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REPAS“ N o t r estratégie decroissance estliée à unevolonté decroissance de labio <strong>en</strong> France”,nous répondJean Mata. Ilsouhaite ainsique cettecroissance sepoursuive, mais il se trouve confronté auproblème d’une agriculture biologiquelocale qui ne suit pas la demande croissante.En effet, les conversions à l’agriculturebiologique sont, d’après Jean Mata,<strong>en</strong> diminution car les agrobiologistesreçoiv<strong>en</strong>t moins de subv<strong>en</strong>tions que lesagriculteurs conv<strong>en</strong>tionnels. Par ailleurs,les grands groupes industriels, dont lalogique domine actuellem<strong>en</strong>t les marchés,n’ont pas intérêt à ce que l’agriculture biologiquepaysanne, c’est-à-dire locale etnon productiviste, se développe.Beaucoup d’importations sont doncnécessaires pour satisfaire une demandecroissante. Il faudrait selon lui, parv<strong>en</strong>ir àune meilleure organisation de la production.Répondant à notre souci de savoir ceque son <strong>en</strong>treprise fait pour favoriserl’émerg<strong>en</strong>ce d’une agriculture biologiquelocale, Jean Mata admet qu’une implicationdans des associations militant pourcette cause serait souhaitable, mais estimeque son <strong>en</strong>treprise n’<strong>en</strong> a malheureusem<strong>en</strong>tpas les moy<strong>en</strong>s.Éthique et croissanceCette vocation à dev<strong>en</strong>ir un acteurprépondérant <strong>en</strong> Ile-de-France et mêmepeut-être au delà, est si prés<strong>en</strong>te qu’ellesemble pousser les Nouveaux Robinson àcontinuer de croître, même si l’agriculturebiologique locale ne suit pas. Plus globalem<strong>en</strong>t,nous nous demandons si lalogique de croissance ne risque pas égalem<strong>en</strong>tde nuire à certains fondem<strong>en</strong>ts écologiquesque cette <strong>en</strong>treprise rev<strong>en</strong>dique.Selon Jean Mata, il y a, au sein desNouveaux Robinson, une remise <strong>en</strong> questionperman<strong>en</strong>te sur les questions écologiques.Ils doiv<strong>en</strong>t “faire des choix diff<strong>ici</strong>les”.Ainsi, le choix de ne pas v<strong>en</strong>dreque des fruits de saison locaux a été faitpour satisfaire la moitié de leur cli<strong>en</strong>tèlequi achète biologique pour des raisons desanté et qui “veut donc du bio à tout prix,contrairem<strong>en</strong>t au cli<strong>en</strong>t écolo, qui ti<strong>en</strong>tcompte de la saison et de la prov<strong>en</strong>ance”.C’est pourquoi le supermarché deMontreuil v<strong>en</strong>d des tomates toute l’année,ainsi que beaucoup de fruits et légumesimportés parfois de très loin. Et, plusgénéralem<strong>en</strong>t, même si les choix écologiquessont flagrants (épicerie sèche <strong>en</strong>vrac, boucherie et boulangerie artisanales,prés<strong>en</strong>ce importante des labelsDemeter et Nature & Progrès ...), ceux-cicôtoi<strong>en</strong>t des choix moins écologiques(nombreux produits importés, produitsbiologiques issus de l’industrie et doncsuremballés, complém<strong>en</strong>ts alim<strong>en</strong>taires...).Cette stratégie de croissance peut-elleégalem<strong>en</strong>t avoir un impact sur le choixinitial de créer “une <strong>en</strong>treprise avec un li<strong>en</strong>social différ<strong>en</strong>t” ? Cette éthique socialeoccupe <strong>en</strong> effet une place aussi prépondéranteque l’éthique écologique dans laculture d’<strong>en</strong>treprise des Nouveaux Robinsonet les principes de fonctionnem<strong>en</strong>tinterne de cette structure alternative lesdémarqu<strong>en</strong>t très nettem<strong>en</strong>t des acteurshabituels de la grande distribution.Ainsi, même s’ils n’y sont pas incitéscar “l’implication doit être volontaire”, 25%des 120 salariés des Nouveaux Robinsonsont égalem<strong>en</strong>t sociétaires. De même, untiers des salariés part<strong>ici</strong>pe à l’assembléegénérale du personnel, qui débat de nombreuxsujets et élit le représ<strong>en</strong>tant du personnelau conseil de surveillance. Cesproportions, qui montr<strong>en</strong>t une implicationdu personnel très forte par rapportaux <strong>en</strong>treprises classiques, pourrai<strong>en</strong>tnéanmoins être plus importantes. Mais,du fait de la réc<strong>en</strong>te croissance, la moitiédes salariés a moins de deux ans d’anci<strong>en</strong>netéet “tous n’ont pas forcém<strong>en</strong>t laconsci<strong>en</strong>ce de faire partie d’une <strong>en</strong>treprisediffér<strong>en</strong>te”. Jean Mata p<strong>en</strong>se que la directionaura à faire des efforts “pour cultivercette différ<strong>en</strong>ce”. Le nombre désormaisimportant de salariés et la nouvelle organisationdu travail, due à l’ouverture <strong>en</strong>tremidi et deux heures, y sont pour beaucoup.