans un esprit sarcastique et malsain. Je vaisvous raconter une anecdote: John est un employé Chinois <strong>du</strong><strong>Beth</strong> ‘Habad. Un jour, il est venu me voir, tout excité, en disant:« Rabbi, j’ai terminé <strong>le</strong> livre! ». Je ne savais pas de quoi il parlait, ila alors sorti un livre de son sac, un livre dont seul <strong>le</strong> titre était enanglais: “Que se cache-t-il derrière <strong>le</strong> succès des juifs ?”. Vousvoyez, c’était pour lui une grande fierté de comprendre un peumieux la culture juive...S.F. : Je me suis installé avec ma femme et mes enfants à Pékinen 2001. Nous avons atterri dans un désert communautaire…C’était <strong>le</strong> néant total: pas de communauté, pas de nourriturecachère, pas d’éco<strong>le</strong> juive, pas de Mikvé, rien! Sept ans plustard, nous avons grâce à D-ieu, fait un petit bout de chemin, dansla bonne direction, je pense: nous avons une structure scolaireaccueillant 50 enfants, un Mikvé-spa très joli… (sourire)R.H. : Un Mikvé-spa ?…comme on trouve à Beijing, mais Cacher. Figurez-vousque nous sommes <strong>le</strong> seul dans cette spécialité en Chine!Nous attendons la concurrence avec impatience...S.F. : En effet, c’est trèsparticulier… Nous avonsconstruit un Mikvé avec spa,tous deux d’un très haut standing.L’endroit est vraimentsp<strong>le</strong>ndide, tout y a été réalisédans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> et l’esprit artistiqueasiatique, <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>smatériaux utilisés, etc. Mais <strong>le</strong>plus joli se trouve à l’intérieur<strong>du</strong> bassin, puisqu’une œuvre d’art vraiment exceptionnel<strong>le</strong>se reflète dans l’eau; <strong>le</strong> résultat est surprenant et magnifique,Par ail<strong>le</strong>urs, deux <strong>Beth</strong> ‘Habad sont implantés à Pékin.Le premier est situé dans <strong>le</strong> centre vil<strong>le</strong> prochede Tian’anmen Square, ce très grand parc chargéd’histoire, qui est un haut lieu touristique avec sesmonuments et son musée etc., mais aussi un vastecentre d’affaires. Le deuxième <strong>Beth</strong> ‘Habad se trouveen revanche <strong>du</strong> côté de la banlieue. Et puis, unautre Chalia’h travail<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment à Pékin, il estdélégué dans <strong>le</strong>s universités pour contacter principa<strong>le</strong>ment desétudiants.48 | 09-2008 | | 09-2008 | 49


L O U B A V I T C H D A N S L E M O N D ER.H. : Qu’en est-il <strong>du</strong> régime politique, tout de mêmeparticulier, en Chine ?S.F. : La Michna nous enseignedans <strong>le</strong>s Pirkei Avot qu’il faut prierpour la paix et la réussite de songouvernement, quel que soit l’endroitoù l’on se trouve. Il faut respecterautant que possib<strong>le</strong> son pays,avec sa culture propre, sa loi, sonmode de fonctionnement… Je ne suispas en Chine pour faire de la politiqueou pour militer, mais uniquement pourpermettre aux Juifs d’être plus prochesde la Torah. Tel<strong>le</strong> est ma mission et jepréfère m’y limiter.R.H. : Nous nous sommes un peu égarés, essayons de revenir àvos débuts...S.F. : En 1993, j’ai commencé par aider <strong>le</strong> Chalia’h de Hong-Kong,<strong>le</strong> Rav Avtson. Durant plusieurs années, j’ai pu réaliser différentsprojets; j’ai non seu<strong>le</strong>ment pris goût à l’Asie, mais j’ai surtoutréalisé <strong>le</strong> potentiel de cette région. Mon rêve a toujours été dedémarrer dans un endroit sans rien, où tout est à faire. Je mesuis marié en 1998 et après un certain temps, nous avons vouluréaliser ce rêve, nous avons pensé à Pékin… Après une analysede la situation, décision fut prise avec <strong>le</strong> Rav Avtson de nousinstal<strong>le</strong>r là-bas.R.H. : Et quel<strong>le</strong>s ont été vos premières activités ?S.F. : Nous sommes arrivés à Pékin en 2001, 10 jours avantRoch Hachana. J’ai cherché un premier contact avec des Juifs, jeme suis donc “planté” avec ma longue barbe, devant <strong>le</strong> fameux“Starbucks Coffee” pendant 1h30. Il y eut deux types de réactions:certains Juifs sont venus vers moi tout excités de voir unrabbin ici, et d’autres – pour la même raison – ont pris <strong>le</strong>ursjambes à <strong>le</strong>ur cou ! Il ne me restait plus qu’à courir derrière eux…Pour la Néila [prière de clôture de Yom Kippour NDLR], nousfûmes alors 27 personnes, tandis que cette année, 350 !R.H. : N’est-il pas trop diffici<strong>le</strong> d’é<strong>du</strong>quer ses enfants dans unenvironnement comme <strong>le</strong> vôtre ?S.F. : Je pense que la partie la plusdiffici<strong>le</strong> dans la Chli’hout, c’est justementl’é<strong>du</strong>cation. Cela requiert desefforts des parents, mais <strong>le</strong> sacrifice<strong>le</strong> plus diffici<strong>le</strong> est assumé et portépar <strong>le</strong>s enfants eux-mêmes. Mesenfants de l’âge de 12 et 10 ans nereçoivent pas d’é<strong>du</strong>cation commedans <strong>le</strong>s grandes métropo<strong>le</strong>s juives,aussi, je <strong>le</strong>s envoie <strong>du</strong>rant<strong>le</strong>s 4 mois d’été en Afrique <strong>du</strong>Sud chez mes beaux-parents, pour qu’ils puissent évoluer dansun environnement juif avec des amis de <strong>le</strong>urs âges. Leurs frèreset sœurs plus jeunes sont un peu mieux lotis car ils ont des amisdans la communauté et aussi <strong>le</strong>s enfants des autres Chlou’him.R.H. : Comment faites-vous pourmanger Cacher ?S.F. : Nous n’avons aucun magasinCacher ici, alors il faut tout organisersoi-même. Pour la viande, nousfaisons venir un Cho’het d’Afrique<strong>du</strong> Sud chaque trimestre, puis nousla redistribuons ensuite aux 7 autresChlou’him de Chine. Pour <strong>le</strong> restede la nourriture, certains pro<strong>du</strong>itsde grandes marques américainesou autres qui arrivent ici dans <strong>le</strong>ssupermarchés sont déjà Cachers,mais pour <strong>le</strong> reste, il faut tout fairevenir de l’étranger. D’ail<strong>le</strong>urs enpartant, je vais charger plusieursvalises avec quelques kilos de fromagefrançais… entre autres !R.H. : Comment imaginez-vousl’avenir de cette communauté ?S.F. : Je la vois grande et bel<strong>le</strong>,<strong>le</strong>s chiffres par<strong>le</strong>nt d’eux-mêmes…Lorsque nous sommes arrivés àPékin il n’y avait que 700 Juifs,aujourd’hui on en compte <strong>le</strong> doub<strong>le</strong>. Une éco<strong>le</strong> juive de niveauinternational fonctionne, d’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s diplômes sont reconnusaux USA etc.; nous avons aussi un sp<strong>le</strong>ndide Mikvé et un restaurantCacher. Bien sûr, notre communauté ne sera jamais commedans la plupart des pays <strong>du</strong> monde, car la majorité des membressont ici de façon temporaire, pour des périodes généra<strong>le</strong>ment de2 à 5 ans.R.H. : N’est-ce pas un peu démoralisant de travail<strong>le</strong>r avec despersonnes qui ne sont que de passage ?S.F. : Ce terme n’est pas approprié… Nous ne sommes pas làpour faire des discip<strong>le</strong>s ou des adeptes d’un