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Mobilité sociale et dimension de la famille » : une question ... - Melissa

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« Mobilité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>dimension</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> » 1 : <strong>une</strong><strong>question</strong> oblitérée ?Dominique MERLLIE*, Olivier MONSO**(Version provisoire du 29/09/2010)« Does being reared in either a <strong>la</strong>rge or a small family havesignificant consequences for people’s life chances ? » (B<strong>la</strong>ke,1989, p. 1)« The proverbial <strong>la</strong>rge happy family is not conducive tooccupational success. » (B<strong>la</strong>u & Duncan, 1967, p. 328)Les re<strong>la</strong>tions entre fécondité différentielle <strong>et</strong> mobilité <strong>sociale</strong>, telles qu’on lesrencontre dans <strong>la</strong> littérature traditionnelle sur <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong>, peuvent paraîtreparadoxales. Plus précisément, elles se lisent <strong>de</strong> manière inverse selon qu’on les prend dupoint <strong>de</strong> vue collectif <strong>de</strong>s groupes ou c<strong>la</strong>sses <strong>sociale</strong>s ou du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s individus ou<strong>famille</strong>s qui les composent.En l’absence d’autres transformations <strong>sociale</strong>s, en eff<strong>et</strong>, dès lors que les groupessociaux qui composent <strong>une</strong> société n’ont pas <strong>la</strong> même fécondité, le rapport numérique entreeux ne peut rester stable que si les flux <strong>de</strong> mobilité <strong>sociale</strong> al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s groupes les plus fécondsvers les moins féconds sont plus importants que les autres. La fécondité différentielle a ainsilongtemps été relevée comme un facteur, que l’on peut dire structurel, <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong>.Ainsi, Joseph Kahl, dans un manuel <strong>de</strong> 1957 sur les c<strong>la</strong>sses <strong>sociale</strong>s, se livrait à <strong>de</strong>s calculsqui le conduisaient à évaluer à 6,8 % <strong>la</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> due à <strong>la</strong> féconditédifférentielle aux Etats-Unis vers 1950 (Kahl, 1957, p. 258-259 ; cf. Merllié, 1994, p. 100-101). Ce thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessaire compensation <strong>de</strong>s régimes démographiques différents <strong>de</strong>sgroupes sociaux comme moteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> se rencontre assez couramment chez lesauteurs du XIXe siècle <strong>et</strong> du début du XXe siècle, <strong>et</strong> par exemple chez Sorokin, dansl’ouvrage c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong> 1927 où il thématise (en en fixant <strong>la</strong> dénomination) le domaine d’étu<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> en récapitule l’état <strong>de</strong>s recherches 2 : pour maintenir leurs effectifsre<strong>la</strong>tifs, les catégories supérieures, moins fécon<strong>de</strong>s, doivent recruter <strong>de</strong>s membres dans lesautres catégories <strong>sociale</strong>s, plus fécon<strong>de</strong>s, <strong>et</strong> <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> fécondité <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses popu<strong>la</strong>ires estun mécanisme qui assure un minimum <strong>de</strong> mobilité <strong>sociale</strong> ascendante à leurs membres.* Université Paris VIII <strong>et</strong> Centre <strong>de</strong> Sociologie Européenne.** Centre d’Économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sorbonne <strong>et</strong> Crest.1 . Ce titre est celui <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux articles antérieurement parus dans Popu<strong>la</strong>tion : Brésard 1950, Girard, 1951.2 . Cf ., dans le chapitre 15 <strong>de</strong> Social mobility (« The factors of vertical circu<strong>la</strong>tion »), le § 2 « Demographicfactors of vertical circu<strong>la</strong>tion », qui, après avoir étayé le constat que « at the present time in Western countriesthe birth rate of the upper strata in general is less than that of the lower c<strong>la</strong>sses », conclut que « the greater thedifference in the number of surviving children of the upper and the lower strata, the more intensive the verticalcircu<strong>la</strong>tion caused by this factor will be » (Sorokin, 1927, p. 347 <strong>et</strong> 359).1


Or un autre thème ancien repose sur l’hypothèse ou le constat que les enfants issus <strong>de</strong><strong>famille</strong>s nombreuses connaissent moins <strong>de</strong> mobilité <strong>sociale</strong> ascendante que les autres. Ce quise vérifierait collectivement à l’échelle <strong>de</strong>s groupes (<strong>une</strong> fécondité plus gran<strong>de</strong> assure <strong>de</strong> <strong>la</strong>mobilité <strong>sociale</strong> ascendante) serait ainsi infirmé individuellement, au niveau <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s, <strong>de</strong>sorte que <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> structurellement assurée par <strong>la</strong> fécondité différentielle profiteraiten fait aux enfants <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s les moins fécon<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses les plus fécon<strong>de</strong>s. Mais, <strong>de</strong>même que <strong>la</strong> fécondité différentielle semble avoir fortement reculé comme moteurremarquable <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong>, avec l’apparition <strong>de</strong> transformations <strong>sociale</strong>s rapi<strong>de</strong>scomme facteur structurel plus visible <strong>de</strong> mobilité, on peut penser qu’au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> transitiondémographique <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> généralisation <strong>de</strong> pratiques contraceptives efficaces, avec un régime<strong>de</strong> fécondité qui a réduit <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s en en concentrant fortement <strong>la</strong> dispersion, c<strong>et</strong>teautre re<strong>la</strong>tion anciennement alléguée ou constatée aurait perdu toute importance effective. Etce thème n’aurait plus alors, dans les pays occi<strong>de</strong>ntaux du moins, qu’un intérêt principalementhistorique.C’est d’ailleurs c<strong>et</strong> intérêt historique qui motive <strong>une</strong> publication récente sur ce suj<strong>et</strong> :dans un article <strong>de</strong> 2006, Jan Van Bavel analyse <strong>de</strong>s données tirées <strong>de</strong>s registres <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Leuven (Louvain), en Belgique, sur <strong>la</strong> situation en 1910 <strong>de</strong> 381 enfants <strong>de</strong>parents nés en 1850 (Van Bavel, 2005) : il s’agit pour lui, en vérifiant sur ces données un liennégatif marqué entre taille <strong>de</strong>s fratries <strong>et</strong> mobilité ascendante 3 , d’éluci<strong>de</strong>r un mécanisme quifournirait <strong>une</strong> explication <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> transitiondémographique comme phénomène historique. L’auteur dit explicitement que <strong>la</strong>démonstration complète du fait qu’il y aurait bien là « an important piece in the puzzle of the<strong>de</strong>mographic transition » impliquerait <strong>de</strong> vérifier que c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion ne s’observait pasantérieurement (ibid., p. 16) : il ne dit pas, mais son propos semble impliquer aussi, que celien <strong>de</strong>vrait, sinon disparaître, au moins s’atténuer <strong>une</strong> fois le nouveau régime démographiqueétabli.Pourtant, si les données empiriques sur le lien entre taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie <strong>et</strong> mobilité<strong>sociale</strong> sont peu nombreuses, elles ne font nullement apparaître <strong>une</strong> atténuation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>tere<strong>la</strong>tion, qui reste bien marquée aujourd’hui (Merllié <strong>et</strong> Monso, 2007). Soixante ans aprèsl’enquête <strong>de</strong> l’Ined qui a, sans doute pour <strong>la</strong> première fois, soulevé