48Vivre àUn raccor<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t du dispositif<strong>de</strong> vidéoprotection <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>Gap</strong>au CommissariatL’implantation <strong>de</strong>s 13 caméras<strong>de</strong> voie publique :Rue CarnotParking <strong>de</strong> Verd<strong>un</strong>Rond-point du CèdresPlace Alsace-LorraineParking <strong>de</strong> BonneRond-point <strong>de</strong> l’EuropeRond-point <strong>de</strong> TokoroLe Y, rue <strong>de</strong> France-rue PérolièrePlace Gr<strong>en</strong>ette4 caméras pour les extérieurs du sta<strong>de</strong><strong>de</strong> glaceDepuis le 30 octobre <strong>de</strong>rnier, ledispositif <strong>de</strong> vidéoprotection <strong>de</strong> la<strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Gap</strong> est raccordé auCommissariat.On assiste, <strong>de</strong>puis quelques années, à <strong>un</strong>emontée dans notre <strong>Ville</strong> d’<strong>un</strong> « s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>td’insécurité » chez nos concitoy<strong>en</strong>s. Ri<strong>en</strong> <strong>de</strong>comparable toutefois avec ce que l’on peutress<strong>en</strong>tir dans les gran<strong>de</strong>s villes, voire dansd’autres villes <strong>de</strong> même taille, mais indéniablem<strong>en</strong>t,le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> « tranquillité », <strong>de</strong> « villeprotégée » que l’on attribue pourtant <strong>en</strong>coreà notre <strong>Ville</strong> s’estompe.« Même si les statistiques <strong>de</strong> la délinquance à<strong>Gap</strong> rest<strong>en</strong>t, si on les compare à d’autres, plutôtfavorables, nous <strong>de</strong>vons être att<strong>en</strong>tifs à cetteévolution et nous <strong>de</strong>vons agir. »Roger DIDIER, Maire <strong>de</strong> <strong>Gap</strong> : « C’estla raison pour laquelle j’avais annoncé dansnotre programme m<strong>un</strong>icipal la volonté d’expérim<strong>en</strong>terla vidéoprotection. Nous l’avonsdécidée au Conseil m<strong>un</strong>icipal du 13 mars2009, consécutivem<strong>en</strong>t à <strong>un</strong>e préconisationdu Contrat Local <strong>de</strong> Sécurité, <strong>en</strong> précisantque ce serait dans <strong>un</strong> premier temps <strong>un</strong>eexpérim<strong>en</strong>tation et qu’elle s’accompagnerait,parce qu’il y avait à l’époque <strong>un</strong> débatéthique sur cette question, <strong>de</strong> la créationd’<strong>un</strong> « Comité d’Éthique », composé <strong>de</strong> quatreconseillers m<strong>un</strong>icipaux compr<strong>en</strong>ant l’oppositionet <strong>de</strong>s personnes qualifiées <strong>de</strong> lasociété civile. Ce Comité d’Éthique veillant àce qu’auc<strong>un</strong>e atteinte ne soit portée auxlibertés publiques et privées fondam<strong>en</strong>tales.»Il a été installé, dans <strong>un</strong> premiertemps, trois caméras sur la voiepublique, plus 12 caméras auxServices Techniques.Ces caméras sont reliées à <strong>un</strong> poste installéà la Police M<strong>un</strong>icipale, sans surveillance directe,mais avec <strong>de</strong>s images <strong>en</strong>registrées etconservées p<strong>en</strong>dant 15 jours. Dans cetteconfiguration, la visualisation <strong>de</strong>s images sefaisait a posteriori, lorsque le besoin s’<strong>en</strong> faisaits<strong>en</strong>tir. En 2011, faisant suite aux premiersbilans <strong>de</strong> l’expérim<strong>en</strong>tation et sur les préconisationsdu Conseil Local <strong>de</strong> Sécurité et <strong>de</strong>Prév<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> la Délinquance, la m<strong>un</strong>icipalité,par <strong>de</strong>ux délibérations successives <strong>de</strong>s 8décembre 2011 et 29 mars 2012, a décidé <strong>de</strong>r<strong>en</strong>forcer le dispositif par l’installation <strong>de</strong> dixnouvelles caméras <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> la vie publiqueet <strong>de</strong> transférer les images <strong>en</strong> direct auCommissariat <strong>de</strong> <strong>Gap</strong>, avec son accord, pourr<strong>en</strong>forcer l’efficacité et la réactivité du système,puisqu’elle seront visualisables 24 h/24 et 7jours/7, par <strong>de</strong>s ag<strong>en</strong>ts habilités.Roger DIDIER : « Je ti<strong>en</strong>s à remercier lesservices <strong>de</strong> la Préfecture pour avoir permis àla <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> bénéficier du Fonds Interministériel<strong>de</strong> Prév<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> la Délinquance, déjà utilisépour les premières caméras et récemm<strong>en</strong>tpour l’ext<strong>en</strong>sion : ce fonds d’État a mobilisé58 276 € sur <strong>un</strong> montant HT <strong>de</strong> 134 833 €.Par ailleurs, le coût du transfert d’images auCommissariat (7 239 €) a été subv<strong>en</strong>tionnéà 100 % par l’État. Je souhaite d’autre partpoursuivre les efforts <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong> <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>sécurité, <strong>en</strong> étroite collaboration avec lesservices <strong>de</strong> l’État et, <strong>en</strong> particulier, la PoliceNationale, <strong>en</strong> r<strong>en</strong>forçant tout d’abord notrePolice M<strong>un</strong>icipale par le recrutem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> troisag<strong>en</strong>ts supplém<strong>en</strong>taires, et bi<strong>en</strong>tôt <strong>en</strong> mettant<strong>en</strong> place le dispositif <strong>de</strong> participationcitoy<strong>en</strong>ne à la sécurité, appelé « Voisins-vigilants». »M a g a z i n e d e l a V i l l e d e G a p • H i v e r 2 0 1 2 • N ° 1 6
49<strong>Gap</strong> à la fin du 15 ème siècle :le Dauphin Louis et l'Évêque Gaucher <strong>de</strong> ForcalquierEn décembre 1442, le pape nommaGaucher <strong>de</strong> Forcalquier évêque <strong>de</strong> <strong>Gap</strong>.<strong>Gap</strong> va connaître <strong>un</strong>e <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s lesplus difficiles <strong>de</strong> sa courte histoire. Nousavons vu que les évêques <strong>de</strong> <strong>Gap</strong> étai<strong>en</strong>tchoisis avant tout parmi la noblesse. Ilsétai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t étrangers à la vie <strong>de</strong> larégion. De plus, l'importance du pouvoirtemporel qui leur fut accordé dès 1044(justice, impôts, police) faisait <strong>de</strong> notreévêque le seigneur maître <strong>de</strong> la ville. Il yavait surtout le risque que le pouvoirtemporel s'affirme au détrim<strong>en</strong>t duspirituel. Seule la personnalité propre àchac<strong>un</strong> pouvait maint<strong>en</strong>ir <strong>un</strong> équilibre<strong>en</strong>tre ces <strong>de</strong>ux aspects du pouvoir. Mais lat<strong>en</strong>tation est gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> s'affirmer commechef dans <strong>un</strong>e société qui se transforme,et les problèmes posés n'étai<strong>en</strong>t passeulem<strong>en</strong>t spirituels.À ces difficultés propres à tous les pouvoirs <strong>en</strong>place vont s'ajouter <strong>de</strong>s difficultés régionales.Pour notre <strong>Ville</strong>, c'est l’allégeance d'abord auComte <strong>de</strong> Prov<strong>en</strong>ce, puis l'interv<strong>en</strong>tion duDauphin avec tous les conflits que font naîtreces conditions – surtout à partir <strong>de</strong> 1349, date<strong>de</strong> la v<strong>en</strong>te du Dauphiné à la France – et lamanière <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s solutions. Or, avec l'arrivée<strong>de</strong> Gaucher <strong>de</strong> Forcalquier, la situation va set<strong>en</strong>dre et les rapports vont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> plus <strong>en</strong>plus difficiles. Le nouvel Évêque <strong>de</strong> <strong>Gap</strong> refuse<strong>de</strong> se reconnaître comme le vassal du