DR.J A P O NMonju peutredémarrer ?Après un grave inc<strong>en</strong>die desodium <strong>en</strong> 1995, le surgénérateurde Monju — trois fois moinspuissant que Superphénix arrêté<strong>en</strong> France <strong>en</strong> 1997 — à 350 kmà l’ouest de Tokyo, n’avait jamaispu redémarrer du fait des blocagesadministratifs. Le 30 maidernier, la Cour suprême duJapon a donné son feu vert pourla réouverture du dossier administratif…contredisant un arrêtdu tribunal de Nagoya qui <strong>en</strong>2003 avait jugé que le réacteurétait définitivem<strong>en</strong>t fermé. Entretemps, l’<strong>en</strong>quête a montré queBureNucléairel’inc<strong>en</strong>die a été provoqué par desdéfauts de conception qui n’ont<strong>en</strong> ri<strong>en</strong> disparu avec le temps…Le réacteur a déjà <strong>en</strong>glouti4,6 milliards d’euros et ne pourraitau mieux redémarrer avant2008 ! Sainte rouille et saintefissure priez pour nous !Blocage de trainsSouti<strong>en</strong>financierPlusieurs militants antinucléairessont actuellem<strong>en</strong>t poursuivis <strong>en</strong>justice pour avoir bloqué destransports ferroviaires de déchetsnucléaires. Une caisse de solidaritépour payer les frais d’avocatset les am<strong>en</strong>des s’est mise <strong>en</strong>place. On peut faire un don àl’ordre de Cac<strong>en</strong>dr , 5, ruedu 15-Septembre-1944, 54320Maxéville.EPRn Préparer l’opinion. Pour justifierde la relance du nucléaire, ilfaut faire croire à la populationque nous risquons de manquerd’électr<strong>ici</strong>té. Pour cela, tous lesmoy<strong>en</strong>s sont bons. Le 27 févrierdernier, suite à une vague de24 septembre, manifestation nationalePlus d’un millier de personnes ont part<strong>ici</strong>péau rassemblem<strong>en</strong>t de trois jours, fin juillet,devant le projet de laboratoire de l’Andra.Dans la nuit de samedi à dimanche, plusieursc<strong>en</strong>taines de manifestants ont essayé de pénétrer<strong>en</strong> force sur le site déf<strong>en</strong>du par les g<strong>en</strong>darmesmobiles. Ces derniers les ont repoussésà coup de gr<strong>en</strong>ades lacrymogènes. Ledimanche, l’ambiance était redev<strong>en</strong>ue bon<strong>en</strong>fant et les manifestants ont construit symboliquem<strong>en</strong>tun mur contre l’<strong>en</strong>fouissem<strong>en</strong>t desdéchets devant l’une des <strong>en</strong>trées du site.Une manifestation nationale contre l’<strong>en</strong>fouissem<strong>en</strong>test organisée le 24 septembre à Bar-le-Duc (Meuse). Il s’agit de faire pression aumom<strong>en</strong>t où le gouvernem<strong>en</strong>t risque d’autoriserl’<strong>en</strong>fouissem<strong>en</strong>t sans même que le laboratoireait jamais fonctionné. Des départs groupés sontorganisés dans toute la France. Pr<strong>en</strong>ez contactavec l’un des 700 groupes locaux adhér<strong>en</strong>ts auRéseau Sortir du nucléaire.n CD de souti<strong>en</strong>. Les opposants au projetde Bure ont le souti<strong>en</strong> d’un groupe musicalqui diffuse 2 CD de 11 titres résolum<strong>en</strong>tcontre le nucléaire. L’un réalisé par le groupe,l’autre collectif. 10€ le premier, 8€ le second,bénéfice <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t reversé au collectif d’opposition.V<strong>en</strong>te <strong>en</strong> gros possible. A commanderà : 6Sons, 2, route d’Autrepierre,54450 Repaix, tél : 03 83 42 40 90.DRDRDRJean PigneroLe 15 juin dernier, Jean Pignero, anci<strong>en</strong> instituteur, pionnier de lalutte contre les rayonnem<strong>en</strong>ts ionisants et militant écologique de lapremière heure, nous a quitté. Il allait avoir 91 ans et depuis 1957n’avait jamais cessé de dire non au nucléaire qu’il soit civil ou militaire.Tous les anci<strong>en</strong>s militants antinucléaires de France et de