c<strong>et</strong>te <strong>question</strong> tout enl’adossant à <strong>de</strong>s constats empiriques, il paraît utile <strong>de</strong> revenir sur <strong>la</strong> façon dont elle a étéposée, <strong>et</strong> sur l’intérêt dont elle a ensuite fait l’obj<strong>et</strong>. Ce document se concentrera ainsi sur <strong>la</strong>façon dont <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie a été envisagée dans les travaux abordant <strong>la</strong> mobilitéintergénérationnelle entre groupes sociaux.1. La postérité d’Arsène DumontL’article <strong>de</strong> Jan Van Bavel, comme d’autres textes sur ce suj<strong>et</strong>, part d’<strong>une</strong> référence au« 1890 c<strong>la</strong>ssic Dépopu<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> civilisation » d’Arsène Dumont. Ce militant <strong>de</strong> <strong>la</strong> causenataliste dans <strong>la</strong> France <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du XIXe siècle expliquait en eff<strong>et</strong> <strong>la</strong> faible fécondité <strong>de</strong> sonpays à c<strong>et</strong>te époque par un ensemble <strong>de</strong> caractères favorisant l’individualisme, que les3 . Ainsi, dans c<strong>et</strong>te popu<strong>la</strong>tion, le pourcentage d’enfants <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses popu<strong>la</strong>ires accédant aux c<strong>la</strong>sses moyenne ousupérieure est <strong>de</strong> 41 % pour ceux qui n’ont pas eu plus <strong>de</strong> trois frères ou sœurs <strong>et</strong> <strong>de</strong> 29 % pour les autres (ibid.,p. 16).2


Français <strong>de</strong>vaient à leur histoire <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> politique, au nombre <strong>de</strong>squels il comptait <strong>la</strong>« capil<strong>la</strong>rité <strong>sociale</strong> », c’est-à-dire <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> se hisser au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s autres (Béjin, 1989 <strong>et</strong>2006, Merllié, 1994, p. 24-25) : pour assurer sa propre réussite, il ne faut pas s’encombrerd’enfants, comme, pour mieux assurer <strong>la</strong> réussite <strong>sociale</strong> <strong>de</strong> ceux-ci, il faut en limiter lenombre. C<strong>et</strong>te opinion n’était pas isolée dans <strong>la</strong> France <strong>de</strong> l’époque : Tar<strong>de</strong>, notamment,emboîte le pas à Dumont (Merllié, 1994, p. 25), <strong>et</strong> on trouve par exemple <strong>de</strong>s observationsvoisines dans le c<strong>la</strong>ssique La barrière <strong>et</strong> le niveau d’Edmond Goblot (paru en 1925 maiscorrespondant à <strong>une</strong> expérience antérieure) : « La dépopu<strong>la</strong>tion est <strong>la</strong> rançon terrible <strong>de</strong> nosmœurs égalitaires. La limitation du nombre <strong>de</strong>s enfants sévit au voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses <strong>et</strong> <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre, au-<strong>de</strong>ssus parce qu’on redoute <strong>la</strong> déchéance, au-<strong>de</strong>ssous parcequ’on aspire à l’ascension » (Goblot, 1925/1967, p. 24).Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> son écho contemporain, ce thème d’un lien entre mobilité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> faiblefécondité a valu à Arsène Dumont <strong>une</strong> postérité intellectuelle qui apparaît durable. Avant d’ensuivre le fil, il importe <strong>de</strong> distinguer les <strong>de</strong>ux <strong>question</strong>s, liées pour lui mais qui ne débouchentpas sur les mêmes analyses, qu’il invitait à poser. Même si le mécanisme psychosociologiquepeut être le même qui pousserait à réduire <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> sa <strong>famille</strong> pour assurer sa propre réussiteou celle <strong>de</strong> ses enfants (l’ambition étant ou non reportée sur d’autres que soi-même), ces <strong>de</strong>uxmises en re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité avec <strong>la</strong> mobilité ne posent en eff<strong>et</strong> pas les mêmes <strong>question</strong>s<strong>et</strong> n’appellent pas le même traitement.La première, que Dumont explicite davantage, fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> individuelle(comme aspiration au moins) un facteur négatif <strong>de</strong> fécondité (<strong>et</strong> <strong>la</strong> manière <strong>la</strong> plus radicale <strong>de</strong>ne pas s’encombrer d’enfants est <strong>de</strong> ne pas en avoir du tout, ce qui interdit alors d’aménagerleur avenir <strong>et</strong> <strong>de</strong> reporter ses ambitions sur eux), tandis que <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, par le déca<strong>la</strong>gegénérationnel qu’elle implique, fait, dans l’autre sens, <strong>de</strong> <strong>la</strong> faible fécondité <strong>de</strong> leur <strong>famille</strong>d’origine un facteur ou <strong>une</strong> condition <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> <strong>de</strong>s enfants. La premièrehypothèse pose un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> sur <strong>la</strong> <strong>dimension</strong> <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s <strong>et</strong> doit conduire àvérifier si les individus qui vivent <strong>une</strong> situation <strong>de</strong> mobilité <strong>sociale</strong> ascendante (intra- ouintergénérationnelle) ont moins d’enfants que les autres. C<strong>et</strong>te « social mobility-fertilityhypothesis », d’<strong>une</strong> influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité sur <strong>la</strong> fécondité, a été étayée par exemple sur lesdonnées (Berent, 1952) <strong>de</strong> <strong>la</strong> première gran<strong>de</strong> enquête britannique <strong>de</strong> mobilité <strong>sociale</strong> (celle<strong>de</strong> 1949, exploitée par G<strong>la</strong>ss <strong>et</strong> ses col<strong>la</strong>borateurs, 1954). Elle a donné lieu à <strong>de</strong>s débatss’appuyant sur <strong>de</strong>s résultats statistiques divergents (cf. par exemple <strong>la</strong> critique par B. G.Zimmer du rej<strong>et</strong> par C. F. Westoff dans les années 1960 <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’il avait établie dansles années 1950 : Zimmer, 1981 <strong>et</strong> Westoff, 1981). Pour B<strong>la</strong>u <strong>et</strong> Duncan, qui examinent c<strong>et</strong>te<strong>question</strong> dans le chapitre 11 (« Differential fertility and occupational mobility ») <strong>de</strong> leur livresur <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> aux Etats-Unis, c<strong>et</strong>te hypothèse a perdu <strong>de</strong> son actualité avecl’achèvement <strong>de</strong> <strong>la</strong> transition démographique, <strong>et</strong> il est logique que l’intérêt <strong>de</strong>s démographespour les étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> fécondité différentielle ait presque disparu (B<strong>la</strong>u <strong>et</strong> Duncan, 1967, p.390).La <strong>de</strong>uxième hypothèse, qu’on pourrait donc appeler « fertility-social mobilityhypothesis », d’<strong>une</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> dans <strong>la</strong>quelle ont été élevés lesindividus <strong>et</strong> leur mobilité <strong>sociale</strong> ultérieure, conduit à vérifier si <strong>et</strong> comment, à origine <strong>sociale</strong>donnée, <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie est liée à <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée <strong>sociale</strong>. Dans le livre <strong>de</strong> B<strong>la</strong>u <strong>et</strong> Duncan, elledonne lieu à un chapitre distinct (1967, ch. 9 : « Kinship and careers »). C’est aux analyses<strong>de</strong>s données liées à c<strong>et</strong>te secon<strong>de</strong> hypothèse qu’est consacré le présent travail.3


