Stimmhorn & Kold electronics"Igloo"(Recrec/Nocturne)A en croire ce disque, la Suisse n’estpas un territoire aussi neutre qu’onl’imagine. <strong>Les</strong> Zurichois de Stimmhorn,fidèles à l’orientation de leurs précédentsalbums, mélangent des instruments<strong>et</strong> des techniques vocales inatten<strong>du</strong>.Zehnder pratique le yodle alpin oules chants des shamans d’Asie Centrale,Streiff joue de l’alpenhorn, spectaculair<strong>et</strong>rompe de montagnes, de la trombada pirasi de l’ère baroque, comme <strong>du</strong>büchel bavarois. Pour étoffer leur universdéjà particulier, ils se sont adjointles services d’un électronicien polonais,Tomek Kolczynski, <strong>et</strong> pour un titre ceuxdes rois <strong>du</strong> chant de gorge MongoleHuun-Huur-Tu. Entre mystères des hautesmontagnes <strong>et</strong> mirages urbains, Iglooest un disque étrange <strong>et</strong> fascinant.Azzddine with Bill Laswell"Massafat"(Barraka el Farnatschi/Night & Day)Dernière référence <strong>du</strong> label suisseBarraka el Farnatschi, Massafat, <strong>du</strong>chanteur, joueur de oud, de darboukas<strong>et</strong> compositeur Azzdine Ouhnine, est unnouvel ovni qui, entre musiques marocaines<strong>et</strong> pro<strong>du</strong>ctions électroniques,invente un répertoire très abordable.Plus assagis que les premières pro<strong>du</strong>ctions<strong>du</strong> label, ces titres aux temposlancinants ont bénéficié sur 8 des 14titres enregistrés, <strong>du</strong> jeu de basse deBill Laswell. Inspiré par différents rythmesde l’empire chérifien, ce Massafatprolonge le grand dessein <strong>du</strong> label, àsavoir : créer le futur des musiquesmarocaines.S.B.M."Music from the chocolate lands"(Putumayo)Après avoir consacré des disquesau pays pro<strong>du</strong>cteurs de thé puis decafé, Putumayo s’intéresse aujourd’huiaux musiques provenant de terres oùl’on cultive le cacao. De l’Afrique àl’Amérique latine en passant par l’Inde,le voyage est doux <strong>et</strong> ne manque pasd’arômes. Si l’on croise des artistesconnus (Toto, Bona, Lokua, SusanaBaca ou Susheela Raman), les découvertessont nombreuses <strong>et</strong> les nouveauxvenus sont mis à l’honneur (Taff<strong>et</strong>as,Dob<strong>et</strong> Gnahoré, Teresa Bright…).Nourrissant <strong>et</strong> onctueux ce disque estidéal pour bien commencer la journée<strong>et</strong> si l’envie nous prend de flemmarder,on n’hésitera pas à en reprendre un<strong>et</strong>asse.B.M.Mukta"Haveli"(Warner Music France)Mukta a enregistré ce nouvel album àDelhi avec des musiciens d’obédiencehindoustanie (Biswajit Roy Chow<strong>du</strong>ryau sarod <strong>et</strong> Gyan Singh aux tablas). Lepremier morceau éponyme, ouvre surun univers musical dense <strong>et</strong> voluptueux.Inspiré des contes des Mille <strong>et</strong> une Nuits,Haveli possède des sonorités riches,des rythmes hypnotiques. La pal<strong>et</strong>ted’instruments est élargie, notammentgrâce à l’arrivée <strong>du</strong> chanteur sitaristeMichel Guay. Guidé par le contrebassisteSimon Mary, Mukta mêle son jazz<strong>et</strong> ses touches de percussions latinesaux instruments traditionnels indienspour en sortir une véritable fusion,loin des collages artificiels <strong>et</strong> factices,Mukta continue son chemin vers uneesthétique nouvelle.Jill Drumond