système. Notre rô<strong>le</strong>est de transmettre à chacun selon son niveau ce qu’il est capab<strong>le</strong>de prendre et de mettre en pratique; certains partiront d’ici enmangeant Cacher, d’autres en observant Chabbath ou en donnantune é<strong>du</strong>cation juive à <strong>le</strong>urs enfants. Ce que nous avons transmisreste et l’endroit où <strong>le</strong>s gens partentaprès ne change plus grand chosepour nous... sauf s’il y a un mariageà Paris, pour <strong>le</strong>quel je me dois devoyager!R.H. : Y a-t-il beaucoup d’assimilationen Chine ?S.F. : Malheureusement, c’est unproblème général et de grandeamp<strong>le</strong>ur en Asie. Pour un hommed’affaires, s’instal<strong>le</strong>r en Chinedonne un élan à sa carrière, ceque nettement plus d’hommes quede femmes choisissent de faire!Les jeunes Juifs qui cherchent àse marier ici n’ont pas beaucoupde choix... Nous déplorons un tauxd’assimilation de l’ordre de 90%.C’est pour nous un devoir de travail<strong>le</strong>rencore plus pour offrir unaccès significatif à la Torah.R.H. : Ma Nichtana … en Chine,qu’est-ce qui change par rapport aureste <strong>du</strong> monde ?S.F. : J’ai fait un tour au P<strong>le</strong>tsel à Paris et j’ai vu un homme mettre<strong>le</strong>s Tefilines dans la rue… ce genre de chose est tout à faitimpensab<strong>le</strong> en Chine car toute expression <strong>du</strong> Judaïsme en publicest interdite. Les gens s’impliquent, mais de manière personnel<strong>le</strong>,à travers des manifestations privées, des e-mails, des rencontreschez eux, etc. Le régime est tel qu’il est, il faut respecter l’endroitet suivre <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, c’est ce que la Torah nous enseigne. D’unautre côté, vous voyez, j’ai été appelé pour organiser et superviserla cuisine Cachère lors d’une visite <strong>du</strong> Président Israélienavec son homologue chinois, cela montre bien qu’avec beaucoupde diplomatie et de patience, <strong>le</strong>s choses peuvent évoluer dansce pays.50 | 09-2008 | | 09-2008 | 51


L O U B A V I T C H D A N S L E M O N D ER.H. : A votre avis, quel<strong>le</strong> qualité spécifique faut-il pour êtreChalia’h à Pékin ?S.F. : … (longue réf<strong>le</strong>xion) Jepense qu’il faut savoir faire preuvede discernement et de toléranceenvers chacun. Un Chalia’h à Miamigère sa communauté et son public,plus ou moins régulier mais assezhomogène, où de temps en temps,un touriste peut débarquer. Cheznous, lors des repas <strong>du</strong> vendrediorganisés par la synagogue, voustrouvez d’un côté de la tab<strong>le</strong> unepersonne qui ne connaît mêmepas <strong>le</strong> Kidouch, et assis en facede lui, un ‘Hassid Satmar avec unShtreimel.Le contraste est vraiment frappant,mais si vous vou<strong>le</strong>z que chacun sesente à l’aise, il faut montrer uneprofonde appréciation à <strong>le</strong>ur égard.Cela nous demande de connaître<strong>le</strong>s différentes coutumes, pas seu<strong>le</strong>mentséfarades ou ashkénazes,mais aussi tunisiennes, marocaines,syriennes, ‘hassidiques, lituaniennes,etc.Quand je prononce un discours, ilfaut tenir compte de ces diversités!Animer <strong>le</strong> repas de Chabbath n’est pas non plus évident…Imaginez qu’un Séfarade n’ait pas son chant traditionnel <strong>du</strong> vendredisoir… alors, nous chantons au minimum quatre catégoriesde chants: israélien, séfarade, ashkénaze et ‘hassidique!R.H. : Certaines choses sont-el<strong>le</strong>s plus faci<strong>le</strong>s en Chine ?S.F. : Je ne pourrais pas vraiment vous <strong>le</strong> dire, mais ce que jesais, c’est que vous ne pouvez pas sortir dans la rue pour trouverun dixième homme qui complète <strong>le</strong> Minyan… La vie est tel<strong>le</strong>mentdifférente ! D’un autre côté, nous sommes la seu<strong>le</strong> référence juiveen Chine, aussi, dès lors qu’une personne sait que vous existez,el<strong>le</strong> saura vous trouver en cas de besoin.R.H. : Comment financez-vous vos activités ?S.F. : C’est très simp<strong>le</strong>, la plusgrande partie de notre budget provientdes touristes et des hommesd’affaires en transit. A Pékin, nousne recevons pas beaucoup de subventionsde la population loca<strong>le</strong>,contrairement à d’autres vil<strong>le</strong>s deChine.R.H. : Vous êtes à Paris depuisquelques jours… Quel<strong>le</strong>s sont vosimpressions sur <strong>le</strong>s institutions<strong>Loubavitch</strong> de Paris ?S.F. : C’est là une question bien diffici<strong>le</strong>…Mais certains points m’ontparticulièrement impressioné. Lecomp<strong>le</strong>xe <strong>Beth</strong> ‘Haya Mouchka [au49 rue Petit NDLR] tout d’abord,non seu<strong>le</strong>ment par sa tail<strong>le</strong>, maissurtout par <strong>le</strong>s moindres détails quiy ont été pensés, comme <strong>le</strong> type depeinture pour <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s de classes.Et puis, sa propreté est exemplaire:garder une si grande éco<strong>le</strong> avec seseffectifs dans un bon état est undéfi permanent, et pourtant c’est<strong>le</strong> cas !Il y a aussi une autre chose qui m’a énormément marquée: c’est<strong>le</strong> bureau <strong>du</strong> Rav Azimov à la rue Lamartine… Nous ne pouvonsmême pas qualifier cela de bureau, c’est plutôt un renfoncementdans un mur, avec deux simp<strong>le</strong>s chaises et une tab<strong>le</strong>!! Pourun Chalia’h qui compte parmi <strong>le</strong>s plus grands <strong>du</strong> mouvement<strong>Loubavitch</strong> dans <strong>le</strong> monde, cette simplicité est la marque d’uneauthenticité, une véritab<strong>le</strong> source d’inspiration.R.H. : Pour conclure, avez-vous une “chinoiserie” à nousraconter ?S.F. : Cette histoire remonte à l’année 2001… Un jeudi soir, jereçus un coup de fil de Rav Gurewitz de la Yéchiva de Brunoy, medemandant d’organiser un Chabbath pour un homme d’affairesfrançais, Monsieur A. Green. Je pris donc contact avec lui et jeréalisai qu’il s’apprêtait à passer Chabbath avec des amis surla Murail<strong>le</strong> de Chine. De toute évidence, il s’était organisé avecsoin : <strong>le</strong>s tentes, <strong>le</strong>s chauffages, des guides expérimentés…la seu<strong>le</strong> chose qui manquait était <strong>le</strong> Chabbath. Je lui proposaidonc d’apporter des ‘Halot et <strong>du</strong> vin à son hôtel.Mais ce Chabbath était déjà particulier, puisque l’un des plusgrands salons internationaux se tenait à Pékin et ma femme avaitcuisiné toute la semaine jusqu’au jeudi pour <strong>le</strong>s centaines d’invitésque nous attendions. Lorsque je lui ai dit qu’il fallait encored’autres ‘Halot, c’était vraiment un énorme effort pour el<strong>le</strong>…Vendredi matin, ma femme me tendit des ‘Halot toutes chaudesen disant: “Ces ‘Halot coûtent très cher !”