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Maturité Lorsque les vignerons ouvrent leur réserve personnelle et qu’ils débouchent quelques raretés, les langues se délient. Car le vin refl ète toujours l’époque à laquelle il a été produit. Ainsi, les vins genevois des années 90 relatent l’ambiance de renouveau des débuts. Alors qu’auparavant les cépages Chasselas et Gamay étaient prédominants, dans ces années-là, les vignerons se focalisèrent progressivement sur leurs spécialités et Un coureur de fond qui a du charme Les temps modernes de la viticulture genevoise ont débuté dans les années 1990. Grâce à l’introduction de nouveaux cépages, à une réduction rigoureuse des rendements et à un travail de vinifi cation individuel, la région a pu produire des vins de pointe, qui n’ont rien perdu de leur charme. leurs sélections. En prenant exemple sur la Bourgogne, ils commencèrent à vinifi er des chardonnays et des pinots noirs en barrique, et les sauvignons blancs jouirent à ce moment-là d’une popularité grandissante. Aujourd’hui, les vignerons ont gagné en confi ance et ne perçoivent plus leur région de production de Genève comme un territoire isolé, mais comme partie intégrante d’un plus vaste espace articulé autour du Rhône. Désormais, on n’hésite plus à planter des variétés comme le Viognier et la Syrah. La culture bordelaise, avec ces cépages fétiches que représentent le Merlot, le Cabernet Sauvignon et le Cabernet Franc n’est pas négligée pour autant. Quant à la variété Gamaret, qui résulte d’un croisement de Gamay et du cépage blanc Reichensteiner, elle produit des vins très fruités qui sont promus nouvelle spécialité genevoise. 20 VINUM emotion GENÈVE
Un an après, tout recommence Après des années de surplace, tout est paru soudain réalisable. Seulement, les producteurs doivent trouver le juste milieu entre tradition et innovation. Car dans le vin, le succès ne peut s’obtenir qu’avec une vue à long terme. Il faut déjà au moins trois ans pour obtenir une première récolte de nouveaux plants, et le maître de chai doit se montrer d’une extrême prudence. De nouvelles expériences tentées au moment de la macération sur pellicules lors de la vinifi cation des vins rouges, ou une fermentation malolactique dans la vinifi - cation des vins blancs, ou encore l’utilisation de barriques, peuvent transformer le caractère d’un vin de façon irrémédiable. Une fois mis en bouteille, impossible de lui apporter des corrections. Le vin est «fi ni» et le vigneron doit attendre un an avant de réajuster le style de son produit. Le plus étonnant en dégustant les vins des années 90, c’est que ces nouvelles créations de l’époque présentent en général un très bon potentiel de garde et se boivent avec beaucoup de plaisir malgré les années passées en bouteille, et cela autant chez les vins blancs que chez les vins rouges. Ils détiennent la clef du coffre aux trésors des vins. De gauche à droite : Jean-Pierre Pellegrin, du Domaine Grand’ Cour, Luc Mermoud, René Desbaillets, du Domaine des Abeilles d’Or, Thierry Anet, du Domaine Les Vallières, Émilienne Hutin, du Domaine Les Hutins, Jacques Dupraz, du Domaine des Curiades, Luc Dubouloz, du Château du Crest et Roger Burgdorfer, du Domaine du Paradis. VINUM emotion GENÈVE 15.5 points Dix genevois de grande longévité Aligoté 1990 Luc et Liliane Mermoud, à Lully Le cépage de Bourgogne Aligoté produit des vins à boire, faciles d’accès. En 1990, un millésime exceptionnel, Luc Mermoud a attendu la fi n octobre pour rentrer ses raisins à 97 degrés Oechslé. Ce vin a conservé toute sa puissance, sa vivacité, et présente des expressions aromatiques secondaires très marquées, évoquant quelque peu un vin jaune. Pour les amateurs de ce type de vin. 17 points Chardonnay 1997 Domaine Les Hutins, à Dardagny Alors que ce millésime était plutôt diffi cile, voilà un chardonnay au raffi nement bourguignon et au caractère minéral qui a très bien vieilli. Au nez, arômes de fruits mûrs sans notes madérisées. En bouche, équilibré, avec beaucoup de fi nesse et de fondant. Malgré l’élevage en barrique, la note boisée n’est plus perceptible. 16 points Sauvignon blanc 1998 Domaine Grand’ Cour, à Peissy Un vin à la fois puissant et complexe. Au nez, les notes minérales se marient aux notes boisées épicées. On remarque aussi des arômes d’abricot et de fumée. Malgré ses 103 degrés Oechslé à la récolte et une vinifi cation en barrique neuve avec fermentation malolactique, ce vin s’avère toujours équilibré, grâce à sa juteuse acidité. 17 points Gewürztraminer passerillé 1992 Luc et Liliane Mermoud, à Lully Robe jaune foncé; nez aux arômes intenses d’abricot, de pêche, de pétales de rose et d’orange; en bouche, opulent et puissant. Il possède encore beaucoup de potentiel. Les raisins ont été vendangés un peu plus tard que d’habitude puis concentrés à 180 degrés Oechslé par passerillage. 15.5 points Pinot noir 1998 Domaine des Curiades, à Lully Robe grenat moyen; nez aux notes de fraises mûres, de prunes, de confi ture de vieux garçon; en bouche, corsé et équilibré. Un pinot on ne peut plus authentique, élevé en cuve inox. (dégustés en décembre 2007) 15 points Gamaret et autres cépages rouges 1999 Les Vallières, à Satigny Nez de petits fruits rouges mûrs; en bouche, dense et corsé, sur une acidité vive. Un vin authentique qui possède un charme apparaissant quelque peu rustique. L’assemblage est principalement constitué de Gamaret, mais aussi de 15 pour cent environ de Cabernet Sauvignon. 15.5 points Pont des Soupirs 1992 Domaine du Paradis, à Satigny Nez aux notes d’herbes aromatiques, de petits fruits rouges et noirs mûrs, de poivre et de sousbois; en bouche, un vin de poids moyen joliment équilibré. Une cuvée typiquement genevoise à base de Cabernet Sauvignon et de Gamaret. 16 points Merlot 1997 Domaine Grand’Cour, à Peissy Robe rouge soutenu et dense; au nez, notes de fruits mûrs, mais également du caramel, de la fumée et un peu de crème brûlée; en bouche, il a conservé toute sa fermeté et sa structure. C’est un vin viril, mais qui sait aussi montrer son côté fruité et raffi né. Il a été vinifi é à partir de la première récolte d’une nouvelle parcelle de Merlot. 16 points La Douce Noire 1996 Domaine des Abeilles d’Or, à Choully Robe rubis d’intensité moyenne; au nez, arômes de petits fruits rouges, de sol forestier, de poivre et d’épices; en bouche, équilibré, présentant un beau complexe de fruits et beaucoup de fondant. Avec le millésime 1996, René Desbaillets a, pour la première fois, produit sa cuvée de prestige en assemblant six cépages : Gamaret, Garanoir, Merlot, Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc et Pinot noir. 15.5 points Syrah 1999 Domaine des Pendus, à Peney Nez aux notes de petits fruits rouges, de livèche, de cuir et de poivre. En bouche, viril, avec de bons tannins et une acidité présente. Il rappelle les syrahs du Rhône septentrional, un saint-joseph. 21
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