Dauphin,bi<strong>en</strong> que, <strong>de</strong>puis presque <strong>un</strong> siècle, l'autorité<strong>de</strong>s Dauphins s'est peu à peu imposée dansnotre cité, profitant <strong>de</strong>s difficultés que r<strong>en</strong>contraitle Comte <strong>de</strong> Prov<strong>en</strong>ce dans ses territoiresitali<strong>en</strong>s.En 1440, le roi <strong>de</strong> France donne <strong>en</strong> apanageà son fils aîné, Louis, l'administration<strong>de</strong> la province du DauphinéLouis ne vi<strong>en</strong>dra rési<strong>de</strong>r dans sa province qu'<strong>en</strong>1447, et sera <strong>en</strong>suite le roi Louis XI. Lequel semontrera habile et fin politique, ayant <strong>un</strong>e forteconsci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> son rôle <strong>de</strong> dauphin et <strong>en</strong>suite <strong>de</strong>roi. Il veut réussir ce qu'il a décidé. Dès son arrivéeà Gr<strong>en</strong>oble, il réorganisa les structures administratives,juridiques et politiques <strong>de</strong> saprovince, ce qui eut pour effet <strong>de</strong> diminuer lespouvoirs <strong>de</strong> l’Évêque <strong>de</strong> <strong>Gap</strong> sur sa ville. En face<strong>de</strong> lui, Gaucher <strong>de</strong> Forcalquier est <strong>un</strong> hommeorgueilleux qui se cramponne à ses idées, souv<strong>en</strong>tpasséistes, surtout quand elles peuv<strong>en</strong>tmettre sa personne <strong>en</strong> valeur. Il est prêt à utilisertous les moy<strong>en</strong>s pour triompher et démontrerque ses vues et ses métho<strong>de</strong>s étai<strong>en</strong>t les seulesvalables et, pour cela, il utilisera les moy<strong>en</strong>s lesplus inhumains : emprisonnem<strong>en</strong>ts, excomm<strong>un</strong>ications,installation <strong>de</strong> gibets pour faire cé<strong>de</strong>r lesrécalcitrants et les opposants, etc.D'<strong>un</strong> côté, il y a <strong>un</strong> homme qui abandonnele Moy<strong>en</strong>-Âge et la féodalité pour affirmerla nouvelle structure politique : celle duroyaumeEn face, <strong>un</strong> homme fortem<strong>en</strong>t attaché à <strong>un</strong>estructure basée sur l'homme et les relations<strong>en</strong>tre les hommes, aussi injustes soi<strong>en</strong>t elles : laféodalité. Dans ce conflit presque perman<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre l’Évêque et le Dauphin, nous les voyonss'<strong>un</strong>ir pour s'opposer aux exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong>s notablesgap<strong>en</strong>çais. Mais souv<strong>en</strong>t, c'est la t<strong>en</strong>sion<strong>en</strong>tre l’Évêque et les notables qui crée les ruptures,et même <strong>de</strong> véritables conflits armés.Mais, p<strong>en</strong>dant les 42 années <strong>de</strong> pouvoir <strong>de</strong>Gaucher, l'histoire <strong>de</strong> notre <strong>Ville</strong> ne se résumepas aux seuls conflits <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux hommes. Ily avait aussi les <strong>Gap</strong><strong>en</strong>çais : <strong>de</strong>s nobles, <strong>de</strong>sbourgeois riches ou non, <strong>de</strong>s artisans, <strong>de</strong>s membresdu clergé, <strong>de</strong>s paysans, <strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong>s<strong>en</strong>fants, <strong>en</strong> <strong>un</strong> mot, <strong>un</strong>e société dans toute sadiversité, qui voulai<strong>en</strong>t simplem<strong>en</strong>t vivre heureuxet indép<strong>en</strong>dants car ils n'ignorai<strong>en</strong>t pas que,dans le royaume <strong>de</strong> France, <strong>de</strong>s villes avai<strong>en</strong>tobt<strong>en</strong>u le statut <strong>de</strong> « ville franche ». Ils voulai<strong>en</strong>tdonc participer à la gestion <strong>de</strong> la cité, et cela<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s dizaines d'années.Dans ce long combat, ils avai<strong>en</strong>t gagné, puis perdu,puis regagné et, finalem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> 