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A l'arrache Les faits du métier @ Maria Tanase et Piotr ... - Mondomix

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20 - mondomix.comReprésentel’Afrique <strong>du</strong> NordDe Casablanca à Tunis en passant par Alger, unmême environnement socioculturel, une mêmeréalité économique <strong>et</strong> une même majorité de moinsde 25 ans. Un contexte idéal pour l’émergence d’unmouvement Hip Hop qui a dépassé le simple phénomènede mode pour devenir un vrai phénomènede société.Il y a encore quelques années, personne n’auraitparié sur un Hip Hop arabe, <strong>du</strong> moins sans sourire.Pourtant, il existe déjà, officieux, underground,encore hésitant, né d’un mal être <strong>et</strong> d’un besoin del’exprimer, en arabe, en français, voire en anglais,peut-être aussi sous l’influence des paraboles quiont poussé comme des champignons sur tout leMaghreb. Dans les années 90, trois groupes algériensouvrent la marche : il s’agit d’INTIK, de MBS<strong>et</strong> de HAMMA, qui ont déjà un nom à l’époque, maisqui «représenteront» tout le mouvement en signantavec des majors. La reconnaissance au prix del’exil. Loin de leur source d’inspiration première, ilssont, depuis, devenus un exemple pour des centaines<strong>et</strong> des centaines de jeunes groupes restés aupays. L’Office Algérien des Droits d’Auteur peu fréquentépar les rappeurs en comptait 200 en 2004,ce qui laisse entrevoir le chiffre réel…Chez les voisins, pas de star internationale, pasencore. Mais une multitude de stars nationales,voire régionales car, comme le fait remarquer MMG,<strong>du</strong> groupe tunisien TOXICA : "le régionalisme estencore plus fort qu’aux Etats-Unis entre les CôtesEst <strong>et</strong> Ouest. Ici, les gens ont tendance à confondrerap <strong>et</strong> foot".Niveau diffusion, le Web reste la voie royale vers laliberté de création, puisque qu’il perm<strong>et</strong> de contrerles deux fléaux <strong>du</strong> Hip Hop maghrébin : la censure<strong>et</strong> le piratage. Un exemple parlant au Maroc : lemystérieux <strong>et</strong> sulfureux AWDELLIL qui cartonnelittéralement tout en rappant masqué. En 2002,son premier titre Raw Daw fait ainsi le tour <strong>du</strong> Web.Disponible uniquement sur le N<strong>et</strong>, il sera vite gravé<strong>et</strong> ven<strong>du</strong> au noir à 50 Dirham au lieu de 20, leprix officiel pour une copie pirate, "parce qu’il estinterdit". Et pour cause, en darija, le langage de larue marocaine, El’Awd dépeint au vitriol l’hypocrisied’une société de tabous dont le suj<strong>et</strong> principal resteparadoxalement le sexe.Censure <strong>et</strong> piratage donc, mais aussi manque demoyens, de soutien, de reconnaissance… Manquede studios d’enregistrements, de structures <strong>et</strong>d’évènements promotionnels. Sans compter qu’ilne fait pas bon adopter le look XXL sans êtresoupçonné de Haytisme («Hayt» signifiant «Mur»,on appelle ainsi les jeunes désœuvrés qui «tiennentles murs») ou, pire, d’américanisme. Motivation <strong>et</strong>autopro<strong>du</strong>ction restent donc les maîtres mots, enattendant des lendemains meilleurs.Yasrine Mouaatarifhttp://dimarap.free.fr / http://tss4life.tripod.com /http://membres.lycos.fr/bledgrooverecords/H2O fusionne rap <strong>et</strong> vaudouParmi les figures de proue <strong>du</strong> rap ouest-africain, le groupe béninois H2O est une fusion inéditeentre le Hip Hop <strong>et</strong> la culture vaudoue. Il est fascinant d'assister à la métamorphose deDagoo, Bihon, Al <strong>et</strong> Fagi avant un concert, à la tombée de la nuit. Alors qu'ils étaient habillésselon les codes vestimentaires des rappeurs occidentaux, les voilà transformés, vêtus deblanc, signe <strong>du</strong> bien dans le vaudou. En plus des costumes traditionnels, H2O affiche surscène son identité africaine grâce aux percussions <strong>et</strong> aux chants qui accompagnent le flowparfois hard-core des quatre rappeurs. Un métissage inédit <strong>et</strong> puissant qui leur confère uneforte puissante scénique.H2O a été l'un des premiers groupes rap ouest-africain à vouloir s'exprimer dans sa languenatale, utiliser les rythmiques <strong>et</strong> les codes vestimentaires issus de sa culture <strong>et</strong>, notamment,<strong>du</strong> vaudou, particulièrement présent au Bénin. Fiers d'être des rappeurs "Made in Africa",leurs textes sont directement inspirés des réalités de leur pays. "On ne s'intéresse pas à laréalité des US <strong>et</strong> de la France. On ne dit pas "Nique ta mère" ou "flingue". Nous chantonsd'abord pour notre public africain. Dans nos morceaux, on parle des difficultés que viventnos parents <strong>et</strong> nos femmes, de la scolarisation des jeunes filles, des mariages forcés. Desexemples comme ça, il y en a plein" explique Bihon, l’un des leaders <strong>du</strong> groupe.Aujourd’hui, H2O tourne dans toute l’Afrique ainsi qu’en Europe. Origine, le deuxième album<strong>du</strong> groupe paru en 2000, a été ven<strong>du</strong> à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, ce quileur a permis de devenir des artistes professionnels. Du chemin a été parcouru depuis leurconcert avec MC Solaar, en 1995 à Kotonou, la capitale <strong>du</strong> Benin. "A l'époque, les grandespersonnes ne croyaient pas au rap dans notre pays. Maintenant, les a<strong>du</strong>ltes achètent noscass<strong>et</strong>tes, ils se voient dedans" se félicite Bihon. Loin de vouloir devenir consensuel, H2Osigne toujours des textes très engagés ce qui perm<strong>et</strong> au groupe de s'imposer comme unleader d'opinion. "On connaît la reptilisation nocturne des politiques qui manigancent lanuit. Et le matin, au grand jour, ils montrent un autre visage au peuple en affirmant géreren son nom. Mais ce n'est pas la vérité. On dénonce ces politiques qui nous grugent parderrière" affirme Dagoo, les poings fermés. Même s'ils ont été approchés par des leaderspolitiques lors des dernières élections présidentielles, ils refusent néanmoins de soutenirofficiellement un parti politique.Laurent Goud<strong>et</strong>H2OPascal Goud<strong>et</strong>

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