mondomix.com - 43DVDMariza"Live in London"(Virgin/EMI)Mariza s’est imposée, en tout juste deuxopus, comme l’une des principales figuresde la nouvelle génération <strong>du</strong> fado.Remarquée par la justesse de sa voix <strong>et</strong>des émotions qu’elle inspire, Mariza a susé<strong>du</strong>ire les aficionados <strong>du</strong> fado par saprésence scénique qui, au-delà de sestenues très glamour <strong>et</strong> de sa blonde chevelureplaquée, incarne à merveille parsa gestuelle c<strong>et</strong>te saudade portugaise.Enregistré en mars 2003 par la BBC lorsd’un concert à Londres, dans le cadreprestigieux de l’Union Chapel, ce premierdvd de Mariza propose, outre ses 16titres, une interview de la chanteuse <strong>et</strong>deux vidéos clips.S."<strong>Les</strong> Orientales""L’Algérie en fête","Lili Boniche à Mogador"(mk2 musique)Djazaïr, l’année de l’Algérie en France,fut l’occasion de multiples concerts <strong>et</strong>proj<strong>et</strong>s exceptionnels. Ces trois dvds endonnent un p<strong>et</strong>it aperçu. Orchestré parles Marseillais de Barrio Chino <strong>et</strong> mis enscène par Caroline Loeb, le spectacle"<strong>Les</strong> Orientales" réunissait les jeuneschanteuses Mouna <strong>et</strong> Sylvie Denia,avec l’orchestre de la radio algérienne.Ensemble, ils rendaient hommage autouchant répertoire juif algérien d’aprèsguerre."L’Algérie en fête" reprend desextraits de concerts <strong>du</strong> barde kabyle AïtMenguell<strong>et</strong>, <strong>du</strong> roi de Chaabi Guerouabiel Hachemi ou de Maurice El Medioni.Le plus intéressant de ces trois volumesest assurément celui consacré àLili Boniche. Outre la quasi intégralitéde l’émouvant concert qu’il offrit aupublic <strong>du</strong> théâtre Mogador en septembre2003, il contient des images descoulisses, une longue interview danslaquelle le créateur de "Alger, Alger"délivre souvenirs <strong>et</strong> anecdotes <strong>et</strong> desextraits des deux autres dvds.B.M."Global Party 4, a human Party"(Sony Music)Ce double format (un dvd <strong>et</strong> un cd) estle refl<strong>et</strong> de la soirée organisée le 13décembre 2003 pour célébrer les 55 ansde la Déclaration Universelle des Droits del’Homme. Ce soir-là, des concerts furentorganisés à Paris (musiques africaines),Tokyo (mix d’images <strong>et</strong> d’électro expérimentale),New York (Slam) <strong>et</strong> Adis Abeba(Jazz éthiopien) <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ransmis sur le web.Sur le dvd, on r<strong>et</strong>rouve des imagesfilmées dans les quatre villes, un documentaire,ponctué d’interviews (ManuChao, Sgt Garcia, Steel Pulse <strong>et</strong> un <strong>et</strong>hnologueéthiopien) r<strong>et</strong>raçant les liens entrel’Ethiopie <strong>et</strong> le mouvement Rastafari,des improvisations de 11 slameurs surle thème "le droit d’être humain", desréflexions d’intellectuels, chercheurs <strong>et</strong>juristes internationaux sur leur vision dela planète, un court métrage de MathieuKassovitz <strong>et</strong> un clip signé par le réalisateurde l’ensemble King4Pe@ce. Le cdréunit des enregistrements offerts pardes artistes aussi divers que Manu Chao,Angélique Kidjo, Susheela Raman, SteelPulse, Tony Allen ou DJ Spooky. A défautd’être d’une qualité irréprochable (imagesbrouillonnes, montage à l’arrache), le dvdremplis à ras-bord démontre la générosité<strong>et</strong> l’urgence de c<strong>et</strong>te initiative <strong>et</strong> lecd est un agréable polaroïd de l’époque.De plus, les profits de la vente de c<strong>et</strong>obj<strong>et</strong> seront intégralement remis à desassociations humanitaires éthiopiennes."Gwadloup’ Karnaval 2004"(Wic pro<strong>du</strong>ctions)Réalisation : Rony DeloumeauxUne semaine de danse, de musique <strong>et</strong>de liesse, pour le Mardi gras