52AFRIQUEres dans le mondeffffgMONDOMIXm'aimefffffffffgAbou Diarra“Sabou”(Mix et Métisse/Warm Up/L’Autre Distribution)Le nouvel album d’Abou Diarra està écouter comme on emprunte unchemin de vie. Au lendemain dudécès de son père, Abou, encoreadolescent, quitte son Wassoulounatal pour un périple de 4000kilomètres à travers l’Afrique del’Ouest. A Bamako, il rencontreMoussa Kanté. Ce virtuose du luthn’goni devient son maître, jusqu’àsa disparition en 2005. Inspirédes traditions ancestrales duWassoulou, une région forestièreau sud-est du pays, et influencépar les musiques urbaines,Sabou évoque avec poésie etphilosophie le départ des êtresaimés, l’exil. Il y est questionde destinée, de cause et deconséquence, de ces petits caillouxque l’on essaime tout au long de savie pour savoir où l’on va. Squaaly’ECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecSamba Touré“Albala”(Glitterbeat)Albala (« le danger » en songhaï) atout du chef d’œuvre. L’écoute dunouvel album de l’enfant de Diré(région de Tombouctou) captive debut en blanc par son atmosphèresombre et hypnotique. Il possèdela beauté crépusculaire desgrands classiques du bluesdu delta. Samba Touré chanteles drames récents advenusau nord Mali. Il accuse dansFondora et appelle à l’unité entreles ethnies (Awn Bè Yé). Malgré laguerre, les désordres climatiques,la misère, l’espoir demeure. Le sonde l’album est dense et abrasif. Laguitare électrique de Samba côtoieles ngonis, le violon sogou deZoumana Tereta, les percussionsde Djimé Sissoko et MadouSanogo, ainsi que les instrumentssavamment saturés de HugoRace (membre des Bad Seeds).Imparable. Pierre CunyOum“Soul of Morocco”(Lof Music/MDC/Harmonia Mundi)Chanteuse, auteure etcompositrice, Oum a publié parle passé deux albums (Lik’Oumen 2009 et Sweerty en 2012) auMaroc, son pays. Très populaire,la chanteuse aux textes en darija,un dialecte marocain, revientavec Soul of Morocco, un premieralbum diffusé de ce coté-ci dela Grande Bleue. Enregistrées àParis à l’automne dernier avec lacomplicité de musiciens d’ici (lesaxophoniste Alain Debiossat, deSixun, le percussionniste PatrickGoraguer…) et deux musiciensmarocains (le oudiste Yacir Ramiet le derboukiste Adil Mirghani),ces neuf plages témoignent de sondésir d’ouverture. Plus jazzy queses productions antérieures, lesneuf plages de ce nouvel albumpositionnent la chanteuse à lavoix de miel dans un registrevariété internationale.SQ’ECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecres dans le monderes dans le mondeOrchestrePoly-Rythmode Cotonoufffff“The Skeletal Essencesof Voodoo Funk”(Analog Africa)MONDOMIXm'aimeCette troisième compilation duPoly-Rythmo par le label AnalogAfrica est dédiée à la mémoirede Mélomé Clément, emportépar une attaque le 18 décembredernier. Fondateur du groupe, àCotonou, au milieu des années60, le bouillant saxophonistel’avait réactivé avec succès depuis2009, pour le bonheur du publicoccidental qui l’avait découvertvia ces impeccables rééditions.Reste à se consoler en dansantsur ces quatorze morceauxgravés à la fin des années 70,qui réaffirment la sidérantepuissance rythmique du groupe,aussi à même d’insuffler unenouvelle vigueur au funk deJames Brown qu’à l’afrobeatde Fela, en sus de ses proprestrépidations, venues pour certainesdes traditions vaudoues du Bénin.Franchement, qui peut résisterà des choses comme HouzouHouzou Wa, A O O Ida ou EcoutesMa Mélodie ? Bertrand BouardNëggus & Kungobram“Social Groove”(L’Autre Distribution)ffffgC’est en fouinant sur Myspace quele slammeur Nëggus a dénichéles acolytes pour mettre sesrimes en orbite : Kungobram,cinq musiciens français fous dejazz et d’Afrique. Une rencontreétincellesdont voici les fruits, aprèsquatre années de maturation etune cinquantaine de concerts.On peut songer au projet d’OxmoPuccino avec les Jazz Bastards, viale timbre de Neggus et