2. A<strong>la</strong>in Girard <strong>et</strong> Marcel BrésardUn peu antérieure à celle <strong>de</strong> David G<strong>la</strong>ss en Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, l’enquête sur <strong>la</strong>mobilité <strong>sociale</strong> réalisée par L’INED en 1948 (Brésard, 1950) est <strong>la</strong> première en Europe àporter sur un échantillon national important 4 . Elle s’inscrivait dans un dispositif plus vaste(comportant aussi <strong>de</strong>s enquêtes monographiques sur les élèves <strong>de</strong> lycées parisiens <strong>et</strong> <strong>de</strong>sétudiants <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux facultés <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> province) visant à éluci<strong>de</strong>r le lien entre <strong>la</strong> <strong>dimension</strong> <strong>de</strong>s<strong>famille</strong>s d’origine <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée <strong>sociale</strong>.Dans <strong>une</strong> présentation <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> « <strong>la</strong> section <strong>de</strong> psycho-sociologie » <strong>de</strong> l’INED<strong>de</strong>puis 1948, où il annonce ces enquêtes en cours d’exploitation, A<strong>la</strong>in Girard (1950, p. 164-166) les p<strong>la</strong>ce d’abord sous le double patronage d’Arsène Dumont <strong>et</strong> d’Adolphe Landry. Dupremier il énonce <strong>la</strong> « loi » suivant <strong>la</strong>quelle « grâce à <strong>la</strong> connexité existant entre l’ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>la</strong>capil<strong>la</strong>rité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> natalité, <strong>la</strong> première augmentant, l’autre doit diminuer fatalement »(Dumont, 1890, cité par Girard, 1950, p. 164). Du second, présenté comme reprenant plussystématiquement « les idées d’Arsène Dumont », <strong>et</strong> liant « révolution démographique » <strong>et</strong>« révolution politique », avec notamment <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> « ne plus <strong>la</strong>isser <strong>la</strong> naturemultiplier sans frein leur progéniture » mais <strong>de</strong> « déterminer celle-ci eux-mêmes, d’après cequ’ils auront jugé préférable », il m<strong>et</strong> en avant « le principe fondamental [qui] est celui, si l’onpeut ainsi parler, <strong>de</strong> <strong>la</strong> rationalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie » (Landry, 1934, cité par Girard, ibid.).« Capil<strong>la</strong>rité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> rationalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie apparaissent comme <strong>de</strong>s explicationsséduisantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> natalité <strong>et</strong> s’appliquent surtout à l’aspect politique, oupsychologique <strong>et</strong> moral du phénomène » (Girard, 1950, ibid.), écrit-il, avant <strong>de</strong> relever que <strong>la</strong>mobilité est aussi portée par « le progrès technique » qui transforme « <strong>la</strong> répartitionprofessionnelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion » (ibid.), <strong>de</strong> sorte que « le désir <strong>de</strong> s’élever <strong>de</strong>s individus, <strong>la</strong>prévoyance en matière <strong>de</strong> procréation s’insèrent dans le mouvement général <strong>de</strong> <strong>la</strong> structureprofessionnelle » (p. 165). Il débouche alors sur les <strong>question</strong>s suivantes :« Mais les nécessités économiques sont-elles plus ou moins ressenties au sein <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>sles plus nombreuses ? Le grand nombre <strong>de</strong>s enfants s’oppose-t-il matériellement àl’éducation <strong>et</strong> à l’ascension <strong>sociale</strong>, ou bien au contraire, les enfants <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>smoyennes <strong>et</strong> nombreuses ne sont-ils pas plus incités à fournir un effort particulier que lesenfants uniques ? En un mot, existe-t-il <strong>une</strong> corré<strong>la</strong>tion, <strong>et</strong> <strong>la</strong>quelle, entre les phénomènes<strong>de</strong> mobilité <strong>et</strong> <strong>de</strong> capil<strong>la</strong>rité <strong>sociale</strong>s <strong>et</strong> <strong>la</strong> natalité ? » (ibid., p. 165).Deux problématiques semblent ainsi cohabiter plus ou moins c<strong>la</strong>irement dans ce breftexte <strong>de</strong> présentation : d’<strong>une</strong> part les ferments sociaux d’individualisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> rationalisation,communs à <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> mobilité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> au contrôle <strong>de</strong>s naissances peuvent m<strong>et</strong>tre lesecond au service du premier, d’autre part les transformations <strong>sociale</strong>s qui favorisent <strong>la</strong>mobilité <strong>sociale</strong> pourraient être « moins ressenties au sein <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s les plus nombreuses ».Le mécanisme sous-jacent pourrait être à <strong>la</strong> fois « psychosociologique » (l’intérêt pour <strong>la</strong>mobilité <strong>sociale</strong> est moindre chez les parents qui sont aussi moins portés à contenir le nombre<strong>de</strong> leurs enfants) <strong>et</strong> économique (le nombre <strong>de</strong>s enfants peut s’opposer « matériellement àl’éducation <strong>et</strong> à l’ascension <strong>sociale</strong> »), même si un mécanisme psychosociologique <strong>de</strong> sensinverse est envisagé (être élevé à <strong>la</strong> dure trempe le caractère). La mobilité <strong>sociale</strong> est par4 . L’enquête a porté sur un peu plus <strong>de</strong> 3000 hommes <strong>de</strong> 18 à 49 ans. Il ne semble pas que l’échantillon en soittrès représentatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong>sociale</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion (avec notamment <strong>une</strong> sous-représentation <strong>de</strong>s ouvriers),comme l’a fait remarquer Daniel Bertaux (1969, p. 451).4


ailleurs directement associée à l’accès à l’éducation, puisqu’un <strong>de</strong>s vol<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’enquête portesur lycéens <strong>et</strong> étudiants.Lorsque paraît, <strong>la</strong> même année 1950, sous le titre « Mobilité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>dimension</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>famille</strong> », le compte rendu <strong>de</strong> l’enquête annoncée sur <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong>, c’est également sousles auspices d’Arsène Dumont, <strong>et</strong> avec les mêmes hypothèses, qu’il s’ouvre 5 :« Arsène Dumont, suivi par <strong>de</strong> nombreux observateurs sociaux, pensait qu’<strong>une</strong> re<strong>la</strong>tionétroite existait entre le nombre d’enfants d’<strong>une</strong> <strong>famille</strong> (« <strong>dimension</strong> » <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong>) <strong>et</strong> <strong>la</strong>mobilité <strong>sociale</strong>. Visant plus particulièrement l’ascension <strong>sociale</strong>, il pensait que le désir<strong>de</strong>s parents <strong>de</strong> voir leurs enfants s’élever dans l’échelle <strong>sociale</strong> était un puissant facteur <strong>de</strong>diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> natalité. Bénéficiant <strong>de</strong> soins plus attentifs, <strong>de</strong> dépenses plus importantes,l’enfant unique n’est-il pas mieux p<strong>la</strong>cé pour s’élever que les enfants <strong>de</strong> <strong>famille</strong>snombreuses ? ». Il y aurait là <strong>une</strong> « loi économique » à <strong>la</strong>quelle pourrait cependant« s’opposer un facteur moral : les enfants <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s nombreuses qui sentent plus oumoins consciemment qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, qu’ils n’ont pas àattendre l’héritage ou le fond <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> leurs parents, ne sont-ils pas plus incités àun effort personnel ? » (Brésard, 1950, p. 533).Après <strong>une</strong> partie générale consacrée à <strong>la</strong> présentation <strong>de</strong>s résultats d’ensemble <strong>de</strong>l’enquête, <strong>une</strong> partie intitulée « Dimension <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> <strong>et</strong> mobilité <strong>sociale</strong> » entre dans lesuj<strong>et</strong> spécifique <strong>de</strong> l’article en comparant les résultats selon que les enquêtés appartenaient à<strong>de</strong>s fratries <strong>de</strong> <strong>dimension</strong> réduite (un ou <strong>de</strong>ux enfants) ou plus importante (trois enfants <strong>et</strong>plus). Les premiers apparaissent surreprésentés dans les cas <strong>de</strong> mobilité ascendante <strong>et</strong> <strong>de</strong>stabilité <strong>sociale</strong>, les seconds dans les cas <strong>de</strong> mobilité <strong>de</strong>scendante (ibid., tableaux XII à XX) 6 .Seuls les enfants appartenant aux catégories <strong>sociale</strong>s les plus élevées échappent à c<strong>et</strong>terégu<strong>la</strong>rité ou font apparaître <strong>une</strong> variation <strong>de</strong> sens inverse (cas <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s « Industriels <strong>et</strong>professions libérales »). Après avoir étudié <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> même sens entre taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie <strong>et</strong>niveau d’éducation, puis rendu compte d’autres ressources <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te enquête, Marcel Brésardpeut conclure en résumant <strong>la</strong> double re<strong>la</strong>tion (<strong>sociale</strong> <strong>et</strong> culturelle) constatée en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>dimension</strong> <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s <strong>et</strong> en évoquant <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> mesures <strong>sociale</strong>s <strong>de</strong> nature à corrigerle « handicap » constaté :« À l’exception <strong>de</strong>s milieux situé au haut <strong>de</strong> l’échelle <strong>sociale</strong> […], il existe <strong>une</strong> re<strong>la</strong>tionentre <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>dimension</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> : c’est dans le groupe <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>srestreintes que l’on compte <strong>la</strong> plus forte proportion <strong>de</strong> personnes s’étant <strong>sociale</strong>mentélevées.Du point <strong>de</strong> vue culturel, le handicap dont souffrent les <strong>famille</strong>s nombreuses apparaîtnon moins n<strong>et</strong>tement dans toutes les professions qui n’ont pas un caractère essentiellementintellectuel : chez les [énumération <strong>de</strong> catégories, <strong>de</strong>s commerçants aux ouvriersagricoles], milieux qui totalisent un peu plus <strong>de</strong>s neuf dixièmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion étudiée,plus <strong>la</strong> <strong>famille</strong> compte d’enfants, plus <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> leur sco<strong>la</strong>rité se trouve écourtée.Avec <strong>la</strong> présente étu<strong>de</strong>, un nouveau chapitre vient s’ajouter au ‘dossier’ <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>snombreuses ; leur situation <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> économique apparaît <strong>une</strong> fois <strong>de</strong> plus, défavorisée, sion <strong>la</strong> compare à celle <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s réduites ». (Brésard, 1950, p. 563, italiques du texte)5 . Le même titre sera donné en 1951 au <strong>de</strong>uxième vol<strong>et</strong> rendant compte <strong>de</strong>s enquêtes sur les lycéens <strong>et</strong> lesétudiants également annoncées par A<strong>la</strong>in Girard, débouchant sur le constat que, dans les catégories <strong>sociale</strong>s lesmoins sco<strong>la</strong>risées, <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s était fortement liée à <strong>la</strong> faible <strong>dimension</strong> <strong>de</strong>s fratries (Girard, 1951).6 . Le sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité est apprécié par Brésard à partir d’un c<strong>la</strong>ssement hiérarchique <strong>de</strong>s catégories socioprofessionnellesutilisées qui peut paraître contestable (notamment en ce qu’il c<strong>la</strong>sse assez haut les agriculteurs,<strong>de</strong> sorte que leurs enfants sont souvent c<strong>la</strong>ssés comme mobiles <strong>de</strong>scendants) <strong>et</strong> qui a pour eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> produireglobalement davantage <strong>de</strong> mobilité <strong>de</strong>scendante que <strong>de</strong> mobilité ascendante (Merllié, 1994, p. 194-195).5


<strong>la</strong> fratrie n’est introduite que dans l’enquête <strong>de</strong> 1977, <strong>et</strong> ne fait pas alors l’obj<strong>et</strong> d’analyse, lestableaux publiés perm<strong>et</strong>tant cependant <strong>de</strong> comparer les diplômes <strong>de</strong>s hommes en fonction <strong>de</strong><strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong> leur origine <strong>sociale</strong> avec le nombre <strong>de</strong> leurs frères <strong>et</strong> soeurs. Ainsi, lorsqueNicole Tabard réexamine c<strong>et</strong>te <strong>question</strong> au début <strong>de</strong>s années 1980, c’est au moyen d'<strong>une</strong>autre enquête 9 . Elle remarque alors qu'on ne dispose pas d'informations statistiquesd'ensemble postérieures à l'enquête <strong>de</strong> l'INED (Tabard, 1984, p. 22-23). Les résultats qu’elleproduit <strong>et</strong> analyse ainsi sont très comparables à ceux <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> 1948 : les <strong>famille</strong>s dontsont originaires les hommes <strong>de</strong> l'enquête sont d'autant plus nombreuses qu'ils appartiennent à<strong>de</strong>s catégories <strong>sociale</strong>ment moins élevées, mais aussi qu'ils sont issus <strong>de</strong> catégories<strong>sociale</strong>ment moins élevées, le croisement <strong>de</strong>s catégories d’origine <strong>et</strong> d’appartenance montranten outre <strong>une</strong> différenciation <strong>de</strong> ces tailles en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée, plus marquée dans lesmilieux d'origine popu<strong>la</strong>ire : « L'ascension <strong>sociale</strong> (...) s'accompagne dans tous les milieuxd'<strong>une</strong> diminution du nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs », mais ce<strong>la</strong> « plus encore dans les couchespopu<strong>la</strong>ires que dans les c<strong>la</strong>sses aisées » (ibid., p. 32). Le même constat s'applique, là encore,aux niveaux sco<strong>la</strong>ires : on observe <strong>une</strong> re<strong>la</strong>tion négative systématique entre niveau <strong>de</strong> diplôme<strong>et</strong> <strong>dimension</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie, forte dans les milieux sociaux d'origine les plus bas, atténuée ounégligeable dans les milieux supérieurs (c<strong>et</strong>te différenciation, n<strong>et</strong>te chez les hommes,paraissant moins marquée chez les femmes) (ibid., graphiques 2a <strong>et</strong> 2b).Selon ses propres termes, Nicole Tabard ne prétend pas, dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, résoudre« <strong>la</strong> <strong>question</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> causalité ». En particulier, les écarts <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinée selon <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratriepourraient être davantage révé<strong>la</strong>teurs d’<strong>une</strong> hétérogénéité au sein d’un groupe social donnéque d’<strong>une</strong> re<strong>la</strong>tion causale. Ainsi, au sein <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> père ouvrier, les « <strong>famille</strong>snombreuses » apparaissent être associées aux franges <strong>de</strong>s milieux popu<strong>la</strong>ires les moinsenclines à connaître <strong>une</strong> mobilité <strong>sociale</strong> ascendante. De même, dans les c<strong>la</strong>sses supérieures,Tabard indique que « <strong>de</strong>s glissements systématiques s’opèrent vers <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> bourgeoisielorsque croît <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie ». La distinction entre les <strong>famille</strong>s nombreuses <strong>et</strong> les autres<strong>famille</strong>s est là aussi révé<strong>la</strong>trice d’<strong>une</strong> hétérogénéité, en sens inverse <strong>de</strong> ce qui prévaut pour lesouvriers : en haut <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie <strong>sociale</strong>, <strong>une</strong> <strong>famille</strong> nombreuse