antillais.C<strong>et</strong>te fête intro<strong>du</strong>ite par les Françaiss’est enrichie <strong>du</strong> génie africain pourle déguisement. Le thème de c<strong>et</strong>teannée m<strong>et</strong> en avant l’aspect multi<strong>et</strong>hniquede l’île, en hommage à lacommunauté indienne, déportée il y a150 ans pour remplacer les esclavesantillais libérés. <strong>Les</strong> écoles de danserivalisent d’originalité pour exhiber leurscostumes bariolés <strong>et</strong> leurs décors auxcouleurs vives. Deux heures de paradesau son des tambours ka, des fanfares,des batucadas, des conques, deschants, des siffl<strong>et</strong>s…Le carnaval estun exutoire. Au milieu des personnagestraditionnels de squel<strong>et</strong>tes ou del’esclave neg wo siwo, la foule déguiséese défoule dans la danse cathartique<strong>du</strong> "vidé". Le dernier soir est l’occasionde faire table rase <strong>du</strong> passé en brûlantle roi "Vaval", marionn<strong>et</strong>te de plusieursmètres de haut symbolisant tous lesproblèmes. La ferveur populaire atteintalors son paroxysme dans une ambiancede frénésie collective. On regr<strong>et</strong>te seulementl’absence de sous-titres pour lesinterviews en créole.A.T."Wild War"FAT Prod,(BMG distrib)Pas besoin d’être fan de Hip Hop pourcomprendre la démarche <strong>et</strong> apprécierle trait. Une masse considérabled’images <strong>et</strong> d’interviews des plusgrands grapheurs parisiens (O’CLOCK,NASTY, MOZE, FUZI…), s’affrontant sousforme de "clashs", sortes de combatsmodernes m<strong>et</strong>tant en scène deux artistes.Chacun son mur <strong>et</strong> 2 heures pourposer un graph à la hauteur de sontalent. La grande originalité de ce doubledvd est d’avoir confronté le graffiti àd’autres disciplines comme la calligraphie,avec la participation de l’IrakienHassan Massoudy. L’expérience la plusambitieuse est certainement celle <strong>du</strong>grapheur, MODE2, de DJ Medhi <strong>et</strong> del’écrivain Charlie Bauer, mélangeantleurs créativités pour un résultat conceptuel,mais fascinant. Même le HipHop est évolutif, merci le graffiti !Thomas Babot PlaB.M."Mother India"de Mehboob Khan, avec Nargis, Sunil Dutt…(Carlotta Films)Radha se souvient des années passées <strong>et</strong> de son mariage, lorsque sa mère <strong>du</strong>t hypothéquer sa ferme auprès d’un usurier, unecrapule dont l’avidité entraînera le destin de Rahda <strong>et</strong> des siens vers le drame. Classique <strong>du</strong> cinéma de Bollywood des années 50,Mother India tient une place à part dans l’histoire <strong>du</strong> cinéma indien. Reconnue par la critique internationale comme un chef d’œuvrelors de sa sortie, à une époque où le cinéma asiatique était encore largement sous-estimé par l’Occident, c<strong>et</strong>te œuvre inoxydableà pour principal argument la comédienne Nargis, star parmi les stars de Bombay. D’une grâce sans égale, Nargis insuffle à c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>ragédie rurale une profondeur hors <strong>du</strong> commun. <strong>Les</strong> composantes chères à Bollywood, tels les paysages grandioses, les danses <strong>et</strong>chants, sont ici de toute beauté, conférant à Mother India un parfum envoûtant autant qu’un modèle quasi-insurpassable <strong>du</strong> genre.Édition soignée, ce dvd est accompagné d’un livr<strong>et</strong> proposant lithographies <strong>et</strong> textes explicatifs. En complément, un reportage enforme de plongée dans les arcanes de Bollywood propose interviews, images d’archives <strong>et</strong> de tournages. Indispensable.D.B.L.