. C’est vrai que je trouvaiscourageux de sa part de s’être remise aux fourneaux alorsqu’el<strong>le</strong> pensait avoir enfin terminé. Mais vous savez, <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>sdes femmes ont souvent un sens mystique !Quand je suis arrivé à l’hôtel, <strong>le</strong> sac de ‘Halot que je tendis à M.Green laissait s’échapper une odeur « chabbatique ». Nous noussommes mis à discuter longuement sur la vie à Pékin, <strong>le</strong> nombrede fidè<strong>le</strong>s <strong>le</strong> Chabbath, la nourriture cachère, l’éco<strong>le</strong> juive, etc…Puis M. Green me demanda quel<strong>le</strong>s étaient <strong>le</strong>s difficultés particulières.Je lui répondis alors que <strong>le</strong> Sefer Torah de la synagogue nenous appartenait pas et qu’il nous avait été prêté par une famil<strong>le</strong>d’Afrique <strong>du</strong> Sud. Il me lança tout simp<strong>le</strong>ment: “Dites à votrefemme que je vais lui payer <strong>le</strong>s ‘Halot avec un Sefer Torah!”. Parla suite, lors de l’inauguration, il put découvrir sur <strong>le</strong> manteauen velours <strong>du</strong> Sefer Torah une petite modification… au lieu d’yavoir brodé <strong>le</strong> dessin traditionnel des deux Tab<strong>le</strong>s de la Loi, nousl’avons changé par deux ‘Halot !Allumage de‘Hanouccah surla Grande Murail<strong>le</strong>Fin décembre 2005, sur la Murail<strong>le</strong> de Chine: CNN, New YorkTimes, CBS, BBC, Skynews etc... Aucune des plus grandeschaînes de télévision ni des prestigieux médias internationauxn’ont manqué à l’appel... Pourtant, cet attroupement n’était pasmotivé par la visite d’une personnalité politique, ni par un festivalinternational, mais plutôt par un événement qui a marquél’histoire d’un peup<strong>le</strong> fort d’une détermination inébranlab<strong>le</strong>et d’un courage exemplaire : ‘Hanouccah ou la victoire de lalumière sur <strong>le</strong>s ténèbres !Aussi, c’est en étroite collaboration avec l’Ambassade d’Israë<strong>le</strong>n Chine que <strong>le</strong> Rav Shimon Freundlich a organisé cet événementexceptionnel, afin qu’il soit retransmis dans <strong>le</strong> mondeentier... mais pas seu<strong>le</strong>ment! En effet, en célébrant cet allumagesur la Murail<strong>le</strong> de Chine, la plus grande structure architectura<strong>le</strong>construite par l’homme et seul monument terrestre visib<strong>le</strong>depuis la lune, libre à vous d’imaginer jusqu’où <strong>le</strong> messageuniversel des lumières de ‘Hanouccah a été porté…52 | 09-2008 || 09-2008 | 53


L O U B A V I T C H D A N S L E M O N D EUn Rabbin au village“ Rabbin officiel des Jeux Olympiques 2008 ”, tel est <strong>le</strong> nouveautitre dont <strong>le</strong> Rabbin Freundlich peut se prévaloir, promulguépar <strong>le</strong> Comité Olympique. Il faut y voir la marque d’un grandrespect pour tous <strong>le</strong>s juifs, spectateurs des JO d’une part,mais aussi et surtout pour <strong>le</strong>s délégations d’athlètes venusdes quatre coins <strong>du</strong> monde. Bien sûr, ce titre “ glorieux ” estassorti d’une batterie d’activités à mener à bien <strong>du</strong>rant ce moisd’été, presque aussi éprouvantes que <strong>le</strong>s diverses disciplinesolympiques !Faisons halte tout d’abordau village Olympique. Afind’accueillir la délégationisraélienne, une pose deMezouzot dans toutes <strong>le</strong>schambres a été organiséeen bonne et <strong>du</strong>e forme…Une protection, bien plusqu’un simp<strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> auxyeux des athlètes. PourTzvi Varshavyak , chefde la délégation, “ cettepose de Mezouzot est pournous une bénédiction pour laréussite de nos athlètes et une protection pour chacun d’entreeux <strong>du</strong>rant <strong>le</strong>s JO, mais aussi pour que nous soyons tous deretour en Israël, en bonne santé ”. Les médias ont relayé l’informationavec une curiosité toute particulière.“ Cette occasion unique de respectet de compréhension vis-à-vis<strong>du</strong> judaïsme ”Avez-vous enten<strong>du</strong> par<strong>le</strong>r de la SO ? Non ? Il s’agit tout simp<strong>le</strong>mentla Synagogue Olympique. Si ces JO vont inaugurercertaines nouveautés sur <strong>le</strong> plan de la compétition, c’est en faitdans <strong>le</strong> village Olympique que la véritab<strong>le</strong> originalité a été miseen place... Une Synagogue officiel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> village Olympique,voilà ce que <strong>le</strong> Rabbin Officiel a obtenu, à la plus grande joie dela délégation Israéliennequi, vraisemblab<strong>le</strong>ment,n’en attendait pas tant.L’inauguration <strong>du</strong> localavec la pose officiel<strong>le</strong>de la Mezouza fut vécuecomme un momentd’émotion intense pourtous <strong>le</strong>s participants, et particulièrementpar l’Ambassadeur d’Israël SonExcel<strong>le</strong>nce Amos Nadaï, qui se réjouitde “ cette occasion unique de respectet de compréhension vis-à-vis <strong>du</strong>judaïsme. Nos félicitations vont naturel<strong>le</strong>mentaux organisateurs, maisaussi au Rabbin Freundlich, qui parson énergie, redonne fierté et courageà notre peup<strong>le</strong> ! ”.Et puis, comment ne pas mentionner<strong>le</strong>s préparatifs qui ont démarrédéjà depuis plusieurs semaines pourl’approvisionnement <strong>du</strong> restaurantDini’s…? En effet, des tonnes deviandes et de denrées cachères ont été acheminées depuis <strong>le</strong>spays étrangers pour <strong>le</strong>s nombreux visiteurs atten<strong>du</strong>s à Pékincet été. Comme <strong>le</strong> déclara <strong>le</strong> Rabbin Frieundlich : “ Aujourd’hui,pour un touriste en Chine, manger Cacher ne dépendra plusde ce qu’il a ramené danssa valise avant de venir !Nous nous engageons àfournir un service de hautstanding, tant au niveaude la Cacheroute que dela qualité et de la disponibilité,et ce, ouvert24h/24. Une premièredans l’histoire des JO ! ”.54 | 09-2008 |


CLIMATISATION • MAINTENANCESiège : 12 bis , rue Soyer - 92200 Neuilly-sur-Seine • Agence : 39, rue de la Grange-aux-Bel<strong>le</strong>s - 75010 ParisTél. : 01 42 00 67 68 • Fax : 01 42 00 42 14S.A.R.L. Techniques Mondia<strong>le</strong>s au capital de 21 769,71 • RCS Nanterre B 412 639 916 00011 • APE : 516 JN° Identification TVA : FR 37 412 639 916


L O U B A V I T C H E N A C T I O NBoulogneUn <strong>Beth</strong> ‘Habad d’exceptionNa’houm Mendelson© Mendy BenhamouAu numéro 1 de la rue des longs prés à Boulogne, <strong>le</strong> petit portai<strong>le</strong>n fer forgé noir ne laisse en rien présager qu’un centre communautaireflambant neuf vient d’établir ses quartiers dans cettebel<strong>le</strong> demeure… Pourtant, en pénétrant dans <strong>le</strong> bâtiment, noussommes immédiatement saisis par l’élégance des lieux et l’ambianceintime qu’il y règne.Le mobilier, la décoration, l’éclairage et <strong>le</strong>s finitions ne sont pasuniquement dignes de ce quartier huppé de Boulogne, mais<strong>le</strong> fruit évident d’un travail soigné et minutieux. Par goût pourl’aménagement intérieur ? “ Sûrement pas ! ” car <strong>le</strong> maître demaison, Monsieur Mordé’hai Sojcher, m’avoue que <strong>le</strong> designn’est pas sa passion... “ Ici, c’est une tout autre motivation quinous anime. Nous nous devons d’être irréprochab<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> fond,bien enten<strong>du</strong>, mais aussi sur la forme, puisque c’est ce qui estperçu en premier et qui permet de créer une certaine ambiancede confort et de cha<strong>le</strong>ur. ”D’ail<strong>le</strong>urs, rien n’est laissé au hasard, comme en témoigne cedépliant <strong>du</strong> Centre Aéré Gan Israël, où <strong>le</strong>s résultats d’une étudede satisfaction font état de critères qualitatifs dignes d’un grandinstitut de sondage: l’encadrement, la nourriture, <strong>le</strong>s activités, <strong>le</strong>sdémarches entreprises ainsi que <strong>le</strong> plan d’action. Certes, nousne sommes pas dans une multinationa<strong>le</strong>, mais au <strong>Beth</strong> Habad deBoulogne, la gestion n’est pas prise à la légère, même cel<strong>le</strong> d’uneinterview pour notre <strong>magazine</strong>, préparée avec <strong>le</strong> plus grand soinpar son directeur.58 | 09-2008 | | 09-2008 | 59