serait plutôt associée à unmilieu particulièrement favorisé.Nicole Tabard souligne que « bien que peu exploité, c'est un résultat connu », puisque,l'enquête FQP <strong>de</strong> 1977 montre que « <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> diplômés d'étu<strong>de</strong>s supérieures (...)décroît <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s <strong>de</strong> un enfant à celles <strong>de</strong> cinq enfants <strong>et</strong> plus, dans presque tous lesmilieux, à l'exception <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses aisées » (ibid., p. 33, référence à Pohl <strong>et</strong> al., 1983). De fait,les <strong>question</strong>naires <strong>de</strong> l'enquête FQP <strong>de</strong> 1977 <strong>et</strong> <strong>de</strong> celles qui ont suivi comportent <strong>une</strong> <strong>question</strong>sur le nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> soeurs <strong>de</strong> l'enquêté, perm<strong>et</strong>tant ainsi <strong>de</strong> reprendre l'examen <strong>de</strong>s<strong>question</strong>s soulevées par Brésard. Le compte rendu <strong>de</strong> l'enquête <strong>de</strong> 1977 n’utilise toutefoisc<strong>et</strong>te information que pour étudier le rapport entre « réussite sco<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> fratrie » (Pohl <strong>et</strong> al.,1983, p. 31 <strong>et</strong> tableau 22 présentant <strong>la</strong> « réussite sco<strong>la</strong>ire selon l'origine <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> le nombre<strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs »). Les résultats sur les diplômes confortent globalement ceux obtenus sur<strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong>, le commentaire soulignant <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion décroissante entre <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong>fratrie <strong>et</strong> <strong>la</strong> probabilité d’obtenir un diplôme universitaire <strong>de</strong> 2 è <strong>et</strong> 3 è cycle ou d’<strong>une</strong> gran<strong>de</strong>école. Le tableau en <strong>question</strong> croise, pour les cadres moyens <strong>et</strong> supérieurs, le groupe social dupère <strong>et</strong> son niveau <strong>de</strong> diplôme, ce qui fait apparaître, pour les catégories les plus aisées, <strong>une</strong>inversion <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion, tout du moins pour les hommes : parmi ceux dont le père étaitcentré sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s individus <strong>et</strong> leur propre fécondité <strong>et</strong> sur l'hérédité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité entant que telle).9 . Enquête sur "fécondité <strong>et</strong> conditions <strong>de</strong> vie" réalisée pour <strong>la</strong> CNAF en décembre 1980 <strong>et</strong> janvier 1981 auprès<strong>de</strong> 3 000 ménages.7


profession libérale ou cadre supérieur, <strong>et</strong> était en plus diplômé du supérieur, <strong>la</strong> probabilitéd’avoir un diplôme universitaire <strong>de</strong> 2 è <strong>et</strong> 3 è cycle croît avec le nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> soeurs.Si, dans le compte rendu <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> 1977, le lien entre nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs<strong>et</strong> groupe social n’est pas abordé, les tableaux publiés <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> 1985 <strong>et</strong> 1993comportent en revanche le croisement <strong>de</strong>s groupes socioprofessionnels <strong>de</strong>s enquêtés <strong>et</strong> <strong>de</strong>leurs pères en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> combinaison du rang <strong>de</strong> naissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie(Gol<strong>la</strong>c, Laulhé, Soleilhavoup, 1988, p. 134 <strong>et</strong> 135 ; D<strong>et</strong>our, Robert-Mace, Thiess<strong>et</strong>, 1995).Rendant compte <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l'enquête <strong>de</strong> 1985, Michel Gol<strong>la</strong>c <strong>et</strong> Pierre Laulhé (1987)consacrent quelques lignes d'un encadré pour relever que "à catégorie socioprofessionnelleégale, les hommes issus <strong>de</strong> <strong>famille</strong>s <strong>de</strong> un ou <strong>de</strong>ux enfants sont avantagés par rapport à ceuxqui ont davantage <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> soeurs. Il y a peu d'exceptions, <strong>et</strong> elles ne sont passignificatives. L'écart n'est pas en moyenne négligeable", <strong>et</strong> ils citent l'exemple <strong>de</strong>s "filsd'ouvrier non qualifié industriel" dont les "chances d'accé<strong>de</strong>r aux c<strong>la</strong>sses dominantes" sont <strong>de</strong>12 % lorsqu'il proviennent d'<strong>une</strong> <strong>famille</strong> <strong>de</strong> un ou <strong>de</strong>ux enfants, contre 5 % pour les autres ou<strong>de</strong> 49 % contre 54 %, respectivement, <strong>de</strong> "rester dans les c<strong>la</strong>sses popu<strong>la</strong>ires" (1987, p. 108) 10 .Dans <strong>une</strong> étu<strong>de</strong> menée sur <strong>la</strong> mobilité différentielle <strong>de</strong>s frères par Zarca (1995) à partir<strong>de</strong> FQP 1985, <strong>une</strong> courte partie est consacrée au lien entre position <strong>sociale</strong> <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong>nombre <strong>de</strong> frères. De façon concordante avec les résultats déjà cités, Zarca indique que « lesfrères actifs occupent en moyenne <strong>de</strong>s positions moins élevées s’ils sont plus nombreux ».Zarca note que ce lien est plus affirmé pour les c<strong>la</strong>sses « intermédiaires » pour qui « lesstratégies éducatives seraient très étroitement liées aux stratégies démographiques ». C<strong>et</strong>teinterprétation culturelle <strong>de</strong>s écarts entre groupes sociaux rappelle celle <strong>de</strong> Brésard déjàmentionnée.Les comptes rendus <strong>de</strong>s enquêtes FQP 1993 <strong>et</strong> 2003 publiés par l’INSEE ne font pasd’allusion au nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs, c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière ne figurant que dans les tableauxpubliés dans les INSEE Résultats. Dans un bref article présentant <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong>1993 pour un annuaire <strong>de</strong> diffusion <strong>la</strong>rge, Dominique Merllié (1996) relève le maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong>différenciation <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> selon <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie : « Dans <strong>une</strong> société où <strong>la</strong>taille <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s s’est considérablement réduite, on pourrait s’attendre à ce que <strong>la</strong> ‘prime’ à<strong>la</strong> mobilité ascendante anciennement constatée [Brésard, 1950] dans les <strong>famille</strong>s <strong>de</strong> tailleréduite ne soit plus apparente. Pourtant, les tableaux sur <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> en fonction dunombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs continuent <strong>de</strong> faire apparaître <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées <strong>sociale</strong>s biendifférenciées, sauf dans les catégories supérieures ».L’enquête <strong>de</strong> 2003 donne lieu à <strong>une</strong> exploitation plus poussée sur ce thème par Merllié<strong>et</strong> Monso (2007). Le recul sur plusieurs enquêtes FQP perm<strong>et</strong> d’abord <strong>de</strong> donner un aperçu,<strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années soixante-dix, sur l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> l’écart entre <strong>famille</strong>s nombreuses(ici définies comme les <strong>famille</strong>s ayant quatre enfants ou plus) <strong>et</strong> <strong>famille</strong>s restreintes. Elleillustre ainsi <strong>la</strong> permanence <strong>de</strong> <strong>la</strong> différenciation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées <strong>sociale</strong>s selon <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong>10 . Une note <strong>de</strong> ce passage relève qu'on sait par les enquêtes sur le niveau intellectuel que "le désavantage <strong>de</strong>senfants <strong>de</strong> <strong>famille</strong>s nombreuses n'existe pas dans les c<strong>la</strong>sses dominantes" pour ajouter que, en revanche, "<strong>la</strong> taille<strong>de</strong> l'échantillon à notre disposition n'était pas suffisante pour perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> le confirmer". C'est donc peut-être <strong>la</strong>non-vérification <strong>de</strong> l'exception habituellement relevée en haut <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie <strong>sociale</strong> qui a r<strong>et</strong>enu les auteurs <strong>de</strong>m<strong>et</strong>tre plus en lumière c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion. De fait, dans c<strong>et</strong> échantillon, les hommes <strong>de</strong> 40 à 59 ans d'origine "cadre",sont, comme les autres, plus souvent cadres lorsqu'ils appartiennent à <strong>une</strong> <strong>famille</strong> réduite, mais les plus je<strong>une</strong>s(25 à 39 ans) ne se distinguent pas en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> (vérifiant donc pour leur part l'exceptionhabituellement constatée).8