Belgiqu<strong>en</strong>otamm<strong>en</strong>t, connaissai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>, voir très bi<strong>en</strong>, Jean Pignero et l’APRI,Association de protection contre les rayonnem<strong>en</strong>ts ionisants qu’il présidait.A la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, à uneépoque où l’information sur ces sujets se faisait rare, il était celui à quion s’adressait pour se procurer cette information. Grâce à lui et auxnombreuses plaquettes qu’il a fait éditer, il a été plus facile aux militantsde base que nous étions, de nourrir le débat et l’élargir toujoursplus.La littérature de l’APRI était fort appréciée et se trouvait toujours <strong>en</strong>bonne place sur nos tables de presse : “Les règles médicales et légalesde la protection contre les rayonnem<strong>en</strong>ts ionisants”, “mémorandum demédecins dénonçant la nocivité et les dangers de l’industrie nucléaire”,“relance nucléaire, santé publique et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t”, “les pollutions etl’énergie nucléaire”, “manuel du biologiste anti-nucléaire”, “nous allonstous crever”, “comm<strong>en</strong>taires anti-nucléaires”, “écrits d’un militant”…Saluons la ténacité dans la discrétion et l’efficacité de ce militant detoujours. Georges Davidfroid, les médias nous annonc<strong>en</strong>t,sous l’impulsion d’EDF qui fournitles données, que l’on manquede courant et qu’il faut <strong>en</strong> importerd’Allemagne. Aucun journalist<strong>en</strong>e se pose la question desavoir comm<strong>en</strong>t l’Allemagne, quisur l’année est importatrice decourant de la France, peut ainsinous fournir du courant alorsqu’il fait <strong>en</strong>core plus froid cheznos voisins. Chez eux le chauffageélectrique est l’exception et lefroid ne se traduit pas par unehausse de consommation. Mais lemessage comm<strong>en</strong>ce à passer : onva manquer de courant. Rebelotele 7 mai à Marseille avec unevaste panne de courant qui selonles médias “prive de courant toutle littoral de Marseille à Nice”.Des lecteurs de Nice et de Toulonnous signal<strong>en</strong>t n’avoir constatéaucune coupure de courant. Maisles médias locaux insult<strong>en</strong>t lesécologistes qui depuis des annéesSILENCE N°327 Septembre 200532
Le nucléaire tu<strong>en</strong> Lignes à haute t<strong>en</strong>sion et cancers. Publiée le 4 juin dans leBritish Medical Journal, une étude anglaise indique un risque de leucémieaccru de 70% chez les <strong>en</strong>fants résidant dans un rayon de 200mètres autour d’une ligne à haute t<strong>en</strong>sion. Le risque augm<strong>en</strong>te <strong>en</strong>corede 23% dans le cas d’une distance comprise <strong>en</strong>tre 200 et 600mètres. Au delà, plus ri<strong>en</strong> n’est mesurable.Le groupe de recherche sur le cancer de l’<strong>en</strong>fant, de l’universitéd’Oxford, a <strong>en</strong>trepris la plus vaste étude jamais m<strong>en</strong>ée, <strong>en</strong> utilisantles données du registre national des tumeurs de l’<strong>en</strong>fant, <strong>en</strong> place <strong>en</strong>Grande-Bretagne, représ<strong>en</strong>tant 29 081 cas chez des individus demoins de 15 ans, dont 9 700 de leucémie. Ils ont dressé la carte duréseau de lignes à très haute t<strong>en</strong>sion et des 21 800 pylônes correspondants.Les données du réseau national d’électr<strong>ici</strong>té ont <strong>en</strong>suitepermis de calculer la plus courte distance <strong>en</strong>tre le lieu de naissanceet une ligne électrique.n Les faibles doses tu<strong>en</strong>t. Une étude épidémiologique portant sur600 000 personnes ayant travaillé plus d’un an dans le nucléaire, sur154 sites, dans quinze pays du monde, a été réalisé par le CIRC,c<strong>en</strong>tre international de recherche sur le cancer, ag<strong>en</strong>ce de l’ONUsituée à Lyon. C’est la plus vaste étude portant sur les faibles dosesjamais