06 06<strong>Mondomix</strong>.com / ACTUMonden Saison - Afrique du sudACTU - MondeSourire arc-en-ciel30 expositions, 50 films, 100 concerts, des représentations de danseet de théâtre… La Saison de l’Afrique du Sud affiche dans toutela France le nouveau visage de la nation arc-en-ciel.D’accord mais lequel ?La Mairie de Paris consacre une exposition à Nelson Mandela ; le festivalL’Afrique Dans Tous Les Sens a commandé son portrait au Sénégalais PapeTeigne Diouf et à la Camerounaise Pascale Obolo ; tous les Français vontêtre invités à donner, sur son modèle, 67 minutes de leur temps à la collectivité…Avec l’ouverture de la Saison de l’Afrique du Sud, le doux souriredu Prix Nobel de la Paix va illuminer la France entière. Que pensent lesSud-Africains de ce symbole de leur pays ? « C’est un beau sourire, l’authentiquesourire de la réconciliation », commente Niq Mhlongo. Le jeuneromancier, ardent représentant de la « génération kwaito », invité ce printempspar le festival Etonnants Voyageurs, complète : « Bien sûr qu’il y abeaucoup de frustrations ici. Les brutalités policières sont notre pain quotidien.Le fossé entre riches et pauvres s’élargit chaque jour. Effectivement,le sourire de Mandela cache tout cela. Mais il nous donne de l’espoir.C’est un facteur d’unité ». Peut-être plus direct, Jaak, un rappeur de CapeTown, lâche : « Le sourire de Mandela est surtout utilisé aujourd’hui pourapaiser les peurs des investisseurs étrangers ».Rencontres d’Arles: © DRn Festival - écologieSons et saveurs solidairesLes profits que l’on tire du café bu au Nord se déversent-ilsfacilement vers le Sud ? L’association de commerce équitableAlter Eco aimerait répondre par l’affirmative. Elle diffusera savision d’un monde plus juste le 7 juin, au Cabaret Sauvage.L’explosion de saveurs, gustatives et sonores, y sera garantie: autour du buffet bio, Hanoï agitera une pop rock sans artifices,les rythmes du forro brésilien seront lancés par l’Orquestrado Fuba et les fanfares de Ceux qui Marchent Debout,suivi d’un DJ set concocté par les associations. Artisans duMonde, l’Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire etGreenpeace seront à l’honneur. Et plus on est de fous, mieuxon respire, puisque pour chaque participant au festival, un arbreva prendre racine dans la forêt amazonienne. Lauriane Morel• www.altereco.comTebz vient d’enregistrer avec lui et d’autres, comme El Nino,Konfab et Ben Sharpa, un brûlot incandescent intitulé CapeTown Effects, né d’une collaboration avec le label JarringEffects. Les paroles sont radicales, la charge féroce mais lavioloniste, flûtiste et chanteuse refuse que ce projet soit décritcomme « la réalité derrière ce sourire ». « Oui, nous évoquonssur ce disque les très sérieux problèmes que rencontre notrepays. Mais cela signifie-t-il que nous ne sourions pas, que nousn’éprouvons pas une joie pure et entière ? Absolument pas !Notre pays est complexe, désolée ». C’est noté : l’Afrique duSud a autant de facettes qu’il y a de couleurs dans un arc-enciel.Des centaines d’événements – d’un focus sur la photographiesud-africaine à Arles à des concerts du légendaire HughMasekela en passant par un ballet de Robyn Orlin – viennentnous prendre par la main pour pénétrer ses constructivescontradictions.François MaugerSaison de l’Afrique du Sud, de mai à décembre 2013n concert :Cape Town Effects le 25 mai à La Bellevilloise (Paris)l interviews intégrales sur www.mondomix.com
point de vue07point de vue© Melki2012MathiasEnardAvec Rue des voleurs, ce romancier figure à l’affiche du festivalEtonnants Voyageurs et parmi les finalistes du Prix de la PorteDorée. En décrivant les tracas d’un jeune Marocain contraint à l’exilen Espagne, il livre un texte d’une grande noirceur, profondément marquant.Son regard sur notre monde…Propos recueillis par François Maugern Votre personnage, Lakhdar, prédit le pire pour l’Europe. Pourquoi ?Mathias Enard : C’est évidemment un peu romanesque, mais ce qu’on voit en ce moment, lesgrandes incertitudes économiques qui pèsent sur le modèle de développement européen et la montéede certains extrêmes, tout cela fait penser à ce qui a pu se passer dans les années 30. Mêmesi je sais que l’histoire ne se répète pas, c’est tout de même assez troublant. Regardez ce qu’il sepasse en Espagne aujourd’hui. Finalement, la situation ressemble à celle que décrit Bernanos dansLes grands cimetières sous la lune : la corruption généralisée, la pauvreté qui revient, la violencedans la rue…Vous vivez à Barcelone. Qu’y observez-vous ?ME : A Barcelone, en ce moment, s’élabore une espèce de culture de crise. On trouve des solutions,sans argent, pour continuer à vivre, à créer. Il y a une énergie très spéciale, celle des temps difficiles.L’underground, qui avait un peu disparu au profit de quelque chose de beaucoup plus bourgeois,revient. Il y a des combats très forts en ce moment, notamment autour du mouvement des Okupas[l’occupation illégale de bâtiments vides]. Il y a eu des affrontements avec la police pour défendreun squat très important sur le plan culturel. La ville se fabrique des endroits refuges contre lesquelslutte le pouvoir.Votre personnage est sauvé à maintes reprises par ses lectures. Vous croyezencore au pouvoir des livres au XXI e siècle ?ME : Bien sûr. Pour moi, les livres représentent le savoir. Ce savoir, c’est vraiment ce qui nous sauve.C’est la conscience, la connaissance, qui nous empêchent de devenir ce que les industriels aimeraientque nous soyons : des consommateurs, des robots guidés par la publicité. Ce que fabriquentles livres et le savoir, ce sont des hommes libres, conscients de qui ils sont et où ils sont. Et ça, si çane nous sauve pas, au moins, ça nous grandit.n A lire : Rue des voleurs de Mathias Enard, éditions Actes Sudl interview intégrale sur www.mondomix.comn Festival Etonnants Voyageurs, du 18 au 20 mai à Saint-Malo• www.etonnants-voyageurs.comn Café littéraire avec l’auteur le mardi 21 mai à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration• www.histoire-immigration.fr/la-cite/le-prix-litteraire-de-la-porte-doreen°57 Mai/Juin 2013