disponibles sur ce suj<strong>et</strong>, dont ces <strong>de</strong>ux enquêtes, Judith B<strong>la</strong>ke les mobilise toutes <strong>de</strong>ux pourmontrer l’importance <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion. Ainsi, dans les régressions calculées sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> ces<strong>de</strong>ux enquêtes, comme sur d’autres, évaluant l’eff<strong>et</strong> sur le niveau d’éducation <strong>de</strong>s enquêtés <strong>de</strong>plusieurs variables du contexte familial, dont le niveau d’éducation du père, son statut socioéconomique<strong>et</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie, c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière vient à un rang élevé (avec un eff<strong>et</strong> négatif),inférieur à celui du niveau d’instruction du père, mais supérieur à celui <strong>de</strong> son statut socioéconomique,notamment dans l’enquête <strong>de</strong> 1973 (B<strong>la</strong>ke, 1989, p. 51 <strong>et</strong> tableau 2.6). Elleestime alors que <strong>la</strong> tendance <strong>de</strong>s analystes à sous-estimer l’importance spécifique <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille<strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie s’explique par le fait que celle-ci n’est envisagée que comme <strong>une</strong> composanted’un contexte familial pris globalement, dans <strong>une</strong> opposition entre ce qui relève <strong>de</strong>déterminismes sociaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance individuelle (« ascriptive influences » versus« performance, viewed as meritocratic ») : « Ainsi absorbé dans le contexte familial, lenombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> soeurs conduit à surestimer l’importance du statut socio-économique <strong>de</strong>sparents <strong>et</strong> détourne l’attention <strong>de</strong> l’influence propre <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie » (p. 49). Al’inverse, souligne-t-elle, le comportement reproductif <strong>de</strong>s parents peut contribuer à expliquerle niveau d’éducation <strong>et</strong> le statut socio-économique <strong>de</strong> ceux qui ont eu <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> manièreprécoce (p. 50).Le fait est que c<strong>et</strong>te <strong>question</strong>, soulevée à l’occasion <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong>s premièresenquêtes sur <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong>, semble bien avoir disparu du champ <strong>de</strong> préoccupation <strong>de</strong>sspécialistes <strong>de</strong> ce domaine, trop concentrés peut-être sur les problèmes techniques <strong>de</strong> mesureposés par les comparaisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> entre pays pour se préoccuper <strong>de</strong> savariabilité à l’intérieur <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions nationales. C’est ainsi, en tout cas, que les <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>rniers ouvrages importants dans ce champ <strong>de</strong> recherche international (en un double sens :par les auteurs <strong>et</strong> par l’obj<strong>et</strong>) ne <strong>la</strong>issent aucun espace à c<strong>et</strong>te <strong>question</strong> particulière (Erikson &Goldthorpe, 1992 ; Brenn (éd.), 2004). Ou encore que l’article cité au début <strong>de</strong> ce texte (VanBavel, 2005) n’apparaît pas comme un contre-exemple à ce désintérêt, puisqu’il porte sur unétat social ancien <strong>et</strong> paraît dans <strong>une</strong> revue qui ne relève pas directement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sociologie (maisplutôt du courant « biosocial » <strong>de</strong> l’eugénisme).À ces raisons <strong>de</strong> type théorique (<strong>de</strong>s <strong>question</strong>s qui se posent ou non dans le cadre d’un« paradigme » donné), il faut sans doute en ajouter <strong>une</strong> autre plus simple : on perçoitma<strong>la</strong>isément, aujourd’hui, que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s personnes issues <strong>de</strong> <strong>famille</strong>s re<strong>la</strong>tivementnombreuses est importante. L’attention portée à <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité <strong>et</strong> du nombred’enfants par femmes, à <strong>la</strong> concentration autour du « modèle » <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants,peut <strong>la</strong>isser penser que <strong>de</strong>viennent rares les personnes ayant plus d’un frère ou d’<strong>une</strong> sœur, <strong>et</strong>détourner l’attention <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sociaux possibles <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité différentielle. C’est négligernon seulement le déca<strong>la</strong>ge d’<strong>une</strong> génération entre les comportements reproductifsd’aujourd’hui <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> l’époque où sont nés les adultes d’aujourd’hui, mais surtoutl’évi<strong>de</strong>nce que, pour avoir autant d’enfants uniques que d’enfants ayant cinq frères ou sœurs,il faut six fois plus <strong>de</strong> <strong>famille</strong>s à enfant unique que <strong>de</strong> <strong>famille</strong>s <strong>de</strong> six enfants : à <strong>la</strong> diminutionmarquée <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s nombreuses ne correspond pas, dans les mêmes proportions, <strong>une</strong>raréfaction <strong>de</strong>s personnes appartenant à <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s nombreuses. Ainsi, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>spersonnes concernées par <strong>une</strong> éventuelle différence <strong>de</strong>s chances <strong>sociale</strong>s en défaveur <strong>de</strong>s<strong>famille</strong>s nombreuses est loin d’être négligeable ou résiduelle.D’autres raisons pourraient cependant plus légitimement faire penser que lesconditions <strong>sociale</strong>s qui pouvaient expliquer le désavantage re<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> <strong>famille</strong>snombreuses dans un état plus ancien <strong>de</strong> <strong>la</strong> société ont dû perdre beaucoup <strong>de</strong> leur importanceaujourd’hui. Ainsi, quand Girard <strong>et</strong> Brésard évoquaient, dans les extraits cités ci-<strong>de</strong>ssus, <strong>une</strong>ff<strong>et</strong> directement économique lié à l’héritage, il s’agit d’<strong>une</strong> société ou les indépendantsétaient encore très nombreux : enfant d’agriculteur, d’artisan ou <strong>de</strong> commerçant, on a plus <strong>de</strong>10


