Les quelques données publiées dans des revues à comité de lecture relatives spécifiquem<strong>en</strong>t aux carnivoresdomestiques et aux équidés ont été rassemblées ci-dessous. Ont été écartées les publications à caractère généralne portant pas sur ces deux espèces cibles. Il est intéressant de souligner que pour nombre d’articles concernantl’espèce canine, les essais qui port<strong>en</strong>t sur le Chi<strong>en</strong>, ne s’intéress<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t pas à cette espèce pourelle-même, mais <strong>en</strong> tant que modèle animal de pathologies intéressant l’Homme.Le choreito est classiquem<strong>en</strong>t décrit dans la littérature ori<strong>en</strong>tale comme une alternative dans la prév<strong>en</strong>tion durisque d’urolithiases. Le choreito est un mélange, à parts égales, d’un champignon Polyporus umbellatus, deWolforia cocos,d’Alisma ori<strong>en</strong>tale, de gélatine et de silicate de magnésium (Buffington, 2002). Compte t<strong>en</strong>u de lagrande s<strong>en</strong>sibilité de l’espèce féline aux désordres du bas appareil urinaire, il était t<strong>en</strong>tant de tester l’efficacité decette alternative sur une cohorte de chats. En additionnant à un alim<strong>en</strong>t humide du commerce du choreito de façonà apporter 500 mg/kg P, il ne serait observé aucun changem<strong>en</strong>t significatif au niveau du pH et de la d<strong>en</strong>sitéurinaire, mais une réduction du nombre de cristaux urinaires de struvite et de l’index de supersaturation(Buffington et al., 1994). Avec le même apport de choreito, mais réalisé cette fois sur un alim<strong>en</strong>t humide ducommerce additionné parallèlem<strong>en</strong>t de 0,5 % de magnésium inorganique (un taux suffisant pour induire à coupsûr une précipitation dans les urines de cristaux de phosphate-ammoniaco-magnési<strong>en</strong> (struvite), et la surv<strong>en</strong>ued’un syndrome urologique félin), il serait observé une réduction du nombre de cristaux urinaires de struvite dansles urines des chats traités (n=6) par rapport aux chats témoins non supplém<strong>en</strong>tés (n=6) mais surtout uneréduction de l’incid<strong>en</strong>ce et la gravité des signes urologiques (Buffington et al., 1997a). Dans un travailcomplém<strong>en</strong>taire, les mêmes auteurs montrerai<strong>en</strong>t que parmi les composants du choreito, c’est l’extrait d’Alismaori<strong>en</strong>tale (dénommé takushya par les japonais) qui constitue la part la plus effici<strong>en</strong>te pour abaisser le pH urinaireet réduire la formation des cristaux à raison de 100 mg/kg P (Buffington et al., 1997b). Une préparation commercialede choreito disponible au Japon a fait l’objet d’un essai clinique multic<strong>en</strong>trique sur quelques semaines et a conduità la recommandation d’un dosage efficace de 300 mg/kg P. Un essai à plus long terme serait cep<strong>en</strong>dantindisp<strong>en</strong>sable pour une réelle évaluation de l’efficacité et de la sécurité de cette préparation (Buffington, 2002).Plusieurs plantes ou extraits de plantes rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t une efficacité anti-cancéreuse. C’est notamm<strong>en</strong>t le cas pourles extraits de Ser<strong>en</strong>oa rep<strong>en</strong>s pour ce qui est de la prév<strong>en</strong>tion du risque de cancer de la prostate.Vingt chi<strong>en</strong>s atteintsd’une hyperplasie prostatique bénigne ont été répartis <strong>en</strong> 3 groupes 1) témoin sans traitem<strong>en</strong>t 2) traité avec 1500mg/j <strong>en</strong> 3 prises d’extrait végétal 3) traité avec 300 mg/j <strong>en</strong> 3 prises d’extrait végétal. Après 91 jours d’essai, l’apportd’extrait végétal n’induirait aucune réponse tant <strong>en</strong> ce qui concerne le poids, le volume ou le score histologiquede l’organe, pas plus que sur les caractéristiques de la sem<strong>en</strong>ce ou le taux de testostérone (Barsanti et al., 2000).Le lycopène (caroténoïde anti-oxydant prés<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t dans les tomates) n’a fait l’objet d’aucune étudeclinique chez le Chi<strong>en</strong> si ce n’est la démonstration que cet animal peut constituer, du fait des