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A l'arrache Les faits du métier @ Maria Tanase et Piotr ... - Mondomix

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22 - mondomix.comErik Marchand vs.Rodolphe BurgerDe prime abord, l’alliance <strong>du</strong> chanteur br<strong>et</strong>on <strong>et</strong> <strong>du</strong> rocker français peutsembler improbable. Mais c’est sans compter sur la curiosité de l’un <strong>et</strong>de l’autre. Propos recueillis par Benjamin MiNiMuMErik Marchand, loin de s’enfermer dans l’univers de la culture br<strong>et</strong>onnante, atoujours confronté son art avec des traditions d’apparences éloignées (chants despays de l’Est, <strong>du</strong> Mali, d’Albanie..) ou avec le savoir-faire d’artistes aux esthétiqueshybrides (Thierry Robin, Keyvan Chemirani …). L’Alsacien Rodolphe Burger, quivient de m<strong>et</strong>tre un terme au groupe emblématique <strong>du</strong> rock indépendant français,Kat Onoma, a toujours aimé suivre des aventures hors des sentiers battus.Comment vous êtes-vous rencontrés ?R.B. : En 2002, au festival Panoramas de Morlaix, je présentais avec OlivierCadiot le concert d’Hotel Robinson, ce disque que nous avaient inspirés l’île deBatz <strong>et</strong> ses habitants. J’avais très envie d’inviter des musiciens de la région. L’undes organisateurs <strong>du</strong> festival a eu l’idée de contacter Erik Marchand. Ce n’étaitpas la rencontre la plus évidente <strong>du</strong> monde. D’emblée, ça a extrêmement bienfonctionné <strong>et</strong> nous avons créé un morceau qui s’appelle "Montroulez", Morlaix enbr<strong>et</strong>on. C<strong>et</strong>te première rencontre a été suivie de plusieurs autres. Puis JacquesBlanc, <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> Quartz à Brest, nous a proposé de développer c<strong>et</strong>te collaborationà l’échelle de tout un concert. Nous l’avons préparé en studio <strong>et</strong> là, çaété comme un geyser musical. Nous avions l’impression d’être sur un gisementnaturel, pas <strong>du</strong> tout quelque chose de forcé ou d’anecdotique.Erik, avant c<strong>et</strong>te expérience, qu’elle était votre rapport avec la culturerock ?Je n’ai aucune culture rock. Le blues davantage, mais à l’ancienne, commeMuddy Waters, John Lee Hooker. J’ai aussi vécu en Louisiane quelques moisdonc, j’ai un peu écouté des choses comme ça, mais je n’avais aucune connaissance<strong>du</strong> Rock français. A ma grande honte, je ne connaissais ni Kat Onoma, niRodolphe Burger, avant de le rencontrer à Morlaix.Quel est le chant br<strong>et</strong>on le plus naturel pour vous, le khan ha diskan, lagwerz ?J’apprécie ces deux grand styles. Le khan ha diskan possède ce génie de ladynamique rythmique <strong>et</strong> la gwerz c’est la récitation d’une histoire, de la poésiechantée de tradition orale. Mais j’aime aussi les p<strong>et</strong>ites chansons que l’on chantelors d’occasions festives <strong>et</strong> conviviales, qui n’appartiennent pas à ces stylesnobles mais font souvent bien plaisir.Ce travail avec Rodolphe Burger, vous l’avez abordé de la même façonqu’une rencontre avec des musiciens africains ou d’Europe de l’Est ?C’est avant tout le fruit d’un premier contact. Si le premier morceau que nousavons fait à Morlaix n’avait pas bien fonctionné, nous n’aurions pas eu envie decontinuer. De la même manière qu’une conversation avec un inconnu dans uncafé peut être tout à fait banale, mais peut aussi aboutir à une grande amitié. Enmusique, c’est pareil <strong>et</strong> c’est ce qui s’est passé. Musicalement, on a choisi deschoses qui n’appartenaient pas forcément à mon univers ou à celui de Rodolphe.Il y a certes des chansons <strong>du</strong> patrimoine br<strong>et</strong>on <strong>et</strong> des compositions de Rodolphe,mais on a surtout choisi des choses exclusivement pour c<strong>et</strong>te rencontre, desmorceaux de Grèce <strong>du</strong> Nord, d’Epire, des morceaux patatoniques très bizarres.On se perm<strong>et</strong> des morceaux comme "Before Bach", qui est de tempéramentinégal comme dans les modes de musiques arabes. On joue des 5/4, ce qui n’estpas très courant en rock. Il n’existe à ma connaissance que le "Four sticks" deHendrix. Voyez que je me suis renseigné en rock depuis, j’écoute des émissionssur France Culture.B.M.Et pour vous Rodolphe, la musique Br<strong>et</strong>onne ?Je dois avouer que je n’ai pas une grande connaissance, ni même une attiranceparticulière pour c<strong>et</strong>te musique. J’en ai même une certaine appréhension. Cesgrandes messes celtiques au Stade de France ne sont pas des choses quim’attirent. Je connaissais le travail d’Erik grâce à un ami qui m’a fait découvrirson travail avec les musiciens roumains. J’avais été frappé par la profondeurmusicale de ce proj<strong>et</strong> qui, tout d’un coup, me faisait entendre quelque chose queje n’avais jamais enten<strong>du</strong> dans les musiques br<strong>et</strong>onnes. Mais je n’aurais jamaisimaginé que l’on puisse faire un disque ensemble, ça a vraiment été une surprise.Pour moi, c’est une affaire d’indivi<strong>du</strong>s <strong>et</strong> c’est essentiel en musique.Votre travail ne se ré<strong>du</strong>it pas à un mariage entre musique br<strong>et</strong>onne <strong>et</strong>rock le joueur de oud Medhi Haddab tient un rôle important. Commentest-il venu s’inscrire dans votre proj<strong>et</strong> ?E.M. : Lorsque nous étions à la genèse de c<strong>et</strong>te histoire, j’ai eu la chanced’entendre Medhi dans l’ensemble DuOud <strong>et</strong> ça a fait tilt. Soyons honnêtes, j’avaisun peu peur de c<strong>et</strong>te rencontre avec des musiciens harmoniques qui, dans monesprit, enquillaient des grilles d’accords comme des malades sur des blues de12 mesures. Je me suis dit qu’il fallait déstructurer tout ça <strong>et</strong>, pour ce faire, jedevais me trouver un acolyte dans le monde de la modalité. Quand j’ai enten<strong>du</strong>Medhi avec son système électrique, je me suis dit qu’il y avait là quelque chosed’intéressant à creuser. Mais j’étais loin de m’imaginer que ça irait aussi loin.Lorsque nous nous sommes r<strong>et</strong>rouvés en studio, il s’est vraiment passé quelquechose. Je me disais l’autre jour en plaisantant que, pour faire le lien entre le rock<strong>et</strong> la musique br<strong>et</strong>onne, il a fallu un Algérien.Interview sur mondomix.com

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