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Voyage / Madagascar41son métier de pharmacien sur l´ile de Nosy Be, dansle nord ouest malgache. Attristé par le nombre declients sortant de son officine sans pouvoir acheterles médicaments nécessaires et affolé par la nocivitédes remèdes vendus au marché noir, Gilles Lejambles’est lancé avec succès dans l’importation de génériques.Son amour de la musique et sa conviction desbienfaits du développement culturel l’ont égalementpoussé à créer Libertalia Records. Ce nom fait écho àune république libertaire supposément créée au XVIII esiècle entre Nosy Bé et Diègo-Suarez, par un pirateet un prêtre défroqué, utopie relatée sous la plume ducapitaine Charles Johnson, soupçonné d’être guidéepar l’auteur de Robinson Crusoe, Daniel Defoe.Sortilèges irrésistiblesLa scène est installée dans la salle de l’Horloge, aupremier étage du Café de la Gare de Tananarive, quine voit plus depuis longtemps passer autre choseque quelques trains de marchandises. Dans le publiccompact, notables et musiciens célèbres se pressent.Eusebe Jaojoby, D´Gary, Rajery, Mikea ou lachanteuse de Tarika sont venus soutenir leurs jeunescollègues. Les trois groupes programmés chaquesoir ont 30 minutes pour convaincre que le futur leurappartient. Insuffisant le jeudi pour les deux jeunesguitaristes Mika et Davis et leur pop malgache, oupour le power trio du guitariste hanté par Hendrix,Joel Rabesolo. Mais bien assez pour que Thominotconquière de nouveaux adeptes.Leader du groupe Hazolahy, Thominot a réuni autourde lui un batteur efficace, une choriste élégammentdanseuse et deux joueurs de kabossy, petite guitaretraditionnelle à trois cordes dont lui manie une versionméga qui fait office de basse. Sourire aux lèvres,sifflet parfois en bouche, il redonne une jeunesseaux rythmes du mangaliba du sud-est qu’il n’hésitepas à plonger dans un bon bain de blues. Le lumineuxchanteur a déjà été repéré par Christian Mousset,le directeur artistique de Musiques Métissesd’Angoulême, qui lui offrira ses débuts européens le17 mai.Les concerts du vendredi démarrent avec Baba, dontla très bonne réputation de chanteur guitariste nepeut être vérifiée, car ce multi-instrumentiste a choiside se positionner derrière les fûts de sa batterie unpeu bavarde pour conduire sa prestation. Le bonheurmusical explose ensuite. Pieds nus et coiffé d’un panama,Teta franchit le rideau des coulisses tout enégrenant des notes ensorceleuses de sa guitare électroacoustique.Sa musique tient autant du tsapikyque du blues du delta. Son charisme est certain et savoix à la hauteur. Il est rejoint par son complice KiraSon, qui improvise au chant et donne le tempo sur depetites percussions. La paire semble détentrice dequelques sortilèges irrésistibles que les festivaliers deMusiques Métisses pourront goûter en mai prochain.Teta enchaine ses phrasés avec une grande acuitémais à une telle vitesse que l’on compte et recompteses doigts pour s’assurer qu’il en a bien le nombreréglementaire. Difficile, ensuite, de trouver du goûtaux chansons romantiques d’Arison Vonjy, avec sesexcès d’artifices de synthétiseurs sucrés.After à la caserneL’after est inattendue et se déroule à la caserne de la police nationale, dans lequartier Antanimora où sa majesté Jaojoby mène le bal. Tous ses tubes salegyy passent et ses filles prennent un malin plaisir à saturer de soleil malgache destubes discos comme I Will Survive. Le chanteur super détendu prouve à chaqueinstant qu’il est l’un des grands experts du groove sur cette planète. Le salegy,fusion sixties de rythmes typiques et de cadences funky, ne cesse de se régénérer.Preuve en est faite toute la nuit au Jao’ bar, le club dirigé par la fille ainée de Jaojoby,qui accueille ce soir le grand orchestre (huit musiciens, quatre choristes) del’atomique Ciska. L’infatigable chanteuse, à peine trentenaire, porte le genre versdes saveurs jamaïcaines ou nigérianes, disco ou R’n’B, sans cesser de mener unechorégraphie à faire pâlir les Américains. Clou du spectacle, une solide prise enmain de la batterie par la chanteuse qui continue de lancer sa voix avec la précisiond’une princesse soul.La dernière soirée démarre sur une déception. Silo, le musicien qui a passé denombreuses heures à aider chaque groupe à parfaire leur set, rate le sien, eninstallant ses machines sur un côté de la salle au lieu de faire face au public. Il amisé sur ses performances technologiques et sa virtuosité au détriment de sescompositions et de sa présence scénique. Dommage !Mafonjah a lui aussi bien failli rater son rendez-vous. Regard hagard, comme absent.Mais cet ancien membre d’un boys band malgache possède une jolie voixaux inflexions profondes qui fait corps à son reggae roots décalé teinté de couleurslocales. Il est aussi bien accompagné d’une jolie et efficace bassiste et d’unguitariste élevé à l’écoute des meilleurs instrumentistes locaux.A Madagascar, Tsiliva est une vraie star qui remplit les stades avec sa propreversion du populaire rythme kilalaky, originaire du sud-ouest. L’équipe de Libertaliaa même été étonnée de le voir accepter les conditions de débutants proposées,mais l’artiste rêve de carrière internationale. Pour l’occasion, il a concocté unesynthèse afro-centrée de ses influences, du sang malgache, du nerf afrobeat, desclins d’œil à la rumba zaïroise, au mbalax sénégalais. Efficace comme Youssou,cabotin comme James Brown, généreux comme Jaojoby, le solide chanteur faitpreuve d’un vrai sens du show.Bilan des comptes : sur neuf artistes présentés, quatre semblent parés à se frayerun chemin loin de leur ile natale pour y propager des propositions originales. Parcomparaison avec de nombreux festivals, ce pourcentage est exceptionnel.n www.libertalia-music.comn www.musiques-metisses.comn En concert au festival Musiques Metisses (Angoulême) :Hazolahy le 17 mai ; Teta le 18l Reportage complet et vidéosur www.mondomix.comTeta, Tsiliva et Thominotn°57 Mai/Juin 2013

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