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A l'arrache Les faits du métier @ Maria Tanase et Piotr ... - Mondomix

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24 - mondomix.comKonono N°1Vincent Kenis, oreille <strong>du</strong> label Crammed, est surtout l’un des derniersvéritables chasseurs de sons. Entre Kinshasa, La Havane <strong>et</strong>Bruxelles, il répond à nos questions à propos de Konono n°1, dontil vient de pro<strong>du</strong>ire l’album. Ce groupe traditionnel installé dansla capitale zaïroise a modernisé le son de façon inédite. Proposrecueillis par Sandrine TeixidoFur<strong>et</strong>eur musical, chercheur de pépites sonores, merlin l’enchanteur de laworld, Vincent Kenis est devenu depuis le début des années 80 l’oreille <strong>du</strong>label bruxellois Crammed. C’est à la fin des années 70 que Vincent Kenis rencontrecelui qui créera au début des années 80, Crammed. Marc Hollanderpossède alors un groupe, Here & Now, où Vincent Kenis, poly-instrumentiste,officie en électron libre. En 1977, il enregistre avec Marc Hollander le premieralbum d’Aksak Maboul, un ovni sonore où le principe premier est unerécréation (<strong>et</strong> sûrement aussi une recréation) ludique à partir de rythmes <strong>et</strong>de mélodies issus des Balkans, de la musique classique ou <strong>du</strong> jazz. Au sein<strong>du</strong> label Crammed, l’homme de l’ombre passe le plus clair de son temps àmixer le son des albums maisons. Passionné par la musique de l’ex-Congobelge <strong>et</strong> les nouvelles mixtures nées de la rencontre entre musique africaine<strong>et</strong> rythmes cubains, comme la rumba congolaise, il s’investit dans la réalisationde certains albums : l’opus Zazou/Bikaye en 1983, la découverte <strong>et</strong> lapro<strong>du</strong>ction de Zap Mama en 1991, mais aussi les compilations Zaïre Classicsseries <strong>et</strong> Swede Swede, Toleki bango en 1991 (pour laquelle il prend le nomde Bwana Mpuku). Il disparaît de temps à autre à des fins purement musicales: on r<strong>et</strong>rouve sa trace au cœur des pygmées, avec un huit pistes pourseul bagage. Mais certaines sources l’auraient aperçu dans les bas-fond bruxellois<strong>du</strong> quartier chaud zaïrois. Dans ces moments de repos, Vincent Kenisne peut toutefois empêcher son appendice auditif de rester collé au postede radio. C’est ainsi qu’à la fin des années 70, il tombe sur une émission deFrance Musiques où le coopérant français Bernard Tr<strong>et</strong>on vient présenter desenregistrements de musique "tradi-moderne", Konono n°1, réalisés lors deson séjour à Kinshasa. En pleine vague punk, Vincent Kénis est happé parun son distor<strong>du</strong> <strong>et</strong> rugueux qui, trente ans plus tard, sé<strong>du</strong>it avec autant depuissance les fans de rock <strong>et</strong> d’électro. Pour preuve, Tortoise les a convié àjouer <strong>et</strong> Mattew Herbert veut pro<strong>du</strong>ire un remix de l’un de leurs morceaux.Suite à la situation économique désastreuse <strong>du</strong> pays, certains des membresde Konono s’étaient exilés au Luanda, où le chômage était moins catastrophiquequ’à Kinshasa, alors que d’autres étaient revenus dans leur village<strong>du</strong> bush. "Enfin, en janvier 2000, j’ai rencontré le président de leur fanclubqui m’a annoncé leur r<strong>et</strong>our probable d’ici à quelques mois. En juill<strong>et</strong>de la même année, ils étaient là, au compl<strong>et</strong> : trois likembes électrifiés(solo, accompagnement, basse), une caisse claire/pédale charleston faited’enjoliveurs de voiture <strong>et</strong> de couvercles de casseroles empilés sur unecolonne de direction de voiture (le volant servant de base), quatre cloches,deux congas, <strong>et</strong> apparemment toujours la même sono qu’en 1978". De ceson qui intrigue encore nos oreilles aujourd’hui, Vincent Kenis a fait le fer delance d’une réflexion sur les pro<strong>du</strong>ctions de world music.Que représente Konono n°1 à Kinshasa ?Autant dire presque rien. Au Congo, on distingue trois sortes de musique :la musique moderne, la musique traditionnelle <strong>et</strong> la musique religieuse. Lamusique moderne s’adresse à des classes d’âge spécifiques : ceux de plusde 55 ans aiment OK Jazz, Tabu Ley, Sam Mangwana ; ceux entre 40 <strong>et</strong> 55aiment Papa Wemba, Zaïko Langa Langa, Empire Bakuba ; ceux entre 30<strong>et</strong> 45 aiment Wenge Musica <strong>et</strong> Koffi Olomide ; ceux de moins de 30 ansprennent ce qu’il y a, car aucun groupe de jeunes n’a émergé depuis lesannées 90, crise économique oblige. Or, c<strong>et</strong>te crise est telle que les plus de30 ans ne sortent plus <strong>et</strong> n’achètent pas de disques. On aurait pu espérerque la musique "tradi-moderne" allait réoccuper la place laissée libre parune musique moderne à bout de souffle. C’était sans compter l’aggravationde la situation économique au Congo, qui a eu deux conséquences catastrophiques.Tout d’abord, l’exacerbation des tensions communautaires, quiprovoque une réticence nouvelle à s’abandonner aux rythmes de la tribu del’autre ; ensuite, <strong>et</strong> surtout, l’arrivée des "nouvelles églises", ces sectes avecdes moyens qui leur perm<strong>et</strong>tent d’occuper l’essentiel de l’espace sonore deKinshasa avec des prêches en plein air.Konono n°1 fait ce que tu appelles de la musique "tradi-moderne" ?En eff<strong>et</strong>. La musique "tradi-moderne" emploie des instruments "modernes"mais se revendique comme traditionnelle (<strong>et</strong> non l’inverse). Elle a gardé sa

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