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A l'arrache Les faits du métier @ Maria Tanase et Piotr ... - Mondomix

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mondomix.com - 15Indian SongsB.M.Le Rajasthan est une terre riche en traditions musicales <strong>et</strong> picturales. Lefilm Darpan ke peeche, que le réalisateur Rajkumar Bhan est en train d<strong>et</strong>ourner, leur rend hommage. Voyage dans le Shekhawati. Par BenjaminMiNiMuM<strong>Les</strong> Bhopas<strong>Les</strong> doigts fins de Dhanna Ram Bhopa glissent sur le manche de sa ravanantha.<strong>Les</strong> sons lancinants qu’il extirpe de c<strong>et</strong>te vièle, attribuée à Ravana, le démon roi deLanka, l’aident à poser sa voix. Il déclame l’histoire de Pabuji, héros de l’Inde <strong>du</strong>Nord, de l’ère moghole (1526-1857). <strong>Les</strong> grelots attachés à son arch<strong>et</strong> rythmentson récit. Sur certaines phrases, Savitri, accroupie à ses côtés, reprend ses parolesà l’unisson. Jamais nous ne verrons son visage. Lorsque les musulmans ontenvahi l’Inde <strong>du</strong> Nord, entre 1200 <strong>et</strong> 1400, ils ont pris l’habitude d’emmener aveceux les plus belles femmes. Depuis, les épouses se cachent derrière des voilescolorés. Attentif, souriant <strong>et</strong> silencieux, Ram Niwas, leur jeune fils, suit la musiqued’un mouvement régulier de la tête. Autrefois, les familles Bhopa suivaient le calendrierdes fêtes locales <strong>et</strong> traversaient le Rajasthan pour venir conter l’histoiredes demi-dieux <strong>et</strong> des rois. Pendant que l’homme jouait, la femme dansait devantune toile peinte où étaient dessinés les exploits mythiques des héros. Ils étaientle centre des réjouissances <strong>et</strong> traités comme des princes. Aujourd’hui, ces coutumessont devenues désuètes <strong>et</strong> les musiciens nomades se sont sédentarisés.Dhanna Ram Bhopa <strong>et</strong> sa famille ont planté leur tente de fortune sur un terrain del’hôtel principal de Jhunjhunu, l’ancienne capitale <strong>du</strong> Shekhawati. Et lorsque destouristes étrangers veulent entendre de la musique, un serveur va les chercher. Ilsjouent <strong>et</strong> chantent en espérant s’attirer assez de roupies pour tenir la semaine.La tradition des ChejarasLe Shekawati, la région où se passe c<strong>et</strong>te scène, est une zone rurale <strong>du</strong> Nord-Est <strong>du</strong> Rajasthan, aux portes <strong>du</strong> désert <strong>du</strong> Thar. Elle fut investie par de richesmarchands Marwaris entre le milieu <strong>du</strong> XIXe siècle <strong>et</strong> le début <strong>du</strong> suivant. Ils yont fait construire de nombreuses havelis, demeures bourgeoises à l’architecturegracieuse, illuminées de fresques mystiques ou héroïques finement réalisées pardes Chejaras, une caste de peintres bâtisseurs. Encouragés par leurs mécènes,ces artistes ont alors élargi l’exercice de leur talent à la décoration des temples <strong>et</strong>des bâtiments publics. Ce qui a valu à ce bout de Rajasthan le surnom de "plusgrande galerie d’art en plein air <strong>du</strong> monde". Peu à peu, les grandes familles decommerçants ont abandonné la région pour les grandes métropoles <strong>et</strong> les Chejaras,dans leur grande majorité, ont été obligés de changer d’activité. Aujourd’hui,par manque de moyen <strong>et</strong> d’attention, ce patrimoine tombe en ruine. C’est autourde c<strong>et</strong>te tradition à l’abandon que s’est construit le scénario de Darpan ke peeche(derrière le miroir) réalisé par le cinéaste rajasthanais Rajkumar Bhan <strong>et</strong> pro<strong>du</strong>itpar une jeune société parisienne "Mille <strong>et</strong> une pro<strong>du</strong>ctions". Ce film raconte unehistoire initiatique. Celle d’un enfant des villes qui, provisoirement confié à sagrand-mère, découvre <strong>et</strong> s’initie à l’art des Chejaras, au grand désarroi de sonpère, convaincu qu’une telle carrière n’a pas sa place dans le monde moderne.Darpan ke peeche m<strong>et</strong> en scène des comédiens de grand renom : Nirmal Pandey(le père), Sulabha Deshpandey (la grand-mère) <strong>et</strong> le jeune Oumkar Lele.<strong>Les</strong> ManghaniyarsIl sera aussi l’occasion de croiser des traditions musicales en train de disparaître,comme celle des Bhopas, ou légèrement mieux exposées, comme celle des Manghaniyars.C<strong>et</strong>te caste de musiciens <strong>du</strong> désert est au service de mécènes hindous.Leurs fascinants chants de louanges résonnent tout au long de la bande-son. EnFrance, grâce au travail <strong>du</strong> label Long Distance <strong>et</strong> de la maison de pro<strong>du</strong>ction despectacles Zamatan, la musique des Manghaniyars <strong>et</strong> des Langas, caste au servicede riches musulmans, est assez connue. Ils se sont souvent pro<strong>du</strong>its à Paris,au Théâtre de La Ville, à la Cité de la Musique ou à l’Institut <strong>du</strong> Monde Arabe, toutcomme dans de nombreux festivals de province. Le succès rencontré en Occidentleur a fait prendre conscience de l’importance de préserver leurs traditions. Aidéspar des professionnels français, ils ont pu m<strong>et</strong>tre en place un conservatoire dansle p<strong>et</strong>it village de Barna, en plein désert, où de jeunes prodiges peuvent suivre uneformation musicale complète.Il faut espérer que Darpan ke peeche, qui doit être terminé au printemps pour êtreprésenté au comité de sélection <strong>du</strong> Festival de Cannes, attirera l’attention sur latradition des Bhopas, comme Tony Gatlif l’avait fait avec celle des Manghaniyarsdans Latcho Drom en1993.Musique des Manghaniyars <strong>et</strong> Langas : Chota Divana, Divana, and Jogi - Chants de palais <strong>et</strong>de déserts Long distance 2000.Extraits sonores sur mondomix.com

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