13.07.2015 Views

UbUntU : « UmUntU ngUmUntU ngabantU - Mondomix

UbUntU : « UmUntU ngUmUntU ngabantU - Mondomix

UbUntU : « UmUntU ngUmUntU ngabantU - Mondomix

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Musiques19« Le mépris dont le reggaetón a faitl’objet de la part des élites et desmédias repose sur un préjugé declasse et sur du racisme »Tropical Beatet Black PowerTego CalderónTexte : Yannis Ruel Photographie : D.R.n Tego CalderónThe Original Gallo del País –O.G. El Mixtape(Jiggiri Records / Import)El Que Sabe Sabe (Jiggiri Records) sortie en juinn En concert au Festival Rio Loco deToulouse le 15 juin et à Paris le 16 au DockPullmann tegocalderon.comPionnier du reggaetón, le rappeur portoricain Tego Calderón déjoue les stéréotypesbling bling du genre et s’impose comme un chantre de la négritude en Amérique Latine.Sa première en France est l’un des événements du festival Rio Loco de Toulouse,qui met cette année le cap sur les Antilles.Février 1995. La police portoricaine mène une descente contre plusieursdisquaires de la capitale, San Juan. L’objet du délit ? Une formehybride de rap et de dancehall en espagnol, accusée de faire l’apologiede la violence et du trafic de drogue, dont des centaines de CD et cassettessont confisqués ce jour-là. Dix ans plus tard, la planète entièredanse sur le tube Gasolina de Daddy Yankee, première star de cettemusique désormais labellisée reggaetón. Comme d’autres courantsvenus des ghettos du Sud pour dynamiter nos dancefloors, le reggaetón- à l’origine un dérivé latino du rythme « dem bow » popularisé parle Jamaïcain Shabba Ranks - s’apprécie à base de grosse basse et derythmes synthétiques, de frime et de message sexiste. Bande-son dela jeunesse latino-américaine et dernière vache à lait de l’industrie dela musique tropicale, le genre est progressivement parvenu à lisser sonimage sulfureuse et s’apparente aujourd’hui davantage à une formede R’n’B en espagnol que de gangsta rap.Eveiller les conscienceset faire bouger les derrièresIntronisé « Roi du reggaetón » dès la sortie de son premier album,El Abayarde, en 2003, Tego Calderón préfère se définir comme « unartiste de hip hop afro-caribéen, fils illégitime de la salsa des années70 ». Deux styles - le hip hop et la salsa - auxquels est d’ailleurslargement consacré son troisième opus, The Underdog (2006), superproductionqui valut au rappeur portoricain les éloges de la critiqueinternationale, mais se solda par un flop commercial. Machinearrière un an plus tard avec El Abayarde Contra-Ataca qui, commeson titre l’indique, renoue avec les rythmiques reggaetón et les gages« street credibility » de son premier opus. « J’ai commencé à rappersur du reggaetón parce que c’était la mode et qu’il est difficile sousces latitudes de te faire entendre si tu ne fais pas danser les gens,resitue-t-il. Même si je déplore les clichés qu’il véhicule, le reggaetónreste pour moi un moyen de transmettre mon message auprès desquartiers défavorisés, où cette musique est née. Je pense d’ailleursque le mépris dont elle a toujours fait l’objet de la part des élites etdes médias repose avant tout sur un préjugé de classe et sur duracisme ».Aujourd’hui père de famille quadragénaire, Calderón, qui cite BobMarley, Public Enemy et Rubén Blades pour modèles, se fixe pourtâche d’éveiller les consciences sans renoncer à faire bouger les derrières.Sa dernière production, El Original Gallo del País, sortie l’andernier sous forme de mixtape, révèle en effet un MC plus engagéque jamais sur des sujets comme l’immigration clandestine (RobinHood) et l’indépendance de Porto Rico (La Muralla). Sur un sample defunk, le morceau El Sitio renoue avec son premier cheval de bataille,la cause des Noirs en Amérique Latine, à laquelle fait constammentréférence son flow distinctif, mélange de vieil argot hispano-antillaiset de slang portoricain empreint de spanglish. « En Amérique Latine,Noirs, Métis et Blancs vivons souvent côte à côte, parfois même ausein de la même famille, ce qui peut donner l’illusion que l’on vit toussur un pied d’égalité. La réalité est plus complexe et n’est finalementguère meilleure qu’aux Etats-Unis. Du temps de l’esclavage dans lesCaraïbes, la main d’œuvre la plus claire de peau servait dans les maisonset la plus foncée était envoyée sur les champs de canne. Cetteforme de discrimination persiste et imprègne toujours nos mentalités.Il reste tout un combat à mener. »n°57 Mai/Juin 2013

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!