chance d’hériter <strong>de</strong> l’outil <strong>de</strong> travail familial si on est enfant ou fils unique que si onappartient à <strong>une</strong> <strong>famille</strong> très nombreuse 12 . La popu<strong>la</strong>tion concernée par c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> aujourd’hui,dans <strong>une</strong> popu<strong>la</strong>tion active massivement sa<strong>la</strong>riée, s’est considérablement réduite. De même,les coûts <strong>de</strong> l’éducation qu’on pouvait évoquer à <strong>une</strong> époque où l’enseignement secondaire,même public, était payant pouvaient être bien plus inégalement ressentis en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong>taille <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s aujourd’hui qu’autrefois. Au contraire, le fait que l’acquisition <strong>de</strong>s positions<strong>sociale</strong>s repose, <strong>de</strong> manière plus importante, sur l’instruction, <strong>et</strong> donc éventuellement sur le« capital » culturel <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s, perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> supposer qu’il s’agit là d’<strong>une</strong> forme <strong>de</strong> ressourcequi a l’avantage <strong>de</strong> se transm<strong>et</strong>tre sans <strong>de</strong>voir se diviser en fonction du nombre <strong>de</strong>s enfantsqui en « héritent ». Ainsi, il y aurait bien <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> penser que, si importantes que restentpar ailleurs les inégalités <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinées <strong>sociale</strong>s révélées par les enquêtes sur <strong>la</strong> mobilité<strong>sociale</strong>, ces inégalités aient pratiquement cessé d’être affectées par <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s fratries. Or, lestravaux récents <strong>la</strong>issent plutôt supposer que ces inégalités persistent <strong>et</strong> se diffusent à <strong>de</strong>sgroupes sociaux pour lesquelles elles ne s’appliquaient jusqu’alors guère.5. Pistes <strong>de</strong> recherche : liens avec <strong>de</strong>s <strong>question</strong>s <strong>et</strong> disciplines connexesSi <strong>la</strong> variable « nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs » semble jusqu’à présent avoir été peu priseen compte par <strong>la</strong> sociologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong>, d’autres champs disciplinaires en ont eu unusage plus poussé, ce qui conduit à re<strong>la</strong>tiviser le constat proposé dans ce document. Une étapeultérieure <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait préciser davantage le lien, seulement esquissé ci-<strong>de</strong>ssous,avec <strong>de</strong>s thématiques connexes souvent ouvertes par d’autres disciplines, économie,démographie ou encore psychologie.Les théories économiques du capital humain <strong>et</strong> l’interaction entre fécondité, réussitesco<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> professionnelle : plutôt Malthus que Dumont ? Ces travaux partent d’<strong>une</strong>représentation a priori <strong>de</strong>s liens entre taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> <strong>et</strong> réussite <strong>de</strong>s enfants inspirée d’unmodèle fondateur, celui <strong>de</strong> l’arbitrage entre « quantité <strong>et</strong> qualité » <strong>de</strong>s enfants, développé auxÉtats-Unis par <strong>de</strong>s économistes <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Chicago (Becker, 1960 ; Becker <strong>et</strong> Lewis,1973 ; Becker <strong>et</strong> Tomes, 1976). Le nombre d’enfants y est considéré comme <strong>une</strong> variable <strong>de</strong>choix reposant sur <strong>de</strong>s préférences <strong>de</strong>s parents, prenant en compte les <strong>de</strong>stins professionnelsanticipés pour les enfants.Sans nier les contraintes nées du partage <strong>de</strong>s ressources, c<strong>et</strong>te théorie tend à nuancerfortement le rôle causal du nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée <strong>sociale</strong>. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnièrevariable, issue d’un choix, est en eff<strong>et</strong> elle-même déjà un révé<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> <strong>la</strong> situationéconomique <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong> leurs aspirations ou encore <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>s enfants euxmêmes.Dans <strong>une</strong> application <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie beckérienne aux données françaises <strong>de</strong> l’enquêteFormation <strong>et</strong> Qualification Professionnelle, Riboud (1988), sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> ses résultats,suggère ainsi que « l’anticipation <strong>et</strong> l’observation <strong>de</strong> qualités ou <strong>de</strong> traits qui ren<strong>de</strong>nt plusaisés les investissements en capital humain incitent les <strong>famille</strong>s à avoir moins d’enfants ».Schématiquement, un enfant ayant <strong>de</strong>s facilités à apprendre incitera ses parents, tout à <strong>la</strong> fois,à lui faire suivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus longues <strong>et</strong> à avoir moins d’enfants.Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie dans les analyses <strong>de</strong> mobilitéintergénérationnelle fait en partie écho aux idées d’Arsène Dumont. Elles s’en distinguenttoutefois par le poids attribué aux déterminants économiques <strong>et</strong> le calcul rationnel dans lesdécisions <strong>de</strong> fécondité : Becker (1960) lui-même se situe dans <strong>la</strong> lignée <strong>de</strong> Malthus. Or, c’est12 . Ce constat a été confirmé sur les données <strong>de</strong>s enquêtes Patrimoine 2003-2004 par Gol<strong>la</strong>c (2009).11


précisément à l’encontre <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier auteur que Dumont oppose son « principe <strong>de</strong>popu<strong>la</strong>tion » (Dumont, 1890, chap. 1). Pour Dumont, les circonstances <strong>sociale</strong>s telles que« éloignement <strong>de</strong>s grands centres urbains, pauvr<strong>et</strong>é, ignorance […] » donnent plus ou moinsl’occasion à <strong>la</strong> tendance individualiste <strong>et</strong> à « l’effort capil<strong>la</strong>ire » <strong>de</strong> s’exprimer.Les théories <strong>de</strong> <strong>la</strong> dilution <strong>de</strong>s ressources au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> : <strong>une</strong> « loiéconomique » ? La représentation sans doute <strong>la</strong> plus connue du partage <strong>de</strong>s ressources entrefrères <strong>et</strong> soeurs reste sans doute celle d’<strong>une</strong> « dilution » les enfants étant d’autant pluscontraints dans l’accès aux ressources familiales qu’ils sont nombreux. C<strong>et</strong>te idée a surtout étédéveloppée par Judith B<strong>la</strong>ke dans plusieurs travaux parus dans les années 1980 <strong>et</strong> notammentdans l’ouvrage Family size and achievement (1989).Les ressources dont il est <strong>question</strong> sont <strong>de</strong> formes multiples. Lorsque les frères <strong>et</strong>sœurs sont plus nombreux, l’investissement financier dans l’éducation <strong>de</strong> chacun serait plusfaible (Barn<strong>et</strong>-Verzat <strong>et</strong> Wolff, 2003), les ai<strong>de</strong>s financières apportées aux enfants ayant quittéle ménage seraient moins fréquentes (Arron<strong>de</strong>l <strong>et</strong> Wolff, 1998) 13 . Ce constat peut s’é<strong>la</strong>rgir à<strong>de</strong>s ressources matérielles, à l’instar du temps passé avec chaque enfant (Price, 2006).C<strong>et</strong>te représentation a inspiré <strong>la</strong> sociologie <strong>et</strong> l’économie <strong>de</strong> l’éducation dans l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s canaux par lesquels <strong>une</strong> fratrie nombreuse peut avoir <strong>de</strong>s répercussions sur le niveaud’étu<strong>de</strong>s atteint par les enfants. Pour Goux <strong>et</strong> Maurin (2005), <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> l’espace allouéaux enfants 14 , en particulier <strong>la</strong> probabilité plus faible <strong>de</strong> bénéficier d’<strong>une</strong> chambre, serait unfacteur-clé pour comprendre les taux <strong>de</strong> redoublement parmi les enfants issus <strong>de</strong> <strong>famille</strong>snombreuses. La « dilution » ne s’opère pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière selon le type <strong>de</strong> ressources(Downey, 1995). Elle serait moins aigüe en haut <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie <strong>de</strong>s revenus, les ménagesaisés étant plus à même <strong>de</strong> compenser