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Rabat - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc

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LES AVENTURES D'UN CAPTIF A SALÉ 35\-que 'autre,r enfe rmai tq uantitédejardins et ungrand champoù l'on auraitpu semer desgrains pournourrir plusde 1.500 personnes.Il est intéressantdesavoir quelleétait la viedes captifs.Ona vuqucquatre associésa vaien tachetéMouët.te. Le premier,Mohammedle Maraxchy,fermier<strong>du</strong> poids<strong>du</strong> chérif, lecon<strong>du</strong>isit en •sa maison oùsa femme luiprésenta <strong>du</strong> pain blanc. <strong>du</strong> beurre, <strong>du</strong> miel et des dattes.Mohammed Liebus, marchand de laine, et le Juif RabbyYemin, lui baillèrent quelques hardes. Le Juif le complimentaen :espagnol, lui donnant <strong>du</strong> « monsieur n, l'interrogeasur sa fortune et ses parents. Le sieur Mouëttese défendit d'être riche. Sur la menace de coups debâton, il écrivit toutefois une lettre, la plus pitoyable <strong>du</strong>monde, à un présumé frère, savetier de son état, le priantde faire une quête pour réunir 40 ou 50 écus pour lesFrères de la l~édemption. Même accueil aimable au logisde Mohammed Liebus, qui le présenta à sa belle-mère età sa femme, Andalouses, qui déplorèrent son malheur.Elles lui donnèrent un bon déjeuner et lui apprirent ilmoudre le blé dans la cuisine, avec un moulin à bras. ceCanon portugais sen'ant anciennementà la défense de <strong>Rabat</strong>.Frégates attaquees par les corsaires en vue d'Alger.(Gravure ancien'le.)qui était letravail ordinairedes captifsdans lesports de mer.Travail quiparut encoretrop <strong>du</strong>r ànotre jeuneaventureux,qui s'en acquittaitfortmal. Il préféraitpromeneren ville l'enfantde sa patronne,unejeune et trèsbelle personneparlantparfaitementl'espagnol. Asa requête, onlui ôta unechaîne de 25livres que lemari lui avaitimposée. Bienrégalé de painblanc et de miel, Mouëtte avait tout loisir d'errer dansSalé; et il n'allait pas coucher dans la «( mat~more » avecles autres captifs. L'Andalouse et le captif échangèrentmême quelques douces paroles et, s'il ne s'était faitrenégat, volontiers elle lui eût donné sa nièce commeépouse.Ainsi, Mouëtte passa assez agréablement une annéechez Liebus. Mais le caïd Hamet ben Yeucourt, sonquatrième patron, demanda à ses associés s'ils n'avaientpas traité le prix de sa rançon; et il acheta leur part.Jour malheureux! Mouëtte <strong>du</strong>t servir à l'écurie de lacasbah, n'ayant que <strong>du</strong> pain noir et de l'eau; et il couchaitdans une infecte matamore remplie de verminesavec trente autres prisonniers arabes.En ce temps-là, Moulaï Ismaïl parvint à la couronneet revenait victorieux de Marrakech, fort irrité contre legouverneur de Salé. Il lui donna l'ordre de se rendre àFez avec tous ses soldats et ses gens et d'y vivre commeun particulier.Ainsi, les fers aux pieds, marchant sur les sablesbrûlants, ·Mouëtte rejoignit Fez, dont il nous fait unedescription encore vraie. Il y travailla au rude labeur dela maçonnerie, broya les couleurs chez un peintre, éprouvales persécutions <strong>du</strong> nouveau sultan en représailles desdésordres commis à Fez par les Espagnols. Il travaillaaussi au palais de Meknès. à l'immense et beau châteaude Marrakech dont le sérail était couvert de feuillesd'or, où des bassins d'eau vive remplis de poissonsétaient reflétés dans les miroirs enchâssés dans les lambrisdes grandes salles, où l'on voyait représenté lefirmament.Et notre captif connut la faim, la peste, les matamoresjusqu'au jour où les Pères de la Merci négocièrentenfin sa délivrance, l'an r680.P. C.13

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