Faim de vie. Le témoignage poignant d'une fin de vie
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ELLE S’APPELAIT LAURENCE<br />
amer montait au fond <strong>de</strong> notre gorge : «Ma petite<br />
sœur chérie, tu es là et ailleurs; je te touche mais<br />
tu t’en vas; tu es ici et déjà un peu là-bas; la maladie<br />
te tient et elle gagnera!»<br />
Elle est revenue en force, la vilaine «bête».<br />
Depuis ce mercredi 25 mai, les crises <strong>de</strong> douleur<br />
ont repris <strong>de</strong> plus belle et le dimanche 29, Xa<strong>vie</strong>r<br />
a dû appeler son mé<strong>de</strong>cin traitant.<br />
Laurence vomissait tout; ses <strong>de</strong>rniers résultats<br />
sanguins reflétaient une forte anémie. J’ai interpellé<br />
le docteur sur l’opportunité d’une hospitalisation<br />
ou plutôt d’une entrée dans un centre <strong>de</strong><br />
soins palliatifs.<br />
<strong>Le</strong> docteur a décidé l’hospitalisation. Il a fortement<br />
défendu sa position, prétextant que<br />
Laurence <strong>de</strong>vait subir d’autres examens. J’avais<br />
surtout la sensation qu’il avait peur <strong>de</strong> ce qui aurait<br />
pu arriver et qu’il préférait ne pas avoir à déci<strong>de</strong>r<br />
lui-même, ni à annoncer à Laurence que<br />
les choses ne se passaient pas comme prévu.<br />
Nous avions commencé la <strong>de</strong>scente vers la<br />
<strong>fin</strong>. Laurence semblait perdue. Elle ne comprenait<br />
pas l’échange que j’avais eu avec le mé<strong>de</strong>cin<br />
mais elle savait mieux que nous que l’instant<br />
était grave.<br />
Elle m’a interrogée : «Je vais mourir ?»<br />
J’ai tenté <strong>de</strong> la rassurer, <strong>de</strong> lui expliquer mon<br />
point <strong>de</strong> vue : «Je voudrais que tu aies les<br />
meilleurs soins, Laurence. Je ne sais pas si c’est<br />
à l’hôpital que tu les recevras.»<br />
Pendant que je la lavais, elle m’a dit : «Je crois<br />
que le Docteur ne croit plus en ma guérison.»<br />
Cela m’a beaucoup surprise qu’elle ait perçu cela<br />
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