l’eff<strong>et</strong> négatif sur <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s enfants (Gary-Bobo <strong>et</strong>alii., 2006) 15 .C<strong>et</strong>te branche d’étu<strong>de</strong>s n’exclut pas les apports <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature du capital humain citéeci-<strong>de</strong>ssus. Toutefois, ces étu<strong>de</strong>s cherchent en général à dégager un rôle propre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te fratriesur <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée sco<strong>la</strong>ire, s’écartant ainsi du caractère « prédéterminé » que lui confère <strong>la</strong>théorie beckérienne sous sa forme <strong>la</strong> plus pure. En outre, elles soulignent que <strong>la</strong> « loiéconomique » présidant au partage <strong>de</strong>s ressources doit être resituée dans un contexte socialqui <strong>la</strong> rend plus ou moins aigüe. Steelman <strong>et</strong> al. (2002) soulignent ainsi que <strong>la</strong> force <strong>de</strong>l’association entre nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs <strong>et</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire est variable suivant lesgroupes culturels. Elle serait moins forte, voire inversée, au sein <strong>de</strong> groupes où <strong>la</strong> <strong>famille</strong> estfortement valorisée, avec le soutien que ce<strong>la</strong> suppose <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté 16 .Les théories sociologiques <strong>et</strong> psycholgiques sur les re<strong>la</strong>tions au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong>.Elles se distinguent par le fait qu’elles s’écartent notablement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>question</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition<strong>de</strong>s ressources matérielles entre les enfants, qui est au cœur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux approches précé<strong>de</strong>ntes.Ce champ théorique, inspiré davantage <strong>de</strong> <strong>la</strong> psychologie <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> sociologie, est surtout connupar l’intermédiaire <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Zajonc (1976) <strong>et</strong> du modèle dit <strong>de</strong> <strong>la</strong> « confluence ». Des13 . Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières étu<strong>de</strong>s citées ont été menées sur données française : il s’agit respectivement <strong>de</strong> l’enquêteEffort d’Éducation <strong>de</strong>s Familles <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’enquête Actifs financiers menées en 1992.14 . Appréciée dans l’étu<strong>de</strong> par l’intermédiaire du nombre <strong>de</strong> personnes rapporté au nombre <strong>de</strong> pièces dans lelogement (donnée disponible dans le <strong>question</strong>naire logement <strong>de</strong>s enquêtes Emploi annuelles).15 . La source utilisée est l’enquête Génération 1992.16 . Ces étu<strong>de</strong>s aboutissent à un eff<strong>et</strong> faiblement négatif, voire positif, pour les Mormons américains ou encore,pour les Arabes musulmans vivant en Israël : cf. Downey (1995) <strong>et</strong> Steelman <strong>et</strong> al. (2002) pour <strong>une</strong> présentationplus poussée <strong>de</strong> ces travaux.12


frères <strong>et</strong> sœurs plus nombreux contrarieraient les re<strong>la</strong>tions avec les adultes <strong>et</strong> lesempêcheraient d’atteindre <strong>une</strong> certaine maturité. Les enfants uniques ou peu nombreuxseraient <strong>de</strong> leur côté plongés plus tôt dans <strong>une</strong> société d’adultes, avec <strong>de</strong>s conséquencespossibles sur leur développement intellectuel <strong>et</strong> social. De façon plus <strong>la</strong>rge, c<strong>et</strong>te littératureinsiste sur <strong>la</strong> façon dont <strong>la</strong> structure familiale engendre un type <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions entre individus,au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> simple <strong>question</strong> du partage <strong>de</strong>s ressources. Une <strong>famille</strong> plus <strong>la</strong>rge peut parexemple induire <strong>une</strong> influence plus faible <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> statuts parentaux sur les enfants, lesenfants étant davantage influencés les uns par les autres (Conley, 2004). Elle peut encore êtrele moteur d’<strong>une</strong> diversification <strong>de</strong>s trajectoires entre les enfants. S’appuyant sur <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>smonographiques, Buisson (2003) avance ainsi que « plus <strong>la</strong> fratrie est nombreuse, plus celleciperm<strong>et</strong> aux parents <strong>de</strong> reproduire <strong>et</strong>/ou compenser les diverses <strong>dimension</strong>s <strong>de</strong> leurtrajectoire respective ». Selon les exemples cités par l’auteure, tel membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie serapar exemple porteur du désir d’ascension <strong>sociale</strong> par les étu<strong>de</strong>s, un autre prendre plutôt <strong>la</strong>p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère dans <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> l’exploitation agricole.6. Conclusion : transmission familiale <strong>et</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie, <strong>une</strong> <strong>question</strong> toujours endéveloppementUne littérature assez <strong>la</strong>rge, en France comme à l’étranger, s’est développée autour <strong>de</strong>s liensentre nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs <strong>et</strong> réussite éducative ou encore, sa<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> l’individu. Auregard, les étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s groupes sociaux entre générations sont restées, <strong>de</strong>notre point <strong>de</strong> vue, re<strong>la</strong>tivement en r<strong>et</strong>rait. Ceci pourrait s’interpréter par <strong>la</strong> difficulté àinterpréter <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s propres à <strong>la</strong> variable « nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs », compte tenu <strong>de</strong> sonintrication avec les autres composantes <strong>de</strong> l’environnement socio-économique <strong>de</strong> l’individu.L’absence <strong>de</strong> données sur les frères <strong>et</strong> sœurs dans les enquêtes a pu, un temps, contribuer à cemanque. C<strong>et</strong> aspect n’est plus <strong>de</strong> rigueur aujourd’hui, tout du moins pour <strong>la</strong> France oùplusieurs enquêtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> statistique publique, comme l’enquête Famille, comprennent <strong>de</strong>sinformations sur le nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs (<strong>et</strong> sur leur ordre), ainsi que sur l’origine <strong>et</strong> <strong>la</strong><strong>de</strong>stinée <strong>sociale</strong> <strong>de</strong>s individus. L’enquête Formation Qualification Professionnelle a ainsiajouté à son <strong>question</strong>naire, en 2003, <strong>une</strong> série <strong>de</strong> <strong>question</strong>s sur un frère / <strong>une</strong> sœur tiré(e) ausort dans <strong>la</strong> fratrie. Ces données ouvrent notamment <strong>la</strong> voie à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversification <strong>de</strong>strajectoires au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie.Références bibliographiquesArron<strong>de</strong>l L. <strong>et</strong> Wolff F.-C., 1998, « La nature <strong>de</strong>s transferts inter vivos en France :investissements humains, ai<strong>de</strong>s financières <strong>et</strong> transmission du patrimoine », Economie <strong>et</strong>Prévision, n°135, pp. 1-27.Barn<strong>et</strong>-Werzat C. <strong>et</strong> Wolff F.-C., 2003, « Choix d’éducation <strong>et</strong> composition par sexe <strong>de</strong> <strong>la</strong>fratrie », Economie <strong>et</strong> Prévision, n° 157, pp. 97-118.Becker G. S., 1960, « An economic analysis of fertility », in Demographic and EconomicChange in Developed Countries, Princ<strong>et</strong>on, N.J. : National Bureau of Economic Research.Becker G. 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