L O U B A V I T C H E N A C T I O NRencontres ‘Habad : Laquestion peut paraîtrebana<strong>le</strong>, mais commentfait-on pour parvenir àun tel aboutissement ?Une maison entièrementréhabilitée de 430m², en p<strong>le</strong>in cœur deBoulogne…Monsieur Mordé’haïSojcher : Il est très diffici<strong>le</strong>de répondre à cettequestion, car en fait, nousn’avions pas de plan dedéveloppement précis enterme de surface ou delocal. Toutefois, si une chose est bien certaine dans cette histoire,c’est que notre chemin est guidé par la Providence Divine etjalonné des bénédictions <strong>du</strong> Rabbi de <strong>Loubavitch</strong>.Cela fait maintenant 28 années que nous avons commencé lapremière activité et que nous sommes là !R.H. : 28 ans de travail communautaire…M.S. : …Oui ! 28 années au sein de la communauté.Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une simp<strong>le</strong> collaboration,nous oeuvrons en véritab<strong>le</strong> harmonieavec la communauté de Boulogne, son PrésidentMonsieur Robert Ejnes et <strong>le</strong> Rabbin MonsieurHaï Bellahsen, qui nous soutiennent dans notreengagement et avec qui nous développons <strong>le</strong>sprogrammes et <strong>le</strong>s activités. Je pense que <strong>le</strong>succès n’est jamais <strong>le</strong> résultat d’une seu<strong>le</strong> personneou d’un seul mouvement, mais la victoired’une équipe ; cette équipe, c’est cel<strong>le</strong> dela communauté au service de la communauté.Par ail<strong>le</strong>urs il est important de mentionner l’importanttravail réalisé avec la collaboration de mon filsMichaël depuis huit ans pour <strong>le</strong> développement et<strong>le</strong> perfectionnement de nos activités.R.H. : Vous revenez beaucoup sur cet esprit de service communautaire,c’est semb<strong>le</strong>-t-il une préoccupation majeure pourvous ?M.S. : Cela paraît évident, mais lorsqu’on animeun projet communautaire, il faut sans cessese tourner vers el<strong>le</strong> pour répondre au mieux àses attentes! Et puis <strong>le</strong>s chiffres par<strong>le</strong>nt d’euxmêmes…Chaque fois que nous avons interrogé<strong>le</strong>s membres de la communauté pour essayer devoir comment nous améliorer et que nous avonstenu compte de ces remarques, <strong>le</strong>s résultats sontnettement meil<strong>le</strong>urs.R.H. : Par exemp<strong>le</strong>, dans quel domaine ?M.S. : Parlons <strong>du</strong> centre aéré, qui n’est pas seu<strong>le</strong>mentun centre d’animation pour <strong>le</strong>s enfants, maisaussi souvent <strong>le</strong> premier contact qu’une famil<strong>le</strong>établit avec <strong>le</strong> judaïsme. C’est à travers cetteexpérience que se joue la suite de l’é<strong>du</strong>cation del’enfant et pour certains, <strong>le</strong> rapprochement avec la synagogue. Sice premier contact s’est avéré satisfaisant, nous avons beaucoupplus de chances de pouvoir un jour visiter cette personne pourplacer une Mezouza à la porte de sa maison ou l’inviter à unoffice <strong>du</strong> Chabbath.Nous devons donc nous placer dansune logique et une démarche de qualité.Une année, nous avons observé unebaisse de satisfaction quant à la nourriture<strong>du</strong> centre aéré… Ce domainen’est certes, pas vraiment “spirituel”,mais nous ne pouvions pas laisserrentrer à la maison des enfants quiavaient faim. Nous avons donc regardéavec toute l’équipe ce qui devait êtrefait, en concertation avec l’éminentnutritionniste Dr Jean-MIchel Cohendont nous avons suivi <strong>le</strong>s conseils, et<strong>le</strong>s résultats n’ont pas tardé à être aurendez-vous.L’année suivante, <strong>le</strong> nombre d’inscriptions ainsi que l’indice desatisfaction ont nettement augmenté. Cette année, nous avonsatteint <strong>le</strong> taux de capacité d’accueil maximal, avec 280 enfantsinscrits. Comme quoi, la nourriture, c’est aussi une affaired’âme !R.H. : Vous semb<strong>le</strong>z à la recherche constante d’innovations…M.S. : C’est vrai, nous recherchons sans cesse de nouvel<strong>le</strong>s idéeset des animations adaptées pour chacun. Pour poursuivre avec <strong>le</strong>Centre aéré, nous avons organisé cette année de nouvel<strong>le</strong>s activitéspour <strong>le</strong>s pré-ado<strong>le</strong>scents, comme <strong>le</strong>s ateliers de conceptionet de lancement de micro-fusées, en coopération avec <strong>le</strong> centreaérospatial <strong>du</strong> Bourget et <strong>le</strong> CNES (Centre National d’EtudeSpatia<strong>le</strong>). Le succès ne s’est pas fait attendre, plus de 30 adosont rejoint <strong>le</strong> programme lors de sa première édition !De plus, nous avons l’agrément “Jeunesse et Sport” et toutel’équipe d’animation porte donc une attention particulière auxquestions de sécurité et d’hygiène. Cela fait de notre centre aéréune vitrine pour toute l’année, <strong>le</strong>s gens veu<strong>le</strong>nt revenir après<strong>le</strong> mois de juil<strong>le</strong>t pour étudier la Torah et prier. Notre missionpremière est avant tout de transmettre la flamme <strong>du</strong> Judaïsmeà nos enfants.R.H. : Vous organisez donc des cours toute l’année ?M.S. : Bien sûr, mais nous ne cherchons pas seu<strong>le</strong>ment à dispenserun cours pendant une heure ou deux, nous voulons surtoutéveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s gens au Judaïsme et <strong>le</strong>s sensibiliser à ses va<strong>le</strong>urs.Nous voulons que la personnequi vient mêmeoccasionnel<strong>le</strong>ment, sesente à l’aise et vive uneexpérience cha<strong>le</strong>ureuseet enrichissante sur <strong>le</strong>plan humain, mais aussiqu’el<strong>le</strong> soit interpellée auniveau intel<strong>le</strong>ctuel.Le cours est en quelquesorte une inspiration et unsouff<strong>le</strong> pour la semaine.Pour cela, nous avonsmis en place une équipe60 | 09-2008 | | 09-2008 | 61