réalisée. L’étude, r<strong>en</strong>due publique fin juin, a retracé le trajetprofessionnel des employés p<strong>en</strong>dant dix ans. La dose moy<strong>en</strong>ne cumulée<strong>en</strong>registrée par personne, <strong>en</strong> dix ans, a été de 19,4 mSv (limiteautorisée : 50 mSv par an, 100 mSv sur cinq ans). Malgré une expositiontrès largem<strong>en</strong>t inférieure à ce qui est autorisé, l’étude faitressortir une augm<strong>en</strong>tation des morts par cancer <strong>en</strong>tre 1 et 2 %(soit <strong>en</strong>tre 6 et 12 000 morts pour la population étudiée).En extrapolant ces données, le CIRC estime que si l’on atteint la limiteautorisée sur cinq ans, il faut s’att<strong>en</strong>dre à une augm<strong>en</strong>tation demortalité de 9,7 % pour tous les cancers, 19 % pour les seuls leucémies.Conclusion évid<strong>en</strong>te : même si les doses admissibles ont sanscesse été revues à la baisse depuis le début du nucléaire,il faut <strong>en</strong>core les baisser.Nucléairese batt<strong>en</strong>t pour faire respecter laloi <strong>en</strong> interdisant la constructiond’une nouvelle ligne à haute t<strong>en</strong>sionà travers le site protégé desgorges du Verdon. Parions que ceg<strong>en</strong>re d’incid<strong>en</strong>t va se multiplierdans les années à v<strong>en</strong>ir.Rappelons qu’<strong>en</strong> 2003 (chiffresEDF), la France a exporté 73,1milliards de kWh soit 13% d<strong>en</strong>otre production.n Travaux <strong>en</strong> cours : constructiondes lignes THT. Alors que legouvernem<strong>en</strong>t continue à nousdire que le débat est ouvert, RTE,Réseau de transport électrique, aannoncé le 25 janvier 2005 qu’ildéposait une demande pour tirertrois nouvelles lignes à haute t<strong>en</strong>sion<strong>en</strong>tre le site de Flamanvilleet respectivem<strong>en</strong>t R<strong>en</strong>nes, Lavalet Rou<strong>en</strong> (<strong>en</strong>tre 260 et 300pylônes).n Travaux <strong>en</strong> cours : accès àl’eau. Alors que le “débat public”sur le futur EPR doit comm<strong>en</strong>cer<strong>en</strong> octobre, les travaux ont déjàcomm<strong>en</strong>cé sur le site deFlamanville, dans la Manche !Le 21 juillet, six militants deGre<strong>en</strong>peace ont investi une bargeplacée au large du site nucléaire,barge qui sert à préparer lesréseaux de pompage et d’évacuationd’eau dans la mer. Les militantsont déployé une banderole“EDF, stop EPR” pour rappelerque ces travaux sont illégaux.Que croyez- vous que fit la justicede notre beau pays ? Après 48 hd’occupation, les militants se sontvus condamnés à quitter les lieuxsous peine d’une am<strong>en</strong>de de75000 € chacun s’ils restai<strong>en</strong>tsur place ! Les g<strong>en</strong>darmes les ontévacués de force, le 23 vers15 h alors qu’ils négociai<strong>en</strong>tleur retrait.P A R I SMarc Jolivet<strong>en</strong> souti<strong>en</strong>Marc Jolivet, humoriste bi<strong>en</strong>connu, prés<strong>en</strong>te son nouveauspectacle Comic symphonic du20 au 25 septembre au Casinode Paris (rue de Clichy).Spectacle musical avec la part<strong>ici</strong>pationde l’orchestre symphoniquelyonnais. Chaque soir, iloffre l’équival<strong>en</strong>t du prix de50 places au Réseau Sortir dunucléaire… et propose des placesà tarifs réduits via l’intermédiairedu Réseau (36€ au lieu de 41€).Réseau Sortir du nucléaire, 9, rueDum<strong>en</strong>ge, 69317 Lyon cedex 04.IterSuper-folie !Les mouvem<strong>en</strong>ts antinucléaires ont mis vingt ans pour obt<strong>en</strong>irl’arrêt de Superphénix, un rêve de technocrate qui n’a jamaisfonctionné correctem<strong>en</strong>t et qui, annoncé à 3 milliards d’euros <strong>en</strong>a finalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>glouti plus de 10. Huit ans après la décision politiquede son arrêt, Supephénix continue à consommer de