1378, ils avai<strong>en</strong>t élaboré<strong>un</strong> docum<strong>en</strong>t que l'on appelle la Gran<strong>de</strong> Charte <strong>de</strong><strong>Gap</strong>, où se trouv<strong>en</strong>t ré<strong>un</strong>is, sans ordre défini, <strong>de</strong>s articlesplus ou moins officiels concernant la justice, lesdroits <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>e, les impôts, etc.Dans cette charte, il était dit égalem<strong>en</strong>t ceci : « ilest spécifié que les citoy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> <strong>Gap</strong> ne serontpas t<strong>en</strong>us d'ouvrir leurs portes à <strong>un</strong> évêque et <strong>de</strong>lui prêter hommage s'il n'a pas reconnu etconfirmé préalablem<strong>en</strong>t les libertés <strong>de</strong> la cité. »Ainsi, cette Gran<strong>de</strong> Charte voulait limiter le pouvoirdu Seigneur-Évêque. La réalité fut souv<strong>en</strong>tdiffér<strong>en</strong>te et dép<strong>en</strong>dait <strong>de</strong> la personnalité <strong>de</strong>s <strong>un</strong>set <strong>de</strong>s autres. Devant cette situation, comm<strong>en</strong>tréagissai<strong>en</strong>t les <strong>Gap</strong><strong>en</strong>çais ? L'expéri<strong>en</strong>ce leuravait appris que ce qu'il y avait <strong>de</strong> pire pour eux,c'était l'<strong>en</strong>trée dans la cité <strong>de</strong>s armées, qu'ellesvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du sud – les Prov<strong>en</strong>çaux – ou qu'ellesvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du nord – armées royales – <strong>de</strong>puis le rattachem<strong>en</strong>tdu Dauphiné à la France. Les soldatsétai<strong>en</strong>t pour la plupart <strong>de</strong>s merc<strong>en</strong>aires incontrôléset sans foi ni morale. Ainsi, toutes décisionsqui permettai<strong>en</strong>t d'éviter <strong>un</strong> tel désastre étai<strong>en</strong>tbi<strong>en</strong> accueillies, qu'elles vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’Évêque oudu Dauphin ou <strong>de</strong> toute autre autorité.En février 1445, le Dauphin <strong>en</strong>voya <strong>un</strong>représ<strong>en</strong>tant <strong>en</strong>quêter sur les abus <strong>de</strong>pouvoir <strong>de</strong> l’Évêque <strong>de</strong> <strong>Gap</strong> et <strong>de</strong> son frère(insultes, arrestations illicites, etc.)Le représ<strong>en</strong>tant fut maltraité et chassé. En septembre<strong>de</strong> la même année, les habitants <strong>de</strong> <strong>Gap</strong>,incités par le Dauphin, se révoltèr<strong>en</strong>t contre leurseigneur. Ils libérèr<strong>en</strong>t les prisonniers, <strong>en</strong>vahir<strong>en</strong>tl’évêché, chassèr<strong>en</strong>t le frère <strong>de</strong> l'Évêque, qui, luimême,était probablem<strong>en</strong>t abs<strong>en</strong>t. Nous ignoronsla suite immédiate <strong>de</strong> ce mouvem<strong>en</strong>t. Mais,ce que nous savons, c'est que Louis savait pr<strong>en</strong>dreson temps avant d'agir et d'effectuer sa v<strong>en</strong>geance.En janvier 1447, le Dauphin s'installa àGr<strong>en</strong>oble ; <strong>en</strong> juin, il chargea le lieut<strong>en</strong>ant du gouverneurdu Dauphiné d'<strong>en</strong>quêter et <strong>de</strong> rétablirl'ordre à <strong>Gap</strong>. Au même mom<strong>en</strong>t, l'armée royalefaisait route vers l'Italie. Une compagnie futdétournée pour atteindre <strong>Gap</strong>. Lorsqu'elle fut<strong>de</strong>vant les remparts, le capitaine <strong>de</strong>manda l'ouverture<strong>de</strong>s portes <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong>. L’Évêque, sout<strong>en</strong>ualors par le peuple, refusa <strong>de</strong> les ouvrir. Un combats'<strong>en</strong>gagea, le capitaine fut tué et la compagnierebroussa chemin. Le lieut<strong>en</strong>ant dugouverneur du Dauphiné chargé <strong>de</strong> rétablir l'ordresaisit les châteaux épiscopaux et les terres