L O U B A V I T C H E N A C T I O NR.H. : Parlons maintenant de l’atelier de chora<strong>le</strong> et de comédiemusica<strong>le</strong> que vous avez monté pour <strong>le</strong>s enfants. Quel en est <strong>le</strong>but ?M.S. : Nous sommes convaincus que <strong>le</strong>s enfants qui exploitent<strong>le</strong>urs ta<strong>le</strong>nts artistiques et sont capab<strong>le</strong>s de s’exprimer de façonpositive sont beaucoup plus épanouis. En cela, l’art musical estun vecteur très fort. Nous programmons depuis quelques annéesune soirée musica<strong>le</strong> à l’auditorium de Boulogne et <strong>le</strong> succès decet événement nous a conforté dans l’idée selon laquel<strong>le</strong> nousaimerions voir prochainement <strong>le</strong>s enfants de Boulogne monter surcette scène !Cette initiative qui se dérou<strong>le</strong> enpartenariat avec <strong>le</strong> groupe C&Ode Monsieur Yossef Brami. esttrès positive pour <strong>le</strong> momentet nous espérons que d’autresenfants vont encore s’y associer; c’est une expériencevraiment enrichissante, d’autantplus qu’el<strong>le</strong> n’est pas uniquementencadrée par des volontairesmais aussi des professionnels.R.H. : Au fait, comment votre aventure a-t-el<strong>le</strong> commencé ici ?M.S. : Originaire de la région, j’ai <strong>le</strong> souvenir d’avoir toujoursparticipé à l’action communautaire. Quand je me suis mariéet que j’ai décidé de m’instal<strong>le</strong>r à Boulogne, mon appartementse trouvait assez loin de la synagogue. J’ai pris conscienceque <strong>le</strong> problème de la distance était un véritab<strong>le</strong> frein pourbeaucoup de personnes, surtout concernant <strong>le</strong>s prières <strong>du</strong>vendredi soir. En concertation avec la synagogue, j’ai démarréun Minyan à la maison.Peu après, il a fallu trouver unlocal, où nous sommes restéspendant de très plusieuresannées. Mais de toute évidence, lacentaine de mètres carrés dontnous disposions était vouée às’étendre ! >composée de Rav Binyamin Lévi et Rav Michaël Sojcher mon fils,ayant vocation à préparer des cours alliant réf<strong>le</strong>xion profonde etpédagogie.R.H. : Selon notre petite enquête, vos cours rencontrent un francsuccès… A quoi pouvez-vous l’attribuer ?M.S. : Nous avons pour but d’instruiremais aussi de fournir <strong>le</strong>s clésde l’enseignement. Lorsqu’unepersonne suit un cours, el<strong>le</strong> doit parla suite avoir un bagage minimumqui lui permettra d’acquérir unecertaine autonomie dans l’étude.Chez nous, cette démarche de transmissionest très importante et vraimentdynamisante. Quand vous al<strong>le</strong>zapprendre une page de Guemara, nousallons travail<strong>le</strong>r pour retracer <strong>le</strong> parcours comp<strong>le</strong>t de la loi, depuisson origine biblique jusqu’à sa pratique moderne.R.H. : Vous offrez donc la perspective d’une évolution quantitative,même dans l’étude ?M.S. : Je pense que de nos jours, tout ne doitpas être obligatoirement chiffré, mais permettreà quelqu’un de mesurer son évolution dansl’étude, c’est <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur moyen de lui donnerenvie d’apprendre davantage. C’est pour celaque nous ne nous limitons pas au cerc<strong>le</strong> <strong>du</strong><strong>Beth</strong> HaMidrach pour donner des cours, maisorganisons aussi des “Lunch & Learn” dont<strong>le</strong> principe est d’étudier pendant la pausedéjeuner, et que nous avons aussi un programmed’étude dans des bureaux, pour<strong>le</strong>s personnes qui n’ont pas beaucoup detemps pour venir ici.R.H. : Parmi l’éventail de toutesvos activités figure aussi un siteinternet très particulier, www.mazal-mazal.com, c’est quoi ?M.S. : Bien que beaucoup de sites de rencontres juifs f<strong>le</strong>urissentaujourd’hui sur internet, cela fait plusieurs années que nousavons créé ce site. Pour s’y inscrire, il faut avoir un parrain, c’està-direune personne qui vous connaît et qui peut servir de relaisentre vous qui cherchez et <strong>le</strong>s personnes que seriez susceptib<strong>le</strong>sde rencontrer. Nous avons beaucoup d’inscrits sur <strong>le</strong> site, ce quinous encourage à <strong>le</strong> dynamiser et <strong>le</strong> rendre encore plus moderneet attractif.R.H. : Un Mikvé est éga<strong>le</strong>ment en cours de construction ?M.S. : Effectivement, nous sommes dans la phase fina<strong>le</strong> destravaux <strong>du</strong> Mikvé. Nous avons travaillé très <strong>du</strong>r avec des équipesd’experts afin de faire de ce Mikvé un gage de qualité tant auniveau de la Cacheroute, irréprochab<strong>le</strong>, que de la qualité de sonaccueil. Nous tenons vraiment à ce que ce soit un lieu propre etagréab<strong>le</strong>.62 | 09-2008 | | 09-2008 | 63


L O U B A V I T C H E N A C T I O NR.H. : Comment avez-vous trouvé un tel local ? Une maison de430 m² ?M.S. : En réalité, nous avons suivi <strong>le</strong>s voies de la ProvidenceDivine! Nous savions que ce lieu était désaffecté depuis longtempset qu’el<strong>le</strong> avait été utilisée en tant qu’hôpital privé dans <strong>le</strong>passé. Au début, la famil<strong>le</strong> ne voulait donc la revendre que pourune cause qui servirait <strong>le</strong> domaine de la santé. Après discussions,<strong>le</strong>s propriétaires ont admis que nous travaillons aussi dans <strong>le</strong>domaine de la santé spirituel<strong>le</strong> et que nous allons donc poursuivre<strong>le</strong>ur but... Mais c’est dans un état de délabrement avancé quenous avons investi l’endroit, il a fallu tout recommencer à zéro,casser, démolir, bâtir, même dans <strong>le</strong>s fondations ; ce fut unimmense défi !R.H. : Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s prochaines activités communautaires auprogramme de cette nouvel<strong>le</strong> rentrée ?M.S. : Nous sommes en train de développer un projet pratiquequi consisterait à créer une chaine humaine de solidarité communautaire.Le principe est simp<strong>le</strong>: démultiplier <strong>le</strong>s efforts dechacun pour pouvoir aider un maximum de gens. Imaginez que10 personnes résidant dans 10 rues différentes s’engagent àrendre visite aux autres Juifs dans <strong>le</strong>ur rue, ce serait déjà 10 ruesentières visitées. Bien enten<strong>du</strong>, il faut former <strong>le</strong>s gens à cet effetet <strong>le</strong>ur donner <strong>le</strong>s moyens d’orienter <strong>le</strong>s demandes spécifiques.C’est un projet auquel nous croyons et je suis certain que quan<strong>du</strong>ne personne reçoit chez el<strong>le</strong> un ami qui lui par<strong>le</strong> de judaïsme,el<strong>le</strong> saura apprécier.PortraitRav Michaël SojcherAgé de 29 ans, marié et père de quatre enfants, Michaël est <strong>le</strong> Rabbinde la Synagogue <strong>du</strong> <strong>Beth</strong> ‘Habad.Diplômé par <strong>le</strong> prestigieux Dayan de Strasbourg, Rav Sch<strong>le</strong>singer,il est amené à répondre et à aider la communauté dans sondéveloppement spirituel.Ses préoccupations majeures sont axées autour des activités pour lajeunesse et <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s de Boulogne.