l’électr<strong>ici</strong>té pourchauffer le sodium que les ingénieurs ne sav<strong>en</strong>t toujours pas neutraliseret cela consomme autant qu’une ville de 40 000 habitants.Le projet Iter à Cadarache est annoncé avec un coût de 10 milliards.Il s’agit théoriquem<strong>en</strong>t d’arriver à maîtriser les réactions de fusion<strong>en</strong>tre atomes et de récupérer l’énergie excéd<strong>en</strong>tairequi serait produite.Mais les recherches pour cette technique de fusion ont comm<strong>en</strong>cé <strong>en</strong>même temps que celle pour la fission (les réacteurs nucléaires actuelsbris<strong>en</strong>t les gros atomes) et depuis, jamais aucun réacteur au mond<strong>en</strong>’a réussi à fonctionner. Pour de nombreux phys<strong>ici</strong><strong>en</strong>s, le projet Iterne prés<strong>en</strong>te pas plus de garantie de fonctionner que les réacteursexpérim<strong>en</strong>taux précéd<strong>en</strong>ts et risque donc de n’avoir comme résultatque de consommer les crédits de recherche.Une explosion du réacteur reste toujours techniquem<strong>en</strong>t possible, avecalors dégagem<strong>en</strong>t de radioactivité. Explosion qui pourrait être provoquéepar un tremblem<strong>en</strong>t de terre : la région de Cadarache étant l’unedes plus séismiques de France.Le budget énorme de l’ITER devait être pris <strong>en</strong> charge par un<strong>en</strong>semble d’Etat : Europe, Chine, Russie, Japon, Etats-Unis. Ces deuxderniers souhaitai<strong>en</strong>t que l’ITER soit installé au Japon. Le Japon afinalem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>oncé à se battre contre l’Union europé<strong>en</strong>ne… <strong>en</strong> échanged’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts financiers conséqu<strong>en</strong>ts : le 27 mai, il obt<strong>en</strong>ait l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tque 20 % du personnel serait japonais. Le 30 mai, il obt<strong>en</strong>aitque le budget Iter inclut le fonctionnem<strong>en</strong>t de son c<strong>en</strong>tre derecherche de Naka. Le même jour, il obt<strong>en</strong>ait l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t que si Iterfonctionne, le deuxième réacteur soit construit au Japon… et financéà 50 % par l’Union europé<strong>en</strong>ne.SILENCE N°327 Septembre 200533DREmplacem<strong>en</strong>t virtuel d’Iter à Caradache.Au sein de l’Union europé<strong>en</strong>ne, c’est évidemm<strong>en</strong>t le lobby nucléairefrançais qui pousse à la construction de l’Iter, obligeant la Franceà pr<strong>en</strong>dre de plus <strong>en</strong> plus d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts financiers.Le budget déjà revu de nombreuses fois à la hausse est maint<strong>en</strong>antsi énorme que le Canada a annoncé son retrait du projet et que lesUSA se pos<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t des questions : le 24 mai, le Congrès américaina voté un texte limitant sa part<strong>ici</strong>pation à 1,12 milliards de dollarsd’<strong>ici</strong> 2013. Cette décision étant prise pour ne pas trop pénaliserd’autres secteurs de recherche.En France, si le gouvernem<strong>en</strong>t répond à l’appel des chercheurs <strong>en</strong>annonçant que leur budget est <strong>en</strong> hausse, il oublie de dire qu’<strong>en</strong> grossepartie cette hausse servira à financer l’ITER.Et pour ce qui est de donner “la priorité à l’emploi”, le Réseau Sortirdu nucléaire a chiffré le nombre d’emplois que l’on pourrait créeravec la même somme dans le domaine des énergies r<strong>en</strong>ouvelableset des économies d’énergie : c’est 100 fois plus !Le réseau Sortir du nucléaire a lancé une pétition contre l’Iter quel’on peut obt<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> lui écrivant : Réseau Sortir du nucléaire,9, rue Dum<strong>en</strong>ge, 69317 Lyon cedex 04.