yatt<strong>en</strong>ant. Il <strong>en</strong>tra à <strong>Gap</strong> le 14 juillet. Les citoy<strong>en</strong>s<strong>de</strong> <strong>Gap</strong>, craignant pour leurs bi<strong>en</strong>s et leur vie, sesoumir<strong>en</strong>t, rejetant la responsabilité sur l’Évêque,qui avait trouvé refuge à Sisteron « après avoirmis le diocèse <strong>en</strong> interdit et avoir excomm<strong>un</strong>iétous ceux qui s'étai<strong>en</strong>t emparés <strong>de</strong> ses bi<strong>en</strong>s ouavai<strong>en</strong>t porté la main sur ses serviteurs ». LeDauphin profita <strong>de</strong> l'événem<strong>en</strong>t pour montrer sonpouvoir aux <strong>Gap</strong><strong>en</strong>çais <strong>en</strong> les sanctionnant et,plus tard, les séduire <strong>en</strong> se montrant généreux.Cette affaire avait comm<strong>en</strong>cé <strong>de</strong>ux ansaprès la nomination <strong>de</strong> Gaucher commeÉvêque <strong>de</strong> <strong>Gap</strong>Outre l'affrontem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux caractères, elle montresurtout, d'<strong>un</strong> côté, le désir <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir à toutprix <strong>un</strong> état féodal et, <strong>de</strong> l'autre, la nécessité <strong>de</strong>construire <strong>un</strong> grand royaume. Des affrontem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>ce type, il y <strong>en</strong> aura <strong>en</strong>core beaucoup, avec leDauphiné mais surtout avec les habitants <strong>de</strong> <strong>Gap</strong> etdu diocèse. Le plus significatif est l'affaire <strong>de</strong>Montreviol dans le Champsaur, qui comm<strong>en</strong>ça <strong>en</strong>janvier 1462 et dura plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans. Il y eut <strong>de</strong>sexpulsions, <strong>de</strong>s emprisonnem<strong>en</strong>ts, d'énormesin<strong>de</strong>mnités à verser à l'Évêque et l'affichage <strong>de</strong>sm<strong>en</strong>aces <strong>de</strong> mort comme « <strong>de</strong>s billots pour couperles têtes placées aux portes <strong>de</strong> la ville, <strong>de</strong>s fourchespatibulaires élevées sur la place <strong>de</strong> la cathédrale, <strong>un</strong>pilori près <strong>de</strong> l’église St-Éti<strong>en</strong>ne », ainsi que <strong>de</strong>vantl'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, où s'était réfugié Jean <strong>de</strong>Montorcier, vice-châtelain du Champsaur, quidéf<strong>en</strong>dait les habitants <strong>de</strong> Montreviol, dont l'Évêqueavait confisqué les terres. D'<strong>un</strong> côté comme <strong>de</strong> l'autre,on fit appel au Pape, au Parlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble,au roi <strong>de</strong> France, Louis XI, qui, lassé par les querellesinterminables <strong>de</strong> cette ville, cherchait à v<strong>en</strong>drele Dauphiné. Il n'y réussit pas. Mais il eut le plaisir <strong>de</strong>voir, avant <strong>de</strong> mourir <strong>en</strong> août 1484, la Prov<strong>en</strong>ce rattachéeà la France, <strong>en</strong> décembre 1481.Gaucher <strong>de</strong> Forcalquier mourut <strong>en</strong> octobre 1484, après42 années d'<strong>un</strong> pouvoir contesté, non seulem<strong>en</strong>t parses contemporains, mais par les jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'histoire.Avec ses successeurs, <strong>un</strong>e autre histoire comm<strong>en</strong>cecar la Prov<strong>en</strong>ce et le Dauphiné apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>ttous les <strong>de</strong>ux au Royaume <strong>de</strong> France. Mais notre citéva affronter d'autres problèmes et d'autres malheurs,qui se rattach<strong>en</strong>t à partir du 16ème siècle à l'histoire<strong>de</strong> la France, même si localem<strong>en</strong>t rest<strong>en</strong>t les nuanceset différ<strong>en</strong>ces <strong>de</strong>s diverses provinces du royaume.B.O.M a g a z i n e d e l a V i l l e d e G a p • H i v e r 2 0 1 2 • N ° 1 6