“ Momento Café - Torah ”Torah et designLa visite des lieux ne laisse planeraucun doute: design et synagoguefont bon ménage! A Boulogne, ilva sans dire que <strong>le</strong> mariage de latradition et de la modernité estréussi... Mais pourquoi avoirune tel<strong>le</strong> orientation ?Michaël Sojcher répond sansdétour: “ Nous avons remarqué que souvent, siquelqu’un ne se sent pas comme à la maison en terme de confortet d’accueil. L’objectif est donc simp<strong>le</strong>, chacun doit y trouver soncompte et si cela doit passer par un certain confort matériel, nousR.H. : Comment arrivez-vous à financer toutes ces activités etvotre local ?M.S. : Il n’y a pas secret, c’est un travail au quotidien. Je profitede cette tribune pour remercier <strong>le</strong>s généreux donateurs qui fontde <strong>le</strong>ur mieux pour soutenir et subvenir à toutes <strong>le</strong>s activités <strong>du</strong><strong>Beth</strong> ‘Habad. Le dévouement des amis <strong>du</strong> <strong>Beth</strong> ‘Habad est vraimentremarquab<strong>le</strong>… C’est pour nous la meil<strong>le</strong>ure preuve que nosefforts sont reconnus et appréciés.R.H. : Nous vous souhaitons que votre local soit bien vite troppetit !N.M.Le concept est simp<strong>le</strong> et audacieux: chaque jeudi matin de 9hà 10h chez Momento Café, un petit déjeuner est animé autourd’une réf<strong>le</strong>xion sur un thème de la Paracha de la semaine. Lagrande innovation est incontestab<strong>le</strong>ment l’approche de cetteétude, qui vise à orienter un sujet de la section hebdomadaire dela Torah, pour en développer <strong>le</strong> côté indivi<strong>du</strong>el et <strong>le</strong> rapprocherdes préoccupations quotidiennes des participants, avec uneconclusion d’un sty<strong>le</strong> “Torah Coaching” ou <strong>le</strong> développementpersonnel grâce à l’outil de la Torah.Tel<strong>le</strong> est l’aventure lancée depuis 8 ans, une véritab<strong>le</strong> réussite!Chaque semaine, ce sont près de quarante personnes qui font <strong>le</strong>choix d’al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r une heure plus tard que d’habitude, afin dese ressourcer auprès d’un enseignement des plus actuels! Plusde 300 personnes ont déjà participé à ce programme original.devons abonder dans cette voie. Ce n’est pas pour rien que dans<strong>le</strong> Temp<strong>le</strong> de Jérusa<strong>le</strong>m, <strong>le</strong>s matériaux utilisés étaient de la plushaute qualité, c’est de l’importance que nous donnons à la Mitsvadont il s’agit ! ”.Apparemment, <strong>le</strong> message est passé… Le Rabbin peut constaterfièrement que l’on se plaît à venir au <strong>Beth</strong> ‘Habad de Boulogne etque l’on n’y vient jamais seul! En effet, c’est toujours accompagnéd’un ami à qui l’on souhaite faire découvrir la synagogue, que<strong>le</strong>s fidè<strong>le</strong>s se rendent “ à la maison ” semaine après semaine !64 | 09-2008 | | 09-2008 | 65


PRESTATIONHAUT DE GAMMERENOMMÉEPASSMANLe spécialiste del’Internet en libre servicedans l’hôtel<strong>le</strong>rie depuis 1995EXPÉRIENCEPOUR CONNECTER NOS CLIENTS,NOUS AVONSCHOISI LE LEADER,NOUS AVONS CHOISIPASSMANWI-FIBUSINESS CENTERBORNE INTERNETSOLUTION GLOBALEPROFESSIONNALISMELe Plaza Athénée s’est équipé d’un Business Center Passman il y a2 ans et nous en sommes très satisfaits.Nos clients sont heureux de trouver ce service dans notre l’hôtelcar cela <strong>le</strong>ur permet de pouvoir se connecter à Internet etd’utiliser <strong>le</strong>s logiciels de bureautique lorsqu’ils n’ont pas <strong>le</strong>urordinateur portab<strong>le</strong> avec eux. L’hôtel apprécie particulièrementla disponibilité et la réactivité de l’équipe Passman, tant et performante et correpond parfaitement aux attentes quepeut espérer un hôtel de standing comme <strong>le</strong> Plaza Athénée.Nous vous recommandons Passman.ALINE LE BRETON,RESPONSABLE BUSINESS CENTER DU PLAZA ATHÉNÉEN O U S V O U S A C C O M P A G N O N S D A N STOUS LES PROJETSDE CONNECTIVITÉD E V O T R E H Ô T E LLes chambres des clients, sal<strong>le</strong>s de séminaires, dans <strong>le</strong>s parties communesPlus de 3500 clientsen France et en Europewww.passman.frmarketing@passman.frPassman - SA au capital de 479 210 € - RC B 402 091 722 / APE 518 G• PALAIS DES CONGRÈS •2, PLACE DE LA PORTE MAILLOT75017 PARIS01 40 68 20 63• 75, AVENUE DES TERNES •75017 PARIS01 45 74 58 54


Z O O MS U R L E C A L E N D R I E RMois de Tichri30 septembre / 1 er TichriCréation d’Adam et EveLe 1er Tichri, sixième jour de la création, D-ieu dit: “Faisonsl’homme à Notre image, à Notre ressemblance et qu’il domine<strong>le</strong>s poissons de la mer et <strong>le</strong>s oiseaux <strong>du</strong> ciel et sur <strong>le</strong> bétail etsur toute la terre…” (Genèse 1:26). “D-ieu façonna l’homme,poussière <strong>du</strong> sol, Il insuffla dans ses narines un souff<strong>le</strong> de vie; etl’homme devint une âme vivante” (2:7). Puis D-ieu <strong>le</strong> plaça dans<strong>le</strong> jardin d’Eden et créa la femme à partir de la côte d’Adam,tandis qu’Il fit tomber un profond sommeil sur lui.Sacrifice d’Its’hak (-1677)L’ultime épreuve de foi d’Avraham - la préparation de son filsIts’hak en vue <strong>du</strong> sacrifice que lui avait ordonné D-ieu - se pro<strong>du</strong>isit<strong>le</strong> 1er Tichri de l’année 2084 de la création (-1677). Le récitde cet épisode est lu à la synagogue <strong>le</strong> deuxième jour de RochHachana et nous est rappelé par la sonnerie <strong>du</strong> Chofar - unecorne de bélier - en souvenir de cet animal qui fut sacrifié à laplace d’Its’hak, lorsqu’un ange révéla qu’il s’agissait en réalitéd’un test. Le jour <strong>du</strong> sacrifice d’Its’hak, sa mère Sarah, décéda àl’âge de 127 ans; el<strong>le</strong> fut enterrée par la suite dans la grotte deMa’hpela, à Hebron.Une vision <strong>du</strong> Machia’h par <strong>le</strong> Baal Chem Tov (1746)Dans une <strong>le</strong>ttre adressée à son beau-frère, Rav Guershon Kitover,<strong>le</strong> Baal Chem Tov décrit: “En ce jour de Roch Hachana 5507, monâme “s’est é<strong>le</strong>vée”, de la manière dont tu sais… j’ai gravi, niveauaprès niveau jusqu’à atteindre l’antichambre <strong>du</strong> Machia’h… J’aialors demandé au Machia’h: “Quand <strong>le</strong> Maître viendra-t-il?” Etlui de répliquer: “Lorsque tes enseignements seront diffusés etdévoilés dans <strong>le</strong> monde, et que tes sources se répandront à l’extérieur…”(Kéter Chem Tov 1:1).2 Octobre / 3 TichriAssassinat de Guedalia (-423)Le 3 Tichri est un jour de jeûne et de deuil commémorant <strong>le</strong>meurtre de Guedalia Ben A’hikam, gouverneur de la Terre d’Israël<strong>du</strong>rant la courte période qui suivit la destruction <strong>du</strong> PremierTemp<strong>le</strong>. Le massacre de Guedalia marqua la fin de la résistancedes derniers occupants de la communauté juive qui subsistaientPremière faute, première Techouva...Le jour même de sa création, l’homme commit <strong>le</strong> premierpéché de l’histoire, en transgressant <strong>le</strong> commandement Divin<strong>le</strong> défendant de manger de “l’arbre de la connaissance <strong>du</strong> bienet <strong>du</strong> mal”. Adam et Eve furent alors bannis <strong>du</strong> jardin d’Eden etl’humanité condamnée au travail, à la fatalité de la mort, ainsiqu’à la confusion