LES~)lJ\.URES ESPAGNOLS DE RABAT-SALtRosso, etc... Certains de ces noms indiquent les villesd'origine d~ ceux qui les portent comme El Qortbi(originaire de Cor!iou, El Malqi (originaire deMalaga), Louchi (de Loja). El Yabeun (originairede Evora), Ould El Medouar (originaire d'Almopovar),etc...Appelés les « Andalous» par le peuple marocain,ils forment. une caste ..noble, très fermée, se mariantentreeux et n'acceptant pas d'étrangers sauf quelquefoisles (,horfa. Appréciés des sultans pour leurintelligence, leurs méthodes degouyernement, leurhabileté diplomatique, ils ont toujours occupé les\plus hautes charges de l'Etat.. Le Pacha actuel de<strong>Rabat</strong>, Si Seddiq Bargach, appartient à une de cesfamilles les plus illustres et les plus réputées. Sonpère, sous le règne de Moulai El Hassan, futambassadeuretsigna en cette qualité la convention deMadrid. La famille Bargach serait origin~re de Malagad'où elle aurait émigré pour venir s'établir à<strong>Rabat</strong>.quand les habitants de la ville de Hernaches,en Estrama<strong>du</strong>ra, prévenant la sentence qui lesmenaçait, s'installèrent avec de grandes richessesdans ses murs.Frémissant de haine envers la·nation'qui les avaitchassés, espérant par une revanche'lleureuseentrerà nouveau dans leurs màisons d'Espagne dont ilsavaient gardé les clefs comme des talismans, ils équi- .pèrent de nombreux bateaux corsaires, s'attaquant .d'abord au pavillon espagnol, mais ne tardant pas às'en prendre à celui detoutes les nations chrétiennes.Indépendants en fait <strong>du</strong> pouvoir'des sultans, moyennantla redevance d'un faible pourcentage sur le pro<strong>du</strong>itde leurs prises, ils jouirent d'une grande puissance,qui déclina avec celle de l'état marocain..Antérieurement à la venue de ces l\Iaures espagnolsexpulsés parles souverains catholiques, des rapportsétroits de conquête et de civilisation avaientexisté entre le <strong>Maroc</strong> et'l'Espagne. Almo~ades etMérinides avaient tour.à tour conquis l'Andalousie à, l'appel de s~s habi~ants menacés par les princes chrétiens<strong>du</strong> nord de l'Espagne et déchirés par des luttesintestines. On avait vu lès hordes' fanatiques desAlmoravides, tels des hommes bleus de Hiba, se lancerdes régions désertiques <strong>du</strong> sud marocain vers lalointaine Espagne, où ils espéraient faire de fructueusesrazzias contre les chrétiens. C'était l'époquedes grands diehads, sortes de croisades musulmanesqui déversaient des flots d'envahisseurs marocains surla Péninsule. De cette .. époque date la fondation de<strong>Rabat</strong>, qui,à l'origine, était un' camp.de rassemblementpour ées fanatiques conquérants. Ceux-ci à leUrtour furent subjugués par la fine civilisation qu'ils,Leurs descendants forment·encore la plus grandepartie, pour ne pas dire la presque totalité de l'élite.intellectuelle, in<strong>du</strong>strielle et commerçante de <strong>Rabat</strong>-Salé. .Ilest facile de s'en rendre compte à .leurs noms- deconsonance espagnole et non arabe, tels que Bargach(Varga,s), Perez, Loubarès, Palamîno, Palombo, Jorio, .GrÎnolono, Chilito, Krichebbou (Crespo), Marsil (Marcelo),Melato, Molin, Morenq, Camarada, Rodias,
LES MAURE,S ESPAGNOLS. DÈ RABAT-SALt 151avaient trouvée chez leurs coreligionnaires andalous,Et c'est,ainsi que bien avant l'époque où <strong>Rabat</strong> futpeuplé des derniers musulmans espagnols, le Ma:-ocavait déjà subi fortement l'influence de la splendidecivilisation des Maures d'Andalousie.La tour Hassan qui domine l'estuaire <strong>du</strong> BouRegreg n'est~elle pas bâtie d'après les plans cde la Giralda de Séville dont elle est contemporaine? '.La grande mosquée dont le style .primitifa été malheureusementaltéré par de nombreuses réparationsest également de la plus belle architecture anda·louse.La medersa de Salé, vérit1lble bijou d'architecture,sert encore aujourd'hui par ses ornepentationsde modèle aux artisans, qui décorent l'intérieur desriches maisons màuresques dont certaines, sont devéritables merveilles avec leurs plafonds. en boissculpté, les dessins des mosaïques de leurs murs,encadrés par de fines moulures en plâtre et leùr solpavé de « zelledje » émaillés. Quel charme' pour lavue se dégage de ces mosaïques, dont le bleu trèsdoux, le vert foncé, forment avec le bleu turquoise unensemble si harmonieux. Une impression de fraîcheurse dégage de ces riants jardins attenant à c~sdemeures. De petites allées pavéeseI]. briques émaillées,élevées un peu au-dess1;ls <strong>du</strong> niveau <strong>du</strong> sol, partagentlescorbeilles de fleurs et4e ver<strong>du</strong>res, ombragées .par des orangers et des citronniers. C'est· bien 'le cadre'rêvé poudes habitants d'une-ville réputée pour sa« hadria» (civilisation raffP1ée), si opposée à la badia(rudesse) des populationsdela campagne,des bédouins.Tout cela est l'œuvre des Maures espagnols.L'étranger.adinis dans un de ces· intérieurs ,est ..surpris et ravi timt par la politesse exquise qui règle.les détails les plus intimes d'une réception que parles mets fins et délicats qui .lui· sont .offerts.directeur de l'Ecole supérieure de <strong>Rabat</strong>.