sa façon dephraser sur l’habillage organique,mais la palette est ici ouvertementafro-jazz. Eclairées parfois d’unseul kamalengoni, les plagesépurées sont réussies, mais c’estquand les musiciens dégainentdes grooves funk ou mandingueavec fusées de saxophones quel’originalité du projet éclate (BalPoussière, La Tour des Miracles).La plume est inventive, grinçante,drôle ou amère (Je T’aime... Mais,joli texte sur la relation de Nëggus,originaire du Togo, à l’Afrique). Unebelle surprise. B.B.MONDOMIXm'aimeDieuf-Dieul de Thiès“Aw Sa Yone Vol.1”(Terranga Beat/Rue Stendhal)fffffTeranga Beat est un label initiépar Adamantios Kafetzis, un DJgrec dont le but est de déterrerquelques albums mythiques del’âge d’or des musiques urbainesmandingues, essentiellementsénégalaises, de la fin des années60 au milieu des années 80. Gravéau tout début des eighties parle Dieuf-Dieul de Thiès (une villesitué à 70 kilomètres à l’est deDakar), ce Aw Sa Yone Vol.1 frisel’excellence, combinant délugespercussifs des tamboursd’aisselles, grooves afro-latins,guitares psychédéliques etcuivres rutilants. Enregistrées parun ensemble de treize musiciensdirigés par le guitariste PapeSeck et comptant trois chanteurs(Assane Camara, Bassirou Sarret Gora Mbaye), ces huit plagessont à même d’inspirer les jeuneshérauts du renouveau de l’afro-rockà travers le monde. SQ’ECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecn°57 Mai/Juin 2013
53Woz Kaly“Woz Kaly”(Algomis/CD1D)ffffgWoz Kaly n’est pas magicien, il est« la » magie - de ces magies quiapaisent les esprits et changentle gris en couleurs. Une légendeveut que le premier cri de cenatif de Dakar ait été un chant.Quand une légende a un timbresi géolocalisable et universel àla fois, quand elle est si douceà nos tympans, on s’en fait bienvolontiers écho. Aujourd’hui, fortde ses expériences au côté deTouré Kunda, Xalam, MokhtarSamba, il signe un premieralbum solo qui impose sa voixaux oreilles du monde. Unevoix qui gagne à sortir de songiron naturel pour inventerde nouvelles résonnances.Sa cover en wolof du traditionnelashkénaze Yiddishe Mama,enregistré avec le BabatéOrchestra, est à découvrir sur lenet. SQ’Amériques© D.R.Orquesta El Macabeo“Salsa bestial”(Vampi Soul/Differ-Ant)res dans le mondeMONDOMIXm'aimeRien de macabre dans la salsad’El Macabeo : le groupe ne doitpas son nom aux macchabéesmais à « un type de friture àbase de banane plantain, souventconfondu avec l’alcapuria,qui fait la fierté gastronomique d’un quartier de San Juan(la capitale de Porto Rico), Trujillo Alto, d’où le groupe estoriginaire, comme Calle 13 ». La précision est de notre collaborateurYannis Ruel, qui connait aussi bien la cuisine de l’îleque sa production discographique récente et a convaincu lelabel Vampi Soul de compiler les premiers enregistrementsdu groupe. On ne peut que l’en remercier tant ces douze titressont goûteux. L’Orquesta est né en 2008 de la rencontrede musiciens venus d’horizon aussi différents que le punkhardcore ou le reggae. Dans leur bus, lorsqu’ils tournent, lasalsa classique de Chamaco Ramirez est souvent suivie desriffs pachydermiques de Guns N’ Roses et la trompette deMiles Davis se fraie un passage entre le punk basque de LaPolla et le ska madrilène de Los Refrescos. Cet éclectismeassumé leur permet d’aborder les rythmes de leurs glorieuxprédécesseurs avec une audace de pionniers et, surtout,une énergie ébouriffante, qui décuple la force de textes piquants.Les congas claquent, les cuivres s’embrasent et unevoix haut perchée appelle à faire la fête. Le tout se dansesans y penser. Ce big band portoricain devrait vite devenir legroupe préféré de ceux que le reste de la salsa contemporaine,terriblement technique, laisse désemparés au bord dela piste. Merci pour eux. François MaugerECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecn°57 Mai/Juin 2013