mora<strong>le</strong>. Mais ce jour-là éga<strong>le</strong>ment, l’homme etla femme regrettèrent <strong>le</strong>ur faute et intro<strong>du</strong>isirent ainsi <strong>le</strong> conceptsalvateur de la Techouva (“retour”).Troisième mission de la colombe (-2105)Le 1er Tichri, éga<strong>le</strong>ment 307ème jour <strong>du</strong> déluge, Noé renvoya lacolombe de l’arche, pour la troisième fois. En constatant que cel<strong>le</strong>-cine revint plus, Noé conclut que <strong>le</strong>s eaux <strong>du</strong> déluge s’étaientretirées de la terre. En ce jour, Noé ôta <strong>le</strong> toit de l’arche; mêmes’il y resta encore avec sa famil<strong>le</strong> et tous <strong>le</strong>s animaux pendant57 jours, jusqu’au 27 ‘Hechvane - attendant que la surface de laterre soit complètement sèche. D-ieu <strong>le</strong>ur ordonna alors de sortirde l’arche et de repeup<strong>le</strong>r <strong>le</strong> monde.en Terre Sainte après la destruction, et qui se réfugièrent enEgypte. (Selon de nombreuses opinions, Guedalia fut tué <strong>le</strong> jourde Roch Hachana, mais la commémoration de cet incident futreportée au <strong>le</strong>ndemain de la fête.)La Rabbanit Devorah Léa (1792)Fil<strong>le</strong> de Rabbi Chneour Zalman de Lyadi et mère <strong>du</strong> Tsema’hTsedek (troisième Rabbi de <strong>Loubavitch</strong>), la Rabbanit Devorah Léadécéda à cette date, trois jours après <strong>le</strong> troisième anniversaire deson jeune fils.68 | 09-2008 | | 09-2008 | 69


Z O O M S U R L E C A L E N D R I E R4 Octobre / 5 TichriLe martyr de Rabbi Akiva (134)L’éminent Maître de la Michna, Rabbi Akiva, fut capturé par <strong>le</strong>sRomains <strong>le</strong> 5 Tichri 3894. Le vibrant poème de “E<strong>le</strong>h Ezkarah”de la liturgie de Yom Kippour évoque <strong>le</strong>s terrib<strong>le</strong>s tortures qu’i<strong>le</strong>n<strong>du</strong>ra par la suite et son exécution cruel<strong>le</strong>.5 Octobre / 6 TichriLa Rabbanit ‘Hanna Schneersohn (1964)Le 6 Tichri marque l’anniversaire de la disparition de laRabbanit ‘Hanna Schneersohn (1879 - 1964), mère <strong>du</strong> Rabbi de<strong>Loubavitch</strong>.7 Octobre / 8 TichriInauguration <strong>du</strong> Temp<strong>le</strong> (-832)Les 14 jours de festivités, célébrant et inaugurant <strong>le</strong> Temp<strong>le</strong> deJérusa<strong>le</strong>m achevé par <strong>le</strong> Roi Salomon, débutèrent <strong>le</strong> 8 Tichri2928. Le Temp<strong>le</strong> fut au coeur de la vie spirituel<strong>le</strong> <strong>du</strong> Peup<strong>le</strong> Juif<strong>du</strong>rant 410 ans, jusqu’à sa destruction par <strong>le</strong>s Babyloniens enl’an -422.9 Octobre / 10 TichriNaissance de Rivka (-1677)Naissance de Rivka, l’une des quatre Mères <strong>du</strong> Peup<strong>le</strong> Juif etépouse <strong>du</strong> Patriarche Its’hak, qui donna naissance à Yaakov etEsav.Les deuxièmes Tab<strong>le</strong>s de la Loi ; <strong>le</strong> jour <strong>du</strong> GrandPardon (-1313)Au 10 Tichri de l’an 2449, cela fait déjà 82 jours que <strong>le</strong>s enfantsd’Israël ont brisé l’alliance nouvel<strong>le</strong>ment conclue avec D-ieu enfaçonnant <strong>le</strong> veau d’or, et que Moïse est resté deux fois quarantejours au sommet <strong>du</strong> Mont Sinaï à implorer la miséricorde divineen <strong>le</strong>ur faveur. Fina<strong>le</strong>ment, c’est à cette date que “D-ieu fut apaiséenvers Israël avec joie et d’un coeur entier, et Il dit à Moïse:“J’ai pardonné”, Il lui confia alors <strong>le</strong>s dernières Tab<strong>le</strong>s”. Depuis,ce jour a été fixé comme un moment d’expiation, de pardon et deTechouva pour toutes <strong>le</strong>s générations.11 Octobre / 12 TichriRabbi Avraham “l’Ange” (1776)Le 12 Tichri commémore l’anniversaire de la disparition de RabbiAvraham (1740-1776), fils <strong>du</strong> Maguid de Mezeritch et compagnond‘étude de Rabbi Chneour Zalman de Lyadi; il fut connusous <strong>le</strong> nom de “Rabbi Avraham l’Ange”, tant il brillait par sasainteté et son ascétisme.12 Octobre / 13 TichriRabbi Maharach (1882)Né dans la vil<strong>le</strong> de <strong>Loubavitch</strong> <strong>le</strong> 2 Iyar 5594 (1834), <strong>le</strong> quatrièmeRabbi de la dynastie <strong>Loubavitch</strong>, Rabbi Chmouel Schneersohn,dénommé aussi “Maharach” (l’acronyme des termes hébraïques“notre Maître Rabbi Chmouel”) décéda <strong>le</strong> 13 Tichri 5643 (1882),à l’âge de 48 ans. Son père et prédécesseur était <strong>le</strong> RabbiMenahem Mendel (1789-1866). Bien que dernier d’une fratrie desept garçons, ce fut Rabbi Chmouel que l’on choisit pour succéderà son père à la tête des ‘hassidim ‘Habad, lorsque ce dernierdisparut en 1866 (quatre de ses frères établirent quant à eux desramifications <strong>du</strong> mouvement <strong>Loubavitch</strong> dans d’autres vil<strong>le</strong>s deRussie blanche ainsi qu’en Ukraine).En plus d’avoir écrit et prononcé plus de 1000 discours d’enseignements‘hassidiques (maamarim), Rabbi Chmouel s’impliquaconsidérab<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s affaires communautaires juives;il voyagea à travers toute l’Europe en quête de soutien et demoyens de pression sur <strong>le</strong> régime tsariste pour qu’il cesse <strong>le</strong>spogroms à l’encontre des Juifs de Russie.24 Octobre / 25 TichriRabbi Lévi Its’hak de Berditchev (1810)Cette date marque la disparition de l’un des Maîtres <strong>le</strong>s pluséminents <strong>du</strong> ‘hassidisme, Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev (1740- 1810). Proche discip<strong>le</strong> <strong>du</strong> second chef de fi<strong>le</strong> <strong>du</strong> mouvement‘hassidique, Rabbi DovBer, <strong>le</strong> Maguid de Mezeritch, il s’illustrapour son amour inconditionnel envers chaque Juif, ainsi que pourses plaidoyers passionnés en <strong>le</strong>ur faveur devant D-ieu, qui luivalurent <strong>le</strong> surnom “d’avocat <strong>du</strong> Peup<strong>le</strong> Juif”.28 Octobre / 29 TichriRabbi Don Its’hak Abravanel (1508)C’est <strong>le</strong> jour anniversaire de la disparition de Rabbi Don Its’hakAbravanel (1437 - 1508), l’un des notab<strong>le</strong>s de la communautéjuive espagno<strong>le</strong>, à l’époque de son expulsion en 1492. Bienque ministre à la cour <strong>du</strong> Roi (après avoir été employé en tantque trésorier <strong>du</strong> Roi <strong>du</strong> Portugal), il choisit plutôt de suivre sesfrères en exil. Il entreprit la rédaction de son vaste et prestigieuxcommentaire sur la Torah en 1503, à Venise (où il fut fina<strong>le</strong>mentpublié en 1579).70 | 09-2008 | | 09-2008 | 71