“C’est, selon lui, un des travers de lacroissance, qui fait que certains employés nese crois<strong>en</strong>t jamais”.Les Nouveaux Robinson avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tfait des choix alternatifs au niveaude leur politique de rémunération : lesplus bas salaires sont équival<strong>en</strong>ts au Smic+30% et le coeff<strong>ici</strong><strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le plus bas etle plus haut salaire n’est que de 2,4 ce quiest une fourchette de rémunération trèsécrasée et sans commune mesure aveccelles que l’on constate habituellem<strong>en</strong>tdans la grande distribution. De même,l’intéressem<strong>en</strong>t aux profits de l’<strong>en</strong>trepriseest réparti de façon égalitaire <strong>en</strong>tre lessalariés proportionnellem<strong>en</strong>t à leur tempsde travail. “Mais avec la croissance, la fourchettedes salaires va s’élargir, pour permettrele recrutem<strong>en</strong>t de managers”. Mêmesi les salaires de ces nouveaux managers,dont le recrutem<strong>en</strong>t est r<strong>en</strong>du indisp<strong>en</strong>sablepar la stratégie de croissance choisie,resteront plus bas que ceux proposéspar la concurr<strong>en</strong>ce, il est nécessaire de“mieux rémunérer les salariés qui font del’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t, car ils ont plus de soucis etsont plus impliqués, notamm<strong>en</strong>t juridiquem<strong>en</strong>t”.Jean Mata admet que cette augm<strong>en</strong>tationdes salaires les plus élevés estaussi r<strong>en</strong>due nécessaire par “la pression dumarché”.Rester alternatifsLa coopérative les Nouveaux Robinsonconstitue une véritable alternativeà la grande distribution, aussi bi<strong>en</strong> parson organisation, son statut juridique,son approche du commerce, que par sonéthique et sa culture d’<strong>en</strong>treprise. La fortecroissance qu’elle a connue <strong>en</strong> dix ans etle choix de poursuivre dans cette stratégied’expansion amèn<strong>en</strong>t néanmoins à seposer des questions. Ses dirigeants admett<strong>en</strong>t<strong>en</strong> effet que certains principessociaux ont déjà connu, ou connaîtrontune inflexion. Le choix d’une telle stratégietransparaîtra forcém<strong>en</strong>t dans la culturede l’<strong>en</strong>treprise. “Les choix diff<strong>ici</strong>les” àfaire sur les questions écologiques risquerontalors fortem<strong>en</strong>t d’être guidés par desconsidérations commerciales et non pasécologiques.Si la vocation des Nouveaux Robinsonest vraim<strong>en</strong>t de favoriser l’émerg<strong>en</strong>ced’une agriculture biologique locale<strong>en</strong> France, afin de mettre “les produits biologiqueset écologiques à la portée du plusgrand nombre”, pourquoi ne pas opterpour une stratégie d’essaimage ? Celle-cipourrait aboutir sur la création de structuresdéc<strong>en</strong>tralisées et autonomes, à uneéchelle où il est plus facile d’appliquer lesprincipes sociaux rev<strong>en</strong>diqués. Sur labase d’une charte commune, l’essaimagepourrait aussi favoriser la distribution deproduits biologiques de saison <strong>en</strong> circuitscourts. Ainsi, les NouveauxRobinson éviterai<strong>en</strong>t une regrettabledérive de l’idéal social et écologiquequi a motivé leur fondation. “Pourquoipas, nous répond Jean Mata, les NouveauxRobinson pourrai<strong>en</strong>t faire cadeau de leurexpéri<strong>en</strong>ce dans le cadre d’une stratégied’essaimage, mais à condition que cela soitauprès de coopératives”. La Terre n’est-ellepas notre île à tous ?Alban Labouret et Aymeric Mercier nLes Nouveaux Robinson, 49, rue Raspail,93100 Montreuil, tél : 01 49 88 25 10,http://www.nouveauxrobinson.frSILENCE N°32728Septembre 2005

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