caractéristiquespharmacologiques et de la distribution tissulaire du lycopène au sein de son organisme, un bon modèle d’étude.En effet, le lycopène se retrouverait tant au niveau plasmatique que dans la prostate à des conc<strong>en</strong>trationssimilaires chez le Chi<strong>en</strong> et chez l’Homme (Korytko et al., 2003).Si les données relatives à la relation nutrition-immunité sont nombreuses (cf. par exemple la revue de Hayek,1998 pour les carnivores), une att<strong>en</strong>tion plus particulière est portée actuellem<strong>en</strong>t sur l’impact des caroténoïdessur le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la réponse immunitaire des animaux (Chew et Park, 2004). L’absorption digestive delutéine alim<strong>en</strong>taire et son transfert aux leucocytes circulants chez le chi<strong>en</strong> et le chat ont été décrits (Park et al.,1999 ; Chew et al., 1998). Chez le chi<strong>en</strong>, l’apport de lutéine induirait une réponse de type immunité cellulaire(hypers<strong>en</strong>sibilité retardée) (Chew et al., 1998). Chi<strong>en</strong>s et chats absorb<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t le βcarotène alim<strong>en</strong>taire ettransfèrerai<strong>en</strong>t ce nutrim<strong>en</strong>t dans les organites des cellules de l’immunité (lymphocytes) (Chew et al., 2000a etb). Une réponse positive serait ainsi rapportée tant <strong>en</strong> ce qui concerne l’immunité humorale (IgG) que cellulaire(CD4 et ratio CD4/CD8) notamm<strong>en</strong>t chez le chi<strong>en</strong> (Chew et al., 2000c).La qualité de la fourrure et l’intégrité cutanée des carnivores domestiques constitu<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t unepréoccupation des propriétaires. Parmi les signes observés conduisant à une demande de suivi vétérinaire, leprurit est le plus couramm<strong>en</strong>t rapporté. Une préparation à base d’extraits de plantes et d’oligo-élém<strong>en</strong>ts a ététestée sur 22 chi<strong>en</strong>s dans un contexte de dermatose prurigineuse (Despéramont, 1991). La préparation estconstituée d’extrait sec d’Hapagophytum procumb<strong>en</strong>s (racine), de Viola tricolor (plante <strong>en</strong>tière), de Fumariaofficinalis (plante <strong>en</strong>tière) et de Glyccyrhiza glabra (racine) ainsi que de gluconate de manganèse, de zinc et dethiosulfate de sodium. Un traitem<strong>en</strong>t de 10 jours par mois a été mis <strong>en</strong> place, <strong>en</strong> association au traitem<strong>en</strong>tspécifique de la cause de la maladie associée, lorsqu’il existe. La réponse anti-prurigineuse aurait été plutôtfavorable que ce soit dans un contexte aigu (cheylétiellose et impétigo) ou chronique. L’effet de la préparationserait dû, selon l’auteur, aux activités anti-inflammatoires des racines d’Hapagophytum procumb<strong>en</strong>s, etdeGlyccyrhiza glabra, à l’activité analgésique des racines d’Hapagophytum procumb<strong>en</strong>s, à l’effet dépuratif etdraineur de Viola tricolor et de Fumaria officinalis, ainsi qu’à l’activité réparatrice du zinc.- 19 -
Les manifestations prurigineuses sont égalem<strong>en</strong>t une dominante du tableau clinique des dermatites atopiques.Nagle et al. (2001) ont conduit une étude aléatoire durant 2 mois <strong>en</strong> double aveugle sur 50 chi<strong>en</strong>s atteints dedermatite atopique avec une préparation pour usage interne à base de Glyccyrhiza ural<strong>en</strong>sis, Paeonia lactifloraet Rehmannia glutinosa. Neuf chi<strong>en</strong>s sur 24 du groupe traité contre 3 sur 23 du groupe témoin aurai<strong>en</strong>t vu leurétat s’améliorer sur la durée de l’essai (p = 0,09), mais il est à noter un taux de retrait de l’essai très élevé etsignificatif dans le lot témoin dû à une détérioration s<strong>en</strong>sible de l’état des animaux.La maîtrise de la qualité des fèces et notamm<strong>en</strong>t de leur odeur est un problème important pour les propriétairesd’animaux de compagnie. L’addition d’extraits de Yucca schidigera (YSE) à des alim<strong>en</strong>ts secs pour chi<strong>en</strong>s ou pourchats améliorerai<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t les caractéristiques aromatiques des fèces (Lowe et Kershaw, 1997). Cet effetdécoulerait de