C H R O N I Q U ERendez-vous avec <strong>le</strong> temps...Un roi voyageait un jour dans <strong>le</strong> désert avec son fils.Bien enten<strong>du</strong>, un imposant convoi <strong>le</strong>s escortait :ministres, gardes, intendants et serviteurs setenaient à l’affût pour servir <strong>le</strong>ur maître et exaucerses moindres désirs. Soudain, la processions’arrêta. Le fils <strong>du</strong> roi formula une requête : “ Del’eau ”, demanda <strong>le</strong> prince. “ Je veux de l’eau ”.Le roi convoqua <strong>le</strong>s membres de son cabinetafin de trouver une solution. “ Mon fils a soif ”dit-il à ses ministres. “ Mais comment obtenir del’eau dans <strong>le</strong> désert ? ”Après maintes délibérations, deux solutions furentproposées : “ Je pourrais dépêcher mes dix cavaliersd’élite sur mes dix montures <strong>le</strong>s plus rapides ”, suggéra<strong>le</strong> commandant de la cava<strong>le</strong>rie roya<strong>le</strong>.“ Ils voyageraient jusqu’au point d’eau <strong>le</strong> plus procheet rempliraient <strong>le</strong>urs jarres. En moins d’une heure,il y aurait de l’eau pour <strong>le</strong> prince. ”“ Il n’est jamais troptard. Il y a toujours unedeuxième chance. ”“ Je pourrais mettre mes hommes àl’oeuvre ”, proposa à son tour <strong>le</strong> chef des unitésd’ingénierie roya<strong>le</strong>. “ Ils monteraient une grue et creuseraientun puits ici-même, à l’endroit où nous avons fait halte. Avant que lanuit ne tombe, il y aurait de l’eau pour <strong>le</strong> prince. ” Le roi opta fina<strong>le</strong>mentpour la deuxième proposition. Les ingénieurs se mirent aussitôtau travail, forant un puits à travers <strong>le</strong> sab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s roches <strong>du</strong> désert.C’est ainsi qu’en fin de journée, ils atteignirent un gisement d’eau et<strong>le</strong> jeune homme put se désaltérer.Ayant fini de boire, <strong>le</strong> prince interrogea sonpère : “ Pourquoi avoir dérangé des hommeset creusé un puits dans <strong>le</strong> désert ? Aprèstout, nous aurions pu obtenir de l’eaupar d’autres moyens bien plus rapides etfaci<strong>le</strong>s... ”“ En effet mon enfant ”, répliqua <strong>le</strong> roi.“ Te voici aujourd’hui dans une situationconfortab<strong>le</strong>. Mais il se peut qu’un jour, dansun lointain futur, tu sois amené à emprunterde nouveau cette route. Tu te trouveras peut-êtreseul, sans <strong>le</strong>s pouvoirs et <strong>le</strong>s privilèges dont tu jouisactuel<strong>le</strong>ment. A ce moment-là, <strong>le</strong> puits que nous avonscreusé aujourd’hui sera là pour étancher ta soif. ”“ Mais père ”, s’exclama <strong>le</strong> prince, “ dans quelquesannées, <strong>le</strong> temps et <strong>le</strong>s sab<strong>le</strong>s aurontrecouvert <strong>le</strong> puits et la source d’eau quis’y trouve et effacé toute trace de sonsouvenir! ”“ Mon fils ” acquiesça <strong>le</strong> roi “ tu as parléavec sagesse et prévoyance. Voici donc ceque nous devons faire : nous allons marquerl’emplacement de ce puits sur des cartes, quenous préserverons des ravages <strong>du</strong> temps. Dèslors que tu reconnaîtras l’endroit exact où <strong>le</strong> puits aété creusé, tu pourras <strong>le</strong> rouvrir en un minimum d’effort et detemps. ”“ Nous procéderons ainsi à chaque étape de notre périp<strong>le</strong> ”, établit <strong>le</strong>roi. “ Nous creuserons des puits et noterons <strong>le</strong>urs positions sur noscartes. Nous retiendrons aussi <strong>le</strong>s caractéristiques particulières dechacun et la meil<strong>le</strong>ure façon de <strong>le</strong>s rouvrir. Ainsi, peu importent <strong>le</strong>scirconstances, lorsque tu parcourras ce chemin, tu seras en mesurede puiser l’eau qui t’abreuvera tout au long de ta traversée. ”Dans <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier juif, la Torah fait référence aux fêtes en tant que“ moadim - des moments convenus ”, mais aussi en tant que “ mikraeikodech - <strong>le</strong>s appels de sainteté ”. “ Voici <strong>le</strong>s fêtes de l’Eternel ”, énonce<strong>le</strong> verset par <strong>le</strong>quel la Torah intro<strong>du</strong>it la liste des fêtes dans <strong>le</strong> Lévitique,“ <strong>le</strong>s appels de sainteté, que vous désignerez dans <strong>le</strong>ur temps ”(Lévitique 23:4). Une fête juive est donc un rendez-vous avec <strong>le</strong> passé,une rencontre avec un événement et un phénomène de notre histoire.C’est pour nous l’opportunité de révé<strong>le</strong>r la sainteté particulière de cejour, de faire jaillir <strong>le</strong>s ressources spirituel<strong>le</strong>s qu’il décè<strong>le</strong>.Chaque fête marque une étape de notre voyage à travers <strong>le</strong> temps, pour<strong>le</strong>quel notre Père, qui nous a accompagné dans nos premiers pas entant que peup<strong>le</strong>, nous a fourni <strong>le</strong>s ressources nécessaires pour alimenternos vies spirituel<strong>le</strong>s. Ainsi, Roch Hachana est <strong>le</strong> jour où Dieu devintnotre Roi pour la première fois; à Yom Kippour, D-ieu nous a pardonnéla plus terrib<strong>le</strong> trahison que nous ayons commise à Son encontre avec<strong>le</strong> veau d’or et nous a accordé <strong>le</strong> cadeau de la Techouva - l’opportunitéde rectifier et de transformer une carence de notre passé ; Souccotcommémore la période où nous étions protégés et unis avec <strong>le</strong>s nuéesde gloire au cours de nos pérégrinations dans <strong>le</strong> désert jusqu’à la TerrePromise ; et il en est ainsi pour toutes <strong>le</strong>s fêtes et <strong>le</strong>s dates particulièresde nos éphémérides.“ Une fête juive est donc unrendez-vous avec <strong>le</strong> passé, unerencontre avec un événement et unphénomène de notre histoire. ”Néanmoins, ces cadeaux de D-ieu ne nous ont pas été donnés àtitre exceptionnel. La liberté, la sagesse, l’engagement, la joie - sontautant de besoins perpétuels de l’âme, des nutriments essentiels quila revigorent dans ce périp<strong>le</strong> qu’est la vie. Tout comme <strong>le</strong> roi dans laparabo<strong>le</strong> précédente, D-ieu a creusé des puits à différents points <strong>du</strong>temps, pour servir comme source de toutes ces bénédictions. Tout aulong de l’année, notre chemin croise fête après fête, chacune marquantl’emplacement d’un puits de richesses pour nos âmes.D-ieu nous a aussi fourni une carte de ces puits - un ca<strong>le</strong>ndrier indiquant<strong>le</strong>ur position sur notre route à travers <strong>le</strong>s âges. El<strong>le</strong> y mentionneéga<strong>le</strong>ment des instructions sur <strong>le</strong>s façons dont il convient de rouvrir <strong>le</strong>spuits et d’en puiser l’eau: sonner <strong>le</strong> Chofar à Roch Hachana générera<strong>le</strong> couronnement divin tel qu’il s’est pro<strong>du</strong>it au premier Roch Hachana,lorsqu’Adam couronna D-ieu en tant que Maître de l’univers; consommerla matsa évoque la liberté de Pessa’h ; allumer <strong>le</strong>s lumières de‘Hanouccah recrée <strong>le</strong> mirac<strong>le</strong> de la fête.Chaque rencontre avec notre ca<strong>le</strong>ndrier vient avec son lot de mitsvot etd’observances particulières, qui sont <strong>le</strong>s outils qui ouvrent <strong>le</strong>s puits etlibèrent <strong>le</strong>s flots de <strong>le</strong>urs eaux bienfaitrices.Rendez-vous pris !Yanki Tauber72 | 09-2008 | | 09-2008 | 73

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