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Voyage / LIBAN43expliqué”. C’est un truc qu’on m’a dit le deuxième jour et j’ai saisi qu’en partant,j’aurais encore beaucoup de questions ».Les projets touristiques que Blaise avait élaborés se sont rapidement évaporés.Oubliés les colonnes de marbre de Baalbek, le plus grand des temples romainsjamais construits. Oubliée l’antique cité de Byblos et ses ruines roses quis’avancent vers la mer. « Je croyais pouvoir visiter le Liban mais Beyrouth est uneville qui vous aspire, une ville presque étouffante. Pourtant, je n’avais plus envied’en sortir ». Son séjour s’est donc résumé à une folle course d’un quartier àl’autre, notamment entre les « deux endroits où ça bouge : Gemmayzé et Hamra.Gemmayzé est en bord de mer ; Hamra est le repère des amateurs de cafés, delieux musicaux ».Aller de l’un à l’autre n’est pas sans danger. « Beyrouth m’a fait penser à Naples,parce qu’il y a une circulation absolument chaotique, bien plus chaotique qu’àNaples d’ailleurs. On a l’impression de réchapper de justesse à chaque trajet entaxi, comme si on venait de faire un périple à travers la jungle ». La comparaisonvaut également pour l’ambiance : « Comme à Naples, il y a la sensation d’être aupied d’un volcan qui peut exploser à chaque seconde. Cela influe sur l’énergie dela ville. Comme tout peut basculer, tout doit être vécu et partagé dans l’instant.Les gens sont très généreux, très spontanés, très ouverts. En même temps, onsent une violence latente. S’il fallait résumer cette ville en mot, ce serait peut-être“schizophrène” : elle concilie pauvreté omniprésente et richesses ostentatoires,liberté et autocensure, chaos de l’urbanisme et raffinement des décorations intérieures…C’est une ville où l’on sent que tout peut changer à chaque instant,où les dérapages sont nombreux, mais qui fascine avant tout par sa capacité derésistance artistique et intellectuelle, sa vitalité et ses désirs d’ouverture ».Pour être tout à fait honnête, les raisons du coup de cœur du voyageur tiennentd’abord et avant tout à une recette ailleurs égarée, celle de la fête. « Dans les cafésorientaux, qui sont presque kitsch au premier abord, on trouve des musiciens quijouent des morceaux égyptiens qui parlent à la fois d’amour, de politique et deliberté. Je me suis retrouvé un soir dans un bar en terrasse, à l’air libre, au bordd’une énorme autoroute, mais avec une déco magnifique. On se serait cru unpeu en Grèce : il y avait des murs à la chaux, des guirlandes multicolores, desnarguilés partout, des portraits de chanteurs mythiques… Les gens dansaient surles tables, de grandes tables en bois. Il y avait des jeunes, des vieux. Des filles trèssexy, avec de longs cheveux noirs et des jupes moulantes, dansaient avec desfemmes voilées. C’était complètement transgénérationnel et transculturel. J’ai étécomplètement happé. On s’est mis très vite à danser avec les gens. Ca a été l’unedes plus belles nuits de fête que j’aie jamais vécue ».Avec la fine fleur de l’improvisation hexagonaleContrairement aux apparences, Blaise Merlin n’était pas à Beyrouth pour se détendre.Son objectif était de recréer l’esprit du festival La Voix Est Libre lors de deuxsoirées au théâtre Montaigne de l’Institut Français, puis d’une nuit dans un caféde Hamra. Le directeur artistique s’était entouré de la fine fleur de l’improvisationhexagonale. Il avait fait appel à des fidèles, comme l’accordéoniste Pascal Contet,aussi à l’aise devant une partition de musique contemporaine qu’en tête à têteavec Camille, la chanteuse Elise Caron, un temps soliste de l’Orchestre Nationalde Jazz, le saxophoniste Peter Corser, également photographe, les danseursMarlène Rostaing et Mathieu Desseigne ou la poétesse Frédérique Bruyas. Parmieux, le contrebassiste « Fantazio était particulièrement dans son élément, parcequ’il y a, là-bas, une tradition de cabaret. Dans les lieux underground, il peut yavoir un soir un groupe electro-punk et le lendemain une formation égyptienneen costume. Le public est constitué des mêmes jeunes, qui s’intéressent à leurculture, à leurs traditions. Fantazio pouvait passer d’un univers à l’autre, faire durockabilly, chanter en italien. Dès qu’il s’agit de jongler entre les langues, de créoliserles cultures, les Libanais sont conquis ».Forabandit, le trio occitano-oriental que forment Sam Karpienia, Ulaş Özdemir etBijan Chemirani, était également de la partie, mais sous une forme inédite : « On afait appel à un percussionniste local parce que Bijan Chemirani s’est fait voler sespapiers le matin du départ. Son passeport lui a été dérobé dans un train, pendantson sommeil, en revenant d’un concert à Belfort. J’ai passé une journée à chercherun percussionniste libanais et on a trouvé un musicien qui habitait dans unvillage dans la montagne. Au début, Sam Karpienia et Ulaş Özdemir étaient assezn festivalswww.jazznomades.netwww.festivalrhizomes.frFantazio fume la chicha« Comme à Naples,il y a la sensation d’être au piedd’un volcan qui peut exploserà chaque seconde »réticents. Ils auraient préféré faire un duo. Je leur ai un peuforcé la main pour que cette rencontre ait lieu. Finalement,alors qu’ils ne devaient faire que trois morceaux ensemble,ils ont fait tout un concert et même une improvisation après.Ce musicien assimilait les morceaux en deux temps troismouvements. Il notait tout sur un petit papier qui était cachéà l’intérieur de sa percussion. C’est là que la magie de cetteville a pris. C’était magnifique ».Finalement, cette édition libanaise a donné des ailes auxfestivals qu’organise Blaise Merlin. « Au fond, ils sont fondéssur la rencontre, dans ce qu’elle peut avoir de violent, difficile,complexe et, en même temps, de riche, festif, créatif,fertile. Comprendre la culture de l’autre, la langue de l’autre,c’est d’abord entendre son chant et sentir son rythme,comme quand on fait l’amour. C’est donc dans le voyageque ces festivals vont prendre tout leur sens ». Avant unprochain déplacement à Budapest, il reste pourtant au saltimbanqueà organiser quelques belles nuits à Paris.n Retrouvez Fantazio et Forabandit au festivalLa Voix Est Libre, aux Bouffes du Nord (Paris), du28 au 30 mai 2013.n°57 Mai/Juin 2013

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