la modification du profil des ferm<strong>en</strong>tations microbi<strong>en</strong>nes (inhibition des germes sulfitoréducteurs),avec réduction de la production des métabolites aromatiques impliqués dans la perception d’odeursdésagréables, mais aussi de leur fixation sur le support végétal (Lowe et al., 1997). L’efficacité de cette plante dansla réduction de la production d’H2S dans le gros intestin du chi<strong>en</strong>, le principal composant responsable ducaractère malodorant des épisodes de flatul<strong>en</strong>ce, aurait été confirmée ultérieurem<strong>en</strong>t (Giffard et al., 2001).Plus ponctuellem<strong>en</strong>t, certaines plantes ou extraits de plantes ont été testés chez le chi<strong>en</strong> afin d’étudier certainespropriétés pharmacologiques. C’est notamm<strong>en</strong>t le cas :• de la capsaïcine extraite du pim<strong>en</strong>t (Capsicum annuum) pour ses propriétés vaso-actives (Porszasz et al., 2002)et ses effets sur la motricité gastro-intestinale (Shibata et al., 1999b et 2002a et b), mais égalem<strong>en</strong>t son activitéhypoglycémiante et insulino-sécrétoire (Tolan et al., 2001) ;• du fruit du Bois piquant (Zanthoxylum americanum) pour son action stimulante de la motricité du duodénumet du jéjunum et du rhizome de gingembre (Zingiber officinale) pour son action stimulante de la motricité del’antre gastrique, tous deux étant des ingrédi<strong>en</strong>ts majeurs de la préparation chinoise dite « dai-k<strong>en</strong>chu-tou »(Shibata et al., 1999a ; Jin et al., 2001) ;• de différ<strong>en</strong>ts dérivés de phénols monoterpéniques (thymol,eugénol,carvacrol) pour leur activité cardiorégulatrice(Magyar et al., 2004).Le seul essai publié réalisé chez les équidés concerne l’usage d’Harpagophytum procumb<strong>en</strong>s dans le cadre de sespropriétés anti-inflammatoires et anti-douleur articulaires dans un modèle d’inflammation chronique : l’éparvin(Montavon, 1994). La préparation phytothérapeutique (PP) utilisée cont<strong>en</strong>ait égalem<strong>en</strong>t du cassis (Ribes nigrum),de la prêle (Equisetum arv<strong>en</strong>se) et du saule blanc (Salix alba). À côté des dix chevaux traités par la PP (150 g dela préparation -soit 20 g de poudre d’Harpagophytum procumb<strong>en</strong>s- p<strong>en</strong>dant 10 jours par mois durant 3 mois),10 témoins positifs ont reçu un traitem<strong>en</strong>t classique à base de phénylbutazone. L’amélioration de l’état cliniquedes chevaux serait s<strong>en</strong>sible pour les deux groupes dès J15 et devi<strong>en</strong>drait significativem<strong>en</strong>t positive <strong>en</strong> faveur dela PP de J30 à J90. À J120 c’est-à-dire 30 jours après l’arrêt du traitem<strong>en</strong>t, seule la PP permettrait de conserver unavantage significatif par rapport à la situation initiale. On peut cep<strong>en</strong>dant regretter qu’aucune information nesoit donnée sur la richesse de la PP <strong>en</strong> harpagoside, composé associé à l’effet anti-inflammatoire chez l’homme(Chrubasik et al., 2004). L’efficacité év<strong>en</strong>tuelle de ce type de produit n’est pas extrapolable à d’autres produitsfaisant appel à des plantes ou extraits de plantes du même type sans étude expérim<strong>en</strong>tale et sans vérificationde la conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> substance(s) active(s) (Chrubasik et al., 2003). Plusieurs supplém<strong>en</strong>ts nutritionnels destinésau chi<strong>en</strong> conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de la racine d’Harpagophytum, mais aucune publication ne vi<strong>en</strong>t étayer cet usage.2.7.3 PerspectivesLe recours aux plantes et extraits de plantes pour les alim<strong>en</strong>ts ou les supplém<strong>en</strong>ts nutritionnels destinés auxanimaux de compagnie ou de loisirs s’accompagne d’un affichage plus ou moins explicite d’allégations àcaractère santé, voire à visée thérapeutique. Une telle pratique ne peut être acceptée que si elle est associée àl’exist<strong>en</strong>ce d’une démonstration d’efficacité sci<strong>en</strong>tifiquem<strong>en</strong>t validée sur les espèces cibles. Or pour les carnivoresdomestiques et les équidés, les d’études publiées sont rares et peu probantes.- 20 -